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 [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]

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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyMer 23 Oct 2019 - 14:24
Marbrume,
La Hanse
15 mai 1166



Le sol est encore détrempé de la fine pluie tombée pendant la nuit, il brille sous les rayons d’un soleil de printemps encore brouillé par de fins nuages bas et pourtant l’activité est déjà présente dans la grande rue. L’atmosphère humide ne semble intimider personne, en tout cas cela n’a aucun impact sur les deux hautes silhouettes qui s’avancent en silence, longeant les murs afin de se réserver le haut du pavé. Un bien curieux couple, quand on y regarde de plus près. La première silhouette, assurément féminine, se distingue par la sobre élégance d’une robe de velours bleu foncé dont l’ourlet balaie le sol, à peine dissimulée par une cape de laine noire de semblable longueur. Les cheveux retenus dans un filet de perles d’acier laissent une vue dégagée sur des épaules menues et gracieuses même si elles sont pour l’instant tiraillées par le port d’un panier serré par deux mains délicates et fines, deux petites étoiles blanches sur une anse tressée. La seconde silhouette, quant à elle, est masculine, à deux pas derrière la demoiselle. Grand gaillard à la mine sombre et au sourire absent, il suit la jeune dame les bras croisés, son regard d’aigle se posant partout. On peut déceler dans ce regard une certaine lassitude, voire même un profond ennui, comme s’il avait été contraint de se rendre en ces lieux. Vêtu d’habits sombres et discrets, l’homme est pourtant assez joli garçon pour attirer les regards et compliments silencieux de certaines demoiselles. Cela ne le touche même pas, pire, il semble même se renfrogner davantage.

- Madame, est-ce vraiment nécessaire ? Je vous assure que ce que je porte me convient très bien.
- Cela ne me convient pas, à moi.

La réponse est franche et directe, et pourtant formulée d’une voix douce et tranquille, sous couvert d’un sourire légèrement moqueur.

- Soyez raisonnable Etienne. Cela fait des mois que nous sommes arrivés ici et vous portez la même tenue sans discontinuer. J’admire votre sens de l’épargne mais il y a tout de même une limite. Vous aurez à tout le moins quelque chose sur le dos qui ne vous fera pas honte et sans trous. Ce n’est pas négociable. N’oubliez pas que, d’une certaine façon, vous me représentez quand je ne suis pas à vos côtés ou que vous effectuez vos missions. Sans vouloir nous faire passer pour plus riches que nous le sommes, je voudrais au moins qu’on ne nous prenne pas pour des mendiants.

Le garde leva les yeux au ciel, indifférent à toutes ces conventions esthétiques qu’il ne comprend pas. Un vêtement reste un vêtement, et vu ses tâches nombreuses et diverses, il a besoin de quelque chose de pratique et de souple, pas de fioriture de femme.

- Soyez tranquille, dit-elle en se retournant vers lui. Pas de rubans, pas de dentelle, pas de nœuds. Juste une nouvelle chemise et un pantalon assorti. C’est promis. Venez, la boutique du tailleur n’est plus très loin.

Etienne grommela quelque chose d’incompréhensible entre ses dents. Soit. Il allait répliquer quelque chose quand il tendit le bras pour retenir, en vain, sa maîtresse qui allait percuter quelqu’un. Trop tard. Toute à sa conversation avec son garde, elle n’avait pas vu, déboulant d’une rue transversale, l’armoire à glace contre laquelle elle venait de se heurter, un homme immense surgi de nul part. Le choc a été assez rude pour Esméra qui en laissa tomber son panier contenant quelques victuailles pour son garde, Sophie et elle-même. Tout vient de rouler par terre, le petit pain brun, les quelques légumes et fruits, un peu de viande séchée. Etienne s’affaire déjà à tout ramasser tandis que la jeune femme tente de se recomposer un visage digne.

- Par les Trois…J’espère que vous n’avez point de mal. Je vous prie de m’excuser, je ne prêtais pas attention à mes pas.

Cela aurait pu s’arrêter à ce simple incident si le petit groupe n’entendait, provenant de la rue transversale, un long cri de détresse suivi de pleurs affreux. Un petit attroupement se forme d’ailleurs près d’une des modestes maisons de cette rue, là d’où proviennent les pleurs.




Dernière édition par Esméra de Sibran le Mar 26 Nov 2019 - 13:10, édité 1 fois
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Clovis LegrandCoutilier
Clovis Legrand



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyVen 25 Oct 2019 - 14:33
Cela fait presque deux semaines. Entre les barricades du Chaudron à renforcer, les mordus à chasser, les morts à décapiter et à brûler, puis les patrouilles de nuit quand qu'il y a plus personne, le Clo', l'a pas vraiment eu l'temps pour lui. Et le temps pour lui, il le consacre à ses chiens. Bon, faut être honnête, seul Noulouk est encore réellement à lui, les autres, il les a donnés. Mais faut dire que depuis la mort qualifiée d'héroïque par le Sergent d'eau vraie de Kador, la mère des autres chiens dont il a été propriétaire, 4 de ceux qui étaient des chiots et sont désormais des adolescents ne sont plus à lui.

De la portée, la championne, la numéro 1, est celle dont il peut avoir le plus facilement de nouvelles, puisqu'il l'a confiée à son voisin de chambrée, Séraphin, un solide milicien de l'externe. Le numéro 2, il le connait encore mieux, puisque c'est son chien actuel ; Noulouk qu'il s'appelle. La numéro 3, il ne risque pas d'en avoir des nouvelles de sitôt, vu qu'elle vit au Labret, chez l'éleveur Lance Damboise. Mais au moins, elle a po été tuée dans le Chaudron. Le numéro 4 vit désormais chez sa gardienne, celle qui a gardé la mère et les chiots quand il était au boulot. Gardienne qui par ailleurs en est ravie, car il a l'instinct d'un chien de berger, fait le bonheur des enfants qu'il garde et se permet d'intervenir quand les enfants se disputent. En prime de savoir garder une maison, ce chien offre l'avantage d'une visite régulière d'un milicien géant accompagné d'un chien dressé, de quoi décourager un voleur.

Reste le dernier, celui que par habitude les gens appellent l'avorton. Au départ, il avait appelé Chanel le numéro 5, mais sa nouvelle propriétaire a préféré le nommer Kornog. Et il n'a rien d'un avorton, il ressemble plutôt à son premier maître. Des cinq, c'est le plus impressionnant physiquement. Alors que Lubna tient du loup et le reste de la fratrie est un mélange de loup et de marbruméen, ce que certains prennent pour des loups géants, qui maintenant adolescents sont un peu plus grand qu'un berger allemand, Kornog a tout pris du marbruméen. Il dépasse d'une tête ses frères et soeurs, bien que n'ayant pas fini sa croissance et est un monstre de puissance. Mais comme Clovis, il paraît doux et l'est, sauf s'il doit protéger la maison, sa maîtresse ou lui-même. Et comme Clovis, on sait d'instinct qu'il vaut mieux éviter. Hormis pour la bouffe, car ça bouffe, un marbruméen avec du sang de louve de cette taille, il fait le bonheur et de sa maîtresse et apparemment du lieu où il bosse : la Balsamine.

Comment décrire le lieu ? C'est un endroit, sur le port, où ce sont les dames qui travaillent et où les monsieurs viennent se détendre et chercher du réconfort, en général entre leurs cuisses. Et Ombeline est l'une d'elles, aveugle de surcroît. On pourrait croire que le milicien a échangé son chien contre quelques services sexuels, mais il n'en est rien, il a toujours été d'une correction exemplaire, tant envers Ombeline que ses collègues, ne jugeant jamais leur métier, leur parlant comme on parle à des madames et ne s'intéressant qu'au chien. Ses visites pour voir Kornog, de moins en moins régulières, on est passé à une fois par moi, il les fait au matin, l'heure où les messieurs ne passent pas voir les madames pour leur présenter leurs hommages. Et notre homme est resté dans la cour, regardant son chien, Noulouk, et le frangin, Kornog, se faire la fête. Et Ombeline lui a offert un lait de chèvre, ce qui est très gentil. Bref, en sortant de la Balsamine, Clovis est heureux, presqu'autant que Noulouk, qui flâne.

En général, les patrouilles se font au moins en duo, mais ces derniers jours, Clovis a été énormément sollicité pour la force de ses bras, sur les barricades ou au Temple et n'est pas du genre à flâner en chemin. C'est un gars qui bosse dur. Corvée terminée, il a signalé qu'il sortait et personne ne s'est demandé où il partait travailler. En théorie sur les barricades ou au Temple, de toute manière, sauf que là, il a décidé de patrouiller côté du Port. Il a d'ailleurs son épée, son bouclier et son chien. Il ira voir au Temple s'il y a encore des têtes à couper, mais faut être honnête, y'en a de moins en moins. Clovis dort bien, c'est un boulot comme un autre. Le fait qu'il ait vu des dizaines de morts, qu'il les ait décapité et mis au bûcher ne l'empêche pas de dormir. Pas qu'il soit insensible, mais ce qui doit être fait doit être fait. Et décapiter et brûler empêche les gens de devenir fangeux et de tuer tout le monde, hommes, femmes, enfants et chiens. C'est donc du vrai travail utile.

Patrouiller, même seul, quand que t'es un géant avec des gros muscles, ça fait que les gens s'écartent, surtout quand qu'il y a un bouclier qui protège le géant et un grand loup noir qui semble prêt à bouffer quiconque s'approcherait du géant, même si là le loup est quelques pas derrière, reniflant les murs. Et Clovis est surpris en voyant ce qu'il pense d'abord être un couple qui discute, avec une madame qui tourne la tête derrière pour parler à un gars tout penaud, comme si que c'était un enfant qui se fait gronder parce qu'il veut pas aller là où la madame elle va. Mais comme la dame, elle est bin habillée et tout et que le monsieur, il a des habits plus du peuple, Clovis comprend qu'il s'agit d'une bourge et de son valet, ou un truc du genre. Sauf que la madame, elle l'avions po vu. Le Clo' écarte les bras, histoire de se rendre plus large encore pour que la madame elle le voit et le monsieur fait un mouvement pour retenir la dame, mais rien à faire, la dame lui rentre dedans et sous l'impact tombe en arrière. Le monsieur, plutôt que la relever, sans doute qu'on peut pas toucher une madame dans ce monde, il ramasse ce qui est tombé du ptit panier.

- Non !

L'ordre a fusé, ferme. C'est que Noulouk, amusé par la scène, est venu pour renifler ce qui était tombé et allait y faire un sort. C'est que mazette, la viande séchée, voilà qui taquine bien la truffe d'un chien. Mais là, le Noulouk, il comprend vite que s'il y touche, il va être puni. Alors il se met en position de surveillance, truffe élevée, en surveillant le garde de la dame. C'est qu'il est amusant à avoir peur comme ça, cet humain. Faut dire qu'ainsi, à quatre pattes, l'humain, il est plus petit que le Noulouk et qu'avoir un loup qui respire fort à moins d'un mètre de ta nuque, ça n'aide pas à être rassuré. Si Noulouk le comprend, son maître, Clovis, est perdu.

- Point ? prie ? prêtais pas attention ? C'est du langage d'la haute, du prout prout. C'est po qu'tu causes pas correct, m'dame, mais si c'est important, vaut mieux m'parler normalement. Clovis, Milice royale. Feriez mieux de r'garder d'vant vous quand vous marchez, un moins solide qu'moi l'aurait mal pris, tu vo ?

Il lui tend la main droite pour l'aider à se relever, la gauche étant occupée par un solide bouclier. Puis un cri, plus loin. Bon, Clovis relève la dame, qu'elle l'ait voulu ou pas, puis fait un simple clin d'oeil à son chien, qui derechef le suit vers la rue transversale, où des pleurs ont suivi le cri et où un attroupement s'est produit.

- On dégage !

Le genre d'ordre auquel on n'obéit pas parce que malpoli puis auquel on obéit quand on voit la masse qui veut passer et qui semble pouvoir vous assommer avec un doigt. Et on s'écarte d'autant plus facilement quand on entend la suite :

- Milice royale...

Un cri, la milice arrive. C'est somme toute normal. Que le milicien soit suivi d'un chien l'est moins, mais il paraît que certains miliciens en ont. Qu'un étrange couple suive le milicien l'est encore moins. Cela annonce du spectacle. Ou pas...
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyDim 3 Nov 2019 - 8:36
- Mais… !

Elle n’a pas vu venir l’immense homme, toute à sa conversation avec Etienne. Le temps de voir son garde faire un geste pour la retenir et paf ! comme si elle venait de heurter un mur. Au niveau du sol, les mains salies par la poussière du chemin et sous le regard amusé de certains passants qui n’auraient même pas pris la peine de s’enquérir de son état, elle eut tout le loisir de voir arriver devant elle l’énorme animal qui accompagne cette forteresse ambulante contre laquelle elle venait de se heurter avec fracas. Les yeux agrandis par la surprise, elle allait dire un mot mais n’en eut guère le temps. La forteresse a utilisé son seul bras disponible pour la remettre sur ses pieds, comme si elle n’était qu’une petite brindille insignifiante. Etienne, quant à lui, avait fini de tout ramasser et s’était ostensiblement approché de sa maîtresse, le front plissé, son regard inquisiteur posé sur l’inconnu qui venait de parler. Esméra battit des cils, sourit et se pencha vers Etienne pour murmurer un tout petit :

- Vous avez compris quelque chose ?
- Madame, je crois qu’il vous demande juste de faire attention quand vous marchez.
- C’est donc cela

Elle toussota et frotta ses mains pour en ôter la poussière qui s’y attardait avant de répondre, finalement amusée. Elle avait tout de même compris le prénom de cet homme et sa fonction.

- Je vous remercie Clovis, désolée, je ferai attention désormais.

Elle allait poser une question à propos de l’imposant animal qui accompagne le milicien mais n’en eut pas le temps. Il venait de s’éloigner pour aller voir d’où proviennent les cris et la jeune noble ne put s’empêcher de le suivre. De les suivre.

- Etienne, je veux des informations sur cet animal.

Clovis semble désormais porter toute son attention sur le petit attroupement qui venait de se former devant une maison modeste prise entre deux petits commerces. Il y a là les quelques badauds que l’on voit toujours lors des événements de quartier, les vieilles rombières en quête de ragots et qui poussent pour mieux voir. Inutile de préciser qu’à la vue d’un milicien tel que Clovis et de son compagnon, le petit attroupement se dissipe tout en restant à distance raisonnablement prudente pour observer la suite des événements.

- La milice, la milice, c’est la milice…, peut-on entendre parmi les chuchotements de la petite foule de curieux.

Quand Clovis aura atteint la porte d’entrée de la petite maison, la porte s’ouvrira toute grande pour laisser passer un homme d’une petite trentaine d’années essuyant son visage à l’aide de sa manche. En voyant le nombre de personnes qui patientaient sur son seuil et surtout en voyant le milicien, il blêmit et se mordit la lèvre inférieure avant de fondre à nouveau en larmes. Esméra ne perd pas une miette de la scène, à distance, Etienne à ses côtés. Elle observe le comportement de Clovis quand il entendra enfin l’aveu de cet homme sorti en larmes de sa maison :

- Ma mère vient de rejoindre les Trois.

Un mouvement de recul agite alors la foule, repoussant la jeune veuve contre un mur. Une certaine panique semble s’emparer des présents, certains n’hésitent d’ailleurs pas à s’en aller d’un pas pressé. Etienne tire sa maîtresse par le bras avec insistance, mesurant la situation à l’aune des derniers événements et surtout des dispositions qui sont prises avec les défunts.

- Madame, nous devrions nous en aller. Nous avions rendez-vous chez le tailleur je crois.
- Ha parce que maintenant cela vous convient ? Vous permettrez que je reste, je veux avoir des informations sur cet homme et son animal. Le tailleur attendra.

Le ton employé, doux, calme et pourtant incroyablement ferme, ne souffrait aucune discussion. Etienne lâcha le bras d’Esméra qui ne quittait pas le trio des yeux. Qu’allait donc faire Clovis, à présent ? Elle ne bouge pas du mur, elle reste là à attendre, les yeux rivés sur le milicien, l’homme qui pleure et sur le chien. Si elle compatit à la douleur de cet inconnu, cela ne se voit pas de prime abord, tout concentrée qu’elle est sur Clovis.

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Clovis Legrand



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyDim 3 Nov 2019 - 12:03
Pas quand qu'elle marche, mais où qu'elle marche qu'elle doit faire attention, la d'la haute. Clovis aurait bien corrigé le gars qui l'a po compris, mais vu qu'la dame l'a po compris non plus, donc qu'ils parlent trop le prout prout, Clovis estime inutile d'expliquer des choses à ces gens, même si c'est des choses importantes. Il est pas prêtre, il est milicien. Ce sont les prêtres qui expliquent. Les miliciens, eux, ils font appliquer la loi. Il donne pas des conseils, mais des ordres, du style "to, tu r'cules". Et si l'autre obéit pas, le Clo l'assomme. Les prêtres, même si parfois ils font des discours assommants, bah ils frappent pas. Mais bon, Clovis perd le fil de ses idées en se dirigeant vers le cri. Ce qui l'étonne encore plus, c'est que les gens semblent surpris que la milice soit là. Comme si la milice restait à la caserne, quoi. Des patrouilles, y'en a tout le temps, et pourtant, combien d'fois il a po entendu que la milice, on la voit jamais. Bah, les gens là, ils sont tellement surpris de voir un milicien qu'ils se sentent obligés de dire "C'est un milicien". Ce qui énerve le Clo'.

- Quoi ? Z'avez jamais vu d'milicien ?

Va falloir contrôler un tas de bras s'ils ont jamais vus d'milicien. Pour les traces de morsures, mieux vaut être accompagné, mais Clovis indiquera que ce quartier n'a visiblement pas encore été contrôlé, ou à tout le moins cette rue. Vaut mieux qu'il le signale discrètement, si ça remonte aux oreilles des officiers supérieurs ou du Roi, on risque de l'engueuler lui. Parce que bizarrement, tout le monde à la milice il semble être sur les nerfs depuis le Chaudron. Pourtant, y'a moins d'effectif, c'est plus facile de surveiller qui qui fait quoi. Mais qui qui signale un problème est considéré comme l'auteur du problème, du moins auprès de certains supérieurs. D'autres sont moins cons, mais on choisit po avec qui qu'on travaille, hein ?

Enfin, Clovis a une explication sur la raison du cri. Le monsieur là a vu sa mère rejoindre les Trois. Rejoindre les Trois, c'est soit entrer au Temple, soit mourir. Et on ne hurle pas de douleur quand que quelqu'un entre au Temple pour devenir Mère. Donc, une mère est morte. Reste à savoir si c'est une prêtresse ou la maman du gaillard. Et pour ça, mieux vaut aller voir la morte. Les habits sont un bon indice. Après, faudra voir qui qui l'a tuée. Bon, Clovis a déjà son suspect : le fils, vu qu'il est le seul à être sorti de la maison du crime.

Ecarter le suspect n'est pas bin compliqué et Clovis le fait sans violence. C'est qu'un gars qui chouine, ça mobilise pas ses forces pour résister. Et vu l'âge de la dame étendue sur le sol et le fait qu'elle porte des vêt'ments d'gueuse, c'est po une prêtresse. C'est donc la mère et le suspect est l'fils. Mais Clovis n'ira pas trop vite en besogne, se rappelant qu'on l'a accusé de la mort de ses vieux et du chien quand qu'ils ont rejoint les Trois. Les yeux grand ouverts, ça l'impressionnait un peu à l'époque, mais plus du tout désormais. Une main devant le nez et la bouche pour voir si que la personne elle respire encore, même un peu, parce que sur la paume de la main, on sent comme un courant d'air quand que l'autre il respire. C'est une soigneuse qui lui a expliqué ça quand que l'Clovis il a demandé comment savoir si que la personne à qui il va couper la tête, elle est bin morte. Pas de trace de coup, pas plus de traces sur le cou, pas de saignements, voilà qui laisse Clovis dubitatif. Noulouk renifle aussi la morte, mais sans émettre un grognement ou avoir une attitude craintive. La transformation en fangeux n'est pas commencée. Il s'adresse au fils :

- Elle est bin mourrue, vot' moman, m'sieur. Croyez bin qu'j'suis désolé pour vous. Mais si elle est partie rejoindre les Trois, faut qu'on s'occupe de son corps qui lui est resté ici, avant qu'ça tourne à la catastrophe. Alors j'va vous d'mander d'sortir, parce que c'est po l'travail le plus joli à voir pour un fils qui a perdu sa moman. Oh, et fermez la porte, sinon les gens vont voir quand même.

La suite ira de source. Après avoir placé un drap sous le corps, Clovis lui ôtera la tête, emballera le corps dans le drap, histoire que l'absence de tête ne soit pas visible, puis la tête sera emballée dans un tablier, comme un baluchon, puis il ressort.

- Faut que j'contrôle vos bras, ça fait partie du boulot d'milicien. Alors, vous relevez vos manches gentiment, on en finit avec cette formalité et ceux qui veulent dire au revoir à la défunte, ils pourront viendre avec moi jusqu'au Temple où vous pourrez prier pour elle quand que son corps sera brûlé. C'est sur l'bûcher du Temple. Y'a souvent des prêtres ou des clercs qui font une prière aussi. Ca peut aider, j'pense, pour le voyage de la défunte.

L'inspection des bras ne devrait poser aucun problème, mais Clovis la fera consciencieusement. Le transport de la défunte sera peu orthodoxe, Clovis l'ayant placée sur son épaule droite et ayant porté la tête en baluchon dans sa main droite, pour ne pas abandonner le bouclier qu'il porte dans la main gauche. Des gens auront suivi, dont l'étrange couple sang bleu qui comprennent pas quand que l'Clovis, il cause. Mais bon, y'a une sang bleue qui fait partie du cortège funéraire, et avec les sangs-bleus, faut faire les présentations, expliquer au responsable du bûcher qu'il y a de la haute dans l'troupeau. Parfois, ça fait qu'un prêtre cossu, enfin, un chef prêtre ou un spécialiste des trucs funéraires pour les morts il vient pour faire son discours plein d'émouvance. Sauf qu'il sait pas qui elle est, la sang bleue.

- Euh, m'dame...

Dit-il en s'retournant sans prévenir pour fixer Esméra, corps sur l'épaule et tête dans la main, couverts juste par un tissu.

- Faut qu'tu m'donnes ton nom et ton titre pour quand que j'présenterai la morte aux gens du Temple, parce que quand que qu'on ramène des d'la haute, c'est la procédure. Ah, ça m'fait penser à aut' chose.

Et Clovis se tourne vers le fils éploré.

- C'est comment qu'elle s'appelle, ta moman ? C'est aussi pour les prêtres. Ils tiennent des registres ou des trucs comme ça que les officiers et les prêtres ils comprend mais que moi j'ai jamais capté à quoi qu'ça sert. Chacun son boulot. Eux, ils prient, moi, j'coupe les têtes et j'brûle.

Un regard pour son chien, qui suit docilement. Suivre son maître, ça lui parait normal, mais que plein des humains ils font pareil, c'est intriguant. Mais comme le géant, il a l'air calme, le Noulouk, il a l'impression qu'il fait une balade et il aime bien ça. Cela le change. Quoi qu'il courrerait bien après un voleur de pommes, tiens. Bah, son maître lui fera faire de l'exercice bientôt.



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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyJeu 7 Nov 2019 - 10:03
Le spectacle n’avait rien de bien réjouissant. Loin de là. Un homme en plein deuil, une femme décédée, un milicien épais qui ne fait que son travail, sans parler de la petite foule de curieux agitée par un vague malaise, il n’y a rien pour distraire gaiement qui que ce soit. Malheureusement, la mort elle-même devient un spectacle, une distraction, surtout les morts naturelles. On a tellement l’habitude de voir son prochain mourir sous les crocs ou les griffes d’un monstre qu’on en oublie qu’on peut trépasser d’un simple arrêt cardiaque. A l’exemple des exécutions, la mort devient désormais un sujet banal, une distraction gratuite et forte en émotions, un événement dont se repait la majorité pauvre de la cité. Esméra, quant à elle, oscille entre la fascination et la franche répugnance. Des cadavres, elle en a déjà eu son compte et vu assez pour toute sa vie. Ce qui la répugne, par contre, c’est l’attitude décomplexée de ce milicien qui agit en toute décontraction, en faisant abstraction de la plus élémentaire des bienséances.

- Au moins ferme-t-t-il la porte avant de procéder…Je ne serais pas surprise qu’il sorte de là en tenant une tête par les cheveux pour la fourrer ensuite dans son sac. Et cette façon de parler, mes Dieux…Est-ce possible de manquer à ce point de tact ?

Etienne, quant à lui, ne laisse rien paraître du tout. Il s’ennuie même s’il ne l’avouera jamais. Il trouve que sa maîtresse ramollit à force de rester cloitrée entre les murs de cette ville, tout autant que lui. Le garde regarde le bout de ses souliers, avant de soupirer :

- Il fait son travail Madame, ça ne va pas plus loin que cela.
- Peut-être mais tout de même…

Travail ou pas, il y a quand même un minimum. Bien sûr qu’il faut vérifier que la défunte n’est pas un danger, bien sûr qu’il faut être sûr et certain que la ville ne court pas un nouveau péril, mais il ne faut pas oublier la décence. Et où se trouve-t-elle, cette décence, quand ce milicien sort de la maison avec un corps grossièrement emballé dans un vieux drap et un baluchon dans sa main droite, comme s’il revenait des champs avec une récolte fructueuse ou des outils salis ? Esméra en eut un haut le cœur. La main posée sur sa bouche, le regard posé sur ce baluchon, elle frémit d’un dégout à ses yeux totalement justifié, tournant les talons pour s’éloigner. Le chien de ce milicien est certes digne d’intérêt mais pas au prix du pain qu’elle a savoureusement mangé ce matin. Etienne esquisse enfin un sourire en voyant que la scène prend fin et qu’ils peuvent reprendre leur route. C’était sans compter sur l’intervention de Clovis qui la harangue subitement pour lui demander son nom. Comment ? Quoi ? Cortège ? Suivre la défunte au Temple ?

- Mais il n’a jamais été question que je vous suive là-haut !

Tous les regards se focalisent sur elle. L’embarras s’affiche clairement sur son beau visage qui se teint de pourpre. Le fils de la défunte ne cesse de sangloter et dit alors, de sa voix chevrotante:

- Ce serait un honneur pour notre famille d’avoir un membre de la noblesse pour son dernier voyage, dites oui…S’il vous plaît.

Impossible de refuser. Etienne pesta intérieurement. Esméra, quant à elle, composa enfin son visage le plus courtois avant de répondre :

- Je m’appelle Esméra d’Hagerth, veuve du baron de Sibran. Je suivrai votre mère mais de grâce…

Elle pointa le baluchon du doigt. Le dit baluchon s’était teinté d’un carmin sombre qui finit par perler sur le pavé humide de la ruelle.

- Faites quelque chose pour ceci, c’est totalement inadapté.

L’homme éploré avait suivi le geste et avait pâlit plus encore. Des gens reculaient, pris d’un légitime dégoût, avant de partir définitivement. Il ne restait que peu de monde pour le cortège funèbre : le fils, quelques voisins, Esméra et son garde. Le fils dit alors le nom de sa mère pour réponde au milicien, avant de se placer derrière lui, prêt à partir.

- Elle s’appelait Marguerite Poncin.

Esméra n’en menait pas large. Il faudra repousser le rendez-vous chez le tailleur tout comme les autres activités prévues aujourd’hui, songeait-elle, le front plissé par l’agacement. Puis, la vision de cet homme en larme en train de souffrir de la mort de sa mère la ramena à la raison. Elle eut soudain honte de son attitude si peu empathique et si terriblement égoïste. Que s’était-il donc passé pour qu’elle en arrive à réagir de la sorte ? La solitude de sa vie en faisait-elle un monstre égocentré sans plus aucune compassion envers son prochain ? Elle baissa la tête. Il était peut-être temps de reprendre une vieille habitude oubliée par confort. Il fallait qu’elle retrouve un peu de ces sensations qui ponctuaient sa vie d’avant et qui avaient totalement disparu depuis son arrivée à Marbrume. Plongée dans un ennui total dû à la répétition systématique de tâches qui ne varient jamais, elle a fini par devenir l’ombre d’elle-même, un être sans saveur et sans lumière. Tout ce qu’elle déteste. Quelle horreur.

- Ne trainons pas, les fluides commencent à suinter de toutes parts, Monsieur le milicien, ce n’est pas un spectacle pour une personne qui vit un deuil. Ce n’est un spectacle pour personne d'ailleurs.

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Clovis LegrandCoutilier
Clovis Legrand



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyDim 10 Nov 2019 - 23:06
Bon, les nobles, c'est définitivement pas pour Clovis. Déjà avec le Rouget du Lac, ça avions po été simple à l'époque, mais fallait bien qu'il apprend à cerner le nobliau, puis y'a eu le chevalier sans ch'vaux, tu parles d'une bizarrerie. Maint'nant, t'as une nana qui lui rentre dedans, qui le suit, puis que quand Clovis il décide que c'est ok, qu'elle peut viendre elle dit qu'elle viendra po. Mais l'fillot d'la défunte finit par la convaincre de viendre, alors au final, tout il se passe comme que Clovis il l'a prévu. C'est qu'il devient bon milicien, le Clo', s'il commence à bin sentir les choses, et sans être accompagné d'un collègue malin. Hey, ça sent la promotion tout ça. Il se contentera de l'augmentation, des fois qu'il voudrait dormir dans une auberge, pour changer.

- C'est mon fillot, ma croizade, fallait point qu'elle s'balade oh oh non...

chante-t-il gaiement en suivant la route vers le Temple, avant d'être interrompu par la nobliaude.

- Nan, c'est po une chanson d'Esméralda Guerre, c'est de Daniel Frappeseigle. Ah pardon, ça c'est vot' nom, donc veuve baronne de six branches, ok. Et Marguerite Poncin, c'est vot' maman. Merci, ça m'serions bin utile, car qu'on est arrivé.

Tout le monde dans Marbrume sait à quoi ressemble le Temple, car tout le monde y est allé. Du moins, Clovis en est convaincu. Mais quand c'est pour brûler les morts, les gens réagissent parfois bizarrement, alors il préfère signaler les évidences. Et dès qu'il croise un prêtre, il lui sert un laïus qu'il semble maîtriser, du moins partiellement.

- Mon Père, j'suis Clovis, Milice royale. Lors de ma patrouille, j'ai été informé d'un décès et j'ai procédé à la sécurisation du corps. La défunte se nomme Marguerite Poncin, son fils l'accompagne. Et exceptionnellement, nous avons une dame de la Haute, m'dame de Guerre, veuve du baron qui a six branches, ou un truc comme ça. Si vous pouviez ou un d'vos collègues procéder aux rites et m'dire quand que j'peux brûler la défunte, j'en s'rai fort aise. Merci mon Père.

Bon, il semble avoir été respectueux, même si des noms ont été écorchés, cela semble presque professionnel. Ce qui au final est inquiétant. Si un bêta pareil a appris à parler plus ou moins correctement dans ces circonstances, c'est qu'il a fini par apprendre par coeur un discours qui convient. Et donc qu'il a dû en brûler par paquet, des corps. Et pendant que le Père va chercher un prêtre qui sache faire de jolies cérémonies, vu que la défunte est accompagnée d'une personne de la haute, Clovis se r'tourne vers la baronne et lui sourit :

- M'dame, qu'est-ce qu'tu veux qu'j'fais ? J'ai pas d'joli chariot pour porter la morte. J'ai po de jolis draps pour en faire des linceuls. Alors je couvre au mieux, j'va aussi vite que j'peux et j'essaie que ça s'passe au mieux. Parce que, quand que l'milicien il est po là et que c'est un proche qui doit couper la tête, c'est moins drôle. Puis parfois les gens sont pas assez forts pour porter. Z'avez un milicien qui sait l'faire. Alors, c'est po propre, on est bin d'accord, mais la mort, c'est dégueulasse, et l'important, j'crois, c'est que la personne elle vire pas fangeuse et pour le reste, c'est que les prières, elles soient sincères. Puis, en décembre, de faire flotter une bougie sur un mini radeau et le voir s'enfoncer dans l'eau, c'qui est signe que notre déesse Anür, elle a bin rappelé les défunts à elle. La dernière fois, les trois radeaux ils ont bien coulé et j'm'a senti moins triste pour ceux qui étaient partis.

Ses parents à lui n'ont sans doute pas eu le privilège d'avoir un prêtre qui fasse les prières. Une prêtresse d'ailleurs, qui lui a souri gentiment, au Clovis. La dame aura eu des rites funéraires, et Clovis aura été respectueux du corps quand il l'a fait brûler, puis il s'est mis sur le côté, son chien s'est gentiment assis et le milicien a prié. Sincèrement. Clovis n'est pas malin, mais il est croyant. Il n'a jamais rigolé au sujet des Trois. Il considère Rikni comme son amie. Et quand la famille de la défunte s'en va, il se permet de remercier la prêtresse.

- Merci ma Mère, c'était très joli les mots que vous avez dit. Même le chien il a paru touché, alors que d'ordinaire cette cérémonie et le feu l'inquiètent un peu. J'reviendrai sans doute demain, il reste des copains dans vos salles de soins.

Et alors qu'il allait repartir, il remarque Esmera, toujours présente.

- Z'aviez b'soin d'la milice, madame de six branches ? ou d'moi, ptêt ? Pardon, mais quand que j'suis occupé par un bûcher ou en prière, j'fa plus attention à rien, sauf si que j'suis là pour le boulot. Comme garde du corps. On aime bin m'mettre ici. Les armes sont interdites, alors les muscles, ça aide à calmer les problèmes. J'suis bon là-d'dans, qu'ils disent, les chefs.
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Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyMer 13 Nov 2019 - 23:06
Suivre ce milicien qui parle si étrangement ressemble presque à un acte de contrition pour Esméra. La jeune femme n’en finit plus de jeter des regards interrogateurs à Etienne qui se contente de hausser les épaules, un fin sourire aux lèvres. Le garde est content, lui. Au lieu de passer des heures dans une boutique calfeutrée, il est dehors à se promener, ce qui le change agréablement de ses journées de labeur ou de ses recherches pour sa maîtresse. Le garde en profite pour admirer les dames et demoiselles qui le dépassent, répondant parfois d’un hochement de la tête à un salut silencieux ponctué d’un sourire de jeune fille. C’est un bel homme, en pleine force de l’âge, et il n’y a qu’Esméra qui ne s’en aperçoive pas. Les passantes, elles, laissent des regards appréciateurs le détailler sans vergogne, ce qui l’amuse passablement. C’est vrai, les bras d’une femme lui manquent un peu. Beaucoup même. Au service d’Esméra, il n’en reste pas moins homme avec des besoins. Peut-être prendra-t-il le temps de se rendre dans ces maisons closes pour y payer les services d’une dame à la petite vertu. Peut-être. Quand il aura fini de suivre ce cortège funèbre, tout ça pour avoir des informations sur un sale cabot qui tient plus du monstre que du plus fidèle ami de l’homme.

La vue du temple se détachant enfin au milieu des maisons soulagea Esméra qui n’avait pas dit un seul mot durant tout le trajet. Elle avait l’œil rivé sur ces paquets inertes que portaient le milicien, un œil dégouté et effrayé tout autant que fasciné. Dire que ces linges retenaient les restes d’une personne encore vivante il y a quelques heures…La présence si proche d’un cadavre n’est pas sans lui rappeler ceux qu’elle avait vu lors du sac de son château. Des cadavres horriblement mutilés, ceux de sa sœur et de son détestable époux. Elle serra sa cape au plus près contre elle, en frissonnant à ce souvenir. Quelle horreur, par les Trois…Cette Fange est omniprésente dans les cœurs et dans les esprits, dans le sien y compris, à tel point qu’elle ne se rappelle plus vraiment ce que c’est, une vie sans y penser. Le front plissé par l’évocation de ces souvenirs difficiles, elle ne s’aperçut que tardivement qu’ils s’étaient tous arrêtés enfin. Eveillée par la voix du milicien qui avait enfin cessé de chanter (et quelle chanson, Seigneurs, c’est à ne pas croire…), elle haussa les yeux au ciel, retint un fou rire en se mordant intérieurement la lèvre. Ce Clovis est tout simplement incroyable.

- C’est Esméra d’Hagerth, veuve du baron de Sibran.

Elle s’était permise de corriger, aimablement, comprenant que son nom devait paraître quelque peu exotique au milicien. Ce dernier, malgré son attitude épaisse et son langage rustre, laisse toutefois transparaître une certaine délicatesse qui surprend de la part d’une telle forteresse ambulante. La jeune femme sent qu’il y a quelque chose de tendre et de sincère sous cette carapace étrange, et cela la fait sourire de le voir si pieux, si préoccupé du sort de la défunte. Le fils de cette dernière, lui, est totalement anéanti et en larmes, des grosses larmes silencieuses qui n’en finissent plus de couler sur ses joues toutes rouges.

- La mort n’est laide que lorsque l’on n’a pas la foi. Après tout, quitter cette vie pour rejoindre les Trois est un sort enviable, par les temps qui courent…Ce n’est que mon avis, bien entendu. Vous avez fait votre travail et personne ici ne vous en veut pour cela. Nous faisons tous avec les moyens que nous avons à notre disposition après tout.

Elle se joignit à la cérémonie, tout en gardant un œil sur Clovis et son chien. Etienne, quant à lui, estimant que sa maîtresse ne courait aucun danger, s’éloigna quelque peu, le panier à la main. Quand tout fut fini, elle salua à son tour la prêtresse et eut un large sourire pour le milicien, amusée :

- A vrai dire, oui, il y a bien quelque chose que vous pourriez faire pour moi, Monsieur.

Son regard glissa vers l’énorme chien qu’elle montra du doigt, intriguée.

- Votre chien…Est-il le seul de son espèce en la cité ou l’avez-vous acheté à quelqu’un en dehors de ces murs ? Je ne doute pas que vous soyez un garde hors pair, mais j’ai déjà ma propre escorte. Ce que je n’ai pas par contre, c’est un élément…dissuasif.

Elle sourit à l’animal, comme s’il allait la comprendre et continua.

- Je vis seule avec deux personnes dans ma maison et je pense que m’offrir une telle garantie ne serait carrément pas un luxe. Comprenez moi bien…(du moins, essayez, je vous en prie, pensa-t-elle), je ne veux pas vous prendre votre chien, je cherche juste à savoir où je pourrais m’en procurer un semblable. Tous les autres chiens de la cité ressemblent à des chatons inoffensifs à côté de lui. Et j’ai besoin de me protéger, par tous les moyens possibles.

Elle croisa ses mains sur le devant de sa robe et attendit la réponse, tout en observant le fils de la défunte s’éloigner à son tour, le corps secoué de gros sanglots.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyMar 19 Nov 2019 - 18:08
Bon, la dame répète le nom qu'il vient de dire ou à peu près, ce qui n'émeut pas notre milicien. C'est que bon, qu'il écorche son nom ou pas, c'est l'impact de son côté prout prout qui fera que la défunte recevra des égards. Et il ne réagit pas plus quand la baronne le félicite pour son travail après lui avoir dit que c'était inconviendant ou un mot comme ça que le sang il coule d'une morte et salisse les draps. Les félicitations d'une sang bleue, ça lui donnera aucune promotion et ça lui évitera po les corvées, mais bon, c'est plutôt gentil, alors il ne dit rien plutôt que de lui dire que bon, il sait s'il fait du bon travail ou pas et il a po besoin que quelqu'un il lui dit. Surtout s'il est pas de la milice. Puis c'est une madame. A un monsieur, il l'aurait ptet dit. Les madames, elles expliquent parfois mieux, mais po toujours, mais surtout, elles veulent pas jouer à qui qui est le plus fort avec lui. Clovis est bâti costaud, y'a des monsieurs que ça irrite. Les madames, c'est différent. Soit il fait peur, soit elles rougissent puis blêmissent quand qu'il parle, mais aucune a eu l'idée de vouloir se bagarrer avec lui.

- ... !

Finalement, il a failli lui dire quelque chose, mais ne trouvant pas de formulation intelligente, il s'est tu. C'est que bon, l'est pas toujours doué pour causer. Et bon, après la prière aux défunts, il l'avait un peu oubliée la baronne. Sauf que bon, elle était toujours là. Et comble du truc, elle a b'soin d'lui. Une baronne qui a b'soin d'un trouffion, c'est pas souvent. Mais Clovis comprend mieux quand qu'elle parle de Noulouk, son chien.

- S'appelle Noulouk. L'info vous sert à rin vu qu'il obéit qu'à moué, mais c'est pas "un chien" ou "le chien", c'est Noulouk. J'vais pas dire la dame en parlant d'vous, mais dire Dame Esméralda, c'est du respect, quo. Et même s'il est nouveau comme milichien, il mérite le respect, l'Noulouk. Po vrai ?

demande-t-il à son chien qui a relevé la truffe en comprenant que son maître parlait de lui. Et le fait de se faire flatter l'encolure n'est pas pour déplaire au jeune chien. Son maître, lui n'a pas fini sa leçon de savoir-vivre à l'attention de la baronne.

- Et moi, c'est po monsieur. Monsieur, c'est pour les gens dont que tu ou on ben euh, enfin, le monsieur, c'est pour les gens d'la haute ou ceux qui qu'on sait pas quoi qu'ils foutent et que qu'on veut pas être impoli avec, Esméralda. Moi, c'est milicien, j'croivions que vous aviez compris quoi que j'foutais comme boulot. Ou alors, Clovis, si vous voulez pas dire Milicien. Moi, j'm'en fous, mais monsieur, ça l'fait vraiment po. J'suis grand, mais po d'la haute. Si on m'appelle monsieur ou mon père, ça m'fait vraiment po rire. J'vais po m'prendre pour quoi que j'suis po, tu vo ?

Bon, après des questions bizarres qui montrent qu'elle connaît rien en chien, elle lui raconte son histoire. Elle a une garde mais d'un seul garde s'il a bien compris, elle vit seule avec deux personnes, ce qui est encore plus absurde puis elle confirme qu'elle comprend rien aux chiens. Alors Clovis soupire.

- Bon, ça va po être simple, alors j'vous propose qu'on s'assied sur ce banc. Les discussions compliqués, ça m'fait mal à la tête. D'ordinaire, j'évite, mais paraît qu'avec les d'la haute, j'peux po. Les autres, j'peux partir et les baffer s'ils m'retiennent. Bah, au pire, j'taperions sur vot' garde, même s'il a l'air gentil, s'il faut. Mais on va essayer qu'il faut po.

Il renifle un coup puis s'installe sur le banc, prend une profonde inspiration et commence par le début.

- Noulouk, c'est mon chien, est po encore adulte, c'est un jeune chien. L'est né en octobre. Mais bon, pour un chien, l'est grand. Parce qu'il est mi-marbruméen, par son père, et mi-loup, par sa mère. Bon, sa mère était mi louve aussi, mais quand tu as du sang de loup, parfois ça suit vers les petits. Et truc que tu ne semblez pas savoir, dame baronne, c'est que les chiennes, elles font pas un petit, elles en font entre 4 et 7, ça dépend. Ben la maman de Noulouk, elle en a fait 5.

Voilà qui répond à sa première question, des "comme Noulouk", y'en a quatre autres.

- C'est l'second de la portée, pas parce qu'il est né deuxième, mais parce que sa mère l'a classé deuxième. Y'a donc d'abord la championne, Lubna qu'elle s'appelle, qui est la mieux née de la portée. Mais elle, elle a tout pris du grand père maternel, qui qu'était un loup. Même les yeux jaunes. Elle est sauvage, difficile à élever et elle n'a qu'un maître, un copain milicien de l'externe. Les champions ont souvent qu'un maître, et les loups aucun. C'est bin qu'elle soit copine avec mon pote. Et elle aime bien son frangin, le numéro 2, Noulouk

Il aime bien parler de ses chiens, le Clovis et la baronne devrait facilement comprendre qu'elle aura les informations rapidement sur les 5 chiens en question.

- J'a choisi d'élever le numéro 2, car il est souvent aussi intelligent et instinctif que le numéro 1, mais moins sauvage. J'l'a po choisi parce qu'il était mâle, c'eut été lui le champion, j'prenais Loubna. Après tout, sa mère était une femelle. Kador qu'elle s'appelait. Elle est morte au chaudron et me manque beaucoup. Elle a eu droit au bûcher et j'lui a fait une prière. Elle aura son radeau aussi en décembre. C'était ma meilleure amie. Bon, après, y'a la numéro 3, Natik, que j'a confié à un éleveur qui avait b'soin d'une chienne de garde. Elle avait un flair de fou, même pour une louve. Petite, elle sentait mieux que sa mère et c'est po peu dire. Le numéro 4, un mâle, j'l'a donné à la personne qui m'avions gardé les chiens pendant que j'bossais. Ca bouffe, une maman et cinq chiots, mes soldes y sont passés et ça suffisait po. Mais un chien dressé, c'est 15 écus d'or et en prime, les numéros 4 sont comme des bergers, ils adorent les enfants et surveillent bin les maisons. Et elle peut le nourrir. Ressemble fort à Noulouk, d'ailleurs, mais bon. Puis il y a le dernier, Kornog !

Il l'a dit avec un grand sourire, ce qui peut augurer de quelques espoirs.

- Lui, il tient du père, un marbruméen. C'est le plus grand et l'plus costaud de la bande, mais le moins sauvage. Il perd contre ses frères et soeurs mais il est presque grand comme un ours, avec un reste de sang de loup. Du genre que t'as pas envie d'approcher, quoi. Alors qu'il est gentil comme tout. J'l'a confié à une pute aveugle dans la Hanse, une amie d'ma sergente. Elle avions b'soin d'une protection et comme qu'elle travaille dans la maison où qu'ils font aussi de la bouffe, avec les restes et la poiscaille, y'a d'quoi faire. Et le 5e, c'est souvent un chien docile qui change facilement de maître et qui demande pas trop d'travail de dressage. Il protégera son maître mais c'est pas un malin. Ceci étant, un 5e d'une très bonne portée comme les enfants de Kador valent un deuxième d'une portée moyenne. C'est ça qu'est compliqué avec les chiens, déterminer leur potentiel. Moi, j'sais l'faire, mais personne il sait pourquoi. C'est un don, tu vo ? J'ai ça d'puis tout ptit. Aussi avec les chats. Ou les ch'vals. Les vaches aussi ou les taureaux. 'fin, si ça a quatre pattes et qu'c'est plus grand qu'un rat, j'connais, j'comprends, j'sais s'il va bien ou pas. Paraît qu'c'est intéressant. Ca m'aide bien à la milice, ce don. J'sais po si vous l'avions r'marqué, mais j'suis pas doué pour causer aux gens ou faire les choses de façon bien réfléchies, tout ça. Alors, comme garde du corps, contrôle de la foule, c'est bin moi qu'on envoie, mais les enquêtes, les trucs diplomatiques ou les choses où il faut causer avant d'frapper, ben, j'suis nul.

Il a un ptit sourire triste mais poursuit :

- Alors, avoir un truc que toi tu sais faire et l'autre pas vraiment, ça fait qu'on m'pardonne pour quand que j'merde parce que j'ai collé une gifle trop fort ou qu'j'a pas compris que l'gars qui m'causait était ptet bin l'voleur qu'on cherchait. Paraît que pour certains, c'est écrit sur l'front, mais j'sais po lire, tu vois ? Enfin, oui, il y a d'autres chiens et non, j'les a tous donnés. J'sais même pas si j't'en aurais donné un si que j'en avais un en trop, j'm'assure que le chien, il s'ra bin avec son nouveau maître. Pour ça que j'les a donnés et pas vendus. On m'a dit qu'j'étions idiot, qu'avec 5 chiens dressés à 15 écus, j'pouvions avoir une maison à moi, mais on vend pas des copains. Et vous avions raison, des comme ça, on en trouve po vraiment dans Marbrume. Les bons chiens, sont à Najac !

Une vraie info, utile ?

- Ils appartiennent à la milice et ils se débrouillent plutôt bien pour l'élevage, parce qu'il y a l'effet de meute. Puis quand qu'il y a des problèmes, bah on m'fait viendre. 'fin, c'est comme ça que que je sais qu'il y a des chiens là-bas. Avant, j'étions pas dans la milice, j'y suis que d'puis mes 16 ans, tu vo ? Avant, j'avions mes parents et une forge. 'fin, mon père. Pour ça que j'suis costaud, hein. Forgeron, c'est po un métier pour qui qui a po d'muscles. Mais des chiens en meute, ça fait des ptits et tous sont po fait pour être milichien d'l'externe. Mais si qu'on peut l'dresser, ça peut encore faire un bon chien d'intérieur, un gardien, comme Kornog ou Natik. Alors, si là où qu'tu vis, ça a l'espace pour qu'un chien il soit heureux, j'pourrais penser à d'mander au sergent d'Najac si j'peux pas lui prendre un chiot pour une baronne à six branches. Mais ça s'ra po tout d'suite. Parce que j'peux pas aller à Najac comme ça, encore moins avec les ordres qui font qu'il faut qu'on reste po loin du chaudron, quo.

Il a l'impression d'oublier quelque chose.

- Ah oui, dis plus que tu vis seule s'il y a deux personnes qui vivent chez to, c'est po logique pour mo. J'cause pas le prout prout, alors faut me dire les choses simplement, sinon ça m'perd.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyMar 19 Nov 2019 - 21:25
Diantre. Un violent mal de tête menace de poindre, Esméra se masse distraitement la tempe, en l’écoutant parler. Il ne s’arrête plus. Et de ce qu’elle comprend, parce qu’il faut bien admettre que l’exercice est plutôt difficile pour une personne habituée à de plus délicats phrasés, cet homme, ce milicien, ce Clovis est avant tout un garçon gentil, profondément attaché à son chien, mais, il faut bien l’admettre avec un vocabulaire et une syntaxe qui n’appartiennent qu’à lui. Même en soignant des personnes du peuple lors de ses nombreuses visites au Temple, elle n’a jamais entendu quiconque s’exprimer de la sorte. Et elle n’a plus son interprète pour l’assister.

- La fleur en bouquet fane et jamais ne renaît, dit-elle à voix basse, comme une étrange litanie connue d’elle seule.

Relevant un regard rieur sur le duo, elle regarde alors l’immense animal aux pieds de son maître. Il s’appelle donc Noulouk, si c’est bien ce qu’elle a compris. Mi-chien, mi-loup, il semble bénéficier d’une généalogie intéressante, assez en tout cas pour que la jeune noble prenne sur elle et écoute son laïus à propos de la famille de ce qui semble être avant tout un ami. La truffe levée et le regard franc posé sur le milicien, l’animal semble ne pas en perdre une miette, attentif à tout. Esméra prend bien garde de ne pas effectuer le moindre geste qui pourrait paraître brusque. Même nimbée de délicatesse et de grâce, elle a assez vécu pour savoir qu’on ne fait pas n’importe quoi en présence d’un animal que l’on n’a pas soi-même dressé.

- Chaque personne est différente et chacun ici possède un don, une qualité qui lui est propre. Vous n’êtes peut-être pas doué pour la diplomatie mais…Je sais reconnaître les personnes dignes. Et vous en êtes une, Clovis. Il suffit de vous entendre parler de vos chiens, ce sont des amis, par des animaux de compagnie et les personnes qui parlent de cette façon…sont souvent de bien meilleurs humains que la moyenne.

Elle espéra qu’il comprenne sans se méprendre.

- En clair, vous êtes une bonne personne, Clovis.

La jeune noble se demanda soudain quel âge cette forteresse ambulante peut bien avoir. Elle l’observa du coin de l’œil, intriguée. Il est jeune, c’est certain, mais elle est trop bien élevée pour le lui demander, cela ne se fait pas. A priori, il a déjà plus de 16 ans. Elle se redresse un peu quand elle l’entend parler de cet homme de Najac à qui il pourra peut-être demander un chiot pour elle. Ce qui la fait sourire.

- Je réside dans une jolie maison, là-haut, sur l’Esplanade. Il y a un jardin, oui, assez grand pour que deux ou même trois chiens comme Noulouk puissent courir, se rouler dans l’herbe ou chasser les mulots toute la journée. Je n’ai jamais eu d’animal à moi, Père avait des chiens et quelques rapaces pour la chasse mais c’est tout. Et je pense même qu’il n’en prenait pas soin lui-même, c’était une autre personne qui s’en occupait pour lui. Cela dit, je pense qu’ils n’étaient pas malheureux, ils avaient le poil brillant et le ventre plein. J’ai toujours voulu en prendre un ou deux près de moi, dans ma chambre mais Mère n’a jamais voulu. Paraît-il qu’ils sont envahis d’indésirables suceurs de sang dès que l’été revient…

Assise sur ce banc, dans une attitude toute simple, elle paraissait presque plus jeune que son interlocuteur. Elle surprit quelques regards interrogateurs des personnes habituées du temple et qui la connaissent bien. Que fait donc la dame de Sibran en compagnie de cet homme-là ? Elle ne cessait de sourire, priant mentalement pour que ce mal de tête disparaisse enfin.

- Ce n’est pas pressé, vous savez, vos obligations d’abord. Il sera bien temps d’y songer quand vous serez à Najac, pas avant.

A la dernière phrase du milicien, elle ne put s’empêcher de rire. Un rire gracieux et pur, un vrai régal pour les oreilles, un rire communicatif qui teinte ses joues de rouge et pare ses yeux d’un éclat pétillant de malice :

- Clovis…Je ne sais si vous le faites exprès ou non mais…Je vous trouve adorable. Je vais vous expliquer les choses.

Elle passa ses mains élégantes sur sa jupe, cherchant ses mots pour que tout soit clair pour lui :

- Je suis veuve. Mon époux est mort il y a de cela des mois à présent. Il a été tué par la Fange. J’ai réussi à rejoindre cette cité en compagnie de deux autres survivants. Etienne, que vous avez vu tout à l’heure et qui me sert de garde du corps. Et Sophie, ma suivante, qui s’occupe principalement de ma maison. Mais…Ils ne sont pas nobles, comprenez-vous. Et l’usage voudrait que je trouve un mari, afin que je ne vive plus « seule ». Tant que je ne serai pas à nouveau mariée, je vivrai « seule » dans ma maison.

Elle lui lança un sourire désarmant avant de poursuivre :

- Je préfère le mot « seule » à « célibataire ». Les célibataires, ils cherchent à retrouver un époux, ou une épouse. Les personnes seules, elles le sont parce qu’elles en ont envie. Je ne sais pas si vous saisissez bien la nuance…

Esméra osa un tout petit :

- En gros, je ne veux pas me marier de sitôt même si je sais que je n’aurai pas le choix. Parce que ça m’arrange bien, de vivre sans trop de contrainte. Ou un mari affreux qui estime avoir le droit de disposer de moi comme bon lui semble. Enfin voilà. J’espère que je ne vous ai pas mis dans l’embarras. Ou en retard. Je suppose que vous avez des choses à faire, maintenant que vous avez effectué votre tâche…
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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyVen 22 Nov 2019 - 20:55
Mais pourquoi qu'il s'inflige ça, le Clo', il comprend rin au prout prout. Et la dame, elle lui parle apparemment gentiment. Noulouk la regarde, il l'aime bien on dirait. C'est un bon point pour elle. Mais Clovis, il hoche la tête, avec l'histoire des fleurs qui fanent en bouquet, les personnes dignes, alors que digner, il sait pas ce que c'est, puis elle lui dit qu'il en est une, alors qu'il en est un, personne il le prend pour une madame, puis elle fait un lien bizarre entre les animaux et les humains, lien qui lui échappe. Puis elle lui dit qu'en clair, il est une bonne personne.

- Bonne, comme les domestiques ? Nan, une personne bonne, c'est comme "bon" mais pour les madames. Ptet que dans vot' monde, si on est pas sang bleu, on est po vraiment des hommes. J'sais po, mais j'sens que c'est po méchant quoi que tu m'dites, m'dame. Alors ok, j'suis bonne. Et j'crois bin qu'vous êtes bonne aussi.

S'adapter au langage de la personne qu'on a en face, ça aide, il paraît. Et comme la baronne, elle lui parle en essayant de faire bin attention pour qu'il comprenne, le Clo', il essaie aussi. Et pour la description de la maison, il suit plutôt bien. Comme quoi, quand on use de mots simples, le Clo', il suit.

- Ca, les rapaces, les oiseaux, ce qui a deux pattes, par contre, j'y connais rien. J'sais po comment qu'on s'en fait des amis. C'est chouette aussi, on peut s'imaginer qu'on vole. Mais même si vous m'décrivez bin vot' maison et tout et tout, et que j'veux bin qu'vos chiens d'avant, ils avaient le poil brillant, l'plus important, c'est la truffe humide, et que l'oeil du chien il pétille, tu vo ?

Et il ne regarde plus Esmera, préférant jouer avec son chien. Un jeu tout simple. il lui taquine le museau d'une main. Puis de l'autre. Ce qui visiblement énerve Noulouk, qui redresse un peu les babines. Ce qui est loin d'impressionner Clovis, qui bouge une main au-dessus de la tête, comme le vol d'un colibri. Par deux fois, les puissantes mâchoires de Noulouk se referment dans le vide et le malheureux chiot prend une toute petite gifle, qu'on imagine aisément non douloureuse, mais bien énervante. Et une main bouge et l'autre taquine, puis inversément. Le chien, qui était assis, s'est levé, pour avoir plus de possibilité de choper ces enquiquineuses. Et ça y est, il coince une main du milicien entre ses mâchoires et Esméra pourra remarquer sans peine qu'il en est fier, le Noulouk. Son oeil pétille et sa queue remue. Tout ceci n'était qu'un jeu et Clovis le félicite d'une caresse fort virile, que le chien semble apprécier, avant de libérer la main qui n'a, hormis la bave, aucune trace de morsure.

- Ca, c'est un chien heureux, tu vo, m'dame de six branches ? Après, un chien, ça s'lave et ça s'peigne, sinon ça r'ssemble à un clodo. Le peigne, ils adorent, mais l'eau... Même avec un chien bin dressé, quand il veut po, c'est la bagarre. Autant dire qu'j'suis toujours torse poil quand qu'je lave, c'lui lo. Parfois il m'en veut un peu, mais jamais bin longtemps. La rancune, ils connaissent po, tant qu'on que les trahit pas. Pour lui, c'est juste un jeu qu'il aime po, mais comme il y a beaucoup des jeux qu'il aime bin, ça passe. Et pour c'qui est de Najac, ben si que j'dois y aller, j'irai, mais pour c'qui est d'vous ram'ner un chien... C'est po parce qu'ils vous aiment bin que vous saurez bin vous en occuper, mais ça, j'peux vous l'apprendre. Mais oui, l'espace, c'est important.

Il se lève, pour l'accompagner chez elle, ce qui lui semble évident, mais elle parle d'être seule, de célibat, tout ça. Clovis sourit.

- J'vous comprends bin. Moi non plus j'veux po m'marier. Une madame, c'est qu'des emmerdes. Ma solde elle suffisait pas pour moi et les ptits, alors imaginer si en plus j'dois payer une maison et nourrir la madame qui vivrait d'dans. Puis paraît que c'est quand qu'on vit avec une madame qu'on s'retrouve avec des marmots. J'préfère courir les rues, moué.

La partie "disposer de moi comme bon lui semble, il a trouvé ça bizarre. Son père était marié à sa mère, il était plus grand et pouvait avoir la main lourde, mais le chef à la maison, c'était sa mère. L'père, l'était le chef qu'à la forge. Mais ça doit faire partie du caractère, tout ça. Ou alors c'est différent chez les prout prout. Chez eux, les épouses, c'est des domestiques ? Il évitera de poser la question.

- Nan, m'dame, j'va pas r'tourner à la caserne. Vous avez parlé d'espace pour des chiens si que j'vais à Najac et j'veux bin vous croire et tout. Mais vous, vous avez vot' regard de maîtresse de maison, moi j'ai un r'gard de gars qui connait les chiens. Alors, si ça vous ennuie po, j'veux voir le terrain d'chasse pour les mulots, là où qu'il pourra courir et si c'est vraiment un bon endroit où qu'un chien il sera bien. Parce que juste une célibataire, mais moi j'aurais dit veuve et deux domestiques, ça occupe pas des masses un chien. Puis ça m'permettra de voir quel type de chien il s'ront bin chez vous, ou tout triste. Mais pour rentrer dans l'esplanade, faut que j'vous accompagne et qu'vous disiez bin aux gardes que j'suis avec vous pour aujourd'hui. J'suis un trouffion, j'ai po l'laisser-passer pour l'esplanade, tu vo ?
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptySam 23 Nov 2019 - 21:56
Le voir jouer avec son chien évoque un tableau si plaisant à regarder, si naïf et mignon à la fois, qu’elle ne peut s’empêcher de les contempler tous les deux, avec un certain attendrissement dans le regard. C’est un peu comme…un peu comme si Etienne, son si farouchement sombre garde, jouait avec une petite poupée de fanfreluches, avec un sourire aux lèvres. Bien sûr, Etienne ne pourra jamais l’assommer d’un coup de poing ou la poupée lui manger le bras comme pourrait le faire Noulouk mais la comparaison a du sens pour Esméra. Finalement, l’apparence est toujours un peu trompeuse et cela confirme ce qu’elle pensait : pour savoir à qui on a affaire, il suffit de l’observer en compagnie des animaux ou des êtres les plus faibles. Elle ne pouvait donc penser que du bien de ce jeune milicien.

Il venait de se lever, demandant tout à fait légitimement, à voir cet endroit qu’elle a présenté comme étant idéal pour un chien.

- Je pensais que les miliciens avaient accès à absolument toute la cité, comme quoi j’ai encore des choses à apprendre, visiblement. Suivez-moi.

Elle prit le pas sur le jeune Clovis et sortit du Temple. La jeune noble n’eut qu’un coup d’œil circulaire à jeter. Son garde l’attendait, là, sous le porche d’une petite maison, appuyé contre le mur, les bras croisés. Elle secoua la tête, en le voyant ainsi.

- Il s’ennuie. A tout hasard…Savez-vous s’il est possible d’apporter une aide à la milice tout en restant à mon service ? Etienne n’est pas un homme taillé pour le chaperonnage d’une dame…Et je tiens trop à lui pour le voir dépérir.

C’est vrai. Même si la dame en question est elle-même une sauvageonne corsetée et engluée dans des convenances qui l’irritent parfois au plus haut point, elle a l’habitude de ces faits par son éducation et son rang. Etienne, lui, n’a pas toujours vécu de la sorte. C’est un homme robuste et malin, habile espion entre tous et excellent bretteur. Il aurait une bien meilleure utilité dans un métier d’armes qu’à porter des paniers de fruits. Même si cela veut dire qu’il ne serait plus à son service totalement, elle est prête à cela.
Pour lui. Parce qu’il le mérite amplement. Si le marché au sujet de ce chien est conclu, elle envisagera sérieusement de laisser son garde prendre le large.

Suivie de sa triple escorte, Esméra mena le petit groupe jusqu’à l’Esplanade sans plus dire un mot. Cette journée a été particulièrement éprouvante pour la jeune noble. Elle aurait du s’en réjouir mais il n’en est rien. Une lassitude étrange s’empare d’elle, minant son moral sans qu’elle ne parvienne à savoir pourquoi. Tout avait bien commencé pourtant. Une balade en ville, tranquillement escortée d’Etienne, un temps clément, pas trop de gens dans la rue…Bien sûr, elle n'est jamais contre une petite aventure mais là…A part suivre un milicien à cause de son chien, y compris quand il porte un corps qui se vide sous ses yeux tout en marchant vers le Temple…Des funérailles à la sauvette…Absolument tourne autour de la mort, dans cette cité. Qu’il est loin le temps où elle pouvait sortir, monter à cheval, voir le monde ! C’est le cœur plein de regrets qu’elle franchit la barrière menant à l’esplanade en compagnie des deux hommes et du chien, se dirigeant tranquillement vers sa demeure.
A leur arrivée, Sophie arrive et porte la main à sa bouche, effrayée par la taille impressionnante du chien tout autant que par la stature unique du milicien.

- Soyez tranquille, Sophie. Je vous présente Clovis et son ami, Noulouk. Je les conduis au jardin, ne vous dérangez pas !

Esméra fait un petit signe de la main à Clovis pour l’inviter à traverser les pièces menant à l’arrière de la demeure. Celle-ci n’est pas très grande mais plus que convenable pour la jeune femme et ses deux serviteurs. Quelques pièces en enfilade et les voila sur une terrasse surplombant un jardin de taille appréciable. Il y a des arbres, de beaux grands arbres entre lesquels circule un chemin bordé de pierres et de fleurs, c’est vraiment ravissant. A priori, il y a beaucoup de place, c’est exposé plein sud.

- Alors ? Qu’en pensez-vous, Clovis ?
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Clovis LegrandCoutilier
Clovis Legrand



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MessageSujet: Re: [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]    [Terminé] Dignité et catastrophe [PV Clovis]  EmptyMar 26 Nov 2019 - 3:16
Finalement, les choses se sont bien passées jusqu'ici. C'est rare qu'il discute avec des d'la haute et qu'il s'inquiète pas qu'on s'plaigne de lui à ses chefs. bah, en général, on l'met d'corvée mais comme qu'il y est de toute manière, ça r'ssemble po à une punition. C'est l'priver d'corvée qui en serait une. Faut dire que l'adolescent a besoin de se dépenser et quand il est de corvée, il ne triche pas. Si on lui fait nettoyer les box des chevaux, inutile de passer derrière. Le box est nettoyé, la paille changée, le cheval brossé et s'il fallait lui changer un fer, c'est fait aussi. Mais bon, s'faire engueuler, ça fait plaisir à personne. Et ici, il s'fera pas engueuler, la baronne, elle s'intéressait plus au chien et Noulouk a été irréprochable. Comme toujours.

- Ah, ma bonne dame, la Milice, elle peut aller partout, mais po les miliciens. Ce sont les meilleurs qui sont à l'Esplanade. 'fin, surtout des vétérans. Des qui ont d'l'expérience, puis qui sont physiomonistes. Physicologistes ? Philatélistes ? 'fin, des qui savent se rappeler de qui qui habite chez les riches et qui qui y habite po. Parce que reconnaître les riches, c'est facile, ça s'habille po pareil qu'les autres, les prout prout. Mais leurs domestiques, ou les madames qui sont payées pour viendre réchauffer les lits des messieurs et que qu'ça doit pas trop s'savoir, faut pas qu'ça r'marque non plus. Un bleubite là-d'dans peut faire du dégât. Des fois qu'tu confonds un comte avec un voleur, et ça fout à mal la réputation du nobliau. Alors, il gueule sur l'sergent, qui gueule sur l'coutilier, qui gueule sur ses hommes et c'est l'bordel. Et si qu'vous êtes plus en sécurité dans l'esplanade qu'au Goulot, c'est parce que qu'au Goulot, tout le monde il peut y viendre et c'est difficile à surveiller. Chez to, c'est ceux qui y habitent ou ceux qui y sont invités, et pour l'invitation, faut entrer avec un d'la haute, donc po un domestique, ou avoir un papier qui dit qu'tu peux entrer. Sinon tu peux po. Pour ça qu'les prout prout, ils veulent rester à l'Esplanade. C'est plus sécure.

Esmeralda, comme qu'elle y vit, elle est jamais contrôlée, elle doit pas réaliser, car les miliciens, ils savent qu'elle peut être là. Pour qui qui n'y vit pas ou qui qui commence à pouvoir y aller, faut l'papier. Après, ils finissent par être r'connu aussi. Puis vient la question sur Etienne.

- Ca dépend c'qu'il sait faire, votre Etienne. Si c'est bin plié les draps, j'veux dire qu'on en a po b'soin. Maintenant, s'il a un don pour une arme, j'sais pas, c'est un maître archer par exemple, ça oui, ça intéressera toujours à la Milice. Mais faut qu'ça soit un maître d'arme, s'il est pas meilleur que l'grouillot d'base, autant qu'il reste chez lui. Les entraînements, c'est po pour rire et y'a des coups qui peuvent s'perdre.

Y'a des nobles qui font des dons et fournissent la milice en arcs, arbalètes, épées ou boucliers, d'autres qui peuvent former à la monte, ce qui sort un peu du cadre des combats. Mais les instructeurs, ils sont les bienvenus, d'autant plus que

- Avec les nouveaux qui r'joignent la milice, les mordus que j'les appelle, bah on a vraiment b'soin d'instructeurs, d'autant qu'on en a perdu pas mal dans l'chaudron. Tous les mordus, ils ont pas appris à s'battre, alors, savoir tenir une épée, apprendre à frapper avec, ça paraît simple mais ça l'est pas tant qu'ça. Moi j'sais m'battre, mais j'explique po bien comment qu'on fait. Si vot' gars, il sait bin expliquer, à la Milice ils s'ront contents d'l'avoir. Le mieux, c'est s'présenter à la Caserne et d'mander à voir un sergent d'l'interne. Le nouveau, l'd'eau vraie, l'est sympa et l'a l'air d'savoir réfléchir. 'fin, j'dis ça, c'est po mon fort, la réfléchititude. Sinon y'a la sergent de Rivefière, elle, elle sait jauger un gars. La preuve, elle a dit qu'j'ferions un bon milicien quand qu'ils m'ont engagé.

Pis elle aimait bien Kador. Bon, le barrage est passé sans enquête préalable. Le Clovis commence à être connu et n'est pas autorisé à passer à l'Esplanade seul, mais comme il accompagne la baronne, on ne l'ennuie pas. Le Clo' n'est pas du genre à prendre des initiatives, de toute façon et est très à cheval sur le règlement. Il quittera l'Esplanade pour aller faire ses corvées, même les plantons le savent. L'avantage, quand on est un géant avec un loup, c'est qu'on est plus reconnaissable que les autres, au bout d'un moment. Clovis a l'impression d'oublier quelque chose.

- Oh, faut qu'vot Etienne il dise bin qu'il vient de la part de la Baronne de Six Branches. C'est bin vu par l'Roi les nobles qui aident la Milice, ça les classe ptet bin parmi les utiles. Et aujourd'hui, vaut mieux faire partie des utiles. On a des instructeurs qui viennent une demi-journée par semaine, un jour par mois, deux jours semaine, ça dépend. Mais comme que vous avez pas beaucoup d'gens et que c'est vot' seul combattant si j'a bin compris, j'vous conseille de faire ceci. Quand qu'il va instruire, il vous conduit au Temple. Là, vous, vous faites du bénévolat. Si qu'vous savez lire, vous apprenez aux clercs à lire. Ou alors si vous savez faire d'la couture, vous aidez à la fabrication des robes des prêtresses, voire si vous êtes super douées aux jolies couleurs des dieux. Ou vous allez voir des malades qui ont po beaucoup d'visite, ça fait du bien il paraît. Tout le monde, il a plus ses parents ou ses amoureux. 'fin, y'a plein des trucs à faire. Et quand qu'vot' Etienne il a fini, il passe vous prendre. On n'agresse pas les gens dans l'Temple. Déjà, y'a les Trois qui r'gardent. Puis la Milice elle rigole po avec ça non plus. Ca fait quat' bonnes raisons.

Finalement, c'est un vrai bon conseil. Clovis n'est pas une flèche, mais il comprend quand même certaines choses. Les bénévoles, c'est important pour le Temple et z'ont beaucoup trop d'travail là-bas avec le Chaudron. Z'ont encore des paquets de blessés, ça a bouffé les réserves, y'en a beaucoup qui sont fatigués, même les Pères et Mères. Les bonnes volontés sont les bienvenues. Alors, si la gentille madame, elle est bien vue à la Milice et au Temple, ben c'est po perdu. D'autant qu'elle semble avoir le temps. Depuis qu'il patrouille, elle a rien fait de spécial, pas même des courses.

C'est grand chez elle. Bon, moins que la Caserne, mais plus que la plupart des maisons qu'il voit. C'est petit pour l'Esplanade, mais c'est grand comparé à la plupart des maisons des autres quartiers. Bon, la domestique a peur, et forcément, ça attire le chien, ce qui ne résoud rien. Un chien vit par son flair, les phéromones de peur sont particulières. Et forcément, on fuit du regard l'objet de sa peur. Et forcément, ça intrigue. C'est un cercle vicieux. Et Clovis montre comment il faut faire pour sortir dudit cercle.

- Non !

Un ordre simple, même pas crié. Ce n'est pas l'heure de jouer, Noulouk le comprend. Alors, il s'intéresse à autre chose, il repère les lieux, renifle à gauche à droite. Ce qui est l'occasion pour signaler un point important pour quand on a un chien.

- Ne mettez rien d'fragile sur un meuble qu'on bouge facilement, style un vase sur un tabouret. Avec un chien, la survie du vase sera réduite à quelques heures. Un chien, ça frôle les meubles. L'avant du chien, il passe, l'arrière, il touche et bim, ça casse. Si vous l'savez, vous aurez moins d'casse. L'pire, c'est qu'certains, ils le reprochent au chien. L'a pas des yeux sur l'cul, le chien, hein !

Il hausse les épaules, puis sourit en voyant le jardin. Une tape sur l'arrière-train de Noulouk pour que ce dernier aille explorer le jardin. Et Noulouk ne s'en prive pas. Il renifle à gauche à droite, repère un mulot mais s'en désintéresse. Il est bien nourri et un chien ne chasse que s'il a faim. Puis il passe derrière un arbre, un autre, revient vers le premier et lève la patte.

- Il marque son territoire, c'est qu'il s'y sent bien. C'est donc un bon coin à chien, ouep. Va falloir que votre domestique, elle gère sa peur des chiens, parce que ça va finir par rendre vot' futur chien nerveux, mais bon, des domestiques, au pire, ça s'remplace, hein ! Bon, c'est po tout ça, mais faut qu'j'y aille. Si vot' Etienne, il d'vient bin instructeur, j'lui dirai si un jour j'va à Najac ou on lui f'ra l'message. Comme ça, vous savez si j'va rev'nir avec un chien pour vous.

Un clin d'oeil à Esmera, un claquement de langue pour rappeler Noulouk et le Clovis repart, au pas de course. C'est qu'c'était bin amusant, tout ça, mais il bosse et il a encore ses corvées. Juste, si tout le monde il lui demande un chien pour son prochain voyage à Najac, y'aura des déçus. Un chien, ça va, trois chiens, bonjour les tracas.
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