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 Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]

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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 6 Avr 2019 - 16:31
12 Mars 1166

Le temps s'étirait en une longue agonie, le ciel drapé de bleu surplombé d'un soleil d'or qui peinait encore à réchauffer l'atmosphère était un émerveillement pour qui levait le nez en l'air en-dehors. L'Hiver s'étiolait chaque jour davantage et la belle saison s'annonçait sous des frimas de moins en moins rudes, laissant présager un Printemps et un Été qui seraient plus que bienvenus dans la lutte contre la Fange. La vie suivait son cours, les honnêtes gens comme les malhonnêtes allaient leur chemin et nul ne pouvait se permettre de s'appesantir sur son chagrin. Aelys portait encore le deuil de son fiancé, cependant elle ne pouvait décemment pas demeurée cloîtrée dans sa chambre à pleurer son chevalier disparu : la boutique continuait d'attirer de nombreux clients, les commandes s'accumulaient et Héloïse n'était plus là pour s'occuper de tout cela à sa place comme prévu initialement. Ainsi la vie et ses obligations avaient-elles forcées la jeune femme à se reprendre, lui faisant enfiler une robe noire simple et un ruban de la même teinte à son poignet, comme un douloureux rappel à qui porterait le regard sur elle. Sa mine était petite, ses traits tirés, les cernes creusaient le haut de ses pommettes, mais qu'importait, la couture n'attendait pas et s'avéra fort heureusement salutaire. C'est ainsi que les semaines s'écoulaient et qu'en cette radieuse journée où l'espoir renaissait dans le cœur des habitants de la cité, le bonheur s'en vint pousser la porte de la boutique de la Couturière, faisant tinter la clochette qui surmontait le pan de bois et tirant la blonde de l'examen attentif du carnet ouvert devant elle sur le comptoir.

- Soyez la bienvenue ma dame.

L'appellation pouvait paraître fort polie, d'autant plus qu'un sourire aimable venait agrémenter la salutation, mais Aelys avait à cœur de traiter chacun de ses clients avec le respect qu'il méritait, peu importait son origine ou sa vêture au moment où il se présentait à elle. La femme qui lui faisait face ne lui était pas inconnue, cependant elle n'arrivait pas à se remémorer où elle avait bien pu voir ce visage dont les traits, marqués par une autorité naturelle, n'en demeuraient pas moins beaux pour autant. Refermant son carnet qu'elle rangea d'un geste usuel, la jeune femme contourna son comptoir pour s'approcher de quelques pas, sourire aux lèvres malgré la fatigue qui tirait partiellement ses traits, déjà prête à recevoir une nouvelle commande.

- Je suis Aelys de Beauval, la propriétaire de ces lieux. Que puis-je pour vous ?

Elle imaginait déjà la commande d'une tenue pratique ou bien alors d'une robe de tous les jours, à moins qu'il ne s'agisse comme elle avait déjà eu le cas d'une robe destinée à séduire un homme comme Xandra le lui avait demandé l'an passé. Voilà bien un travail qu'elle avait fait avec grand plaisir et cela avait parait-il eu l'effet escompté, et pas qu'un peu. Le simple fait de songer à cela suffit à éclairer un peu plus le visage de la blonde qui écouta avec attention la réponse de sa nouvelle future cliente.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyDim 7 Avr 2019 - 14:14


- « Sydonnie, pour ton mariage, tu dois porter une robe. »
- « Non »
- « Si, si je t’assure… C’est comme pour les soirées nobles, en pire. »

Anne s’était précipitée dans son armoire, fouillant, retournant à la recherche de ce qu’elle était certaine de trouver, la noiraude n’ayant pas encore osé jeter les multitudes tenues de sa défunte mère. Programmerait-elle-même sans doute un jour, un don pour le temple et les nécessiteux, fallait-il encore néanmoins parvenir à tourner la page de se décès aussi soudain que brutal. La gamine avait fini par descendre fièrement les marches tenant entre ses doigts l’essence de ses recherches, la robe de mariée de la mère de Sydonnie. Bien qu’ancienne, ayant déjà pas mal vécu, avec quelques retouches, Anne était convaincue qu’elle pourrait être remise au goût du jour et prendre un aspect qui conviendrait entièrement à la sergente. Laissant ses doigts jouer sur le bois de la table, le coude sur celui-ci supportant le poids important de sa tête dans la paume de sa main, Sydonnie l’avisait, un regard dubitatif au fond des yeux.
.
- « Tu sais que tu devrais être heureuse de te marier, normalement ? »
- « Je sais » souffla-t-elle lentement « Si cela ne tenait qu’à moi Anne, j’épouserai Roland un matin, discrètement avant de continuer le fil de ma journée… »

La gamine c’était mise à rire, absolument certaine de la sincérité de celle qui l’avait pris sous son aile. Roulant des épaules, elle lui abandonna la robe dans les bras, avant de gonfler les joues pour se faire plus imposante que ce qu’elle n’était réellement. Sydonnie n’avait pas pu s’empêcher de sourire, avant de rouler doucement des yeux en secouant la tête de droite à gauche, avait-elle compris que comme tout le reste, elle n’y échapperait pas, certainement pas, et qu’en plus d’avoir fait traîner ce difficile moment, elle allait devoir s’appliquer à être une femme se faisant chouchouter et appréciant ça. Se relevant, elle fit simplement un petit signe de la main à la jeune fille, lui promettant de ne pas rentrer trop tard. Une promesse qui comme bien souvent ne pourrait pas être tenue, ses collègues s’appliquant à lui faire remplir toujours plus de dossier. Un test certainement, tout comme on avait pu la tester au tout début de son entrée dans la milice, à force de faire ses preuves serait-elle accepté. C’était Zephyr, qui lui avait parlé de la boutique, la couturière faisait des miracles qu’il lui avait dit et faisant confiance à celui qu’elle considérait presque comme un ami, Sydonnie avait pris la direction de la fameuse boutique.

Ses pas s’étaient néanmoins faits hésitants, incertains alors qu’elle maintenait contre elle le tissu et la robe de sa défunte mère, c’était presque douloureux de se dire qu’elle allait porter sa robe, sans que celle-ci ne puisse être là pour le voir. Devait-elle être parfaite ce jour-là, pour faire honneur à son futur époux, mais aussi pour ne pas froisser sa belle-famille, dont l’entente n’était pas toujours au beau fixe, bien au contraire. Poussant la porte, percevant immédiatement la petite clochette qui trahissait sa présence, la sergente sembla immédiatement mal à l’aise dans ce lieu qui n’était pas fait pour elle. Déjà lorsqu’elle entrait dans la boutique de dentelle familiale elle avait quelque nausée, alors ici, c’était un peu la même chose. Elle qui se dénigrait, qui ne s’appréciait pas, qui portait sa tenue de milicienne –bien qu’un peu différente de celle de tout le monde, puisque la forme et les symboles trahissaient son grade-, ne savait déjà plus pourquoi elle était présente. Pourquoi…


- « Bonjour et merci… » fit-elle simplement en abattant la robe qu’elle tenait contre elle contre sa poitrine « Je suis… Sydonnie d’Algrange, monsieur d’Auvray m’a parlé de votre boutique et… »

Que c’était difficile d’évoquer à la fois le mariage, la robe, le besoin d’un véritable miracle pour être prêtre pour le jour J, que c’était complexe terriblement complexe de dévoiler cette facette de doute si fragile de sa personnalité. Prenant une légère inspiration, s’approchant de quelque pas en avisant celle qui semblait peut-être aussi épuisée qu’elle, bien que largement plus souriante, la noiraude étira ses lèvres dans un large sourire avant de reprendre.

- « Je vais me marier au comte de Rivefière » commença-t-elle « Le mariage est prévu pour dans un mois, je crois. » venait-elle de trahir son inquiétude ou son incertitude « Il me faudrait une robe, si vous avez encore un peu de temps libre à m’accorder… Je… J’ai ramené celle de feu ma mère, je pense qu’on pourrait peut-être l’utiliser ? Inutile de faire quelque chose à ma taille, il me faut juste une robe. »

Si Anne était là aurait-elle sans aucun doute hurlé, en lui disant qu’il ne lui fallait pas une robe, mais LA robe et qu’elle devait se sentir belle en la mettant. Ce n’était évidemment pas le plus important pour la milicienne qui n’espérait qu’une chose, pouvoir rapidement en finir, être en mesure de se cacher derrière un tissu quelconque, être possiblement agréable un peu pour l’œil de son futur mari et c’était tout, oui c’était tout.

- « Pour la base, cela pourrait être bien, ma famille tient une entreprise de dentelle si cela peut vous être utile… Pour le reste, je vous laisse la voie libre, je ne m’y connais pas beaucoup et… » et elle s’en moquait, et elle s’était toujours trouvé repoussante « il faut juste que mon époux, futur époux ne prenne pas trop peur, si possible. »

Lui avait-il déjà montré qu’il pouvait faire le mort pour bien moins que ça, craignait-elle de le voir fuir, si elle ne parvenait pas juste une fois à sortir de sa coquille pour lui montrer qu’elle était fière d’être à son bras. Dépliant soigneusement la robe excessivement simple et blanche, sans fioriture, sans rien finalement.

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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyJeu 18 Avr 2019 - 7:32
La femme qui venait de passer la porte de la boutique tenait précieusement contre elle une robe de mariée d'une époque qui, si elle n'était pas si éloignée que cela, dénotait d'une simplicité qu'on pouvait attribuer aux gens du peuple, encore qu'il s'agisse là d'un ouvrage de qualité. Les symboles sur sa tenue de Milicienne étaient des indications que Aelys avait appris à identifier à force de voir passer toutes sortes de personnes et ce fut non sans une certaine satisfaction qu'elle se souvint qu'une femme avait effectivement été nommée à une haute fonction dans la Milice il y avait quelques temps de cela. Le nom sous lequel sa nouvelle cliente se présenta fit écho aux rumeurs qu'elle avait entendu et la blonde eut un sourire qui s'étira plus encore en entendant celui du Noble qui l'avait adressée à elle. Rien ne valait le bouche à oreille pour se faire connaître et reconnaître.

- Monsieur d'Auvray me fait honneur.

Percevant l'hésitation de son interlocutrice, la jeune femme marqua une pause assez longue pour permettre à Sydonnie de reprendre la parole, notant avec attention les différentes expressions qui se succédèrent sur ses traits, cette inspiration prise comme pour se donner du courage et, finalement, le flot d'explications qui ne manqua pas de lui faire éprouver un mélange de joie et de nostalgie encore un peu chagrine. Elle avait dans son placard, chez ses parents, une robe de mariée qu'elle ne porterait peut-être jamais, ou en tout cas pas comme prévu initialement, cependant l'heure n'était pas à la peine, mais aux réjouissances pour sa cliente et ce fut avec un sourire plus grand et sincère que la Couturière reprit la parole.

- Juste une robe dites-vous ? Ce sera pourtant l'un des plus beaux jours de votre vie, croyez-moi-, "juste une robe" ne suffira pas à faire honneur à l'amour que vous vous portez avec le Comte.

Le ton était légèrement taquin, sans aucune méchanceté ni malice, alors que Sydonnie évoquait la dentelle de sa famille et la peur potentielle de son époux. Cela eut le mérite d'étonner Aelys qui eut un bref éclat de rire qui, s'il n'était pas aussi léger qu'autrefois, avait le mérite de demeurer clair et chaleureux. Secouant légèrement la tête, la blonde tendit les mains vers la robe et, après avoir obtenu un accord non-verbal de sa cliente, la prit délicatement entre ses bras, allant la porter vers un mannequin de bois pour mieux l'y étendre avec précautions et respect.

- Je ne vous cache pas qu'un mois est un délai fort court et en temps normal j'aurais probablement refusé, mais vous avez là une magnifique robe qui ne demande qu'à renaître... et je doute que votre futur époux prenne peur en vous voyant dedans.

Un sourire à l'intention de la Milicienne, puis la Couturière reporta ses yeux verts sur le tissu, le soulevant, l'examinant, grave et concentrée, avant de hocher légèrement la tête en avisant l'ensemble avant de pivoter vers la brune, le regard se parant d'un pétillement qui ne s'y était plus vu depuis de longs mois. Cela allait être un véritable défi que d'honorer une telle commande en si peu de temps, mais il y avait fort longtemps qu'on ne lui avait pas montré ce genre de bonheur et la jeune femme réalisait que cela lui faisait du bien, malgré son propre deuil, de voir autrui pouvoir être heureux.

- J'accepte de vous aider sous certaines conditions : il me faudra effectivement la dentelle déjà prête au moment de la pose de celle-ci car je n'y entends rien hélas et je n'aurais pas le temps d'en commander vu l'idée qui me vient, d'autant que le prix sera déjà conséquent si l'on veut que tout soit prêt à temps.

Elle voyait déjà les nuits blanches se profiler sur le pas de sa porte, mais il ne pourrait en être autrement au vu des délais.

- J'aurais également besoin de votre entière coopération durant le mois qui s'en vient, car nous allons devoir faire de nombreux essayages et ajustements, ce qui ne se fait pas sans plusieurs heures de préparatifs. Et enfin...

L'expression de Aelys s'adoucit visiblement alors qu'elle joignait sagement les mains sur le devant de sa robe.

- ... il faudra me promettre de porter la robe sans vous dérober et croire en vous et votre beauté, Dame d'Algrange. Vous semblez ne pas l'envisager, pourtant je suis certaine que le Comte vous trouve charmante, sans quoi il ne vous aurait point choisie.

Cela pouvait être mal reçu par sa cliente et la Couturière en avait tout à fait conscience. Qui était-elle après tout pour se permettre de porter ainsi de tels jugements ? Pourtant la jeune femme avait très souvent vu cela, des femmes d'armes et de caractère qui ne songent qu'au combat et à la survie dans un milieu favorisant les hommes, et qui finalement ne voient pas ou plus la beauté qu'elles possèdent et qui pourtant demeure belle et bien présente. Les conditions étaient énoncées, ne restait plus qu'à débattre du montant exact que l'ouvrage nécessiterait et, si tout cela convenait à Sydonnie, alors Aelys et elle allaient pouvoir se mettre au travail dès à présent.
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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 20 Avr 2019 - 1:38


- « Une robe en ce cas, devrait suffire madame, sans vouloir vous faire offense, je n’ai guère l’habitude de porter ce genre de choses. Bien que je m’applique dernièrement à faire certains efforts, je suis plus à l’aise dans un pantalon, de la maille et des renforcements. »

Droite, conservant sa posture plutôt militaire qu’autre chose, la tenue toujours entre les mains contre sa poitrine, d’Algrange détaillait la gérante du lieu, laissant vagabonder ses prunelles sagement sur l’ensemble de l’endroit. La dame dégageait cette aisance, ce charisme presque naturel, celui qui vous donne envie de la complimenter, qui vous confirme l’idée que la beauté féminine existe. Pourrait-elle porter des affaires merdiques, être recouverte de terre, de boue, que cela ne changerait pas grand-chose. L’avisant s’approcher, elle lui tendit finalement ladite robe ayant néanmoins quelques difficultés à lâcher complètement le souvenir, le dernier souvenir de feu sa mère, celui qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir porter un jour. Détaillant le moindre geste, le moindre mouvement, Sydonnie ne pouvait que questionner du regard le tissu, de la même manière que pouvait le faire l’artiste en couture, sans y voir la moindre réponse, contrairement à la responsable du lieu qui avait déjà repris la parole, de cette voix quelque peu mélodieuse, pour la milicienne tout du moins.

- « Si vous avez des idées pour la faire renaître, je ne voudrais pas la dénaturer, c’est un souvenir de ma mère… La robe doit être magnifique, c’est un fait, elle représentera un peu ma famille lors de ce jour si spécifique. » Faisant quelques pas pour rejoindre la couturière et la robe, elle avait ajouté « J’espère que vous avez raison, cela serait fort dommage de la voir fuir le jour J n’est-ce pas ? »

Une tentative de plaisanterie qui pourtant était teintée de sincérité, d’une angoisse particulièrement tenace et réelle de la sergente. Plus le temps passait, plus elle s’accrochait à son héritier et plus elle craignait de le voir disparaître, l’abandonner, comme tous ceux avant lui, prétendant, ou ami, mort ou disparition, ou que pouvait-elle bien savoir. L’idée avait fini par faire son chemin, se transformant parfois en une certitude, avant d’être relayé pour laisser un peu d’espoir s’installer. Le couple était dans un équilibre fragile, si fragile qui lui était parfois difficile de se protéger, d’accepter de se projeter et le visage fatigué de celle qui devait réaliser ce véritable miracle semblait être l’excuse parfaite pour renoncer. Si la robe n’était pas prête, elle ne pourrait pas se rendre au mariage, donc se faire abandonner devant une montagne de témoin.

- « Cela sera fait » répondit la femme d’armes aux premières remarques « Je me tiendrais à votre disposition également, mais vous m’excuserez par avance pour mes humeurs ou ma tenue vestimentaire, je n’ai rien d’une grande dame et mon plus fidèle allié n’est pas le dernier tissu coûtant excessivement cher, mais plutôt ma lame. »

S’approchant de la robe, Sydonnie avait fini par effleurer du bout des doigts le tissu, imaginant volontiers sa mère la porter, imaginant celle qui lui avait donné la vie sourire et être heureuse durant ce jour si particulier, ce fut ses propres lèvres qui s’étirèrent dans un sourire, alors qu’elle devait avoir l’air un peu absente. Tout c’était tellement précipité, toute sa vie allait changer, était déjà en train de changer, il y avait eu Roland, sa promotion, Anne et maintenant se mariage et si elle avait tenté de lutter contre les changements, elle avait fini par se laisser emporter sagement par le courant. Parfois lutter était inutile, bien trop fatigant. Fallait-il faire confiance à la trinité. Ses prunelles n’avaient néanmoins pas pu s’empêcher de s’écarquiller légèrement alors que la jeune femme évoquait une condition qui lui semblait presque irréaliste, n’était-elle peut-être même pas certaine de saisir la totalité de la chose.

- « Vous m’excuserez, mais je ne suis pas certaine de comprendre. » fit-elle dans un premier temps « Je vais faire des efforts pour respecter vos conditions, néanmoins et sans offense madame, suis-je ici pour parvenir à trouver une robe ou plutôt la robe de mon mariage, aucunement pour me trouver belle dedans, je veux juste faire plaisir à mon futur époux et ne pas le décevoir lui ou sa famille, comprenez-vous ? » elle étira ses lèvres dans un demi-sourire « Je suis une femme d’armes madame, la main armée du Duc, le maquillage, les beaux vêtements, les robes ce n’est pas moi… Ou une infime partie de moi. Suis-je certainement la seule femme à se soucier de sa robe à un délai si court de la date de son mariage… »

Honnête, la noiraude avait fini par faire quelques pas autour de la robe, l’avisant un long moment, dans le fond, si cela ne tenait qu’à elle, conserverait-elle celle-ci en état, sans davantage se questionner, sans davantage se soucier de quoi que ce soit d’autre. Anne lui avait cependant fait comprendre qu’elle devait être à la hauteur et les sentiments qu’elle ressentait pour son futur mari n’avait fait confirmer cette idée. Pivotant vers la responsable de la boutique, Sydonnie ne put qu’ajouter avec simplicité :

- « Vous n’avez pas de limite de prix, le vôtre sera le mien, je suis déjà parfaitement conscience du travail que cela vous demander et je ne voudrais guère aggraver l’état de fatigue sur les traits de votre visage. Si vous avez besoin de main supplémentaire pour l’ouvrage, sentez-vous à l’aise d’employer qui que ce soit en plus, à mes frais évidemment. Votre talent n’est plus à prouver du moins, pour mon ami et je ne serais pas surprise de voir monsieur de Rivefière vous solliciter également. » elle étira ses lèvres dans un nouveau sourire « Je serais très reconnaissante si vous parvenez à faire ce petit miracle, ne sentez aucune pression sur vos épaules, tout ça n’est peut-être que juste une illusion après tout. »

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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 20 Avr 2019 - 9:23
Aelys cru volontiers sa cliente lorsque celle-ci affirma être plus à l'aise dans un pantalon et elle ne manqua pas de sourire légèrement avec compréhension. Pour en avoir déjà porté, elle savait combien l'on pouvait être à l'aise dans une tenue masculine et combien les mouvements s'en trouvaient facilités. Malgré tout une fois de retour à Marbrume, elle avait remisé au placard sa tenue de Traquemont et ne portait de nouveau plus que des robes, noires pour le moment, mais le deuil s'achèverait dans quelques semaines et alors il lui faudrait se parer de nouveau de quelques couleurs. Pour l'heure il convenait de s'occuper de Sydonnie dont les paroles concernant sa famille ne manquèrent pas de toucher la blonde qui porta sur son interlocutrice un regard compatissant, retenant un début de rire discret lorsqu'il fut question de voir fuir le promis de la brune. Non, elle doutait que cela arrive, pour autant ni l'une ni l'autre ne s'appesantit sur la question car c'était toujours là source d'angoisse pour une femme que le déroulement du mariage le jour J. La suite de leur échange fit renaître à nouveau un sourire sur les lèvres de la Couturière qui sembla quelque peu amusée, bien que nullement moqueuse.

- Oh pour cela n'ayez crainte, j'ai habillé des hommes certainement bien plus rustres ou ayant omis de se laver avant de venir. J'ai également usé de mes talents pour nos blessés à Traquemont alors votre apparence ne sera point une difficulté, au pire je vous obligerais à user du baquet.

Un rapide petit coup d'eau pour éviter de salir la robe et le tour serait joué, cependant Aelys doutait que Sydonnie soit le genre de personne à risquer d'abîmer un bien familial aussi précieux que la robe de mariée de feu sa mère, car il était évident qu'il ne devait plus lui rester de famille, en tout cas plus de parents. Cependant les réponses que lui fit la brune ne manquèrent pas de faire naître un ton plus grave, sans jugement aucun, mais qui dénotait pourtant clairement des certitudes qui étaient les siennes.

- Peu importe que l'apparat soit votre genre ou non, Dame d'Algrange, et peu importe le délai que vous vous donnez pour vous occuper de votre robe... Ce jour sera le vôtre, à vous ainsi qu'à votre futur époux. Ce jour-là vous ne serez plus seulement une Milicienne de haut rang, une femme d'arme capable de pourfendre l'ennemi et de faire ployer les pires canailles. Ce jour-là vous serez une femme qui se liera devant les Trois à l'homme dont elle est éprise... puisse-t-il savoir la chance qu'il a.

Un petit sourire amusé, un clin d’œil complice.

- J'aimerais que vous vous sentiez belle pour ce jour si particulier, tout comme votre mère a certainement dû être fort belle dans cette robe à l'époque.

Mais Sydonnie semblait être de celles qui peinent à concevoir que le bonheur veuille bien s'attarder, aussi la Couturière tentait-elle de distiller un peu de sa propre foi en cet évènement à venir, pour qu'à son tour la brune ne doute pas ou point trop de ce qui arrivera bientôt. Il fut ensuite question du prix et le simple fait qu'il n'y ai pas de limite était aux yeux de la jeune femme une preuve supplémentaire que sa cliente tenait énormément à tout cela. Elle tiqua cependant à l'évocation de la fatigue visible sur son visage et eut un pâle sourire désolé, replaçant une mèche blonde en arrière avant d'acquiescer aux suggestions qui lui étaient faites.

- Fort bien, j'ai une apprentie qui pourra s'occuper des autres commandes pendant ce temps sous ma surveillance. Je n'hésiterais point cependant à m'aider d'autres mains pourvu que votre robe soit prête dans les délais. Ne vous préoccupez point cependant de mon visage, ce n'est pas tant la fatigue que le chagrin qui m'accable, comme ma tenue a pu vous le faire deviner.

Un autre sourire, moins enjoué cette fois, mais tout aussi sincère, puis elle s'éloigna vers son comptoir avec une inspiration profonde, redressant un peu le menton en se redonnant courage et volonté.

- Bien ! Puisque nous semblons d'accord, nous n'avons pas un instant à perdre chère Dame d'Algrange. Puis-je prendre vos mesures dès à présent ou bien êtes-vous attendue pour quelque affaire urgent ?

A présent que le travail allait pouvoir commencer, l'expression et l'attitude d'Aelys se modifiaient, laissant place à une détermination joyeuse et presque impatiente, comme en attestait le sourire qui revenait à la charge sur ses traits et lui donnait l'air davantage éveillée encore.
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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 20 Avr 2019 - 13:04


- « Où puis-je réaliser la chance que j’ai ? N’est-ce pas ? » la noiraude laissa s’installer un petit flottement, détaillant enfin véritablement son interlocutrice.

Trop souvent, ont délaissé la femme à l’apparence, à la chance que l’homme avait d’épouser une si charmante créature. Cependant, Sydonnie n’avait pas la sensation d’être un cadeau pour son futur époux, bien au contraire, vraiment bien au contraire, ainsi se contenta d’offrir un sourire à celle qui tentait de la rassurer, de lui faire comprendre qu’elle était quelque chose de précieux, qu’elle allait devoir être belle durant sa journée, puisque non, il ne s’agissait pas de la journée de ses beaux-parents, mais bien de la sienne et celle de son futur époux. Se retenant de rouler des yeux, se retenant d’hausser les épaules, la femme d’armes ne savait guère quoi répondre quoi dire de plus à celle qui mettait tout en œuvre pour la mettre à l’aise, pour tenter de lui faire comprendre plus ou moins les choses et malgré toute la bonne volonté du monde, cela semblait encore trop tôt pour la jeune femme, un peu trop tôt.

- « Mère devait être très belle, c’était une femme qui savait se mettre en valeur, porter que de très belle chose, passait-elle des heures entières à rajouter un peu de dentelle sur ses tenues, pour être unique, pour sublimer les courbes… »

Sydonnie en était très loin, très très très loin, même si elle savait manier l’aiguille, même si elle aussi était capable de réaliser bien des choses en couture ou en dentelle, jamais elle ne prenait le temps de le faire, jamais elle ne s’imaginait parvenir à le faire, ou même à en avoir envie. C’était bien là, la différence entre elle et la plupart des femmes. Certaine que cette manière d’agir était habituelle pour la couturière qui bien que toute vêtue de noir, semblait savoir parfaitement se mettre en valeur et dévoiler une perfection relative. Étirant ses lèvres dans un sourire, se pinçant légèrement celle inférieure de sa dentition, la sergente semblait un peu nerveuse, un peu inquiète, c’est que petit à petit tout devenait subitement plus concret. C’est dans cette réalité un peu étrange à son goût, dans ce besoin de voir les chances avancer également que la noiraude avait fini par évoquer le prix, mais surtout l’acceptation de rémunérer d’autres mains si le besoin s’en faisait sentir, serait-elle coupable de malmener une artisane visiblement si douée, pour un simple manque d’anticipation.


- « Je suis navrée madame, de mon indélicatesse, mes pensées ne m’ont guère permis de faire le lien entre les deux faits… J’espère, que vous acceptez mes excuses et que le trois vous accompagnement digne dans cette épreuve que je ne peux que comprendre. » elle se pinça les lèvres « Si je puis faire quoi que ce soit pour soulager votre peine… »

Échange de sourire, alternant entre façades et véritable bienveillance, la noiraude ne pouvait que faire confiance à cette femme qu’elle trouvait courageuse de continuer à vivre seule, à avancer sans l’homme qu’elle avait aimé. Un deuil n’était jamais simple, la responsable de la milice en avait pleinement conscience et ce fut presque naturellement qu’elle avait fini par se décaler, opinant vivement d’un hochement de tête pour lui indiquer qu’elle avait du temps libre, évidemment.

- « Je suis toute à vous madame, même si j’avoue que vous allez devoir m’expliquer ce que vous attendez clairement de moi, suis-je bien méconnaissante dans votre domaine. »

Sans trop savoir ni où se mettre, ni même comment, Sydonnie avait fini par s’installer là ou Aelys le lui avait demandait, immobile, elle était prête à se laisser manipuler par la couturière.

- « Faites-vous ce métier depuis toujours madame ? Et depuis quand avez-vous une petite apprentie, ai-je moi aussi une jeune fille que je dois former, ce n’est guère tous les jours simples » souffla-t-elle un peu amusée « Avez-vous déjà des idées pour la robe ? Navrée, je sais que je suis bien trop curieuse, mais je ne puis m’en empêcher » puis ne pouvant s’empêcher de parler pour se rassurer elle ajouta « Quel à était votre plus belle création et pour qui ? Si l’information n’est pas confidentielle, évidemment. »


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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyDim 21 Avr 2019 - 17:46
Il était bien vrai que sa cliente avait de la chance, ce n'était pas la Couturière qui allait la contredire à ce sujet. N'était-ce pas une chance, à cette époque de malheur qui était la leur, que de trouver un être à aimer qui vous aime en retour, de pouvoir se fiancer et de l'épouser devant les Trois ? Assurément, quand bien même la Fange et la Mort menaçaient à chaque instant de s'emparer de leurs vies, pouvoir aimer était une félicité et ce fut d'un doux sourire que Aelys acquiesça à de telles paroles, écoutant Sydonnie parler de sa mère et de sa beauté, imaginant sans mal cette robe sur une femme ressemblant à la brune et qui avait dû être superbe en son temps. La conversation dériva cependant brièvement sur le deuil de la blonde qui secoua doucement la tête aux excuses de la Sergente, lui trouvant malgré tout le cœur bien tendre à son égard et la remerciant intérieurement pour sa sollicitude. Tous ne comprenaient pas en-dehors du cercle de ses proches et c'était du baume sur son chagrin que de se montrer si bien intentionné à son égard.

- C'est bien aimable de votre part, mais cela ira n'ayez crainte. Le temps fera son office, ainsi l'on voulu les Trois.

Que pouvait-elle dire d'autre ? Mariez-vous et soyez heureuse à ma place ? Voilà bien le genre de pression qu'on devait se garder d'infliger à une femme sur le point de passer devant le prêtre, oh que oui. C'est pourquoi la Couturière préféra recadrer leur échange en toute sympathie, s'enquérant des disponibilités de Sydonnie qui répondit positivement à ses attentes, faisant naître un sourire plus enjoué sur ses traits. Elle alla droit à la porte de sa boutique et la verrouilla d'un tour de clef, apposant le petit panneau indiquant la fermeture avant de tirer le rideau pour empêcher tout regard indiscret. Revenant vers la brune, elle la fit se tenir debout au milieu de la pièce, allant prendre un mètre ruban avec un affairement plein d'entrain et d'une bonne humeur retrouvée.

- Je suis Couturière depuis que j'ai fini mon apprentissage il y a bien des années de cela, après que ma chère nourrice m'en ait appris toutes les bases essentielles. Père et Mère furent quelque peu récalcitrant, mais ils m'ont toujours soutenu et c'est ainsi que j'ai une apprentie depuis quelques semaines désormais. J'espère que vous parviendrez à guider votre jeune fille, je sais d'expérience que c'est loin d'être chose aisée.

Elle eut un léger sourire complice au coin des lèvres.

- J'étais intenable étant enfant, seule la couture a su me fasciner et me faire tenir immobile.

Elle rit un peu, de ce rire léger et clair, même si un peu bref, qu'on lui avait connu avant la perte de son Chevalier. Parler de son travail, de cette passion qui était la sienne, avait le don de la mettre de bonne humeur malgré le chagrin et le deuil.

- Vous avez tout à fait le droit d'être curieuse, c'est vous qui êtes la future mariée après tout.

Le rire était au bord des lèvres cette fois, transperçant dans le sourire de la jeune femme qui reprit d'un ton léger tandis qu'elle pressait doucement le poignet de Sydonnie pour lui faire lever le bras, prenant des mesures qu'elle notait sur un petit carnet à l'aide d'un fusain, faisant ainsi avec les deux bras, les épaules, le tour de taille, et ainsi de suite.

- Ma plus belle création... hmmm, je pense que ce fut la robe de mariée pour Ambre de Ventfroid. Bien sûr je pense que c'était aussi elle qui sublimait sa tenue, c'est une noble dame si élégante... Mais oui, je pense que ce fut ma plus belle création.

Songer à cela ne manqua pas d'étreindre son cœur au souvenir du mariage et de sa rencontre avec Eadwin, mais la jeune femme sourit pourtant avec bienveillance, s'agenouillant devant Sydonnie pour mesurer la longueur de ses jambes et leur circonférence.

- N'ayez crainte cependant, votre robe sera fort belle, j'y mettrais un point d'honneur. J'imagine fort bien de la dentelle sur le devant du buste, avec une ceinture cousue pour souligner votre taille élancée. Vous avez une silhouette qu'il convient de mettre en avant, bien des femmes vous l'envieront le jour du mariage.

Se relevant à hauteur de yeux, Aelys sourit avec bonne humeur, une lueur pétillante de taquinerie au fond de son regard vert. Elle aimait que ses clientes suscitent les convoitises de ceux qui posaient les yeux sur elles et elle ne doutait pas un seul instant que la Sergente fasse partie des beautés enviées.

- Et vous donc, je suppose que vous avez choisi la Milice pour nous protéger du danger. Depuis combien de temps exercez-vous le métier d'arme ? Est-ce que vous avez rencontré le Duc quand on vous a nommé Sergente ?

Il n'y avait pas de raison que l'indiscrétion soit la propriété de Sydonnie seule, après tout la Couturière aussi aimait à bavasser un peu, c'était une façon de se mettre à l'aise tout en apprenant à se connaître, c'était important l'air de rien lorsqu'on devait se mettre à nu, au propre comme au figuré en l'occurrence.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyLun 22 Avr 2019 - 21:33


- « Il y a bien des années ? Vous ne paraissez pas très vieille, avez-vous une recette miracle pour conserver votre jeunesse ? »

Un sourire entendu, qui se voulait un peu complice, un peu nerveux sans doute aussi. Sydonnie essayait de conserver une illusion, un semblant d’apparence alors que peu à peu son angoisse menaçait de surgir. Difficile pour celle qui s’était toujours imaginé finir seule d’accepter d’être sur le point de se marier, à un noble d’autant plus, au frère de sa pactée. Terriblement complexe à admettre qu’elle avait finalement choisi le chemin que feu sa mère avait tenté de lui imposer. Était-elle amoureuse ? Certainement déjà très attachée, allait-elle changer pour lui ? Voilà bien une réponse beaucoup plus difficile à élaborer. Laissant ses prunelles se fixer sur les lèvres de son interlocutrice, s’étirant à de nombreux moments, se concentrant sur cette voix qui lui semblait si douce et charmante à la fois, la noiraude tâchait de se noyer dans la conversation à défaut de se noyer dans autre chose. Ses pensées avaient fini par se porter vers Anne, cette jeune fille qui s’était retrouvée avec Sydonnie par la force des choses, la femme d’armes culpabilisant de ne pas avoir réussi à sauver le père de cette dernière. Future épouse et plus ou moins mère adoptive, Sydonnie avait dû changer, un peu, qu’elle soit en mesure de l’accepter ou non.

- « Non ce n’est pas toujours simple en effet » tenta-t-elle d’argumenter un brin maladroitement « J’espère qu’elle ne suivra pas mes traces, je n’ai jamais été une fille idéale, c’est toujours dans la boue et une arme à la main que je me suis le plus épanouie et étrangement… Je ne donnerai ce conseil à personne désormais. »

Était-ce une manière d’éviter le sujet des enfants, d’éviter de se projeter, la noiraude n’était pas prête pour ça, même si elle avait conscience que Roland lui ne vivait presque que pour ça. Se pinçant les lèvres, déglutissant, il lui semblait soudainement bien difficile de se projeter dans un avenir qu’il soit commun ou solitaire, la milicienne avait la sensation de nager à contre-courant, de se battre pour une bataille perdue d’avancer. Trop changement, trop de chamboulement et voilà qu’elle était à présent dans une boutique de couture à un mois de son mariage, pour se faire faire confectionner une robe. Le regard un peu brouillé, une main qui s’essuyait sur le bas de sa tenue un peu tremblante, cherchait-elle à maintenir les apparences, encore et toujours, cherchait-elle à être digne de tout ça, ne fallait-il pas être heureux durant ce temps de préparation ? Durant l’évènement à venir ?

- « La future mariée… oui, certainement » répéta-t-elle pour s’essayer à la sensation de le prononcer.

Face à la couturière, qui avait un sourire contagieux, la femme d’armes sembla un peu se détendre, un peu respirer, du moins jusqu’à ce que tout devienne soudainement un peu trop technique pour elle. La blonde étant venue lui attraper le poignet pour lui lever les bras, pour la mesurer des pieds à la tête, en long en large et en travers, sans que Sydonnie ne parviennent à déterminer si oui ou non, l’ensemble des mesures étaient convenables pour une femme. Heureusement pour celle qui se faisait mesure comme un pantin qu’on apprécie, la dame acceptait de faire la conversation, répondant à sa multitude de questions, l’objectif étant évidemment de penser à tout, sauf à la création de la fameuse robe.

- « Un très joli mariage, je n’en doute pas une seconde » laissa-t-elle suspendre dans l’air en se penchant pour regarder ce que la couturière faisait genoux à terre « je pense que nous ne parlons certainement pas des mêmes femmes… Qui voudrait d’un corps plein de cicatrices, d’une carrure plus masculine, d’épaule large de bras musclé ? »

Elle aurait pu énumérer beaucoup plus d’éléments, mais préféra s’arrêta là, consciente qu’en agissant ainsi elle ne respectait déjà plus les demandes de la gérante. Lui avait-il qu’elle devait apprécier le moment, se trouver belle et accepter cet état de fait, la pauvre dame avait bien du souci à se faire, parce que pour en arriver à ce point, c’est bien plus qu’un simple mois qu’il faudrait. Fort heureusement pour elle, tout en se redressant, la couturière avait lancé la conversation sur un sujet qui lui convenait beaucoup plus. Ce n’était pas vraiment que parler tendelle, ceinture, taille et mise en valeur ne lui convenaient pas, mais ce n’était pas le domaine de prédilection de la sergente.

- « Depuis l’autorisation des femmes dans la milice, donc de fin de l’année 1164 à aujourd’hui, cela fait déjà un peu plus d’un an maintenant... » le temps passait vite trop vite sans aucun doute « Non, je n’ai pas eu la chance de le rencontrer à ce moment, mais j’ai pu le rencontrer lors de missions importantes, comme la reprise du Labret ou la reconstruction de celui-ci »

Quant à la première, le fameux pourquoi, aujourd’hui il lui était un peu plus difficile d’y répondre. A l’époque ce n’était qu’une manière d’assumer pleinement son envie de se battre, de porter l’épée, de provoquer une énième fois sa mère. Aujourd’hui c’était un peu différent, pour ne pas dire entièrement différent. Elle avait eu une relation avec un banni, avait imaginé fuir avec lui, trahir le duché pour savourer cet amoureux, puis Sydonnie avait essuyé la perte et le désastre que cela avait pu voir naître en elle, alors qu’elle avait dû choisir entre son banni et son service en tant que milicienne. Aujourd’hui ? Pourquoi était-elle encore là ? Par habitude, par envie, par perdition ou par véritable devoir de défendre la population ? Un généreux mélange de tout, certainement.

- « Mh, je suppose oui, il serait fort dommage que les gens sachant se battre ne mettent pas leur lame au service de la population. Nous sommes déjà si peu nombreux, si nous voulons survivre, il faut avancer ensemble dans la même direction… Il y a déjà eu beaucoup trop de pertes… Beaucoup trop oui. »

Un instant, son regard dû se perdre dans un point imaginaire, alors qu’elle entendait encore les hurlements, le bruit des lames qui tentent de résister aux bêtes, l’odeur de la mort et du sang, l’odeur de la peur et de l’urine. Ami, collègue, proche, elle n’avait pas été épargnée par la souffrance de la fange, qui balayait absolument tout sur son passage, comme une vague venant dévorer un château de sable.

- « Enfin, ne pouvons-vous que nous satisfaire de voir que malgré tout la vie se poursuit, n’est-ce pas ? C’est une belle preuve de la force de l’humanité, cette capacité à avancer, peu importe les épreuves… » elle fit une légère pause avant de reprendre sur une question « Étant particulièrement ignorante dans ce qui m’attend, pouvez-vous me donner une idée des étapes importantes à franchir ? D’ailleurs » elle s’arrêta, puis reprit « C’est ridicule, je sais que c’est le futur époux qui doit offrir un cadeau à sa femme, mais j’aimerais pouvoir faire de même… Pensez-vous que cela serait malvenu ? »

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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 27 Avr 2019 - 15:02
Un peu de légèreté ne faisait pas de mal et Aelys apprécia le sous-entendu sur sa jeunesse, souriant avec une bonne humeur qui ne pouvait décidément qu'aller en s'agrandissant. Bien sûr elle et Sydonnie évoquaient également des sujets bien plus graves que des prétendus secrets de jeunesse éternelle et de longévité, mais cela n'empêchait pas de songer à des choses bien plus légères et c'est pourquoi la Couturière ne s'appesantit pas sur la mention des armes et de la façon dont avait pu grandir et s'épanouir sa cliente. La vie n'était juste pour personne, le Destin avait le don de se manifester de bien étranges façons, mais la blonde songea que si la Milicienne avait été une fille idéale, elle ne serait peut-être plus de ce monde à l'heure actuelle. Par égard pour son ressenti, elle se garda cependant de le mentionner de vive voix, se contentant d'un regard chargé de compréhension, surtout lorsqu'elle l'entendit répéter les mots "future mariée" qui semblaient avoir un fort impact sur son mental. La mention du mariage Ventfroid manqua la précipiter de nouveau dans des souvenirs à la fois plaisants et douloureux, chassant tout cela une fois encore pour se concentrer sur l'instant présent, prenant les mesures de la brune qui se laissait faire avec ce qui semblait être la force de l'habitude, à moins qu'il ne s'agisse d'une autodiscipline remarquable. Quoi qu'il en soit, la Couturière finit par émettre son avis à la mention du corps couvert de cicatrices de celle pour qui elle allait travailler dans les semaines à venir.

- Quelqu'un qui saurait apprécier un corps marqué par une vie de devoir et qui appartient à une dame sans nul doute courageuse et honorable.

Lâcha-t-elle avec une gravité et un ton qui n'appelaient à aucune contestation, relevant la tête depuis son genou posé au sol, ses yeux verts accrochant ceux de Sydonnie avec une détermination sans faille. Oh non, personne ne lui ferait croire un seul instant que ce corps meurtrie n'était pas digne d'être considéré avec fierté, quand bien même sa cliente ne pensait pas ainsi. Elle se souvenait des marques qu'arborait Eadwin lorsqu'elle pansait ses blessures, elle pouvait deviner la souffrance, le sang versé, mais aussi l'ennemi défait, la menace tenue à l'écart des pauvres gens, grâce à ces sacrifices. Et voilà que l'émotion menaçait de nouveau et le nez de Aelyn replongea vers ses mesures, enregistrant le temps passé par la brune dans la Milice, le fait qu'elle ai rencontré le Duc durant la reprise du Labret, puis alors que la Couturière se redressait, la mention du devoir et des pertes. Leurs regards se perdit pour chacune dans le lointain, chacune revivant ses propres souvenirs, ses propres terreurs aussi sans doute, avant qu'elles ne s'en extirpent par la force de l'habitude, celle qui pousse à toujours reprendre sa route.

- Oui, la vie trouvera toujours son chemin, les Trois y veilleront et nous autres aussi.

Affirma-t-elle avec un sourire qui se voulait encourageant, enroulant son ruban à mesurer tout en écoutant les questions légitimes de la Sergente qui firent naître un sourire plus léger et amusé, éclairant un peu ses traits et chassant la morosité.

- Au contraire, je trouve que c'est une excellente idée !

Sa bonne humeur s'accentua alors qu'elle se dirigeait vers son comptoir, faisant signe à Sydonnie de la suivre, presque comme deux comploteuses.

- Il n'y a pas de mal à agrémenter les traditions de quelques améliorations, et je suis sûre que votre époux appréciera cette attention. Pour ce qui est des étapes...

La jeune femme prit une profonde inspiration, jetant un regard à la robe qui attendait sagement sur le mannequin de bois, avant de reporter son attention sur sa cliente.

- Tout d'abord il va falloir que vous revêtissiez la robe pour que je fasse les retouches d'usage et m'assurer qu'elle soit parfaitement adaptée à votre taille. Ensuite nous verrons ensemble les motifs de dentelle que vous souhaitez avoir sur le buste, puis il me faudra les coudre une fois que vous me les aurez fourni, ce qui peut prendre un certain temps durant lequel je m'occuperais de peaufiner certains détails. Il y aura plusieurs essayages, trois ou quatre je dirais afin de nous assurer que tout est parfait, mais tout cela peut se faire en trois semaines, un mois maximum, si nous parvenons à nous y consacrer entièrement.

Aelys sourit en coin, se penchant légèrement comme pour confier quelque secret indiscret, baissant d'un ton.

- Je puis même vous préparer un accessoire de tissu affriolant qui ne sera découvert par votre époux que le soir de vos noces. Une Baronne m'avait fait confectionner ce petit détail et il paraît que cela a eu son effet.

Après tout il n'y avait aucun mal à se sentir désirable en plus d'être élégante le jour de son mariage, n'est-ce pas ?
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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyDim 28 Avr 2019 - 22:24


Sydonnie était immobile, détaillant la jeune femme qui se tenait devant elle, armée de son ruban afin de mesurer la moindre parcelle de son corps. Ce n’était pas courant, du moins, pour celle qui passait plus de temps à jouer de l’épée qu’à faire attention à elle. Ne pas bouger, se laisser manipuler, accepter qu’on puisse souligner des points forts physiques ou certains points faibles. La dame était douée, c’était un fait, dans le moindre de ses mouvements la milicienne pouvait ressentir une certaine maîtrise, une connaissance, une habitude. Avait-elle encore beaucoup de clients ? La noiraude en doutait un peu, l’argent venait à manquer, le petit peuple ne devait guère se souciait encore de son apparence, ne restait-il plus que la noblesse, la bourgeoisie, peut-être, puisque là encore tout dépendait de la nativité ou non de l’individu. Le temps qu’elle avait passé à écouter la dame, qu’elle avait passé à prendre la position qu’elle lui demandait, pour sentir le ruban passer sur sa peau, au-dessus du tissu, en dessous parfois. La noiraude n’avait pas pu s’empêcher de rouler quelque peu des épaules, alors que la gérante évoquait le fait que quelqu’un apprendrait à apprécier un corps abîmé. N’était-ce peut-être pas le corps qui l’inquiétait le plus, mais toutes les cicatrices invisibles qui s’étaient gravées dans son esprit, au plus profond de son âme.

- « Puisque je vais me marier, espérons qu’il soit en accord avec votre jugement » souffla-t-elle simplement.

Passant une main dans sa chevelure, Sydonnie détacha un instant l’ensemble, avant de renouer soigneusement le tout dans une queue de cheval haute, enroulant ensuite l’ensemble sur sa tête pour faire un chignon qu’elle parvient à faire tenir plus ou moins miraculeusement. Abandonnant la proximité de la dame, la sergente dût se résoudre à l’évidence, si elle voulait passer la robe, il fallait absolument qu’elle la passe. Aelys l’avait justement souligné, c’était la première étape, la première grosse étape et laissant ses yeux vagabonder sur la robe de sa mère, se trouvant juste face à elle, Sydonnie comprit que cela n’allait vraiment pas être si simple.

- « Je veux bien, pour votre proposition… Si cela peut lui faire plaisir, pour le reste, je trouverai bien autre chose… » elle laissa ses doigts effleurer le tissu, hésitante « Je suis navrée, je, c’est très étrange comme première fois, je ne pensais pas me marier un jour… Et là, tout semble à la fois si loin et si proche… »

Fallait-il l’enfiler donc, et pour se faire, il fallait retirer ses vêtements. Attrapant la robe qu’elle ramena contre elle, humant l’odeur encore bien trop maternelle à son goût. Là elle glissa derrière un paravent, que la dame ne manqua pas de tirer pour laisser un brin d’intimité à sa cliente. La première étape fut pour la milicienne de prendre une intense respiration, de lâcher un soupir qui se voulait expédier toutes les mauvaises ondes avant de retirer ses vêtements, un à un, pliant le tout avant de laisser le tissu léger et particulièrement doux glisser le long de ses courbes. L’évidence était particulièrement présente, la robe était trop large, trop longue aussi, mais néanmoins dévoilait déjà une silhouette marquée, des épaules en effet large et des avant-bras finalement musclés. Pied nu, elle ne prit pas le temps de remettre ses bottes, jugeant le tout inutile, elle se racla la gorge avant de murmurer qu’elle était prête. Prête à quoi, c’était beaucoup plus complexe à déterminer, parce qu’elle n’osait pas s’offrir la moindre tentative d’observation, sa gorge se nouait sur une émotion qu’elle ne contrôlait pas et ne comprenait pas.

- « Comme dit tout à l’heure, je me tiens à votre disposition, vos dates de rendez-vous seront les miens » elle s’était avancée, soulevant néanmoins le bas de la tenue pour se rendre là ou Aelys l’attendait pour très certainement, recommencer les différentes mesures « Bien, je suis prête, je ne bouge plus » fit-elle finalement « Est-ce que c’est réalisable alors ? Dans les temps ? »

Même si elle n’en démontrait trop rien, la femme d’armes était inquiète, inquiète de ce mariage à venir, inquiète que tout ne soit pas prêt convenablement dans les temps. Inquiète de ne pas être suffisamment agréable à regarder, ou même que tout soit soudainement annulé. Détaillant la dame qui devait faire son office, la noiraude eut soudainement une idée qu’elle jugeait lumineuse, enfin tout dépendait pour qui.

- « Accepteriez-vous une nouvelle apprentie ? Je me disais que si vous aviez besoin d’une petite main, vous pourriez prendre Anne ? Elle vous aiderait dans le ménage, l’entretien, cela lui ferait une bonne expérience en plus de son apprentissage de la dentelle ? Ne vous sentez surtout pas obligé…. Ce n’est qu’une idée, si elle peut vous soulager de quelques tâches….»

S’immobilisant, son regard dû néanmoins croiser un miroir, ou quelque chose de ce type qui lui permit de se regarder un instant, le choc fut important pour la jeune femme, qui n’avait aucunement l’habitude de se voir en robe de mariée. Détaillant l’ensemble, sans un mot, c’était à la fois étrange et pas particulièrement plaisant. Douloureusement réalité entre ses aspirations et son futur, avait-elle changé oui, positivement sans aucun doute, mais là encore il lui faudrait du temps pour l’accepter.

- « Dites-moi, je ne veux pas paraître indiscrète, mais, avez-vous encore suffisamment de travail, de nos jours, je ne sais pas si encore beaucoup pensent à l’apparence… Êtes-vous seule à tenir l’ensemble, avez-vous encore de la famille ? »

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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptySam 4 Mai 2019 - 10:56
Aelys ne doutait pas un seul instant que le futur marié saurait apprécier le corps de sa future épouse, probablement parce qu'il s'agissait d'un mariage d'amour et non d'un simple mariage arrangé entre deux grandes familles influentes de la Cité. Elle s'abstint cependant de tout commentaire à ce sujet afin de ne pas entraver la conversation dans ce qui ressemblait à un cercle vicieux de manque de confiance en soi provenant de sa cliente, chose qui pouvait se comprendre au vu de l'existence qu'elle semblait mener. La suggestion de quelque chose d'affriolant sembla relativement plaire à la brune qui pourtant était en proie à une morosité relative. Visiblement prise de court part les évènements, la Sergente peinait à réaliser ce qui était en train de lui arriver et cela fit naître un léger sourire attendri et compatissant sur les lèvres de la blonde.

- C'est toujours ainsi lorsque le bonheur s'invite dans notre vie.

Elle n'en dit pas plus, gardant pour elle à la fois ses paroles et ses propres souvenirs, laissant le temps à Sydonnie de passer la robe de mariée de sa mère, en profitant pour prendre de quoi marquer les retouches à faire avant de tourner la tête vers celle qui venait de ressortir de derrière le paravent.

- Oui, cela sera réalisable... Et je peux d''ores et déjà vous affirmer que vous serez magnifique.

Souffla-t-elle sincèrement, l'observant dans la robe blanche avec une certaine émotion, l'invitant à la suivre pour l'installer sur un petit estrade de bois de forme circulaire, surélevé d'une hauteur identique à celle d'une marche et qui faisait face à un miroir, lequel avait coûté son prix vu la difficulté d'en obtenir un aussi grand. Elle se mit alors au travail, commençant d'abord par tirer doucement un pan de tissu par-ci, un pan de tissu par-là, évaluant la marge qu'il y avait entre la taille de sa cliente et celle de feu sa mère, de ce qui pouvait être fait selon les coutures déjà effectuées et de la meilleure façon de l'adapter. La mention d'une apprentie arracha cependant Aelys à ses réflexions et elle porta sur la Sergente un regard songeur, quoique légèrement embarrassé.

- Et bien, cela aurait été avec plaisir, mais je crains de ne point avoir assez de revenus pour la payer convenablement. Une apprentie couturière mérite une rétribution à la hauteur de son investissement... cela dit je puis l'envisager pour la moitié du temps normal, si cela peut vous convenir. Et si jamais par malheur mon apprentie actuelle devait finalement cesser de travailler avec moi, je pourrais alors prendre Anne à mes côtés à plein temps. Qu'en pensez-vous ?

Ce fut à cet instant que la blonde remarqua que l'attention de sa cliente était tournée vers le miroir, avec une expression difficilement déchiffrable, mais qui laissait à penser qu'elle n'était pas tout à fait à l'aise.

- Vous êtes très belle, Dame d'Algrange, soyez-en sûre.

Se permit-elle d'affirmer avec un léger sourire affirmé, avant de reprendre ses observations, commençant à placer les épingles avec précautions pour ne pas piquer par inadvertance sa cliente, resserrant ainsi progressivement les pans de tissus de la robe autour du corps de Sydonnie, lui donnant la très nette impression d'avoir quelque chose de plus en plus ajusté. Ce qui ne les empêchaient pas de continuer à converser.

- Ce n'est point indiscret n'ayez crainte. Ici vous pouvez parler librement de tout sujet que vous souhaitez.

Un petit clin d’œil complice à son intention, puis Aelys reporta son attention sur son travail afin de ne pas faire de mauvaise manipulation.

- Tant qu'il y aura des Hommes, il y aura du travail pour les Couturières et même si j'ai moins de clients qu'autrefois, j'ai suffisamment de Nobles dans mon carnet de commandes pour ne point m'inquiéter avant longtemps, d'autant que je suis relativement économe et que j'avais fait un heureux stock avant l'arrivée de la Fange.

En cela la jeune femme se félicitait d'avoir eu son projet de boutique avant que ces monstres n'arrivent dans leurs vies, elle avait économisé âprement, elle ne s'était rien acheté pour elle durant plus de deux ans et avait même pu investir un peu avec son père avant que les choses ne dégénèrent.

- Je suis seule à m'occuper de l'endroit, cependant j'ai la chance d'avoir encore mes deux parents qui vivent ici-même à Marbrume, à deux pas d'ici. Nous ne sommes guère aussi à l'aise qu'autrefois, mais Père est un marchand de talent qui a su trouver bon gré mal gré les bons accords avec des chasseurs et des commerçants locaux, tandis que Mère s'occupe de la maison et s'assure que tout se passe comme il convient. En ce qui me concerne, j'ai récemment emménagé à l'étage afin d'être plus disponible pour mes clients et mon travail.

La Couturière posa une main sur les bras de Sydonnie pour l'empêcher de bouger, les lui faisant doucement soulever et immobiliser avant de placer des épingles sur le haut de ses flancs avec une minutie attentive.

- J'ai conscience d'avoir échappé au pire, mais de vous à moi il me faut en échange travailler dur comme tout un chacun pour voir perdurer ma boutique. J'ai même connu jadis une Noble qui...

Elle s'interrompit, interdite, avant de sourire avec gêne et amusement, secouant légèrement la tête avant de reprendre.

- C'est sans importance, oubliez cela. En revanche j'aide également au Temple en reprisant les vêtements des moins chanceux. Les prêtres font laver les vêtements déchirés qu'ils empilent dans une salle qui m'est destinée, je les rapièce puis en reconstitue de nouveaux que le clergé distribue ensuite aux plus pauvres. C'est peu de chose, mais ainsi certains peuvent s'habiller de nouveau en échangeant des loques contre des vêtements réparés, reprisés.

Cela ne manquait jamais de lui ajouter un peu plus de travail, mais elle faisait déjà cela avant même d'avoir sa propre boutique et elle n'avait pas voulu arrêter. A l'époque sa cousine Luna l'aidait même en triant les vêtements selon leur état, totalement inutilisables ou bien pouvant être rafistolés, mais cela était une autre chose qui appartenait au passé.

- Puisque nous en sommes aux confidences, vous me parliez de broderie tout à l'heure. N'avez-vous jamais songé à reprendre le flambeau familial ?
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MessageSujet: Re: Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie]   Le bonheur chasse toujours le malheur [PV Sydonnie] EmptyDim 5 Mai 2019 - 13:05


Derrière le paravent, à l’abri des regards, la noiraude enfilait enfin la tenue de feu sa mère. Cela provoqua en elle, une drôle de sensation, quelque chose qu’elle n’avait presque jamais ressenti. Aucune inquiétude, aucune agressivité, non, mais bien une vague de mélancolie, couplée à une forme de tristesse, celle de ne pas pouvoir s’excuser, de son comportement, de lui avoir tant tenu tête. Pourquoi finalement ? Pour épouser un noble, noble que sa mère lui avait choisi avant de mourir, comme une ultime main tendue, ou comme elle avait pu le prendre au départ, comme une ultime provocation. Laissant le tissu longer ses courbes, sans épouser l’ensemble parfaitement, Sydonnie étant un peu plus fine et plus petite que feu celle qui lui a donné la vie. La robe était légère, fluide et le bas traînait déjà sur le sol, obligeant la femme d’armes à remonter le tissu de ses doigts pour éviter de la salir, de l’abîmer, ou simplement par réflexe. Sortant de derrière le paravent, dévoilant ainsi aux yeux de la couturière l’ensemble et certainement déjà, pour ce regard avisé ce qu’il fallait modifier, retouché. Avisant celle qui lui évoquait le fait que c’était souvent que les mariages se déroulaient, ou que l’amour pointait le bout de son nez, la gradée ne put que lui offrir un sourire bienveillant.

- « Il paraît oui, vous avez sans aucun doute raison. Je vous fais confiance pour la robe, vous avez un œil plus expert en la matière et si je m’écoutais, je l’ajusterais à peine à ma taille. »

Évidemment, elle ne le releva pas vis-à-vis du fait qu’elle serait magnifique dans l’ensemble, non pas qu’elle n’y croyait pas –bien qu’un peu-, mais aussi et simplement que cela n’avait jamais été une priorité pour la jeune femme, du moins, jusqu’à récemment. Suivant la dame, l’écoutant, relevant toujours le bas de la robe pour monter sur la petite estrade en bois, elle prit le temps de jeter un coup d’œil furtif vers le miroir, sentant son cœur se serrer davantage dans sa poitrine. Ce n’était que là, peut-être, sans doute même que Sydonnie d’Algrange réalisait qu’elle allait devenir dans un mois Sydonnie de Rivefière. Laissant la responsable du lieu faire son office, tâchant de lui faciliter la tâche dans ses mouvements ou dans l’aide potentiellement apportée, elle ne put s’empêcher de la questionner pour Anne, peut-être qu’elle accepterait de la former au basique ? Après tout, une petite main en plus, ce n’était jamais de trop. La demande sembla gêner la créatrice de vêtements, puisque son regard sembla soudainement se teindre dans l’embarras. Si quelque chose ne changeait pas, presque mariée ou non, c’était bien le fait que Sydonnie avait toujours le don de glisser vers des sujets délicats.

- « Oh, je ne voulais pas vous imposer quoi que ce soit, pour être honnête, je ne pensais même pas à une rémunération, à mon sens, c’est vous qui devriez être payé pour offrir de votre temps et pas l’inverse. Prenez le temps d’y réfléchir et sachez que même un non ne serait pas désagréable à mes oreilles. »

Ce fut peut-être le coup d’œil de trop, celui alternant entre son interlocutrice et le miroir, puisque la gérante de la boutique ne put s’empêcher de la complimenter. La noiraude ne put que lui offrir un sourire en guise de remerciement, mi-sincère, mi-douteux, cherchant un peu à imaginer comment serait l’ensemble, sans les aiguilles et les marques que la couturière avait faites pour se repérer. Déjà là, la tenue était un peu plus cintrée, plus à sa taille, ce qui avait le don en effet de tout changer. Ses prunelles s’étaient légèrement écarquillées, sans qu’elle ne soit convaincue d’être en mesure de faire honneur à Roland ce jour si important de leur vie, du commencement d’un nous, officiellement. Ce fut principalement à cause de ce questionnement intérieur, de cette petite onde de nervosité qu’elle reporta son attention sur celle qui poursuivait ses mesures. Question sur son commerce, tout pouvait y passer à condition qu’on se détourne du mariage. Par chance, celle qui possédait le commerce ne s’offusquait pas de l’indiscrétion de la femme d’armes, répondant avec honnêteté et douceur, comme depuis le début de l’échange. Étirant ses lèvres dans un fin sourire à l’évocation de la survie de ses parents, puis de son installation à l’étage pour mieux honorer ses commandes, elle ne put s’empêcher un léger, mais présent mouvement de tête.

- « Si je puis me permettre, madame, les récents événements m’ont appris que le travail ne devait pas être le centre d’une vie, puissiez-vous trouver autre chose dans lequel vous épanouir. Premièrement, obligation de venir à mon union avec le comte, deuxièmement, vous m’avez l’air d’être une femme fort occupée et je suis convaincu que participer à une soirée vous ferez le plus grand bien, j’obligerai Estelle à vous convier » elle fit une petite pause, songeuse « Estelle, c’est la responsable de la chope sucrée sur la place des pendus. Elle organise des soirées à thème, elle est un peu comme vous, acharnée dans son travail. »

Une main s’était déposée sur son avant-bras et la femme d’armes s’immobilisa, laissant la faiseuse de miracles faire son office. Néanmoins, Sydonnie ne put s’empêcher d’étirer un petit sourire, survivre pour travailler plus, plus dur, conserver ce qu’on a mis souvent toute une vie à obtenir, ce n’était pas faux, mais plus si réaliste que ça. Dans le fond, survivre aurait dû apprendre aux gens à souffrir, communiquer, s’entraider et non se renfermer aussi dans un égoïsme, beaucoup serait prêt à laisser mourir son voisin pour espérer gagner un jour de plus, une heure de plus, dans ce fiasco qu’était devenu le royaume, l’Homme.

- « Votre démarche vous honneur madame, peu de gens sont encore prêt à tendre la main. Au sujet de votre noble là, je suis certaine que vous avez dû en rencontrer énormément et même des sacrés indélicats ou originaux » elle plaisantait, bien que l’ensemble soit teinté d’une vérité amère « Je n’ai jamais voulu me marier vous savez, encore moins avec un noble. Mère faisait tout pour que ça arrive et je faisais tout pour me faire détester, même Roland, j’ai essayé, je l’ai menacé de la plus douloureuse des manières lors de notre première rencontre depuis tout ça… » elle fit un petit silence, pensive.

C’était difficile à croire qu’elle allait l’épouser, lui jurer fidélité, lui promettre des héritiers ou héritières, lui confier l’ensemble de ses biens. C’était même terrifiant pour l’indépendante qu’elle était de se retrouver soudainement sous la responsabilité d’un tiers, devoir assumer des choix dont elle ne serait peut-être même pas consultée. Pour autant et aussi improbable que cela puisse paraître, l’indomptable sergente s’était attachée, plus que de raison, malgré les différences, malgré les maladresses, malgré les doutes déjà présents, parfois tout du moins, elle était incapable de renoncer à cette décision. Se pinçant les lèvres, elle ne put qu’offrir un sourire à l’interrogation de la jeune femme. Jamais, jamais elle n’aurait pu prendre le flambeau, absolument jamais.

- « Jamais, à la plus grande tristesse de ma mère, j’ai toujours été en conflit ouvert, plus ou moins avec elle, alors j’ignore si je me refusais d’apprendre pour la contrarier ou si j’aspirais réellement à autre chose… Si je n’avais pas eu la chance –ou la malchance au vu des circonstances- d’être milicienne, j’aurais sûrement choisi de partir au Labret, faire de l’élevage sans aucun doute, quelque chose de manuel, mais moins… moins plein de perfection de sollicitations, de courbette vis-à-vis des clients…. » une nouvelle fois, elle se pinça les lèvres, incertaine « Enfin, c’est du passé, je pense que c’est Anne aujourd’hui qui reprendra tout ça, elle est douée, avec des personnes qualifiées autour d’elle, cela devrait aller. »

Encore fallait-il trouver des gens qualifiés, là, c’était une autre problématique. La jeune femme fit un énième sourire, se contentant finalement de secouer légèrement la tête pour indiquer qu’il lui semblait plus adéquat de changer de conversation, était-elle de toute façon convaincue que les premières étapes venaient d’être faites et que cela serait largement suffisant pour aujourd’hui. Elle attendit un signe de la couturière pour retourner derrière le paravent afin de retrouver sa tenue habituelle, en prenant évidemment bien soin de ne pas anéantir le travail des aiguilles et des marques, tendant la robe une fois enlevé sur le côté pour que la dame la récupère, elle enfila ensuite rapidement sa tenue vestimentaire.

- « Je dois revenir dans combien de temps ? » questionna-t-elle en refermant sa ceinture «Comme dit, je me tiens à votre disposition et si il devait vous manquer de quoi faire, faites-moi solliciter, je devrais pouvoir m’arranger. »

Elle s’extirpa de derrière le paravent, prenant le temps de remonter sa chevelure et de la coincer avec une plume, dans un chignon qu’elle faisait de temps à autre, sans y maîtriser toutes les subtilités.

- « Je ne peux que vous remerciez pour le temps que vous me consacrerez et pour votre réussite et vos performances, peu de couturières auraient accepté le défi de retoucher une robe en un mois à peine, croyez-le, j’en ai parfaitement conscience. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, si vous n’avez plus besoin de moi, je vous dis à très bientôt selon vos disponibilités, n’est-ce pas ? »

[Pour moi, c'est bon merci pour ce RP ♥, je ne sais pas si tu veux poursuivre avec des ellipses et l'avancé, ou si ça te suffit aussi, si on sous entends suffisamment dans ce rp pour acter que Sydo est venue à chaque fois que ton personnage l'a fait mander et que la robe est une réussite :mrgreen: ]

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