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 Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :

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Merrick Lorren



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MessageSujet: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyVen 7 Juin 2019 - 19:31
À trop fouler le même sol, un conquérant désespère et fatigue de la facilité de son précédent triomphe. C’est un peu le constat et la réalité qui étreignaient Merrick Lorren, plongeant son esprit aviné dans un marasme et dans une ambivalence de tous les instants. Dès lors, c’est en quête de nouveaux défis qu’il déambulait dans les ruelles et les venelles de la Hanse. Toujours est-il qu’il n’y avait guère d’inquiétude à avoir. L’homme d’armes n’était aucunement fatigué de côtoyer la propriétaire de la Chope Sucrée. La réalité était plus tôt que la tenancière l’attirait toujours autant, mais que l’attrait pour son établissement allait en diminuant et déclinant. Le débit de boisson situé sur la place des pendus n’était pas un véritable lieu de perdition, où les quidams et les badauds qui s’esclaffaient et qui s’égosillaient étaient de véritable briscard de la bouteille. Tenue d’une main ferme par Estelle et sécurisée par la présence plus que lourde de la milice, dont la caserne n’était guère loin, la Chope Sucrée conservait toujours ses lettres de noblesse. L’endroit ne côtoyait que très rarement la déchéance et la décrépitude d’autres tavernes qui, elles, pourraient s’apparenter à des débits de boisson et sa clientèle à des débris de la boisson…

Ainsi donc, Lorren déambulait en quête d’un endroit à même de le réconcilier avec la débauche en elle-même. Le menton relevé vers le haut et la démarche aussi fière que vacillante, le couard avançait sans se retourner, convaincu que son bonheur se trouvait devant lui. En cette heure, la soirée avait déjà périclité et connu son dénouement, remplacé par une nuit sans nuages où la lune trônait bien haute dans la voûte céleste. Ledit astre était l’unique source de lumière de l’endroit. De fait, c’est grâce à ses rayons diaphanes que l’ivrogne pouvait voir où il mettait les pieds.

-”Mmmmmh...c’est à l’auberge qu’elle lui offrit son p’tit écu...mmmmh.” Chantonna-t-il pour lui-même, sifflotant l’air joyeux, mais surtout paillard, de la mélodie. Arrêtant sa marche de lui-même, Merrick fronça les sourcils. Cela faisait combien de temps qu’il n’eût pas poussé l’audace, mais surtout le vice, à déambuler de la sorte et à aller s’assommer dans une taverne ? Longtemps, bien longtemps. Alors, est-ce que...est-ce que de côtoyer Estelle de Chantauvent était en train de l’assagir ?! Frappé avec force devant ce constat, qu’il vivait comme un aveu de faiblesse, Merrick se passa les deux mains dans sa chevelure. Jamais ! Il ne flancherait pas maintenant. Sa réputation n’en serait pas plus ternie ! Sa fierté était en jeu !

Hochant la tête pour raffermir sa prise de décision qui était aussi tanguante que son allant, le jeune homme décida de changer de direction. Il connaissait une autre auberge dans le coin, un endroit où ses frères d’armes passaient la plupart de leur temps. Avant, Merrick avait tendance à les suivre. Aujourd’hui, il les retrouverait pour de bon et referait naître sa légende ! Convaincu de prendre la bonne décision, le milicien partit en quête de son prochain triomphe…

-”Il rentra par la p’tite porte arrièreeee...Mmmmh.” Reprit-il de plus belle et de sa voix éraillée.

◈ ◈ ◈

-”Eeeeeeh, mais si c’n’est pas Lorren !” Gueula le stupide et insipide Arti.

Appuyés contre le chambranle de l’auberge, trois miliciens prenaient l’air frais avant de plonger de nouveau à l’intérieur de la fournaise et de retrouver aussi bien leur assise que leur chope. S’approchant d’eux le sourire aux lèvres, Merrick les salua chaleureusement, même Arti, celui qu’il arborait en temps normal. “En forme les gars ?” Après quelques grognements plus ou moins affirmatifs, le jeune homme déposa ses mains sur ses hanches et offrit un grand geste de la tête à l’ensemble de ses compatriotes. “ C’est l’heure de mon grand retour. Merrick Lorren est de la parti ce soir !”

-”Aaaaaah, ta finit de te faire tenir en laisse, Lorren ?” S’exclama celui qui ne méritait aucune attention de la part de l’ivrogne.

Fronçant les sourcils et pinçant les lèvres, il comprit qu’il devrait de nouveau faire ses preuves. Après tout, dans le milieu de l’ivresse, l’oubli arrivait plutôt inopinément et rapidement. De fait, ses anciens camarades de beuverie semblaient avoir tiré un trait sur ses anciennes frasques, sur les éléments et les événements qui façonnaient sa “légende” d’ivrogne. En outre, ceux-ci semblaient encore avoir sur le coeur sa disparition du jour au lendemain. La veille il était le premier à pousser le vice et le lendemain, il devenait sage et ne faisait que conter fleurette à une jeune femme. Ses anciens amis semblaient l’avoir recalé loin de leur groupuscule. À lui de leur faire changer d’avis !

-”Allons, messieurs. Qui d’entre vous ne prendrait pas un peu de temps pour lui s’il avait la chance d’être en aussi bonne compagnie ?” Quelques grognements plus ou moins positifs. Peut-être qu’il valait mieux ne pas leur rappeler qu’il était inapte à charmer la moindre femme ? “L’important c’est que je sois là, maintenant et aujourd’hui, non ?” Que des haussements d’épaules. C’était une blague ?! “Allons les gars ! Je vous promets que ce soir, je ne serais défait par personne, que je ne roulerais pas sur le sol et que je resterais debout, droit et fier !” Toujours aussi peu d’ardeur et d’exaltation dans les réponses. Soupirant, Merrick fit la seule chose qu’il pouvait encore faire, la dernière carte qu’il avait dans sa manche; “Je paie la première tournée…?”

-”Rebienvenue parmi nous, vieux frère !”
-”Aaaaah, le Lorren que je connais !”
-”Allons boire, foutu ivrogne !”

Soupirant et secouant la tête, mais quand même heureux d’avoir eu gain de cause, Merrick Lorren fut sur le point de les suivre à l’intérieur, au moment où son regard fut attiré par une crinière rousse. “Attendez une minute…”. Se dirigeant vers ladite chevelure, mais surtout vers sa propriétaire, l’homme d’armes se passa une main dans sa tignasse pour être à son meilleur. Que faisait-elle là, qui plus est, seule ? Ne devrait-elle pas être en train de travailler ? Qu’importe, là n’était pas l’important, pensa-t-il. Tout ce qui comptait, c’était sa présence. Ses collègues soupirèrent, mais attendirent bien sagement à l’extérieur, le regardant approcher et se diriger vers celle qui était de dos à eux. Après tout, rien ne leur servait de retourner à l’intérieur, tandis que c’était Merrick Lorren qui leur payerait la première tournée…

L’ivrogne aurait probablement dû remarquer que la carrure n’était pas la même et qu’Estelle de Chantauvent n’avait pas autant de muscle. Il aurait dû percevoir que l’accoutrement était drastiquement différent, que la démarche n’était pas la même et que la coiffure était loin d’être ressemblante. Pourtant, l’homme d’armes ne vit rien de tout cela. Probablement trop impacté par la bouteille et tout simplement trop stupide pour réfléchir…

L’attrapant, l’enserrant dans une étreinte à partir de son angle mort, Merrick se rapprocha de l’oreille de celle qu’il prenait pour sa tenancière. “Je te tiens, princesse.” Dit-il en riant à moitié. “Puis-je savoir ce que tu fais par ici ? Serais-tu partie en quête pour me retrouver ? Si oui, plus besoin de chercher. Je suis là ! ”

Merrick Lorren venait de faire la promesse à ses frères d’armes qu’il ne serait défait par personne et qu’il resterait droit et fier en toute circonstance. Était-il déjà l’heure pour lui de goûter à la défaite et à l’opprobre ? L’ivrogne était venu redorer son blason auprès de ses anciens camarades. Est-ce que sa fierté serait piétinée à cause d’une témérité nullement désirée ? Est-ce qu’Aeryn Monclar lui répondrait comme la mercenaire qu’elle était ? Si oui, il était évident que les trois miliciens en retrait pourraient se moquer bien ardemment de leur compatriote qui venait très probablement de faire l’une des plus grandes erreurs de son existence…
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 8 Juin 2019 - 9:34
Il lui faudrait probablement encore du temps, à la mercenaire, pour s'habituer à tout ces changements. Cela faisait pourtant des mois qu'elle n'était plus Ryn Monclar, septième fils silencieux et invisible de Rodrick le Géant. Presque une année qu'on ne lui demandait plus de se cacher et de se taire. Qu'elle pouvait parler aux personnes extérieures à sa famille, même si ce n'était pas une chose très naturelle pour elle. Plus personne ne l'empêchait de se joindre à ses compagnons pour partager le contenu d'un pichet de nectar aviné ou houblonné, au contraire, on l'invitait. Elle n'avait plus à dissimuler ses traits sous un heaume étouffant, celui-ci trônait d'ailleurs sur sa commode, tel le dernier vestige d'une vie que la jeune femme ne pourrait probablement jamais oublier. À présent, elle était membre de la compagnie des lames au même titre que tous ces hommes armés. On lui demandait même parfois d'enseigner aux autres les techniques qu'elle avait elle-même créé au fil des ans pour pouvoir rivaliser avec ces brutes épaisses. Aujourd'hui, elle était reconnue et appréciée par ceux se donnant la peine d'apprendre à la connaître, comme ce jeune second avec qui elle partageait quelques séances d'entraînement encore secrètes.

Mais tout ceci était encore bien trop nouveau pour celle qui a appris à évoluer seule sans avoir d'autre contact avec l'extérieur que celui du fer et du sang. On lui demandait d'agir en humaine et non plus en simple cuirasse armée. On lui demandait de vivre dans une ville qu'elle détestait parce que trop grande, trop peuplée, trop bruyante, trop étouffante. On lui demandait de savoir se repérer dans ces dédales grouillant autant d'âmes égarées que de rats. Il lui faudrait encore du temps, disais-je, puisque la belle ne connaissait rien de tout ceci.

Jadis, lorsqu'elle marchait parmi les siens, sa petite silhouette, au visage dissimulé, passait totalement inaperçue au milieu de ces gigantesques masses. Aujourd'hui, elle attirait forcément les regards avec sa chevelure rousse souvent lâchée, quand bien même cela fut mal vu par cette société à l'esprit aussi étriqué que les ruelles de cette cité. On ne pouvait manquer sa démarche assurée, le dessin de ses muscles allongés sous ses pantalons de cuir souple. Elle veillait tout de même à cacher le reste de ses formes féminines autant pour le côté pratique évident pour tout combattant, mais aussi pour éviter d'attirer le regard des hommes. La mercenaire avait pourtant un moyen bien à elle de les garder involontairement à l'écart, son regard, continuellement glacial, suffisait amplement à décourager le plus téméraire d'entre eux. Ses frères n'avaient donc aucun souci à se faire, sachant également que la mercenaire était doté du caractère le plus dur et compliqué de la fratrie.

Ce soir-là, comme tous les autres, la rouquine au regard d'acier, quittait les quartiers de la compagnie pour rejoindre l'auberge dans laquelle elle avait élu domicile depuis son arrivée. Malgré les protestations de ses frères, Aeryn tenait à garder son indépendance en vivant de son côté. Ce chemin-là, elle pouvait l'effectuer les yeux fermés tant il lui était familier. L'Ours blanc ne se situait guère loin de la résidence des mercenaires tout en l'étant suffisamment. Il s'agissait d'un compromis idéal pour celle qui savait apprécier la solitude.

Elle marchait donc, en regardant droit devant elle pour ne pas avoir à constater du bien misérable spectacle qu'offrait la cité, une fois la nuit tombée. Aussi, elle ne prêta aucune attention au groupe d'homme bruyant stationnés devant l'une des nombreuses tavernes du quartier. Au contraire, elle veilla à s'en éloigner le plus rapidement possible, persuadée que le courage des hommes se trouvait dans leur compagnie. "À croire que les c*uilles ne se portent jamais seuls," avait-elle coutume de penser en les observant lorsqu'une demoiselle se trouvait là… Sauf que de "demoiselle", elle n'en avait guère l'allure, ce qui la préservait généralement des importuns, aussi alcoolisés soient-ils. La mercenaire était prudente, certes, mais restait néanmoins confiante… Peut-être même un peu trop.

C'est sans doute pour cela qu'elle fut si surprise lorsqu'un bras masculin s'enroula autour d'elle. Si surprise même, que la mercenaire se figea, pour ne réagir que lorsque l'ivrogne se permit quelques paroles mielleuses et déroutantes directement prononcées à son oreille. Un frisson de dégoût profond lui parcourut l'échine pour mieux venir titiller ses nerfs toujours à vif. Comme par instinct, sa jambe gauche se plaça entre celles de son "agresseur", les coupant par l'arrière. Sa main droite se saisit de celle qui l'entourait pour venir la retirer alors que le bras droit, au coude plié vint menacer le nez de l'intrus. Une vive poussée vers l'arrière suffit à le déséquilibrer. Le bras de l'importun subit un mouvement rotatif qu'elle accompagna pour se placer au niveau de son dos. Une autre poussée au niveau de la pliure des genoux le fit chuter alors que le bras trop téméraire vint chatouiller sa colonne. La mercenaire ne cherchait pas à le blesser, simplement à lui faire comprendre qu'elle ne tolérerait certainement pas une intrusion pareille.

Ceci calmera tes ardeurs, je suppose. N'est-ce pas… princesse ? murmura-t-elle à son oreille avant de le relâcher… Non pas sans accompagner sa chute d'une petite talonnade entre ses omoplates. Son regard d'acier croisa celui des compagnons du séducteur étalé sur le sol. Aucun d'eux ne prit l'initiative de venir lui prêter assistance, préférant se contenter de rire bêtement… Quelle bande d'idiots, cracha-t-elle avant de s'éloigner.
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyMar 11 Juin 2019 - 15:02
-''...Hein ?”

Oui, peut-être que ce n’était guère le meilleur mot à émettre en pareille circonstance. Possiblement qu’une quelconque bravade ou tirade aurait eu un meilleur accueil et aurait été une meilleure répartie. Or, Merrick Lorren ne pouvait pas tout faire, bien que l’homme d’armes se targue d’être un individu aux multiples talents et possédant une pléthore de ressource...bref. Incapable d’émettre une allocution plus longue que cette marque d’étonnement et d’incompréhension, notamment à cause d’une perte de souffle sous les contrecoups des actions instigués contre lui et à cause à l'incroyable surprise de voir Estelle de Chantauvent agir de la sorte, l’ivrogne finit aussi par être surpris par les mots déployés par la rouquine qu’il pensait sienne.

Depuis quand la propriétaire de la Chope Sucrée lui répondait avec autant d’ardeur et de violence ? Qu’avait-il fait ? Dans tous les cas, il était non coupable pour sûr ! Enfin, il l’espérait... Oui, Lorren aurait dû être plus brillant et ne pas confondre une femme simplement à cause de la couleur flamboyante de sa chevelure. En un sens, il l’avait bien cherché. Pour autant, il ne fallait pas oublier et mettre sous silence une chose, un infime détail que son esprit aviné n’oublierait pas de sitôt. Bien que couard, le beau salopard était avant tout un homme fier et à l’amour propre démesuré. Bien vite, Aeryn Monclar s’en rendrait compte.

Toujours est-il que se faisant manoeuvrer comme un véritable adversaire d’entraînement, Merrick finit au sol, retenu quelque temps entre ciel et terre tandis que la mercenaire lui murmurait des mots fielleux, bien loin du ton mielleux qu’il avait quant à lui usé. C’est à ce moment qu’il comprend l’ensemble de sa bévue, de son étourderie. Il avait prise la jeune femme au fort tempérament, pour une autre. Riant de sa propre étourderie, n’étant pas réellement du genre à s’appesantir sur une petite erreur de la sorte, Lorren tenta de tourner la tête pour croiser le regard de l’inconnue. “Je suis dé…”. Impossible de finir, d’enterrer la hache de guerre d’une manière courtoise et civilisée. De fait, elle l’envoya bouler au sol en lâchant la prise qu’elle avait sur son bras, ajoutant à cette chute, pour la forme, une poussée au niveau de ses omoplates.

Est-ce que Merrick aurait réussi à rester debout sans l’ensemble de l’alcool qu’il avait ingurgité ? Dur à dire, difficile à savoir. Or, l’avantage de cette surconsommation de spiritueux et de tord-boyaux bien quelconque, c’était que Lorren pouvait trouver une once de courage -ou de folie- dans la brume et l’incohérence de son esprit en état d’ébriété. Prostré au sol, tandis que la victorieuse de “l’affrontement” s’éloignait, l’hilarité prit racine dans le trio de milicien qui attendait Merrick. “Vos gueules !” Éructa le “vaincu” en relevant sa tête et les fusillant d’un regard, certes moins menaçant que les iris acier d’Aeryn, mais empreint d'assez de haine et d’amertume pour faire taire le trio. Se relevant lentement, toujours dos à celle qui s’en allait comme si elle n’avait rien fait, Merrick s’épousseta tranquillement, et se passa une main dans les cheveux pour se redonner de l’allure et reprendre contenance. Ce manque de respect ne passerait pas impuni en cette heure tardive. Déjà, il se sentait non coupable de la situation, bien que ce soit lui qui l’ait instigué. Dorénavant, ce qu’il voulait, c’était de se venger. Et à charge de revanche, il serait prêt à tout pour prouver à tous que Merrick Lorren était supérieur à Aeryn Monclar.

Accélérant le pas pour rattraper celle qui avait de l’avance, suivit par le reste de la troupe qui était bien intéressée à voir la suite des événements, mais qui restait tout de même en retrait pour ne pas interférer et être pris dans la “guerre” qui se jouait, Lorren finit par se placer de manière à couper la marche de la violente femme. “Stop !” Dit-il en levant une main en signe d’arrêt impérieux. De toute façon, qu’elle le veuille ou non, elle serait forcée de s’arrêter. De fait, la présence physique du jeune homme était l’une des causes. Deuxièmement, s’il le fallait, l’homme d’armes la retiendrait. Oui, Merrick était un être profondément laxiste qui n’était guère porté sur l’entraînement. Toutefois, il restait un milicien qui avait suivi bon nombre d’entraînements. De là à en faire un magistral bretteur et un combattant aussi féroce que forcené ? Aucunement. Mais au moins à même de retenir pour un instant celle qui l’avait envoyé bouler si besoin était.

-”Comment avez-vous osé ?!” Dit-il avec toute sa fierté blessée imprégnant sa voix. Puis se rappelant que c’était quand même lui le fautif de l’histoire, il tenta de corriger modérément. “Je vous ai prise pour une autre. Mais cela n’était pas une raison pour réagir de la sorte…” Continua-t-il en fronçant les sourcils, essayant de percer les raisons expliquant cette lourde réaction, alors que son esprit comateux et aviné n’arrivait pas à penser très clairement. “Vous ne devez pas être habitué à la proximité masculine pour réagir de la sorte…” murmura-t-il tout de même assez fortement. Cette allocution pouvait potentiellement être prise comme une première attaque de l’arme la plus acérée de Merrick Lorren; sa répartie. Pourtant, le couard cherchait simplement à expliquer ce qui était inexplicable pour lui. Et bien que cela avait pu être audible de tous, Merrick n’avait pas voulu en faire une insulte. Se parlait-il simplement à lui-même. Toutefois, les trois miliciens en retrait l'entendirent et pouffèrent modérément. “Seriez-vous déjà une “vieille fille” esseulée ?!” Éructa-t-il cette fois-ci nettement plus fort, redressant le visage et offrant une mine interdite à Aeryn.''...Vous n’auriez jamais… enfin vous voyez, quoi. Donc vous réagissez un peu...fortement à tout contact masculin ! ” Continua-t-il, convaincu dans toute son ivrognerie et sa stupidité d’avoir raison. Offrant un visage compatissant, Merrick hocha la tête avec bonhomie en direction de la mercenaire. “Écoutez, je comprends que ça peut être fâcheux comme réalité. Personne n’aimerait mettre de l’avant cette triste solitude qui dure depuis votre naissance. Je comprends, mais moi, Merrick Lorren, milicien de son état, je peux vous aider ! Je suis l’homme de votre situation !” Les trois autres miliciens partirent cette fois-ci dans une franche rigolade, alors que l’idiot en face de la rouquine souriait à pleine dent, déposant ses mains sur ses hanches.

Merrick avait enterré rapidement et inopinément la hache de guerre. Ce qu’il pensait avoir découvert était nettement plus grave qu’une simple chute. C’était une hérésie sans non, une honte sans limites ! Elle n’était pas horrible à regarder en plus, se permit-il de penser en la détaillant lentement de haut en bas comme un fin connaisseur et possiblement un peu comme un prédateur. Après, si elle accueillait tous les hommes de cette façon... Toutefois, si Aeryn réagissait encore une fois avec violence et bravade, il la défierait en duel...demain. Pour sauver son honneur bafoué, pour restaurer son amour-propre chambarder par la truculente malveillance des actes et des mots de la rouquine. Car lui, n’avait rien fait de mal en proposant son aide à cet instant !

De fait, oui ses paroles pouvaient sonner comme des attaques, des critiques et des tentatives de moquerie. Pourtant, l’homme d’armes était particulièrement sincère. Il ne fallait pas oublier qu’il n’était pas au sommet de sa forme, et que l’alcool chamboulait ses sens et son esprit. À cet instant, il croyait vraiment et véritablement que son interlocutrice était une jeune femme n’ayant jamais eu un contact physique avec un autre homme. Le coureur de jupons en lui souffrait pour ce manque qui étreignait la mercenaire, et il se disait être l’homme idéal pour voler à son secours. Non pas comme l’outil pour briser cette “problématique”, mais plutôt tel un conseiller avisé qui lui expliquerait comment attraper dans ses filets un quelconque quidam. Oui, c’était stupide, idiot et ça n’avait aucun sens. Mais ça, c’était Merrick Lorren.
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 15 Juin 2019 - 8:04
"Tous des idiots" songea la mercenaire tout en s'éloignant à grands pas. Allez savoir qui se voyait affublé du "titre" d'idiot pour la rouquine, les hommes ? Les gens de la ville ? Les humains en général ? Difficile à dire, lorsque l'on sait qu'Aeryn Monclar ne supportait pas grand monde, plus particulièrement les inconnus un peu trop téméraires comme l'ivrogne qu'elle venait d'abandonner aux railleries de ses compères. Mieux valait donc s'en éloigner le plus rapidement possible et ne plus jamais penser à ce moment. Parce que, oui, Aeryn pensait réellement que cette histoire grotesque s'arrêterait là, n'importe quel imbécile aurait évidemment compris que la mercenaire n'était pas une femme disposée à supporter ce genre d'ânerie avinée… N'importe lequel, sauf celui-là, visiblement.

S'était-il senti galvanisé par les moqueries encore parfaitement audibles de ses compagnons ? Détestait-il autant l'échec qu'il lui fallait revenir à la charge pour en essuyer un autre ? Qu'importe… le problème, bien humain et tenant à peine sur ses guiboles instables, se trouvait justement devant elle. Que faisait-il là ? Aeryn n'en savait certes rien, mais cela ne l'empêcha pas de le dévisager avec un regard noir tandis que sa dextre alla se poser sur la dague dans son dos. Évidemment, la mercenaire ne comptait pas l'attaquer inutilement, ce n'était pas son genre. Elle ne blessait que lorsque cela s'avérait absolument nécessaire et ne tuait qu'en de rares occasions. Néanmoins, celle-ci veillait surtout à se tenir prête, au cas où l'homme soit pris d'un esprit vengeresque et ne décide, lui-même, de revenir à la charge.

Mais voilà que déjà la mercenaire se senti prise au piège par le soûlard planté face à elle, et qui la privait ainsi de toute possibilité de fuite. Elle détestait cela, la rouquine, tout comme les mots dénués de sens logiques qui semblaient s'échapper de la bouche pâteuse de l'inconnu.

"Il se fiche de moi ou…"pensa-t-elle tout en serrant les dents. Me prendre pour une autre ? Êtes-vous aveugle ou bien trop ivre pour voir plus loin que le bout de votre nez ? Je ne vous connais pas, vous empestez la vinasse de mauvaise qualité et vous osez… Point de familiarité chez les Monclar, tout du moins, la concernant. Rodrick avait veillé à l'isoler des autres, ne lui permettant d'apparaître que pour exécuter ses contrats, toujours cachée sous un heaume et une armure, toujours en silence… On l'avait élevé pour n'être qu'une main armée, rien de plus, rien de moins. Aussi n'avait-elle jamais eu de contact physique d'aucune sorte avec qui que ce soit. Ce n'était point une chose naturelle pour elle, elle n'en ressentirait probablement jamais l'envie et encore moins le besoin… Comment ne pas éprouver un certain malaise dans son cas alors que la simple évocation de l'agression lui arracha un long frisson de dégoût. Vous devriez plutôt vous montrer reconnaissant de pouvoir encore tenir sur vos jambes, sombre idiot.

L'acte en lui-même était vécu, par la mercenaire, comme une véritable agression. En l'interceptant de la sorte, l'homme venait de porter atteinte à son espace vital et personnel. Celui emplis de limites entretenues durant des années et qu'elle tenait à préserver comme tout le reste… Mais mettre le doigt sur une vérité la concernant, une réalité personnelle qui n'appartenait donc qu'à elle, en était une autre autrement plus dérangeante pour celle qui gardait tout pour elle.

“Vieille fille” esseulée… Vraiment ?" répéta-t-elle, simplement, en haussant un sourcil en signe de mépris.“Parce que votre proximité me déplaît suffisamment pour vous envoyer au sol, vous imaginez que le problème vient de moi ? Vous semblez bien trop sûr de vous."




Il ne se trompait pas, pourtant, du moins sur quelques menus détails qui ne semblaient pas intéresser la rouquine outre mesure. Certes, aucun homme ne l'avait touchée de cette manière visiblement très importante pour le soûlard. Néanmoins, la mercenaire se fichait éperdument de ce genre de relation personnelle ou intime. L'homme se présenta… Un milichien, voilà ce qui pouvait expliquer bien des choses… Son comportement irréfléchi, d'une part, sa manière ridicule de se rebiffer tout en formulant quelque jugement ridicules qu'elle rêvait à présent de lui faire ravaler.

“Vous ne semblez pas comprendre grand-chose, non, même si vous pensez le contraire. Mais je constate que les miliciens n'ont donc rien de mieux à faire que de venir importuner les femmes dans la rue en les traitant de mal ba*sée ou pour leur faire des propositions indécentes... " Les colères d'Aeryn pouvaient prendre bien des formes. La première restait la plus commune, explosive, violente et bruyante, celle-ci pouvait éclater en de multiples occasions, généralement contre l'un de ses frères… La seconde se voyait autrement plus nuancée, froide, perturbante, malaisante. Extérieurement, la mercenaire paraissait bien calme, presque apaisée. Or, intérieurement, c'était une réelle tempête glaciale qui sévissait, balayant tout sur son passage, le respect en particulier.

Un milicien… Pour celle qui fut élevée dans le respect du soldat, du chevalier, du juste, de l'honorable, la milice ne représentait que le rebut de la société. Des chiens affamés, inutiles, lâches, égoïstes qui ne se voyaient armés que pour parader dans la cité au nom du duc et aux frais du pauvre. Des paysans crève la faim, d'anciens nobles privés de leur fortune par la fange, du tout-venant arrivant de tous les recoins de Morgestanc, voilà ce qu'ils étaient. Très peu d'entre eux se souciaient de protéger le peuple, de lui-même, comme de la fange. La plupart se contentaient de faire acte de présence pour "gagner" leur misérable gamelle sous le couvert du soutien ducal. Combien d'entre eux savaient réellement se servir de leurs armes ? Non pas pour frapper, n'importe quel idiot avec une instruction correcte pouvait frapper… Mais plutôt pour ne sortir l'épée que pour l'usage à laquelle elle était destinée : protéger. Peut-être aurait-elle eu une autre vision de la milice si la mercenaire n'avait pas vu quelques-uns de ses représentants s'en prendre au peuple qu'ils se devaient d'aider. Si son frère n'avait pas choisi de s'engager plutôt de rester avec les siens.

"C'est pour vous payer que les gens crèvent de faim dans les rues, Merrick Lorren. Ils comptent sur votre protection et voilà ce que vous leur servait à la place ? Vous devriez mourir de honte sous un comptoir de taverne crasseux… Je me passerai bien de l'aide d'un homme incapable de tenir correctement sur ses jambes, je n'en ai nullement besoin," grogna-t-elle doucement avant de le contourner pour poursuivre sa route.
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 15 Juin 2019 - 16:36
Merrick Lorren avait certes beaucoup de défaut et de carence, mais il ne pouvait accepter de laisser cette inconnue se positionner comme la victime et la martyre de cette situation, qui n’était au final, qu’une bien minime confusion sur la personne. Dès lors, goûtant mal à ce genre de rebuffade et à cette réaction violente, le milicien avait fait contre mauvaise fortune bon coeur, acceptant de s’imputer les fautes, tentant même de relativiser et de faire fi de sa fierté et de son amour propre blessé. C’est donc en prenant sur lui-même que l’ivrogne avait cru se racheter en se présentant à nouveau face à Aeryn Monclar, en lui proposant une aide qu’il pensait salvatrice et non pas à même d’être noyé et de crouler sous une tonne de rebuffades aussi vilipendante qu’intempestive. Grand mal lui en prit, alors que son amertume se transformait en colère contre la rousse. À ce rythme, est-ce qu’il atteindrait la haine ? Dur à dire, sachant que l’ivresse inhibait en quelque sorte sa couardise habituelle.

-”Il semblerait que vous êtes bien prompt à la rebuffade. Quelqu’un tente de venir faire amende honorable et vous continuez d’agir avec un manque de civilité aussi flagrant ? ” Bon, d’accord. Peut-être que lui et sa vis-à-vis n’avaient pas la même définition “d’amende honorable”. Toujours est-il que son idée partait d’une bonne volonté. Et pour ça, il ne méritait pas le discours odieux qui pleuvait sur lui de façon diluvienne et torrentielle. “Évidemment que vous ne me connaissez pas, je viens de dire que je m'étais trompé sur la personne !” Devait-il en plus composer avec une simple d’esprit ? Se passant les deux mains dans la chevelure pour garder son calme tout relatif, l’homme d’armes souffla avant de revenir “foudroyer” de son regard hagard la mercenaire. “ Faite preuve d’un manque de courtoisie éhonté envers ma personne si cela vous chante, mais n’attaquez pas la Chope Sucrée.” Oui, ce ne devait guère être bien clair et compréhensible pour la rousse habituée à manier les armes plutôt qu’à converser en si… “charmante” compagnie. Toujours est-il que Merrick ne goûtait guère l’utilisation du mot “mauvaise qualité” envers l’alcool qu’il avait ingurgité à l’établissement d’Estelle de Chantauvent. À ses yeux et dans son esprit aussi aviné qu’embrumé, c’était comme critiquer sa propriétaire elle-même.

Le jeune homme se fendit par la suite d’un petit ricanement moqueur, n’ayant pas conscience que la rousse était armée pour mener une rixe à bien. Tout ce qu’il voyait encore en cette heure, c’était une femme bien quelconque et non pas une mercenaire qui avait fait de la lutte son gagne-pain. “ Et vous, vous me semblez bien confiante en vos talents pour croire être en mesure de faire plus que de me faire tomber, idiote.”Au final, qui était le plus stupide des deux ? Le milicien qui ne réalisait pas que la facilité outrancière avec laquelle Aeryn l’avait jeté au sol était un signe de son entraînement et ses qualités martiales, ou la jeune femme qui sous-estimait potentiellement celui qui certes, n’était pas un grand combattant, mais qui pouvait prétendre mener l’échange jusqu’au combat, et le dénouement jusqu’à sa potentielle victoire ?

La suite eut le mérite de le faire sourire avec confiance. Haussant les épaules et se passant -à nouveau- une main dans la chevelure, Lorren enchaîna. “ Ai-je tort ?” Commença-t-il bien tranquillement. Puis ajustant, car ne sachant pas forcément s’il avait raison : “Toujours est-il que votre réaction en dit gros. Je ne connais pas beaucoup de femmes qui se fendraient d’une violence aussi excessive pour une mésentente aussi bénigne. Alors oui, je pense être apte à dire que le problème vient de vous, mademoiselle.” Voilà le noeud du problème, l’épicentre de cette lutte. L’un et l’autre ne croyaient aucunement être en tort, aussi bien au niveau de leur agissement que de leur réaction. Butés et obstinés seraient probablement les meilleurs qualificatifs pour décrire le manque d’ouverture d’esprit des deux individus…

-”Une proposition...indécente…? Vous plaisantez ?” C’en était trop. Partant d’un grand éclat de rire, Merrick se permit de se tourner vers le trio qui l’attendait toujours en pointant respectivement lui et la rousse. “Vous et moi. Êtes-vous folle ? Ne prenez pas vos rêves pour réalités, ‘princesse’. ” Dit-il en reprenant son souffle et faisant de nouveau face à la mercenaire. “Je ne faisais que mettre en évidence que je pouvais vous “aider” à trouver. Pas que je voulais être la victime de...enfin. J’imagine que cela ne vous intéresse guère.” Pour la suite, le milicien préféra se taire. En effet, le terme dont elle s’était affligée, et qui était prétendument un opprobre digne des hommes d’armes du Duc, lui avait effleuré l’esprit pour définir la Monclar…

Merrick commença par secouer la tête de droite à gauche, aussi bien en signe de dégoût que de négation. ”User du nom des autres sans oser se présenter. Ne vous a-t-on jamais appris les bonnes manières, et la bienséance de se présenter avant de se permettre pareille familiarité ? Probablement pas, c’est une évidence.” Puis, croisant les bras sur son torse et la laissant le dépasser. “ Vous jugez de la protection offerte à la populace vis-à-vis d’une confusion sur la personne ? Puéril.” Elle n’avait pas tort de présenter l’idée que le jeune homme n’était pas le genre d’individu qui remplissait sa fonction et son rôle avec empressement et de bonne manière. Toutefois, l’exemple qui lui permettait de mettre en relief cet état de fait était plus que faible. Puis se retournant enfin, et peut-être pour la dernière fois, Lorren vrilla son regard dans les yeux de celle qui restait une inconnue. “Mais vous avez raison sur un point. Vous n’avez nullement besoin de l’aide d’un homme qui tient à peine sur ses jambes. Tentez plutôt d’en trouver un qui n’aurait plus de jambe. Il sera probablement plus à votre hauteur et à même de satisfaire votre caractère aussi acariâtre que hargneux. Et qui sait ? Peut-être qu’il serait a même, lui, de se condamner à régler votre… “Manque de proximité masculine”, n’est-ce pas ?”

Le temps de l’amusement et de la tentative, d’enterrer la hache de guerre était révolu. Qu’elle parte, cette femme qui n’était que fiel et allocution violente. Merrick n’en avait plus rien à faire de son cas. Cette dernière pouvait aussi bien disparaître dans une ruelle qu’aller se faire dévorer par la fange, il ne bougerait pas le petit doigt. Après tout, ne l’avait-elle pas dit elle-même ? Elle se passerait de l’aide d’un homme qui tenait difficilement sur ses jambes…

Dès lors, était-ce un adieu, ou un simple au revoir ?
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Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyMar 18 Juin 2019 - 14:17


Mais qu’avaient donc tous ces gens à constamment juger la moindre de ses réactions comme "déplacées" ou "disproportionnées"? La situation lui parut pourtant bien simple et évidente à comprendre. Comment réagirait n’importe quelle femme à sa place ? Un homme ivre se “jetant” sur elle avant de lui murmurer quelques paroles mielleuses directement au creux de l’oreille, faisant ouvertement fi du respect que l’on doit aux frontières personnelles. Il pouvait bien la confondre avec une autre, même si cela lui semblait franchement ridicule, elle, elle n’en savait strictement rien au moment de le mettre à terre. Tout ce qu’Aeryn avait vu était un homme saoul, trop entreprenant, se jetant sur une femme seule, de nuit, dans une ruelle déserte… ou presque, puisque l’agresseur était accompagné de ses amis tout aussi ivres que lui. Finalement, la mercenaire n’avait fait que se défendre, elle aurait bien pu le blesser. À une époque, elle ne s’en serait d’ailleurs nullement privée. Rien de plus simple, après tout, vu l’état déplorable dans lequel l’homme se trouvait. Pourtant, la rouquine s’était contentée de le mettre au sol simplement pour lui prouver qu’il n’avait pas affaire à une pauvre âme sans défense, tout en espérant lui ôter toute envie de recommencer avec une autre, rien de plus.

Qu’y pouvait-elle si l’idiot avait choisit de l’arrêter pour mieux l’insulter par la suite alors qu'elle tenait simplement à s'éloigner pour mieux oublier l'incident ? C’était donc cela, pour lui, de faire “amende honorable” ? Quelle blague… "Récapitulons si vous le voulez bien. Je suis une femme seule marchant de nuit dans la rue. Vous êtes un homme à l’esprit embrumé par l’alcool, n’essayez pas de le cacher, vous empestez et votre démarche est mal assurée. Bref, vous m’accostez de manière franchement douteuse pour une raison que j'ignorais alors, d'après vous, comment aurais-je pus prendre votre élan mielleux ? Évidemment, lui coller la faute sur le dos restait ce qu'il y avait de plus simple. Tous les violeurs du monde osaient de cette technique infâme pour changer la victime en provocatrice. Néanmoins, Aeryn doutait que ce fût ce que l'homme avait cherché à faire. Elle croyait parfaitement à son histoire, mais essayait de lui faire comprendre son point de vue qui, selon elle, justifiait parfaitement ses réactions. Puis ensuite, au lieu de venir présenter vos excuses, comme la politesse à laquelle vous semblez pourtant tenir, si j'en crois vos paroles, vous m’insultez ouvertement… Suis-je donc réellement la seule à manquer de civilité, selon vous ? Monsieur, vous êtes soit trop ivre pour réfléchir correctement, soit vous êtes un imbécile.

Voir même les deux, si elle devait se fier au reste de son discours totalement décousu. La mercenaire avait pourtant essayé de se faire comprendre, pour une fois, mais le milicien semblait tout interpréter de travers. Autant laisser tomber cette discussion ridicule qui ne servirait visiblement à rien. Néanmoins, contrairement à elle, l'homme décida de continuer à la provoquer en affirmant que la mercenaire se montrait trop sûre d'elle tout en l'insultant, une fois de plus. Aeryn ne devait pas se laisser emporter, elle en avait parfaitement conscience, même si elle ne put s'empêcher d'observer la posture bien navrante de son interlocuteur avant de relever les yeux vers lui tout en affichant un sourire des plus moqueur. "Votre posture est instable, malhabile, de plus, contrairement à bon nombre d’hommes de ma connaissance, vous êtes taillé comme une brindille malade… Vous pouvez me croire, c'est vous qui êtes bien trop confiant pour imaginer survivre si jamais je décidais de vous tuer, crétin."

Contrairement à ses dires, Aeryn Monclar ne ferait jamais la bêtise de sous-estimer qui que ce soit. Rodrick, le géant, fut un instructeur des plus efficaces, d’ailleurs, la rouquine n'avait que dix ans lorsque son père plaça une arme dans sa main minuscule. Mais ses leçons dataient de depuis bien plus longtemps que cela. Néanmoins, malgré sa petite taille et sa carrure relativement frêle si on la compare à un homme, son agilité lui permettait de maîtriser bon nombre de ses adversaires dont certains, bien plus imposant qu’elle. Alors, que croyait ce milichien de malheur ? Était-il totalement aveugle pour ne pas se rendre compte de qui se trouvait en face de lui ? Comme tous les combattant existant sur cette terre, Aeryn affichait pourtant une musculature des plus caractéristique sans être aussi imposante que celle d'un homme, certes. Néanmoins, il paraissait évident que n'importe quel abruti s'en serait rendu compte rapidement, du moins s'il se donnait la peine d'observer correctement.

La suite, la mercenaire se contentant d'écouter d'une oreille franchement distraite. Toutes ses paroles ne valaient rien à ses yeux et autant dire qu'elle se fichait éperdument des avis d'une milicien ivre et apparemment blessé dans son orgueil visiblement surdimensionné. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, Aeryn ne pensait certainement pas avoir quelque chose à prouver à ce genre d'homme. Ni même à aucun autre d'ailleurs. On l'avait taillé, façonné pour qu'elle soit aussi froide et tranchante qu'une lame. En un sens, elle ne se considérait même pas comme humaine, ce n'était qu'une arme aux allures plus ou moins féminines, rien de plus. Elle ne se préoccupait donc aucunement des relations des Hommes et des liens qui leur semblent si naturels et importants à leurs yeux. Il ne pouvait donc pas la comparer aux autres femmes, elle n'en était pas une. Il pouvait très bien se moquer d'elle, l'insulter, si cela lui chante, cela ne l'atteignait plus. Impossible pour elle d'accorder un quelconque crédit à ce genre d'individu. Au contraire, mieux valait l'ignorer.

Aussi, plus le milicien cachait son venin prétendument acide, plus yeux de la mercenaire se détestaient de leur colère, à la place ceux-ci n'affichaient plus qu'une profonde lassitude. " Si l'expression une perte de temps devait se doter d'un visage humain, nul doute que celle-ci prendrait vos traits, Merrick Lorren," déclara-t-elle seulement avant de pousser un long soupire. "Savoir mon nom n'aura guère d'importance pour vous, puisque l'on ne se reverra plus. Restez donc bien campé sur vos positions, milicien, avec un peu de chance elles vous maintiendront debout."

Sur ces dernières paroles, Aeryn disparus, persuadée de ne plus jamais croiser la route de cet abruti de milicien. Pourtant, il arrive bien souvent que les Trois aiment jouer avec l’ironie juste pour jouer avec leurs petites créations en leur infligeant quelques petites épreuves…
*****


Le temps passe et les gens oublient, en particulier quand ils ont mieux à faire que de ressasser inlassablement un épisode aussi ridicule que celui-ci. Aeryn ne pensait même plus à cette altercation grotesque et à ce milicien ivre et insultant, trop occupée à faire ses preuves au sein de la compagnie des lames où elle était alors la seule femme. Chaque jour était composé de multiples provocation auxquelles la mercenaire se devait de faire face sans jamais leur faire le plaisir de rétorquer. Elle devait se montrer patiente, chose particulièrement difficile pour celle qui se montrait généralement bien plus impulsive avec ses frères. Jusque-là, Aeryn Monclar n’avait connu que la petite compagnie familiale. Elle y avait ses habitudes, ses repères, hors, à présent, on lui demander de s’intégrer dans une toute nouvelle troupe de mercenaires, plus grande, aux règles différentes et où elle apparaissait réellement sans son armure et son heaume qui la gardait cachée, jusque-là. Ce n'était donc pas une période facile pour la jeune femme, même si elle veillait à ne jamais rien laisser paraître. Elle prenait sur elle, constamment, pour ne pas se laisser contrôler par la colère qui menaçait de déborder à chaque instant. Voilà pourquoi, même après qu’on lui ai proposée une chambre à l’intérieur même du quartier général des lames, la mercenaire continuait de vivre à L’ours blanc, où elle servait de temp à autre pour payer sa chambre et ses repas, tout en apportant aide et soutien à la femme généreuse qui lui avait tendu la main. Ce travail-là, lui permettait aussi de s’évader, un tant soit peu, de ce monde d’hommes bien trop souvent insupportables.

C’est donc derrière ce comptoir, occupée à essuyer chopes et coupes, qu’ Aeryn Monclar aurait dû passer cette soirée-là. Au lieu de quoi, c'est dans une tout autre taverne que la mercenaire ainsi que deux de ses frères essayaient tant bien que mal de calmer le troisième, visiblement ivre, s'apprêtant à en découdre avec un milichien de bien mauvaise foi. Pour la rouquine qui avait, bien évidemment, assisté à la scène, les deux hommes étaient en tort. Chacun d'eux s'intéressait à une bien jolie serveuse au sourire aguicheur et se disputait ses faveurs… Faveurs bien illusoires, la demoiselle cherchant seulement à pousser les deux hommes à la consommation en les faisant profiter tour en tour de cette charmante compagnie. Aeryn détestait cordialement ce genre de femme aux mœurs bien trop légères pour être honnête. De bien viles manipulatrices, selon la mercenaire, le genre de femelle capables d'attiser les braises simplement pour jouir du spectacle par la suite. Et rien de plus simple, pour cela, que de faire boire plus que de raison les deux protagonistes… Seulement, même si Ivaad savait parfaitement se défendre, même totalement ivre, il se trouvait tout de même face à un milicien qui comptait bien jouir des privilèges octroyés par le duc le rendant ainsi pratiquement intouchable… Devant témoins, tout du moins. Malheureusement, le cadet de la fratrie Monclar, se fichait bien de tout ceci. Il voyait seulement l'homme et non l'uniforme souillé de taches carmines empestant la vinasse. Il avait donc fait l'erreur de cogner le premier, répondant ainsi aux provocations du milichien qui s'était ensuite empressé de détaler afin d'appeler ses collègues…

Galvanisé par la lâcheté de son adversaire, il devint rapidement difficile de maîtriser la montagne. Sa colère était telle que le mercenaire fut rapidement privé de toute raison et commençait à s'en prendre à toutes les personnes présentes, ses frères et soeur y compris. Lorsque la milice arriva sur les lieux, Kaël l'aîné venait d'assener un énième coup-de-poing à son cadet, dans l'espoir de le ramener à la raison. Elwin, le benjamin, veillait à tenir les autres clients à distance pour éviter que d'autres soient blessés, tandis qu'Aeryn venait de se jeter sur le dos du géant pour limiter son apport d'air en enserrant sa gorge dans ses bras. Ce n'était pas la première fois qu'Ivaad piquait ce genre de crise. Et chaque fois, il fallait l'affaiblir pour le maîtriser… Avec sa carrure minuscule en comparaison de celle de son frère, la rouquine n'avait pas d'autre choix que de volontairement provoquer son inconscience.

Pour les miliciens présents, la scène ne pouvait être que cocasse. "Inutile d'intervenir" lança calmement l'aîné à la petite troupe qui venait d'arriver."Nous avons l'habitude." Il ne mentait pas, puisque quelques secondes plus tard, la montagne s'écroula sur les rotules, sa jeune sœur toujours sur son dos. Épuisé, Ivaad termina sa chute, le nez en plein sur une flaque immonde et collante probablement composée de bière et autre substance fort peu ragoûtante. Là, seulement, la rouquine relâcha sa prise avant de se relever pour affronter le regard ahuri de certains des hommes présents, dont le fuyard peu fier se tenant à l'arrière. "Ne faites pas cette tête, je sais ce que je fais, il n'est pas mort, juste endormi" soupira-t-elle en époussetant ses pantalons. Lorsque son regard d'azur se releva, ce ne fut que pour croiser celui, décidément trop terne, d'un homme aux traits familiers… Une vision qui lui fit aussitôt serrer les dents." Je me nomme Kaël Monclar, voici mon frère Elwin, ma sœur Aeryn et ce sombre idiot endormi s'appelle Ivaad. Nous sommes sincèrement navrés pour toute cette agitation", commença l'aîné en s'adressant à celui qui semblait être le gradé du groupe."Mon jeune frère à bien du mal à résister à pareille provocation lorsqu'il a bu." Son regard glissa ensuite vers le pleutre bien caché derrière le milicien si peu apprécié par sa sœur. "Il n'y a que peu de dégâts, nous veillerons à payer pour la casse, même celle provoquée par votre collègue ici présent." Voilà sa manière de marchander avec les représentant de la loi. Tout s'était déroulée devant témoins, chacune des personnes présente pouvant attester de la provocation volontaire du milicien décidément trop lâche pour apparaître aux côtés de ses collègues plutôt que dans leur dos. Impossible pour eux de faire preuve de d'injustice sans justesse devant pareille assemblée, d'autant plus si la situation était déjà maîtrisée et les pertes compensées.

Voilà pourquoi aucun des autres membres de la fratrie ne se permit de prendre la parole, Kaël étant le plus sage d'entre eux. Aeryn, en revanche, ne put s'empêcher de dévisager l'importun de l'autre soir, se tenant cette fois bien droit dans son uniforme qui ne le rendait pourtant pas moins méprisant. "En revanche, si vous souhaitez enfermer ces deux-là, histoire de leur rappeler le bon sens et nos lois, le temps que les effets de l'alcool s'amoindrissent assez pour les rendre raisonnables, nous nous ferons un plaisir de vous aider à porter notre frère."
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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyMer 19 Juin 2019 - 20:22
-”Si les mots fades et insipides étaient à la recherche d’un parangon pour prôner leur signification, aucun doute qu’ils fassent appel à vous à titre d’exemple.” Souriant crânement, se passant une main dans sa chevelure, il termina sa bravade sans plus recherche un quelconque trait d’esprit à lancer. “Sur ce, princesse, je ne vous souhaite aucunement une belle soirée. Mais tout de même; bonne chance pour guérir votre solitude.”

C’était un discours de sourd, un échange qui ne mènerait nulle part. D’un côté un crétin aviné, de l’autre une femme profondément choqué et au caractère aussi acariâtre que sa chevelure était flamboyante. Dès lors, aussi bien pour Aeryn Monclar que pour Merrick Lorren, le meilleur, et surtout le moins pire, des finalités était d’en rester là. La mercenaire pourrait retourner vaquer à ses occupations nocturnes, alors que le milicien pourrait oublier cette rencontre fortuite qui l’avait vrillé au supplice dans son amour propre. Tous deux oublieraient probablement rapidement ce bref interlude, cette bien courte et inutile histoire. Pour le jeune homme, l’alcool serait même apte à l’aider à sombrer dans un coma éthylique qui oblitérerait la présence de cette rouquine qui n’avait aucun trait et point commun avec celle qu’il avait cru discerner. Oui, tout finirait ici et maintenant, et ce à tout jamais, pensait-il.

Bien entendu, Lorren n’avait pas conscience de se tromper de long en large…

Toujours est-il que sur l’instant, faisant fit des dernières paroles de l’inconnue inopportune, Merrick se détourna pour retourner s'enivrer avec ses compagnons de beuverie et collègues miliciens. Aeryn Monclar ne ternirait pas la soirée plus longtemps. Et c’est ainsi que sans plus tergiverser sur les aléas de cette rencontre fortuite, de ce conflit qui s’arrimait sur un fond de confusion et de mésentente, que Lorren poussa la porte de son royaume d’un coup de pied. “Après vous, mes braves ! Bienvenue dans le repère de Merrick Lorren !” Dit-il à l’encontre du trio qui l’accompagnaient. Le brouhaha coutumier de ce genre de débit de boisson les étreignit, tandis que les effluves rances de l’alcool et des ivrognes venaient les prends à la gorge. L’air lourd et beaucoup trop chaud de l’endroit vint rapidement les draper d’une pellicule de sueur. Oui, Merrick Lorren ne se trompait aucunement. l’homme d’armes était véritablement chez lui, nageant comme un poisson dans l’eau dans ce genre d’endroit.

L’effacement et l’omission de cette brève rencontre pouvaient dès à présent, commencer.


◈ ◈ ◈



Ainsi donc, la routine reprit son cours sans que Merrick Lorren ne garde réellement un souvenir de cette altercation qui avait plus que tourné à son désavantage sur le plan physique. De fait, tout cela n’était qu’un souvenir embrumé, alors que son état comateux du lendemain et ses maux de tête avaient fait voler en éclat toutes velléités de remémoration. Haussant les épaules devant ce souvenir brumeux, le milicien avait continué à oeuvrer comme à son habitude, se mouvant entre la Chope Sucrée et la caserne perpétuellement. Passant la majeure partie de son temps avec Estelle, puis s’éclipsant seulement pour effectuer son devoir, avec un laxisme frisant plus que nettement l'exagération et un flegmatisme de tous les instants. Durant cette période, l’homme d’armes n’eut plus véritablement la chance de se présenter dans la Hanse, et plus précisément dans les auberges du quartier. Ses brefs passages dans le coin n’étaient dus qu’à quelques patrouilles qui se finirent sans la moindre altercation ou broutille.

De même, bien que ses collègues, qui avaient assisté à toute la scène l’opposant à la mercenaire, tentaient de temps en temps de le taquiner et de s’amuser à ses dépens devant pareille déconvenue, les propos empreints de sarcasme n’allaient guère bien loin. Nullement à cause que ceux-ci se rendaient compte que le sujet pouvait être houleux pour le milicien qui avait un amour propre démesuré, mais tout simplement parce qu’eux aussi n’avaient que très peu de souvenirs de la soirée. L’alcool avait coulé à flots et les contrecoups le lendemain avaient été assez forts et puissants pour oblitérer la majeure partie des potentiels et possibles souvenirs.

Or, le destin, ou bien les Trois, décidèrent que Merrick Lorren n’en avait pas encore terminé avec Aeryn Monclar, fomentant une nouvelle rencontre plus que fortuite… Serait-ce peut-être le moment idéal pour sortir vainqueur de cet échange, de ce possible affrontement, qui sait ?

Car en cette soirée, qui ressemblait quasiment en tout point à celle où l’ivrogne avait confondu la rousse, la coutelerie de Lorren était en patrouille. Ne faisant aucunement garde aux alentours, une main nonchalamment positionnée sur la garde de son épée, Merrick avançant avec le regard perdu dans le vague et l’esprit arrimé bien loin de la triste et morne réalité. Généralement, à cette heure, le jeune homme était soit ivre ou en train de le devenir en regardant oeuvre la tenancière de la Chope Sucrée. Soupirant devant pareil constat qui minait son humeur, le milicien rentra la tête dans ses épaules pour se prémunir des vents froids et des bourrasques glaciales de l’hiver qui luttait encore pour ne pas péricliter et perdre face au printemps. C’était son baroud d’honneur, les derniers instants de la morte-saison et pourtant, l’emprise froide de ses longs mois de noirceur plus importante se faisant encore ressentir méchamment. Et comme il fut dit, nulle trace de boisson dans son corps et son sang pour échauffer modérément son corps transi et ses doigts gourds.

-”On reste à l’affût, les gars.” Ordonna Arthur, son coutilier.

Soupirant de nouveau devant pareil ordre aussi inutile que superflu, Merrick croisa le regard de son supérieur, lui offrant un sourire de façade. Ce dernier, guère enclin à prendre cette marque de bonhomie pour ce qu’elle n’était pas, fronça les sourcils, mais resta silencieux. Et puis, ce fut aussi l’instant où un membre de la milice déboula et déboucha d’un débit de boisson en cavalant excessivement rapidement. Remarquant le détachement de ses confrères, ledit homme vint à leur rencontre.

-”Un homme a essayé de m’attattaquer ! Il met le gragrabuge dans l’auberge, juste là ! Vite, il veut violenter une femme !”.

Le discours était décousu et l’homme était ivre. Ainsi, Arthur ne prit pas réellement les dires du soldat comme réalité. Toutefois, mieux valait aller voir et juger des réelles causes de tout cela. Soupirant il se tourna en direction de ses hommes. “On va voir. Pas de grabuge, on parle avant de frapper, compris ?” Puis se retournant vers la “victime” de cette histoire. “Tu nous suis. Histoire d’éclairer tout ce malentendu…”


-”Quoi ? Je…”

-”C’est un “ordre”.” Déclama le coutilier qui cerne, n’avait pas réellement la prérogative de commander un homme appartenant à un autre groupe, mais qui restait tout de même supérieur -et surtout moins ivre- que le milicien inconnu.

C’est ainsi et sur ces paroles que le groupe s’engouffra dans la taverne pour assister à une scène plus que burlesque… Laissant son coutilier mener l’échange avec les frères de la Monclar, Merrick croisa rapidement le regard de ladite femme. Ces “retrouvailles” fut comme un coup de marteau en arrière du crâne, tandis que l’ensemble des souvenirs le rattrapaient qu’à présent. Sa mâchoire tomba, alors que sa bouche s’ouvrait sous le coup de la surprise et le contrecoup de la remémoration.

-”L’habitude, hein ? Je ne suis pas certain d’apprécier apprendre que “ça” c’est une habitude que vous avez…” Commença un Arthur un peu dépassé par la drôle de situation, les mains sur les hanches et la bouche aussi pincée que son visage. La suite le rassura quelque peu. “Bon, vous ne me semblez pas être de mauvais bougre. Si vous payez pour la casse, je n’ai pas grand-chose à dire. Seulement, que je ne vous y reprenne plus. Prochaine fois, ce sera le fouet pour votre frère.” Le gradé n’était pas stupide. Son regard était allé glisser vers l’ivrogne qu’il avait “sauvé”. Il avait bien évidemment conscience que l’homme assommé n’était pas le seul coupable, c’était impossible. Toutefois, le milicien ne trahirait pas son ordre en jugeant un autre homme d’armes. Aussi fautif, stupide et insipide soit-il. “Il n’y aura aucun besoin d’enf…”

-”Excuse-moi, pardon, laissez passer, merci…” Coupa un Merrick Lorren qui se frayait un passage jusqu’au-devant de la scène, un sourire victorieux aux lèvres. S’accoudant au bar, il regarda la foule devant lui, glissant son regard de droite à gauche sur tous les belligérants, quidams et badauds qui peuplaient le débit de boisson. Qu'il la connaissait cette plèbe qui agissait dans ce genre d'endroit ! Son regard resta arrimé à celui de la Monclar quelques instants plus longtemps. Il tenait la chance de se faire vengeance. “Mes amis et autres compagnons de beuverie, bonsoir ! C’est fâcheux de devoir venir ternir une si belle soirée de notre présence à cause de l’ivrognerie et la stupidité de certains idiots…” Affirmant ses paroles par un hochement de tête, et soupirant exagérément pour en faire plus, il continua, goûtant déjà à la perfidie des mots qu’il allait proférer. Mots qui n’étaient pas de lui, mais bien de la rouquine. Se rendrait-elle compte que les quolibets qu’elle lui avait lancés deviendraient ce qui allait lui porter préjudice ?

-“ Les gens crèvent de faim dans les rues pour nous payer, nous, hommes d’armes de la justice ducale ! Nous sommes là pour assurer votre protection, et vous prémunir de maux apportés par les monstres peuplant l’extérieur de Marbrume ! Tous ceux qui viennent déranger notre devoir à cause de leur violence avilissante ne sont pas mieux que des idiots et des salopards.” Quelques personnes plus ivres commençaient à hocher de la tête et faire entendre leur accord. “Ces gens-là devraient mourir de honte sous le comptoir d’une taverne crasseuse !” Éructa-t-il plus fort, haranguant la foule avec des gestes plus prononcés. “Cet homme !” Continua-t-il en pointant le frère Monclar. “ Nous fait perdre notre temps, alors que dans une ruelle ou un coin sombre de notre cité, le pire est peut-être en train de se produire !”

-”Ouais !”
-”C’est vrai, ça !”


-”Alors je vous le demande, qui est le coupable, ici ? Qui est l’ignoble être qui nous force à agir ? Qui est le fautif de cette mascarade et de cette vile perte de temps ?!”

-”C’est lui !”
-”Le musclé, là !”


S’accoudant au bar, claquant de la langue satisfait, Merrick se passa une main dans la chevelure avant de sourire à son coutilier. “Je pense que nous avons notre coupable, Arthur.”

Soupirant puis haussant ses épaules, Arthur opina du chef. Le numéro de son sous-fifre ne le dérangeait pas plus que ça. Après tout, il était vrai que l’ivrogne assommé était un coupable.Si Lorren avait réussi à le faire endosser toute la culpabilité en faisant oublier l’autre crétin d’homme d’armes qui faisait parti ede la milice, oui, il pourrait le faire enfermer pour la nuit. Et puis, ça pourrait être une bonne punition. Après tout, il n’avait pas aimé entendre dire que c’était une habitude. “Dès lors que sa culpabilité n’est plus à prouver, nous allons l’amener pour la nuit. Nous ne l’enfermerons pas dans un cachot pour si peu.” Et puis, ce n’était pas le genre de la milice de s’engoncer et s’appesantir d’un criminel de très bas étage dans ses geôles. Et puis, ce genre de justice était mieux d’être visible de tous, pour faire de la prévention. “Le pilori sur la place des pendus lui suffira pour cette nuit. Toi, tu t’occupes de le transporter.” Dit-il à celui qui était venu quêter leur aide.

-” Une chance que vous étiez là, Aeryn Monclar, pour calmer votre frère de la sorte… merci à vous ! Nous prenons ainsi donc la suite des choses en main.” Puis en direction de l’ensemble de la fratrie Monclar : “Allons, ne faites pas ces têtes ! nous savons nous aussi ce que nous faisons…”


La vengeance était un plat qui se mangeait froid. Aurait-il gain de cause à cet instant ?
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 22 Juin 2019 - 14:50
S'il existait un sentiment capable de s'éveiller rapidement chez Aeryn Monclar, ce ne pouvait être que la haine. Celle-ci prit rapidement naissance en son être, creusant à travers ses tripes pour s'y installer. Il n'avait suffi que d'un homme et de quelques paroles qui n'étaient même pas de lui pour cela. Le mépris que ce dernier lui inspirait jusque-là ne tarda pas pour revêtir sa robe sombre composée de son aversion profonde, de son dégoût et de la colère qu'elle se forçait à maîtriser. Contrairement à ce que les apparences, souvent trompeuses, pouvaient laisser paraître, on lui avait appris à se montrer intègre, d'agir avec honneur sans jamais nuire volontairement à autrui… Jamais sans bonne raison du moins. Mais cet homme-là, ce crétin, ce lâche, vulgairement galvanisé par la présence de son bataillon juste derrière lui et la position de supériorité que lui offrait son uniforme, mettait toute son éducation à mal…

Comme elle rêvait de couper cette langue incapable de prononcer autre chose que des mots chargés de venin. Elle imaginait sa lame se planter dans chacun de ses yeux arrogant. Quelle importance, cet idiot ne voyait déjà rien, ce n'était qu'un aveugle déguisé en clairvoyant. Un menteur, usant de tromperie et de manipulation avec les êtres faibles et aussi aveugles que lui. Il mériterait de sentir une lame percer ses chairs, encore et encore, dans son dos, pour répondre à sa couardise, dans son ventre pour jouir du plaisir de lui imposer son regard à elle… La mercenaire s'imaginer même taillader la peau de son visage, l'écorchant lentement, lambeaux par lambeaux simplement pour pouvoir effacer à jamais ce sourire bien trop fier pour un lâche tel que lui.

Aeryn n'était pas une femme revancharde, rancunière tout au plus… Du moins, elle ne l'était que lorsque l'on attaquait qu'elle… En revanche, si quiconque cherchait à blesser ou simplement nuire d'une manière ou d'une autre à l'un de ses proches, en particulier dans le but de l'atteindre elle, la simple rancune se muait brusquement en désir profond de vengeance. Sans doute que son regard, toujours aussi éloquent, eut averti son aîné qui alla se placer devant elle afin de briser la contacte visuel entre le milicien et sa mercenaire de sœur.

"Calme-toi," chuchota-t-il en veillant à ne pas être entendu des autres. " Tu sais très bien comment ces hommes vont réagir si tu décides d'intervenir." Évidemment qu'elle le savait, les exemples dont Aeryn fut témoin ne manquaient pas. Son aversion pour la milice et ses représentants ne sortait pas de nul part, au contraire, et ce n'était pas ce Merrick Lorren qui l'aiderait à changer d'opinion à leur propos. " Cet homme-là, ce Lorren", rétorqua-t-elle en serrant les dents."Ce n'est qu'un faux-jeton, une ordure de la pire espèce qui ne perd rien pour attendre…." Oh oui, un jour ou l'autre, la rouquine rendrait la monnaie de sa pièce à cet être fallacieux et bien trop orgueilleux. Elle s'en fit d'ailleurs la promesse, ce qui se manifesta extérieurement par un sourire inquiétant… De quoi inquiéter Kaël qui connaissait trop bien sa sœur pour comprendre qu'elle ne s'arrêterait certainement pas à ce silence étrange.

"L'aurais-tu déjà rencontré, Ryn?"La question fut formulée sans réellement exiger de réponse, l'aîné des Monclar avait dores et déjà tout compris. Puis lorsque le milicien vint cracher sa bile sur sa sœur, le mercenaire se plaça devant elle pour lancer un regard noir à l'homme méprisable. Et bien qu'il fut fier de constater qu'Aeryn se montra assez maligne pour ne pas répondre à cette évidente tentative de provocation, le mercenaire veilla tout de même à éloigner rapidement sa jeune sœur.

C'est d'ailleurs seul, qu'il se rendit sur la place des pendus, le lendemain, afin d'assister à la libération de son frère… Lui aussi, il fallut le raisonner pour éviter qu'il ne s'emporte à nouveau face à l'injustice dont il fut partiellement la victime. Cela encore, Aeryn Monclar ne l'oublierait certainement pas.


*****


Soleil et Lune se succédèrent encore à de nombreuses reprises avant que leurs chemins ne se croisent de nouveau. Cette fois, la scène se déroula sur le territoire de la mercenaire, dans la grande salle de l'auberge de l'Ours blanc, où elle vivait depuis sa sortie du Temple. Ce soir-là, elle ne descendit qu'avec l'intention de se repaître d'un repas copieux servi par Geneviève, la propriétaire des lieux. Pour ce faire, la mercenaire emprunta l'escalier de service donnant directement dans la cuisine, là où elle comptait manger à l'origine, afin de ne pas avoir à subir l'agitation apportée par tous les ivrognes du coin qui lui parut alors bien plus importante que d'habitude.

Curieuse d'en connaître l'origine, la rouquine décida de franchir les portes séparant la cuisine de la grande salle afin d'observer, tout simplement. Ce soir-là, un barde jouait de la cithare dans un coin, chantant quelques paroles visiblement amusantes tant les clients riaient. Parmi eux, circulait une demoiselle en costume certes bariolé, mais délavé et usé jusqu'à la trame n'enlevant pourtant rien à l'effet qu'apportait l'impressionnant échancré généreusement offert aux hommes présents. Ce genre de chose était commune, avant, à l'époque où les Hommes régnaient encore en maître sur la terre.

En se dirigeant vers le comptoir, Aeryn fut surprise de retrouver Elwin, son archer de frère. Le jeune homme observait la demoiselle, du moins la partie bien visible de son anatomie, aussi ne prêta-t-il aucune attention envers sa sœur qui le surprit à son tour le bousculant doucement en s'installant à son côté.
"Hey ! Doucement Ryn," s'écria-t-il lorsqu'il constata qu'un peu de sa bière venait d'atterrir sur le plancher."J'ai pris la plus cher ! Faut pas gâcher !"
"Je te prie de m'excuser, cher frère", railla la rouquine en s'adossant au comptoir. "Sens-toi donc libre de la mettre sur mon compte. Je ne gaspille pas aussi bêtement mon salaire, moi."
"Je te prends aux mots, chère sœur", rétorqua l'archer avant de porter son attention vers Judith, la serveuse de service ce soir-là."Une deuxième, s'il te plaît, ajoute donc cela à l'ardoise de ma sœur."

Souriant dans son coin, la mercenaire continuait de lancer quelques regards vers l'assistance constatant de leur joie évidente, de cette facilité qu'avaient tous ces gens de réussir à oublier leurs soucis, au moins le temps d'une soirée. En un sens, Aeryn les enviait un peu. Elle connaissait l'exaltation de la bataille, le soulagement venant après une victoire, mais la joie lui restait inaccessible. Fut un temps où elle méprisait ces gens-là, les jugeant trop simple d'esprit, trop facile à corrompre à troubler, avant de comprendre que c'était justement l'inverse. Se défaire d'une éducation comme la sienne s'avérait compliqué, en particulier pour une personne telle qu'Aeryn Monclar qui éprouvait toutes les difficultés du monde à accepter le changement, à s'adapter à ce nouveau monde bien plus restreint que le précédent, mais qui pourtant apportait son lot de possibilité. Pour preuve, elle pouvait apparaître au grand jour, affublée de ses vêtements masculins et de ses armes parfaitement visibles. Si certains s'en étonneraient toujours, peu d'entre osaient quelques remarques déplacées, même parmi les Lames qui ne tardèrent pas à l'accepter comme membre à part entière de la Compagnie. Cela, la mercenaire ne le devait qu'à deux hommes, des étrangers à sa fratrie. Le premier lui avait ouvert les portes de son domaine, acceptant de lui donner sa chance sans jamais douter de ses capacités. Le deuxième, son second, n'avait de cesse que de l'encourager, l'aidant à s'améliorer autant en combat grâce à des entraînements privés, que dans ses interactions sociales. Elle faisait donc des progrès, dans les deux domaines, même si la rouquine avait bien plus de facilité une épée à la main plutôt que de tenir une conversation banale sans se lasser.


Son regard d'acier se posait donc partout, avant de s'arrêter brusquement sur une table particulière… Et surtout sur un homme qu'elle ne tarda pas à reconnaître. Il s'agissait du milicien le plus détestable qu'il lui fut donné de rencontrer, le genre qu'il lui serait impossible à oublier. Elle le vit arrêter la serveuse, probablement pour commander une énième tournée… Ce qui lui donna une idée de vengeance, plutôt douce cela dit… De quoi neutraliser l'acidité de sa langue… Sans mot dire, la mercenaire passa de l'autre côté du comptoir. Aidant régulièrement au service, personne ne s'en étonna, pas même la jeune Judith qui ne tarda pas à revenir avec son plateau de chopes vides.

"Qu'ont-ils commandés ?" lui demanda-t-elle en affichant un bien étrange sourire.
"Une bière et trois coupes de vin…"
"Pour qui la bière ?"
"Pour celui qui est le plus ivre."


Suivant le regard de la serveuse, la mercenaire compris qu'il s'agissait du fameux Lorren… À ce moment-là, une autre table demandait l'attention de la jolie blonde débordée, celle-ci lança un regard suppliant à sa collègue occasionnelle qui ne tarda pas à lui répondre.

"Vas-y, je me charge de préparer cette commande.
"Merci,"lança la serveuse visiblement reconnaissante.

Débarrassant le plateau de ses chopes et coupes sales, la mercenaire les plaça dans l'eau de vaisselle. À sa couleur, celle-ci n'avait pas été changée de la soirée… La rouquine en observa la mousse, l'avisant avec un rictus sincèrement amusé… Quoi de mieux pour laver un affront que de l'eau croupie et du savon ? D'un geste vif et maîtrisé, elle se saisit d'autre récipient propres avant de les servir en vin… Réservant à la chope un tout autre liquide, puisque dans celle-ci elle transvesa doucement un peu du contenu du baquet d'eau trouble et suffisamment mousseuse pour ressembler à ce qu'elle se devait d'être aux yeux d'un saoulard. Ceci fait, elle plaça le tout sur le plateau et quand la blondinette réapparue, elle lui le tendit sans rien dire avant de reprendre sa place auprès de son frère, une chope mousseuse à la main. Le tout, sous le regard interrogateur d'Elwin qui n'avait rien osé dire jusque-là.


"Cet homme… ne serait-ce pas le milicien de l'autre jour ?"
"Si", lui répondit-elle en souriant.
"Je comprends mieux", pouffa-t-il en levant sa chope en direction de celle de sa soeur qui ne tarda pas à trinquer au nom de sa petite blague.

Ne restait plus qu'à observer et attendre, lorsqu'il comprendrait la farce, elle lèverait son verre dans sa direction lui faisant ainsi comprendre que c'était bien elle l'instigatrice de ce nettoyage de gosier grossier.
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Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 29 Juin 2019 - 17:09
La vengeance fut commuée et s’adjoignit au sentiment de victoire qui étreignait Merrick Lorren. Frisant l’extase, un sourire moqueur aux lèvres, le milicien laissait son regard vagabonder sur la fratrie et la soeur Monclar, convaincue d’avoir eu gain de cause et de ne pouvoir perdre cet échange. Il ne connaissait pas vraiment ni réellement la rouquine. Toutefois, il était prêt à parier que la famille était une donnée importante pour Aeryn. Dès lors, il savait qu’au travers de la punition du frère, il impactait aussi la soeur. Aucun doute ne fut permis lorsqu’il croisa le regard de la mercenaire à la chevelure flamboyante. Oui, elle ne goûtait que très amèrement à son action qui venait d’être couronnée avec brio. Le contact visuel séparé par la forte musculature d’un de ses frères, Merrick écouta les mots qui s’échangèrent et l'exhortation au calme qui était proféré. De sa position, il n’entendait pas tout, mais suffisamment pour se réjouir de la haine viscérale qui étreignait Aeryn Monclar.

La femme d’armes serait la première à en douter. Pour autant, Merrick Lorren n’était pas véritablement et honnêtement un être profondément vicieux, haineux et revanchard. De fait, il laissait souvent, et la plupart du temps, couler les ignominies et autres immondices dites ou faites à son encontre. Non pas par manque d’amour-propre, mais simplement et seulement par manque de courage. Toutefois, lorsqu’il était apte à commuer sa vengeance, il n’y manquait pas. Mais il ne poussait jamais le vice bien loin, incapable d’imputer une véritable punition âpre et ardue à un être coupable d’une maigre faute, ou non. Le frère Monclar paierait doublement. Une fois pour sa soeur, mais aussi et surtout pour lui-même. Le jugement n’était guère violent. C’était plutôt une attaque à son image, que de passer une nuit cou et poing lié au milieu de la place des pendus. Mais l’être en question s’en sortirait sans séquelle.

Dans les mots que la mercenaire offrit à son frère, Lorren crut entendre des insultes à son égard. Avait-il rêvé ? Toujours est-il que ce manque de respect fut vécu avec délice. Il avait réellement et parfaitement réussi à l’atteindre. Parfait. C’était après tout l'objectif premier, pensa-t-il en se passa une main dans la chevelure et envoyant un regard peiné à l’ensemble des êtres en présence, allant même jusqu’à hausser les épaules pour se dédouaner de toutes velléités revanchardes. Après tout, en cette heure, il se présentait comme un milicien qui faisait simplement son travail…

-”Nous n’avons plus de temps à perdre en conciliabule de famille. Nous allons l’amener. Vous pourrez toujours reprendre votre petite discussion demain matin aux aurores, lorsque votre frère sera libéré. Sur ce, au revoir, les Monclar…” Tout était dit.

◈ ◈ ◈

Comme à la suite de leur première rencontre, le temps se succéda tranquillement, mais sûrement sans que le milicien ne tombe à nouveau sur la mercenaire. L’unique différence qui existait maintenant, c’était qu’il se rappelait exactement et sans le moindre trou de mémoire les événements et les agissements perpétrés par les deux camps. En l'occurrence, ses compagnons d’armes et la fratrie d’Aeryn Monclar. Dès lors, à chaque expédition dans la Hanse, que ce soit en lien avec sa fonction de milicien ou bien pour ses usages personnels, Merrick laissait son regard vagabonder ici et là en quête d’une crinière rousse et d’une propriétaire au regard haineux et dangereux. À chaque fois, il n’avait pas aperçu ladite femme, faisait descendre et diminuer peu à peu sa vigilance à son égard.

L’autre erreur que commit Merrick Lorren fut de se croire en sûreté à l’intérieur d’un débit de boisson. De fait, considérant la rouquine comme une vieille fille incapable de nouer des liens si ce n’étaient ceux servant à attacher ou pendre un homme, l’homme d’armes était convaincu qu’elle ne mettrait jamais les pieds sciemment dans ce genre d’endroit. Or, comment aurait-il pu prévoir que cette dernière résidait directement dans ce genre d’endroit, qu’elle devait pourtant calomnier lorsque remplie d’ivrognes de son genre ? Ainsi, lors d’une soirée -encore- beaucoup trop aviné, Merrick eut la désobligeance de croiser sa route à nouveau…

Ayant suivi les hommes de sa coutelerie et son coutilier dans l’auberge de l’Ours Blanc, Merrick avait enchaîné godet, chope et coupe pour arriver à un état d’ivresse frisant avec la limite de l’acceptable. Ralentissant le rythme pour ne pas finir par rouler sous la table ou pour perdre encore plus sa clarté d’esprit, le jeune homme gardait les apparences sauves et saine face à Arthur, le gradé de leur groupe. Tous connaissaient ou se doutaient de son penchant pour la bouteille. Or, il existait un monde entre le savoir et le voir...enfin. Alors que la soirée battait son plein, tandis que les festivités amusaient tout le monde, un énième service d’alcool arriva à leur table.

-”Merci, Judith.” Dit-il poliment dans un hochement de tête à l’encontre de la serveuse qui repartit avec un sourire suite au paiement des différents briscards de la bouteille.

Arthur, qui avait lui aussi un verre en trop, passa son bras autour des épaules de son pire milicien. Guère porté sur pareil signe de familiarité avec ses hommes, le gradé perdait un peu de sa retenue lorsque l’alcool coulait à flots. “Je crois qu’elle t’aime bien, Lorren. Tu as vu comment elle te sourit, veinard ?”

Merrick haussa les épaules, ne sachant pas réellement si l’affirmation de son chef était fondée. “Peu m’importe, honnêtement.” Il fut un temps ou oui, il aurait poussé l’audace ou l’hérésie à tenter sa chance avec la belle serveuse qui faisait tourner toutes les têtes de l’établissement. Or, aujourd’hui il avait une autre cible bien plus attrayante… levant sa coupe pour prendre une gorgée, son geste fut arrêté par une tape sur son épaule de la part du coutilier.

-”Toujours la dame de Chantauvent…?” Cette fois-ci, le ton n’était qu’un murmure, et Arthur secouait la tête en signe de négation. “Elle n’est pas pour toi.El…”

-”Merci, Arthur. Je n’ai pas besoin de tes conseils au niveau sentimental, si tu le veux bien.” Merrick n’oubliait pas que son coutilier avait aidé Adrien, le frère de sa tenancière, à le séparer d’elle. Pour clore le débat, il s’épancha dans sa chope. Mal lui en prit, d’ailleurs. Recrachant le liquide qui avait un goût infect, le milicien grogna et s’essuya la bouche de sa manche sous l’hilarité générale de sa coutelerie. Fronçant des sourcils et accaparant la coupe d’un de ses camarades, il prit la gorgée d’un alcool qui lui semblait moins immonde que l’immondice ingurgitée.

-”Alors, Lorren. On ne tient plus l’alcool ?”

Regardant la couleur de la mixture indéfinissable dans laquelle il s’était abreuvé, l’ivrogne laissa son regard vagabonder sur l’ensemble des clients de l’établissement pour trouver celle qu’il présumait être la fautive. Croisant enfin son regard, voyant son geste de sa chope, Merrick Lorren sourit modérément, habité par un double sentiment. “Voilà la coupable, Arthur.” De fait, oui, il ne goûtait guère à la perfide attaque qui venait de lui être adressée. Pour autant, l’action était si puérile et enfantine qu’elle ne le mordait guère avec beaucoup d’aigreur. L’homme d’armes n’avait qu’à rappeler à son souvenir la “capture” de son frère pour se calmer et se radoucir. “Je vais aller leur offrir mes salutations les plus distinguées, camarades.”

Fendant la foule et traversant la salle, sa coupe “empoisonnée” à la main, Lorren alla s’appuyer au comptoir pour faire face aux deux belligérants Monclar. Le sourire aux lèvres, croisant le regard du frère et de la soeur sans rien dire, Il finit par tourner son attention vers la serveuse. “Excuse-moi, Judith ?” Content d’avoir retenu son attention, il lui adressa son plus charmant sourire. “ Navré de te déranger, mais pourrais-je avoir une autre coupe ? Quelqu’un s’est amusé à mes dépens.” Puis après un petit silence. “Je me doute bien que ce n’est pas vous !” Ayant très probablement eu gain de cause, l’ivrogne laissa la serveuse vaquer à ses occupations et ramener une chope qui, cette fois-ci, serait buvable. Retournant son attention vers Aeryn, Merrick Lorren prit la parole. “Bien le bonsoir, les Monclar.” Commença-t-il en préambule. “ Vous n’êtes que deux ? Où est le reste de la fratrie ? Ne me dites pas qu’un autre a terminé prisonnier à cause de sa débilité crasse ?” Le ton était poli et cordial. Les mots, nettement moins. L’objectif était là. Sous le couvert de sa fonction, pouvoir attaquer par ses mots celle qui l’avait piégé. “Je…”

-”Si ce n’est pas nos mercenaires !” Avez le bruit environnant, Merrick n’avait pas entendu l’approche de son coutilier. Ce dernier, passant -encore- un bras autour des épaules de son sous-fifre, sourit au duo. Faisant son devoir, Arthur n’avait pas manqué de s’informer des tenants et aboutissants de la vie de celui qu’il avait emprisonné l’espace d’une nuit. “C’est une bien belle plaisanterie, que vous venez de faire à l’un de mes hommes…mais que diriez-vous de régler vos différends d’une manière un peu moins… enfantins ?”

Merrick fit les gros yeux, connaissant beaucoup trop son gradé pour aimer la suite des événements. “Arthur, je…”

-”Un duel ! Vous, contre lui. Sa lui fera un peu d’entraînement, et vous, ça vous donnera la chance de connaître votre vengeance, non ?” Le gradé glissa un regard en coin à son soldat, un sourire torve sur le visage. Arthur avait une drôle de relation avec Merrick. L’appréciant, il détestait pour autant le milicien que l’ivrogne était. Lâche, laxiste et flegmatique, le gradé imaginait depuis déjà longtemps pouvoir transformer son troupier en guerrier et combattant idéal. Car, il était vrai que Lorren pourrait potentiellement avoir certaines qualités d’homme d’armes. Restait à lui donner et trouver un moyen de le faire embrasser sa profession de plein coeur… la vengeance et la peur du ridicule pourraient-elles être le moteur de cette transformation ? “Il est sous mes ordres, il ne pourra se défiler.” Dit-il à l’encontre des deux potentiels adversaires. “Alors, vous en êtes ?”

HRP: pardon pour le temps de réponse... x_x
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyLun 1 Juil 2019 - 14:56
D’aucun savait qu’Aeryn Monclar était une femme continuellement en colère. Il s’agissait d’un fait indéniabl qui se lisait aisément dans ses regards froids. Il en a toujours été ainsi, on l’avait façonné de manière à ce qu’elle agisse de la sorte simplement parce qu’elle se devait d’être forte, d’être un Monclar, le digne fils de Rodrick le géant. Sa nature tout comme sa carrure la poussaient à devoir paraître plus forte que les hommes, les vrais, d’autant plus à présent que sa véritable nature apparaissait au grand jour. Sans son tempéremment, la mercenaire ne serait probablement plus en vie. Personne ne la prendrait au sérieux, ne lui ferait confianc pour mener à bien ses missons. Elle ne pouvait se permettre de perdre tout ce qu’elle avait mis des années à construire et certainement pas face à un homme, aussi buté et méprisable soit-il.

Néanmoins, il semble aussi important de noter que si la belle avait été revancharde ou impatiente, elle se serait mise en quête du plus chien des miliciens. Si elle avait été réellement violente et irréfléchie, il lui aurait suffit de l’attendre aprés une soirée de beuverie avant de placer la lame de sa dague sous sa gorge, appuyer légerement avant de tirer d’un coup sec. Or,Aeryn s’était contentée de mener sa petite vie en faisant fi de ces évenements regrettables, songeant simplement qu’un jour ou l’autre, Merrick Lorren paierait très cher pour sa perfidie. Après tout, ne dit-on pas que la roue tourne ?

Il ne s’agissait là que d’une petite blague, une bien maigre vengeance si l’on doit faire une comparaison avec tout ce que cet homme lui avait dit ou fait. Finalement, ne lui avait-elle pas simplement fait goûter à sa propre amertume tout en lui permettant de laver son gosier si grossier ? Point de poison juste une pointe de savon mêlé à l'alcool et à la crasse qu'il connaissait si bien, telle était la recette de son remède. Et comme il lui était plaisant de le voir recracher ce breuvage tout en affichant une grimace aussi absurde que sa farce bien innocente. La mercenaire s'en amusa tant et si bien qu'elle ne put se retenir de rire… Rire qui se mua en simple rictus lorsque sa "victime" décida de venir à sa rencontre.

Elle le laissa changer sa pauvre commande gâchée sans même prendre la peine de lui lancer ne serait-ce qu'un seul regard, du moins jusqu'à ce que le milicien ne décide d'ouvrir les hostilités verbales.

"Bien sûr que non, ils sont tous deux sagement chez eux… Contrairement à ce que vous semblez croire, mes frères savent bien mieux se tenir que bon nombre de miliciens, rien ne serait d'ailleurs arrivé sans l'un des votre. Je vois d'ailleurs que vous travaillez tard monsieur Lorren," lui répondit-il en employant exactement le même ton que son interlocuteur avant de pencher la tête dans sa direction tout en lui offrant un sourire des plus carnassiers.

Point de salutations pour sa part, il ne les méritait aucunement. Il ne méritait guère son attention non plus et encore moins de perdre son temps dans une nouvelle conversation de sourd avec un ivrogne… Ivrogne qui n'était à l'évidence pas seul, comme à chaque fois que les Trois eurent l'étrange idée de les placer sur la même route. Voilà que le soulard fut rejoint par un autre dont l'état ne valait guère mieux. Aeryn n'eut aucune difficulté à reconnaître le coutilier visiblement fort peu malin pour se laisser diriger par l'un de ses hommes qu'il traitait avec un familiarité presque dégoûtante. La rouquine haussa un sourcil en direction Merrick visiblement surpris par le comportement de son supérieur peut-être un peu trop tactile à son goût.

Loin de vouloir déranger l'importun dans son monologue aviné, les deux mercenaires se contentaient de l'observer en silence. Visiblement, le gradé s'être renseigné sur eux, chose qu'Aeryn détestait plus que tout, n'acceptent guère qu'une personne inconnue en sache autant sur son existence. Il ne s'agissait peut-être que de leur nom, de leur profession, mais pour elle c'était déjà beaucoup trop.

"Un duel ?... Contre… ça ? " lança-t-elle, surprise, tout en désignant le milicien du doigt. "Vous semblez vraiment vous ennuyer dans la milice pour proposer pareille sottise. N'est-ce pas votre travail d'entraîner vos troupes, monsieur ?"

Comment prendre au sérieux quelques paroles d'ivrognes charger d'inepties. Essayaient-ils de l'insulter une fois encore en lui proposant un duel aussi ridicule ?

"Serait-ce une plaisanterie?" intervint le frère à son tour. "Pourquoi parlez-vous de vengeance ?"

Généralement très secrète, Aeryn ne parlait que très peu avec ses frères, en particulier lorsque le sujet se trouvait être aussi contrariant. Aussi, Elwin ne savait rien de leur première rencontre, songeant que la blague de sa soeur ne concernait que l'arrestation inéquitable de leur frère…

"Ne t'inquiète pas pour ça, ce n'est pas important," le coupa-t-elle en barrant son torse de son avant-bras afin de l'empêcher de faire ne serait-ce qu'un seul pas en avant… Geste qui serait probablement mal interprété par les deux miliciens. " Je n'ai malheureusement pas plus de temps à perdre avec vous et encore moins en un duel avec un être sans honneur qui ne sait pas tenir sur ses jambes. Je ne me suis toujours battue que contre des hommes bien souvent valeureux.

Déposant sa chope encore bien pleine sur le comptoir, Aeryn se redressa lentement avant de délester sa bourse de quelques pièces, probablement bien plus qu'il n'était réellement nécessaire pour payer sa consommation.

"Alors pourquoi me fatiguerai-je avec celui-ci ?"

Froide, piquante… La mercenaire ne tolérerait pas une insulte de plus. Sa dette acquittée, sa "revanche" prise, la rouquine n'avait plus rien à faire auprès de ces miliciens. Son mépris ne pouvait qu'aisément se lire dans ses yeux clairs prenant presque une teinte tirant plus sur l'emeraude à cause du maigre éclairage apporté par les bougies et les flammes orangées de l'âtre. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Aeryn Monclar n'était point en colère, seulement lasse de constater que les représentant de la milice, qui se devait pourtant d'être respectable, se comportait bien souvent comme les pires des routiers. Comment la fange avait pus défaire le royaume de ses valeureux soldats pour les remplacer par ces parasites… Non, il lui était tout bonnement impossible d'envisager un duel, un échange autrefois honorable avec un homme si peu digne…

Elle s'éloigna donc, sans prendre la peine de les saluer convenablement, choisissant plutôt de regagner ses appartements à l'étage en espérant ne plus jamais croiser ce bien odieux personnage.
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptyVen 19 Juil 2019 - 4:20
Oui, l’eau croupie et sale que Merrick Lorren avait ingurgitée par mégarde lui avait laissé plus qu’un mauvais goût dans la bouche. Toutefois, c’était plutôt la présence d’Aeryn Monclar, sa condescendance et son obstination à jouer la farouche effarouché, qui le minait particulièrement sur l’instant. Accoudé au comptoir qui les séparaient l’un et l’autre, faisant preuve d’arrogance face à la bien faible boutade en comparaison de ce qu’il avait infligé à son frère, Merrick se savait encore -ou du moins se croyait-il- le réel vainqueur de cette lutte qui n’en finissait plus et qui ne menait nulle part. Pour autant, son amour propre froissé et son abhorration grandissante pour la mercenaire lui faisaient perdurer ces inepties et ces fadaises empreintes d’une truculente haine qui tanguait vers le viscéral.

-”Je ne doute aucunement de la tenue et de la civilité de vos frères, Monclar.” Dit-il en sous-entendant plus que clairement que le mouton noir de la famille, celle qui faisait preuve d’un manque de tact et d’éducation plus que flagrant, était plutôt la jeune femme en elle-même. Haussant les épaules, comme pour l’excuser de ce manque de savoir-vivre qu’il lui imputait et qu’elle corroborerait à chacune de leur rencontre, le milicien continua sur sa lancée. Ou plutôt, sur sa contre-attaque. “ Même les hommes les plus occupés tels que moi méritent bien un repos de temps à autre. Par contre, vous me pardonnerez d’avance j’en ai aucun doute’’ ou plutôt en avait-il mille…’’ mais je vous trouve, vous, particulièrement inoccupée. À chacune de nos rencontres vous ne faites rien. Soit vous tentez de gérer les affres de votre fratrie, soit vous déambulez comme une âme en peine à ne rien faire. Dès lors, n'essayez pas de juger mon emploi du temps, car il suffirait de se demander si votre inactivité incombe à votre incompétence ou bien à votre caractère plus qu’acariâtre. ”

Merrick Lorren ne se cachait plus derrière un semblant de politesse feint. Leur ‘’relation’’ avait dépassé ce stade. La lutte était ouverte depuis déjà une longue période, et chacune de leur rencontre s’arrimait autour de cette rixe qui les liait. Pour autant, le ton n’était guère buté ni agressif. Tout comme sa posture. De fait, l’homme d’armes laissait les mots mordre sans y insuffler un vent de haine et de colère qui ne ferait qu’altérer et aliéner la teneur perfide de son allocution. Or, avant qu’il ne puisse continuer et perdurer en ce sens, il fut surpris par l’arrivée de nul autre que de son supérieur hiérarchique; Arthur.

Fendant la masse sans que l’ivrogne ne l'aperçoive, le coutilier qui avait sans l’ombre d’un doute consommé un verre de trop -mais guères plus- vint à la rencontre des deux belligérants, des deux opposants qui se faisaient face sous le regard suspicieux du frère de la Monclar. Proposant un duel entre les deux personnes qui avaient fait des armes leur métier et leur gagne-pain, pour des raisons bien différentes, Merrick déchanta plus que rapidement. Arthur était-il sérieux ? Le forçait-il réellement à tirer son épée au clair pour échanger attaque et contre-attaque avec Aeryn ? C’était une hérésie, une stupide et insipide erreur ! Comment pouvait-il prôner cette idée ? Impossible !

De fait, Lorren ne voulait aucunement croiser le fer avec la rousse. Qu’arriverait-il s’il perdait ? Sa réputation en serait meurtrie, son amour-propre touché. Or, risquait-il réellement de perdre…? Elle semblait expérimentée au niveau de la lutte et de la rixe. La preuve, elle l’avait fait chavirer et tomber au sol lors de leur première incartade. Et puis, même s’il gagnait, il n’en tirerait aucun mérite, aucun honneur. Tous ne feraient que mettre sa victoire sur la condition de femme de son opposante. Dès lors, non, le duel était plus qu’une mauvaise idée à ses yeux. Le risque de prendre part à la rixe était trop grand en comparaison des potentiels gains. Pour autant, lui ne pouvait aucunement refuser. Arthur formaliserait sa demande, la faisant passer comme un ordre. Pour éviter d’être assujetti à une punition aussi véhément qu’embarrassant, l’homme d’armes n’avait aucun choix que de faire fasse. Du moins, si tel était la volonté d’Aeryn Monclar…

Or, la rousse le sauva d’elle-même de cette lutte que voulait instiguer le coutilier. Se drapant dans une fierté toute noble qui n’allait aucunement et guère avec ses agissements et sa façon d’agir, cette dernière refusa ledit combat pour des questions d’honneurs et de grandeur d’âme. Étonnant. Dégoûtant. Merrick hésita entre l’envie d’en rire et de pouffer, ainsi que de pousser un soupir de soulagement, lui qui échappait au pire. “Comme vous voulez…” Dis Arthur en haussant les épaules et en détournant le regard. Que pouvait-il faire de plus ? Le choix appartenait à Aeryn après tout. “Je ne vous proposais aucunement un duel pour prouver votre honneur ou pour faire prévaloir une quelconque grandeur d’âme. Ce n'était qu'une lutte d’entraînement où vous auriez pus accrocher le milicien en face de vous. Je…”

-”Il n’y a aucun problème et rien de plus logique que de vous voir vous défilez, Monclar. Je comprends votre hésitation, alors que vous savez parfaitement votre défaite inévitable” Arangua Lorren en direction d’Aeryn en coupant la prise de parole de son coutilier, dressant ce refus de la lutte comme sa victoire personnelle. Après tout, même les petits triomphes étaient importants et permettaient, à force de s'amonceler, de former le piédestal duquel il pourrait regarder la mercenaire de haut.

La suite n’eut rien de surprenant. La bretteuse partie sur ses dernières paroles sans se retourner, regagnant les étages, son antre, son repère. Les deux hommes d’armes habillés de vert repartirent en direction de leur table, avant de quitter l’auberge guère plus longtemps après. L’humeur festive n’était plus de la partie pour Merrick, alors qu’Arthur n’était pas le plus grand buveur. De plus, l’ivrogne avait une rousse à retrouver, une partenaire nettement plus intéressante et attrayante que celle qu’il abandonnait au second étage du débit de boisson.

Et face à ce fait, il n’y avait aucune confusion ou mésentente possible...
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MessageSujet: Re: Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) :   Confusion sur fond de mésentente (Aeryn Monclar) : EmptySam 20 Juil 2019 - 8:33
Il jugeait bien vite, le milicien, trop vite pour la mercenaire déjà épuisée par ses manières toujours aussi déplacées. L'alcool rendait décidément les hommes stupides, trop sûrs d'eux… En somme, des recrues faciles voir évidente pour la garde formée à la va-vite par le duc et principalement composée d'activistes incapable, comme semblait l'être ce Merrick Lorren… Ce constat ne fit que le rendre encore plus méprisable à ses yeux… En revanche, sa remarque concernant son inactivité, la fit beaucoup, silencieusement du moins. Car, à l'évidence en plus d'être un ivrogne détestable, il s'avérait aussi être un grand ignorant. Aussi se fit-elle un plaisir de rétorquer.


-Je pensais au moins que vous saviez ce qu'est un mercenaire et comment ceux-ci travaillent. Alors, effectivement, chaque fois que nous nous sommes malencontreusement croisés, par les Trois, nous n'étions pas en mission. Mission durant lesquelles nous nous montrons toujours très professionnels et respectables, on ne peut évidemment pas dire la même chose de tout le monde, n'est-ce pas, Lorren ?

S'il voulait se montrer insultant, elle en ferait de même. La mercenaire n'appréciait guère ses allusions plus que déplacées, en particulier lorsque sur trois rencontres malencontreuses, elle l'avait déjà vu ivre par deux fois et jamais bien loin d'un début de boissons. Coïncidences ? Probablement pas… Cet homme-là ne devait être que l'un de ces crèves la faim qui n'avaient rien trouver de mieux que s'engager dans la milice pour épargner leurs misérables miches. Un moyen comme un autre de se donner de l'importance en jouissant du semblant de pouvoir octroyé par l'uniforme payé pas le duc. Comment pouvait-elle avoir, ne serait-ce qu'une once de respect pour cet homme ? Il n'en méritait aucun en se comportant de la sorte… Et ce, sans compter sa petite vengeance toute aussi méprisable que sa personnalité lorsqu'il eut l'idée saugrenue de s'en prendre directement à son frère simplement pour l'atteindre elle… Tenait-il vraiment parler de professionnalisme et d'activité douteuse quand il semblait en avoir le monopole ? Non… Il ne méritait décidément pas qu'elle perde une minute de plus à discuter avec lui.

Lorsque la mercenaire refusa le duel proposé par le coutilier, celui-ci se justifia en attestant qu'il ne s'agissait que d'un simple duel d'entraînement. Le sourire de la rouquine s'élargit à ses mots avant que ses perles d'azur ne se posent sur le milicien aviné afin d'analyser sa posture… Son maintien. Nul doute que ce dernier devait avoir grandement besoin d'entraînement, car cet homme-là ne tenait en rien du guerrier. Ce n'était pas un soldat, à peine une mascarade sur pattes instables. On lui avait probablement enseigné le maniement des armes, à peine de quoi se permettre de parader dans les rues avec sa lame courte accrochée à son ceinturon. À force de boire, celui-ci devait avoir perdu toute fermeté quant à la tenue de l'épée ce qui ne pouvait que rendre le désarmement d'autant plus aisé. Trop maigre, pas assez musclé… Son maintien ne pouvait être que minime, ce qui expliquerait l'incroyable facilité avec laquelle Aeryn l'avait mis à terre lors de leur première rencontre… Il n'était pas assez sur ses gardes, pas assez attentif, observateur pour être utile sur un champ de bataille, à moins que celui-ci ne réserve quelques surprises… Mais ceci lui parut bien étonnant.

Aeryn avait certes refusé, en appuyant volontairement sur l'honneur simplement pour souligner le fait que son ennemi devait en être fort dépourvu. La mercenaire tenait au sien et ne croiserait jamais le fer avec un idiot simplement pour l'humilier, il le faisait très bien tout seul. Néanmoins, la rouquine guetta la réaction du milicien, décelant quelque chose dans son regard qui semblait affirmer que lui non plus ne tenait pas à ce duel, mais certainement pas pour les mêmes raisons que la mercenaire… La provocation lancée par ce dernier alors qu'elle s'apprêtait à s'éloigner en fut certainement la preuve.

-J'aime mieux refuser plutôt que de courir le risque de me laisser emporter par ma rogne et vous tuer par mégarde. Que feraient les tavernes de la cité sans leur meilleur client, rétorqua-t-elle en posant une main faussement compatissante sur son coeur. Remerciez-moi plutôt que de chercher à m'insulter, il n'y a qu'un pleutre pour user de telles provocations après un refus aussi catégorique que fut le mien...

Ces paroles furent les dernières prononcées par la mercenaire. Elle les abandonna là, les laissant avec son frère qui n'en avait pas fini de rire.
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