Ne jamais se perdre ... [Artorias]

La journée s’était bien passée. J’étais contente, car j’avais bien aidé au Temple. J’avais aidé les orphelins, leur apprendre à lire et à écrire. J’avais prié, pendant quelques heures, seule devant les grandes divinités. J’avais parlé avec les grandes prêtresses, des possibles changements que nous pourrions réaliser dans le Temple, pour mieux l’aménager. Enfin, de compte, j’avais eu une journée assez chargée, et remplis de pleins de tâches. Je me sentais réellement utile à la société lorsque je faisais tout cela. J’espérais qu’un jour, on me rendrait l’appareil. Le soleil allait bientôt se coucher sur l’horizon. Je devais rentrer à la maison avant qu’il ne fasse nuit noire que je me perde dans les quartiers inconnus.

Cependant, je me rendis compte que j’avais emprunté un autre chemin que d’habitude pour mieux découvrir les alentours. Mais là, je pense que j’étais mal tombée. Je m’étais éloignée un peu trop du grand Temple sans le vouloir réellement. J’étais dans mes pensées et j’avais continué de marcher encore et encore, sans que je voie le paysage changé. Je compris rapidement que j’étais arrivée dans un endroit inconnu. Je regardais autour de moi et je compris que j’étais dans le bas-quartier de Marbrume. Je baissais mon regard doucement pour ne pas me faire voir par la population. Je portais une belle robe violette avec ma petite bourse contenant quelques pièces. Ce n’était pas malin, j’étais coincée dans ce quartier dont je ne connaissais rien. J’avais peur des personnes qui me regardaient de travers. Je ne me sentais pas bien et je ne connaissais personne ici qui pouvait me protéger et m’aider. J’espérais fortement que personne ne viendrait m’embêter, ou essayer de me voler mes biens ou voire pire pour moi. Je tremblais comme une feuille.

J’avais peur et j’avais du mal à marcher maintenant. J’étais perdue et je ne savais pas où je devais aller pour rentrer la maison. Habituellement, j’étais confiance, sur de moi. Bizarrement, ici, je n’arrivais pas à être confiante. Je n’étais pas dans ma zone de confort et donc je ne pouvais pas être comme d’habitude. Je respirais à fond et je pris mon courage à deux mains pour sortir de ce quartier avant que des personnes ne me tombent dessus. Je tournais à gauche, à droite pendant de longues minutes. Cependant, toutes les maisons se ressemblaient et je n’arrivais pas à me repérer. Mon dieu ! Mais qu’est que je devais faire alors ? Alors que je cherchais le moyen de retourner dans les quartiers nobles, deux hommes arrivèrent soudainement : « Alors ma belle, on s’est perdue ? » - « Que me voulez-vous ? » - « Oh ! Mais qu’avons-nous là ? Une noble ! Oui je pense que tu t’es perdue. Tu ferais l’honneur de nous accompagner à boire … Nous n'avons pas bu depuis quelques heures, car nous n’avions plus d’argent. » - « Nous voyons bien que tu possèdes une belle petite bourse. Et aussi, tu nous tiendras compagnie, ma poupée… »

L’un des hommes se lécha les lèvres en fixant mon visage ainsi que ma poitrine. Ils se rapprochèrent dangereusement de moi. Malheureusement, je n’avais pas ma dague sur moi. Je l’avais laissé à la demeure, car je ne la prenais jamais avec moi pour aller au Temple. J’étais prise dans les filets de ces deux hommes et personne ne vint m’aider. « Comment osez-vous vous approcher d’une noble en plus d’une femme sans défense ? Vous n’êtes que des vauriens, de la pire espèce qu’il soit. Je vous conseille de me laisser tranquille avant qu’il ne vous arrive quelque chose de pas beau. » Les deux hommes rirent en chœur et je savais qu’ils ne m’avaient pas pris au sérieux. C’était vraiment mauvais pour moi. J’étais dans une situation critique. Aucun son me sortit de ma gorge pour demander de l’aide. C’était vraiment la première fois que j’avais peur et que je me sentis petite dans ce monde. Pitié. Quelqu’un m’aide…

Mon dieu ! Que la Sainte Trinité m’est favorable en ce jour ! J’étais tombée dans un problème, dans un piège, dans une fourberie totale. Deux hommes essayèrent de me voler ma bourse d’argent, mais aussi de profiter de mon corps. J’étais faible, mon corps n’était pas fait pour se débarrasser d’hommes plus que moi. Qu’est que j’avais fait pour avoir ces problèmes ? Je n’avais rien fait de ma vie de méchant. J’étais gentille, je n’avais jamais fait de mal à qui que ce soit dans ma vie. Je priais la Trinité pratiquement tous les jours pour avoir un meilleur avenir. Et c’était ainsi qu’on me donnait ma chance ? Je ne comprenais pas le destin parfois. Il pouvait être cruel et atroce envers des personnes bénéfiques pour la société. Je serrais le poing fortement, mais je devais me calmer pour paraître comme une femme sachant se contrôler en public et afin d’éviter tous problèmes d’ordre public. Je ne voulais pas être une victime, mais qu’est que je pouvais faire contre deux hommes plus grands et plus forts que moi ? Je voulais écrire à l’aide, mais aucun son ne pouvait sortir de ma gorge. Je regardais autour de moi, en essayant de croiser un regard d’un homme qui pourrait m’aider à me sortir de cette situation. Mais tous me tournèrent la tête, faisant semblant de ne pas me voir dans ce problème.

Puis, mon regard se porta vers un homme, qui se dirigea vers nous, d’un pas bien décidé m'en’aider’aider et à me sortir de ce pétrin. Il était grand, bien plus grand que les autres hommes, avec un corps assez musclé. Je n’eus pas le temps de mieux le voir, car des larmes commencèrent à se former dans mes yeux. Je voyais flou et je n’arrivais plus à distinguer les lignes du paysage. Il ne fallait pas que je pleure, ni que je montre ma faiblesse devant ces vauriens. L’homme en question essaya d’arrêter la conversation en cours. L’un des hommes le prévint d’aller voir à l’ailleurs et lui sortit sa dague afin de lui faire comprendre. Puis, mon regard se porta vers un homme, qui se dirigea vers nous, d’un pas bien décidé m'en’aider et à me sortir de ce pétrin. Personne ne vint s’ajouter au combat. Les deux hommes avaient de bons coups et ne se relèveraient pas d’aussitôt à mon visage.

L’homme en question était vraiment bon en combat. Il avait pris un bon coup de poing dans son visage aussi, il fut rouge et du sang coula de ses lèvres. Quant à moi, après avoir vu ce combat, mes jambes se mirent à défaillir sur-le-champ. Je m’écoulais par terre, dans la terre poussiéreuse. Des larmes coulèrent de mon visage, peu de temps après. Si cet homme ne m’avait pas aidé, je pensais que je serais dans une mauvaise position… Même me faire violer à tous les coups, et ne plus être pure… Non, non, je ne devais pas penser à cela. Cela me donnait envie de vomir. Mon sauveur s’approcha de moi en me demandant si j’allais bien, et ce que je faisais dans un quartier comme celui-ci. Habituellement, je lui aurais rétorqué que ce n’étaient pas ses oignons et que j’avais le droit de me balader où j’avais envie. Cependant, mon cœur n’était pas d’humeur à lui parler ainsi, ni dans ce ton. Sans réfléchir, je sauterais dans ses bras pour pleurer un bon coup. La peur, la honte, l’impuissance que j’avais eu, m’avaient fait prendre toute notion de bienséance.

Au diable du code de la société, je pleurais à chaude larme dans les bras de cet homme. Et je n’avais que faire des remarques et des regards de la population. Puis, mes pleurs s’arrêtèrent enfin. Je pus reprendre la parole afin de le remercier en bons et dû forme : « Veuillez … Veuillez m’excuser pour cette scène. Je pense que cela vous a mis dans une situation inconfortable pour vous. Normalement, je ne pleure pas dans les bras d’une personne inconnue et dans un environnement comme celui-ci. Je suis sincèrement désolée pour cela. » Je baissais la tête doucement pour essuyer mes larmes. Les yeux devaient être lourds, bouffis et moches à regarder. Il faudrait que je me mette de l’eau froide avant de dormir pour éviter que cela se voit demain matin au réveil. Je m’écartais doucement de cet homme pour mieux l’examiner. Certes, il était grand, blond, avec un corps musclé comme s’il était un guerrier, avec de beaux yeux bleu turquoise. Tellement beau que je ne pus résister à l’envi de le regarder longuement. J’avais l’impression d’y voir un océan ou un lac pur dans ces yeux. Je rougis instantanément et je décidais de me relever. « Je vous en remercie d’être venue à mon secours. Comme vous ayez pu le voir, j’en avais fortement besoin. Grâce à vous que j’ai pu garder ma dignité. Je souhaite vous récompenser, ou plutôt vous rendre service à mon tour. Ne me dites pas que je ne vous dois rien. Je vous somme de me dire ce que vous voulez monsieur ? AHH ! Je ne me suis pas présentée, je suis Idalie D’Auvray. C’est un peu bizarre comme lieu de rencontre et de présentation. Mais soit. Alors dites moi ce que vous voulez, je le ferai sans hésiter ! Du moment que ce soit bénéfique pour vous, et un service non-dégradant. »

Je lui souris chaleureusement. Étonnement, je me sentais à l’aise auprès de cet homme mystérieux. Je me demandais bien qui cela pouvait être au juste. Je continuais de regarder ses yeux si beaux et étincelants malgré la nuit noire. Je continuais de rougir. Mon dieu, mais à quoi je pensais maintenant ? Je fermais les paupières pour remettre mes pensées dans l’ordre.

Une fois que je m’étais reprise correctement pour ne pas faire tâche, je lui avais demandé son identité et ce qu’il voulait en guise de retour de service ou bien de récompense pour m’avoir sauvé. J’étais une personne honnête, qui voulait être bénéfique pour son entourage et pour les autres. Je n’étais pas l’une de ces personnes cherchant le pouvoir, écrasant les autres pour mieux-vivre. Je n’étais pas ainsi et je ne saurais jamais même ! Enfin, je croisais les doigts pour que je ne devienne jamais ainsi. Je respirais un grand coup avant de reprendre complètement mes esprits et être maître de mon corps. Nous étions toujours debout dans la grande rue avec beaucoup de personnes qui commençaient à se poser des questions sur ce que nous faisions.

L’homme m’emmena dans un autre endroit pour éviter d’autres problèmes, mais aussi pour être au calme. Je ne connaissais pas les rues, donc je me laissais faire calmement. Je lui faisais confiance dans un certain sens, car il m’avait bien aidé. Il m’avait pris la main sans que je lui autorise, je rougis aussitôt. C’était la première fois qu’on me prenait la main ainsi. Enfin, mon frère me le faisait souvent lorsque nous étions plus jeunes. Cependant, ce n’était pas mon frère… Quelques rues plus tard, nous étions à nouveau dans une grande rue plus large et plus lumineuse. Je me sentais vraiment mieux et la population semblait être bien différente. Mon cœur était vraiment plus soulagé que tout à l’heure. Mes poumons pouvaient respirer librement sans aucun souci. Puis, l’homme revint devant moi afin de se présenter en tant que Artorias de la famille Lautrec. Un milicien. Il n’avait pas l’air d’un milicien, mais cela pouvait se comprendre. Son corps était fait pour comprendre et protéger.

Je lui souris et je m’inclinais légèrement : « Je suis ravie de vous rencontrer alors, Monsieur Lautrec. Je suis désolée de vous déranger pendant votre jour de congé. Je dois vous perturber quand même bien ! » Il me sourit et je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour. Il me redonnait un peu de joie après cet acte malveillant. C’était bizarre de sentir bien envers une personne que je ne connaissais point du tout, que je n’avais jamais conversé de ma vie et que je n’avais jamais rencontré. Je haussais les épaules avant d’entendre sa proposition de retour de service : « Monsieur Lautrec, vous n’avez pas à faire autant. Vous m’avez déjà suffisamment aidé pour aujourd’hui. A présent, je pense que je peux retrouver le chemin de ma maison seule. Cependant, je veux bien partager un repas avec vous, ainsi qu’à réaliser votre course. Cela me fera du bien de continuer de marcher, mais aussi de ne pas être seule avant de dormir. » Il était vraiment que si je rentrais maintenant, je n’irais pas dormir aussitôt. J’aurais trop peur de me faire avoir dans mon sommeil, même si les domestiques proches seraient présents pour moi. J’avais besoin de compagnie avant de repartir à la maison et de bien me reposer.

De plus, je ne connaissais pas très bien les commerçants dans ce quartier précis. Peut-être que je trouverais des perles rares et des produits hors du commun ici. C’était une bonne raison de rester à ses côtés pendant quelques heures de plus. « Des bonbons ? » Rien que de penser à cela, cela me donnait l’eau à la bouche. Cela faisait quelques années que je n’avais pas mangé ces gourmandises. Je n’en pouvais pas m’en passer lorsque je commençais à piocher dedans. Parfois, on devait me retirer le sac pour éviter que je mange tout dans la même journée. J’aimais le sucre. C’était cher, mais tellement bon ! « Oh mon dieu ! Qu’est que j’aime les sucreries ! C’est bon, ça fond dans la bouche et vous voulez toujours en manger plus ! Malheureusement, je serai endettée jusqu’au cou, si je ne me contrôlais pas. » Ai-je dis avec une mine triste. « Vous allez bien vite comprendre que j’adore manger ainsi que de découvrir de nouveaux plats. Je suis habituée au grand luxe dans la cuisine des nobles. Mais pourtant, j’aime déguster des plats plus typiques et venant du peuple. Cela a plus de cœurs et de chaleur. » Les nobles ne cuisinaient pas. Il y avait des chefs et cuisinières qui le faisaient pour nous, donc nous n’avions aucun moyen de réaliser des plats venant de nos propres mains. Ce n’était pas dans les codes de la société, encore une fois. « Bon, allons-y ! Avant que ce ne soit trop tard pour votre course ! » Je marchais d’un pas joyeux et énergique pour aller dans la boutique. J’étais de bonne humeur et j’avais pratiquement oublié l’évènement passé.

Les sucreries n’étaient pas quelque chose dont je mangeais souvent. Ma mère me donnait une alimentation assez stricte pour rentrer dans les codes de la société. Donc, je ne devais pas manger des choses grasses et toutes choses qui ne soient pas bons pour moi. Puis, ce régime alimentaire fut moins contraint, car ma sœur, Gracienne, allait prendre ma place à la Cour. En parlant de cela, je me demandais comment cela serait été ma vie, si nous n’avions pas échangé de place. Serai-je morte dans l’Ouest ? Me serai-je marié à un homme et eut un enfant ? Je souris tristement, car je réalisais que le Destin m’avait permis de survivre à ces horreurs venant des Fangeux. Je revins à la réalité lorsque le milicien prit le chemin pour aller chercher ces douceurs. Je le suivis fortement à la trace, pour ne pas me prendre encore une fois dans ce nouveau quartier pour moi. Je fis attention à ce que je faisais, je retiens les angles de maisons et de rues. Je n’avais pas une grande mémoire malheureusement, mais je pouvais retenir des éléments importants comme les enseignes des boutiques.

Une petite dizaine de minutes plus tard, nous arrivâmes dans la boutique. Cette boutique était minuscule, mais bien agencée afin de bien circuler à l’intérieur. Le milicien conversa avec une femme, pendant que je regardais les bocaux sur les étagères. Il y avait plus sortes de bonbons. Rien qu’à la vue, je bavais déjà. Cependant, j’étais une noble et j’avais des manières d’être en public. Je regardais mon sang-froid. Je serrais le pli de ma robe pour me contrôler de mon envie de me jeter sur les bocaux. L’homme me présenta l’un de ces gâteaux préférés : celui aux amandes. L’homme ouvrit son foulard et prit quelques sucreries et gâteaux. « Oui, bien entendu, j’ai les moyens de m’en acheter. Juste… Juste que cela me rappelle de mauvais souvenirs, et ce ne sont pas ceux que j’ai envie de me remettre en mémoire. » Je respirais à fond, mais je décidais d’en prendre quelqu’un pour mon frère, Ascelin, et Adelaide. J’avais envie de les récompenser de leur effort en ce moment et je pense que cela leur ferait bien plaisir.

J’ouvris les bocaux pour en choisir une dizaine à peu près, avant de les présenter à la femme pour payer. Je déposais le petit sac en cuir pour lui présenter ce que je devais payer. J’ouvris ma bourse et je payais le du, avant de mettre le tout à l’intérieur, à l’abri de l’humidité et de la lumière. Puis, je revins vers le milicien avec un sourire doux : « Finalement, j’en ai pris pour ma famille ! Je pense que cela leur ferait bien plaisir. Au contraire, pour ma part, j’aime prendre le temps de déguster le goût de ces sucreries. Prendre le temps est quelque chose d’important pour moi. Si nous ne prenons pas le temps de vivre, au final, notre existence sera vide et dénuée de sens. Alors, je vis le temps présent, même si cela ne fait pas plaisir à certaines personnes de la société. Savez-vous que j’ai vingt-trois ans, bientôt vingt-quatre ans et que je ne suis toujours pas mariée ? Mon frère me dit que j’ai tout le temps que je veux pour choisir mon époux, que je n’ai pas à m’en faire de ce que je dis la Noblesse. Je devais prendre le temps… J’aimerais le croire… Mais je pense que le Temps doit avancer pour moi. Je dois aller voir plus loin et rapidement… Avant que … »

Je m’arrêtais cette phrase, car je me rendis compte que j’avais un peu trop parlé de moi à cet homme, dont je ne connaissais rien de lui. Je devais faire attention à mes paroles. Cela pourrait me retourner contre moi, un de ces jours. Je pris un bonbon et je le mis dans ma bouche. Je commençais à le sucer avant de le croquer, pour lui faire comprendre que le bonbon était synonyme du Temps. « Je suis en manque de temps… Je ne peux pas avoir plus de temps ou retourner dans le temps. Alors ce bonbon que j’aime tant, je ne peux plus le savourer comme avant. Je suis obligée de le croquer et d’avancer… » Je pris un air sérieux sans le vouloir. Peu de personne connaissaient ce visage dur, sans expression et froid.