Marbrume


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 [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].

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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyMer 17 Avr 2019 - 22:48
Roland avait eu vent d’une histoire bien sinistre. Alors qu’il était au temple, aidant un de ses élèves à comprendre l’art subtil des mathématiques, il entendit un jeune prêtre parler, il semblait plutôt inquiet, affolé même. Roland termina la séance, puis se décida à aller voir de plus près ce qu’il se passait. Les matinées au temple étaient le plus souvent bien calmes, quelque chose s’était produit, une rumeur semblait circuler et mettait les religieux visiblement mal à l’aise. Alors que son élève se leva, prêt à quitter la salle, le comte en fit de même. Il se dirigea vers le jeune prêtre.

- « Mon Père, que se passe-t-il ? »

L’homme semblait contrarié et ne voulait visiblement pas parlé. Roland tenta de le rassurer, lui faire comprendre que si quelque chose le chagrinait, il s’emploierait bien volontiers à l’aider. Il le connaissait bien maintenant, le jeune religieux l’assistait souvent dans son travail de précepteur.

« Je ne veux pas vous déranger monsieur de Rivefière… Mais une bien sombre histoire s’est déroulée la nuit dernière. Je ne devrais pas vous en parler, mais je sais que je peux vous faire confiance, vous êtes un homme bon. Un enfant a été amené, il ressemble à ces créatures de la fange mais il parle… C’est une malédiction... »

- « Il parle ? Je n’ai encore jamais entendu un fangeux parler ? Où est cet enfant ? »

« Il est enfermé, je ne sais pas vraiment ce qu’il va lui arriver. »

Roland s’interrogeait sur la situation, un fangeux qui parle, ce n’était pas possible, auraient-ils des facultés cachées, pouvaient-ils évoluer ? Il en doutait fortement. Ils n’étaient que d’anciens humains morts et ramenés à la vie par on ne savait quelle forme de sorcellerie, était-ce une malédiction, une vengeance des Dieux, personne ne le savait. Mais savoir en revanche qu’un enfant était enfermé au temple, sans connaître les tenants et les aboutissants, c’était perturbant. Il ne pouvait pas en connaissance de cause, faire la sourde oreille.

- « En savez-vous plus sur cette affaire ? Qui l’a amené au temple, il a une famille ? »

« Il a été apporté par un milicien, il semblerait. Mais je n’étais pas présent à ce moment, monsieur de Rivefière. Je ne saurais vous l’affirmer. En revanche, la créature a parlé et a dit qu’il avait une mère, sans doute une sorcière ! »

- « Allons, jusqu’à preuve du contraire, c’est encore un enfant. Il a donné des précisions sur son lieu de vie ? »

« Il vit dans une chambre de bonne près du port. »

Le jeune prêtre lui fit une rapide description de l’habitation, il ne savait pas si cela allait suffire, même s’il se doutait bien que Roland essaierait de contacter la mère, pour en apprendre davantage, aucun des deux ne l’évoqua. Il remercia le religieux, rangea soigneusement ses affaires puis rentra au manoir. Il se changea, revêtant des vêtements plus sobres, avant de se diriger vers le port, là où vivait certainement la mère de l’enfant, il espérait l’y trouver. Le blond pressait le pas, plus vite il en saurait plus sur cette histoire, plus vite il pourrait agir. Il ne pouvait pas se résoudre à laisser un enfant être enfermé, tué et brûlé. Il imaginait le pire, comme souvent maintenant. S’il avait l’apparence d’un fangeux mais la parole d’un homme, il y avait sans doute une explication à cela. Peut être était-il simplement très malade, une maladie rare et inconnue, ou alors il avait contracté le virus des fangeux, mais à un stade où il gardait ses facultés humaines. C’était flou, tellement flou, Roland n’était pas un soigneur, il ne connaissait pas les maladies et leurs symptômes. Il fallait qu’il soit fixé. La pauvre femme était peut être esseulée, sans nouvelle de son enfant ? Était-elle encore en vie simplement ? Tant de questions qui méritaient d’être élucidées.

Enfin arrivé au quartier portuaire, le comte de Rivefière balaya l’endroit du regard. Il n’était pas habitué à venir en ce lieu. Il avait connu un capitaine quelques mois avant, mais il avait certainement quitter l’endroit avant qu’il ait pu visiter son navire. Le lieu n’avait certainement plus sa vigueur d’antan, lorsque la cité était au cœur d’échanges commerciaux fructueux. Les échanges avec le reste du Royaume étaient coupés, plus rien n’était comme avant. Bien sûr, cela se ressentait très bien ici aussi. La pêche est exploitée au maximum, dernier rempart contre la famine, le poisson est riche et la cité de Marbrume bordée par la mer dévoile son dernier atout.
L’odeur est dérangeante et persistante, pas seulement l’odeur de la marine, mais celle de la mort et des immondices jonchant les ruelles. Comment retrouver l’habitation dans cette pléthore de maison et de bâtiments. Certains semblent en ruines, prêts à s’effondrer, pourtant des familles s’entassent là, encore et toujours. Un dernier morceau de bois pour faire office d’abris, pour survivre. La population est à genoux.

Roland défile dans le labyrinthe de ruelles odorantes, il se rappelle les mots du jeune prêtre, en face de la forge, c’est là bas qu’il faut aller. En face, un immeuble qui ne paye vraiment pas de mine, noir de suif de ci de là, les traînées noires apportées par les fumées émanant de la forge. Ça doit être celui-ci, sans doute. Roland lève les yeux, sous les toits, était-elle là ? La pauvre mère éplorée. Il fallait utiliser un petit escalier pour y accéder, il ne semblait pas stable et fortement délabré, comme le reste des environs, il n’entachait pas le décor.
Le noble guerrier prit soin de ne point tomber en s’engageant dessus puis parvint à la porte d’entrée, fragile et toute aussi branlante. Il frappa et entendit quelques temps après, le bruit des pas se diriger vers lui. Il y avait bien quelqu’un, c’était bon signe. La porte s’ouvrit et la femme l’accueillit.

- « Bonjour madame, je suis navré de me présenter à vous ainsi, je suis le comte de Rivefière, j’ai à vous parler à propos de votre enfant, me laisseriez-vous entrer ? »

Il préférait jouer franc jeu avec la femme, elle devait être inquiète, s’il s’agissait bien d’elle. Mais au vu de son état, Roland n’en doutait que très peu. Il entra suite à la potentielle invitation et découvrit la petite chambre de bonne. L’endroit était très simple, un lit, quelques affaires, des papiers et des jouets d’enfants parsemés un peu partout. Pas de trace du dit enfant, ses doutes semblaient alors totalement disparaître. Il ne s’était pas trompé. Un pupitre attira néanmoins son attention, ce n’était pas très courant de rencontrer ce genre d’objet chez le bas peuple. Mais l’héritier n’était pas le genre d’homme à avoir des préjugés. Des hommes et des femmes de rang inférieur pouvait se révéler particulièrement intelligents et instruits pour certains, à l’instar des nobles et même parfois au-delà.

- « Savez-vous où est votre enfant ? »

Il préférait assurer néanmoins ses arrières, il ne savait pas du tout dans quoi il mettait les pieds. Il lui fallait quelques éclaircissements, avant d’aller plus loin. Savoir ce qu’elle savait, si elle-même n’était pas l’instigatrice de toute cette histoire, plus rien ou presque ne l’étonnait maintenant, l’horreur n’avait plus de limites.


Dernière édition par Roland de Rivefière le Mar 9 Juil 2019 - 23:45, édité 1 fois
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyJeu 18 Avr 2019 - 1:30
La pièce était pleine de son absence. Le vide ricochait dans tous les détails. Dans les jeux de construction que l’enfant avait abandonné. Dans ses petits vêtements qui s’empilaient sur la malle. Sur les ses exercices de grammaire qu’il n’avait pas encore fait corrigé à son érudite de mère.  
 
Elle était assise sur le lit où ils avaient l’habitude de dormir l’un contre l’autre. Depuis qu’on le lui avait arraché sa chair de sa chair, elle ne dormait plus. Et dès qu’elle ne fermait pas l’œil, sa cervelle se mettait à penser. Elle s’agitait mollement, cherchant à trouver d’autres pistes, d’autres façons de résoudre cette équations aux paramètres innombrables et à l’issue incertaine. Après cette nuit d’enfant, son corps était emprunt de honte, couverts des vestiges des rudesses qu’elle avaient subi et son esprit s’aliénait d’heure en heure. Une part de la jeune femme ne voulait pas croire à ce lot d’atrocités. Par le passé, elle en avait traversé, des épreuves, mais elle avait toujours trouvé une raison de dépasser les difficultés. Sans l’enfant, plus rien ne valait d’être vécu, ni dans le bonheur, ni dans la détresse.
 
Tétanisée, elle n’arrivait pas à se remettre sur ses jambes. Maintenant qu’elle avait fait tout ce qui était à sa portée, elle se trouvait impuissante et terrifiée. Sa comtesse protectrice mettrait tous les moyen en œuvre pour la protéger. Pour arranger une situation qui, à ses yeux, lui paraissait aussi ébréchée qu’une tasse de porcelaine précipitée par accident contre le marbre. Tout avait volé en éclats sous ses yeux désarmés. Maintenant qu’elle avait trop pleuré, il ne lui restait plus rien. Juste les vestiges de son garçon éparpillés dans cette pièce. Elle porta les draps à son visage pour essayer d’y retrouver l’odeur du petit sans parvenir à la distinguer de son propre parfum.
 
La simple idée qu’elle ne pourrait plus jamais l’entendre dire, le voir sourire ni même perdre ses doigts dans ses cheveux roux la remplissait creusait un trou sombre comme le néant dans se poitrine. Et plus elle essayer de ne pas penser, plus toute sa cervelle se focalisait sur le manque.
 
Elle ne s’attendait pas à ce qu’on vienne frapper.
 
Vite, la jeune mère se redressa, le cœur bondissant, comme si elle s’attendait à voir l’enfant se tenir sur le palier. Mais c’était un homme qui se tenait là. Son vêtement était d’une couture délicate et raffiné. Et les yeux qu’il posaient sur elle étaient clair comme le fond des rivières. Ils suintaient d’une compassion immense. Comme s’il savait tout, qu’on lui avait tout dit et qu’il pouvait voir au travers d’elle comme dans un livre ouvert. Elle ouvrit la bouche pour balbutier une politesse appropriée mais l’homme se présenta le premier. Il s’agissait d’un comte. Il venait lui tenir palabre parce qu’il avait eu vent de ce qu’il advenait de l’enfant. Il voulait qu’elle le laisse entrer.

Décontenancée, la lettrée fit un pas en arrière. S’ils avaient des choses à se dire, il fallait bien sûr que cela ne se fasse pas sur le palier. Les murs avaient des oreilles et Marbrume, toute entière, une langue bien pendue. Les pupilles de la jeune femme s’accrochaient facilement au néant et ses yeux se perdaient dans le vague. Elle essaya de s’excuser pour le désordre en vérifiant mécaniquement que son chignon soit parfaitement en place.
 
L’inconnu alla droit au but :
 
Savez-vous où est votre enfant ?
 
Et il fallut une grande inspiration à la jeune femme pour rassembler son courage et articuler une réponse :
 
A ce que j’ai entendu dire, on l’a emmené au Temple, mon sire. Je…
 
Elle se recula encore, comme si elle avait quelque chose à craindre à nouveau. Quelqu’un qui venait pour évoquer ce que la ville entière appellerait « le monstre »… Forcément, ce n’était pas un bon présage.
 
Qui vous a partagé ces informations ? Et que me voulez-vous, monsieur ?
 
Le visage de la jeune femme était dur, buriné à grand coup d’un désespoir qui débordaient dans tous ses membres. Elle épiait ses réactions, espérait qu’il n’était pas venu chercher la sorcière qui avait enfanté le démon dont il avait eu vent.
 
En quelque jours, elle avait vécu ce qu’une mère ne pouvait pas supporter en un siècle et, malgré elle, sa structure osseuse, tremblaient. Ses mains, ses jambes, sa mâchoire. Rien ne tenait fixement dans ce pantin valeureux et terrassé de chagrin.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyVen 19 Avr 2019 - 19:35
La femme avait ouvert la porte pressement, sans doute attendait-elle que quelqu’un lui apporte des nouvelles de son enfant, une âme charitable. Ou même que son fils lui-même passe le pas de la porte, qu’ils reprennent tous deux leur vie, oubliant ce qu’il s’était passé, comme si rien n’était finalement arrivé. Mais il en était autrement, ce n’était que Roland. Et l’expression de déception aurait pu se lire sur le visage de la mère. Tout un tas d’expression en fait pouvait se lire sur son visage, elle avait la mine de quelqu’un qui n’avait pas trouvé le repos et c’était bien normal, au vu de la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle semblait aussi désemparée, elle avait sûrement hâte d’en savoir plus sur la venue du comte chez elle, et ce qu’il pourrait lui apprendre sur l’enfant. Elle serait malheureusement déçu. Il venait justement pour en savoir plus. Mais si ses justifications tenaient la route, il lui proposerait son aide. Il fallait à tout prix en connaître davantage sur l’affaire.

La femme savait que son enfant était au temple et que quelqu’un l’avait emmené. Elle était impuissante sur ce fait. Elle se recula alors, puis interrogea à son tour le comte.

- « Je suis proche du temple madame. Et n’ayez crainte, je veux simplement démêler cette histoire. Un milicien a enlevé votre enfant et l’a apporté au temple. Pouvez-vous m’expliquer quelles en sont les raisons je vous prie ? »

Il marqua une pause, fit rapidement le tour de la pièce du regard, la faible lumière qui passait par la petite fenêtre en hauteur éclairait la pièce, il n’y avait que le strict minimum ici. Mais cela reflétait la vie d’un véritable enfant, et non d’un monstre.

- « Le bruit court qu’il s’agit d’un fangeux. Mais il parle, je ne peux me résoudre à accepter cette réalité. Puis, quand je vois votre logement, je me dis que j’ai eu raison de venir. J’aimerais que vous m’expliquiez le plus exactement ce qu’il a. je pourrais essayer de l’approcher, de faire le lien entre vous et lui madame. Mais je dois être certain qu’il n’est pas un danger, vous comprenez ? »

Il avait lui-même été en contact avec une mère aimante pour son enfant hors normes, mais le petit était bel et bien un fangeux. Et lui et deux autres hommes en mission à l’extérieur, avaient bien failli y laisser leur vie. Il ne se laisserait plus si facilement berner par une mère ou femme éplorée. Il exigeait des détails, tout ce qu’il était possible d’obtenir avant de se jeter dans l’affaire.
Il écouterait attentivement tous les détails que la femme pourrait lui donner. Il n’avait pas encore vu l’enfant de ses propres yeux, mais il était important, à son sens, d’avoir avant tout tous les détails de la mère.

- « Je pourrais lui faire apporter de l’eau et de la nourriture. Je ne vais pas vous le cacher, mais je ne sais pas du tout quelles sont les conditions de sa détention. Mais avec votre aide, votre coopération, je pourrais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour rendre ses jours là bas un tant soit peu meilleurs. »

Il déposa un regard compatissant, qui se voulait rassurant vers la femme. Il essayait de lui faire comprendre qu’elle pouvait lui faire confiance. Mais il fallait que ce soit réciproque, qu’elle se livre aussi à lui, en toute sincérité.

- « En avez-vous parlé à d’autres personnes, pouvez-vous me dire qui est impliqué dans cette histoire ? Et si vous avez des témoins, des personnes ayant vus grandir l’enfant et qui pourraient témoigner peut être en votre faveur ? Nous devons nous soumettre à la volonté du clergé, néanmoins s’il existe une faille, un moyen de vous en sortir, je peux vous aider. Il est important d’avoir toutes les réponses en main. »

Il ne connaissait pas du tout cette famille et leurs antécédents, mais quelque chose clochait dans cette histoire et la vie d’un potentiel innocent enfant en dépendait.
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyVen 19 Avr 2019 - 23:27
Pour… Pourquoi vous faites ça ?

Le mot s’était jeté hors de ses lèvres tremblotantes. C’était le seul qu’elle avait réussi à articuler. Parce que, dans sa tête une marrée de questions se heurtait partout, comme le ressac qui précède la tempête.

D’abord, comment il savait ? Les rumeurs commençaient à courir de partout, certes, mais l’érudite n’aurait jamais cru que la nouvelle se soit répandu comme une trainée de poudre. Et puis, c’est bruits étaient précis : ils parlaient de la ressemblance avec la fange que pouvait avoir le petit. Et, en évoquant cette crainte, l’homme, dans ses beaux habits élégants, semblait en proie à une certaine terreur. Il avait besoin d’être rassuré. Qu’on lui dise que l’enfant dont on parlait n’était pas un bout d’enfer. Comme beaucoup, il voulait une explication. Son originalité, c’est qu’il avait tout de suite refusée l’explication fournie derechef par les Trois.

D’autre part, comment avait-il fait le lien avec elle ? Par quel miracle était-il parvenu à mettre la main sur elle ? Avec la comtesse qui lui offrait protection, elles avaient déjà tenu palabre et eu un long débat sur le positionnement qu’elles devraient avoir durant le procès qu’elles avaient réclamé. Fallait-il qu’elle se présente comme la mère, la génitrice ? Parce que si l’enfant était un démon alors la mère serait bien vite présentée comme la diablesse. Un ventre fécond pour les limbes. Et ni l’employeuse ni son obligée ne pouvait se permettre de telles pirouettes pour l’heure… Mais si tout se savait déjà, il serait laborieux de défendre l’indéfendable.

Sauf s’il y avait des âmes charitables tombées du ciel pour frapper à sa porte.

Secouée, l’érudite sentit ses jambes se dérober et elle s’assit sur le minuscule matelas où elle avait autrefois l’habitude de dormir, lovée tout contre son petit garçon. Lentement, elle retourna dans tous les sens la proposition de l’homme. S’il était le seul biais de communication entre elle et son fils avant le début d’un procès aux sorcières elle ne pouvait pas - elle n’avait pas le droit, même -, de le laisser filer. Plus que tout, elle avait besoin de nouvelle. L’imaginer ce petit bout d’être malade seul et abandonné dans un cachot était proprement insupportable. Alors elle prit une grande inspiration et essaya de se rappeler de toutes les questions du noble pour aligner les mots et fournir une réponse des plus complète. La méthode ne différait guère de celle qu’elle employait avec sa dame de cœur :

Pour le moment, nous sommes trois à le savoir. Ma comtesse, la dame de Valis. Mon voisin. Et moi-même. Je ne sais pas qui sont les prêtres qui vont juger mon petit garçon. Je ne sais pas non plus le nom de ceux qui me l’ont enlevé. Je crois qu’ils l’ont mené au Temple mais ce sont les rumeurs qui ont amplifié mes certitudes.

Trop fébrile, elle n’arrivait pas à le regardait. Pour ne pas voir son buste s’affaisser, elle devait se tenir appuyée sur ses poings pour ne pas s’écrouler sur elle-même et imploser sous le poids du chagrin.

Tous ceux qui ont vu mon fils grandir sont morts, mon sire, finit-elle par lâcher, amèrement.

Un mélange de douleur, de remord et de culpabilité froissa le visage de la jeune femme en une expression atroce. Tous les traits de cette femme éduquée effacèrent un instant les indices de sa beauté vestigiales pour apparaître d’une laideur à tordre le cœur. Une malédiction rôdait autours de cette femme si chétive. Et cette garce n'était visiblement pas à son coup d'essai.

Je… tenta-t-elle avant de se ressaisir : Je ne sais pas quelles sont vos motivations, monsieur. Je m’en fiche du moment que vous parvenez à transmettre quelques réconfort à mon petit. Il doit avoir si peur, tout seul avec ces monstres…

Il y avait tellement de choses qu’elle avait trouvé à lui dire maintenant qu’il n’était plus là. Plus que tout, elle avait peur que tous ces mots lui restent sur les bras et le bout des lèvres s’il venait à disparaitre soudainement. Dans sa prison, elle aurait aimé lui faire parvenir à manger, à boire, quelques mots et quelques jouets pour qu’il puisse affronter ses cauchemars.

Cette fois, les monstres ne se glissaient pas sous le lits. Cette fois, ils n’étaient pas fait de ce matériaux dense et fumeux des mauvais rêves. Cette fois, les méchants se baladaient en soutanes, avaient des mots plein de grandeurs pour mieux dissimuler la petitesse de leur science ridicule.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptySam 20 Avr 2019 - 11:11
La femme lui demandait pourquoi il était là, dans quel but. Il voulait simplement aider. L’humanité n’était pas morte, le cœur de tous les hommes étaient corruptibles, mais peut être certains luttaient encore, comme un dernier rempart de la foi des hommes.

- « Je ne peux pas me résoudre, en connaissance de cause, à ne rien faire. La vie d’un enfant est en jeu. Je pense que rien n’est dû au hasard, que nous avons chacun une place à jouer. Si j’ai eu vent de cette affaire, c’est qu’il est, à mon sens, de mon devoir d’agir. Je ne vous demande rien en retour, seulement de coopérer et de me laisser vous venir en aide, madame… ? Puis-je connaître votre nom ? »

Elle était chamboulée, elle tenta de reprendre un peu de contenance en s’asseyant sur le mince matelas. Roland se décala légèrement de sa position, pour rester debout, face à elle.
Elle lui apprit alors que trois personnes étaient au courant pour l’enfant, sa comtesse ? La dame de Valis ? Intéressant. Puis un voisin et elle-même. Vu qu’il était dans la confidence, Roland jugea bon de lui révéler qu’il connaissait également la comtesse.

- « Je connais la comtesse de Valis, elle sera un allié alors pour vous, elle pourra témoigner en votre faveur ? C’est un très bon point. Et je suis ravi de constater que la dame de Valis reste fidèle aux valeurs que je lui octroyais. Votre enfant est bel et bien au temple, c’est une certitude, je l’ai appris ce matin. Les rumeurs vont bon train, mais je vous rassure peu de personnes pour le moment sont au courant je le crois. J’y travaille et y passe beaucoup de temps, mais je ne pense point que l’on ébruite ce genre d’affaire à qui veut l’entendre, madame. »

Il se voulait rassurant, mais faisait peut être preuve de maladresse involontairement, sans ses paroles. Il ne voulait pas la froisser, la situation était délicate, mais il essayait d’échanger avec celle qui savait être la mère, le plus sincèrement possible.
Tous ceux l’ayant connu étaient à présent morts, avec la fange, cela ne l’étonnait pas plus que cela.

- « Je suis navré pour vos proches. » Dit-il humblement.

La fange avait causé de nombreuses pertes, il n’était pas le dernier à le savoir, sa propre famille avait elle aussi été fort touchée. Mais ce n’était pas le sujet, il rassembla ses pensées, ne se concentrant que sur cette seule affaire.

Des monstres ? Parlait-elle des personnes qui lui avaient arraché son fils, ou des prêtres, qui le retenaient au temple ? Sans doute les deux. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir ce genre de propos à leur égard. Essayons de nous mettre à la place de cette femme un instant. La difformité en ces temps n’était pas à prendre à la légère. Il l’aiderait, mais elle n’avait pas tout à fait répondu à ses interrogations. Il avait compris qu’il n’était pas nécessairement un danger, mais il ne saisissait pas réellement ce qu’il avait. Le savait-elle réellement ?

- « Connaissez vous ce qu’a votre enfant, une maladie ? Est-il né sous cette apparence ou est-elle apparue au fil du temps ? »

Il reconnaissait ses mots sans doute trop directs, mais il n’avait pas le temps de tourner autour du pot. Les jours du petit étaient peut être déjà comptés. Il ne connaissait effectivement pas grand-chose sur les maladies infantiles, celle-ci devait être nébuleuse. Mais peut être la mère avait pris le temps de consulter, d’essayer divers remèdes et techniques de soin. Mais vu qu’ils semblaient avoir vécu tous deux dans l’ombre, à l’abri des regards, il étant sans doute plus que difficile d’accéder à de véritables soins. Sans user de l’aide de charlatans et autres sorcières, peut être. Ces pratiques pour le moins douteuses le firent douter un instant. Il espérait que tout cela ne soit guère l’œuvre de quelques démons et sorcelleries. Le doute existait, il ne pouvait le nier.

- « Pardonnez moi de vous presser ainsi. Il me faut savoir pour vous aider. Dites-moi ce que vous savez. Je me chargerai de lui apporter ce qui est nécessaire, ne vous inquiétez pas. »

Encore quelques réponses, de la franchise et de l’honnêteté de la part de la femme, puis il se mettrait certainement en route, s’aidant à son tour de la confiance du jeune prêtre, pour tenter d’approcher l’enfant et communiquer avec lui. Ce sera sans doute très compliqué, mais s’il ne commet pas de bourdes, il devrait pouvoir l’approcher, son influence aidant.
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyLun 20 Mai 2019 - 0:08
De quoi avait-il peur au juste ? Pourquoi se sentait-il impliqué ? N’avait-il pas mieux à faire ? Le nobles étaient toujours occupés à de plus grandes œuvres que les faits divers. Assise sur le lit, elle le dévisageait comme si le voir se tenir là, dans son velours côtelé qui lui sied parfaitement, tenait du miracle.

Quand on est habitué au pire il est parfois difficile de se résoudre au meilleur ; de l’accepter sans y voir un maléfice. Elle écoutait cette sentence heureuse sans véritablement y croire.

Il voulait l’aider car il ne supportait pas de savoir un enfant menacé, séparé des bras tendres maternels et promis à une mort sur le bûcher pour une infirmité étrange. Alors, il y avait de la compassion. Une envie de bien faire. Et de la curiosité aussi.

Bientôt des questions qui lui brûlaient les lèvres pointèrent. Quel était le mal dont souffrait l’enfant ? Existait-il depuis toujours ou était-il apparut avec le temps, attrapé comme la lèpre ? La Fange n’avait elle pas une toute petite place dans ce malheur ? Et n’y avait-il pas une infime implication du Fléau dans ce malheur ?

Il avait raison de s’en inquiéter : le désastre traine partout, parfois déguisé.

Pour autant, aucune réponse qu’elle aurait amené n’aurait changé l’issue du drame. Qu’il s’agisse d’un sort, d’une maladie ou d’une malédiction, l’atrocité de la situation était la même : l’érudite pleurerait encore sa dernière raison de vivre.

Est-ce que vous avez un enfant, mon sire ? souffla bientôt la femme sans répondre à la moindre question.

Elle était toujours assise sur le lit, sans le regarder comme si elle refusait de le voir en face. Ses yeux fixaient le vide, coulant, baveux de toutes les larmes qu’elle ne pouvait plus pleurer.

Lentement, elle se remit sur ses jambes pour se trainer au petit bureau à tablette qui trônait dans un coin de la pièce. Sous un monticule de papier où se confondaient traduction et seaux de la dame aux fleurs, elle extirpa une plume longue et un morceau de reliure qu’elle déchira minutieusement afin d’en extraire un morceau de papier suffisamment grand pour y loger quelques mots tendre. Elle trouva l’encrier et prit une grande inspiration.

Qu’est-ce que je dois écrire à la chair de ma chair, monsieur ? demanda-t-elle devant son papier blanc. Quels mensonge vais-je pouvoir encore écrire à un tout petit ?

En disant cela, elle se souvenait des hommes qui avaient enlevé son fils. Des mots qu’avaient utilisé leur chef, en particulier. Une mère se doit d’être cette force rassurante et infaillible. Et l’instant lui rappelait combien elle avait totalement échoué dans ce rôle primaire : l’enfant était maintenant en danger parce qu’elle n’avait pas réussi à le protéger de l’horreur humaine.

Enfin, elle se décida à se confronter au regard clair du noble. Elle lui trouva un air d’ange tandis qu’elle ne devait passer que pour un cadavre en devenir. Avec précaution, elle se mit à articuler, d’une voix qui tressaillait par moment :

Je m’appelle Louise. Mon fils s’appelle Maël. Il est né avec ce mal. Cette aversion pour l’astre solaire. Il rayonne beaucoup plus que ce que vous pensez. Je n’ai pas grand-chose à vous faire passer pour lui parce que je ne possède rien. Mais…

Elle referma ses doigts sur le papier à lettre et, au bout de ses doigts, la plume tremblait.

Voulez vous bien lui porter quelques mots de sa mère ?

Il y avait quelque chose de suppliant dans cette demande. Elle ne savait pas encore comment remplir la blancheur immaculée de ce morceau de papier qu’elle ne voulait pas prendre le risque d’écrire des mots qui ne sauraient trouver destinataire.

Elle trempa la pointe de la plume dans l’encrier et une goutte perla jusqu’à s’écraser sur la tablette du meuble brinquebalant. Une ponctuation noire à côté d’une page blanche.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyLun 24 Juin 2019 - 17:17
La femme était bouleversée et avait du mal à lui faire confiance, elle ne semblait pas comprendre ce qui motivait le comte à l’aider. Cela restait plutôt compréhensible, il n’était qu’un étranger. Cependant, cette histoire l’avait touché, le jeune prêtre qui l’assistait au temple lui avait laissé entendre qu’il pouvait faire quelque chose. Il ne pouvait donc pas se contenter de faire la sourde oreille, de laisser les choses se faire sans lutter. Il n’irait certes pas contre la volonté du clergé, mais s’il pouvait apporter un quelconque soutien, il le ferait. Roland n’était pas un sauveur. Il n’en avait pas l’âme. Il faisait ce qui lui semblait juste, mais jamais sans trop s’impliquer. Il n’était pas aussi altruiste qu’il l’aurait voulu, sans être une mauvaise personne pour autant. Après tout, il se mouillait tout de même un peu dans cette affaire. Il ferait ce qui lui semble juste, tout simplement.

La femme ne répondait pas à ses questions, avait-elle seulement les réponses attendues ? Elle lui renvoya néanmoins une interrogation. Avait-il un enfant ?

- « Hélas non, je n’ai pas encore eu cette chance. »

Il croyait comprendre là où elle voulait en venir, comment pouvait-il savoir ce qu’elle traversait, alors que lui même ne possédait pas d’enfants. Il tentait de se mettre à la place de cette mère éplorée, d’imaginer, de ressentir à travers elle les émotions, la tristesse de la perte d’un enfant. Il avait perdu une épouse, une sœur, il connaissait la perte d’un être cher. Mais d’un enfant, cela devait dépasser tout. C’était certain. Il s’en voulait alors d’être venu comme cela se présenter à elle.

- « Je ne sais pas madame… Je ne suis pas à votre place, je ne comprends qu’à moitié votre chagrin. Je ferai de mon mieux pour le rassurer, mais seuls les mots de sa mère pourront l’aider. »

Il était cruel d’arracher un enfant aux bras de sa mère, à l’écouter il était né comme cela, une maladie, quelque chose d’improbable mais qui n’a certainement rien à voir avec les fangeux. Elle n’aurait pas pu vivre avec lui tout ce temps. Et puis, ce mal était là bien avant l’arrivée du fléau.

Elle s’était levée pour écrire, la femme dont il connaissait à présent le prénom. Elle trempait sa plume dans l’encrier, mais rien ne s’écrivait cependant.
Il aurait voulu l’aider, savoir quoi dire, pour la rassurer, l’épauler. Il aimerait lui assurer que tout se passerait bien, que tout allait s’arranger. Mais le noble n’était pas du tout certain que ce soit le cas. Fallait-il lui mentir afin qu’à son tour elle sache mentir à son petit garçon ? Non, il ne pouvait pas s’y résoudre.

- « Il ne peut pas avoir votre présence, mais votre petit a besoin de vos mots Louise. Je lui porterai, je lui lirai, peut être importe la manière, mais vous avez ma parole que vos mots lui parviendront. Écrivez à votre cœur, rassurez le, il reconnaîtra vos paroles, à défaut de votre voix. »

Il s’était rapproché doucement d’elle, gardant une distance acceptable. Il plongea son regard empli de sincérité dans le sien, l’incitant à écrire, l’incitant à faire ce geste pour son enfant.
Part ce curieux hasard, il avait été mêlé à cette histoire, il irait jusqu’au bout.

- « Je ferai également en sorte qu’il ne lui soit pas infligé de mauvais traitements, je lui apporterai eau et nourriture. Et bien sûr, j’essaierai d’en savoir davantage sur les suites, sur un éventuel procès. Donnez-moi cette lettre et je partirai alors. Je reviendrai vous donnez des nouvelles dès que possible. Travaillez avec Madame de Valis, elle a ma confiance également. J’espère de tout cœur que vous pourrez sortir indemnes de cette effroyable affaire. »
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyLun 24 Juin 2019 - 19:16
Un rire nerveux secoua la carcasse de la savante et elle susurra entre ses dents :

Personne ne peut sortir indemne de cela, mon sire.

Pour la première fois, l’érudite usait d’une pointe de colère. Pas pour le noble, évidemment. Tant bien même il avait avoué ne pas pouvoir connaître la même douleur parce qu’il n’était pas encore le père de quelqu’un. Pour cet homme, elle avait trop de reconnaissance. Parce qu’il avait un cœur assez bon pour venir en personne apporter un peu de réconfort à une insignifiante étrangère du peuple. Elle ne voulait pas de sa pitié mais il venait avec la volonté de lui apporter un peu d’aide. Comment pouvait-elle cracher sur une main tendu.

Il l’invita à écrire quelques mots sur le papier dont elle prit soin d’enlever le sceaux fleuri de la dame de Valis. Hors de question à la mêler à cela. D’aucune manière elle ne voulait que la faute retombe sur sa comtesse dans le cas où la missive serait interceptée.

Et puis, au moment où il fut trouver les mots, la main de la jeune mère s’arrêta, tremblante. Suspendue au-dessus de la feuille comme un oiseau fauché en plein vol. Qu’écrire ? Que fallait-il écrire à un enfant séparé de sa mère et seul derrière des barreaux ? Quels palabres et quels mensonges pouvait-elle inscrire sur le papier pour lui donner toute l’énergie qu’elle pouvait lui transmettre ?

Le petit était fort : tout au long de sa courte vie, il n’avait pas eu d’autre choix. La maladie l’avait forgé durement et parce qu’il avait dû combattre le regard des autres sur sa différences, et parce qu’il avait vaincu sa fragilité. C’était un enfant intelligent, courageux et d’une maturité étonnante. Un peu à l’image de sa mère qui se pencha sur le papier et essaya de rassembler ses forces pour calligraphier en grande et très lisibles lettres, tout ce qui lui venait par ce que les contraintes étaient nombreuses. D’abord spatiale, parce qu’elle craignait que toute sa pensée ne tienne pas sur son bout de papier et elle n’en avait point d’autre. Puis temporel, la présence de l’homme la pressant dans sa rédaction. Les ressources qu’elle avait la poussait à travailler dans une précipitation douloureuse au vu des enjeux de cette simple écriture.

Des lettres pour des proches égarés, elle en écrivait tous les jours en tant qu’écrivaine publique. Mais jamais elle ne s’était demandé ce qu’elle pouvait mettre sur celle qui concernerait le propre fruit de ses entrailles

Asseyez-vous, je vous prie, murmura-t-elle en désignant modestement le lit défait sous la fenêtre. Ne restez pas debout. Je vais faire vite, je vous promets.

Elle était désolée de ne rien avoir pour accueillir un noble en ces lieux. Alors, pour que la gêne se dissipe au plus vite, elle se mit à faire ce qu’elle faisait depuis toujours en sa qualité de lettrée : elle se mit à écrire avec une écriture aussi nette qu’elle pouvait malgré sa main tremblante.

Les mots tombèrent sur la feuille les uns après les autres. Et le simple fait de les aligner fit monter les larmes aux yeux.

La lettre a écrit:

Mon enfant,

Je sais qu’ils vont te traiter de monstre. Ce n’est pas la première fois, nous le savons. Je sais qu’ils vont dire toutes ces horreurs ; les répéter jusqu’à ce que tu commences à y croire. Pourtant, nous le savons mieux que personne : aucun des mots qu’ils vont utiliser n’est vrai. Tu le sais. Alors ferme tes oreilles quand ils utilisent des mots qu’ils n’ont pas le droit de dire. Bouche les fort et ne les laissent pas t’atteindre. Tu n’es pas ce qu’ils disent : tu es mon petit garçon. Et mon petit garçon est le plus beau de tous les petits garçons. Ne les laisse pas semer le doute dans ton âme.

La dame de Valis que tu as déjà rencontré va nous aider aussi pour que tu reviennes. Nous la remercierons ensemble dès que tu seras de retour à la maison. Tu n’as donc pas à t’inquiéter car nous serons tous derrière toi pendant le procès. Chacun à notre manière, nous t’aimons fort.

N’oublie pas que ta mère tient fort à toi et qu’elle ne t’a pas abandonné. Jamais je ne pourrais. Je serais là, avec toi, dès que tu sortiras de cet endroit où te tiens loin de moi. Je ne peux juste pas te rejoindre pour le moment. Mais l’homme qui vient pour t’aider est n’est pas ceux-là qui sont mauvais. C’est un grand monsieur au grand cœur alors n’oublie pas de lui donner un grand merci. S’il tient sa promesse, il veillera sur toi le temps où je ne peux pas le faire.

Sois fort, mon ange. Sois fort encore un petit peu. Sois fort pour nous deux parce que j’ai besoin de toi.

Je t’aime fort, mon enfant. Surtout, ne l’oublie pas : tu es dans le précieux tiroir de mon cœur où je te garde en permanence et où je conserve aussi la mémoire de ton père. Alors fais comme moi : mets-moi dans un tiroir et penses y fort. De cette façon, je ne serais jamais très loin.

S’il te plait, bats-toi, mon petit homme. Et souviens toi de combien je t’aime. Dix-huit fois Marbrume, douze fois Morguestanc, quatre fois le continent, trois fois la mer et une fois l’univers, tu te rappelles ?

Ta maman à qui tu manques et qui te serre fort sur son cœur.

La plume arrêta de gratter. La maigrelette mère souffla délicatement sur le papier sur lequel elle ne pouvait plus rien inscrire tellement elle l’avait noirci. Il n’y avait tellement plus de place qu’elle avait été obligée d’écrire les derniers mots dans la marges en réduisant la taille des lettres. Fort heureusement cela restait assez bien lisible.

Quand l’encre fut sèche, elle se retourna pour tendre le papier au seigneur. Son bras tremblait comme le reste.

Je… Je n’ai pas d’enveloppe ni de cachet, s’excusa-t-elle toute penaude. J’espère… J’espère que ça suffira.

Et puis une idée la traversa. Du regard, elle se mit à chercher dans un coin de la pièce un objet parmi les jouets de l’enfant qu’elle n’avait pas eu la force de ranger. Quand elle l’eut trouver elle se s’accroupit et le saisit. C’était un petit paquet de parchemin non relié mais qui tenait les uns aux autres grâce à un savant pliage audacieux. Tous les papiers qui composaient ce petit ouvrage semblaient hétéroclites et parfois fort abîmés. Il y avait des dessins, des calculs et quelques écritures toutes mélangée. Sur le côté, il y avait une petite place pour ne pas perdre un crayon de bois devenu minuscule à force de l’usure mais qui convenait encore à des doigts d’enfant.

Pouvez vous lui donner ça de ma part aussi, dites ?

S’il venait à feuilleter ce mélimélo de papiers entassés, il trouverait énigmes, dessins enfantins, quelques exercices de calculs et autres énigmes pour l’esprits. L’écriture fine et gracieuse de l’érudite se mêlait à une écriture plus novice mais non moins bavarde. De quoi apporter un peu d’admiration pour ce garçonnet malade. Un lettré en devenir qui s’amusait des choses de l’esprit à défaut de ne pas pouvoir s’amuser de son corps qu’il fallait cacher.

La jeune réfugiée se sentait honteuse de devoir lui demander tant. Elle n’aimait pas l’idée que l’enfant soit tenu dans une cage avec des gens d’église. S’il avait quelque chose pour lui occuper sa jeune caboche, elle serait sentie un peu plus apaisée.

Or ce qu’elle demandait de passer à l’enfant devenait plus conséquent. Peut-être que le seigneur trouverait parmi les jouets quelque chose de moins volumineux et donc de plus raisonnable. Parce que cette situation faisait perdre la tête à la jeune femme.

C’était bon d’être aidée par quelqu’un qui avait encore la tête sur les épaules et qui n’était pas menacé de la perdre, pour l’heure.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyMer 3 Juil 2019 - 14:50
Il avait avoué à la femme ne pas être père encore, il n’avait pas eu cette joie. Son ancienne épouse avait été jugée infertile par un guérisseur. Cela avait été une dure épreuve pour le couple, évidemment. Sa femme était désœuvrée, remplie de honte. Pourquoi les Dieux n’avaient pas voulu qu’elle enfante, c’était une tragédie, qui laissait un vide inconsidéré dans le cœur de l’héritier. Seulement, puisqu’un malheur n’arrivait jamais seul, son épouse perdit la vie à cause de la Fange. Alors qu’il semblait perdu, tout ne l’était peut être pas pour le noble guerrier, la vie lui laissait encore une chance.

La mère déboussolée avait eut un petit rire nerveux, il était difficile pour elle de garder sa raison et ses repères, comment le pouvait-elle. Roland tentait de l’aider, mais avait peur de ne faire que remuer le couteau dans la plaie. Aurait-elle seulement la force d’écrire à son enfant, de réussir à poser des mots sur ce mal, à rassurer ce petit être abandonné et esseulé.

Elle lui proposa alors de s’asseoir, le temps qu’elle écrivait sa lettre, lui disant qu’elle ferait vite.

- «  Prenez le temps qu’il vous faut. »

Dit-il simplement, d’une voix douce, avant de rejoindre l’assise qu’elle lui montrait. Le lit n’avait rien de confortable et cela aurait pu être inconvenant pour un noble de venir s’asseoir ici. Mais, Roland n’y pensa même pas, il était déjà tellement préoccupé et se sentait concerné par cette sombre affaire, que toutes règles de bienséance étaient fortuites.

Elle lui tournait le dos, pendant qu’elle écrivait. Il tentait de s’imaginer les mots qu’elle pouvait bien gratter sur le papier, l’encre dansant sur la page vierge et se répandant en mots rassurants et aimants, ceux d’une mère pour son fils. La scène était un brin tragique. Il ne faisait aucun bruit, laissant ce moment suspendu, l’émotion gagnait sûrement la jeune femme. Il en était ainsi pour lui, bien qu’aucun signe extérieur ne venait le trahir, simplement cette boule au ventre et son cœur qui se serrait à son tour. Était-ce cela de devenir père, de s’inquiéter toujours, d’angoisser pour les malheurs de la chair de sa chair.

Louise avait alors terminé, elle laissa quelques secondes sécher le papier, puis elle lui tendit. Roland le prit, ressentant la main tremblante de la jeune femme.

- « Ne vous inquiétez pas pour cela. »

Il la mettrait lui même sous enveloppe, ce n’était pas un problème.
Elle s’arrêta alors un instant, semblant chercher quelque chose dans la pièce. Roland l’observa prendre plusieurs petits parchemins, un petit tas lié. Sûrement des dessins de l’enfant. Elle souhaitait que cela lui soit remis également.

- « Bien évidemment, je lui remettrai le tout. Je suis navré de ne pouvoir faire davantage. Je pars maintenant, j’essaie de vous donner des nouvelles au plus vite. Et j’espère que le droit de visite vous sera accordé très bientôt. »

Sur ces dernières paroles, il quitta la pièce, inquiet de laisser la femme seule dans cet état. Mais il avait cette mission à accomplir, il était de son devoir d’aller jusqu’au bout.


Dernière édition par Roland de Rivefière le Mar 9 Juil 2019 - 10:43, édité 1 fois
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyVen 5 Juil 2019 - 17:56
De part en part, le noble avait été d’une patience et d’une douceur étonnante en présence d’une personne si insignifiante. Il lui avait tout à la fois redonné du temps et de l’espoir. Quelque chose qui rayonnait maintenant sur le visage encore strié d’anxiété de la jeune mère.

Le petit aurait la lettre. Et de quoi lui occuper l’esprit. Au moins un peu d’elle-même si elle ne pouvait pas encore obtenir une visite. De quoi passer du baume sur son cœur déchiré.

Il allait maintenant partir et l’érudite le vit, lui, dans cette chambre de bonne, au milieu de toute cette misère, et elle songea qu’un miracle comme celui-ci n’arrivait qu’une seule fois dans une vie. Un évènement au moins aussi majeur que les alignements des astres. Il allait partir et elle le retient une dernière fois. Parce que, au milieu de cette horreur, de la séparation et de la douleur de la perte, il y avait un autre crime avait été commis. Un crime que la jeune femme mettait de côté pour se jeter dans une bataille perdue d’avance.

Monseigneur… souffla-t-elle avant de déglutir parce que l’envie de cracher son estomac vide la chatouillait rien qu’à l’idée de parler de cela : Il y a autre chose aussi.

Son air était grave. Un silence glissa, le temps qu’elle essaye de penser aux mots qu’elle allait dire et à la façon dont elle tournerait la révélation qu’elle n’avait fait qu’au voisin, pour le moment :

Les hommes en uniforme qui ont pris l’enfant… Ils... balbutia-t-elle alors qu’elle luttait contre sa voix qui déraillait. Ils ne se sont pas contentés de ça.

Elle ferma les yeux pour essayer de canaliser toute la monstruosité qui la travaillait dès qu’elle pensait à elle et à toute la douleur encore logée dans sa chair. Cette nuit et ses fauves se glissait encore et encore derrière ses paupières pour ancrer toujours plus le souvenir.

Le plus simple était donc de montrer.

Quand elle ouvrit les yeux, elle soutint le regard clair de l’homme. Ses yeux étaient froids. Durs. A la fois éteints et reflétant une fierté perdue. Son éducation était trop bonne pour qu'elle ne s'abaisse à cela. Mais à quoi lui aurait servie la fierté, n'est-ce pas ? C'était une foutaise qui s'en était allée en même temps que tous ses signes d'opulence. Elle n'était plus qu'une âme triturait qui se présentait devant ceux qui avaient le pouvoir de vie et de mort, armée de son seul sens de la justice aiguisée. Une justice qui ne ressemblait même pas à celle des dieux.

Malgré l’émotion, ses prunelles ne vacillèrent guère lorsqu’elle déboutonna ses manches pour montrer les contusions là où les hommes l’avaient maintenue, sur les poignets et les coudes. Des articulations qui auraient cassé si elle s'était débattue davantage. Elle ouvrit aussi un peu son col afin qu’il puisse voir son cou et tous les hématomes qu’ils avaient fait quand ils l’étranglaient pour l'affaiblir. Puis, lentement, elle remonta un peu sa robe afin d’exposer un peu la cuisse infiniment maigre, du côté où les boucles des ceintures avaient frotté jusqu’à faire de longues cicatrices sur la peau blanche qui semblait si fine et fragile. C’était le pire parce qu'ici, la viande était trouée, percée, à peine refermée.

Puis, elle baissa les yeux parce qu’elle avait honte et qu’elle ne trouvait plus la force de se tenir là, devant lui. Même si elle n’avait plus rien à perdre, exposer son corps et ces marques qui ne faisaient aucun doute sur son calvaire passé n’avait rien d’évident pour quelqu’un de cette pudeur intransigeante. Prestement, elle recouvrit toute la peau diaphane et maladive qu’elle avait dévoilé.

Alors, elle demanda ce qu’elle avait à demander. Parce que s’il y a quelqu’un qui pouvait punir cela, c’était peut-être ce messie :

Ils étaient quatre. Et je pense que vous et moi aurions la conscience plus tranquille s’ils pouvaient ne plus avoir l’occasion d’en toucher une autre.

Ce n’était pas une vengeance qu’elle cherchait, au fond. Peut-être voulait-elle simplement que cet homme prenne davantage conscience de ce qu’était la vie de ces petites gens qui ne vivaient plus sous la protection de personne. Comme une épave à la mer, la jeune mère se cognait contre tous les écueils. Avec le temps, même si elle continuait de s’effriter toujours plus, elle était devenue forte comme la roche : il y avait plus d’émotions sur le visage de l’homme que sur le sien.

S’il y a quelqu’un ici qui peut faire quelque chose pour mettre les véritables monstres en prison, je crois que c’est vous, monseigneur. Je pense aux enfants des autres. Ceux qui ont le droit de vivre.

Ensuite, elle le laisserait partir. Plus que tout, il fallait que ce noble tienne ses promesses rattraper la langue de vipère de tous les autres. Et les poings de leurs sous-fifres amoraux.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyMar 9 Juil 2019 - 15:05
Roland allait partir, quitter la pièce et la pauvre femme, quand cette dernière le rattrapa. Il y avait autre chose dont elle voulait lui parler. Il la trouvait hésitante. Peut être une autre faveur à lui demander. Il pourrait lui accorder, si cela était dans ses cordes bien entendu. Il s’en voulait déjà de ne pas pouvoir faire grand-chose à son niveau. Il l’encouragea alors d’un geste à parler, à évoquer ce qui le tracassait encore davantage. L’air de la femme le troubla néanmoins, ainsi que le silence qui s’instaura à la suite. Qu’est ce qui pouvait la mettre dans cet état, le malheur était déjà si grand. Le comte était plus inquiet maintenant, plus attentif aussi.
Elle évoqua de nouveau l’enlèvement de son garçon par les miliciens. Mais il y avait autre chose. Le blond fronça les sourcils, involontairement. Il contemplait son visage, surtout ses yeux, qui s’étaient clos.
Puis lorsqu’elle les rouvrit, les mots ne sortaient pas. Ils soutenaient tous deux le regard de l’autre, dans un moment étrange et incommodant. Il sentait tout le mal-être de la femme et il était contagieux. Il se sentait mal à son tour, alors que Louise commençait à déboutonner les manches de son vêtement. Il observait alors la peau fine et blanche de la jeune femme, qui avait été meurtrie. Elle montra aussi les traces de strangulation sur son cou. L’héritier des Rivefière serra le poing, lorsqu’il la vit remontrer doucement le tissu le long de sa jambe, les marques étaient encore plus visibles sur ses cuisses.

- « Les miliciens vous ont fait cela ? Comment ont-ils pu... »

Il s’avança un peu, puis se ravisa, laissant ses mouvements presque en suspens. Il n’était pas suffisamment intime avec elle pour avoir l’audace d’un geste envers elle. Puis, après tout cela, le contact n’était pas forcément le bienvenue non plus, songea-t-il. Il était attristé par le spectacle qu’il avait sous les yeux. Comme si qu’elle n’avait déjà pas souffert le martyr moralement lorsqu’ils enlevèrent son fils unique, encore fallait-il qu’ils la brutalisent et la marquent ainsi. Ils avaient certainement dû abuser d’elle. La colère monta, la rage brûlait le guerrier intérieurement. Il se contenait pour ne pas laisser exploser sa fureur.

- « Ces monstres seront arrêtés, croyez le bien qu’ils ne resteront pas impunis. Je demanderai au prêtre qui les a accueilli les détails. Il a sans doute le nom du milicien qui a apporté votre enfant. Facile de retrouver le reste de sa coutillerie après cela. »

C’était horrible, il n’imaginait pas le calvaire qu’avait vécu cette pauvre femme, pourquoi s’en prendre toujours aux plus faibles, pourquoi infliger cette souffrance et cette peine insurmontable. Le visage de Roland était déformé par les émotions, il n’arrivait plus à les cacher. L’histoire de Louise le touchait plus qu’il ne l’aurait pensé, il ne pouvait pas se montrer insensible. Pourtant, elle, semblait rester forte malgré tout.

- « Je suis tellement navré de ce qui vous est arrivé Louise. Et aussi, je… » Il s’autorisa néanmoins à envelopper une main frêle de la jeune femme, entre les siennes. Il la regardait, il voulait simplement lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule. Et qu’il ne l’abandonnerait pas à son triste sort. «  J’admire votre force. Je ferai mon possible, déjà pour que votre fils soit rassuré, qu’il entende les mots de sa mère. Puis, pour ces miliciens, qu’on les empêche de sévir à nouveau. »

Puis il lâcha doucement sa main. Son regard était bienveillant, bien qu’aucun sourire ne pouvait se dessiner sur ses lèvres à présent. La gravité de la situation ne le permettait pas. Il lui offrit simplement un dernier regard empli de sincérité et de compassion.
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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. EmptyMar 9 Juil 2019 - 20:36
L’onde qui émanait du noble était douce et étrangement tendre. De celle qu’on laisse avec un mélange de pitié et de pardon. De la compassion, si fait.

L’érudite n’avait pas trouvé cette lumière chez personne de la caste des puissant. Pas de cette façon. Et, sans cette assurance qu’une tentative serait mené pour corriger une aberration qui les atteignait tout deux dans leur humanité, elle n’aurait pas pu le laisser partir. D’aucune manière elle ne réclamait vengeance. Comme tout le monde, elle voulait simplement faire de cet endroit de damnés un monde meilleur.

Lentement, poliment, elle hocha la tête quand il lui assura qu’il ferait son possible pour retrouver des noms. Tout ce qu’elle pouvait lui donner, c’était des descriptions de trognes. Cependant, il aurait été long et douloureux pour tout le monde de lui arracher quelques portraits. Les visages ne lui revenaient que par bride et elle s’appliquait depuis quelques jours à essayer de les oublier. Se focaliser sur ce qu’il adviendrait de l’enfant l’aidé à canaliser la peine ancré dans sa chair, entre ses cuite et les débris de dignité qu’il lui restait.

Les traits du grand bond en uniforme se déformaient, marqué par toutes les émotions qui lui tordaient un peu l’âme. Celui de la jeune femme ne se crispa même pas. Fermé. Parce qu’elle avait appris à camper son rôle de mère sans sourciller. Elle semblait presque détachée. Comme si voilà un fait qui ne la concernait pas vraiment même si l’évènement avait abîmé sa chair en profondeur. Pourtant, après toutes ces épreuves, la perte de sa famille, la fuite vers le dernier refuge de l’humanité, l’enlèvement de l’enfant et sa nuit de violences, l’érudite gardait toujours les pieds sur terre. Tant qu’elle gardait un cap et une direction, elle s’agrippait fermement à la barre avec une puissance qu’on n’imaginait point dans une si petite personne.

La main chaude de l’homme qui enveloppa la sienne la surprit parce qu’elle connaissait les manières des sang bleus et qu’elle n’aurait pas pensé que l’homme s’autoriserait à toucher un bout de femme qu’il savait maintenant doublement impur. Ses yeux se fermèrent. L’érudite serra les doigts juste pour lui rendre l’énergie qu’il était en train de lui transmettre. Sa reconnaissance débordait de cette manière.

Car maintenant, elle ne voyait plus rien à lui prendre. Ni promesse, ni temps inopinément.

La sincérité dont il faisait preuve le rendait un peu irréel et, même après qu’il soit parti, qu’il ait emporté la lettre et le cahier pour le petit, il laissa un peu de sa présence ici. La mère éplorée ne réalisait gère l’étendue de ce qu’il venait de se passer.

Si elle avait cru aux Dieux, elle les aurait chaudement remerciés dans un flot de prières. Mais il n’y eut pas de mélopée parce que ceux qui avaient commis les plus brûlants des crimes retenaient le fruit de ses entrailles au Temple.

Quelque part, elle espérait que le sire de Rivefière serait de retour pour le procès. Qu’elle sache au moins que, chez la gente dirigeante, certain détenaient bien plus que la fortune. La richesse de l’âme vaut toujours plus que la monnaie sonnante et trébuchante
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MessageSujet: Re: [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise].   [terminé] "Ôter une mère à son fils, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre." ♠ [PV Louise]. Empty
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