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 La peste soit des voleurs [Terminé]

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MessageSujet: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyJeu 19 Nov 2015 - 17:29

C'était après bien des pérégrinations, aussi diverses que hasardeuses, que le garde Gunof revit la lumière du soleil. Une journée, qui avait débuté de la plus charmante des façons, avec une mission banale, option promenade et tancement de conscrit, un boc de vin chaud, pourtant chargée et malheureuse pour notre Mabrumeux. La poursuite d'une gaupe effrontée l'avait mené au fin fond d'un trou, loin sous la cité franche, et ce n'était qu'après un grand bol de chance et plusieurs heures de vagabondage souterrain qu'Anton, à l'air libre et réchappant sauf de cette terrible épreuve, conclut qu'aujourd'hui était un jour néfaste, c'est à dire une journée de merde.

C'était une journée de merde, ressassait donc l'agent de la paix ducale en parcourant les quartiers de la ville. Et comme il se promettait intérieurement de mettre la pogne sur la cause de ses malheurs du jour, ses yeux s'attachèrent à des courbes qui lui disaient quelque chose. Là, au tournant d'une ruelle, n'était-ce pas le cul de cette satanée magicienne qu'il aperçut ? Le doute disparut vite. Paranoïa ou pas, Anton se décida à se porter jusqu'à la silhouette familière, laquelle se dirigeait, au hasard d'une venelle, vers le tumulte provoqué par quelque rassemblement.
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyVen 20 Nov 2015 - 18:55
Un peu plus tard, pendant que les deux comparses vivaient d’extraordinaires aventures ou passaient de vie à trépas – les Dieux seuls savent.


- Va donc faire un tour du côté de la Place au lieu de détrousser mes clients ! Parait qu’y a du beau monde de sortie là-bas.
Sur le seuil de la maison close, Moira regardait avec amusement l’illusionniste boutonner avec le plus grand soin le veston doré, un ouvrage savamment brodé, et nouer le large nœud assorti façon lavallière. Soucieuse de son apparence, Nashley avait troqué son veston crasseux contre celui d’un dandy friqué, profitant de ce que celui-ci passait du bon temps en charmante compagnie, pour lui piquer ses effets. Le vêtement d'homme était fait pour des épaules plus larges que les siennes mais pas au point de rendre l'attirail grotesque sur son corps mince. Monsieur avait un goût exquis, c’était certain.
Elle gratifia la prostituée d’un regard entendu et ajusta son nouveau haut-de-forme avant de prendre la direction de la place, intéressée par le mouvement de foule.

L’endroit était noir de monde, la plèbe manifestement rassemblée devant quelque bateleur, allez savoir. Le contraste avec le sanctuaire des Maudits de Morgenhimmel qu’elle avait quitté un peu plus tôt, seulement habité par les morts, était saisissant. Non, pour rien au monde, elle n’aurait avoué ce sentiment insidieux de soulagement, celui de retrouver ses semblables. Elle sourit pour elle-même à la pensée des gardes puis reporta son attention sur la racaille. De sa position, Nashley ne pouvait voir ce qui suscitait autant d’agitation chez les curieux et décida de s’approcher, non sans lorgner sur quelques parures et poches au contenu prometteur. Les bourgeois bien fringués de la Hanse, vous m’en direz tant. A la pointe de la mode et des nouvelles tendances avec ses boutiques coquettes qui poussaient par ci par là, la Hanse attirait bien des gens malintentionnés.

Deux montres à gousset, trois paires de boucles d’oreilles et deux sautoirs plus tard, la voilà qui se tenait dorénavant à quelques mètres de l’estrade. Aux premières loges de la folie d’un prêtre fanatique aux pieds duquel trônait la carcasse abominable d’un Fangeux. L’escamoteuse ne put réprimer son incommensurable dégoût pour ces horribles monstres, et porta instinctivement la main au flanc gauche, la tête traversée par un souvenir particulièrement déplaisant.
Elle considéra le prêtre qui approchait une flamme dangereusement près des pieds d’une catin et d’un truand, enchainés et sales. Ce qu’elle abhorrait ces clercs et leurs pratiques sadiques déguisées sous l’acceptable « volonté des Dieux ». Puissent ces salauds ignares des plaisirs de la vie s’abstenir de faire justice eux-mêmes et vivre reclus dans leur temple à jamais.

Bien sûr, le cœur bien plus à sa place sur une carte à jouer que sur la main, Nashley ne se sentait pas de la jouer héroïne et défendre ses camardes des bas-fonds. Elle resta ainsi, dans la mêlée, complice, laissant le beau rôle au courageux qui venait de monter sur scène pour s’interposer entre le prêtre et les deux malheureux.

HRP : Ce post fait référence aux évènements du RP https://marbrume.forumactif.com/t214-la-peste-soit-du-monde-libre



Dernière édition par Nashley le Mer 16 Déc 2015 - 0:11, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyLun 23 Nov 2015 - 17:03
La venelle donna sur une petite place que surplombait des silhouettes encapuchonnées de noir. Entre lui et l'estrade de l'enthousiaste orateur s'était amassée une fouile mouvante, concentré autour d'un noyau dur de traîne-savates partagés entre l'appréhension provoquée par la mise en scène du religieux, la puanteur et la promiscuité de la placette et le plaisir d'occuper son esprit le temps du discours enflammé. Le bourgeois n'était pas en reste, et bien que certains se soient agglutinés au reste de la masse, hypnotisé par le prêche qui retentissait dans un silence entrecoupé de rumeurs outrées ou, à l'inverse, favorable aux thèses déclamées. Beaucoup avaient cependant, du point de vue d'Anton, des mouvements de protestation et des sourcils froncés.

Filant comme il pouvait la magicienne qui avait su métamorphoser un délicieux matin arrosée de vin chaud en incroyablement laborieux voyage dans les tréfonds de la cité, le garde Gunof commençait à ressentir une pointe de fatigue. Il avait passé la nuitée précédente à apprendre des ruelles, des tournants et autres joyeusetés urbaines à des nouveaux en vue d'un rapt éminent, et cette journée aurait dû être relâche, théoriquement. Malgré une constitution solide, Anton ne parvenait pas à prendre tous les éléments en compte de cette foule, et il évoluait à travers elle d'un pas fastidieux, et avec une relative rudesse. Son apparence excusait ses bousculades : il ressemblait au parfait traîne-sabre misérieux. S'étant défait auparavant de la rose et les larmes de Marbrume, l'insigne de son office de milicien et les armes de la cité, fourbu et recouvert d'habits crottés, malodorants, il poussait à qui mieux mieux tout en jetant des regards noirs à qui esquissait une plainte ou une insulte avant de revenir des yeux sur le haut de forme de sa catin de proie.

Le prédicateur dit quelque chose, on lui répondit dans l'assemblée, et la foule s'agita. Anton interrompit sa réflexion à propos de la mise de sa cible, particulièrement remarquable, surtout pour une femme qui semblait avoir des métiers aussi divers que délictueux. Il l'avait perdu de vue. L'avait-elle vu ? La masse humaine bouillonnait un peu plus, des cris parvinrent de l'estrade sans le garde incognito put apercevoir grand chose. Il ralentit, s'immobilisa finalement, et se mit à jeter des regards de tous les côtés, à la recherche du grand chapeau exotique de la gaupe.
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyJeu 3 Déc 2015 - 21:36
Un public en émoi, un prêtre à ridiculiser et un spectacle sordide à agrémenter de quelques tours de passe-passe étonnants. Finalement, n’était-ce pas là un tableau tentant pour notre trouble-fête professionnelle ? Nashley joua des coudes jusqu’à monter presque sur l’estrade, préparant déjà quelques piques acerbes à l’égard du déclamateur, quand une main rude s’abattit sur son épaule, tirant au passage sur quelques mèches dorées, et l’entraina sans ménagement à travers la marée turbulente de badauds. La poigne autoritaire – Pardi ! ça ne peut être qu'un homme ! – solidement arrimée à sa nuque l’empêchait de se retourner. Aussi se laissa-t-elle docilement conduire hors de la cohue, la main sur le chapeau pour ne pas le perdre dans la mêlée. L’avait-on surprise la main dans la poche d’un autre veston que le sien, une banale fauche comme elle en avait commis tant d’autres ? L’égo en prendrait un coup, c’est sûr !
Le prêtre, cet habile orateur, tenait trop en haleine les spectateurs pour que la foule ne leur jette un regard.

Ô surprise ! songea-t-elle une fois face à son ravisseur. Le balafré, les sourcils sévères et la mine froncée ou peut être l’inverse, se tenait devant elle, l’air intraitable.
L’artiste, loin de se décontenancer malgré son étonnement, c'est vrai, lui adressa un large sourire avant d’agripper son visage avec force et de l’embrasser à pleine bouche avec toute la pudeur d’une catin dévergondée. Peut être parce que pris au dépourvu par l’embrassade inattendue, l’homme ne fit rien pour l’en empêcher. Ou peut être avait-il bel et bien succombé à son charme ?
- Milicien obstiné, va ! J’aime ça ! Me suivrais-tu à la trace ?
Le sourire chafouin et les grands yeux innocents dont elle gratifia le garde frisaient l’indécence.

- Qu’as-tu fais de ta dame de compagnie ? demanda-t-elle en cherchant du regard le jeune homme qui, un peu plus tôt, suivait son maître comme son ombre.
- Lui serait-il arrivé malheur ?
Elle se mordilla la lèvre inférieure en une moue insolente qui n’appelait en réponse qu’une claque magistrale pour effacer le rictus railleur. Oserait-il, le bougre ?


Dernière édition par Nashley le Mar 15 Déc 2015 - 23:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyLun 7 Déc 2015 - 18:38
"Par la Sainte Trinité, que ces huiles consacrées vous purifie de vos crimes! Puisque vous faites le mal de mille manières, puis que vous ignorez mes exhortations pour votre salut, il ne me reste qu'une seule solution pour sauver vos âmes!"

Alpaguer l’escamoteuse coïncida heureusement avec le nouveau coup de théâtre de l’orateur furieux. Devant l’effet – il levait spectaculairement un tonneau et versa l’huile qu’il contenait sur ses deux captifs –, la foule eut un mouvement. Les encagoulés qui servaient de cordon à leur guide appréhendèrent la réaction des masses avec des expressions diverses plantées au visage. Etant cachées par les cagoules, notre garde sans insigne eut un mal fou à essayer de les déchiffrer mais leur langage corporel en dit plus long, et l'absence de réaction quand, sous leur nez, un brutal s’eut saisi de ce qui semblait être une jeune et accorte courtisane, apaisa un peu Anton, qui put traîner son gibier loin de la foule, icelle produisant une mauvaise impression sur ce méfiant milicien.

D’un pas hâtif, en lançant des œillades dans son dos tandis qu’il usait de Nashley comme d’un pare-choc contre le public, il s’écarta au plus vite de cette petite réunion qui ne sentait pas bon. A quelques pas du gros de la masse, qu’il continuait de sonder en de rapides coups d’œil, où la voix puissante du prédicateur tonnait moins qu’au premier rang, il avisa un étal de coutelier et plaqua sa causeuse de malheurs dos au mur.

Gunof en était encore à peser le pour et le contre entre "Alors, garce, tu te souviens de moi ?" et "Un mot de trop et je te jette en pâture à ces incendiaires fanatiques" quand la prestidigitatrice décida d'appliquer le principe de l'attaque comme meilleure défense et prendre l'initiative. Sans gêne ni hésitation, elle saisit à son tour le milicien pour y plaquer ses lèvres. Et le milicien de se laisser visiter la bouche sans opposer de résistance, interloqué par le tournant que prenait sans prologue l'interrogatoire. Le baiser fougueux s'arrêta quand elle s'écarta un peu, tandis qu'il faisait mine, avec hésitation, de verrouiller Nashley d'un bras à la taille. Elle parla un peu, mais il n'entravait pas tout à fait, grisé qu'il était.

-"Deux criminels! Un catin et un coupe-jarret! Quel sort doit leur être réservé? Le pardon? Deux coups de fouet? Non! Je vous dis non! Seule la Trinité sait punir!" Derrière lui, la voix du prédicateur sonnait avec un à propos qui réveilla un peu le Gunof. Il comprit un peu mieux ce qu'elle dit par la suite.

- Qu’as-tu fais de ta dame de compagnie ? Elle le chercha du regard après avoir fait référence à la matinée qu'elle leur avait fait subir, à lui et au vert qui l'avait accompagné dans un enchaînement effréné de situations merdiques. Ce souvenir, jeté au visage avec une telle nonchalance, et surtout après un baiser tel qu'il aurait fait bander le prêtre Mestre, fit cuire le visage d'Anton. - Lui serait-il arrivé malheur ?

Un ange passa durant lequel les murmures de la foule et le discours emplirent les oreilles des deux interlocuteurs. L'important était leurs regards. Ils se considérèrent en chiens de faïence, une seconde. Elle attendait une réplique à son insolence, avec une sensualité qui n'en finissait pas de le troubler, et lui cherchait un moyen de rabattre le caquet de cette peste sans attirer plus l'attention de la foule et des exaltés sur leur petite dispute de ménage. Malgré son trouble, il trouva vite, aidé en cela par sa jeune captive. Il décida de mentir ; sa main se resserra autour du bras de la voleuse et d'une voix amère, il déclara en la fixant d'un regard qui jetait des éclairs :

"Il est mort, à ta poursuite. Tu l'as tué ; c'est un mangeur qui l'a eu, mais la faute t'incombe." Alors, garce, se sentait-on toujours de sourire, ricana Anton intérieurement, tandis qu'il gardait un sérieux sépulcral sur la face ?
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyMar 15 Déc 2015 - 23:14
Le bougre n’osa pas.
Le baiser licencieux de notre illusionniste – cette diversion millénaire ! - avait orienté l’interrogatoire d’une manière qui échappait probablement au milicien. La poigne se voulait musclée mais se montrait plutôt hésitante et le bras autour de sa taille tenait plus de la forme. Il l’écrasait bien un peu contre le mur, essayant là d’imposer l'autorité du mâle. Mais elle connaissait que trop bien la promiscuité des corps masculins pour s’effaroucher de celui-ci, l’aguicheuse.

Mais voilà que le bras de l’homme se resserrait, que le regard se durcissait et que les lèvres se pinçaient en une mince ligne amère. Ainsi le protégé de notre cher milicien avait péri, bouffé jusqu’à la moelle par les marécageux ? Le sourcil haussé, la tête penchée sur le côté, la magicienne considéra le soldat pendant une longue minute, étonnée de la tournure des évènements. Mais le gaillard tint bon avec sa mine grave. Le rictus sournois de l’illusionniste céda la place à une moue incertaine, les yeux rieurs se firent circonspects. Oh non, Nashley ne se jetterait pas à quatre pattes pour lui baiser les grolles et implorer son pardon pour la mort atroce du jeunot. Un « Je n’en attendais pas tant » sarcastique résonnait très précisément dans son esprit et fit renaitre un soupçon de sourire.
- Un jeune homme intrépide et courageux que ton ami, tenta-t-elle.
Et le balafré de tenir son rôle à la perfection. Face au regard sévère de l’homme, l’illusionniste se corrigea vite et leva les mains de ce geste universel comme pour s’excuser de son ton si creux.

Derrière eux, le prêtre n’avait pas perdu son temps ! Le fou embrasait les malheureux et leurs cris déchirants transportaient la foule dans un état second. Le tableau sordide inspira notre comédienne et elle se composa une expression attristée, son corps impudique d’ordinaire à présent ramassé sur lui-même, vulnérable. Le charisme et le sourire goguenard de côté, cela lui donnait un air abattu qu’on ne lui connaissait pas. Ses paroles n’en restèrent pas moins un défi à peine caché :
- Tu m’as presque émue aux larmes, soldat. Alors, qu’est-ce que tu attends ? Coup d’œil vers la scène. Jette-moi dans les flammes purificatrices, moi, la pécheresse, la tentatrice, la meurtrière.
T’as les tripes ? Un pari risqué, très certainement, que de miser sur la compassion d’un homme qui venait de perdre son apprenti.
La rumeur courait que les adeptes de la magie et autres diableries de ce genre ne pouvaient périr par les flammes. A d’autres, ces foutaises !

Comme le garde tardait à réagir - qui le blâmerait d’hésiter ? – et aussi parce qu'elle ne souhaitait pas lui donner le temps d'y réfléchir, elle en profita pour reprendre, la fourberie de retour :
- J’ai en fait quelque chose à te proposer. Elle laissa planer un silence calculé pour ménager son effet. Tu as devant toi une prestidigitatrice de talent à ta merci. Profites-en ! Elle écarta les bras autant que la contention ne le lui permettait. Je ne ramènerai pas ton ami, c’est certain, même si mon cœur saigne à l’idée d’avoir causé sa perte La main libre sur la poitrine et la moue ennuyée. Mais…
Elle ne put réprimer l’éclat de fourberie qui illumina ses yeux lorsqu’elle lui dit :
- Demande-moi quelque chose, n’importe quoi, et je le ferai. Elle appuya l’index sur le torse du garde. Pour toi seul, soldat. D’un geste prompt, elle fit apparaitre un Roi de pique et le déchira en deux en s'aidant de ses dents, l'autre main étant toujours prisonnière. Je te donne ma parole.
Elle lui tendit l'un des morceaux, comme preuve du contrat, en haussant le sourcil.


Dernière édition par Nashley le Dim 20 Déc 2015 - 18:26, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyJeu 17 Déc 2015 - 13:58
Le manège de la prestidigitatrice arracha un rictus incrédule et amusé au garde, qui n’en revenait pas d’un tel aplomb. Il avait résisté à la première pique qu’elle lui avait fiché, son visage éclairé d’une insolence discrète, et elle s’était désistée. Il aurait pu tenir son rôle de frère d’armes mû par la vengeance si le prédicateur n’avait pas mis en œuvre ses menaces. Un hurlement de douleur, suivi d’un murmure excité, lui fit se retourner une seconde pour apercevoir avec horreur l’exécution s’amorcer, spectaculaire et dangereuse. Engourdi par la terreur d’être témoin immédiat d’un possible début d’émeute populaire, il faisait l’aller retour entre la masse agitée par les immolations ardentes et la blonde. Sa prestance parut l’abandonner, lui faisant perdre une tête de moins à l’impression d’Anton. Ne sachant que penser, sa tête brouillée par les autodafés, il ne sut pas non plus que répondre.

Muré dans un silence méfiant, dans l’expectative, elle n’eut pas de mal à captiver de nouveau toute l’attention du soldat. Lui, subjugué par la nouvelle métamorphose de la gaupe, l’aisance avec laquelle elle changeait d’habit, la regardait médusé. Une de ses mains gantées attrapa le morceau de carton automatiquement, sans qu’il prît vraiment conscience de ce qu’il faisait. Il avait, à cet instant présent, une main bloquée entre eux détenant cette semi-carte, l’air d’un chien dans un jeu de quilles.

Dans son dos, c’était les derniers cris parvenant du brasier plutôt que l’agitation de la foule qui le retenaient dans un état panique. Le garde Gunof avait assisté à son comptant d’exécutions, toutes plus inventives et spectaculaires les unes que les autres, et ce avec une indifférence professionnelle. Mais toutes avaient été ratifiées et bénies par les autorités. C’était la justice. Ici, ce groupuscule d’encagoulés, sans étendard ducal ni haut-prêtre ni prévôt, ne commettait rien de moins qu’un crime atroce. Et ce sacrifice sacrilège risquerait d’exciter les pires démons, qui enivreraient promptement la masse des spectateurs d’une fureur incontrôlable.

Il fallut donc un instant à Anton pour reprendre empire sur lui-même, sa respiration, qui s’était accélérée, à peine calmée. Il dévisagea la moitié de roi de pique qu’il tenait toujours puis la belle blonde. Son regard était étrange ; il sortait du vague, revenait de loin. Il reprit vie, ses paupières le réduisirent à deux fentes suspicieuses.

« Ta parole, hé ? » Il lui tordit le bras pour lui faire du mal. Son visage, jusqu’alors perdu, s’était durci, à l’image de ses deux yeux froncés. « Ca n’a pas de parole, la racaille de ton acabit, t’entends ça, gaupe ? » Il la secoua un peu en disant cela, rappelant sa force à la fille comme à lui-même. « Tu croyais t’octroyer un tel sauf-conduit à si bon compte ? Arf ! » Assuré de son pouvoir sur elle, il exultait moqueusement. Il avait jeté négligemment sa part du contrat, le Roi-de-Pique, et attrapé sa chevelure au dos de sa nuque de sa main libre pour renforcer encore l’emprise qu’il exerçait. « Y’a pas d’accord. Hun-hun. Nan. » déclara-t-il à l’oreille même de sa captive. Le coup de sang provoqué par les bûchers exerçait une influence pernicieuse sur le garde Gunof. Il se sentait de jouer au con, de se mettre en danger s’il pouvait lire chez cette femme la peur. Celle du péril affreux qu’elle avait mentionné plus tôt. « On part sur l’autre option. »

D’une main tremblante il l’arracha du mur où elle était plaquée, la mettant face à l’estrade, aux fanatiques et aux fagots enflammés, pour la propulser vers cette direction.
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyDim 20 Déc 2015 - 17:01
- Non !

Cela sorti comme un cri du cœur alors qu’elle remua sauvagement pour s’extirper en vain de la poigne de fer du garde. Pardi, le bougre la tournait vers les flammes des Enfers et les fanatiques ! Et elle, pauvre fille d’une lignée de faméliques dans son genre, pouvait bien trainer des pieds et gesticuler que le garde ne remarqua même pas la différence. Le bucher était dangereusement proche.
- Non ! Ecoute ! tenta-t-elle de nouveau en le regardant du coin de l’œil. Je peux t’être utile !
Il se tenait dans son dos et la maintenait trop fermement pour qu’elle puisse lui faire face. Sa prise avait coincé quelques unes de ses mèches de cheveux et les tiraillements la firent grimacer de douleur.

Ce salaud ne pouvait pas se laisser berner, comme tous les autres ?! s’insurgea-t-elle pour elle-même, trop préoccupée par le brasier approchant pour se soucier de l’expression de son visage qui, pour une fois, ne devait rien à son formidable talent pour la comédie. L’escamoteuse s’était trompée sur le compte de notre bon Gunof. Pour sûr, le corps et les manières friponnes de la canaille ne le laissaient pas indifférent mais bigre ! C’était à croire qu’il n’y avait pas que des bêtes aux instincts primitifs dans ce bas monde.

Les silhouettes encapuchonnées leur jetaient à présent des regards intrigués et les masses s’écartaient sur leur passage. Bientôt, la rumeur accompagnerait Nashley sur le bucher d’un « Pécheresse ! » confessionnel. Déjà au pied de l’estrade, la chaleur du brasier lui donnait des sueurs froides. Désireuse de ne pas attiser plus encore les braises de leur curiosité, l’escamoteuse cessa de se débattre et s’amollit dans les bras du garde qui dut changer d’appui pour la soutenir. La maligne en profita pour se retourner brusquement, et passer autour du cou du garde son nœud lavallière qu’elle avait discrètement défait un peu plus tôt. Elle se hissa en tirant sur le ruban doré jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent presque et ancra ses prunelles dans celles ardentes du soldat. La flambée jouait de ses reflets orangés sur sa trogne entaillée.

Nashley fronça les sourcils et le gratifia d’un air incrédule. Un peu plus tôt, quand l'illuminé approchait le flambeau des fagots, elle avait bien remarqué la réticence du Gunof et comptait jouer là-dessus.
- Est-ce que c’est pour ça que tu as prononcé tes vœux ? C’est ça, la justice, milicien ?
Puis son regard glissa sur sa tenue et un sourire machiavélique naquit sur son joli minois.
- Où est ton insigne au fait ? Qui comptes-tu impressionner dans ces loques de pouilleux ? Toi, un milicien ? Tss tss. Non, ils diront que tu es mon complice. Sois sûr mon ami que si je brûle, tu rôtis avec moi. Avant qu’il n’ait le temps de riposter, elle reprit. Toujours décidé à brûler vif ?
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyLun 21 Déc 2015 - 20:24
Il ignore encore pourquoi il avait continué quand elle eut demandé merci. L’intonation n’avait-elle pas été assez agréable ? Étaient-ce les mots qu’elle avait choisi qui ne lui avait pas convenu ? Il se dit, à présent, qu’il voulait peut-être pousser sa chance, qu’elle se dégradât sous ses yeux d’une manière plus pitoyable encore, qu’elle comprît bien sa leçon, et qu’elle le fît savoir avec force supplications et agenouillements. Car il avait persisté sur sa lancée comme s’il ne pouvait pas s’arrêter, qu’il n’y avait aucun frein. Et à mesure qu’ils s’approchaient du crépitement des feux, il se sentait se distancier de lui-même, se voir de l’extérieur avancer vers la possibilité d’une mort affreuse. Les mains qui pressaient le pas de la malheureuse n’était pas les siennes, ni ses jambes, qui la tractaient. Il avait ressenti quelque chose d’ineffable et qu’il ne se remémore depuis plus très bien, car la sensation avait été tassée au fond de ses rêves et des ombres de son esprit. Il s’était senti pris d’un grand vide, un vide bienfaisant qui l’avait mis en harmonie avec le monde. Un vide qui ne demandait pas de choix ni d’action. Il emmenait simplement, sans contrainte, l’individu vers ce qui lui était destiné, comme un enfant tenu par la main paternelle le ramenant dans la chaleur du foyer. Pas de désirs, pas de violence, le mouvement s’effectuait de lui-même.

Une fois il a pensé cette curieuse scène sous cet angle. Que mû par tout son être, il voyait dans les flammes la dernière étape, la fin qui amenait le pérégrin en sûreté. Aux paradis. Cette marche hypnotique dura quelques pas, où il ne maintenait sa captive qu’automatiquement, par réflexe milicien. C’est Nashley qui le sortit de cet état second, et de la plus belle des manières. Un presque pied déjà sur l’échelle qui remontait jusqu’à l’estrade, le garde ne vit pas venir la manœuvre, et en deux temps et trois mouvements, elle l’avait rappelé aux réalités, bien dangereuse, de leur situation, tout en lui offrant le plaisir de voir sa tête en gros plan. Et malgré la proximité, le vaste feu de joie, à son acmé, la couvrait d’ombres si bien qu’elle avait des allures d’ombre. Derrière elle, la géhenne grondait sur fond d’exhortations du prédicateur. Des cris, encore épars, fusaient en leur direction. « Pécheresse ! » « Maquereau ! » « Putain ! » On les remarquait, Anton n’arrivait pourtant pas à les entendre. Il écoutait l’ombre sertie de ces deux grands yeux clairs et brillants, encore dans le vague. Les questions qu’elles lui posèrent, motivés par la nécessité, résonnèrent pourtant fort au fond de Gunof, comme si elle était la balance du jugement, cette silhouette dans le contre-jour des flammes. Comme s’il était jugé. Ses vœux. La justice. Ne pas brûler, ou brûler avec elle.

Elle la vit un peu mieux car quand elle eut fini de le sonner, elle tourna un peu son visage et la lumière passa sur lui. Le monde matériel revenait en lui à cette image. Les instincts, les soucis, les souffrances, les angoisses refluèrent dans ce grand vase de haine et de peur qu’était Anton Gunof. Il sentit sous ses mains la jeune femme gigoter, son sang pulser. Ses pieds, de nouveau, le firent souffrir, se rappelant à lui de la plus efficace façon. Son regard chassieux lui donna l’image de ce visage tendu, mettant d’autant en relief la beauté des traits de la voleuse. Il redevenait lui-même, progressivement. Mais aux questions, il livra une réponse que le Vide lui avait soufflé. « Je m’en fous bien de ça. » dit-il, les yeux vitreux, qui la traversaient sans l’apercevoir et d’une voix absente, ailleurs. Ca puait les fantômes dans la caboche du garde, et ce court accès au fond de son âme en disait long sur son état véritable.

Et puis, peu à peu, il se reprit, s’aidant en cela des secousses qu’il affligea à sa proie. « Je m’en fous bien de tout ça, ça m’est égal. » répéta-t-il, mais par bravade, cette fois. Il se rappelait, maintenant, où il était, qui ils étaient, tout deux. Elle jouait à la con, et lui aussi. Et il voulait gagner. Mais pas avec élégance, il voulait gagner totalement. Ses pulsions de mort, elles irriguaient ce comportement irrationnel et borné. Il sentait bien qu’il mourrait s’il n’arrivait pas à la courber, à faire avec l’esprit de la blonde ce qu’il pouvait faire avec son corps. Il voulait la dominer entièrement, car ça voulait dire qu’il n’était pas vaincu, n’est-ce pas ? Ca voulait dire qu’il était quelqu’un et pas une coquille vide, pas un insecte que l’apocalypse broierait. « T’es à myssègue, t’entends ça ? T’es à moi, Schätzchen, ou t’es à eux. »
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyMar 29 Déc 2015 - 23:36
« Le maquereau et la putain » qu’on les appelait, en pleine querelle de ménage ! Pour sûr, la rumeur n’arrangeait pas leurs affaires.
L'absolution par les flammes, sifflait le prédicateur, et les esprits faibles corrompus par sa magie pernicieuse d'approuver ses mots. Ce que l’éloquence pouvait faire comme ravages, placée dans les mains d’un fou ou d’un rusé. Le Gunof avait bien failli y passer ! Une capuche blanche et une torche et la métamorphose était complète. Et n’avait-elle pas résisté qu’elle serait passée sur le grill ! Diable ! Tout ce cirque présageait-il des tendances suicidaires chez notre ami balafré ?

A lui ou à eux, qu’il lui proposait. Sans la moindre hésitation et sur un ton pressant, elle lui répondit :
- Toute à toi, mon soldat. Pour faire bonne figure et conforter la cohue dans ses dires, elle l’embrassa à nouveau à pleine bouche. Le garde ne broncha pas plus que l’autre fois. A son oreille, elle ajouta : Une fois tirés d’ici, tu pourras disposer de moi comme bon te semble, mais pour l’heure, te sens tu de jouer un peu la comédie, Maquereau ?
Le Gunof, le ciboulot au clair à présent, réalisait peut être qu’il se tenait en aussi mauvaise posture que la magicienne. N’était-il pas dans son intérêt cette fois-ci que de s’effacer derrière elle et la laisser faire ? Méfiant, le garde maintint toutefois sa prise sur la jeune femme qui, autrement, lui aurait à nouveau filé entre les doigts et ne se serait pas privée de le jeter en pâture aux adorateurs, pensait-il sûrement.

Elle descendit les marches sans attendre sa réponse, l’œil exercé appréciant son public. Ah ça jouait les puritains en bas, ça montrait du doigt et exhortait au bucher. Attendaient-ils qu’elle se défende ou se soumette qu’elle jouerait exactement le contraire ! L’esprit de contradiction inscrit dans ses gènes de gueuse l'incitait à la provocation, un art dans lequel elle était passée maître. A l’artiste, la scène et l’incarnation d’un rôle dont elle n’abusait que trop. Le sourire goguenard placardé sur son beau visage, la trouble-fête leur cracha presque à la figure :
- Oui une pécheresse ! Une putain sacrément douée, d’ailleurs ! Tellement bonne que les Dieux eux-mêmes s'agenouillent pour le plaisir de ma compagnie. Arrière ! Arrière ! Elle plongeait les mains dans les poches de son veston et en tirait des poignées de poudre écarlate qu’elle leur jetait au visage. Ou le malin qui est en moi vous pervertira et vous plongera dans la dépravation la plus immorale et la plus délicieuse !
Du rouge plein les doigts, elle leur décochait à présent des cartes à jouer tout en se frayant un chemin à travers les masses qui s’écartaient sous la harangue impétueuse de cette blonde sans gêne ni mesure.
Elle n’eut pas besoin de se retourner, le Gunof marchait dans ses pas depuis le début de son numéro.
- Sauvez vos âmes et reculez !



HRP : Je te laisse reprendre les rênes 🤡
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Dernière édition par Nashley le Mar 5 Jan 2016 - 17:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyMar 5 Jan 2016 - 11:38
Quand une grande blonde telle Nashley vous déclare quelque chose comme ça et ponctue au surplus d’un baiser, ça a effectivement de quoi remettre les pieds sur terre à plus d’un homme. Enfin, remettre sur pied. Disons que ça avait le mérite de réveiller un gars. Après, ça avait plus tendance à surprendre que de rappeler à la réalité. Et puis la réalité, dans ces circonstances… Elle avait un peu quelque chose d’irréel, à vrai dire, la réalité. Les flammes des bûchers dans le dos, Nashley dans la bouche, surplombant une foule vociférant à leur adresse, notre milicien dégrisé semblait sortir d’un rêve pour foutre les panards dans un cauchemar grotesque. Il embrassa de ses yeux écarquillés la masse qui grondait, criait « aux flammes ! » « brûlez-les ! » « Mort à la pute et son maquet ! ». Ca commençait même à jeter des trucs dans leur direction. Le souffle coupé, notre milicien opina du chef à tout ce que put lui dire la voleuse, sans toutefois réussir à la lâcher.

Elle avait heureusement plus d’aplomb que lui. Et un sens du spectacle qui, à l’heure actuelle, semblait aussi encombrant que superbe à l’Anton. La garce était à peine descendue des marches qui les auraient menés à l’échafaud qu’elle commença à brocarder la foule furibonde. Ca s’injuriait à qui mieux-mieux, et la belle sauveteuse, crut-il, un instant, eut l’ascendant sur cette centaine de voix. Gunof l’avait suivi, plus par défaut que par sa propre initiative, et avait même fini par lâcher son bras, toutes oreilles ouvertes sur les abominations que la catin du moment leur dégueulait dessus, à la piétaille, toujours plus remontée. Et puis, (comme ?) par magie, la voilà qui produit de grandes flammes rouges, plongeant les premiers rangs dans une panique bruyante. Derrière on hoquète de stupeur, on crie à la sorcière. La masse est perturbé, ça s’agite de toute part, beaucoup piétine pour reculer, d’autres tournent bride direction loin de la magicienne qui vitupérait et crachait cette poudre de sang.

Il n’en croyait pas ses yeux, l’Anton. La suivant comme son ombre, il la collait presque, la pressait parfois d’une main contre le bas du dos, la forçant à accélérer le pas au moment où sa magie leur ouvrit un passage. Les hommes, les femmes, tous ces visages grimaçant de terreur ou de haine, il ne les distinguait plus très bien. Ils allaient vite à présent, ils fendaient la foule. « Ca marche ! » susurra-t-il à son adresse comme à celle de Nashley. « Ca march… » Un gadin l’atteignit, arrêtant net son exultation et sa marche. Le contretemps réveilla les badauds, et la grande blonde, qui tourna la tête vers un Anton sonné, se prit une droite en pleine mâchoire, courtoisie d’un des spectateurs en colère. Le charme s’était dissipé, comprit Anton, qui rendit la pareille à l’agresseur d’un gentil crochet avant d’attraper la magicienne par la main. L’émoi était passé, et la foule réagissait en conséquence. Les harangues croissaient en intensité, on tentait de les happer de toute part. Ca courait autour d’eux. Ils se mettaient en chasse.

Il la tira vers l’avant, jouant du bras pour se tailler un chemin et gagner en vitesse. Des doigts l’attrapèrent au col, l’étranglant un peu. Un coup de coude, un gnon relâcha l’emprise. Il manqua trébucher, croche-patté comme un bleu. Son arcade saignait, et il y voyait mal. Une main le griffa, glissant heureusement sur sa joue sanglante. Il se débattit et continua son chemin, tractant toujours plus violemment sa magicienne, sur laquelle la masse se rabattait, la saisissant de toute part. Ces conneries lui donnèrent chaud, et il soufflait comme un bœuf, mu par l’effort. Mais enfin, ça se clairsema, la résistance s’affaiblit, et la pute comme le maquereau s’élancèrent à travers les rues de la Hanse.
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyJeu 7 Jan 2016 - 23:42
Fendre la marée humaine, cette centaine de doigts griffus avides de leurs vêtements et de leur peau, ne fut pas de tout repos. Certes, la sortie se fit avec panache mais pas sans quelques ecchymoses et rayures au passage. Tels sont les périls des bravades audacieuses.

A nouveau plongés dans un labyrinthe de ruelles, nos deux héros couraient à perdre haleine, zyeutant régulièrement par-dessus l’épaule pour s’assurer que le peuple ne collait pas leurs basques. Après quelques longues minutes, estimant leur avance suffisante, Nashley s’accorda une pause et le soldat en fit de même. Elle s’adossa au mur en nage, le souffle court et les joues aussi rouges que lui. Avait-elle jamais eu aussi chaud, dans tous les sens du terme ? Le Gunof faisait peine à voir avec tout ce sang qui dévalait sa tempe. Ajoutez à cela les nombreuses estafilades sur sa trogne déjà bien maquée, l’allure débraillée et les éclaboussures de ces « flammes rouges » qui avaient fait tant d’effet. Pour sa part, l’illusionniste n’avait pas meilleure figure que lui. Elle s’attendait déjà à une jolie coloration jaune-verdâtre à l’endroit où le branque l’avait frappée et peut être aussi aux bras. Je fais souvent cet effet aux gens, railla-t-elle intérieurement en massant sa joue endolorie avant de baisser les yeux sur sa tenue. Son beau veston n’avait plus de boutons et les coutures ne tenaient plus qu’à un fil ou peu s’en faut. Le haut-de-forme, proie facile, avait disparu dans la mêlée.

Devant la mine de son acolyte, Nashley éclata d’un rire narquois.
- Je parie que tu ne t’attendais pas à pareille journée en te levant ce matin. Devant l’expression du garde, elle s’esclaffa de plus belle. Tu commences milicien et tu finis presque dans les flammes, bouc émissaire de la plèbe et complice d’une sorcière. D’un geste machinal, elle remonta ses cheveux ébouriffés en une queue de cheval haute et noua le ruban doré, sans le quitter des yeux. Puis elle secoua la tête et sourit comme pour elle-même. Ca ne s’invente pas ça, pas vrai ?
Et les Dieux seuls savaient à quel point elle s’en réjouissait.

Des échos de pas et des éclats de voix à quelques ruelles de la leur les firent se dresser, l’oreille attentive. Encore ces fanatiques frustrés ? Sans besoin de se concerter, ils se remirent en route, le milicien se laissant à nouveau conduire par la magicienne et elle, de se laisser guider où bon l’emmenaient ses pas.
- Je t’invite quelque part. Promis plus d’entourloupe.
Son expression présageait presque du contraire.

Les fringues en pagaille, coiffés comme l’As de pique et peinturlurés en tâches éparses écarlate de la tête aux pieds ou presque, les deux comparses semblaient tout droit sortis d’une rixe burlesque. Et c’est ainsi que le duo se présenta au Chat huant, quelque part dans la Hanse, à l’abri des regards, avec un « Je ne veux même pas savoir » d’une serveuse revêche. C’était à croire que la canaille connaissait chaque taverne, chaque gargote disséminée dans les recoins les plus improbables. Et peut être était-ce vraiment le cas ? Elle se plaisait à donner cette impression aux gens, celle de tomber à pic aux bons endroits. Encore un effet de sa magie, probablement.

- Alors, camarade, à quoi buvons-nous ce soir ? lui demanda-t Nashley un peu plus tard, lorsqu’ils se furent installés.
Elle leva son verre pour trinquer.
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MessageSujet: Re: La peste soit des voleurs [Terminé]   La peste soit des voleurs [Terminé] EmptyLun 11 Jan 2016 - 12:03
Aux hasards des ruelles, la fuite les orienta au sud, vers la sécurité des quartiers plus mal famés, où la populace ne pourrait pas les attraper aussi facilement. Ils avaient, par instinct, avalé la distance qui les séparait de l’abri des districts périphériques et de ces venelles surchargées, chaotiques. Ils atterrirent, par quelque miracle, et en traversant un vague sentier perçant tant bien que mal un bloc de maisons convergeant sur une minuscule cour intérieure, autrefois ornementée d’une fontaine murale à l’eau pure reconvertie depuis en dépotoir. Nashley s’était appuyé sur le mur lépreux, jetant un regard vers les maisons au colombage fatigué qui ceignaient la cour, Anton, lui, était sur ses deux pieds, plié en deux, les mains sur les genoux. Il aspirait à grand goulot l’air nauséabond qui se dégageait de leur refuge, jetant quand il en avait la force un regard en direction de sa captive-sauveteuse.

Rude journée, qu’elle lui dit, le forçant à reprendre un peu de sa dignité en remontant la colonne vertébrale en une station plus verticale. La femme, aussi essoufflée que lui, se sentait cependant de sortir des saillies. Un rire rauque de la gaupe remit un sourire sur ses lèvres. Il l’infecta, ce rire, et l’homme, entre deux souffles bovins, lâcha des soupirs de joie. Journée mouvementée, oui-da. On ne s’y était pas ennuyé. L’air lui brûlait la gorge, comme la blessure laissée par des ongles hostiles, comme le sang qui lui coulait sur une moitié de visage, comme la poudre d’escampette rouge qui lui piquait encore un peu les yeux. Elle souriait, les yeux dans le vague le temps de faire un chignon. Ses bras relevés mirent en évidence sa mise défaite, ouvrirent son gilet définitivement déboutonné et mirent sa poitrine en valeur. Le cœur battant, il loucha franchement sur le corps de l’avenante gaupe. On ne s’ennuie pas avec celle-ci, se dit-il tout en s’imaginant les mains sur ces deux seins. Il remontait sur elle un regard libidineux qui lui arrachait ses vêtements d’hommes quand la rumeur de voix conclut leur halte.
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