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 Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)

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Judith LafeySorcière
Judith Lafey



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MessageSujet: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyDim 17 Mar 2019 - 11:57
Ça s'agite de partout autour d'elle, ça crie, ça troque, ça circule. Judith est adossée contre un mur de bois, observant la vie du port avec désintérêt. L'air est frais, presque trop, et elle resserre autour d'elle le bout de tissu usé qui lui serre de châle. Le jour baisse déjà, lui rappelant son estomac vide depuis trop longtemps. Une mauvaise journée, ça arrive. Demain sera meilleur.

Voilà quelques jours qu'elle dort dans la réserve d'une taverne pourrie, là où les rues du port se font douteuses et où la faune locale n'est que peu fréquentable. Elle reste discrète, elle n'a pas envie d'avoir des problèmes, mais il faut bien qu'elle trouve de quoi s'occuper. Si elle traîne ici trop longtemps elle va finir par sentir le poisson pour le reste de son existence, et louée soit Anür, mais elle préfère l'éviter.
Le patron ne fait pas trop attention à elle, parce qu'elle s'occupe de sa femme, grosse depuis déjà plusieurs lunes. Elle ne demande pas de salaire, mais au moins il ne la jette pas dehors. Le soir, elle reste dans son coin, à lire quelques paumes de main, donner quelques conseils. Parfois on lui envoie un éclopé pour qui elle ne peut rien, alors elle se contente de prononcer de vagues mots, d'inventer une solution, ne serait-ce que pour les apaiser le temps d'une nuit de sommeil.

Elle se lève péniblement, les pieds engourdis par le froid. Elle veut rentrer avant l'obscurité, au chaud et en sécurité relative. La foule des travailleurs est déjà plus éparse, certains rentrent, d'autres traînent, et on commence à voir quelques silhouettes suspectes déambuler çà et là. Judith n'est pas plus inquiète que cela, de loin, elle ressemble à un tas de chiffons trop maigre, elle est loin d'être intéressante. Elle doit donc retenir un glapissement de surprise quand une main lui attrape violemment le bras avant de la repousser contre une baraque décrépie.

- Eh, c'est toi la sorcière qui traîne chez Renan non ?

- Sorcière ? Non, ça doit être une erreur.

Elle lance un sourire trop ingénu pour être honnête avant d'afficher une grimace de douleur tandis que l'autre lui tort le bras.

- Fous-toi de moi, à ce qu'il parait t'as filé une potion à Eloi pour sa femme malade. Ca te dit quelque chose ?

Elle lâche entre ses dents.

- Peut-être, qu'est-ce que ça peut faire ?

- Ça fait qu'elle est toujours malade à en crever et que le pauvre Eloi est désespéré.

- J'suis guérisseuse, pas magicienne, si ça a pas marché c'est que je pouvais rien faire. J'ai l'impression qu'il n'y a pas qu'Eloi qui désespère dans cette histoire.

Il la lâche soudain, sans se défaire de son expression hargneuse.

- Qu'est-ce que t'insinues au juste espèce de...

Elle l'interrompt en lui attrapant la main, profitant d'être à nouveau libre de ses mouvements. Il écarquille les yeux mais se laisse faire tandis qu'elle passe son doigt sur les plis de sa paume abîmée. Judith retient un juron, elle déteste faire ça à l'extérieur, ça attire trop l’œil, c'est trop louche, et elle n'a pas envie d'avoir des ennuis. Elle s'apprête à trouver une histoire pour la sortir de là quand une troisième silhouette s'approche. Ben tiens, il manquait plus que ça.
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Cédric GravèneMilicien
Cédric Gravène



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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyDim 17 Mar 2019 - 23:20
Voici donc, pour Cédric, encore une journée supplémentaire, baveuse et précaire, similaire à tellement d'autres, à traînasser sans rêver ses grosses bottes pataudes du côté des quais, dans le port à moitié désert, là où les bateaux immobiles, dévoilés, aux grands mats nus, tendus dans la grisaille, tremblants et noirs comme des arbres en hiver, calcinés par le gel et l'ennui, ne ressemblaient plus qu'à de grosses baraques longilignes à peine flottantes, ou échouées sur le sable, inutiles, transis et crevées... Avec la Fange, le commerce avait mouru*. Le commerce extérieur surtout, et les approvisionnements en denrées exotiques étaient terminées semblablement pour toujours. Les grands bateaux à hautes voilures éclatantes, gorgées de soleils étrangers, glorieux et comblés de mille trésors, à tout jamais vidés de leurs histoires de voyages, remisés dans la rade, telles de vieilles reliques désormais condamnées à se déliter lentement sous l'assaut rigoureux des éléments... Où étaient donc passés les commerçants concernés, les propriétaires de ces mastodontes agonisants ? Sans doute aujourd'hui pendus ou planqués dans quelques manoirs miteux du centre ville, assis sur leur triste fortune, ramassés et défensifs, comme des dragons mauvais, jaloux, incapables de frémir pour un autre son que celui des pièces d'or roulant les unes contre les autres, assoupis dans l'attente de jours meilleurs pour les affaires... Les pauvres fous.

Cédric lui, frémissait tout court. Non pas de plaisir, de haine ou d'effroi. Seulement de froid. Un vent mordant provenait du large, battant les toits de son aile invisible, glacée comme le désespoir, faisant claquer câbles et restes de drapeaux, provoquant dans l'air ce tintement entêtant et mélancolique, si caractéristique des bords de mer habités. Seuls les pêcheurs s'affairaient encore, à ramener sur la terre, depuis les bords de leurs petits rafiots de misère, la maigre récolte poissonnière qui constituait néanmoins leur gagne pain, et l'une des dernières voies de résistance de la ville face à la famine toujours menaçante. Aucun poisson n'avait même le temps d'aller s'étendre gentiment sur les étals, d'aller rancir sur le bois quelques heures tranquilles, sous l’œil avide des clients et des mouches. Sitôt débarqués, sitôt vendus. La mer, en mère acariâtre, paresseuse et revêche, n'en nourrissait pas moins l'essentiel des pauvres de Marbrume, comme des dizaines de milliers de sales mômes qu'elle n'avait jamais désiré, à contrecœur, puisqu'il fallait bien au moins sauvegarder les apparences. Bien qu'il faille les lui arracher, elle ne pouvait pas dissimuler ses maigres fruits éternellement. Tout y passait d'ailleurs, du plus petit, du plus ridicule et insipide coquillage, jusqu'aux plus gros requins, monstrueux, la gueule bardée de crocs, qu'il fallait assassiner à ses risques et périls. Mais pour la bectance, on ne recule devant rien. Mieux vaut mourir soudainement de peur, l'arme à la main, que de mourir lentement de faim, dans un petit coin sombre et puant...

En tant que milicien assermenté, Cédric jouissait au moins d'un repas garanti par jour. De telle sorte qu'il en promenait un œil dédaigneux sur les pauvres miséreux qu'il croisait sans cesse, qui lorgnaient sur son uniforme ou sur quelque devanture de magasin vaguement fournie. La pauvreté crasse et toute la misère d'autrui, qui lui assaillaient pourtant la rétine de partout, le laissaient coi, imperturbable. Sa supériorité relative, ses avantages indéniables, ses petits privilèges de serviteur de la sécurité publique, le flattaient aussi sûrement qu'une attestation de sang bleu, qu'un titre ronflant et redoutable. Cette haute estime de lui-même, dont il se pourléchait, creusait entre lui et le monde plus misérable un fossé définitif, qu'aucune pitié n'aurait pu franchir. Aucune jérémiade, aucune imprécation n'aurait pu le décider à faire l'aumône d'un petit bout de sa solde, par exemple. Depuis longtemps, son cœur était plus sec qu'une vieille outre de cuir trouée. Et son âme, aussi mince, froide et affûtée qu'un couteau de boucher. Entre son esprit étroit et l'univers inconnu tout autour, se dressait une muraille de certitudes et de méchancetés. Il ne s'intéressait qu'au grabuge, au plaisir, ainsi qu'à son profit. Tout le reste lui demeurait infiniment étranger. Aucune émotion un peu sensible, aucun doute tenace ne venait jamais troubler le déroulement mécanique de ses pensées fétides et mesquines.

Heureusement pour lui, dans ces quartiers populaires et mal famés, à défaut de beaucoup de plaisir ou de profit, le grabuge était toujours proche. Pour couvrir plus de terrain, Cédric et sa fine équipe s'étaient séparés un petit quart d'heure auparavant, dispersés à travers les ruelles gadouilleuses, pour répandre un peu plus en profondeur des terres leur version douteuse de l'ordre et de la sécurité, pour y prophétiser leur interprétation très personnelle et regrettable de la Loi. Petite bande de truands aux dents longues, mais aux bras courts, petites frappes aussi ambitieuses qu'encore impuissantes, terrifier le chaland en abusant de leur minuscule mais concrète autorité était pour eux, et pour Cédric en particulier, un passe-temps tout à fait régulier et spécialement plaisant, et parfois même un peu profitable. La masse amorphe et indénombrable des réfugiés de tout le duché et d'au-delà, empressés entre les murs de la ville, offrait à leurs velléités de prédation une quantité de cibles nouvelles inépuisable, une source a priori intarissable de nouvelles têtes à martyriser, de maigres bourses à amincir encore d'avantage, par la menace et l'extorsion. Le moindre trouble à l'ordre public aperçu était automatiquement le prétexte à un déballage de sournoiseries et de sous-entendus conduisant à la forme de rapine la plus odieuse qui soit, celle que les serviteurs de l'autorité centrale imposent aux citoyens les plus démunis, les plus vulnérables, comme pour les maintenir de force de leur état de délabrement profond. Chacun à sa place. Les pauvres, bien au fond dans la merde, c'est entendu.

Et justement, sous le regard évidement intéressé de Cédric, se produisait en ce moment même, une de ces échauffourées prometteuses, entre deux personnages issus du tout bas peuple, ses proies de prédilection. Alerté par des éclats de voix dans son dos, flairant l'occasion comme un chien flairant son repas, il s'était aussitôt retourné pour assister à la scène qui se jouait en pleine rue. Et donc, il voyait là-bas un homme d'âge mûr alpaguer une jeune femme quelconque, assez maigrelette en apparence, de façon poussive et un peu brutale, manifestement contrarié par une affaire assez sérieuse dont elle serait l'élément perturbateur, à en juger par sa face rougie et ses yeux pressés par la colère. Les reproches fusaient en ce moment même, et Cédric se rapprochait déjà d'un pas rapide, pour tenter de n'en rien rater. Il aimait pénétrer dans une dispute avec le maximum de cartes en main, et tous les atouts de son côté, autant d'informations que possible, pour déstabiliser ses potentiels adversaires. Mais la clameur environnante, sourde, qui s'élevait naturellement de tout Marbrume à cause de son activité vivante, ainsi que le bruit du vent qui s'engouffrait entre les murs et sous les portes, l'empêchaient de tout bien saisir de cet échange virulent. Il entendit tout de même les mots "potion" et "magicienne", et son intérêt fut dès lors piqué au vif. S'il s'agissait d'une histoire de commerce trompeur, d'arnaque à la petite semaine, il y avait sans doute matière à en tirer quelque chose, en plus de justifier légalement son intervention. Il n'allait pas se gêner pour mettre les deux pieds dans le plat.

Mais juste au moment où il s'apprêtait effectivement à passer à l'action, voilà que devant ses yeux suspicieux, la jeune femme s'empare de la main de l'homme et commence à y tracer des figures insensées, du bout de ses doigts, en scrutant les lignes entremêlées de sa vieille main usée. Cédric connaissait comme tout le monde les histoires à ce sujet, ces petits tours de bohémiennes, qui prétendaient déchiffrer dans les écheveaux de la chair les inscriptions décrivant les voies mystérieuses du futur. Ces croyances et ces sornettes le faisaient bien rire, lui, qui voyait dans ces badinages de sorcières du dimanche de simples attrapes nigauds, dont il ne faisait surtout pas partie, à son avis. Mais le Temple lui, était d'un avis tout différent. La sorcellerie était affaire d'hérésie, aux yeux des Trois. Il pouvait la coincer facilement, avec ça, l'idiote. Prise sur le fait, elle ne pourrait nier, ou si elle niait tout de même, elle avait en face d'elle un témoin peu complaisant, qui ne risquait pas de la défendre longtemps, face aux assauts de la justice, qu'il représentait, lui, Cédric. C'était du tout cuit, se disait-il, en s'avançant derrière les deux autres, avec un large sourire carnassier, qui lui déformait toute la face jusqu'au yeux, plissés par la joie méchante qu'il ressentait, à pouvoir ouvrir les hostilités avec un tel avantage.

Alors avec un ironie évidente, la voix pleine de fiel et de sous-entendus grinçants, il attaqua :

- Alooors... ? Qu'est-ce que ça dit cette petite mimine ? Un futur un peu sombre, non ?

Et tout de suite beaucoup plus sévère, il bouscula sans vergogne le monsieur, pour l'écarter de son passage, et saisir au poignet la diseuse de bonne aventure, avant qu'elle n'ait le temps de s'enfuir.

- Je représente le Duc et la Loi...

Il dit cela en préambule, sur un ton grave, l'air excessivement sombre, comme à son habitude, car il aimait se faire mousser, et grossir son importance de façon emphatique, afin d'intimider l'assistance, pensait-il. Et puis, en s'adressant à l'homme :

- Cette jeune dame vous embête ? Vous a-t-elle causé du tort ? Je suis ici pour régler les conflits, et votre témoignage pèse de tout son poids dans la balance.

Sur ces mots, il serra très fort de sa main gantée le poignet de la jeune femme qu'il tenait toujours, imprimant même une légère, mais forcément douloureuse torsion, par pure cruauté, pour qu'elle comprenne bien à quel point son sort était d'ores et déjà réglé, et si peu enviable... Il suffirait que l'autre bonhomme prononce une fois en face de lui le nom de sorcière, et c'était assez potentiellement pour dénoncer la pauvresse au clergé, qui la guiderait incessamment vers le bûcher... Oui, avec un mot, une parole seulement, sorcière, sorcière ! rien que cela, et elle était cuite. Archi-cuite. Il en clignait des yeux, le Cédric, pendu aux lèvres du monsieur.


*Faute grave, mais volontaire #licencepoétique
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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyLun 18 Mar 2019 - 17:35
Judith danse et tangue, Judith hésite et puis Judith se tait. Un éclat d'animosité brille le temps d'une seconde dans ses yeux, reproche, haine, colère, qu'importe, mais ce n'est pas joli à voir. Elle se reprend tellement vite que ça laisse une impression plus qu'un réel souvenir, et désormais la voilà stupide, l’œil un peu vide, comme si elle avait du mal à comprendre. Elle le connait bien le numéro de la douce imbécile. Elle n'ose pas trop détailler le nouveau venu, elle a peur que ça empire les choses.

Et puis finalement les choses s'empirent d'elles-mêmes, comme quoi, parfois, ça ne sert à rien de trop y réfléchir. Il fallait qu'elle tombe sur le seul milicien suffisamment oisif pour venir fourrer son nez dans ses affaires à un endroit pareil. Pour l'instant, elle n'a pas grand-chose à se reprocher, mais son mutisme et la tête d'andouille qui l'accompagne peuvent suffire à faire chavirer le navire.

Oh fichtre. Voilà que Fouinard-en-chef s'adresse à M. Tête-d'Andouille, cette fois, elle est cuite.

Elle ne blêmit pas, ne répond pas. A force elle sait éviter certains écueils. L'idiot rougeaud semble hésiter, la toisant d'un regard de dégoût. Au moins elle n'y lit plus la rage qui s'y manifestait précédemment. Alors ? Balancera, balancera pas ? Elle a le don pour se voir comme extérieure à elle-même dans certaines situations désagréables. Ça évite d'avoir trop la gerbe quand on tombe sur pire et plus fort que soi. L'autre reprend :

- Du tort quand même c'est un peu fort...

Ah ! Allez mon bon gueux continue comme ça, c'est ça qu'on veut entendre !

L'espoir doit se lire un peu trop clairement dans les prunelles de Judith car après un coup d’œil vers elle, il se rembrunit :

- C'te ribaude était supposée guérir la femme d'un compère, et depuis deux nuits elle couine de douleur encore plus fort.

La prétendue guérisseuse se retient de s'étrangler dans son indignation, oubliant presque la douleur qui s'immisce dans son poignet. A écouter cette enflure on pourrait croire qu'elle avait empoisonné sa cliente.

- Et comme je le disais, je ne suis qu'une simple guérisseuse, j'ai fait du mieux que j'ai pu.

Voyant que l'autre s'apprête à répliquer, elle l'interrompt en se tournant vers le garde :

- A ce que je sache, rien ne m'interdit d'être parfois ignorante.

Couleurs utilisées:
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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyMar 19 Mar 2019 - 13:29
Durant quelques secondes irritantes pour les nerfs de Cédric, dont la patience n'était décidément pas le fort, le badaud à la face écarlate parut hésiter, peut-être intimidé par cette irruption soudaine d'un représentant de la Loi, au beau milieu de la dispute qu'il avait lui-même lancé. Ou bien peut-être recherchait-il prudemment ses mots maintenant, de crainte de se trouver impliqué à son tour, et de passer de plaignant à suspect. Il était difficile de déchiffrer, même à bout pourtant, son expression vague, pataude, et presque stupide, dans ce visage enflé par l'effort rendu visiblement trop difficile, de la moindre réflexion, et surtout rougi et défoncé par l'abus de vin frelaté. Finalement, en marmonnant à moitié, dans sa grosse barbe hirsute constellée de saletés, il eut d'abord l'air de faire machine arrière, et Cédric en fut fort déçu, et d'autant plus agacé. Il croyait l'affaire jouée d'avance, et voilà que le bonhomme se rétractait plus ou moins, bêtement, devant lui, alors qu'il avait toutes largesses pour charger la demoiselle à l'origine de sa belle colère de tout à l'heure au maximum, de l'enfoncer en deux mots pour de bon. Notre milicien fouineur et diabolique n'attendait que ça de lui, ça ne pouvait rien lui coûter, et pourtant.

La preuve encore qu'il ne faut surtout jamais se fier, ni rien attendre de la race humaine, surtout de sa partie basse. L'amère désillusion s'ensuit invariablement...

Mais enfin, un éclair de lucidité sembla le reprendre, et le voilà qui fut capable de formuler la première accusation à peu près tangible, quoique principalement sous-entendue. Ça n'était pas assez net du goût de Cédric, mais tout de même, c'était un début. Charlatanisme, empoisonnement, il pouvait d'ores et déjà broder à partir de ça. Et puis, au besoin, après tout, rien ne l'empêchait de formuler lui-même tous les chefs d'accusation qui lui chantaient, quitte à inventer totalement. Avec ou sans témoins, la parole d'un garde prévalait souvent en cas de procès, pour peu que procès il y eut... En ces temps compliqués, un rapport un peu copieux, chanté sur un air de conviction relative, suffisait en général à justifier n'importe quel emprisonnement ou mesure de rétorsion. Parfois cependant, il aimait bien mener sa barque dans le cadre un peu plus étroit et concret de la légalité, car il aimait ne pas avoir à se fabriquer sans arrêt lui-même toutes les justifications nécessaires à son comportement scandaleux. Si, pour une fois, la vérité pure pouvait le soutenir dans ses démarches policières, il n'allait pas refuser son assistance. Pour le moment, il lui en fallait plus.

Alors il allait relancer Tête-d'Andouille et tenter de le cuisiner encore, quitte à lui suggérer, voir à lui souffler carrément les bonnes répliques, lorsque la jeune femme rebondit d'elle-même sur ses paroles, pressée de se défendre. Ce qu'elle crut sans doute faire avec assez d'habilité, au départ. Elle avait le ton sûr et l'attitude simple des vrais bons menteurs, de ceux qui savent qu'un bon mensonge est un mensonge court et bête, devant sonner avant tout comme une évidence. Manifestement, elle n'en était pas à son coup d'essai, se dit Cédric. Elle semblait conserver tout son calme et son aplomb, malgré sa présence insistante, et sa poigne toujours solide. Il en faudrait plus pour la décontenancer que de simplement rouler des mécaniques. Il allait lui falloir finasser un peu mieux que ça s'il comptait l'emporter. Heureusement pour lui, il n'était pas le plus mal classé du monde en matière de baratin. Et si elle croyait réussir à l'emberlificoter aussi facilement, il allait lui montrer.

- Si rien n'interdit d'être ignorant, ignorer la Loi n'autorise rien non plus. Vous avez reçu l'autorisation de vendre des remèdes ?

Sur ce, pour la première fois, il plongea ses yeux mauvais directement dans ceux de la jeune femme, pour bien en scruter le fond, le cœur et les motivations. Il y vit très vite un regard et une âme aiguisés, une certaine ironie, une petite lueur de malice dansant derrière ses prunelles bleutées... Rien de très rassurant, en somme. Encore une femme qui pense, une survivante qui se croit maligne, se dit-il. Et cela lui faisait mal au cœur, car Cédric détestait les femmes un peu intelligentes - il leur était trop facile de lui démontrer sa propre stupidité. S'il pouvait supporter l'idée de son infériorité par une forme de reconnaissance officielle, comme un grade, pour lui, la femme était le grade naturellement le plus bas qu'on puisse imaginer. Juste au-dessus du chien ou du chat de compagnie. Et encore, ça dépendait des chiens...

- Car il s'agit bien de vente, n'est-ce pas ?

Là, il se tourna à nouveau vers l'Andouille, en lui jetant un regard assez sévère et insistant pour lui faire comprendre qu'il n'avait qu'à opiner sans rien rajouter. Le message parut passer sans trop de mal cette fois.

- Heu, pour sûr, oui...

- Parfait !

Puis en oubliant tout de suite de lui prêter plus d'attention, il se retourna vers sa véritable cible :

- Je vais donc devoir contrôler votre licence, jeune dame. Vous devriez pouvoir me certifier votre affiliation à une guilde ou une autre ? Ou bien vous savez comment cela s'appelle, une dame qui produit et revend des philtres bidons à la sauvette ? J'aimerais vous l'entendre dire...

Un sourire si large et si malveillant découpait en ce moment le visage de Cédric, qu'on eut dit que les coins de ses lèvres allaient bientôt connecter avec ceux de ses yeux...
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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyVen 22 Mar 2019 - 20:20
Elle a filé trop haut trop vite, à voir la lumière de la surface on oublie trop vite l'abysse en-dessous, et le regard du milicien vient de lui donner l'impression d'avoir brusquement le ventre rempli de cailloux. Judith fait tout ce qu'elle peut pour ne rien montrer, ne rien lâcher, c'est la peur qui les attire, il faut garder l'oeil calme. Mais il n'y a pas de sortie de secours de cette discussion, et elle sent bien que les choses lui échappent. Tête-d'Andouille est trop lent pour avoir compris, alors il acquiesce juste, le temps que ça lui arrive entre les deux oreilles.

Elle, elle réfléchit à toute allure, examine toutes les idées qui lui passent par la tête : il lui faut un échappatoire. Elle interdit à sa colère qui monte de reprendre le dessus... Contre les brutes sournoises du genre c'est le meilleur moyen de perdre pied. L'urgence l'empêche de penser clairement et elle reste un bref instant silencieuse, le regard noir malgré elle, en fixant le garde qui attend sa réponse.

- Une guérisseuse mal installée, vous conviendrez les circonstances ne sont pas idéales pour ouvrir une boutique facilement en ville.

Judith s'acharne, parce qu'elle n'a pas d'autre choix. Parce qu'elle n'est qu'à un mot du plongeon définitif. Elle enchaîne, sans lui laisser le temps de répondre. Si ce sale type arrive à en placer une c'est fini.

- Alors oui, je suis itinérante et je fais comme je peux, et vous savez c'est fou, on croise vraiment de tout dans le coin.

Qu'est-ce qu'elle raconte encore ? Tête d'Andouille ne comprend visiblement plus rien à ce qu'il se passe, mais vu comme il danse sur ses deux jambes, il n'ose pas partir. Au moins il a l'air d'avoir retrouvé sa placidité naturelle.

- Des honnêtes gens travailleurs, des idiots trop chanceux, des ordures qui profitent. Tout le monde a des bobos à un moment où un autre, et on n'est jamais de trop à savoir faire les pansements ici.

Elle déballe son charabia sans même savoir ce qu'elle sous-entend. C'est du bluff c'est sûr, mais elle ne ment pas : personne ne crache sur les soigneurs en ce moment. Vu l'aspect carnassier du bonhomme qui la retient depuis tout à l'heure, elle ne trouve rien de mieux que de lui faire miroiter des proies plus appétissantes.


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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyLun 25 Mar 2019 - 9:29
Pour notre héros sans cœur, encore une fois, c'est la déception. La bougresse entre ses pattes navigue à vue, mais elle navigue pas mal. Elle se tord et se retourne, se contorsionne avec les mots, pour tenter de retomber sur ses pattes, comme un chat résistant à une étreinte non désirée. Toutes griffes dehors. Elle se défend, vaille que vaille. Il respecte ça, après tout, notre vil héros, Cédric, il respecte la jugeote et le baratin, pas spécialement chez une femme, d'accord, mais tout de même, il est bien obligé de lui accorder un point. Elle a de la ressource. Il voudrait la coincer d'un coup, mais elle se dérobe, du moins dans l'idée, moralement parlant. Légalement parlant, il a toujours le dessus, mais ça n'est pas bien drôle. Son sadisme n'est pas satisfait. Il aime bien entendre les victimes de ses abus policiers couiner, geindre, supplier. Là, elle crache, fait le dos rond. Ça va. Lui aussi a encore quelques arguments dans sa hotte. Il voudrait d'ailleurs l'interrompre à ce moment, pour porter l'estocade ultime, mais elle le coupe avant qu'il ait pu dénouer sa langue.

Et ensuite, qu'est-ce qu'elle lui dit ? Elle lui raconte l'étendue de sa clientèle, soit disant qu'elle connait du monde, que les gens sont son domaine. Et en quoi est-ce que ça le concerne ? A l'instant "t", il ne voit pas, pas tout de suite. Le rapprochement se fait lentement, à la vitesse de son esprit usé par l'alcool et la méchanceté. Car les pensées vicieuses sont un acide pour l'âme, aussi sûr que la bouteille, une autre forme de dépendance. On s'y accoutume aussi, à force d'y tremper. Alors il faut creuser toujours plus dans la saleté, pour s'exciter la couenne. On perd les pédales, donc on accélère sans frein. On a plus que de la destruction dans la tête. Et du coup dès qu'il s'agit de connecter quelques morceaux ensemble, pour consolider, au lieu de briser, forcément, ça coince un peu, ça prend du temps. Ça monte pas vite au cerveau. Mais bon, ça finit quand même par monter. Faut bien que ça monte.

- Qu'est-ce à dire que vous insinueriez ? Que je devrais laisser filer une sorcière de rue pour la beauté du geste, à cause des circonstances compliquées ? Elle est bien bonne.

Et puis, lentement, lentement donc, ça monte.

- A moins que... Vous, laissez-nous !

Tête d'Andouille, qui avait perdu le fil depuis longtemps, regarde Cédric avec des yeux ronds, deux belles bulles vitreuses, fades, bêtes. Aux âmes nées trop niaises, même le compte des années n'arrange en rien la stupidité.

- Mais je...

- Vous avez une plainte précise à déposer maintenant ?


- Non, mais...

- Alors du vent !

Et sans attendre la réaction de ce gros poisson échoué sur la terre ferme, se débattant à peine sans rien comprendre à l'univers qui l'entoure, Cédric décide d'embarquer la demoiselle vers la ruelle d'à côté, juste à l'angle, où c'est que les murs ont moins d'oreilles.

- Où que c'est qu'vous allez ?

- Au poste ! Merci à vous, bonne journée !

Toujours les yeux ronds, immobiles, qui regardent Cédric tirer Judith par le poignet, et disparaître dans la fente étroite entre deux baraques délabrées. Celui-ci ne laisse pas le choix à celle-là. De toute manière, il est armé. Ça devrait suffire à la dissuader de protester trop. Enfoncés de quelques mètres entre les murs, finissant en cul-de-sac un peu plus loin, là où traînent les ordures, dans le petit canal rempli de boues suspectes, à peine plus large qu'une paire d'épaules et demi, et comme personne ne les voit plus, il relâche son emprise, libérant le bras de la jeune femme. Au lieu de la tenir, c'est désormais le pommeau de son épée qu'il tient, qu'il malaxe entre ses doigts, assez ostensiblement pour qu'elle le voit, qu'elle sache qu'il écoutera ses prochaines paroles avec une attention très spéciale. Qu'elle ne se trompe pas dans l'emploi de ses mots, ils seront cruciaux, pour sa survie et tout le reste. Même si elle est parvenue à piquer sa curiosité, il peut encore lui la piquer au fer blanc, pour peu qu'elle le déçoive. Non, il n'est pas sympathique, c'est comme ça, le Cédric.

- Alors, vous me parlez de vos bonshommes... Mais vous avez une proposition sérieuse à formuler, ou bien seulement du blabla ? Je serais vous, je ne me risquerais pas à me taquiner avec un appât inconséquent...


Et pour bien marquer le coup, il fait craquer sa mâchoire, en jetant à la demoiselle un regard d'ours mécontent, aux reflets meurtriers. Si elle a du solide, c'est maintenant. Ou bien ce sera jamais, jamais plus.
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Judith LafeySorcière
Judith Lafey



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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptySam 30 Mar 2019 - 16:54
Judith se retient de cracher tous les noms d'oiseaux qui lui passent par la tête tandis que le milicien l'attire soudainement à l'écart. Que ça soit un raccourci pour le poste, ou au contraire un détour désagréable, elle n'a plus aucune intention de jouer les innocentes et tire sur son bras autant qu'elle peut en espérant se faire la malle. Ce n'est, hélas, pas très efficace, et voilà que la fripouille lui bloque le chemin.

Maintenant que Tête-d'Andouille n'est plus là, son regard se fait plus vif, comme s'il n'y avait plus besoin de continuer si ouvertement le jeu de dupes dans lequel ils se sont lancés. Elle aurait presque l'air de vouloir mordre mais le geste de son interlocuteur l'arrête, et elle se calme immédiatement en constatant qu'il a la main à son arme. Elle s'en voudrait presque de s'être laissé emporter, c'est le genre de chose à éviter quand on veut louvoyer en paix... Mais de toute manière le garde n'a l'air ouvert qu'à une seule négociation, et elle cligne des yeux le temps de comprendre que son argument a fait mouche, et que son pouls revienne à une vitesse lui permettant d'articuler sans avoir l'air d'un animal sur la défensive.


- Je ne connais pas de noms.

Oh le joli mensonge. Elle poursuit rapidement, avant qu'il ne décide qu'elle est donc inutile.


- Mais dans le coin, il n'y a pas beaucoup d'honnêtes guérisseurs qui acceptent de s'occuper des resquilleurs, voleurs ou autres truands.

Elle lâche un soupir, d'une part parce que déballer ça à un type louche avec une face de requin ça ne lui fait pas plaisir, de l'autre parce que l'angoisse de pas se sortir de là commence à lui couper la respiration.

- Je suis pas trop regardante, comme je disais, j'ai du mal à m'installer. Du coup c'est arrivé qu'on fasse appel à moi. Sans doute que ça pourrait encore arriver...

Elle se tait, elle ne veut pas en dire plus que nécessaire, mais elle n'a pas non plus envie de sous-entendre qu'elle en sait plus qu'elle ne le dit. Souvent, le silence est la meilleure défense dans ces cas, combien de fois a-t-elle vu des idiots s'embobiner tous seuls en cherchant à se justifier, à crachouiller des explications qui finissent par les accuser eux-mêmes ? Judith préfère encore répondre aux questions, en espérant qu'elle en a dit assez pour qu'elles ne viennent pas avec les coups.







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Cédric GravèneMilicien
Cédric Gravène



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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyMer 3 Avr 2019 - 0:31
Du vent, du vent, et encore du vent... On dirait bien que c'est tout ce qu'elle soit capable de produire, la petite sorcière renfrognée. Cédric peut lire d'ailleurs sur son visage, maintenant qu'ils sont seuls, une hostilité beaucoup plus précise et assumée. Ça lui plaît bien, ça. Bas les masques, qu'il se dit. Après tout, ils sont entre eux, il n'a plus à faire semblant de se tenir droit lui non plus, correctement respectueux des ordres et de la bienséance ordinaire. Dans leur petit goulot à eux, ils pourraient s'étrangler bien à l'abri, sans que personne n'intervienne. Ce genre d'intimité mortelle, c'est son véritable élément. À lui de démontrer qui est le véritable monstre ici. Qui fait la loi dans ce gourbi. Qu'elle sache bien qu'il ne s'en laissera pas compter. Elle devra raquer, ou crever. Pas d'autre alternative.

- Eh bien, c'est un peu court, jeune femme...

Sur ces mots, Cédric emprunte immédiatement une moue déçue, complètement ironique, froissant les sourcils, et tordant sa bouche en une grimace désolée, révélant des talents de comédien insoupçonnés. Avant de rattaquer.

- Et je dois dire que je pense, moi, que vous pourriez me dire bien des choses encore... Enfin je l'espère pour vous...

Là-dessus, il empoigne plus exactement la garde de son épée et commence à la tirer de son fourreau, tout doucement, en laissant bien la lame glisser contre l'ourlet de métal qui en compose l'entrée, pour produire un petit son strident, agressif, comme une petite musique menaçante, un violon de film d'horreur, destiné à donner plus de poids encore à ses prochains mots.

- Non, non, non... C'est bien trop maigre, ce que vous me donnez-là. Vous comprenez... ? Il me faut au moins des noms, sans quoi...

Avec un haussement d'épaules assez abstrait, il lui laisse pourtant deviner.

- Ecoutez, moi je ne suis pas buté, au fond, je saisis votre situation. Bien sûr, après tout, c'est vrai, ce sont des temps difficiles que nous vivons. Vous avez dû connaître bien des soucis, avant d'en arriver là aujourd'hui. Je comprends. Et je suis pareil. On se débrouille, il faut bien faire avec les circonstances, pas contre. On n'est pas des rêveurs, bordel de nouille... ! Mais je peux vous garantir une chose, une, bien nette, bien précise, à bien imprimer dans vot' caboche d'entêtée. C'est que toutes les emmerdes qui ont pu vous secouer jusque là, ce sera rien, comme du crottin, un léger désagrément, à côté des ennuis que quelques prêtres que je connais pourraient vous causer, eux. Moi je suis respectueux. La démerde, c'est mon domaine. Ça a l'air d'être aussi le vôtre, alors il y a ça entre nous. Mais eux... Eux, je vous jure, ce sont de sacrées têtes de mules, ils ne veulent rien entendre... Une sorcière, pour eux, ça n'est pas qu'une jeune ou une vieille mécréante qui tente de subsister malgré tout... C'est une proie, un joli steak saignant. Ces gars-là, c'est pas des amateurs, pas des tendres. Ils vous feront regretter d'être née, et plus vite que vous ne l'imaginez encore. Je ne parle même pas de bûchers... On raconte qu'ils ont tout un tas d'instruments dans leurs sous-sols, oui, la torture, c'est bien de ça dont je parle... On raconte qu'ils vous mettent dans une machine, enfin... Vous ne voyez plus rien, vous êtes paralysé, et là, ils glissent des épines dans votre peau... Et vous êtes nu, dans le noir, et la froidure, et tout votre monde se résume à ces épines qui vous traversent la peau, sans crier gare. Un monde de ténèbres et de douleurs... Eh oui... À côté, moi, je ne suis qu'un vaillant salopard, un peu maladroit, je frappe à coups de poings, à coups d'épées, mais c'est du rapide, plus ou moins, c'est plutôt propre comme mort, que je propose, ça n'a rien à voir... Mais voilà, si vous vous obstinez à ne me donner que du mou, de vagues et pernicieuses promesses, moi c'est à ces gens-là que je vous livrerais. À ces gens-là, pensez-y... Ils vont vous écorcher, vous dépecer, vous brûler vive... J'espère que vous comprenez tout ce que cela implique.

Quand il s'arrête, tout au bout de son odieuse tirade, Cédric roule des yeux pathétiques, l'air de tellement craindre pour elle, de redouter les méandres de son avenir, alors qu'au fond, il n'y a que du plaisir dans son petit cœur maigrichon. D'ailleurs, un petit sourire en coin le révèle aisément. Il aime tellement raconter des saloperies, évoquer la misère et son pouvoir, sa capacité de nuisance à l'égard des autres, c'est son dada à lui, comme une masturbation des nerfs, ça le détend profondément. Quelle belle ordure...
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Judith Lafey



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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyMer 10 Avr 2019 - 16:44
Elle le regarde s'agiter, mimer et jouer, et plus les mots coulent, plus le numéro avance, plus son visage se décompose dans une grimace de mépris inquiet. Oh, elle en a connu des menaces, elle en a vu des miliciens pourris, des prêtres fanatiques, ou juste des bonhommes mal dégrossis qui n'avaient pas l'air d'apprécier son regard ou au contraire de trop apprécier autre chose. Les grands discours de violence et de hargne, ça ne devrait pas la secouer plus que ça... Mais d'habitude, il y a toujours un échappatoire, un soutien imprévu, une voie qui lui permet de filer comme un rat sans demander son reste. Elle ne cherche pas plus que ça Judith, elle s'en fout de se salir les mains ou bien la dignité, elle veut juste disparaître de là, et pour une fois, c'est impossible.

Alors elle crisse des dents, elle fronce les sourcils, elle pue le malaise et l'agressivité, tandis que l'autre déballe ses talents d'acteur grinçant avec un peu trop de satisfaction personnelle pour qu'elle ne le remarque pas. Elle hésite, elle ne sait pas trop ce qu'elle peut cracher pour qu'il la laisse partir. Quel que soit les informations dont elle dispose, il demandera toujours plus, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus répondre. Et alors quoi ? Elle doute sérieusement qu'il la laisse filer par bonté d'âme. Non, il fallait qu'elle lui donne ce qu'il voulait tout en restant utile.

Judith croise les bras pour se redonner une contenance, le fixant droit dans les yeux comme pour prétendre qu'elle n'est pas affolée par la situation. Elle se moque bien qu'il voit que c'est du flan, de toute façon, le seul public à sa pièce détraquée, c'est elle.

- Pas la peine de sortir tous vos jolis mots pour être plus convaincant. Qu'est-ce que vous voulez savoir au juste ? Qu'est-ce que vous cherchez ? J'vous dis, je connais du monde, je sais où en trouver, mais qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?

Elle s’essouffle à parler sans laisser une seule pause, une seule prise qui lui permettrait de rebondir.

- Les gars dont je vous parle. Ils sont organisés, et ils ne sont pas idiots, vous pensez pas qu'ils allaient me laisser une liste de noms et d'adresses non ? Je sais où en trouver certains, je sais quoi dire pour qu'on me fasse confiance, et quoi dire pour alerter. Je guéris et j'écoute, j'entends des trucs qu'on devrait me taire et je rencontre des gens que je ne devrais pas croiser, visiblement. Vous voulez un nom ? J'ai eu affaire à un certain Bôdan Mercuro, mais je sais pas où il traîne ces jours-ci.

Elle garde la parole farouchement, le défiant presque d'oser l'interrompre. Il voulait qu'elle parle ? Elle parle.

- Si c'est une jolie arrestation de groupe que vous prévoyez, j'peux vous trouver un lieu utile. Si c'est des discussions et des arrangements, j'peux vous trouver quelqu'un. Mais qu'est-ce que ça peut vous foutre de ramener une fille comme moi aux prêtres ? J'suis plus utile dans la rue avec les oreilles qui traînent que dans une cave avec des épines sous la peau.

Quand elle termine là-dessus, elle se serre le poignet discrètement pour s'empêcher de trembler. De rage ou de panique, qu'importe. Elle est pas du genre à demander pitié, c'est à prendre ou à laisser. Si l'autre est pas trop con, il s'apercevra peut-être qu'elle a pas tort...




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MessageSujet: Re: Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène)   Association de malfaiteurs (pv Cédric Gravène) EmptyJeu 11 Avr 2019 - 4:04
Enfin voilà, les vannes sont grandes ouvertes. La parole de la petite sorcière jaillit comme source vive. Son flot déborde la vallée de ses oreilles pour aller noyer ses tympans. Il suffisait donc de savoir où et comment appuyer, de trouver le bon bouton, et de l'écraser de la bonne manière. Au fond, c'est un peu toujours le même, ce bouton. Il n'y en a pas trente-six. Peut-être même qu'il n'y en a que deux. L'envie et la peur, la carotte et le bâton... Animal prétentieux par essence, l'être humain n'en est pas moins soumis que les autres à ces deux mécanismes primitifs. Il voudrait se croire libre, il se raconte surtout des histoires. La chair est plus forte que la pensée. Le corps possède sa propre volonté, et la conscience tant vantée lui est inféodée presque totalement. L'esprit n'est que l'esclave des viscères, et pas l'inverse, il les conseille à peine, tente de les guider, d'en considérer les différents appétits pour les organiser un peu, les contenir parfois. La pensée consciente est une digue, mais ce que le corps nécessite, le corps obtient. Et si la digue s'oppose à sa furie, elle cède rapidement, à tous les coups.

Cette fois-ci, c'est bien la peur encore qui triomphe. Elle aura beau s'en défendre et tenter toutes les pirouettes pour n'en rien laisser paraître, Cédric sait pertinemment qu'il était nécessaire de pousser le bouchon de la menace, qu'on n'obtient jamais rien de solide, aucun morceau de viande concrète, sans montrer les dents en arrivant près de la table. C'est un monde de chiens, de chiens enragés, où le plus brutal, ou le plus mauvais, seuls peuvent prétendre manger à leur faim. Il faut bousculer tout sur son passage pour se frayer un chemin, se faire une place au plus près du soleil. Les jolis cœur et les courbettes, les sourires fondants ne sont bons que pour ceux déjà nés sous une belle étoile. Puissants de naissance, ils n'ont plus qu'à se féliciter toute la vie pour leur chance inouïe, à profiter dans les salons, les réceptions, à se vautrer dans la soie qui leur fait croire qu'ils le valent bien. Dans leurs châteaux, là-haut, ils se goinfrent et rotent en riant, tissent des alliances fumeuses à l'ombre des tentures, et forniquent à l'abri des grands murs. Pendant qu'en bas, on se crève toute la nuit, à fouiller les débris, à s'égorger entre loups, pour des repas rachitiques... Comme en ce moment.

Puisque c'est de ça qu'il s'agit, n'est-ce pas ? La louve et le loup s'affrontent, comme des chiens galeux, à coups de griffes et de crocs, ils se disputent un pauvre gagne pain, seraient prêt à s'arracher les yeux pour obtenir de l'autre ce qu'il a, parce qu'ils ont bien peu, au fond... Et quand on a si peu, on se doit de le défendre, il faut vendre chèrement ses plus petites billes, pas se laisser voler pour un sourire. On se doit de blinder son cœur, de se laisser pousser des épines sur la peau, pour tenter de repousser tous les parasites qui rôdent autour, et toutes les bestioles qui ne rêvent que de dévorer nos pétales. Des sales bêtes comme Cédric, qui voudrait bouffer toutes les fleurs réunies de tous les jardins de l'univers, qui voudrait s'en faire claquer la panse, à trop se la remplir. Jamais rassasié. Pourtant, il reçoit ce qu'il demandait, déjà. Elle finit même par lâcher un nom, deux mots, passés trop vites pour qu'il les retienne. Il faudra bien qu'elle recommence, d'autant qu'elle ne s'arrête pas en si bon chemin. Elle l'abreuve de tellement de mots maintenant, qu'il sent bien que c'est la panique qui la tourmente. Et lui se sent prendre l'ascendant, et c'est tout comme s'il lui poussait soudainement des ailes. Gros et laid oiseau de malheur...

Les épines ou la rue... ça c'est justement à moi d'en juger, petite sorcière ! Faut pas essayer de me dire ce qui est bon, ce qui ne l'est pas. Je pense être assez grand pour en décider. Quant aux prêtres, que voulez-vous, je les apprécie... J'apprécie particulièrement le zèle, et les jolis bûchers qui en découlent... L'odeur de la chair brûlée au petit matin... Du matin jusqu'au soir d'ailleurs, et puis du soir au matin, je ne m'en lasse jamais... Alors si je peux mêler plaisir et travail, leur fournir, à mes chers amis, un peu de combustible, quelques fragrances nouvelles... Je n'ai pas à justifier ma foi dans les flammes, il me semble.

Sur ce, d'un seul coup, tout le visage de l'odieux milicien semble se détendre. Le masque agressif retombe, pour laisser place à quelque chose de plus neutre, avec même un petit air intéressé, un peu soucieux. En même temps, il rengaine son épée, faisant claquer la garde contre le rebord du fourreau, avec un bruit sec et péremptoire, annonçant un tournant décisif dans son discours.

Ceci étant dit, je suis bien forcé d'admettre que vous marquez un point. Et puisque vous avez décidé de vous montrer coopérative, je pense que je peux moi-même me montrer plus réceptif, qu'en pensez-vous ? Non, ça n'est pas une vraie question... Je veux dire, premièrement, je veux bien croire que vos oreilles puissent traîner à tous les bons endroits, et il est vrai qu'elles sauraient se rendre utiles, à l'occasion... De bonnes oreilles sont toujours un atout. Quant à vos talents pour la couture des bobos, je suppose qu'ils vous rapportent un peu ? Dites-moi... à combien estimez-vous la vie que je pourrais éventuellement vous laisser sauve, par semaine, à votre avis ? Je passe assez souvent dans le coin, il est certain qu'on peut se revoir souvent vous et moi... Alors vous allez m'aider, travailler mieux, pour gagner la paix. Vous avez un nom pour moi aujourd'hui, et des informations supplémentaire, ça vous fait gagner une semaine. Une, rien qu'une. Chaque semaine, je veux un nom et une adresse, quelque chose d'un peu juteux, ou bien des pièces. Une jolie petite bourse, ou bien un nom, ou bien les épines sous la peau...

Cédric se tait enfin, un court instant. Quelques secondes passent, silencieuses et lourdes, pour bien permettre à toutes ces choses dites de prendre leur poids, de s'ancrer dans la tête de la jeune femme qui le toise toujours, avec son petit air farouche, dissimulant mal sa nervosité. Mais après avoir continué d'appuyer sur toutes ses fibres sensibles, il est temps, pense-t-il, de caresser maintenant, de passer un minimum de pommade, pour calmer le feu qui les sépare. Alors il reprend, tout doucement.

D'un autre côté... si je suis content de vous, je peux vous garantir que dans ce périmètre, tous mes copains en vert vous laisseront tranquille, vous pourrez découper, recoudre, fouiner autant que nécessaire, mais dans ce coin-là... Au-delà, je peux rien faire... Est-ce que ça ressemble à une affaire pour vous ?
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