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 Les reîtres s'en vont au port

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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyDim 12 Mai 2019 - 22:57
Samedi 20 avril 1166

Voilà plusieurs semaines que Bérard et les siens s'étaient installés dans les quartiers des Gryffons Moqueurs, au port. C'était là un havre sûr où baguenaudaient l'ineffable compagnie de porte-glaives aux ordres du baron de Sombreval, qui n'était nul autre que l'ami d'enfance du grand blond. Au nom de cette amitié, le bâtard d'Ergueil avait non seulement obtenu l'hospitalité pour lui, mais également pour ses ouailles ; or c'est précisément avec elles qu'il causait ce jour là, à l'ombre d'un soleil de printemps, sous une remise. La discussion semblait quelque peu houleuse : si Aymon se tenait en retrait, les frères Talhardt, Ewald et Erwin, demeuraient résolus à percer quelque mystère.

« T'as niqué une comtesse ?
- Non.
- T'as buté un bourgeois ?
- Non.
- T'as trouvé un trésor ?
- Non.
- Merde, me dis pas que tu fais tourner ton cul, Bérard. »

Fort heureusement non plus, pensa le grand blond, il ne faisait pas tourner son cul dans les caves du Goulot. Vu la coquette somme qu'il s'était faite ces dernières semaines, ç'aurait été assez difficile de marcher, pour ainsi dire. « Des armes neuves, de la bectance et des braies neuves, que je vous ramène, répliqua le chevalier à ses ouailles, et c'est ça dont j'écope ? De la questionnade et des gauloiseries ? Ach! Les mauvais compaings que vous faites, morbleu.
- Pas qu'on soit ingrats, lui répondit Erwin, mais c'est qu'on a pas souvenance que t'estoit bien pourvu - en numéraire, s'entends.
- Aye, renchérit le grand Talhardt. Pas qu'on te veuille pas grand prince, hein - ou baron. Pas vrai les gars ? Mais on te connoit ; t'as jamais sous qui vaille. Comprends nous : ça détonne.
- Je comprends surtout, mauvaise race, que rapport à la confiance ça suit plus trop ; qu'à ma mansuétude vous faites fine bouche!
- Pouah, descends de tes grands chevaux, le Bastre! On tient à toi, voilà tout.
- À d'autres ; tu tiens même pas à ton propre frangin!
- Certes, mais il fait pas des cadeaux pareils, faut dire. » Goguenard, le plus vieux des Talhardt allongea une claque à son cadet. « Mais c'est pas que ça, crois m'en. T'as du bien, on est heureux pis davantage ; j'aimerais juste pas que ça nous attire de la bricole, ta subite fortune.
- Eh quoi, Ewald, t'as la vertu qu'a poussé ? Je t'ai pas connu pour pinailler sur de l'or.
- Ce que veulent dire les frangins, Bérard, c'est que s'il faut te couvrir, on aimerait juste savoir dans quoi on se fourre.
- Y'a rien qui renifle le malhonnête, Aymon, temporisa le grand blond, sur ma vie.
- Alors pourquoi tout ce secret ?
- Aye, aboya Ewald, comme Aymon dit! Ça cache quelque chose.
- V'là-t'y-pas qu'on va de nouveau se retrouver à devoir défendre ta ganache, le blondin! Je gage, là, CÉANS.
- Aye, Erwin, comme l'autre soir, qu'on a du sauver sa tignasse encore et toujours!
- La fille était déjà partie, Ewald ; et quand elle me cognais, vous picoliez.
- Peut-être, mais qui t'a ramassé dans la rue, hé ?
- Qui était là pour te venger, hé ?
- C'est comme ça que t'appelle rosser de la vieille ? Vous me faites bien rire, les frangins!
- N'empêche que sans nous, tu serais encore humilié. Que tu le veuille ou non, t'as besoin de nous! Alors fais point les discrétieux, le Bastre, et aboule donc d'où tu tires ton pactole. »

Poussé dans ses retranchements, Bérard réprima un long soupir. Pris séparément, les deux frères Talhardt étaient chacun de sacrées teignes. Fort heureusement, ils avaient l'habitude de se tirer mutuellement dans les pattes - ce n'était hélas pas le cas aujourd'hui, puisque par quelque alignement singulier des planètes, Ewad et Erwin s’étaient résolus de chier de concert dans les bottes de Bérard. Ce dernier, vaincu, s'apprêtait à leur lâcher finalement le morceau, si soudainement dans la cour n'était pas entré en trombe Ulysse et quelques uns de ses Gryffons.

Saisissant l'opportunité au vol, le grand blond s'éloigna un instant de ses compères pour aller saluer son ami d'enfance. « Ulysse! lança-t-il alors qu'il approchait le baron. Mortecouille, tu me sauves d'un sale pas! »
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Ulysse de SombrevalBaron
Ulysse de Sombreval



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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyMar 14 Mai 2019 - 18:16
Mon quotidien avait radicalement changé depuis quelques semaines désormais entre les chaleureuses retrouvailles avec un vieux compaing d'enfance que je considérais de facto comme un second frère à l'instar de Francis de par la réminescence de la profondeur de notre lien passé à mon intégration à l'ordre de l'Astre d'Azur assortie d'un serment d'allégeance à un suzerain innatendu en passant par la rencontre du futur compagnon de ma dernière parente parente qui avait vu sa valeur reconnue de toute la cité lorsqu'elle fut nommée sergente de la milice intérieure. D'un coup de pinceau la peinture sur le chevalet s'était notoirement éclaircie la famille s'agrandissait car j'avais prévenu le blond héritier que je le considérerais bien plus comme un beau-frère que comme le cousin par alliance que nous deviendrions et ce parce que ma cousine était ma dernière famille de sang. Mes dettes s'étaient quelque peu allégées par des manoeuvres plus ou moins honorables. Seulement, cela n'était point ici que la cerise se hissait. Non, tout cela ce qu'un homme rationnel aurait pu considéré comme préséant sur les peines émotionelles n'était à mes yeux rien comparé au meilleur de cette évolution. 


Sydonnie m'avait secouée de manière salvatrice, Francis m'avait conseillé de suivre mon coeur cet incorrigible queutard chevaleresque, la mystérieuse Lyanna m'avait aidé à comprendre que la cendre sur mes lippes n'était point une fatalité, des nobles comme Zéphyr et Aymeric autant que mon suzerain et sa belle-soeur m'avaient aidé à me rendre compte que ma tragédie n'était point unique ce qui constituait une bien belle évidence cependant chaque personne ayant connue le malheur véritable sait à quel point l'on est persuadé que la desveine lui est destiné et enfin les remèdes d'une adorable jeune femme avaient fait leur oeuvre bienfraitrice sur un organisme qui eut été à bout de souffle. L'Azur avait redonné un sens plus concret à ma survie tandis qu'il me permettait de continuer de me battre impitoyablement contre la Fange. J'eus pu aisément trouver ce revirement aussi détestablement brutal que la vague venant fracasser l'esquif frèle de la barque du pecheur cependant j'étais bien trop débordé à présent pour y préter la moindre attention. 


A l'image du cavalier fendant la piétaille ralentir eut été synonyme de risque, risque de retomber dans mes tristesses tumultueuses ce que je me refusais à ne serait-ce que concevoir désormais qu'à l'issue de deux longues années de souffrance dévorante je me sentais de nouveau presque plus vivant que mort. Il n'empechait que ce regain de vitalité avait pris toute la maisonnée de court et que sans gouaille déplacée toute ma troupe du plus noble au plus roturier de mes hommes s'était engoncée dans une sorte d'acceptation muette de mon drole d'état. 


Habitué à me voir passer de la mélancolie la plus profonde à l'exaltation la plus sauvage, de la fureur de me salir les mains dans les marais à l'aspiration à la solitude la plus doucereuse mes Griffons semblaient bien plus tourneboulés que moi par ma subite renaissance. Ce qui bien entendu ne manquait pas de m'exaspérer au plus haut point. En ce jour d'hui, je comptais aller m'entrainer avec mes hommes d'armes à la caserne du port. Et surprenant un peu plus mes gens je quittais le manoir sur mes guibolles. Encadré de quelques uns de mes proches qui se lancèrent dans un déluge de palabrerie aussi futile que ridicule. Ser Francis mon second et meilleur ami éternel élégant dans son harnois, Enzo gueule d'ange et sa lippe séductrice, ser George premier boucher parmi les bouchers, ser Lucius fils de mon plus puissant vassal sourire insolent aux lèvres, Gabriel sans terre illégitime d'un ami de feu mon père, Sam le rouge soudard le plus vicieux de ma coterie et enfin Alan surnommé affectueusement la Foudre par la camaraderie soldate. Et, je les entendais déblatérer leurs conneries alors que nous descendions d'un bon pas les grandes allées de l'Esplanade. 


-"Non mais regardez le c'voit clairement qu'il y a embrouille !"
-"Tu préférais pt'et quand le baron tirait la tronche du matin au soir Sam ?"
-"J'pas dit ca Joli coeur. J'pas dit ca seulement c'est un coup à ce qu'il nous cache quelque chose."
-"Notre commandant a rencontré une donzelle vl'a tout. Rien de mieux qu'une chatte pour en oublier une autre."
J'aurais pu me retourner et coller un soufflet à Alan pour celle-ci. Mais, je n'en fis rien. Non pas que j'oublais Cat mais de manière incongrue les voir se démener ainsi m'amusait au plus haut point.
-"Vous n'y connaissez décidemment rien aux affaires de coeur messieurs." lanca Francis.
-"Manquerait plus qu'il se mette à devenir dévot et on serait bon pour se coltiner un prètre dans nos rangs." Placa Gabriel.
-"Y'a quelques pretresses qui valent le coup d'oeil pas vrai Boucher ?"
Le chevalier se contenta d'un vague haussement d'épaule qui fit cliqueter son harnois. En voilà au moins un qui s'en foutait les breloques que son baron leur apparaisse changer. Cela ne l'empecherait pas de continuer de massacrer en son nom. 



-"De toute manière, t'y connais rien en femmes. T'préfères une belle épée."
-"Il ne descend mème plus tremper dans la camarde. Seriner des grandes gueules. Faudrait pas qu'il ramolisse."
-"Et ce n'est pas plus mal. Déjà que l'on doit se coltiner vos présences dégénérées." Taquina ser Lucius.
"Il va bientot se remarier v'la tout. C'pour cela qu'il rayonne. Il a trouvé la perle dans cette putain de fosse à purin de cité."
"Mouais il a plutot engrossé une bourgeoise et il doit se la farcir mais elle est bien pourvue."
"En courbes ou en deniers ?"
"Ca ? Par contre comment ca se fait que le poète n'ait pas déjà été retrouvé troué dans les venelles par des maris cocus l'a du passé sur la moitié de la cité."
Ser Francis levait les yeux au ciel devant cette pique tandis que pour ma part j'éclatai d'un rire franc alors que nous passions les grandes portes de la caserne sous le regard des sentinelles. Leroy et Rob qu'un oeil. Saluant mes hommes d'un signe de la tète, ils inclinèrent du chef juste ce qu'il faut. Il n'y avait pas d'obséquieux dans la famille. Me portant dans la cour d'un pas vif et martial, je sentis mes lippes s'élargir en reconnaissant Bérard et sa propre bande de porte glaives. Ce dernier s'éloigna de ses camarades pour venir me saluer. "Bérard !" Lancais-je avant de lui accorder une virile accolade faisant teinter l'acier de mon armure. "Par le con d'Anur vieux frère tu m'en vois bienheureux ! Mais que se passa t'il donc qui t'inquiète tant céans ?"
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyMar 14 Mai 2019 - 21:04
Donnant de l'embrassade à son compère, Bérard survola un bref instant la coterie de porte-glaives que ce dernier avait apporté avec lui. Il connaissait certains de ces reîtres, pas si différents des siens sinon par la récurrence de leurs particules ; les autres, s'il ne pouvait prétendre savoir leur nom, au moins avait-il déjà vu leurs trognes céans, à quelques reprises. Ulysse, cependant, le tira bien vite de son observation pour s'enquérir de son tracas.

« Là, mon hardi! entama un Bérard jouasse, c'est que tu me sauves pour un temps de mes ladres! Hé, c'est pas moi qui pourrait prétendre à m'entourer de pareils paladins! » La pique était un peu grossière, mais si Ulysse n'était sûrement pas dupe de la valeur de ses hommes, pas tous éduqué à la grande et noble école de la chevalerie, nul doute non plus que ces reîtres, des routiers aguerris, ne s'offusqueraient pas pour autant. La seule exception résiderait peut-être dans les bien nés du groupe, auquel Bérard adressa dès lors des salutations, du moins à ceux qu'il connaissait : « Ser Francis, énuméra-t-il en s'inclinant légèrement, Ser Georges, Ser Lucien. »

De certains, parmi la mesnie, il gardait un souvenir lointain, datant de sa jeunesse à la cour des Sombreval. S'il n'y avait pas noué, sinon avec Ulysse, d'amitié particulière, pas sûr que Bérard ait cependant gardé bonne presse après son départ ; c'est que le bâtard d'Ergueil en avait été chassé sous l'opprobre. Mais de l'eau avait coulé sous les ponts et le nouveau baron, nul autre qu'Ulysse avait accueilli son ami d'enfance à bras ouverts : Bérard et les siens demeuraient donc tolérés céans.

« Mais je m'oublie! Venez vous en, les bastres! gueula le chevalier à l'adresse de ses hommes. Aymon! Porte moi ma besace! » Quoiqu'un peu hésitant, les trois porte-glaives finir par obtempérer et quitter l'ombre de la remise. Depuis leur arrivée ici, il y a quelques semaines, la bande à Bérard n'avait jamais réellement fraternisé avec les Gryffons d'Ulysse ; on se contentait d'une collocation polie, sinon distante. « Allez, quoi, faites pas vos sucrées, plaisanta Bérard tandis que les hommes se rapprochaient. Ça va faire une lune que vous dormez sous le même toit, serait temps, non ? » Laissant ses compaings briser la glace, il se reporta vers Ulysse, une fois que son second, l'archer, lui ait remis ses effets. « Tiens, Ulysse, glissa Bérard en confiant une aumônière remplie de piécettes au baron, c'est peu, mais je te dois bien ça, pour tout ce que tu as fait pour nous autres. »



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Ulysse de SombrevalBaron
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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyJeu 16 Mai 2019 - 20:17
Le surnommé Bastre me rendit fermement mon accolade bien fraternelle prouvant qu'en dépit du passage des années ainsi que l'éloignement forcé par son bannissement auquel je n'avais pu rien changé de mème que la houle de nos retrouvailles nous avions su conservé en nous cette amitié gaillarde aussi solide que la pierre sous nos guibolles. Ou du moins, nous efforcions nous de la reconstruire à l'orée de ce nouveau monde dont la fin semblait proche. Je ne doutais nullement que le regard rude de mon compère s'échinait en cet instant précis à détailler ma belliqueuse escorte d'alguazils qu'ils aient du sang bleu dans les veines ou celui tout aussi carmin une fois un trou béant dans la carcasse de la roture. Une fois nos imposantes silhouettes de vétérans séparées de quelques pas je sentis immédiatement un sourire goguenard fendre mes lippes à l'instar d'une plaie offerte à un adversaire trop arrogant à la différence qu'icelui m'était férocement bien agréable. Mon comparse aux mèches solaires semblait tout aussi jovial que ma propre personne et sa remarque sur sa petite bande de camarades rassemblée par la camarde incarnée par la Fange me tirait un grand éclat de rire. 


Tant eu égard au fait que la perspective de le savoir contraint de se dépétrer de la compagnie de ses ladres que de la pique relative à la noblesse de mes propres spadassins. Car, nous savions tous les deux que carapaconnés d'acier des scolerrets aux spallières un homme de guerre restait un boucher avant tout. Bien conscient de ce fait évident le grand blond prit néanmoins la peine de faire preuve d'un brin de courtoisie à l'égard des gentillhommes peoirautant derrière mon dos. "Ne me dis pas que tu leur dois déjà une dette de jeu tellement énorme qu'ils souhaitent te seriner. Taper le carton est un plaisir bien dangereux pour la santé de nos jours. Quant à mes paladins ils chient comme tout soldat. La différence étant qu'ils le font avec une distinction bien loin du soudard ordinaire."  Je pus deviner plus que sentir le sourire de Lucien, le visage impassible de George et l'expression mi figue mi raisin de mon second. Non pas que mon premier protecteur m'en voulait pour mon langage tout sauf chevaleresque mais plutot que ce dernier ne parvenait guère à se défaire d'une méfiance rancunière vis à vis de Bérard. 


"Ser Bérard." Répondirent les mieux nés de mes troupiers sans toutefois lui rendre son inclinaison. J'avais du rabacher dans les esgourdes qu'en dépit des apparences mon vieux compaing était également gentillhomme oblitérant la partie baronniale de son rang par respect pour son refus de la réclamer malgré mon soutien potentiel face aux instances ducales. Lucien était trop jeune pour avoir gardé souvenance du jouasse contrairement à George plus vieux et surtout Francis qui à l'instar de Bérard avait plus ou moins fait partie de la fratrie lors de notre insouciante et folle jeunesse. Icelui beugla à l'encontre de ses compagnons de survie et désormais de coterie de rappliquer dare dare. Je notai d'un air peiné le délai nécessaire à l'arrivée des bougres fringants n'ayant plus rien à voir avec les ouailles dépanaillées des semaines précédentes. Peiné car les compères de mon frère étaient comme mes propres routiers une part de ma famille. 


Lorsque le Griffon se montrait généreux il ne le faisait point à moitié disait on autrefois en ma baronnie. Qui plus est j'espérais que mes soudards ne se montraient point trop désagréables avec les nouveaux venus tout en sachant que comme dans chaque troupe l'arrivée de chefs étrangers était souvent dans un premier temps source d'agacement et de méfiance un brin rustre au nom du bel esprit de camaraderie. Je reprenais d'un timbre amical. "Une lune que vous vous sifflez le mème picrate et vous n'avez pas encore taper le carton ensemble. Ne me forcez point à vous coller un coup de pied au derche pour vous voir fraterniser. Méfiez vous de Quentin main d'argent ce saligaud est le meilleur tricheur qu'il m'ait été donné de commander. Ca a surement un lien avec ses telents d'archer."  


Me retournant vers le meneur de la petite bande et laissant nos hommes faire connaissance, je recevais avec une moue étonnée la besace bien pesante de piécettes. Froncant des sourcils, je reprenais. "Allons vieux frère tu ne crois quand mème pas que tu me dois quoi que ce soit ? Un loyer et puis quoi encore ? Tu es ici chez toi ! Bon, les temps étant durs je ne vais pas jouer les vexés plus longtemps et accepter ce pognon mais je te préviens n'essaie pas de me refaire le coup. Je ne te demanderais pas d'ou vient cet or. Car quelque chose me dit que c'est de ce fameux faux pas que je viens de te tirer." Concluais-je dans un sourire géné. Nul doute que mon compaing était au fret de mes soucis pécuniers. Comment ne pourrait-il pas l'ètre alors que mes saletés de soudards déblatéraient avec plus de célérité que des pucelles à encorner ! "Bon, que dirais-tu d'un petit duel ? Histoire de vérifier que tes aptitudes lors du tournoi n'était pas de l'esbrouffe."  La pique rendue dans un sourire bien plus enjoué j'attendais sa réponse après avoir lancé la besace à Francis qui alla la ranger dans le coffre de la trésorerie.
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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyLun 3 Juin 2019 - 18:00

Si le baron emboîta le pas de son invité au moment d'inciter leurs ouailles respectives à briser la glace, il sembla un peu plus hésitant quand Bérard, en catimini, vint lui glisser son aumônière au creux des reins. À l'instar des comparses du bâtard d'Ergueil, quoique de manière un peu plus élégante, Ulysse fit initialement la fine bouche. Doutait-il également de l’odeur de cet argent ? À moins que ce ne fut, comme il le laissa entendre, une affaire de fierté qui lui commandait de ne pas recevoir cette aumône. Le baron en cela reflétait bien son sang : lui qui avait toute sa vie été élevé dans une relative opulence semblait incapable de modérer son hospitalité, quand bien même le destin lui ait soutiré son bien. Le Fléau lui-même n'avait pu complètement changé Ulysse - ce qui était peut-être un mal, tant il est vrai que le seigneur, oublieux de cette nouvelle et mauvaise donne, s'était passablement ruiné après cela.


Cependant, l'atavisme nobiliaire du baron devait s'exprimer à nouveau. Peut-être par pudeur vis-à-vis de ce sujet ô combien vil qu'est l'argent, voilà qu'Ulysse sautait du coq à l'âne pour proposer à son commensal de ferrailler céans. La chose surprit quelque peu Bérard, qui à l'évidence aurait du s'attendre à quelque chose du genre. Non seulement ses récentes retrouvailles lui avait dévoilé la propension de son ami d'enfance à la saute d'humeur, mais avant toute chose, il savait ce gaillard être un fieffé boutefeu, un homme que la brette démange constamment. Qu'à cela ne tienne!


« De l’esbroufe, hein ? ricana le grand blond en soulevant un sourcil circonspect. Tu vas la voir mon esbroufe! » Sautillant quelque pas en arrière, Bérard héla ses compagnons : « Aymon, les Talhardt! Portez moi donc une de ces brettes émoussées! Et pariez donc sur moi, y'a de l'argent à se faire - de l'honnête! »
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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyLun 3 Juin 2019 - 23:21
Ma pique aussi vulgaire qu'une fille de joie étalant ses adorables charmes dans une ruelle mal famée ne tarda point à faire mouche sur mon compère que je savais particulièrement orgeuilleux quant à ses talents de duelliste. Un sourcil aux teintes de pièce d'or se dressa vertement sur son visage porté à la jovialité autant qu'à la morosité signe que je l'avais piqué d'un coup de pointe verbeux. Un sourire gaillard illumina mon visage couturé tandis qu'icelui répliquait de manière acerbe que j'allais en avoir pour mon argent dans une exclamation outrée qui m'extorqua un rire franc un brin moqueur. A dire vrai, je savais que le spadassin me valait largement cependant quand bien mème je courrai le risque de me voir vaincu en plein milieu de ma caserne je n'aurai pour rien au monde pu réprimer cette provocation goguenarde. Cela ne me rappellait que trop bien le bon vieux temps ou nous nous défions pour tout et pour rien sur les terres des de Sombreval. Je reprennais d'une voix un brin railleuse.



"Parfaitement de l'esbrouffe vieux frère ! Je suis certain que je vais te prouver que ton style de combat manque cruellement de finesse." Le colosse recula d'un bond sémillant traduisant sa soif d'en découdre et héla ses compaings d'une harrangue insultante. Bérard me rendait la monnaie de ma pièce et je décidai de faire de mème sans me départir d'un sourire en coin. "C'est cela apportez donc les brettes mes gaillards ! Francis fait sonner le rassemblement général. Rameute moi tous ces traines savattes. Que toute la compagnie assiste à un triomphe. Et, je vous conseille de miser sur le bon cheval si vous souhaitez rendre vos prochaines permissions mémorables." Mon second ne se le fie pas dire deux fois et tandis que les dénommés Talhardt nous tendirent deux épées émoussées le chevalier beugla à en réveiller nos aieux. Je saisissais la mienne d'un mouvement leste et remerciais le brave d'un signe du chef. Faisant mouliner la lame de ma dextre, je ne quittai point le d'Ergeuil du regard tandis qu'un coup de clairon résonnait dans l'air matinal.


En quelques instants le brouhaha s'imposa en conquérant dans la grande cour pavée tant les soudards cancanaient pis que des dames de la haute. Je gonflai mes poumons d'une bouffée d'air frais en jetant l'oeil à mes Griffons qui n'avaient pas mis longtemps avant de comprendre qu'il y aurait du spectacle et de quoi doubler ou perdre sa solde de manière plus expéditive qu'en tapant le carton ou jouant aux osselets. Déjà de la piécette changeait de mains sous les regards attentifs de mes chevaliers. Le large cercle nous encerclant restreindrait nos mouvements cependant un duel sans public était aussi inintéressant qu'une cuite sans chansons paillardes. Mes hommes connaissaient mon niveau, respectaient mes aptitudes de bretteur et m'avaient déjà vu tuer sans me fatiguer aussi je ne m'étonnais guère que la majorité fasse honneur à la solidarité du frère d'arme. "Bon et bien, je crois que nous pouvons débuter les réjouissances !" Mes lippes retrouvèrent leur formation initiale tandis que je me concentrai sérieusement sur l'engagement à venir. Je connaissais la valeur de Bérard et savais que ce duel serait d'anthologie ainsi qu'il me faudrait déployer un faste de technique, de ruse de voyou, de précision et de talent pour prendre l'asendant.
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MessageSujet: Re: Les reîtres s'en vont au port   Les reîtres s'en vont au port EmptyJeu 18 Juil 2019 - 21:15
Et quel duel que ce fut! Bientôt armés, les deux hommes s'avancèrent. Nul doute qu'en ces temps de géhenne, la vue d'une de ces joutes galantes, qui avaient autrefois fait frémir les cours des princes, ne manquaient pas de dépareiller. Et les hommes qui la livraient au tournoi aussi! Hâbleurs, réduits à se battre tandis que leur vie toute entière était de guerre lasse ; et pourquoi ? Pour un bon mot, pour un orgueil insensé alors que chacun n'était plus que l'ombre de lui même ? Ces deux ombres, du reste, n'en avaient pas moins été autrefois grandes ; quels qu'eussent été leurs vices et leur décadence, ils n'effaceraient jamais complètement la race et la valeur qui avait roidi jadis les deux enfants. Et quand bien même n'étaient ils aujourd'hui plus que faquins hagards, pas bien différent d'une hanse de croquants, les deux ladres n'en demeuraient pas moins de fieffés connards dès lors qu'une épée trouvait le chemin de leur pogne.

S'il s'était fendu, après leurs premières passes, de quelque pique à l'adresse de son compère, Bérard se mua cependant bien vite dans un silence seulement entrecoupé de halètements. Ulysse était un véritable démon, brette au poing, agile et leste là où le chevalier, lui, brillait par sa prudence et sa ténacité. On se cueillit ça et là, à la faveur d'une passe trop entreprenante du baron, ou quand ce dernier, redoublant d'audace, finissait par outrepasser la défense opiniâtre de son commensal. Morbleu, le connard m'épuise! ne manqua de penser Bérard, qui trop souvent se retrouvait à fouetter l'air de sa brette tandis que son adversaire s'esquivait sur ses longues guiboles.

Un quart d'heure passa ainsi, puis vingt minutes. Le chevalier ruisselait sous son harnoi, la sueur lui envahissait les pupilles. Malgré tout, Bérard tenait bon, néanmoins d'un moulinet un peu trop hardi, le grand blond perdit l'équilibre et s'affala pesamment. La rumeur se saisit de l'assemblée, qui du fait des lames d'entrainement ne s'était jamais attendue à quelque victoire éclatante ou un duel sanglant ; tout au mieux l'un rendrait les armes avant l'autre.

Et ce fut Bérard qui céda le premier : se relevant à grand peine, l'homme accusa le coup, prostré les mains sur ses genoux, avalant désespérément les gorgées d'un air qui lui semblait fatalement trop sec. « Pute borgne, croassa-t-il, tu gagnes! » Et la coterie de s'ébaudir : le maître de maison avait triomphé. Le grand blond, quant à lui, alla se plonger le visage dans l'abreuvoir des carnes, ou quelques minutes encore, il expulserait une bave épaisse et pâteuse.
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