Des sous, de l'herbe et une rencontre hasardeuse [Pv Talhya]

Adélaide avait été conviée par son père pour aller chercher de l'herbe à vertu médicinale pour sa mère. La jeune femme avait la toute confiance de son paternel pour acheter ce dont il avait besoin exactement. Ainsi donc, il lui décrivit la plante, car si elle se trompait, cela pourrait avoir des incidences pour la famille. Tout d'abord car la mère de la jeune fille était au plus mal, mais également car ils n'avaient que peu de sous. Aussi, si la jeune demoiselle se trompait, s'en était foutu pour le remède tant convoité. Pour trouver ce dont elle avait besoin, il n'existait qu'un seul lieu dans la cité de Marbrume. Il s'agissait du Vieux Marché. Comme son nom l'indique, il s'agissait d'un lieu très ancien. Ce dernier se situe dans la rue des Hytres. Ainsi, on peut y trouver de nombreuses étales proposant des produits variés et accessibles financièrement à la classe la plus basse du peuple. Ascelin avait donc confié une petite poignée de sous, une partie de ses maigres économies afin que la jeune femme remplisse son rôle de fille modèle. Pourtant Adélaide était tentée. Non pas de jeter l'argent par les fenêtres. Non, ce n'était pas son genre. Toutefois, elle en avait marre de voir son père trimer pour perdre le bénéfice de tout ce dure labeur. Bien évidemment la jeune couturière avait conscience que sa mère n'avait pas choisi de tomber malade. Toutefois, depuis sa plus tendre enfance n'avait connu que cela. C'était don douloureux pour Adélaide de ne pas pouvoir compter sur l'aide de ses parents mais de voir que ces derniers comptaient beaucoup sur ses épaules à elle. Toutefois la jeune femme était honnête. C'est pourquoi, en plus des rares sous donnés par son paternel, la jeune femme avait puisé dans sa bourse personnel. Depuis qu'elle bossait à la boutique de Madame de Beauval, elle avait pu réunir quelques pièces. Ainsi, si elle verrait quelque chose qui lui plairait, elle pourrait peut être lui acheter.

La jeune femme embarqua aussi son carnet de croquis et sa mine. Adélaide adorait pouvoir observer les passants dans la rue. Cela l'inspirait souvent. Là elle allait se rendre dans un lieu encore inconnu pour elle et ses beaux yeux gris. C'était donc indispensable pour elle de prendre de quoi noter. Une fois tout son matériel installé dans un pochon réalisé de sa main, la jeune fille se mit en route. Elle partait l'esprit libre. Adélaide voulait profiter de cette sortie à fond. Cela la changeait de son quotidien pas toujours rose. Elle laissa donc son esprit vagabondait au rythme de ses pas. De ce fait, elle regardait aux alentours sans vraiment être présente.... Quelqu'un pourrait passer juste devant elle, à cet instant elle pourrait ne pas le voir, tellement elle était perdue dans ses pensées...

Talhya adorait se balader au marché, du moins elle adorait avant la fange. Maintenant il s’agissait avant tout de rendre des services en échange de maigres salaires. Aujourd’hui elle se devait de trouver quelque chose pour nourrir sa mère, voir elle même dans le meilleur des cas. Elle avait trouvé parmi les marchands un homme assez vieux et sympathique qui lui avait proposé assez rapidement de lui donner quelques sous en échange de son aide. Il vendait toute sorte de bizarrerie, plantes, objets aux formes surprenantes, vieilles étoffes et encore bien d’autres choses. Le travail consistait à déplacer toutes les affaires du vieil homme qui souhaitait visiblement un meilleur emplacement pour son affaire. Talhya se demandait bien à quoi elle pouvait ressembler, elle n’avait pas vraiment coiffé ses cheveux ce matin, ni même hier d’ailleurs et sa robe était encore déchirée à cause de sa chute quelques jours auparavant. La plupart des gens du marché n’étaient pas dans un meilleur état de toute façon et puisqu’elle n’était ni malade, ni affamé, et avait un toit sous lequel dormir, elle n’était sûrement pas à plaindre. La jeune fille était d’une maladresse sans égal et la fatigue qu’elle connaissait ses derniers jours semblait l’avoir accentué. Sa chute ridicule de l’autre fois avait été accompagné dans les jours suivant de verres cassés, plats oubliés et de personnes malencontreusement bousculées. Le vieux marchand lui avait confié une caisse de plante pour qu’elle la déplace et elle lui semblait bien lourde, tout comme ses bras qui sous tout se poids devenait bien frêles.

Elle n’avait pas vu la jeune femme juste devant elle. Elle aurait dû se concentrer plus c’était certain mais cette pensée était bien inutile une fois que la mal était fait. Talhya pensait souvent à son père disparu ce qui était le second élément expliquant cette maladresse. Elle croyait l’avoir vu, c’était impossible pourtant. Elle regardait la pauvre fille bousculée avec un air désolé en espérant ne pas lui avoir fait mal.

« Qu’est ce que je suis maladroite, veuillez me pardonner ! Vous allez bien au moins ? »

Adélaide était tellement dans ses pensées qu'elle ne vit pas la femme arriver tout droit vers elle. Comme il fallait s'en douter, une collision fut inévitable. Heureusement, le choc entre les deux femmes fut léger. En effet, ces derniers étaient toutes les deux, des jeunes femmes frêles et maigrichonnes. La jeune fille que la couturière avait percuté était dans les mêmes âges qu'elles. Belle comme tout avec sa chevelure blonde et longue jusqu'en dessous des épaules, l'inconnue ne passait pas inaperçue. Apparemment elle travaillait sur le marché car elle avait dans les bras une large caisse qui paraissait bien lourde. Aussi elle se confondit en excuses, demandant à Adélaide si elle allait bien. La jeune femme ne pu lui en vouloir. Elle semblait travailler dure pour gagner sa croûte, c'était tout à son honneur. D'une voix douce, elle répondit à la jeune femme afin de la rassurer du mieux qu'elle le pouvait :

-Ce n'est rien, j'étais dans la lune de mon côté. C'est plutôt à vous qu'il faut demander cela. Votre caisse à l'air lourde, voulez vous un peu d'aide ?

La jeune femme semblait surprise par la question d'Adélaide. Alors celle ci préféra clarifier les choses, afin qu'elle ne se fasse pas de bile.

-Je n'ai rien qui ne m'attende, donc si vous le souhaitez, je peux vous aider. En plus, je recherche une herbe pour soigner ma mère. Peut être l'avez vous ? Attendez je la cherche.

Adélaide fouilla dans son pochon qu'elle emmenait partout avec elle. C'était une petite bourse qu'elle avait fabriqué de ses petites mains. Simple, mais très élégante, avec le matériel qu'elle avait pu dénicher, la jeune femme avait broder ses initiales dessus afin que personne ne puisse la lui prendre. De couleur grise très claire, elle était un magnifique rappel de la couleur peu banales de ses yeux. Un peu bordélique sur les bords, la jeune filles un peu de temps avant de dénicher l'objet de sa convoitise mais finit par tomber sur l'herbe en question. Elle l'a sortit donc de sa bourse et la montra avec fierté à la jeune femme.

- Voilà, je l'ai retrouvé. Connaissez vous cette herbe, mademoiselle ? Moi c'est Adélaide, Adélaide Grisregard pour vous servir. Dit elle en lui souriant.