AuxenceBanni
| Sujet: Auxence [Validée] Ven 5 Aoû 2022 - 2:51 | | | Auxence, déterminé à survivre◈ Identité ◈ Nom : Maerle de Malemort et Malerive.
Prénom : Auxence, Amardias.
Surnom : "Serval".
Age : 21 ans à dater du printemps 67.
Sexe : Homme.
Situation : Célibataire.
Rang : Vicomte mordu et exilé.
Lieu de vie : Village des Bannis/Ventfroid.
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : Traqueur — +1 HAB, +1 TIR, +2 CHA
Compétences et objets choisis : Compétences :
- Survie en milieu hostile - Niveau 1 - Alphabétisation - Tir en mouvement - Niveau 1 - Pistage - Niveau 1 - Éloquence - Niveau 1
Objets : - Un arc. - Une arbalète. - Une tenue de cuir.
◈ Apparence ◈
Digne héritier de son lignage mauresque, le teint du jeune métis s’est cuivré dès sa venue au monde, bénéficiant d’une nuance plus claire à laquelle son père n’a eu droit et ce grâce à l’hybridation d’une aïeule native du royaume de Langres depuis des temps immémoriaux. De moyenne stature pour un homme de son âge et bien plus svelte que son parent direct, l’allure d’Auxence de Malemort tient plutôt d’un individu agile et espérons doué de ses dix doigts. De ces diablotins à la discrétion fugace qui tout d’abord échappent à la surveillance de leurs tuteurs avant de filer au nez et à la barbe de la garde ducale ou bien d’un prêtre trinitaire floué. À sa démarche se devinent d’ores et déjà sa haute extraction et la fierté de son ascendance nobiliaire, le port altier, les épaules ouvertes, prêt à dévorer le monde et plus encore. Le pas sûr et déterminé, l’aîné et unique fils de sa génération semble prendre à cœur son titre de vicomte et tâche de bien présenter en société, toujours tiré à quatre épingles et coiffé selon les dernières tendances de la cour morguestanaise. Attentif aux modes les plus changeantes, il ne perd pas une miette des travaux de couture ou de travail du cuir qui lui assureront une tenue remarquable bien que peu affriolante, friand de sobriété tout autant que d’élégance.
On loue à l’éphèbe les boucles souples d’une toison au brun sombre qu’il doit à sa tendre mère des duchés du sud, mais aussi deux quinquets pers aux tocades de bronze surmontés d’une volée de raides cils noirs qu’il tient assurément de son géniteur. De ces caractéristiques le vicomte est particulièrement fier, et tâche de les mettre en avant dans toute tentative séductrice à laquelle il s’adonne. Auxence gagne également de ses gènes étrangers une pilosité drue, fournie, traçant en tonnelle de ses yeux deux arcs au corps robuste, et en balancelle de sa mâchoire une barbe virile dévorant jusqu’à son arc de cupidon. Ses lèvres charnues s’articulent en permanence en ces sourires espiègles dont le charme se jauge aux méfaits qui pullulent sous son front certes plein, mais surtout bien fait. Et ses pommettes élevées à la saillie anguleuse de parfaire ce minois de garnement, plissant ses yeux encapuchonnés dans leurs paupières, aux iris verdoyants à la malice propre aux félins d’autres contrées, tout en fronçant délicatement le nez droit au tube maigre dont la nature le pare.
Devrions-nous oublier, passer sous silence son exil au sein des marais inhospitaliers ? Celui qui a noué sa chevelure en de longues fourches hirsutes, celui qui a tanné davantage sa carne bistrée, celui qui, encore, a assombri l’éclat joueur de son regard térébrant ? Ce voyage aux confins du monde – à quelques lieues seulement de la capitale royale – a écorné ce jeune portrait séduisant pour faire aujourd’hui l’éloge d’un homme sauvage dont les rudes leçons ont été engravées à même sa peau d’airain en de pâlottes cicatrices. Les haillons de feutrine glauque subrogent désormais riches parures et somptueuses tuniques, les vétustes gants de cuir détrônent les bijoux patriarcaux et les orgueilleuses chevalières de Maerle et de Sansebray, les bottes poreuses dont la semelle ne protège guère des aléas des sentiers ont enfin supplanté les souliers chauds et secs. Sous ces atours affadis en tons et motifs, vestiges de corps dépouillés n’en ayant plus l’utilité, se cachent les monstrueuses cicatrices du fléau, ces morsures honnies dévorant sa cuisse ou la naissance de sa hanche. Sa peau grêlée par la dentition de ces créatures impies est une flétrissure dont il porte le honteux fardeau rembrunissant ses sourires autrefois radieux. Il prend cependant grand soin de les dissimuler habilement, bien qu’il ne se risque pas à un quelconque contrôle malgré ses bras encore intacts dont la marque au fer rouge ne le cuit qu’en cauchemar.
L’étincelle paradant aujourd’hui en astre de ses chas marécageux n’est plus que celle d’un triste passé jeté à la Fange.
◈ Personnalité ◈
« [...] Ayant plustost envie d’en tirer un habil’homme qu’un homme sçavant, je voudrois aussi qu’on fut soigneux de luy choisir un conducteur qui eust plustost la teste bien faicte que bien pleine, et qu’on y requit tous les deux, mais plus les meurs et l’entendement que la science ; et qu’il se conduisist en sa charge d’une nouvelle maniere. » — Montaigne
Fort d’une éducation pour le moins stricte, nonobstant éloignée des prérequis habituels d’un noble héritier de par la maigre présence des leçons d’équitation, Auxence de Malemort grandit pour être un jeune homme distingué parmi les distingués. Doté de paroles intelligibles avec une fraîche avance sur ses confrères, ce dont sa parentèle se vantera volontiers, son éloquence est un atout non négligeable parmi les réceptions mondaines où il accompagne sa blanche mère dès petit, se montrant sous ses meilleurs atours afin d’attendrir la galerie de faussaires feignant l’acceptation de ce petit métis. Il y développe rapidement une sociabilité hors pair, observateur derrière les jupes veloutées de sa parente, mais aussi le vilain défaut de se vouloir le centre de l’attention parmi les invités de ces bals, repas et festoieries d’ordre divers. Cet égocentrisme dont son estimée mère rejette la faute sur un époux narcissique semble néanmoins trouver quelques racines dans sa condition de fils unique d’une puissante mesnie du Morguestanc. Aussi est-ce la revanche d’un garçonnet raillé par ses pairs pour la particularité si singulière de son faciès boucané, accaparant les mirettes et esgourdes du tout venant afin de faire valoir ses récits, affabulations et mensonges. Car oui, à mesure d’années à écumer ces soirées cancanières et hypocrites, l’éphèbe entraîne lui-même sa bienséance ambiguë et son bel esprit, capable de papillonner d’un groupuscule à l’autre, d’une valse à une gigue, sans discontinuer. En dépit de l’atmosphère contrefactrice, ces pince-fesses parviennent à lui insuffler une énergie nouvelle, flamboyante. Flamboyant, oui, un épithète englobant à la perfection l’attitude générale de ce garnement à qui il est ardu de refuser une faveur, un service ou un baiser. Spectaculaire et théâtral, l’adolescent amuse son auditoire avec panache et finesse, étincelant de mille feux là où on le tolère le moins, un pied-de-nez désinvolte dont il se gausse lorsque ne plane pas l’ombre sévère de son paternel.
Outre ces réceptions à l’apparat nauséabond, et auprès de ses gens et amis, la constance de l’adonis persiste dans ce qu’il a de plus ardent : un caractère coruscant, en mouvement perpétuel, entraînant dans son sillage bouillonnant tout compère qu’il soit de sang bleu ou roturier. Peu lui chaut le titre si l’âme est noble. Quoiqu’il apprécie les marques de respect à l’égard de son rang si précieux à son cœur, il ne les réclamera pas pour peu qu’un zeste de courtoisie et une once d’intellect parviennent à le conquérir ; ou encore une belle frimousse qui saurait lui accorder sa candeur l’espace d’un instant de passion. Gare à ceux qui tarderaient trop à lui démontrer une pincée de leur valeur, tant le vicomte est impatient et se passerait arbitrairement de leurs préceptes. Empreint de confiance en lui, Auxence est de ceux que l’on qualifie d’hommes à femmes, ces Casanova malgré eux dont la curiosité pour autrui se limite parfois à l’écart entre deux onctueux cuissots et quelques jupons, et dont la prétention peut parfois s’amanteler d’un rien séducteur. Rien ne saurait toutefois le rendre détestable lorsque ses qualités de marionnettiste se mettent en branle, apaisant la parjurée de quelques flatteries sans consistance. Cependant, s’il n’est pas prêt à rompre ces relations éphémères, le diable se montre sujet à une jalousie ravageuse qu’il désespère maîtriser un jour.
Prompt à entourlouper son entourage sous ses sourires charmeurs, il n’en est pas moins un ami loyal qui n’hésiterait pour rien au monde à entraver la route d’une menace pour peu que le danger n’affecte ses acolytes. Meneur et guide, l’adolescent est une oreille sûre et une source de bons conseils qu’il est bon dernier à appliquer, mais font toutefois leurs preuves. Sa franchise à double tranchant se drape d’un délicat voile de tact lorsqu’abordant les écueils tranchants de sujets sensibles auprès de ses proches. Et sa sensibilité n’est pas en reste, quoique son orgueil puisse démontrer de la nature empathique du jeune homme. D’un naturel curieux bien que régulièrement insatisfait, Auxence peut également se montrer opiniâtre dans ses quêtes de réponses et en devenir impossible à vivre le temps de ses lubies passagères, en particulier lorsque cela le mène à vouloir dilapider la fortune familiale pour une broutille sur laquelle il se sera confondu en recherches et en questionnements.
Qu’est-il resté de cet adolescent arrogant et indomptable, ce jeune homme adroit en mots et gestes au point d’en devenir menteur accompli et cachottier de surcroît ? Il est aujourd’hui un adulte méfiant se dissimulant sous le masque social de la coopération au sein de son environnement banni. Tâchant de ne pas trop en faire, mais de ne pas non plus apparaître comme un fainéant au risque d’être jeté en pâture à la Fange une fois de plus, il ne se surprend plus à rêver comme il le faisait d’antan. Ancré dans la réalité la plus crasseuse de ce bas monde, ses velléités dépensières se sont métamorphosées en une avarice survivaliste, accumulant les outils et les morceaux de rat ou de poisson séché au creux de ses poches afin de les marchander contre d’autres services plus coûteux. Prétendument dressé et apprivoisé, ce chasseur né perfectionne davantage encore son adresse au tir à l’arc tout comme à l’arbalète, sa dextérité contre une place au coin du feu dans ces territoires stériles jusqu’au jour où l’occasion de prendre sa revanche sur cette captivité ne survienne…
◈ Histoire ◈ L’existence d’Auxence de Malemort n’a pas la moindre importance, aux aurores de ce chamboulement sur l’échiquier de la morale politique. Qu’importe sa naissance, sur le tard de l’an mil cent quarante-cinq au sein du castel de Malerive, à laquelle son père n’a pu assister, pris par ses obligations en marche du territoire ducal. Béni par Rikni en cette Nuit des Serpents, cette coïncidence avait eu le don d’inquiéter le géniteur qui en augurait un mauvais présage, bien qu’il se soit assuré de ne transmettre à son fils aîné des rêves davantage que des terreurs. Qu’importe les prémices de son éducation de soldat des mers agitées, à suivre cette figure basanée comme son ombre, admiratif devant son caractère trempé, le prestige dont il émane malgré les écueils sociaux, et la tendresse profonde, dévouée, qu’il promet à son épouse. Cet homme secret dont il est le seul à partager les ressemblances si singulières qui font des Maerle les indignes successeurs de leurs ancêtres, quand l’on conte la splendeur des Sandre de Gilvégas et leur ascendance sans accroc. Qu’importe ses rendez-vous mondains, ces réceptions où l’on tournoie à en perdre la tête et jusqu’à plus soif où la comtesse sa mère évolue comme un poisson dans l’eau, tandis que lui tente de se creuser une place dans ce monde ingrat. Ces moments passés chez tailleurs et joailliers à ajuster la moindre ficelle qui ne pendouille pas tel qu’il le souhaite, à revisiter tel ornement topaze de la façon dont il l’entend dans ses vœux de grandeur et ses caprices d’enfant. Oui, qu’importe tout cela. Tous ces étés battant l’herbe de Choiseul auprès de ses camarades de jeu et de chasse, ces leçons d’équitation au vu et au su de son tuteur qui n’eut finalement rien à y redire, ces bêtises dispensées de Malerive à Marbrume desquelles il s’amusait fort au détriment des floués, rien n’a d’importance. Car toute son enfance de joies, d’amourettes et de lubies a inéluctablement mené à cette trahison ducale au goût de terreur et d’amertume. En l’an mil cent soixante-quatre, dont les mois battus se voulurent chargés par la préparation de ses noces, Auxence regretta simplement ne pas pouvoir passer davantage de temps auprès de son trinôme infernal : l’aînée Sabran n’avait certes que quinze petites années, mais était d’une vivacité d’esprit capable d’abolir leur petit écart d’âge. Toujours d’agréable compagnie au cours des périodes estivales chères aux deux comtesses et leurs élans philanthropes et théologiques, l’adolescente troquait ses connaissances équines contre les habilités chasseresses du vicomte, qui défendit plus d’une fois son honneur ingénu en duels magistraux contre ses jeunes frères… qu’il se devait laisser gagner, parfois, afin d’honorer le domaine familial. Quant à l’héritier d’Aspremont, d’un an son aîné, il était de loin celui qui manquait le plus aux journées d’ennui et d’idées folles du Malemort. Spolié et retenu entre les remparts de la capitale par la cruauté et l’injustice dont son oncle faisait montre, plusieurs années avaient passé depuis le trépas indicible de son père Onfroi sans qu’ils ne puissent véritablement achever leur formation d’hommes, côte à côte, à en finir jetés en pâture au jeu politique. Leurs brèves entrevues lorsque le jeune homme contournait l’arrière-pays pour mieux se frayer un chemin parmi les hêtres des forêts de Malerive aboutissait à quelques jours de projets et d’idylles ponctués de plaisanteries et passes discrètes, mais rapidement interrompus par les mathurins de la Distraite car l’heure du retour sonnait comme le glas. L’an mil cent soixante-quatre, éloigné encore du jeune d’Estaing dont le père charpentier s’affairait à l’autre bout du duché, et dont il se fut tuteur et chaperon sur le tillac des navires Malemortans, Auxence s’espérait à l’inviter aux noces le liant à la jeune Éliance de Sarosse aux abords de l’hiver, lorsque les tâches incombant à son propre père auraient dû s’achever. Et l’adonis de partager depuis plusieurs mois le domaine de sa promise, à côtoyer les frères DeConques tout comme le couple Malefreux, en raison des obscures rumeurs émanant de l’ouest du Royaume et ses nations environnantes, on-dit qui eurent fâcheuse tendance à l’angoisser quant au sort de ses gens, au sort de son modèle et héros, resté à patrouiller le comté. Qui eût cru que ces instants passés dans le confort de la résidence Sarosse eussent pu être les derniers de sa vie ? Le ronflement de la confusion et des potins vrombissait aux oreilles de Cyras, le patriarche et futur beau-père du jeune homme, qui prit néanmoins la sage décision de quitter les lieux, emmenant toutes leurs gens en une procession anxiogène sur les routes déblayées parmi les marais tachetés d’ombres noirâtres et voûtées. Alphonse, frère de la belle fiancée, se tenait à leurs côtés, tandis que gardes et chevaliers protégeaient ce convoyage inquiet jusqu’aux hautes portes closes de Marbrume. Et de là ? Tout s’effondra. L’échange électrique entre Sylvrur et Sarosse, les larmes et suppliques des dames de compagnie, le suintement métallique des épées au clair, les cris de terreur et cette brusque poussée en avant qui écrasait le Malemort contre la muraille froide de la cité. Contre son corps pesait celui de sa mère, lui faisant dos pour affronter tout danger qui l’aurait mis en péril, d’une bravoure que bien des hommes auraient pu lui envier. Mais à quoi bon, lorsque les hurlements inhumains projetèrent leurs ondes menaçantes parmi la foule se dispersant, se comprimant, pareille à la houle, le presqu’époux sut. Il sut que tout espoir était perdu, que dégainer sa lame à son tour ne lui vaudrait pas de mort plus digne, piétiné là sur le pas de la capitale. Et tandis qu’une larme s’écrasait contre son pourpoint sombre, la chevelure bouclée de sa tutrice s’insinuant entre ses lèvres tremblantes tandis que ses mains l’enveloppaient avec maladresse comme pour le protéger de toute part, une tessiture familière perça la cohue avec la violence d’une lance acérée. Au-dessus de ses boucles noirâtres, la crinière raide de son père encadrait un visage incrusté de ridules enragées, de crevasses effrayées, indissociables les unes des autres, le tout brochant sur des épaules basculées en avant pour le contempler depuis les créneaux du rempart. Un bond douloureux dans sa poitrine lui rappela qu’il était encore en vie, lui insuffla une volonté nouvelle à l’idée que peut-être, corde ou échelle lui seront lancées, à lui, sa chère mère et sa jeune fiancée. Afin de rejoindre cette figure salvatrice, Auxence chercha à glaner quelques centimètres en s’accrochant aux briques saillantes de la paroi, s’y arrachant les ongles de trop insister. Le faciès buriné s’évapora entre deux battements de paupière, tandis que des aboiements surgirent des hauteurs nocturnes dont les torches gigottantes embrasaient l’atmosphère. Rien ne semblait leur venir en aide, pas plus que les portes n’ouvraient leur gueule béante pour les avaler enfin et les mettre à l’abri. Et la Fange attaqua. Les corps tombèrent, arrachés à l’attroupement par les silhouettes cartilagineuses de la mort venue cueillir son dû. L’adonis se vit happé par les griffes démentielles tandis qu’une indicible douleur lui mordit la jambe, se retenant au bras de sa mère pleurant à chaudes larmes la fin de son unique enfant. Une fraction de seconde, il songea à son désespoir, elle qui se réjouissait d’annoncer à son époux la venue – elle l’espérait – d’un deuxième fils dont il avait eu connaissance avant lui, avant qu’elle ne le lui hurle par delà l’enceinte infranchissable. Son cœur souffrait pour elle, bien davantage qu’il ne tolérait déjà la douleur imprimant sa cuisance contre sa hanche aussi. Puis la tension s’éteignit, lorsqu’un chevalier voulut charger la bête d’outre-tombe qui en relâcha sa proie. Alors le Malemort chuta, brutalement bousculé par une foule venue le comprimer jusqu’à le rapetisser dans le renfoncement d’une barbacane creusé à même la muraille. Ramassant sa jambe ensanglantée tant bien que mal, les poumons écrasés par cet amoncellement de futurs trépassés, c’est contre le corps encore chaud de sa précieuse matrone qu’il perdit connaissance. *** L’aube n’en fut pas encore à ses prémices lorsque s’éveilla Auxence après cette nuit d’effroi, bercé par la vibration désagréable d’une chariote sur laquelle il fut jeté, sa tempe heurtant le bois pour chaque nid de poule, chaque caillou sous les roues de son corbillard. Pétri sous ce qui lui sembla être une montagne, sa seule survie tint de ce trou érodé à travers lequel il se permet une maigre inspiration, perçant la paroi de bois contre laquelle il est serré. Un goût désagréable soulève son estomac, lorsqu’il réalise dans sa torpeur ensommeillée qu’il lape un peu de sang, le sien, celui d’un autre, nul ne le sut. Quelques voix feutrées franchirent le rempart ajouré, mais rien qui puisse lui être intelligible dans cet état de semi-conscience. De nouveau, il s’éteignit. Puis un second réveil, plusieurs dizaines de minutes plus tard, lorsque l’on remue près de sa tête. Les trémolos du trajet ne résonnent plus dans le moindre de ses membres ankylosées, supposant alors que son étrange convoi se soit arrêté en cours de route. Le poids broyant son corps adulescent s’allégea un tantinet dans un vacarme sourd de pesanteur et de crépitement peu ragoûtant, ce qui lui permit d’avaler une goulée d’air. Un air vicié, nauséabond, irritant sa gorge et rappelant bientôt l’odeur du porc carbonisé à la flamme d’un âtre dévorant. Un autre ramdam, et l’on décolla quelque chose s’étant entremêlé dans sa crinière poisseuse ; sa tête un peu plus libre de ses mouvements s’éloigna mollement de la planche afin de passer une langue contre ses lèvres déshydratées. Deux voix, deux hommes encore, marmonnèrent la pénibilité de leur travail et l’état stupéfiant du « bras de celle-là ». L’éphèbe, loin d’être idiot, sut additionner deux plus deux et aussitôt réaliser qu’il se tenait parmi les cadavres des victimes du complot ducal, et du charnier dans lequel ils furent petit à petit consumés. Un courant électrique parcourut l’entièreté de sa silhouette longiligne, lui rappelant aussitôt la douleur saisissant sa jambe ainsi que sa hanche qu’il voulut distancer du fond de la charrette où son propre sang avait coagulé en un sirop désagréable. Un autre brouhaha, l’on emporta un nouveau martyr sur le bûcher des passions. Profitant du détournement des regards, le jeune homme leva le nez, tête orientée vers l’extérieur de la remorque, et remarqua la profonde rigole tapissée d’herbes hautes près de laquelle stationnait leur funèbre convoi. Il n’eut qu’une chance. Alors que l’on débarrassait un énième cadavre dont il ne voulut reconnaître l’allure de peur d’y compter un ami, pire encore, une aimée, le Malemort tortilla son corps fourbu jusqu’à pencher le torse hors du chariot et presser ses paumes tremblantes sur un triste paillasson de boue, d’humeurs et de chiendent piétiné. Employant sa carcasse ankylosée à hisser ses jambes meurtries en contrebas, son dos roula en une sphère silencieuse – autant que le permit la lippe qu’il se mordit au vif afin d’amortir sa peine – jusqu’à ce qu’il s’étale dans cet amoncellement de teintes, de textures et de débris humains semés par les décharnés. De là, il s’engagea à ébouler sa charpente dans le fossé pour s’y dissimuler enfin, même ramper si le cœur lui en disait, hors des pattes de ces charognards en uniforme. Il n’aurait su dire combien de temps s’écoula avant que ce travail ingrat ne s’achève aux premières lueurs du jour, mais se souvint amplement l’horreur des derniers préparatifs qui impliquèrent que l’on débarrasse la fourragère de ses membres mordillés et sans propriétaires en les bazardant sur sa silhouette tapie dans la pénombre et les ronces entortillées dans son crin épais et rigidifié. *** Depuis cet instant, la vie d’Auxence fut pavée d’une majorité de mauvaises intentions, non point de sa part, mais de ses pairs exilés. Ayant rejoint tant bien que mal les épisodiques survivants des faubourgs une fois le jour levé, il voulut quérir sa part de vivres et d’eau claire dans l’objectif de panser ses plaies. Débrouillard mais toutefois terriblement traumatisé, il se fit passer pour muet afin d’attirer davantage de sympathie que sa diction châtiée ne l’aurait permis. Juste assez. Juste assez pour survivre et s’éloigner des murs antipathiques de cette cité scélérate, de ce patriarche l’ayant abandonné à son sort et condamné sa tendre épouse à crever comme une chienne, s’exiler à distance de la Couronne et sa trahison. Toutefois, il n’était guère plus qu’un jeune vicomte sans le sou au cœur même d’une bataille quotidienne pour une miche de pain rassis, un univers qui lui fut étranger depuis toujours et avec lequel il devrait désormais composer. Allant deçà delà rejoindre un groupuscule de petites frappes tout en mettant à contribution son art de l’entourloupe et du mensonge, il parvint à vivoter de jour pour mieux s’effondrer de nuit, dans le silence pesant des raids fangeux desquels il s’était abrité en se barricadant parfois dans les combles d’une bâtisse ou encore le toit d’un commerce jusqu’à ce que l’aurore n’assèche les larmes terrifiées irisant ses cernes noirs. Et de plus en plus il se déracina de Marbrume la Félone, franchissant Conques, cherchant péniblement un abri près de la citadelle de Traquemont qui cependant ne lui offrit qu’un arbre inaccessible à ses poursuivants, s’invitant dans les maigres greniers de Sarrant. Ce fut au cœur de ce village de campagne qu’il fit la rencontre d’une criminelle de bien mauvais augure qui l’accompagnera – sans doute contre son gré – jusqu’aux abords d’une étrange ruine de patelin au fin fond des marais moroses. Et d’ici se bâtira son avenir misérable, méfiant, menaçant en toute heure. Faisant silence sur les péripéties qui purent lui laisser une marque indélébile, le chasseur pour le moins déjà expérimenté ne put qu’offrir ses services d’archer en échange d’un peu de blé et une ration d’eau de pluie. Resté mutique le temps d’une année, il tâcha notamment de s’imprégner des dictons populaires et intonations campagnardes afin de perpétuer le mensonge de son extraction du jour où il s’assura de pouvoir s’exprimer sans trop de fausses notes. Il se garda qui plus est d'y évoquer sa foi, auparavant bien maigre déjà bien que sous l'égide de la déesse ophidienne, mais anéantie depuis les évènements l'ayant placé en travers de la Fange. Opportuniste, le vicomte vit en le parti de Griffith, cet impressionnant énergumène un brin moins bête que la norme, deux choses : la perspective de faire payer la grande Marbrume mais aussi, en la capture de la citadelle de Ventfroid, une porte vers ses contrées natales d’Occident. Si bien qu’il participa sans grande conviction à cette inéluctable reprise, se targuant toutefois d’avoir gardé des contacts amicaux avec la guilde de Kanna et ses membres les moins véhéments. Contacts qui cependant pousseront l’adonis à un voyage de trop parmi les sentiers boueux des marécages… jusqu’à mener une existence de captif entre les mains de vagabonds ayant décelé chez lui une extraction de grande valeur à négocier auprès de la milice récemment formée ou encore de la Porte du Crépuscule. Une captivité n’ayant à ce jour qu’une issue dans laquelle il espère bientôt s’engouffrer. ◈ Derrière l'écran ◈
Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Oui.
Comment avez-vous trouvé le forum ? Non.
Vos premières impressions ? Oui.
Des questions ou des suggestions ? Non. Mais une remarque : la vie de banni d'Auxence s'articulera surtout sur les flashbacks qui seront joués. Si bien que je souhaite laisser une certaine nébuleuse sur ses détails, afin de m'ouvrir le plus d'options possibles selon les rencontres que je pourrais faire, plutôt que de cantonner mon personnage à une petite région géographique à un instant donné.
Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Oui.
Dernière édition par Auxence le Jeu 25 Aoû 2022 - 17:57, édité 3 fois |
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