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 [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]

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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]   [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire] EmptySam 8 Juin 2019 - 15:23
Avril 1166


Chez les Monclar, le lien fraternel s'exprimait d'une manière plutôt étrange pour toute personne étrangère à la fratrie. Entre eux, tout n'était que question de défis, de lutte constante et de dépassement de soi. Pour ceux que l'on avait élevés dans l'unique but de combattre, la force et la résistance ne pouvaient que prévaloir sur tout le reste. Cela se ressentait en toutes circonstances, en particulier chez deux d'entre eux. Aeryn Monclar et son frère, Ivaad se détestaient, du moins, c'est ce que tout un chacun pouvait croire en les observant un tant soit peu. Pourtant, rien n'était plus faux, ils aimaient simplement se défier sans cesse comme pour prouver leur valeur mutuelle à l'autre. Alors certes, les deux mercenaires aux sales caractères se disputaient bien souvent ce qui obligeait les deux autres à intervenir, lorsque ce n'était pas l'un des membres de la compagnie.

Ce jour-là, dans la cour du quartier général de la compagnie, les deux mercenaires échangeaient quelques passes lors d'un entraînement des plus banal. Seulement, lorsque l'un ou l'autre prenait le dessus, le second n'hésitait pas à frapper sans aucune retenue… Ce qui ne pouvait que dégénérer rapidement. On leur avait pourtant demandé de ne plus s'entraîner ensemble, mais les deux finissaient toujours par se retrouver…

D'abord, tout se déroulait normalement, un coup, une parade, un contre, une feinte. Rien de bien exceptionnel en soi… Jusqu'à ce qu'Ivaad ait la bonne idée de titiller sa sœur au sujet d'une rumeur ridicule circulant parmi les lames. Le cadet des Monclar n'en croyait rien, évidemment, mais la connaissant, il savait pertinemment qu'Aeryn réagirait aussitôt. Les coups se firent donc plus puissants, ce qui ne pouvait qu'amuser l'homme de haute posture puisque la force de sa benjamine était bien inférieure à la sienne. Néanmoins, il savait aussi qu'elle ne s'arrêterait certainement pas à quelques chocs d'acier émaillé contre lame émoussée. La rouquine attaquait en essayant réellement de le blesser, suffisamment pour le faire taire du moins… Si l'on appelait Aeryn Monclar "la teigne", ce n'était certainement pas pour ses regards constamment furieux ou pour sa verve piquante, mais bien pour sa manie d'aller jusqu'au bout de ses idées lorsqu'elle en avait décidé ainsi.

Alors, voyant son frère s'esclaffer devant ses bien maigres tentatives, la mercenaire décida d'adopter une toute autre stratégie. Elle le surprit en jetant son épée sur lui, avant de tout bonnement se laisser glisser entre ses jambes pour venir le déstabiliser complètement. Il lui suffit ensuite de laisser jouer son poids, bien trop imposant pour reposer pour des membres rendus instable. Ivaad chuta ainsi, la tête directement dans le sable. Mais lui non plus ne lâchait jamais rien, une fois énervé, rien ne pouvait plus l'empêcher de chercher à blesser sévèrement son adversaire, quand bien même s'agissait-il de sa sœur. Abandonnant sa lame émoussée, le mercenaire s'empara de sa dague. Il fut aussitôt imité par sa benjamine qui l'attendait sourire carnassier aux lèvres…

À partir de là, il fut bien difficile de stopper les deux mercenaires. Chacun d'eux cherchait à dominer l'autre, à le blesser plus ou moins sérieusement… Ce qu'ils réussirent à faire d'ailleurs, à plusieurs reprises, jusqu'à ce que Kaël, l'aîné de la fratrie réussisse à neutraliser son frère, de manière fort peu diplomatique, il est vrai et qu'Elwin, le benjamin vint se saisir de sa soeur après l'avoir désarmée.

-Vous êtes insupportables tous les deux, grogna l'aîné en aidant l'assommé à se relever. Viens m'aider Elwin…

L'archer relâcha sa sœur, avant de rejoindre son aîné. Chacun d'eux plaça l'un des bras de l'inconscient sur leurs épaules avant de laisser ses traîner sur le sol.


-Ryn, tu nous suis, tout de suite.
-Ce sont juste de simples égratignures, pas de quoi en faire toute une histoire, protesta la rouquine en rangeant sa lame dans son dos.
-Ne discute pas, idiote. Il faut soigner ça.

Inutile pour elle de protester, Aeryn le savait. Si elle refusait d'obéir, l'un d'entre eux la traiterait forcément jusqu'au soigneur. Et encore, la mercenaire pouvait s'estimer heureuse que le Capitaine comme son second fussent absents ce jour-là… Même si elle n'échapperait probablement pas aux remontrances… Elle les suivit donc, non pas sans grogner. Ivaad fut posé sur l'une des tables tandis que la rouquine prit place sur une autre.

-Bonjour, salua l'aîné, On vous emmène deux idiots à recoudre.
-Quelques plaies et bosses, pas de quoi fouetter un chat, par les trois, grogna la rouquine en s'asseyant en tailleur sur la table.On en a vu d'autres...
-Arrête un peu, et laisse toi faire...




Dernière édition par Aeryn Monclar le Mar 2 Juil 2019 - 14:31, édité 1 fois
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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]   [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire] EmptyDim 16 Juin 2019 - 11:41
S'il faut être honnête, c'est pas le premier endroit où Theodren aurait postulé s'il lui fallait trouver une source de revenus. Mais voilà, à Bourg-Levant, un boucher est déjà lié au grossiste en viande, et pour ne rien gâcher, le bougre est compétent, les maisons closes ont leurs soigneurs, souvent même soigneuses d'ailleurs, pour ce qu'il appelait pudiquement les "inspections sanitaires" et aussi compétent qu'il soit, il a toujours du mal à se faire une clientèle stable. Ce n'est pas qu'il ne soit pas compétent ou sympathique, on lui reconnait même une discrétion absolue, mais les gens ont leurs habitudes et lui ne récupère de la clientèle que pour des problèmes ponctuels, quand le médecin de famille n'est pas disponible. On sait qu'il y a non loin du Temple un jeune soigneur bien et propre sur lui qui peut dépanner.

Cette clientèle qu'il doit rebâtir, Theodren l'avait dans le Goulot. Il avait ses maisons closes à entretenir, ses clients qui avaient besoin de discrétion parce que les amours coupables ou hors nature, ça ne plait pas, au Temple, ou encore parce que la milice y fait un tour pour retrouver le margoulin qui a su leur échapper mais qui s'est blessé. Seulement, en vendant son commerce, Theodren a aussi vendu son carnet d'adresse. C'est qu'une maison dans Bourg Levant, ça coûte bonbon. Et cet achat complètement fou, il l'a fait pour les beaux yeux de sa Constance, prêtresse de son état, et dont le ventre bien rond n'est pas dû à une crise d'aérophagie. Et il faut bien entretenir sa si reine et l'amour qu'elle porte. Et si prêtresse, au niveau réputation, ça a la classe, niveau salaire... Ces gens sont bénévoles et vivent des dons.

Cela pourrait même avoir un côté vexant pour notre brave soigneur. Quand on parle de son épouse, on dit "La Mère Constance", et quand on parle de lui, c'est "le mari de Mère Constance". Elle se présente comme son épouse, mais dans l'esprit des gens, elle n'est pas "Madame Hilaire, épouse de Theodren", mais elle est avant tout "Mère Constance Hilaire". A la limite, c'est elle qui lui a donné son nom. Elle le porte bien, son nom. Lui refuse d’être nommé "Hilaire". Il ne veut pas être lié à son père, soigneur aussi, mais qui était surtout un alcoolique doublé d'un charlatan.

Donc, pour notre soigneur, il fallait trouver des sources de revenus et son talent principal ne rapporte pas. Heureusement pour lui, il a des dons "annexes" dont il sait se servir. Il faut dire que dans les bas quartiers, quand tu es gaulé comme une crevette neurasthénique, si tu n'es ni débrouillard ni malin, tu ne t'en sors pas. Il a eu un contrat miraculeux comme prothésiste et il a conçu une main superbe pour un noble qui avait le sou et qui l'a grassement payé. Puis, c'est un chirurgien barbier, et le côté barbier, ça rapporte dans les "beaux quartiers". Il n'a pas encore de nobles dans sa clientèle, mais les bourgeois affluent. Dès qu'il y a une cérémonie, une fête, un lieu où se faire voir, c'est chez lui qu'on vient rafraîchir une barbe ou une coupe. Et visiblement il est doué. Même les dames viennent. Si notre chirurgien n'est pas vilain à regarder, il est "le mari de la prêtresse", ce qui semble garantir qu'il n'aura pas d'attitudes équivoques. S'attirer les foudres du Temple, nul n'oserait.

Mais voilà, les fêtes, les cérémonies, ça n'est pas tous les jours, et une femme enceinte, ça bouffe pour deux. Constance ayant un métier difficile, et des sautes d'humeur, faut la sortir un peu aussi, et ça coûte des sous. Et il ne veut pas la priver ni l'inquiéter. Aussi, quand le Capitaine lui a offert un poste de soigneur un jour semaine pour la Compagnie des Lames, Theodren n'a pas hésité. Il a négocié un bon salaire, pas qu'en argent d'ailleurs, notre homme adore le troc et a bien besoin de plantes venant de l'extérieur pour ses préparations et une copie de ses instruments médicaux pour pouvoir se déplacer léger quand il se rend sur place. Et ce sont les sous qu'il gagne à la Compagnie qui lui permettent de vivre bien et de couvrir les besoins de sa petite famille. Tout est prêt pour l'accueil du bébé, qui a sa chambre, son lit, et déjà un bureau pour étudier plus tard. Son fils ou sa fille sera comme sa mère, lettré. Theodren n'a pas encore eu le temps d'apprendre et il réalise qu'il n'apprendra sans doute jamais. L'érudition restera le domaine de son épouse, lui aura les connaissances manuelles. Elle saura doser les médications, il saura fabriquer les prothèses, et l'un dans l'autre, ils fonctionneront très bien ainsi.

Quand sa journée se termine, Theodren est satisfait. Il a fait du bon ouvrage, les autres soigneurs qui viennent aider à la Compagnie sont compétents et n'usent pas trop dans ses réserves. Il a eu le temps de refaire quelques lotions entre deux-trois suivis et s'apprête à rentrer quand on débarque avec deux blessés. Un homme et une femme qui, pense-t-il de prime abord, ont pris des mauvais coups. Mais lorsque le mercenaire informe notre soigneur qu'il s'agit de deux idiots, Theodren comprend que c'est probablement un entraînement qui a mal tourné. Même si un mercenaire prend un mauvais coup après une erreur, on évite de le traiter d'idiot avant qu'il ne soit sur pied. Si on le traite d'idiot, ça n'est pas bon signe. Et les deux idiots sont un idiot ET une idiote. Il ne s'y est pas encore fait. Quand l'idiote signale qu'il ne s'agit que de quelques plaies et bosses, Theodren répond en soupirant :

- Chacun son boulot, madame. Quand il s'agit de frapper, je n'ai rien à dire à votre technique ou vos aptitudes, elles ne sont pas miennes. Quand il s'agit de poser un diagnostic, là, c'est mon boulot.

Il y a une consciente et un inconscient, Theodren donne la priorité à l'inconscient.

- Messieurs, je vous demanderai de rester un peu. Vu le gabarit du gaillard et ma carrure, j'aurai du mal à le porter une fois les soins effectués. Je m'occupe d'abord de lui, puis vous l'allongerez dans la pièce à côté pendant que je surveillerai l'état de votre collègue féminine. En passant, désolé de ne pas avoir prévu un local fait pour les femmes, je ne me suis pas encore fait à cette... modernité. Non pas que les femmes n'aient pas leur place avec les gens d'armes, quand je vois comment vous avez arrangé votre collègue, prétendre le contraire serait stupide...

Pendant qu'il parle, il ne regarde pas la rouquine, concentré sur l'état de son patient. Effectivement, des plaies, des bosses et un oeil bien bien tuméfié et qui nécessitera qu'il le dégorge. Et une surveillance de 24h à minima. il profite que l'homme est évanoui pour s'occuper de l'oeil. Cela reste impressionnant quand on est conscient, même si on est doté d'un sang-froid à toute épreuve.

- mais voilà, je ne l'ai pas encore intégré. Comme on a aussi des soigneuses ici, je pense qu'il sera simple de prévoir un local de soins pour les dames, elles y seront sensibles.

Il prépare tranquillement son matériel en faisant une prière silencieuse, invitant les Trois à guider ses gestes et à l'aider à voir ce qu'il y a à voir. L'entaille pour faire saigner l'oeil et vider l'hématome est précise et rapide. C'est à la pose de la lotion cicatrisante que l'homme donne les premiers signes de réveil.

- Tranquille l'ami, tu es au local de soins. Je suis Theodren, aussi connu comme Le Corbeau. Accessoirement le mari de la Prêtresse, aussi. Tu y verras de tes deux yeux d'ici trois jours. Je te fais quelques bandages, pas de points de suture puis tes collègues te portent à ton lit. Tu fais chier, tu tentes de te lever sans l'accord d'un soigneur, tu tentes même ne serait-ce que de t'asseoir avant que j'en donne l'autorisation, je te fais ligoter dessus et j'te libérerai même pas si tu dois pisser.

Il l'a dit avec une voix douce, un débit lent et un calme étonnant, mais pourtant, on peut sentir qu'il ne plaisante pas.

- Ma journée était finie, j'allais retrouver ma chère et tendre, qui est probablement en train de cuisiner en biais parce que sinon elle n'atteint plus la casserole en raison de son gros ventre, et on me ramène deux ahuris qui ne savent pas se limiter lors des entraînements ? Vous me refaites le coup et je suggère au Capitaine de déduire mon salaire de vos soldes, histoire que vous appreniez la leçon. Messieurs, j'en ai fini avec lui pour l'heure, vous pouvez l'amener dans le dortoir à côté. Faites moi prévenir s'il devait vomir...

Il se tourne vers la rouquine alors qu'il nettoie ses instruments.

- Si vous préférez une femme pour vous soigner, je pourrais le comprendre, mais je crains qu'il ne vous faille quelques points et sauf erreur, la soigneuse ne vient que demain matin. Alors soit vous me laissez gérer le plus urgent, soit vous vous en fichez que je sois un homme et j'essaie quand même de respecter au maximum votre pudeur, soit ma tronche ne vous revient pas et je vous fais emmener au Temple.

Car il présume que si elle est réticente à se faire soigner, c'est parce qu'il est un homme. Elle évolue déjà dans un univers masculin, s'y trouver en position "de faiblesse", donc blessée, doit être encore moins simple et les soins sont un des rares domaines où les femmes sont aussi bien, sinon mieux vues, que les hommes. Les hommes sont théoriquement interdits d'accouchement (sauf les bouchers, pour pratiquer une césarienne post mortem ou cas d'une extrême urgence en l’absence d'une accoucheuse). Rarement un homme sera bienvenu pour gérer des "problèmes féminins". Bon, dans les bas quartiers, on sera moins regardant, ou dans les maisons closes, mais aussi compétent soit-il, jamais un soigneur homme ne mettra le nez dans le frifri d'une bourgeoise ou d'une noble et pour le reste, même certains hommes préfèrent des soigneuses, car cela les oblige à avoir du courage pour ne pas pleurer face à une femme lors des soins qui sont souvent tout, sauf agréables. Theodren est parfaitement conscient de cela et semble vouloir respecter Aeryn.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]   [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire] EmptyJeu 20 Juin 2019 - 16:56

Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, le soigneur, Aeryn ne s’amuserait jamais à affirmer quoi que ce soit sans être parfaitement certaine de ce qu’elle avance. Des plaies et des bosses, rien de plus. Le jeune homme en avait sûrement soigné plus qu’elle, mais la mercenaire n’en était pas non plus à sa première estafilade, son corps pouvait en témoigner, les moyens de comparaison ne manquaient donc pas. Pour l’heure, elle comptait trois plaies, une sur son arcade sourcilière droite, un point sensible qui s'ouvrait aussi facilement qu’il se refermait, le tout sans forcément laisser de cicatrice. La seconde se trouvait au niveau de son épaule, l’ouverture semblait nette, propre, plutôt fine, preuve que malgré sa colère, Ivaad avait su se retenir un minimum. La dernière barrait légèrement son ventre, il avait réussi à la toucher tandis qu’elle s’échinait à esquiver d’un bond en arrière. Là encore, la plaie n’était pas vraiment impressionnante, ni même assez profonde pour provoquer une quelconque inquiétude chez elle. Son père avait fait bien pire jadis, à l’aide d’un simple fouet, elle n’allait donc certainement pas chipoter pour si peu. D’ailleurs, au soigneur, la rouquine ne répondit rien, se contentant de lever les yeux au ciel tout en songeant qu’il exagérait la gravité de la situation.

En revanche, lorsque le jeune homme évoqua l’absence de zone “réservée aux femmes”, la mercenaire ne put se retenir de rire, le genre nerveux dépourvu d’amusement sincère.

N’ayez craintes dans ce cas, puisque je ne suis pas une femme, simplement un mercenaire tout comme ceux-là. Ne vous préoccupez donc pas de ma pudeur, elle n’est nullement déplacée, répondit-la rouquine, de manière bien plus froide qu’elle ne l’aurait voulu. De toutes façons, personne ne lui avait jamais appris à se montrer diplomate. Inutile puisqu’elle ne sortait jamais de sa cachette autrement que pour se battre. Aussi, lorsqu’il s’agissait d’user de courtoisie, Aeryn préférait laisser son aîné parler pour elle tout en observant ses manières afin d’en tirer quelques leçons de “savoir vivre en société”... Ce qui ne s’avérait pas si évident que cela.


Ce que ma sœur essaie de vous dire, c’est qu’elle a l’habitude de vivre au milieu des hommes. Elle sait qu’il s’agit de soin ici, par conséquent, elle ne s’inquiète pas d’être vue, ni même de s’exposer devant vous. Concernant mon frère poursuivit-il en désignant le géant inconscient. Nous ne comptions pas nous éloigner, nous savons qu’il se réveillera en étant quelque peu… Désorienté.

Néanmoins, tout en s’occupant du cas du géant, le soigneur revint sur le sujet des soins administrés aux femmes, à la présence des soigneuses et à la possibilité de prévoir un local réservé aux mercenaires dépourvus de pénis… Aeryn veillait à tenir sa langue, sous l’influence silencieuse de son frère qui lui faisait signe de ne pas relever et de continuer à se taire… L’exercice lui sembla d'ailleurs bien difficile puisqu’elle mourrait d’envie de pouvoir lui demander pourquoi les soigneuses pouvaient panser les plaies des hommes, sans aucune gêne déplacée, alors que l’inverse paraissait si inconcevable? A moins que le problème ne vienne de cette gent masculine qui n’a jamais su se tenir face aux formes d’une demoiselle. Pathétique. Ridicule. Navrant. Tel fut le constat effectué par la mercenaire.

Tu te prends pour qui, l’pisseux, pour me menacer?grogna la montagne en réponses aux paroles du soigneur.
Du calme, idiot, il te dit juste que tu dois rester un peu tranquille parce que tu as pris un mauvais coup sur la tête… Apparemment, je ne suis pas la seule ici à ne pas savoir m'exprimer de manière...civilisée, le reprit-elle tout en lançant un regard noir au fameux corbeau qui lui semblait de plus en plus antipathique.

Sous la demande du soigneur, les deux Monclar encore valides, conduisirent le géant colérique dans la pièce jouxtant celle dans laquelle il se trouvait. Aeryn songeait à, tout bonnement, quitter les lieux, ne se sentant guère d'humeur à supporter les remontrances de cet homme qui ne connaissait rien à la vie des mercenaires, surtout ceux de sa famille. En ayant un toit au-dessus de sa tête et des assiettes pleines à chaque repas, elle se fichait bien des avis du capitaine, ou même de se voir délester de quelques pièces… Néanmoins, Aeryn ne voulait pas de causer de problème à ses frères, ni même devoir affronter le regard du second qui ne semblait pas tolérer ce genre de violence… Personne ne pouvait décemment comprendre les raisons de celles-ci… Et certainement pas l'oiseau de malheur occupé à nettoyer ses instruments de torture.

C'est quoi votre problème, au juste? cracha-t-elle une fois que son interlocuteur eut fini de pointer du doigt son absence d'attributs masculin, ce qui semblait tant le perturber. Vous êtes franchement ridicules avec votre histoire de local réservé et de soigneuse... Elle retira sa chemise souillée laissant n'apparaître rien d'autre qu'un épais bandage cachant ce qui faisait d'elle une femme, du moins en partie, ainsi qu'une multitude de cicatrices plus ou moins larges, épaisses, jolies ou laides. Je dis juste que j'en ai vu d'autres… Ces plaies-là peuvent aisément se passer de vos soins, mais puisque je n'ai pas le choix… Tâchez simplement d'oublier que je suis une femme, je doute que ce soit bien difficile, et j'oublierai que vous êtes un homme. Je pense que nous avons tous deux mieux à faire.
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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]   [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire] EmptySam 29 Juin 2019 - 22:02
- Mon problème, c'est que je fais un métier de femme. En tant que femme qui fait un métier d'homme, je pensais que vous pouviez comprendre.

Sauf que Théodren n'est pas un combattant à qui il suffit d'exploser la tronche d'un opposant à son métier pour faire ses preuves.

- De femmes ou de prêtres, pour être plus précis. Tant que je me limitais à mes activités de boucher et de barbier, tout allait bien, mais quand on s'intéresse à la fabrication des potions, sans savoir lire, aux soins, sans avoir été formé au Temple et à l'obstétrique, parce que l'activité première du boucher est d'ouvrir les femmes mortes en couche qui n'ont pu délivrer l'enfant, c'est tendu.

Il explique cela en observant les cicatrices, récentes et plus anciennes, mais se garde bien de dire qu'effectivement, elle doit en connaître un rayon sur les blessures.

- Le regard d'un expert n'est pas toujours à négliger, parfois il peut y avoir une mauvaise surprise et malheureusement, ou heureusement, c'est selon, j'ai vu plus de blessures que vous, en plus des maladies et autres joyeusetés. Et des choses bizarres aussi. Par exemple, plus on monte dans la hiérarchie sociale et plus les femmes sont pudiques. Je sors du Goulot, où ce qui compte le plus, pour un soigneur, c'est de savoir soigner. A de rares exceptions près que le soigneur soit homme ou femme n'y change rien.

L'examen se poursuit, finalement très professionnel.

- Et plus cela vire vers la bourgeoisie, plus les gens sont timides pour évoquer les choses intimes et moins ils sont enclins à laisser un homme soigner une femme. Si je suis proche à moins d'un mètre d'une noble, ils pourraient me trancher le cou. Alors imaginer que je pose mon nez sur son frifri. Même un homme prêtre ne pourrait sans doute pas. C'est cela, la réalité de mon métier. Bon, tout va bien, je ne vois pas l'utilité d'apposer un baume ou quoi que ce soit, la nature est bien faite et vous semblez savoir vous laver correctement...

Il se retourne pour la laisser se rhabiller.

- Et ne dites plus jamais à un soigneur d'oublier que vous êtes une femme, c'est une donnée qui est importante dans beaucoup de situation. Ici, la question ne s'avère pas nécessaire, mais vous comprendrez rapidement en quoi elle est importante. Y a-t-il une chance, ou un risque, que vous soyez enceinte ? Voilà ce qui différencie le plus un homme d'une femme. Voilà pourquoi avoir des locaux séparés peut être utile. Et voilà pourquoi les femmes préfèrent souvent les femmes.

Alors qu'il s'apprête à partir, il fait demi-tour et ajoute :

- Je parle beaucoup. Souvent, ça aide les patients car les examens ne sont pas forcément agréables. Ma voix est monocorde, elle occupe l'espace, évite de trop penser, de trop se poser les mauvaises questions. Je les anticipe, parfois. Bref, j'essaie que tout se passe au mieux. Mais ça ne nuit pas à ma concentration. Si vous avez une question, une demande particulière, d'ordre médicale de préférence mais pas obligatoirement, je peux vous consacrer quelques minutes. C'est rare que je rentre à temps. Sinon, la bonne soirée !
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire]   [Terminé] Du fil et une aiguille pour deux idiots, [Theodren Hilaire] EmptyMar 2 Juil 2019 - 12:00
C'est avec une mine des plus perplexe que la mercenaire accueillit la réponse du soigneur… Pourquoi devrait-elle comprendre son point de vue alors qu'elle s'efforçait justement de prouver sa valeur pour briser le carcan imposé par sa propre nature… Pourquoi les combattant ne devraient être que des hommes alors que les femmes peuvent tout aussi bien tenir une épée, un arc, ou bien une dague qu'eux ? Pourquoi se cantonner à la vision n'offrant qu'un point de vue biaisée sur des capacités pourtant bel et bien existantes chez tout un chacun? Pourquoi ne laisser les clés du savoir qu'aux gens du clergé ou à la noblesse qui ne se préoccupait que d'elle-même, quand le peuple se montre tout aussi curieux sinon plus ? Si les différences existaient en ce monde, de même que les restrictions liées au rang ou au sexe, Aeryn préférait ne pas les voir, quand bien même elle serait la seule. Néanmoins, l'important ici, n'était-ce pas seulement que Theodren avait les compétences nécessaires pour se trouver là ?

Elle restait toutefois silencieuse, le laissant parler tout en l'examinant avec attention. Jusque-là, et parce qu'elle n'était qu'une femme se faisant passer pour un garçonnet à peine pubère, à cause de sa petite carrure, seul son père et ses frères s'étaient chargés de ses blessures. Il ne fallait surtout pas découvrir le secret du géant, sans quoi sa réputation ô combien importante dans le monde du mercenariat s'en serait vu entachée à jamais. Aeryn n'avait donc aucune pudeur déplacée, celle qu'une femme se devrait naturellement d'avoir face à un homme, mais qui n'avait nullement sa place dans une situation telle que celle-ci. Pour elle qui n'avait aucune valeur de ce type, son corps ne représentait qu'un tas de chair meurtri, abîmée, rien de bien désirable. Si ses formes se voyaient cachées sous d'épais bandages, ce n'était que par habitude ainsi que pour ne pas être gênée lors des combats, certainement pas par pudeur.

Si son apparence était indéniablement celle d'une femme, Aeryn n'avait pourtant pas l'impression d'en être réellement une, du moins, pas celles que l'on représente sur les tapisseries. Ces créatures fragiles et gracieuses, désirables pour tous ces hommes. Ces amantes, ces épouses, ces mères… La mercenaire ne serait jamais rien de tout cela… Comment le pourrait-elle ? Se souvenait-elle de la dernière robe qu'elle eut porté ? Certainement pas, au bas mot, elle ne devait avoir que quatre ou cinq ans à l'époque, avant que l'on ne l'habille avec les vieux vêtements de ses frères… On ne l'avait pas élevé en fille, pas non plus dans le but de devenir une femme apte à se marier un jour puisque cela n'entrait nullement dans les projets de son père. Elle se fichait éperdument de ces histoires "d'amour", de "désir" qu'elle jugeait purement grotesque, simplement parce que son père l'avait convaincu qu'elle n'aurait jamais besoin de rien d'autre que sa famille. Alors, avec une telle éducation à base de coup et de lavage de cerveau pur et dur, pour la mercenaire à présent bien adulte, sa vie ne se résumerait jamais à rien d'autre que de se battre jusqu'à en mourir.

-Merci, dit-elle simplement lorsque le soigneur eut terminé.

Se relevant, la rouquine renfila soigneusement sa chemise souillée par diverses tâches cramoisies avant de se retourner vers le jeune homme sur le départ… Avait-elle des questions ? Non… Pas la moindre. Néanmoins, puisqu'il avait pris la peine d'expliquer sa manière de penser, plus que raisonnable, et même si cela ne lui ressemblait pas.

- Point de questions, mais quelques mots. Vous avez raison et j'en suis navrée, mais je ne peux réellement vous comprendre… Du moins, d'une certaine manière. Si je me bats chaque jour, à m'entraîner plus que tous ces hommes dehors, c'est justement pour leur faire oublier ma nature. Dans ce cas, vous ne pensez pas qu'il serait bien hypocrite de ma part de me préoccuper ensuite du sexe des autres ? Je ne juge les gens que par leurs valeurs, leurs capacités, leur intelligence, certainement pas par leur apparence. Vous avez les connaissances, la technique… Cela suffit amplement à mes yeux. Le fait que vous soyez un homme ou une femme n'a aucune importance pour moi.

Son ton était comme à son habitude, un peu trop brusque. Ce n'était pas quelque chose qu'elle savait contrôler. Généralement, il suffisait d'observer ses yeux pour y lire ses émotions, pour se rendre compte qu'elle n'était nullement en colère, simplement sincère. En un sens, il s'agissait d'une sorte d'encouragement, mêlé à quelques remerciements maladroits.

- Je ne me vois pas comme une femme et encore moins comme un homme, même si on m'a élevé comme tel. J'ai donc appris à simplement penser autrement, même si cela me rend maladroite, car je ne suis pas habituée à interagir avec les autres. Je ne voulais pas vous offenser, sachez-le.

"Il serait bien mal avisé de juger une personne sur son apparence… Cela reviendrait, le plus souvent, à la sous-estimer… Il n'existe pas d'erreur plus coûteuse, plus regrettable, Ryn." Son père l'avait élevé ainsi, cultivant volontairement sa différence physique pour se focaliser sur son agilité, sa rapidité plutôt que sa force. Sa manière de combattre en disait finalement long sur sa personnalité, du moins pour ceux sachant observer. La mercenaire n'était qu'une boule de nerf constamment brimée par sa propre volonté. Ses frères le savaient, comme ils connaissaient les conséquences de cette colère accumulée lorsqu'elle se libérait en combat… Alors, de temps à autre, ils la provoquaient volontairement afin de la libérer de tout ce poids, de cette rage, ce besoin de défis constant… Ivaad se portait d'ailleurs le plus souvent volontaire, en bonne tête brûlée. Le second lui-même l'avait compris, leurs entraînements privés existaient justement dans ce même but.

-Je sais bien de quoi nous avons l'air, nous tous… Nous sommes des brutes irréfléchies pour les autres. Dans le fond, c'est peut-être vrai, mais il n'y a pas que ça. Ce n'est probablement pas une chose que vous pourrez comprendre. N'y voyez aucun jugement de ma part, ce n'est pas le cas… Nous avons simplement une manière de vivre quelque peu différente de ce qui semble acceptable pour tout un chacun… Nous avons été tous façonnés pour nous battre et rien d'autre. Aucun de nous n'a de réelle ambition, nous ne pensons pas à l'avenir, simplement à nous entraîner pour repousser l'échéance, à retarder la venue inéluctable de la mort. Aucun de nous n'aura de famille, contrairement à vous. Je ne m'avancerai évidemment pas pour mes frères et la décision des Trois quant à un éventuel accident… Mais nos vies ne ressembleront jamais à la vôtre… Vous, vous avez une femme qui vous attends, portant la bénédiction des Trois au sein de ses entrailles, alors que nous nous contentons simplement de vivre un jour de plus. Pensez-vous être capable de comprendre cela ? Ou du moins à l'accepter sans essayer d'émettre un jugement ?

Point de défis dans son regard. Elle avait beau se tenir droite comme un "i", la mercenaire n'arborait pourtant pas sa posture habituellement fermée. Elle discutait, simplement, chose particulièrement rare pour cette femme d'ordinaire distante et silencieuse. Pourtant, la rouquine n'avait strictement rien à prouver à cet homme-là. Le jugement des autres, leurs brimades, leurs critiques, étaient autant de choses qu'elle avait l'habitude d'affronter, toujours la tête haute pour ne pas montrer ses failles, toujours en silence pour ne pas laisser sa colère s'exprimer…

Elle ne le retiendrait pas, néanmoins. La mercenaire se contentait simplement de formuler le fond de sa propre pensée avant de la lui livrer. Le soigneur pourrait en faire ce qu'il voulait, la rouquine ne s'en préoccupait aucunement.
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