Le Renouveau est en marche [PV Razarh]

2 mars 1166

Marbrume – Le Port

trois heures et quinze minutes

Théodemar était prêt à se lancer dans la reconquête d'un empire criminel et quoi de mieux que de commencer par s'attaquer au Port ! En effet, d'après ses informations la criminalité était dirigée par plusieurs petits merdeux qui se prenaient pour des seigneurs de la criminalité … il ne savait pas par ailleurs qui était qui, qui était en guerre contre qui mais cela il s'en fichait bien, il avait récupéré de l'argent notamment grâce à la jeune Lyanna et avait recruté une demi-douzaine d'homme en plus de ses compagnons … une dizaine d'hommes ne payaient pas de mine mais ce n'était rien, il fallait bien commencer quelque part.

Il se trouvait dans la bicoque qui se trouvait dans le Goulot dont il avait récupéré la propriété à son retour avec ses lieutenants et les truands qu'il avait recruté autour d'une petite table dans l'une des deux pièces de la maison.

« Bien. Nous avons de quoi attaquer une première planque … si les idiots qui servent d'hommes de mains au planqué que nous allons attaquer, ils se rendront et nous rejoindront… nous pourrons ainsi avancer dans notre plan de reconquête. »

« Attaquons le Goulot, nous y avons déjà cette planque … peut être que ... »

Suggéra alors Gideon qui fut vite interrompu par Gert, l'archer qui avait rejoint Théodemar, cet homme avait une mine de dépravé avec ses cheveux gras et son regard bleu triste mais il était intelligent.

« Le port semble le mieux, d'après Bart … » Dit-il en désignant alors un chauve patibulaire qui ressemblait fortement à un débardeur. « Un des entrepôts du port à un sous sol non référencé qui abrite une planque de contrebandier. »

Théodemar se mit à sourire, l'idée lui intéressait bien … il espérait juste que cet entrepôt n'était pas celui qui avait un laboratoire clandestin dont il était propriétaire.

« A qui appartient-il ? »

« Au Cercle. »

Rentrer en guerre contre le Cercle dès le début … hm, après tout il fallait bien commencer quelque part mais s'attaquer à Harvel directement … bah qu'importe ! Il avait peut être un plan, un plan foireux peut être mais qu'importe.

« Bien, prenez les masques et préparez les armes, on y va dans dix minutes. »

***

Théodemar avait dû faire attention à ne pas que la milice ne le prenne la main dans le sac, pas après sa petite scénette à la taverne du port où créchait la jeune Rubis. Il avait fait une petite sortie de secours à l'arrière de la bicoque pendant que ses gars sortaient par devant comme-ci de rien n'était mais il fallait maintenant arriver au port sans encombre.

Et c'est exactement ce qui se passa, la milice n'était pas dans les pattes de Théodemar sûrement dû à l'heure tardive mais le port allait être fourmillant d'activité d'ici quelques heures alors il fallait faire vite.

« Là. »

Bart avait désigné un entrepôt proche du ponton, Théodemar se mit à sourire… il pouvait voir un homme qui montait la garde, très bien.

« Mettez les masques de Phénix … Gert .. tu peux t'en occuper ? »[/coais eslor]

« Je vais essayer. »

« Bon sang, Bart, tu ne met pas ce truc … tu rejoins le garde et tu le distrait, si c'pauvre Gert n'a pas les yeux en face des trous, tu lui aplati le crâne. »

Première fois que Théodemar était sur le terrain lorsqu'il avait était le seigneur du crime de Marbrume, il ne pouvait pas être dans l'action dû au fait de sa personnalité publique mais maintenant plus rien ne l'empêchait et cela lui faisait un bien fou. Il vit alors Bart partir taper la causette au gars qui faisait le pet devant l'entrepôt et il avait l'air a moitié endormi … cela allait faciliter la tache mais il avait l'air suspicieux.

« Vas y. »

L'archer se mit alors bander son arc mais quelque chose le fit changer la trajectoire de sa flèche … celle-ci n'atteint pas le moins du monde sa cible mais en plus Bart qui devait être la solution de rechange n'eut pas le temps de réagir qu'une dague se faufila dans ses entrailles, ce dernier tomba à terre pendant que Théodemar se mit à soupirer et fit un signe à Gideon.

Il n'était pas mieux … la dague de jet de l'assassin prit son envol jusqu'à ce qu'elle atteigne sa cible … 'fin sa cible … cette dernière se planta dans le bras de l'homme de main et Théodemar se mit à soupirer une nouvelle fois laissant faire Ulric, le géant à la hache qui se mit à foncer vers le blessé qui commençait à rentrer dans l'entrepôt pour avertir ses potes.

Ulric tenta de lui asséner un coup de sa hache à double tranchant mais tout ce qu'il put couper c'était un morceau d'une des portes de l'entrepôt ce qui n'allait pas tarder à alerter les copains du dur à cuir … et voilà que celui qui avait neuf vies comme un chat se mit attaquer le colosse.

Non seulement, le blessé tenta d'asséner un coup de poing au colosse mais on aurait dit que les dieux tentaient de s'amuser comme ils le pouvaient en faisant rater chacune des actions des antagonistes de cette bagarre … cela exaspérait même Théodemar qui prit sa dague puis se dirigea vers le guetteur pour mettre fin à cette mascarade mais apparemment l'Ecuviel n'était pas mieux car son arme ne fit que l'érafler.

« Non mais c'est une blague ?! »

Dit-il alors que l'un des hommes de l'Ecuviel s'avança avec son arbalète puis visa mais rien ne se passa … en fait, la corde de l'arbalète était grippée et rien ne se passa … Theodemar se demandait si cette nuit était vraiment la nuit où il fallait attaquer … on aurait dit une mauvaise blague, il envoya alors un coup de poing sur le guetteur qui commençait à vouloir s'enfuir mais rien ne se passa, Theodemar sentit le poing de l'homme qui perdait du sang sur son visage … son nez craqua une nouvelle fois en l'espace d'un mois … bordel fallait vraiment qu'ils arrêtent de viser le nez !

C'est alors que Théodemar fut rapidement sauvé par Gabriel, son arbalétrier qui avait fait le nécessaire pour pouvoir tirer son projectile de mort … et c'est ce qu'il fit ! Le carreau fendit l'air et transperça la boite crânienne du malheureux qui avait déjà le bras ensanglanté dû à la dague de jet de l'assassin, il tomba alors à terre dans un son étouffé.

« Bordel, c'était quoi ce cirque ? Gideon voit si Bart va s'en sortir. »

Gideon récupéra alors sa dague dans le bras du malheureux et alla voir le pauvre Bart qui semblait geindre comme un enfant mais l'ancien soigneur se mit à sourire quand il s'aperçut que la dague n'avait fait que aller dans le gras du débardeur qui semblait dans une position peu glorieuse.

« Soigne le autant que tu peux et entrons dans cet entrepôt avant que la milice n'arrive. Cache le corps, Karl. »

Bart se fit donc bander sa blessure qui n'en était presque pas et les autres commencèrent à s'armer et surtout à se cacher le visage avec les magnifiques masques de Phénix confectionnaient par une tisserand. Les deux arbalétriers armèrent leur armes tandis que les autres dégainèrent leur arme … Théodemar au devant enfonça les lourdes portes en compagnie d'Ulric.

Deux hommes se trouvaient non loin des étals encore vides et se demandaient ce qui se passait, il n'eut le temps de dire quoique ce soit que deux viretons d'arbalète les cueillirent avant qu'ils ne puissent bouger … Apparemment, la chance était avec eux et Theodemar se décida à poursuivre son chemin à travers l'entrepôt où Bart les guida avec difficulté certes mais ce n'était pas grand-chose et il arrivait encore à bouger donc c'était bon signe.

Ils se dirigèrent vers un étal qui semblait suspect et deux hommes du Phénix le bougea comme un seul homme puis Bart ouvrit une trappe au sol … ingénieux système, elle était plutôt grande et elle pouvait très bien faire sortie quelques caisses assez grandes pour transporter de la marchandise. Parfait, Theodemar prit les escaliers avant tout les autres.

« Eh vous êtes qui, vous ?! »

Théodemar tenta de lui asséner sa dague dans le visage mais rien ne se passa car il tomba des escaliers avec l'homme alors qu'il tentait de se débattre. Ils déballèrent les marches tout les deux jusqu'à arriver en bas où une demi-dizaine de personnes attendaient sûrement quelque chose près d'un point d'eau de mer. Il se reprit presque aussitôt et planta sa dague dans le cou de son camarade de malchance.

Il se releva alors, éclaboussé par le sang de l'homme qui s'étouffait avec son sang dans un gouglou immonde. Il se mit à sourire devant les cinq hommes qui restaient, stupéfait par ce qui venait de se passer mais ils n'eurent pas le temps de sortir les armes qu'ils pouvaient avoir qu'un autre malchanceux fut happé par une flèche en pleine gorge.

« Soyons clair, vous ne dégainez pas vos armes et on ne vous tue pas. » Il essuya sa dague sur la tunique du malchanceux qui agonisait encore, une plaie béante à la gorge.

«Cette planque appartient désormais aux Phénix, toi. » Il désigna de sa dague un gamin assez mince … ça devait être une estafette. « Toi, va prévenir Razarh Harvel que l'Ecu Rouge veut lui parler … je ne suis pas pressé, je peux attendre là. »

La nouvelle n’avait pas mis longtemps à parvenir jusqu’à Razarh. L’Ecuviel, l’idiot, le sot dont la gloire et le ridicule n’avaient échappé à personne. Un brigand déchu qui brillait aujourd’hui plus par sa bêtise que sa fougue, on ne pouvait lui reprocher cette dernière, mais aux yeux du dirigeant du Cercle l’idiotie était un péché mortel, une tare qui ne s’effaçait qu’au fil de l’épée. Et c’est exactement ce qui allait se produire.

Un messager d’une dizaine d’années était arrivé en courant, se faufilant par des ruelles et des trous dans les palissades qui étaient hors d’accès des hommes du Cercle. C’était un bon petit gars, serviable et désireux d'améliorer un tant soit peu le quotidien de sa famille. Razarh lui glissa quelques pistoles dans la main et le petit écarquilla de grands yeux, il n’avait probablement jamais vu la couleur d’une seule pièce d’argent, alors plusieurs.

“Va chercher la milice, et raconte leur ce qu’il s’est passé. Ensuite rentre chez toi, les hommes du port savent quoi faire.”

“Wooooh merci m’sieur Harvel!”

Ça ne pouvait pas davantage venir du coeur, et pour une fois le vieil homme s’autorisa un sourire sincère, content de voir que cet argent pas toujours très proprement gagné servirait à acheter un peu de bonheur à une famille. Famille qui lui rendrait d’ailleurs très bien et sur qui il pourrait compter en cas de besoin.

“Aller file.”

Il n’y avait rien de particulier dans cette planque, hormis quelques larrons qui jouaient aux dés en buvant comme des trous. Mais si la milice trouvait des cadavres ou mieux tombait sur l’Ecuviel, cela éclipserait tout le reste. Il peinait à croire que cet ancien seigneur du crime avait réussi une seconde fois à faire preuve d’une stupidité aussi flagrante. Et pourtant… L’Ecu Rouge se sabordait lui-même aussi sûrement que si on l’y avait aidé.

Portant son regard sur les toits miteux du port Razarh se perdit dans la contemplation de ces ténèbres bienfaitrices. Il restait donc quatre homme dans cette planque qui ne seraient ni pendus ni emprisonnés faute de place et de moyens, quatre hommes qui ne piperaient mot à la milice et dont on pourrait attester qu’ils avait été là toute la soirée. Faisant signe à un autre de ces hommes d’approcher Harvel attendit que le petit soit parti en courant, fou de joie et d’impatience à l’idée de montrer cette nouvelle fortune à sa famille.

“Fais repêcher les corps et place les bien en évidence avant que les gardes n’arrivent. Ça devrait suffire pour l’instant.”

L’homme acquiesça et fila sans demander son reste, laissant Razarh seul dans la vieille bicoque qu’il occupait ces derniers temps. Seul avec une colère sourde mêlée de la satisfaction de ne pas avoir eu à faire couler le sang lui-même. Finalement ce problème semblait se régler aussi vite qu’il était apparu.

Du moins il fallait l’espérer.

Théodemar se doutait que le Razarh n'aurait rien à foutre de sa demande et qu'il ne viendrait probablement pas régler le soucis par lui même mais il avait mené ce groupe de bras cassé jusqu'ici pour une simple et bonne raison : Montrer qu'il pouvait être généreux mais aussi cruel et qu'il ne serait plus le petit seigneur du crime qui ferait faire la sale besogne par quelqu'un d'autre. Il se mit à s'avancer, sa dague bien en visuel et commença à parler.

« Je ne vous veux aucun mal, bon, il fallait bien qu'on vous montre qu'on était pas là pour rigoler … votre copain à eu la malchance de me croiser alors que nous venions d'entamer notre arrivée assez peu … catastrophique jusqu'ici. Voici ce que je vous propose : Vous venez avec moi et je ne vous tranche pas la gorge puis je n'envoie pas votre cadavre à votre patron. »

Alors que Théodemar parlait, ses hommes eux, commençaient à se mettre en position derrière lui, arbalètes, arc et épées bien en visuel, il n'aurait qu'un mot à dire et cette vermine ne serait plus de ce monde. L'un des quatre coupe jarrets s'avança avec un ricanement qui voulait tout dire.

« Pauvre abruti, not' boss en a rien à foutre de nous ! Comme d'ses premières chausses, on est juste un avant-poste pour des produits peu d'mandé, si on tombe, son réseau n'sera pas impacté. »

L'écu rouge se mit à sourire puis remarqua une caisse non loin et fit un signe à l'un de ses homems d'aller l'ouvrir, évidemment que cette planque ne servait à rien d'autre que de ce troncher toute la journée tout en jouant mais il y avait bien un truc d'intéressant dans tout cela.

« Justement, il n'en a rien faire de vous mais moi pas, rejoignez moi et vous serez grassement récompensé … surtout si vous me donnez des infos sur le Cercle et puis … je vous protégerais. »

« Ouais ! Comme t'as protégé ton organisation quand t't'fais prendre ! Vas te faire f... »

Il n'eut guère le temps de dire la fin de sa phrase qui aurait pu s'avérer assez grossier pour le Phénix, que un pavé lui fendit le crâne en deux, laissant entrevoir une tâche noirâtre en son centre alors que du sang s'écoulait sur sa nuque et qu'il tomba raide mort. Le responsable de ce meurtre était l'un de ses camarades qui lâcha l'arme du crime et on entendit un craquement, la caisse venait de s'ouvrir dans un fracas et l'homme qui l'auteur de cette ouverture prit son contenu.

« Eh chef, des épées par ici. »

Théodemar se mit à sourire … des épées Qu'est ce que ça foutait là … oh, peut être que le Cercle avait pour projet d'armer des bannis … ou alors … oui … préparer une prochaine attaque sur l'une des planques adverses mais cela tombait merveilleusement bien.

« On vous suis m'sieur Ecuviel, faut juste qu'on s'protége de l'colère du Cercle. Il est pire qu'Rikni en personne, l'vioc. »

Il demanda à un de ses arbalétriers de poser sa sac en toile de jute et montra les uniformes militaires qu'il avait réussi à obtenir puis la caisse qui venait de s'ouvrir … des épées courtes … une demi-douzaine pas plus … on en avait guère besoin de plus, trois suffiront.

« Désape ton pote, Yvain va là haut et désape l'un des deux gardes qu'on a buté puis tu lui fout ça sur le dos avec une épée à côté de lui. Toi, pareil. »

Dit-il à l'encontre du tueur au pavé. Puis il fit un signe à l'un des hommes derrière lui qui n'avait pas encore bronché pendant que son propre coupe jarret lui apporta une épée.

« Tu as servi le Cercle mais dis toi que tu m'as également servi par ton sacrifice. »

Il balbutia quelque chose avant que la pointe de l'épée ne vienne lui perforer le coeur, le tuant sur le coup. Le gamin qui avait tué son camarade se recula avec l'autre et eut de gros yeux horrifiés.

« Il ne m'avait pas l'air important alors … si vous ne voulez pas finir comme lui, avancez. »

Il envoya l'épée ensanglantée jusqu'au corps du pseudo milicien et se mit à sourire.

« Enflamme les caisses, Ulric et là haut tu fous le feu à tous les étals… j'imagine qu'il y a un autre passage que l'entrée principale. »

Dit-il à l'encontre de la nouvelle recrue.

« C'est quoi ton nom d'ailleurs ? »
« Barnabé, m'sieur. »

« Quel nom de merde … bon alors ? »

« Oui … oui … par là, c'est un passage qui nous amène droit au Goulot … dans le Chaudron. »

« Eh bien mène nous.mon bon Barnabé, mène nous. »

C'est lorsque leur besogne furent fini que les hommes de l'Ecuviel passèrent dans un petit passage tout près d'où il était arrivé et il fallait faire au plus vite, ils avaient déjà assez perdu de temps surtout Théodemar, il fallait qu'il arrive au plus vite à sa bicoque au Goulot car il pressentait que la milice serait déjà au courant de ce qui venait de se passer … eh puis bon, un entrepôt qui brûle ça se remarque mais il était sûr que notre cher Razarh allait cafter ce qu'il savait. Il n'en avait guère fini avec lui d'ailleurs.