Nom : Crachefeu

Prénom : Léandre

Age : 25 ans

Sexe : Masculin

Situation : Célibataire mais pas ascète

Rang : Saltimbanque dans la troupe d'Oscar

Lieu de vie : Dans la bâtisse de la troupe

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Saltimbanque
PCs: +1 Force, +1 Hab, +1 Cha, +1 Tir

Compétences et objets choisis :
- Acrobatie
- Adresse au tir (dague de lancer)
- Jonglerie
- Pyrophilie

Objets:
- Des dagues de lancer (ceinture et botte)
- Chapeau de feutre à bords larges
- Chemise de lin avec un gilet de cuir, pantalon de cuir et bottes de voyage
- Gourde contenant de l'alcool pour cracher du feu
- Pierre à feu dans une de mes poches

Léandre Crachefeu est un jeune homme qui a tout pour attirer les filles. Pourtant, il n’est ni l’Apollon des Muses antiques ni même le Phoebus solaire qui fascine tant. Loin de là… Avec sa barbe noire de trois jours, ses cheveux mi-longs qui mériteraient quelques coups de ciseaux, son regard sombre et pénétrant, il a tout du voyou avec qui les princesses rêveraient de s’enfuir pour braver l’autorité paternelle. Un côté malandrin qu’il accentue à loisir lorsqu’il sourit et étire la cicatrice qu’il a sur le côté gauche de son visage et si cela ne suffit toujours pas, il sait jouer de la prestance de sa grande taille et de ses muscles longs. Après tout, il n’est pas un saltimbanque pour rien… Captiver n’est-ce pas une seconde nature pour ces artistes de rue ?

De prime abord, Léandre est un homme légèrement en retrait. Il n’est donc pas rare de le trouver seul. Non qu’il n’ait pas d’amis ou qu’il n’attire pas la compagnie mais tout simplement parce qu’il recherche souvent la solitude. Petit trésor pour celui qui a toujours vécu avec une troupe nombreuse. Surtout depuis qu’ils sont confinés à Marbrume. Avant, il était plus facile d’avoir un instant à soi pour penser et réfléchir. Il suffisait de marcher plus vite ou plus lentement que les roulottes et chariots. Aujourd’hui, les murs de pierre de leur bâtisse, l’en empêchait, le gardait confiné avec tous les membres de sa vaste famille. Peut-être était-ce aussi pour cela qu’il était devenu cynique… A moins que ce ne fut la perte trop prompte de sa mère ou l’indifférence de son père à son égard ou ses sentiments plus que confus concernant la nouvelle venue dans leur bande. Peut-être même un peu des trois si toutes les horreurs qu’ils vivaient maintenant ne comptaient pas également.

Pourtant, il restait toujours autant à l’écoute des autres et il n’était pas rare que les gens de sa nombreuse famille viennent se confier à lui, cherchaient son avis sur tout et n’importe quoi. Il n’y avait qu’un seul sujet qui n’était jamais abordé, celui de la sirène. Personne n’était bien dupe de la tension qui existait entre eux. Il la haïssait autant qu’il voulait la posséder. Il la détestait de l’avoir pris dans ses filets comme n’importe lequel de ces idiots décérébrés qui la regardaient danser et à qui il avait des envies d’écraser le nez et de déchausser les dents une à une. Il se sentait comme un lion pris dans un piège inéluctable. Il avait beau feuler, rugir, se débattre comme un beau diable. Elle n’avait qu’à lui sourire ou baisser ses paupières langoureuses pour qu’il sente son sang bouillir et son cœur s’emballer à lui en faire mal. Une situation qu’il ne pouvait pas admettre, qu’il ne pouvait pas accepter… Surtout qu’il n’avait rien de spécial à ses yeux à elle. Elle jouait de ses charmes avec lui comme avec n’importe lequel de ses spectateurs. Il n’était qu’un pion pour elle, une chose insignifiante dont elle pouvait écorcher le cœur par petits lambeaux, un jouet dont elle pouvait se débarrasser sans le moindre remord.

Un peu comme Oscar, ce père indifférent. Léandre avait beau faire tout ce qu’il pouvait pour garder la cohésion de leur troupe, charmer les foules avec son feu et ses dagues, ce n’était jamais suffisant pour le vieux. Certes, il ne savait pas dompter les chevaux, les chiens et les rapaces comme lui. Certes, il avait du mal à danser et à jouer d’un quelconque instrument mais sa voix légèrement rauque n’était pas si désagréable que cela. Alors, il essayait encore et encore de satisfaire ce père éternellement déçu… sans jamais la moindre victoire et ce, malgré toute l’exigence et tout le cœur qu’il y mettait. De toutes façons, le vieux n’avait de yeux que pour la danseuse, retrouvant sans doute cette fille qu’il n’avait jamais eu, ce modèle d’enfant qu’il rêvait d’avoir à ses côtés dans son spectacle. Qu’est-ce donc un cracheur de feu et un lanceur de couteau à côté de cette créature divine et envoûtante ? Rien qu’un déchet, un boulet que l’on traîne jusqu’au jour de sa mort. Encore une écorchure de plus.

Des blessures qu’il n’arrivait à panser que dans le giron de quelques donzelles ou filles de joie lorsque la monnaie était présente entre ses doigts. Au lieu de se réfugier dans l’alcool comme certains autres, il soûlait son âme dans la chair comme un assoiffé cherchait l’eau fraîche. Il n’était donc pas rare qu’il fasse quelques représentations solitaires dans les bordels de la ville en échange de quelques parties fines avec ses habitantes. Après tout, si cela excitait quelques clients ou clientes de le voir fendre des fruits glissés entre les cuisses d’une fille nue… autant en profiter.

C'était dans un de ces bordels qu'il récolta sa cicatrice. Un client un peu trop aviné s'était cru permis de frapper une des filles. Une jolie petite blonde aux rondeurs alléchantes. Ce salaud lui avait entaillé les joues avec sa lame, gâchant ainsi la beauté de son visage, ruinant sa vie pour de bon. La colère dormante de Léandre s'était aussitôt réveillée et une bagarre avait éclaté sur son impulsion. Il était revenu à la bâtisse le visage en sang et les bras chargés de plusieurs victuailles que les prostituées lui avaient fournies en guise de récompense. Depuis, ce jour-là, il rendait régulièrement visite à l'infortunée pour qu'elle puisse rester dans l'établissement. Peut-être qu'un jour, si elle arrivait à se trouver un autre talent, elle rejoindrait la troupe...

Enfin… seulement si la Déesse serpentine se décidait enfin d’accorder à Léandre un peu de répit. Ne vivait-il pas dans un cauchemar depuis la perte de sa mère ? Ne s’était-il pas aggravé lors de l’hégémonie des Fangeux, ces détestables créatures ? N’avait-il pas atteint des sommets infranchissables avec l’arrivée de la perfide et cruelle Sirène ? Ne voulait-Elle donc pas qu’il soit libre ? Libre de parcourir le monde. Libre de choisir ses amours. Libre de vivre. Libre d’être lui-même. Que lui avait-il fait pour L’intéresser à ce point ? Pourquoi le bénissait-Elle de toutes ses largesses horrifiques ? Y avait-il un but à toutes ces souffrances ? Jouait-elle avec lui ? Prenait-elle les humains pour des marionnettes ? Il y avait de quoi hurler de frustration. Il y avait de quoi la haïr ainsi que les deux Autres qui ne bougeaient pas un seul de leurs petits doigts. Pourtant, pourquoi restait-il prostré dans son coin, acceptant tout et n’importe quoi au lieu de leur hurler sa colère et son désarroi. Peut-être cherchait-il encore en vain à comprendre ce qu’il avait fait de mal. Un cercle vicieux qui se refermait de plus en plus.

Léandre Crachefeu est le fils unique d’Oscar Langueagile, chef de la troupe itinérante des Saltimbanques de Marbrume. Une troupe assez grande qui compte les artistes et leurs familles. Un groupe haut en couleur et fantasque mais toujours prêt à se serrer les coudes dans l’adversité. Un rassemblement solidaire qui souffrait de devoir accueillir de nouveaux membres. Après tout, on était bien qu’entre gens du voyage, qu’entre personne sachant ce que veut dire « Liberté et indépendance ».

Ce fils d’artiste était à l’image de ces bohémiens. Toujours à courir sur les pistes, toujours à vouloir rencontrer de nouvelles personnes, toujours à écouter de nouvelles histoires, toujours à chercher à charmer pour un morceau de pain ou quelques piécettes. Dormir à la belle étoile, dans le creux de quelques racines de vieux chênes était encore son loisir préféré. Ce hobby lui devint même indispensable lorsque son père décida de commencer son apprentissage. Après tout, il fallait bien qu’il gagne sa croute au lieu d’être simplement une bouche de plus à nourrir. Malheureusement pour l’aîné comme le plus jeune, Léandre n’avait aucune de ses capacités. Il n’arrivait pas à séduire hommes ou bêtes avec sa voix et ses mots, un talent inné d’Oscar. Il avait beau cherché à tout retenir, à tout recommencer maintes et maintes fois, rien n’y faisait. Il n’y arrivait pas… même bouger ses pieds en rythme était un véritable calvaire. Surtout devant un père aussi impatient et intransigeant que le sien. A le voir aussi dédaigneux, aussi froid, Léandre en perdait même ses moyens, renforçant l’impression de son paternel sur son incapacité à faire quoique ce soit d’utile.

Pris en pitié par les anciens de la troupe, ces derniers lui montrèrent d’autres disciplines et il se trouva une affinée avec le feu et les dagues. Après tout, s’il ne pouvait pas être le jour éclatant, il allait être la nuit dangereuse et fascinante. Empli de rancœur, il se rebella silencieusement contre l’autorité du chef de la troupe en apprenant ces nouvelles techniques, montant même un numéro avec la complicité de quelques membres de sa vaste famille. Voyant que cela fonctionnait à ramener des denrées, Oscar le laissa faire, ne lui montrant qu’un masque froid et désapprobateur. Chose bien plus perturbante pour le jeune homme que les cris. Ce fut peut-être à cet instant précis que Léandre décida d’ignorer cet homme qui se disait son père et de consacrer sa vie au bien-être de ceux qui l’avaient aidé. Rien ne fut alors trop beau pour les membres de sa troupe, allant jusqu’à les aider lors de grabuges avec les habitants de certains villages traversés, à parcourir des lieues et des lieues pour trouver le médicament indispensable à la guérison d’un des bambins. Bien entendu, cela n’améliora en rien les relations entre les deux hommes. Après tout, Oscar n’était pas encore mort et c’était lui le dirigeant des Saltimbanques.

La seule chose sur laquelle ils s’entendirent était de rejoindre au plus ville la ville fortifiée de Marbrume en Juillet 1164. La situation commençait sérieusement à se dégrader avec l’éveil de la Fange et les rumeurs s’amplifiaient au fur et à mesure de leur avancée vers les villages à l’ouest. A tel point qu’une réunion se fit pour décider s’ils devaient continuer leur tournée traditionnelle. Devant les nombreux réfugiés qui commençaient à arrivés, ils ne purent que constater la violence des monstres aussi bien dans les propos des voyageurs que dans l’ampleur des blessures de certains. Préoccupé par le bien de ses propres gens, Léandre ne se rendit pas compte de la perte dont il allait souffrir pendant de longues années. Pour le bien de sa famille d’artistes, il sacrifiait sa liberté, son bonheur et sa joie de vivre. Adieu jolies couleurs. Adieu vent frais et chaleur doré du soleil. Adieu nouveautés agréables. Adieu meules de foin confortable. Bonjour grisaille. Bonjour promiscuité nauséabonde. Bonjour lassitude crasse.

La peur a bien une odeur. Celle de la merde, de la pisse et des vomissures. Celle des hommes qui ont baisé les bras et qui se laissent entraîner par la foule. Pas un n’essaie jamais de nager à contre-courant. Tous se précipitent la tête la première pour rejoindre les hauts murs de pierre. Tous courent vers cette prison grise et triste et Léandre n’a pas d’autres choix que de suivre lui aussi ce chemin-là. Trop de gens à mettre en sécurité pour prendre le luxe de se rebeller contre l’ordre établi. Trop de gens comptent sur lui et son père pour survivre et comprendre ce qu’il se passe.

Arrivés enfin en ville, Oscar vend les roulottes et autres chariots pour acheter une bâtisse à peine assez grande pour abriter tout le monde. Hommes, femmes, enfants, bêtes vivent les uns sur les autres et ils commencent à comprendre véritablement ce qui est en train de se passer en dehors des murailles. Il n’y a plus de machine arrière possible. Ils ne retrouveront plus la route de leurs itinérances. Elle est devenue impraticable et une guerre implacable vient de s’abattre sur le royaume. Putains de Fangeux !

Nombreux étaient ceux qui murmuraient même qu’il s’agissait d’une punition des Dieux. Comment leur donner tord alors que Léandre se met à étouffer de plus en plus ? Entre les quatre murs et l’omniprésence du regard dur de ce père impitoyable, il a du mal à respirer, à trouver un équilibre pour ne pas perdre la tête. Pendant un instant, il s’était même décidé à se porter volontaire lorsque le Roi appela aux armes son ban. Après tout, les Fangeux ne pouvaient pas être plus horribles que son père. Heureusement, Francine, l’équilibriste de la troupe, avait trouvé les mots pour l’en dissuader, arguant leurs besoins de lui pour les défendre contre les malandrins des bas-fonds, pour les aider à récupérer assez de vivres pour leurs enfants affamés. Ce fut pendant cet hiver-là qu’ils se séparèrent de leurs animaux, même le faucon qui savait compter connu le sort du tournebroche. Les ventres criaient famine et les plus faibles dépérissaient à tour de rôle. D’abord les anciens qui se sacrifiaient pour les plus jeunes au grand dam de Léandre. Encore un pan de son enfance qui s’envolait en fumée. Encore un soutien que les Dieux lui arrachaient. Puis vint les enfants et les mères ne supportant pas leurs pertes. Il y avait de quoi devenir fou. Il avait beau se démener comme un beau diable, il n’arrivait qu’à ramener un morceau de pain moisi et sale et cela un jour sur trois lorsqu’il était chanceux. Personne n’avait plus rien. Même les pêcheurs avaient du mal à nourrir leur propre famille.

Comme pour compliquer encore un peu plus les choses, Oscar crut bon de ramasser une loque humaine dans la rue pour la ramener chez eux. Une petite chose fragile qu’il couvait du regard avec une tendresse qu’il n’avait jamais eu pour son propre fils. Une aiguille prit le chemin de son cœur s’enfonçant de plus en plus au fur et à mesure que les mots s’enchainèrent pour sauver ce bout de femme misérable. Le pire était encore de sentir ses tripes se tordre et répandre une douce chaleur au fond de ses reins devant les traits fins de la donzelle en détresse. Des traits qu’il découvrait au fil du nettoyage de son visage par le chiffon que tient Claudine, la jongleuse, sa partenaire de numéro. Dieux ce qu’elle est belle !

Soudain le vert des deux émeraudes qu’elle avait à la place des iris le fixa comme s’il voulait le déchiffrer tout entier. Juste avant de l’abandonner pour couver du regard le vieux saltimbanque tout mielleux. Un double rejet qui se précisa au fil du temps. Indifférence, jeu cruel, moquerie silencieuse étaient devenu son quotidien. Jusqu’au jour où la goutte déborda le vase et Léandre demanda le départ de Cérène à Oscar. Après tout, ils avaient déjà du mal à nourrir les leurs alors pourquoi prendre une bouche supplémentaire ? Le ton monta et l’incompréhension entre les deux hommes fut à son apogée. Ni l’un ni l’autre ne se comprenait… même s’ils partageaient de nombreux points en commun.
Pendant de nombreux jours, Léandre disparut pour lécher ses plaies à l’âme, trouvant refuge tantôt chez une fille courtisée tantôt dans un bordel de la ville. Il vécut de son numéro et du bon cœur des gens de Marbrume. Jusqu’à ce qu’un petit noble s’en prenne à une fille de joie, une de ses préférées. Le duel fut rude mais l’honneur de la fille fut lavé et le visage de l’artiste autant ravagé que celui de cette dernière. A croire que le malotru avait un faible pour taillader les jolis minois.

Les bras chargés de victuailles, digne récompense du bordel, il se força à enfin entrer et partager sa bonne fortune avec le reste des artistes. Bien entendu, il fut accueilli avec la joie de ses compagnons et l’indifférence de son père. Petit bonus supplémentaire : la moue dédaigneuse de Cérène, juste avant qu’elle ne lui serve un de ses sourires de pacotille. Un sourire brûlant de sensualité et hypocrite à souhait.

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