Marbrume


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  [Zone éphémère] Une célébration royale :

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HypothermieMaître du jeu
Hypothermie



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MessageSujet: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyLun 11 Nov 2019 - 19:04
[Zone éphémère]
◈ Une célébration royale ◈


1er juillet 1166, soirée & nuit.


 [Zone éphémère] Une célébration royale : Zone_e11

Le Grand Marché de Marbrume n'était que les prémices d'un plan, d'une volonté de reconquête de l'opinion publique et de la ferveur du peuple. Suite aux événements tragiques du couronnement du roi, le moral de tout un chacun avait forcément décliné pour se retrouver aux plus bas. En somme, cette dégringolade avait amené l'optimisme général à l'identique aux jours les plus longs de la survivance du dernier bastion humain, alors que le Labret n'avait pas encore été reconquis, tandis que la famine était encore omniprésente dans les ruelles et venelles. De fait, bien que l'offensive de la fange ait été réduite à une section du Goulot devenu Chaudron, cette lutte avait été vécue comme une défaite avilissante. La mort avait rôdé à l'intérieur même de la ville, laissant traîner derrière elle des relents pugnaces de crainte dans la plupart des esprits. À même d'éteindre la flamme de l'espoir, cet événement devait dès lors être oblitéré par quelque chose de plus positif.

C'est ainsi, qu'après que la sécurité exacerbée des jours suivant la presque chute de Marbrume soit écoulée, le roi et son entourage avaient mandaté le retour du Grand Marché. Alors que la première journée s'était écoulée avec bonhomie et entrain, le héraut royal, représentant du roi et de sa parole, avait mentionné qu'un bal serait donné au château de Sigfroi de Silvur pour que la noblesse de l'Esplanade puisse se réunir. Cela faisait déjà depuis fort longtemps qu'un événement festif n'avait pas eu lieu entre les murs de la demeure du Duc devenu Roi. Ainsi, en cette soirée, les nantis et autres sang-bleus étaient conviés à venir profiter d'un bal, de ses mélodies entraînantes et de la présence d'une pléthore de convives pour la grande majorité avisé et civilisé.

Se déroulant dans la salle de réception du dernier retranchement de la cité, l'opulence et le faste grandiose de l'endroit étaient sublimés par les décorations et l'apparat mis à l'honneur. De grandes tentures de brocart couvraient et tapissaient les quelques murs qui ne disposaient d'aucun ornement luxurieux. Ailleurs, les peintures retraçant l'histoire du Morguestanc étaient mises à l'honneur, accompagné des représentations d'une chasse à courre qui n'avait plus lieu d'être. Au-dessus de la tête des êtres en présence, le grand chandelier de cristal éclairait la plupart des zones d'ombres, alors que sa lumière se réverbérait sur le plancher de marbre poli et réfléchissant comme un miroir. Toutefois, bien qu’aidés ici et là par la lueur des candélabres, quelques recoins plus sombres, savamment pris en compte par l'architecture de la salle, permettaient promiscuité et rapprochement qui risquaient d'arriver dans ce genre de célébration mondaine.

La dizaine de grandes fenêtres, comparable aux vitraux du temple, étaient déjà ouvertes pour laisser passer une brise fraîche à l'intérieur de cette pièce qui deviendrait à n'en pas douter une véritable fournaise. Tables et tréteaux avaient été montés, croulant sous une pléthore de mets et boisson en tout genre. Louvoyant entre les convives, une armée de serviteur s'assurerait que personne ne manque de rien.

À l'entrée de la salle, le héraut lui-même accueillait la noblesse de Marbrume. Salutation d'un bref hochement de tête ou bien échange de quelques paroles de bienvenue, le représentant du roi opérait là une action loin d'être anodin, invitant tout le monde à profiter des festivités et regardant surtout qui répondait à l'appel de leur roi. Qu'allait-il arriver ce soir ? Des alliances allaient-elles se lier et se délier, fracassant des destins sous la houle instiguée par les puissants de ce monde ? À tout le moins, une chose était certaine; face à un regroupement si important des êtres vivants sur l'Esplanade; le bal ne pouvait qu'être intéressant...très intéressant.

◈ ◈ ◈


Mj: a écrit:
Bonjour à tous, :rev:

Pour participer au bal, vous n'avez pas besoin de passer par le sujet d'ouverture de la zone éphémère, sachant qu'il est possible pour votre personnage de ne pas avoir visité l'événement, mais de se présenter aux festivités de la soirée. Évidemment, vous êtes invités à ouvrir des sujets privés par la suite. Toutefois, en un tel cas, il vous faudra publier sur ce sujet au minimum une fois.

Quelques informations importantes;

-la sécurité est évidemment très forte, sachant que vous êtes au plus près du roi. Toutes les personnes sont fouillées à l'entrée et aucune arme n'est acceptée dans l'enceinte du château.

-Cet événement se veut uniquement pour les gens "influents" de Marbrume. Ainsi, nobles, sergent et haut prêtres sont quasiment les seules personnes présentes dans la salle.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas.

Bon jeu à tous !
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Alexandre de TerresangVicomte
Alexandre de Terresang



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyMer 4 Déc 2019 - 11:14
Le Palais…. Même avant la Fange, il n’avait jamais été très motivé pour entrer dans ces lieux. Il n’avait jamais aimé venir à Marbrume de toute manière, c’était sa femme, Alice, qui s’occupait des visites diplomatiques au suzerain des Terresang pendant que Alexandre préférait rester s’occuper des frontières dudit suzerain. Il n’aimait pas le château et encore moins les jardins qui avaient été le témoin du geste ignoble de sa seconde femme avec le bâtard de Sombrebois, la puterelle avait décidé de pratiquer l’adultère dans les jardins autrefois ducaux mais aujourd’hui royaux … non seulement, ils avaient Sali la dignité d’Alexandre, Vicomte de Terresang mais également sali les parterres de fleurs du Roi Sigfroi de Sylvrur … bah qu’importe, même avant cela, il n’avait jamais aimé cette excentricité qui rappelait que les nobles aimaient les belles choses même lorsque le peuple crève de faim … jamais le Vicomte Alexandre, Seigneur de Terresang n’avait autorisé cela en ses terres … c’était peut-être pour cela qu’il avait eu à repousser diverse attaque tous les quatre matins durant vingt ans.

Il avait participé au grand marché, il avait maté un prêtre dissident, comment cela s’était fini ? Bah, Alexandre n’avait pas envie d’en parler et de toute façon, personne n’avait pu admirer son éloquence … après peut être que cela était parvenu aux oreilles du Roi mais il en doutait.

Il observa la salle de réception, ce monde grouillant qui se soûlait jusqu'à plus soif, qui mangeait à s'en péter la panse ... Le noble n’aimait pas ce genre de réjouissance mais un jour sa femme l’avait grondé comme un vulgaire enfant de six ans qui ne voulait pas manger sa soupe :

*Tu devras bien te mêler à tes semblables Alexandre, tu as tellement d’ennemi à la cour du Duc que tu ne te rends pas compte que ne pas t’exposer parmi eux, rend les complots plus facile.*

Il se revoyait ici-même lors d’une des rares fois où il accompagnait sa femme à une réception ducale , entrain de danser avec elle avec sa jambe et sa main intactes, un sourire sur les lèvres alors qu’il la faisait danser au son des instruments qui délivraient leur musique pour l’ambiance.

*Plus je suis loin de ce nid de serpent, mieux je me porte, je préfère encore mener une charge contre mes ennemis que de devoir observer mes arrières tout le long de mon séjour ici … la cour n’est pas faite pour ma pomme.*

*Et pourtant tu devras t’y coller mon cher mari, j’ai arrangé une entrevue avec le baron de Terresombre, notre voisin. Nous devons conclure un accord pour éviter que ce dernier ne rameute d’autre seigneur contre nous. Tes agissements vont nous faire mettre tous les nobles à dos.*

Il se rappelait avoir soupiré mais il savait que sa femme avait raison, lors des trois premières années de son règne sur les Terres frontalières de l’Est, nombre des seigneurs Morguestaniens ne voyaient pas d’un bon œil l’accession au trône vicomtale de l’héritier proche du peuple contrairement à Victor de Terresang qui était digne de sa position … beaucoup de seigneur ne voulaient pas croire que l’un des propre garde de son père l’avait assassiné froidement alors que son fils se trouvait tout près –et à juste titre, la version officieuse connu seulement de quelque personne était que le jeune Alexandre avait lardé le paternel de coup de dague suite à sa propre tentative d’assassinat avortée- le vieux Vicomte retourna à la réalité, il se trouvait tout près de l’entrée, il n’aimait pas ce genre de réception .. ; encore plus aujourd’hui mais son vieil ami, le chevalier de Montbard l’avait tanné pour qu’il y participe… un peu comme sa femme l’avait tanné pendant de longues années pour qu’il y participe.

C’est alors habillé d’une tunique rouge aux manches vertes et d’un bas rouge ainsi que d’une paire de bottes marron, elles (les couleurs de sa maison) puis d’une cape rouge, qu’il se trouvait en ces lieux à déguster un verre de vin en observant la salle d’un œil absent … il n’aimait vraiment pas ces lieux, non. Alors que le peuple se mourrait, les nobles se trouvaient ici à festoyer alors que justement le Roi avait décrété que ces pratiques seraient aboli en gros c’était du « Faîtes ce que je dis mais pas ce que je fais. »

Il soupira puis d’un mouvement de recul, il voulait partir mais il percuta quelque chose ou plutôt … quelqu’un … une jeune blonde, ah et merde ! Il avait tâché sa tunique… bon ce n’était pas bien grave, le seigneur n’aurait qu’à jeter cette vieille tunique qui le suivait depuis des années. Il s’excusa alors tout en posant son verre à même le sol et osa un sourire.

« Veuillez m’excuser mademoiselle, vous allez bien ? »
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyMer 4 Déc 2019 - 20:04
Foi, Force et Honneur, c'est la devise de la dynastie des de Beauharnais. Et si tous ses ascendants n'ont pas été des modèles de droiture, on ne peut reprocher à Aymeric ni de manquer de foi, ni de manquer de courage, ni de manquer de loyauté. Aussi, quand son Suzerain et Roi l'invite à un bal, se sent-il obligé de venir. Pour les habitants de l'Esplanade, le déplacement jusqu'au Palais Royal est court et peut-être fait à pied, pour Aymeric, ce déplacement est bien plus complexe et dangereux. C'est que traverser le Labret d'ouest en est puis les Marais pour rejoindre Marbrume n'a rien d'une sinécure. Et s'il a laissé sa législatrice et son palefrenier pour qu'ils assurent les affaires courantes et gèrent les éventuels problèmes, et Aymeric leur fait pleinement confiance, il a profité de l'occasion pour emmener Alix avec lui. Elle l'a sans doute oublié, mais elle a dit à sa garde du corps qu'elle avait une vie très monotone. Alors, un bal, royal qui plus est, voilà qui ne pourra que lui plaire et lui changer les idées.

Car, soyons honnête, Aymeric déteste les mondanités et sans sa fille, il se serait contenté de faire acte de présence. Il serait venu, aurait salué leurs Majestés si l'occasion lui avait été donnée, puis serait reparti, en fournissant l'effort vestimentaire nécessaire, sans plus. Peut-être aurait-il adressé la parole à quelque personne qu'il respecte, mais s'il doit être honnête, cela n'aurait pas fait grand monde. Le nouveau Sergent Zephyr d'Auvray, sans doute, pour apprendre à le connaître, mais pour lequel il a de l'estime, du moins si les rumeurs le concernant sont fondées. La Sergent Sydonnie de Rivefière, et encore, s'ils parviennent à être présentés sans la présence de son époux et c'est sans doute tout. Les gens qu'il n'a pas envie de voir sont bien plus nombreux, et Aymeric se demande, vu son tempérament, s'il parviendra à faire bonne figure en présence de gens indignes de lui brosser les chaussures mais qui se permettent de le regarder de haut.

La date du bal est particulièrement mal choisie... quand on vit au milieu du monde paysan. C'est la haute saison pour les maraîchers et bien qu'Aymeric en soit encore aux réparations, il s'est attaché aux ouvriers agricoles qui travaillent sur son domaine et lui permettent de se nourrir, lui, sa fille et son personnel. Et il trouverait bien plus utile une sortie de chasse pour leur ramener de la viande, que venir s'amuser ici à Marbrume. Mais d'un autre côté, il a des comptes à rendre à sa partenaire commerciale, Apolline de Pessan, doit faire des recherches au Temple pour la fabrication d'un fumoir, idée que Mathilde réprouve par ailleurs. Puis, il ira voir comment son ancien menuisier s'en sort avec son nouveau patron, il passera par sa fermette des faubourgs pour s'assurer que tout va bien et ira sans doute au Port, là avec la petite, mais dans des tenues plus... civilisées. Bref, il a un agenda costaud pour la prochaine quinzaine, histoire de bien rentabiliser son séjour loin du Labret.

Et endimanché, il l'est. Lui qui déteste être déguisé, il porte beau. Aalicia avait beaucoup de défauts, mais en matière vestimentaire, elle avait du goût. Et sa "tenue officielle estivale" est somptueuse. Bon, elle y avait mis le prix et Aymeric s'était prêté de mauvaise grâce à la prise des mesures et à l'essayage. Mais même lui doit l'admettre, cette Aelys de Beauval a des doigts en or. Possible qu'il lui commande des tenues. Quoi qu'il a aussi Madame Pymouss, qui a été secourable envers sa fille par le passé, et Aymeric n'est pas du genre à oublier un bon geste, puis il faut aussi faire vivre les artisans du Labret. Bah, une tenue chic fera plaisir à sa fille. Enfin, une nouvelle. C'est qu'elle devient coquette, Alix. Et elle est magnifique, elle aussi. Mais cette fois, elle n'aura pas honte de son père. Vêtu de noir, avec des touches grisées, dans un tissu dont il ignore le nom, suffisamment fin que pour être agréable même durant les chaleurs de l'été, et assez solide pour éviter tout craquement malvenu. Exposer son fessier à la Cour en faisant une révérence au Roi serait certes remarqué, mais pas dans le bon sens. Et Aymeric aime cette tenue, non pas pour sa couleur, sa coupe impeccable ou l'impression qu'elle dégage et qui ajoute à son charisme personnel, il l'aime, parce qu'elle le laisse libre de ses mouvements. La pauvre Aelys a eu fort à faire entre les attentes de la future Comtesse de Beauharnais, qui voulait le plus bel habit de Marbrume, et celles de celui qui est devenu Comte, qui voulait surtout ne pas se sentir "entravé dans son déguisement".

Le voyage entre le Domaine Pessan et l'Esplanade a été bien plus complexe que prévu. Deux alertes fangeuses et une météo capricieuse ont prolongé le voyage de deux nuits, et ça n'est qu'en fin d'après-midi qu'Aymeric a rejoint Marbrume. Le temps de déposer Alix chez la de Pessan et de se trouver un logement dans une auberge de l'Esplanade (ce qui n'est pas dans ses habitudes mais il craignait d'être en retard, il va donc loger cossu pour deux nuits avant de redescendre vers les quartiers qu'il connait le mieux, vu son passé de coutilier), il a à peine eu le temps de se changer, d'aller chercher Alix qui aura été préparée pour son premier bal par des dames qui s'y connaissent bien mieux que lui ne s'y connaîtra jamais et le couple père fille est parti vers le lieu du Bal. Et même s'il savait qu'il serait désarmé avant d'entrer dans la salle, Aymeric est venu avec l'arc que le Roi lui a offert après les événements du Chaudron et son carquois. Il l'a fait pour deux raisons. La première, c'est la fierté qu'il a de porter une telle arme. Elle est probablement unique en son genre. La seconde, c'est pour qu'on n'oublie pas qu'il est le Comte archer. C'est un guerrier, un homme d'armes, pas un mondain, et il tient à ce qu'on ne l'oublie pas. Cela pourrait l'aider à se faire pardonner quelqu'impair. C'est qu'en terme de mondanités, Aymeric ne se sent pas très à l'aise. Aussi, quand il est accueilli, se présente-t-il sobrement.

- Aymeric, Comte de Beauharnais. Et voici ma fille, la Vicomtesse Alix de Beauharnais. Nous espérons que leurs Majestés nous pardonneront cette arrivée tardive, le voyage depuis le Labret a pris plus de temps que prévu.

Le bal n'était pas la première activité proposée, et en tant que Labretan, la présence du Comte de Beauharnais aurait été appréciée, a minima par les habitants du Labret venus vendre leurs produits sur les marchés. Il passera par le marché, mais cela, c'était prévu de longue date. Une fois dans la salle, Aymeric observe, fasciné, les décorations et les plats. C'est la toute première fois qu'il pénètre dans la Cour et il a l'impression de retrouver ses yeux d'enfants. C'est tout naturellement qu'il se tourne vers Alix.

- Un jour, nous investirons la salle des fêtes d'Usson, pour une cérémonie ou pour une fête. Ton pauvre père n'a que peu de goût pour les choses raffinées. Oh, je sais les apprécier, mais je n'ai pas le sens du decorum, des jolis plats, de la musique, des danses et tout ça. Alors, je compte sur toi et ta mémoire pour m'aider, lorsque nous organiserons cela, à choisir ce qui rendra notre fête inoubliable. N'hésite pas à observer, à goûter différents plats. Mais pense aussi à t'amuser, et reste à portée de vue des adultes.

Il évitera de trop la quitter du regard mais tentera de lui laisser tout l'espace nécessaire. Une soirée de liberté, ça n'a pas de prix, et cet écrin est l'endroit le plus sécurisé du monde. Du moins pour Alix. Aymeric, lui, se sent comme un papillon hypnotisé la nuit par la lueur d'une flamme et qui va s'y brûler.
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyMer 4 Déc 2019 - 22:08
Un bal. Cela faisait si longtemps. Une invitation telle que celle-là ne peut évidemment se refuser et Esméra, qui périt littéralement d’ennui, se réjouit d’y participer. Voilà l’occasion parfaite de se frotter un peu à ce monde de requins en velours qu’elle a parfaitement dédaigné depuis son arrivée à la cité. Pourquoi ? Peut-être pour éviter de subir cette pression qui consiste à contracter mariage et à procurer une descendance à un noble local. Le mariage, elle connait, et elle n’a pas très envie de repasser par cette désagréable case qu’est la vie, la maison et surtout le lit conjugal. Esméra en a été dégoutée à vie par son défunt époux, un chétif et colérique misanthrope qui ne voyait le monde qu’à l’aune de son nombril et qui ne l’a rendue heureuse que le jour où il s’en est allé rejoindre les Trois. Elle a donc fait languir ses soupirants, de riches bourgeois, dans le jeu le plus vieux du monde et surtout le plus efficace pour une femme dans sa situation : donner un peu, ne rien promettre et recevoir beaucoup. C’est grâce, notamment, aux largesses de ses malheureux soupirants, dont les décès sont à chaque fois tombés fort à propos, que se présente alors une jeune femme absolument méconnaissable de ceux qui auraient pu la croiser par hasard.

Quand d’ordinaire, elle est vêtue des mêmes atours pour ne pas attirer l’attention, d’une robe neutre et toujours dissimulée dans une ample cape sombre, elle entre ici dans des atours qui indiquent parfaitement son rang, avec la grâce d’une danseuse habituée à ce genre de mondanité. Toutefois, sous l’apparente assurance de la haute silhouette qui s’avance enfin sur le marbre poli de cette salle magnifique qu’elle visite pour la première fois, il y a un brin de timidité, un peu de perplexité et beaucoup d’appréhension. Elle n’a jamais été présentée officiellement à qui que ce soit ici et sa seule rencontre avec la noblesse de la cité s’est résumée à un échange particulièrement distrayant aux dépends du Vicomte de Terresang, dans les jardins du Temple. Ce dernier ne sait même pas qui a passé la nuit avec lui à discuter au coin du feu, il ne connait d’elle que son prénom et les quelques informations qu’elle a bien voulu lui donner. Cela lui a pourtant permis de cerner le Vicomte et de se faire sa propre opinion, tout à fait positive, sur le vieux guerrier sans avoir à lui donner son titre. Les ragots peuvent bien dire ce qu’ils veulent, Alexandre de Terresang est un homme bien. Et il est à espérer que ses semblables soient ne serait-ce qu’un peu à sa semblance sur ce dernier point.

- Esméra d’Hagerth, Baronne de Sibran, annoncera-t-elle alors au hérault avant qu’elle n’effectue son entrée, un fin sourire de circonstance figé sur ses lèvres.

Drapée dans une longue robe de velours bleu nuit balayant le sol, la taille soulignée par une ceinture de velours noir rehaussée d'un galon doré et tombant de manière exquise à hauteur de ses genoux, elle semble glisser sur le marbre, évitant les serviteurs aux mains chargées avec l’élégance que confère l’habitude. Les vieux réflexes reviennent vite et, au fil des minutes qui passent, semblent l’apaiser dans ses incertitudes. D’autant plus que la salle de réception est immense et remplie de gens qui semblent tous se connaître. Quoiqu’il en soit, même si elle est présente pour jouer le jeu qu’elle maîtrise le mieux, elle ne peut s’empêcher d’admirer les lieux, s’éloignant quelque peu de la masse d’inconnus s’éparpillant sous le splendide lustre de cristal pour pouvoir mieux observer les tableaux représentant l’histoire du Morguestanc. Ses longs doigts fins joints sur le devant de sa robe à manches trompettes d’une redoutable simplicité et mettant en valeur une silhouette gracile et féminine, elle regarde les représentations avec attention, avançant avec lenteur sous les candélabres qui ont le bonheur d’éclairer un bijou tout à fait exceptionnel : un fabuleux collier de perles noires, une pièce d’orfèvrerie rare.

Le bijou est un présent de son défunt époux, offert lors de ses noces, et un des rares objets que la jeune veuve a pu sauver avant de fuir son château. Elle connait la valeur de ce présent et sait qu’il pourra, en cas de besoin, être une monnaie d’échange d’un poids conséquent. Quoiqu’il en soit, au-delà de cet aspect vénal, le bijou est un ras de cou de trois rangées de perles montées sur filin d’acier desquels tombent, à intervalle réguliers, des perles en forme de poires, noires elles aussi. La peau blanche et douce de la jeune femme est son plus bel écrin et il est encore rehaussé par la simplicité de sa tenue, de qualité certes mais sans fioritures, comme si elle avait voulu mettre cet atout en avant. Pour le reste, les candélabres éclairent également un mince filet de perles d’acier retenant sa chevelure luxuriante et le sceau frappé des armoiries des de Sibran luisant à sa main droite. Elle avait laissé sa petite cape à Etienne qui n’a pas pu entrer, bien sûr, et qui l’attend, comme toujours, dehors, pas loin de l’entrée. La distance séparant la demeure du Roi de celle de la jeune noble n’est pas excessive mais le garde avait tenu à accompagner sa maîtresse. On ne sait jamais ce qu’il peut arriver après tout.

- C’est magnifique, dit-elle alors, dans un murmure, les yeux rivés sur les moindres détails de ces représentations épiques.

Un serviteur s’arrête à sa hauteur pour lui proposer une boisson dont elle s’empare avant de remercier avec politesse et de continuer sa progression sous les tableaux. Elle en devient rêveuse, d’ailleurs. N'est-elle pas là pour se détendre et se divertir, après tout? Il sera bien temps de plonger dans la fosse aux lions quand elle aura rempli son esprit de merveilles, non?





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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyJeu 5 Déc 2019 - 1:30
Si Idalie s’était rendue au Grand Marché de Marbrume dans l’espoir d’y dénicher un petit présent pour son frère, elle avait, sans réellement le vouloir, fait bien plus que cela, rapportant plutôt à Zephyr une nouvelle exceptionnelle : en remportant le concours d’éloquence, elle avait obtenu pour eux une exemption de paiement d’un an pour leur résidence à l’Esplanade. Lorsque le héraut avait dévoilé les résultats, elle était restée un instant interdite, puis avait remercié mille fois les Trois — et un peu le héraut aussi, tout de même — de leur bonté à son égard avant de regagner sa demeure pour répandre la bonne nouvelle. Jamais ses talents de chanteuse ne lui avaient autant porté chance!

On peut donc dire que c’est de bien belle humeur qu’Idalie se présenta au château du duc afin d’assister à la réception organisée pour la noblesse et les autres personnes d’influence de Mabrume. Pour l’occasion, elle avait évidemment revêtu sa plus jolie robe, celle qu’elle gardait pour les événements de la plus haute importance et qu’elle conservait bien précieusement. Si les finances de la famille s’étaient améliorées depuis la montée en grade de Zephyr — et depuis cet après-midi-là, accessoirement —, la jeune femme n’avait certainement pas effectué de fous achats vestimentaires, préférant œuvrer avec grande prudence et se contenter principalement de ce qu’elle avait réussi à rescaper avant de fuir pour Marbrume. Ainsi, cette robe, dans laquelle elle ne s’était glissée qu’une fois avant l’arrivée de la Fange et aucune après celle-ci, revoyait la lumière du jour — ou de la lune, plutôt — pour la première fois depuis belle lurette. Il y avait une raison pour laquelle il s’agissait de sa plus belle : elle lui allait comme un véritable gant. Le tissu bleu pâle chatoyant rehaussait la douceur de son teint et de ses traits, tandis que les discrets motifs floraux blancs et argentés du bustier s’agençaient avec goût au joli pendentif qu’elle portait à son cou et aux petites pierres précieuses savamment piquées dans son chignon, dont la complexité sous-entendait un effort particulier. Si elle demeurait somme toute discrète, Idalie faisant honneur à son sang bleu et se montrait digne de pénétrer dans l’enceinte du château royal.

C’est d’ailleurs ce qu’elle fit en compagnie de nulle autre que son frère, qu’elle força à aller socialiser peu après qu’ils eurent été annoncés par le héraut. Cette réception n’était-elle pas pour lui l’occasion rêvée de mettre en pratique tout ce qu’Apolline de Pessan lui avait enseigné jusque-là? Bon, Zephyr n’aurait probablement pas employé le mot « rêvée » vu son amour bien peu passionné à l’égard des mondanités, mais il n’en demeurait pas moins que le bal était le moment idéal pour tester ses connaissances. Quant à elle, elle le surveillerait peut-être du coin de l’œil, histoire de guetter le potentiel appel à l’aide désespéré d’un homme ayant besoin d’être sauvé par une demoiselle sachant se débarrasser habilement des gens de la bonne société...

Une fois seule, Idalie s’autorisa à déambuler lentement dans la salle de réception afin d’admirer la décoration. Un tel déploiement de faste et d’opulence ne pouvait qu’impressionner la jeune femme simple qu’elle était, et elle se perdit un instant dans la contemplation des tentures et des tableaux avant d’être hypnotisée par les ombres que la lueur des chandeliers faisait danser sur le marbre poli du plancher. Tout était absolument sublime. Le roi n’avait visiblement pas lésiné sur les moyens pour cette fête...
En jetant un regard à la quantité astronomique de mets et de boissons que les serviteurs présentaient aux convives, Idalie ne put s’empêcher d’être mitigée, se sentant à la fois privilégiée et coupable de pouvoir profiter de tant alors que beaucoup avaient le ventre vide. Dans un optimisme sans doute inutile, elle espéra que rien ne serait gaspillé et que les restes de ce festin seraient redistribués aux moins nantis... Elle adressa même sa demande utopique aux Trois, se disant qu’elle ne perdait rien à le faire et que sa lancée chanceuse se poursuivrait peut-être.

Son appréciation des lieux terminée — autant qu’elle pouvait l’être tant de nouveaux détails lui sautaient aux yeux dès qu’elle faisait un pas dans la salle —, Idalie prit une coupe et parcourut du regard les gens présents dans la salle. Elle était en train de dresser une liste approximative des têtes connues lorsqu’elle passa près d’une petite fille et remarqua que le derrière de la robe de celle-ci s’était prise dans un objet décoratif plutôt pointu qui menaçant soit de déchirer le tissu, soit de faire trébucher la jeune fille. Sans même y réfléchir, Idalie, dans un geste d’une infinie délicatesse et d’une grande subtilité, dégagea la robe, la libérant du désastre de cette damnée décoration. L’enfant, probablement absorbée par quelque chose, ne sembla pas noter l’incident, et c’était tant mieux : la noble avait souhaité éviter de la déranger et la laisser profiter au maximum de l’événement. Le temps passait vite, et elle atteindrait bien rapidement l’âge de s’en faire avec sa tenue à tous les instants de son existence. Bref, ni vu ni connu.

Ou presque.

C’est après avoir tourné l’objet de façon à ce qu’il ne mette plus personne d’autre dans l’embarras — et avoir refait la décoration chez le roi — qu’Idalie releva le regard et nota qu’un noble l’avait vue... En tout cas, il la regardait, ou il devait plutôt surveiller la jeune fille et la regardait ainsi par défaut. Et il surveillait l’enfant parce qu’elle était sa fille.

Il fallut à la cadette d’Auvray que quelques secondes à faire un plus un, à réaliser que l’homme n’était nul autre que le comte de Beauharnais. Elle ne l’avait jamais rencontré directement, mais elle avait assez entendu parler de lui pour le reconnaître en le voyant — et c’était sans compter que le héraut l’avait annoncé plus tôt. Et à présent, elle lui devait probablement une quelconque explication pour cette scène inusitée.

Ainsi, après avoir vérifié une dernière fois que l’objet était hors d’état de nuire, Idalie se dirigea vers le comte. Arrivée à sa hauteur, elle lui sourit calmement et désigna d’un léger mouvement de la tête l’endroit où elle se trouvait auparavant.

« Pardonnez-moi, je crois comprendre qu’il s’agit de votre fille, commença-t-elle. Sa robe était coincée et je me suis permis remédier à la situation sans la déranger, je ne souhaitais guère lui causer d’inquiétudes inutiles alors qu’elle profite de la fête. Ce n’est après tout pas tous les jours qu’une jeune fille a la chance de se rendre au palais royal. »

Aimable et chaleureuse, Idalie sourit de nouveau avant de faire une courte révérence pour se présenter :

« J’en oublie les politesses de base : je suis Idalie d’Auvray. Et je vous assure que je ne refais normalement pas la décoration chez mes hôtes. »

Spoiler:
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyMer 11 Déc 2019 - 15:39
Papa lui avait promis un évènement exceptionnel.

Son père, Aymeric de Beauharnais, tenait toujours ses promesses. C'était un homme fiable et solide sur lequel l'enfant se reposait désormais entièrement - aussi, quand il lui avait annoncé qu'ils rentreraient à Marbrume pour participer à un bal que donnait le roi, la fillette ne s'était plus tenue de joie.

Avec enthousiasme, Alix s'était attelée à laver, repriser et à broder la tenue que porterait son père, et même à préparer une coiffe qu'elle pourrait porter sans que papa ne rougisse de honte.
Le trajet, cependant, l'avait "un peu" fait déchanter. Voyageant par sécurité dans le chariot, la petite fille avait conscience de la dangerosité du parcours. Elle avait ainsi pris avec elle sa petite lance que lui avait donné le Capitaine ; avec raison, mais les deux alertes fangeuses l'avait paralysées de terreur. Incapable de bouger, elle avait serré sa lance en priant, en priant que son père continue de vivre, en suppliant de ne pas être obligée de se confronter à ces monstres. Elle avait obéit passivement, aveuglément, aux consignes lancées par les mercenaires, et ne s'était remise à respirer comme il fallait qu'à Marbrume.
Un peu hébétée, elle s'était laissée conduire jusqu'à la demeure de comtesse de Pessan, sans comprendre, jusqu'au dernier moment, que son père ne dormirait pas dans la même maison qu'elle.

Terrifiée, elle tâcha de cacher ses larmes - et si la ville était de nouveau envahie, qu'elle était séparée d'Aymeric ? - et ne reprit réellement son calme que lorsqu'une servante lui montra ce qui avait été prévu pour elle. Pour le bal. Un bal de nobles. Cela prenait brusquement des proportions démesurées dans la tête de la petite fille. Jamais encore elle n'avait été si jolie, avec son bouquet de fleurs blanches, sa robe rouge de velours, qui ne laissaient entrevoir que le bout de ses bottines noires cirées de frais. Elle était si fière des broderies d'argent qui ornaient ses manches élargies vers les mains - tout pareil à une vraie dame - et de sa coiffe qui ceinturait son front, ceignant ses cheveux nattés et coiffées en forme de couronne de rubans rouges et blanc de soie. Elle avait même pu y ajouter celui de sa mère. C'était comme une espèce de revanche sur la vie - la deuxième fois qu'elle entrait au château, mais par la grande porte.

Elle retrouva enfin son père avec un joie non dissimulée, l'admirant alors qu'il arborait désormais la tenue d'un prince charmant. L'enfant se fichait bien d'être fouillée ; seule la main de papa comptait, seul le bonheur inouï de ces privilèges comptaient.
La richesse, l'argent, voilà ce qui comptait, ce qui vous mettait en sécurité. Contre la fange, c'était évidemment une autre histoire, mais qui pouvaient se payer des protecteurs et de bonnes armes, à part ceux qui possédaient l'argent ?

L'arrivée dans la salle de bal acheva de l'éblouir.
Elle leva des yeux brillants de joie à son géniteur, alors qu'il lui proposait de l'aider à organiser une fête à Usson. Elle ferait tout comme il faut, oh oui !

- "Promis, papa, promis ! Je regarde tout pour qu'on fasse quelque chose de.. merveilleux ! ... Comme ici..."

Elle s'éloigna de quelques pas, après s'être serrée contre lui. Il faisait si chaud, si bon - elle s'appuya contre une paroi, sans s'apercevoir que le tissu précieux de sa robe s'était pris dans une décoration. Elle dévorait du regard le plantureux buffet proposé aux invités, fixait les danseurs avec une certaine avidité ; et, d'un pas lent, pensif, s'approcha des tableaux qui ornaient les murs.
Absorbée dans sa rêverie, la petite fille bouscula une dame au collier de perles noires, s'empêtra dans sa robe, et tomba par terre avec un petit cri aigu qui fit se retourner quelques personnes.

- "Aie.. ouille... désolée, dame. Euh.. pardon."

Elle se redressa, toute rouge de honte.

- "Vous.. vous n'avez rien ?"

Spoiler:


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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyJeu 12 Déc 2019 - 6:02
Tiens, Terresang est là. Pourquoi ça ne l'étonne pas ? Le bougre a choisi d'aller vivre dans le Labret, sans doute juste parce qu'Aymeric le fait. A croire que le gaillard a décidé de pourrir la vie du Comte de Beauharnais. Et en prime, il s'est installé comme voisin de Mathilde Dumas, histoire de bénéficier aussi du boulot qu'Aymeric a fait. Mathilde, c'est sa découverte à lui et le Vicomte se l'accapare. Et alors que c'est la haute saison pour les maraîchers et que Terresang s'est lancé dans la culture, là où Aymeric mise sur l'élevage, il est loin de ses terres. Ah, sans doute que d'autres bossent pour lui. Oui, certainement, c'est ce qui différenciera le plus le Vicomte de Terresang et le Comte de Beauharnais. Quand viendra l'heure des salaisons et du fumage, Aymeric sera sur place et fera sécher sa viande. C'est lui qui abattra ses bêtes. Tout comme il répare aussi, mais pas seul, la "Ferme" de Pessan, place les clôtures et ramasse les crottes. Visiblement, Alexandre ne participe même pas aux récoltes. Bon, chacun son style, après tout.

Ce qui est un poil plus inquiétant, c'est qu'Alexandre de Terresang est le seul visage, hormis celui d'Alix, forcément, que notre Comte connaisse. La blonde qu'Alexandre a bousculé est inconnue au bataillon, la dame qui porte un collier de perles noires tout autant. On sait colorer les perles de nos jours ? Et la brune là, elle veut quoi à la robe d'Alix ? Ah, bien vu... Les gens serviables sont rares. Et du côté des danseurs, des gens connus ? Et voilà la gentille dame qui vient vers lui pour s'expliquer sur son action envers sa fille.

- N'ayez nulle inquiétude, j'ai bien compris votre intervention pour protéger mon Alix d'un incident qui aurait pu gâcher son premier bal. Et puisque nous en sommes aux confidences, c'est également la première fois que je mets les pieds au palais royal.

Aymeric ne l'a pas remerciée, mais il lui a exprimé sa reconnaissance, ce qui revêt également d'une grande importance. La dame s'étant sentie obligée d'expliquer son intervention, c'est sans doute qu'elle avait craint d'être mal comprise, et la réponse d'Aymeric devrait l'avoir rassurée. En lui faisant une petite confidence, il indique qu'il est prêt à discuter, mais ne s'y autorisera pas, puisque la dame qui lui adresse la parole ne s'est pas présentée. Enfin, du moins, c'est cela qu'il pense qu'il faut faire. Faut dire que l'étiquette et lui, ça fait trois. Mais pour l'heure, il n'a pas l'impression d'avoir commis d'impair. D'ailleurs, la dame se présente.

- Aymeric, Comte de Beauharnais. Et je n'y connais absolument rien en décoration.

Il l'a dit dans un sourire, relevant la touche d'humour de la dame d'Auvray. Ce nom lui dit quelque chose, forcément. Il grimace, le regard fixé derrière Idalie. Il chuchote...

- Surtout, on ne pleure pas. On se redresse. Très bien. On s'époussette et on s'excuse. Tu es une de Beauharnais. Foi, Force et Honneur.

Il revient à Idalie.

- Dans deux minutes, Alix aura oublié l'incident et profitera à nouveau des lieux, je n'en doute pas. Cette gamine a un charme qui fait qu'on lui pardonne tout. Sauf les personnes qui se croient d'importance et qui regardent une enfant comme de la piétaille.

Autant dire qu'il surveille la réaction de la dame aux perles noires. Si elle venait à s'énerver sur Alix, il interviendrait et nous aurions le premier incident de la soirée. Mais il ne doute pas que la dame dans laquelle Alix s'est empêtrée l'excusera volontiers, si elle se rappelle son premier bal quand elle était encore enfant et la nervosité que cela implique. Enfin, c'est à espérer.

- D'Auvray, dites-vous ? Vous devez être l'épouse du nouveau Sergent... Zephyr d'Auvray, si ma mémoire ne me joue pas de tours. Je ne suis pas aux faits des dernières évolutions dans le monde de Marbrume, vivant désormais au Labret, mais certaines informations nous reviennent quand même. Et l'histoire d'un ancien banneret ayant été héroïque lors de l'invasion du Chaudron et qui a reçu un tel commandement nous est parvenu aux oreilles. Je présume que vous êtes fière de lui.

Les habitants du Labret sont aussi friands que ceux de Marbrume des cancans, mais ceux et celles qui n'y vivent pas ne sont pas censés le savoir. Et Aymeric est ravi que Zephyr existe, cela évite que l'on parle trop de lui, Aymeric, l'un des héros qui est entré dans le chaudron pour sauver la population. Le Comte ne parle quasi jamais du Chaudron et ne répond à aucune question qu'on pourrait lui poser sur le sujet. Beaucoup y voient une marque de respect pour les défunts, ou une réelle modestie de sa part, mais dans les faits, Aymeric est ressorti amer de cette expérience. Outre le nombre trop important de morts et le fait que les habitants n'ont pas su comment réagir à l'invasion, alors qu'un tel carnage n'aurait pas été possible dans le Labret, il a été passablement écœuré par les actions de certains de ses alliés, les décisions prises par le Commandement et les actions qui ont sacrifié nombre de combattants inutilement. Et cette amertume reste présente aujourd'hui encore, malgré le bal, malgré la fête, malgré les projets.

- Ou alors vous êtes sa soeur. Après tout, une femme a deux moyens pour porter un nom. La naissance ou le mariage. Nous autres, hommes, n'avons pas cette possibilité. Par chance, mon nom me plaît, mais si tel n'avait pas été le cas, le mariage ne m'aura pas permis d'en changer.

Et voilà. Même pour demander si elle est apparentée au nouveau Sergent, faut qu'tu parles trop, mon pauvre Aymeric. Et dire qu'à l'époque de la milice, on t'appelait "Le Taciturne". Maintenant, tu la fermes et tu l'écoutes. Tout en surveillant Alix... Oui, c'est épuisant, un bal, pff...
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyJeu 12 Déc 2019 - 13:05
Toute à sa contemplation des œuvres disposées sur les murs de cette immense salle de réception, elle ne voit pas la petite silhouette qui s’approche d’elle, elle aussi toute à son observation des peintures. Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva. Bousculée vers l’avant, Esméra a du mal à garder son équilibre, tout comme celui du vin d’épice qui vient se répandre sur son corsage et ses longs doigts fins. Le tissu épais a vite fait d’absorber le liquide ce qui provoque une légère panique chez la noble dame. Un tissu d’une telle qualité…totalement ruiné par ce vin presque sirupeux. Cela lui prendra des mois avant de pouvoir en récupérer un tissu pareil. Contrite, elle se retourne pour voir d’où vient le petit cri et hoche la tête, surprise par la présence d’une enfant à cette soirée.

Esméra est belle, douce et extrêmement avenante mais elle est aussi très maladroite avec les enfants. Même si elle passe beaucoup de temps à donner des leçons à un certain nombre d’entre eux, elle n’est pas une très bonne pédagogue et ne sait pas toujours comment réagir avec eux. Même si elle les aime beaucoup, elle est terriblement gauche. Là où une personne habituée à les côtoyer se serait précipitée pour relever la petite demoiselle, Esméra, elle, reste là, à contempler les dégâts, fort peu visibles au demeurant, qui constellent son corsage. Un serviteur arrive précipitamment pour tendre un linge à la jeune femme, afin qu’elle puisse au moins enlever les tâches se trouvant sur ses doigts. Elle jette un coup d’œil à la gamine qui est visiblement rouge de honte et esquisse enfin un sourire avant de s’agenouiller et de replacer correctement un petit ruban sur la robe d’Alix.

- Ce n’est rien, tu ne t’es pas fait mal, petite ?

A son niveau, Esméra la regarde avec bonté. C’est une très jolie demoiselle, parée avec goût et de
vêtements de prix. Elle est sûrement accompagnée de ses parents. Esméra pose son verre au sol et entreprend, le plus naturellement du monde, de remettre la toilette de la petite fille en place, relevant les rubans, réajustant les petits plis et plaçant une mèche rebelle derrière sa petite oreille, le tout avec un certain doigté.

- Je n’ai pas eu mal, ne t’inquiète pas pour ça. Par contre…Il y a d’autres dames ici qui n’aimeront peut-être pas qu’on les bouscule. Regarde où tu vas, maintenant, d’accord ?

Elle pose sa main en douceur sur la joue de la petite fille avant de se relever et de lui tendre la main.

- Je suis la baronne Esméra de Sibran, et toi qui es-tu ?

Une agréable odeur d’épices fortes, de cannelle, de girofle et de muscade s’échappe désormais de la jeune baronne, ce qui ne manque pas de l’amuser. Elle qui ne possède aucun parfum répand désormais une odeur enivrante, à tous points de vue. Sophie va en faire une jaunisse.

- Où sont tes parents ? Tu veux qu’on les cherche ensemble ?

HRP:

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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyVen 13 Déc 2019 - 2:16
Idalie fut soulagée de constater que son geste auprès de la jeune fille — Alix, elle le savait, maintenant — n’ait pas été mal interprété par le comte, qui aurait tout aussi bien pu lui signaler de se mêler de ce qui la regardait la prochaine fois. L’homme semblait plutôt ouvert à la discussion, mentionnant de façon anecdotique qu’il n’avait jamais mis les pieds au palais auparavant.

« Nous sommes alors au moins deux, ou plutôt trois en comptant votre fille », répondit-elle simplement en souriant tout juste avant de retrouver son sens de l’étiquette et de se présenter.

L’homme lui retourna sa politesse, et Idalie fit une légère révérence, non sans rire légèrement au trait d’humour du comte.

« Ravie de vous rencontrer malgré l’absence de cette compétence cruciale à notre survie à tous », continua-t-elle sur un ton solennel un brin exagéré pour blaguer.

Un petit cri surgit alors dans la foule, et Idalie, par réflexe, se tourna. En voyant la petite Alix par terre, rouge de honte, et en entendant Aymeric murmurer derrière elle, elle fronça le nez avec compassion. La jeune fille n’avait visiblement rien, mais sa fierté venait sans aucun doute d’en prendre un coup. Si Idalie l’avait sauvé d’un premier incident quelques minutes plus tôt, il fallait croire que les Trois avaient décidé d’exécuter leurs plans coûte que coûte. Fort heureusement, la femme qu’Alix avait bousculée réagit bien et se mit à réajuster la tenue de l’enfant. Idalie n’était pas réellement surprise — c’était ce que toute femme bien élevée ayant un minimum de bonté en elle aurait fait. Elle fut tout de même rassurée pour Alix, car elle ne se souvenait que trop bien de ses propres maladresses et du sentiment d’humiliation qui les avaient accompagnées.

Le comte s’était remis à parler — il avait probablement pris le parti de laisser sa fille vivre sa propre expérience — et Idalie se retourna afin de lui faire face de nouveau. Il ne paraissait pas inquiet; selon lui, Alix aurait tôt fait d’oublier l’incident. Idalie jeta un dernier coup d’œil à l’enfant avant de reposer son attention sur Aymeric et de lui sourire pour toute réponse. Il avait entièrement raison : Alix avait un charme bien à elle, était si mignonne que la noble concevait mal que l’on puisse ne serait-ce que songer à lui en vouloir pour une simple maladresse.

Aymeric enchaîna, relevant son nom de famille, et Idalie dut se retenir de grimacer lorsqu’il la prit pour l’épouse de Zephyr... Oh, elle ne lui en voulait pas, mais c’était toujours étrange de passer pour la femme de son propre frère. Cette méprise était en partie sa faute : elle était en général si discrète, elle courait si peu les soirées mondaines qu’une bonne poignée de nobles devait ignorer que l’héroïque Zephyr d’Auvray avait une sœur. Et en se présentant avec le nom d’Auvray, elle devenait ainsi rapidement son épouse par défaut. Misère.

Idalie allait corriger le tir, mais n’en eut pas immédiatement l’occasion : le comte salua la bravoure de son frère, mentionnant que ses exploits avaient fait leur chemin jusqu’au Labret, puis songea finalement à voix haute qu’elle était possiblement sa sœur. Les commentaires d’Aymeric lui tirèrent un sourire furtif. Il parlait beaucoup, mais pas comme les autres nobles qu’elle connaissait. Ce n’était pas réellement de la maladresse; il semblait plutôt penser à voix haute, et arrêter de parler lorsqu’il se rendait compte qu’il pensait à voix haute.

« Je suis effectivement la sœur de Zephyr, dit-elle, brisant ce suspense intenable. Nous ne sommes pas mariés. Ni ensemble ni séparément, pour éviter toute forme de confusion. »

Idalie eut un sourire amusé. Elle n’était pas sérieuse, c’était évident... Enfin, pas tandis qu’elle discutait avec Aymeric. Elle avait toutefois eu à donner la précision lorsqu’elle avait eu cette même conversation avec un coutilier du nom de Merrick Lorren...

« Et oui, il va sans dire que je suis très fière de lui, poursuivit-elle un peu plus sérieusement. Je l’ai toujours été, mais il serait difficile de ne pas l’être encore davantage lorsque l’on se murmure ses exploits à l’oreille jusqu’au Labret. »

Idalie marqua une courte pause, observa un instant Aymeric. Zephyr ne lui avait-il pas raconté que le comte de Beauharnais avait été de ceux qui avaient tenté de sauver les habitants du Chaudron? Oui, cela lui revenait. Mais peut-être Aymeric ne désirait-il pas revenir sur le sujet — qui n’était pas très joyeux —, surtout pendant un bal. Idalie avait assez de discernement et d’empathie pour ne pas poser de questions si elle n’y était pas invitée.

« Je sais cependant que les héros ne portent pas tous le nom d’Auvray. Bien d’autres ont risqué leur vie et tous méritent de la reconnaissance pour leur courage. »

Elle ponctua sa phrase d’un sourire bienveillant et entendu. Elle ne dirait rien de plus.

« Puis-je vous demander comment est la vie au Labret? enchaîna-t-elle avec fluidité. Vous y plaisez-vous, vous et votre fille? »

Idalie le regarda droit dans les yeux, une certaine curiosité animant son propre regard. La question n’avait rien d’une simple politesse : elle était sincèrement intéressée. Elle ne connaissait rien du Labret et se demandait comment les gens y vivaient. Le quotidien devait y être bien différent qu’entre les murs de Marbrume.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyVen 13 Déc 2019 - 10:32
L'enfant redoutait la réaction de la noble. Mais au contraire de ce qu'elle avait pensé, la jeune femme qu'elle avait bousculé sans le vouloir s'agenouilla près d'elle, et remit de l'ordre dans sa tenue, avec une douceur inattendue.

Les nobles étaient gentils envers les leurs, et, cette fois, Alix avait l'infinie chance d'en faire partie.

- "Je ferais attention, dame, ne vous inquiétez pas. D'habitude, je ne porte pas une robe aussi longue."

Elle lui offrit un grand sourire, se redressa avec l'aide de la jeune femme - si la bâtarde n'en avait pas besoin, elle ne désirait pas manquer de politesse envers celle dont elle avait tâché la robe. Par les Dieux, ce tissu si cher était abimé ! Ce devait être une véritable catastrophe. Alix ressentit une onde de culpabilité la parcourir, mais heureusement, la vie pratique qu'elle menait avec son père pouvait aider la victime de son étourderie, et peut-être, sauver ce beau tissu devenu si rare.

Mais déjà, la dame se présentait. Elle était si belle, si polie, "comme il fallait". Malgré sa toilette superbe, l'enfant se sentait un peu déguisée, pas complètement à sa place. Elle se rappelait avoir triché et menti pour entrer au château du Duc ; s'être fait passer pour une petite servante, pour tenter de chercher des inconnus, en priant de les trouver, pour ne pas mourir de faim. Dans le vain espoir de retrouver un toit, un endroit où on se préoccuperait d'elle. Le noble ivre qu'elle avait rencontré n'avait pas été méchant, mais cela n'avait rien donné de plus que de se faire jeter dehors.

Mais il ne fallait pas se laisser perdre dans ses souvenirs. Là était le beau présent. ténu, menacé par les bêtes au-dehors, mais ici, dans ce château, il y avait de la chaleur, de l'amitié et tout ce qu'il lui fallait ; alors c'était à elle de remporter de nouvelles victoires, maintenant. Son arène n'était plus la rue, c'était se faire accepter de ses nouveaux pairs. Être droite et honnête dans sa nouvelle vie, sans tricher.

Alors elle fit la jolie révérence qu'on lui avait appris, et répondit à son interlocutrice.

- "Enchantée d'..de vous rencontrer, baronne. Je suis la fille du comte de Beauharnais. Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas perdu mon père. Il veut que j'organise une fête à Usson. Nous habitons au Labret et, c'est vrai que ça ferait du bien à tous d'avoir un peu de gaieté, comme ici."

Elle marqua une pause. Il fallait que papa soit fier d'elle, que les Dieux aussi soient contents d'elle. Et puis, un tissu aussi beau ne devait surtout pas être perdu. Qui sait quand on pourrait en ravoir !

- "Si vous voulez, j'ai une astuce pour ravoir les taches de vin. C'est infaillible, mais il ne faut pas laisser trainer. Venez avec moi, on va faire ça maintenant, et vous aurez le reste de la soirée pour danser ? Si les taches sèchent, ce sera presque impossible de récupérer le tissu."

Elle fit signe à un serviteur, lui demanda un petit pot de farine.
Oui, c'était très cher, mais ils cultivaient toujours du blé au Labret, et c'était sans commune mesure avec le tissage d'un tissu pareil, qui prenait des jours à être conçu et beaucoup de ressources, autant matérielles qu'humaines.

Un nouveau sourire maladroit.

- "Mais vous avez certainement déjà promis des danses à vos cavaliers ? Je suis sûre qu'ils se montreront assez galants pour reporter leurs tours. D'ici le temps de la moitié d'un sablier, votre robe sera comme neuve."
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptySam 14 Déc 2019 - 22:04
Quelle gracieuse révérence ! Esméra, tout sourire, la lui rendit, avec toute l’élégance qui la caractérise autant pour remercier la petite fille que pour lui témoigner son respect. Etourdie, un peu gauche, un peu distraite et émerveillée à la fois par cet endroit, elle reste une petite fille certes, mais également un membre de la noblesse. La fille du comte de Beauharnais. Beauharnais…Beauharnais…

- Tiens, cela ne m’évoque rien du tout, c’est curieux, pensa-t-elle.

Elle a pris son temp, Esméra. La jeune femme savait très bien qu’en se montrant trop tôt, il lui faudrait entrer dans la fosse aux lions sans avoir les armes nécessaires à sa survie mais cela fait des mois, à présent, qu’elle est là, à proximité de ces noms qui font vivre les ragots partout en ville sans qu’ils ne la remarquent le moins du monde. Chez ses pairs, rien de tel que de se vêtir modestement pour passer inaperçue. Aussi ne s’en est-elle pas privé, collectant les informations sur tout le monde, que ce soit par le biais de ce qu’elle entend au Temple, dans la rue ou encore par Etienne, son fidèle garde qui est également son plus fidèle confident. Il y a des noms qui reviennent plus souvent que d’autres, dans tous ces bruits qu’elle a entendus. Rougelac…Sombrebois…Terresang…Rivefière…Tous plus ou moins mêlés à des événements dramatiques dont elle connait, pour la plupart, les grandes lignes. Après des mois de silence et de retraite, elle sort enfin du bois et s’est armé de son plus beau sourire pour cette soirée. Espérons qu’elle soit à la hauteur de son envie de distraire son ennui chronique. Et sur ce dernier point, on peut dire que la soirée commence plutôt bien, même si le nom de Beauharnais ne lui évoque rien du tout.

- Je t’avoue que je ne me suis jamais rendue là-bas. Est-ce donc si paisible et tranquille qu’on le dit ?

Elle eut un petit sourire en coin en songeant à l’invitation prononcée la veille par le Vicomte de Terresang, dans les jardins du Temple. Une invitation à se rendre au Labret, quelques jours, afin de lui apprendre à se défendre. Ce dernier ne savait pas alors à qui il proposait une telle chose. Est-il ici ce soir ? Elle en frémit déjà de rire et de malice. Imaginer la figure perplexe de ce si gentil monsieur en découvrant qu’il n’avait pas affaire à une femme du peuple mais bien à une jeune noble la met en joie. C’est un tour qu’elle n’avait jamais eu l’opportunité de jouer et on peut dire que cela lui plait. Ce n’était pas méchant, une petite espièglerie est vite pardonnée, paraît-il.

Seulement, voilà que la petite fille se met en tête de s’occuper de sa robe, pour se faire pardonner, ce qui met Esméra mal à l’aise. A-t-elle bien entendu ? De la farine ? Sur du velours ? Le sourcil finement dessiné de la jeune femme se haussa, perplexe et aussi très inquiet.

- De la farine ? Mais…Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée, tu sais. La farine va venir se loger entre les petites mailles et le tissu sera irrémédiablement perdu. Ne t’en fais donc pas pour ça, ma suivante s’en occupera à mon retour. Puis…Je n’ai pas de cavalier, je ne pourrai donc importuner personne avec cette odeur de vin d’épices.

C’est vrai, elle n’a aucun cavalier. Et pourtant, il lui semble entendre là bas des musiciens qui se préparent à performer devant l’assemblée afin de lui permettre de danser. La jeune femme passe le linge sur son corsage, qui est presque sec. L’auréole due à l’accident ne se voit presque pas, sur le vêtement de couleur sombre. Une chance.

- C’est mon premier bal en ces lieux, je ne connais pas grand monde, tu sais. Je suis venue ici pour m’amuser. Et regarder ces beaux tableaux, je trouve ça amusant. Du moins, cela me distrait de mon ennui. Et je n’ai plus dansé depuis fort longtemps…

Elle hocha la tête et demanda encore :

- Tu es la seule petite fille ici ? Tu n’as pas un petit chevalier servant qui pourrait te tenir compagnie et te faire danser ? Ce serait dommage de laisser ta si jolie tenue dans l’ombre, tu ne trouves pas ?

La jeune noble eut un sourire gentil pour la petite Alix qui est si joliment apprêtée. Sa mère doit être une personne de bon goût. Elle jeta un rapide coup d’œil sur les présents, un peu ennuyée.

- Est-ce que tu sais s‘il y a d’autres endroits à visiter et d’autres choses à contempler en ces lieux ? D’autres tableaux ? Peut-être des tapisseries ?
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyDim 15 Déc 2019 - 9:23
Bon, les choses se présentent bien pour Alix et la dame aux perles noires, même s'il n'est pas en mesure de capter l'objet des discussions qu'elles ont. Mais la d'Auvray capte son attention avec une information étonnante. Elle non plus n'était jamais venue ici. Il semble à notre Comte qu'elle n'est pas une native non plus. Si lui avait l'excuse d'avoir quitté la noblesse jusqu'au mois d'octobre dernier, la banneret devrait avoir eu d'autres occasions de participer à un bal... à moins que le Roi n'en ait plus fait depuis l'apparition de la Fange. Cela lui semble étonnant. Alors soit l'ancien Duc n'avait fait aucun bal, alors pourquoi en faire un maintenant, l'apparition de la Fange ou l'affaire Sarosse aussi auraient nécessité une action pour regrouper les gens, soit la d'Auvray n'avait jamais été acceptée à un bal avant celui-ci... et c'est quelque chose dont on ne se vante pas. L'un dans l'autre, l'étiquette exige qu'on ne pose pas la question. Et puis cela ne le regarde pas. Alors, il évite la question, mais relève le lien fraternel entre Idalie et le sergent Zephyr d'Auvray.

- La soeur... Pourquoi cette option ne m'est-elle pas venue en premier à l'esprit ? Si ma professeur d'étiquette me voyait, elle serait désespérée. Cela fait des semaines qu'elle tente d'inculquer au rustre que je suis les bonnes manières, et j'oublie qu'une dame se présente avec son nom d'épouse puis un rappel de celui de jeune fille, ou alors son nom de jeune fille, puis celui de son époux si ce dernier est décédé. Sophie du Lac, veuve du Baron du Col, ou Baronne Sophie du Col, née du Lac. A moins que ça ne soit l'inverse. Oh qu'importe, j'aurai oublié d'ici dix minutes. Vous me pardonnerez, mademoiselle, cet impair.

Et puisque les impairs sont mis sur la table, autant en éviter un autre, de taille celui-là, d'autant qu'elle a appris à notre Comte qu'elle n'était pas encore mariée.

- Comme je m'autorise à présumer que vous êtes en âge de vous marier, et si tel n'était pas le cas, sachez, jeune enfant, que vous paraissez pleinement adulte tant dans votre tenue que dans vos manières, me faut-il craindre l'apparition d'un promis jaloux qui oubliant que j'ai prononcé mes vœux m'obligerait à l'affronter en duel ? Oh, ce n'est pas le duel que je crains, un peu d'entraînement ne fait jamais de tort, mais l'obligation de porter une armure. En tant qu'archer, je préfère être libre de mes mouvements. Je perds en défense, mais je gagne en esquive. Puis, soyons franc, je suis ridicule avec un casque sur la tête.

Il l'a dit dans un grand sourire, mais c'était un moyen de rappeler qu'aux yeux des Trois, il était toujours marié. Idalie lui ayant parlé de sa situation maritale, il était normal qu'il en parle aussi. Et il se surprend à espérer que cette tournure-là, sa professeure d'étiquette l'aie appréciée. Après tout, "quand on est rustique, l'humour peut être utile pour désamorcer les situations". Mais il n'est à utiliser qu'avec parcimonie. Et parfois, le silence peut être une excellente option. Quand Idalie lui dit que tous les héros méritent notre reconnaissance, il évite de dire "presque tous" ou "ceux qui sont tombés" comme il le pense. Certains ont eu le titre de héros et auraient mérité le titre de zéro aussi. Alors, il acquiesce simplement à son propos, car oui, bon nombre de ceux qui ont combattu ou sont morts du côté du Chaudron méritent d'être reconnus et finalement, il n'est pas très utile de souligner les quelques-uns qui le méritent moins. Mais les yeux du Comte pétillent quand elle l'invite à lui parler du Labret.

- Le Labret ? Comment dire... D'abord, il faut comprendre que depuis tout petit, les arbres, la forêt, les animaux, la chasse, sont mes passions. Une forêt peut offrir à un homme tout ce qu'il lui faut pour survivre. Les arbres avec leurs fruits, le sol avec ses plantes, si on les connaît, la flore pour nous soigner et la faune pour nous nourrir. Je suis plus campagnard que citadin. J'aime les grands espaces, j'aime m'occuper de mes chevaux, j'aime galoper dans la nature, même si je suis un piètre cavalier comparé à certains. J'aime entendre le bruit du vent dans les arbres, entendre l'appel à la chasse des loups. Je peux passer plusieurs nuits en forêt et m'y sentir apaisé, car chez moi. Alors, aussi merveilleuses qui puissent être les habitations de l'Esplanade, aussi spacieuses soient-elles et aussi sécurisantes que puissent être les murailles qui entourent Marbrume, je m'y sentais comme en prison, car éloigné de cette nature que j'aime tant. Aussi, si nous sommes partis vers le Labret, c'est par choix, et non pas parce que quelque chose d'autre que mon besoin de retrouver ma nature m'y obligeait.

Il la regarde sans la regarder vraiment, vivant ce qu'il décrit. Et son visage s'est considérablement adouci. Il n'y a que quand il parle de sa fille qu'il a cette douceur qui s'empare de ses traits d'ordinaire durcis.

- Nous ne sommes pas installés à Usson mais dans un domaine appartenant à la famille du Comte de Pessan, à une vingtaine de minutes à l'ouest d'Usson. Il y a des pâturages désormais puis toute une zone cultivée par des fermiers liés à leur famille. J'y assure l'intendance et tente de démarrer une activité d'élevage, en partenariat avec la famille Pessan. Mais pour l'heure, on en est surtout aux réparations et à la mise en clôture des futurs pâturages. C'est assez amusant. Nous allons souvent à Usson pour nos courses ou faire cuire le pain, Alix aime voir du monde aussi. Le reste du temps, je chasse, nous fabriquons des pièges, on s'occupe des poules, des lapins, de la petite chèvre aussi et nous ne cessons d'apprendre les gestes et attitudes pour nous protéger de la Fange, gestes que nos miliciens de l'externe et ceux qui vivent dans les villages ont fini par apprendre. Rester silencieux, s'installer sur les hauteurs, ne pas permettre à la fange d'y monter. L'échelle remontée est bien plus sécurisante que l'escalier. Mais en échange, on a du lait qui vient du pis de la chèvre, des légumes qui sortent de terre, l'air frais de la nature et parfois les embruns de la mer. Et c'est magique ! Et ça vaut tout l'or du monde.

Voilà la vie du Labret. Il espère avoir répondu à sa question.

- Et vous, comment vous en sortez-vous ici ? Vous vous plaisez à l'Esplanade ou vous rêvez d'ailleurs ?
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Eve de BriseventComtesse
Eve de Brisevent



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyDim 15 Déc 2019 - 18:46
Les bals. Une activité propre à la noblesse, apprécié par la plupart d'entre eux. Un terrain propice aux alliances en tout genre. Un endroit où les apparences et les minauderies n'étaient qu'une rengaine parmi tant d'autres. Ou tout n'était que calcul et coup bas, le tout enveloppé dans des sourires faussement aimables.
Certains, plus rares, détestaient ce genre d'évènement. Eve en faisait partie. Les faux semblants étaient encore plus durs quand la vision ne vous était pas offerte. Encore pire quand vous étiez une femme en âge d'être marié, célibataire. Laissant tous les vautours riches et gras essayer de s'approprier votre personne avec de lourdes blagues sur leur fortune.
Heureusement, si l'on devait trouver des avantages à la Fange, ce genre de mondanité c'était drastiquement réduite depuis le début de ce Fléau. Les affinités et les partenariats étaient maintenant encore plus discrètes, préférant se faire dans les riches maisons de l'Esplanade à demis mots.

Eve pénétra dans la pièce dans un soupir énervé. A peine entré, un mur de brouhaha et une atmosphère lourde propre aux pièces bondées se dressa devant elle. Sous la violence de cet assaut, l'aveugle s'arrêta subitement et un grognement discret s'échappa de sa gorge. Elle détestait cette soirée d'avance. Son père l'avait bien évidemment forcé à participer à cette torture. Les mois passaient et son célibat ne semblait pas avancer. L'aveugle commençait à avoir la réputation d'une femme aigrie qui rejetait violemment ses prétendants depuis la Fange. Et même si son statut et ses biens étaient très recherchés, les hommes semblaient de moins en moins intéressé par une aveugle vieillissante et amère.

C'est donc accompagné de son paternel, quasiment collé à sa fille et à la recherche de la moindre opportunité d'une possible association, qu'Eve allait devoir supporter cette très longue fête. Pour l'événement, on avait richement habillé la belle aveugle d'une longue robe bleu roi, rappelant leur rang de "sang bleu". Un corset aux fines coutures dorés accentuaient sa taille fine et dévoilait légèrement ses hanches plus larges. La blonde avait aussi exceptionnellement accepté de passer des heures aux mains de ses servantes afin qu'on lui coiffe sa tignasse en une jolie coiffure digne de son échelon. Ses fins cheveux étaient donc remontés haut sur la tête en plusieurs tresses et chignon, masquant par la même occasion les côtés de son lourd masque d'étain.

Toujours à l'entrée de la salle de réception, Eve n'avait pas bougé. L'acclimatation à tout ce bruit était très difficile pour elle, qui appréciait bien plus le calme. Elle ne voyait bien évidemment rien de cette pièce surement très riches, mais les bruits de discutions étouffés et cette ambiance moite lui confirmait que les murs étaient richement parés d'étoffes. Graham la poussa un peu pour qu'elle avance, bloquant l'entrée à la pièce. Celui-ci était conscient que la cacophonie ambiante était compliquée pour sa descendante. Mais il fallait qu'elle bouge et qu'elle aille à la rencontre des gens. Malheureusement pour lui, la demoiselle n'était pas de cet avis. La noblionne avança doucement dans la pièce et se dirigea vers les murs afin de trouver un endroit où s'asseoir, un peu plus au calme. Droite sur sa chaise, les jambes croisées, elle semblait si stricte et si formelle. Sa bouche, seul miroir de ses sentiments et humeurs, était pincé et ne laissait rien deviner. N'importe qui se serait approché à ce moment aurait vu à quel point la jeune femme n'avait aucune envie d'être ici. Son pauvre père s'installa à côté d'elle, entre désespoir et énervement face à cette réaction.

"Eve s'il te plait... Essaie de te mêler à tous ces gens. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, mais nous devons survivre et évoluer ici ! Tu es le principal atout de la famille Brisevent. Le dernier. Eve..."

La blonde soupira. Elle aimait son père. Il avait beau être dur avec elle depuis son enfance, il l'aimait. Elle était consciente que son célibat ne pourrait être éternel, et que son image de manière général n'était pas au beau fixe. Elle lança un sourire forcé envers son père et se leva rapidement.

"Désolée père. Je vais essayer de faire de mon mieux ce soir. Mais pour ça j'ai besoin de boire avant. Je vais me chercher un verre. Je reviens"

Sans laisser à Graham le temps de répondre, elle partit doucement un peu plus loin. La grande blonde ne voyait rien et ne connaissait pas la pièce où elle se situait. Avancer lentement était donc obligatoire si elle voulait paraitre digne tout en se repérant au bruit. Des bouts de conversations lui parvenait à droite et à gauche. Des morceaux de vies parfois très drôle à entendre. Allant de l'adultère discret à des conversations houleuses sur la Fange et sur le sort du reste du monde.
Un serviteur arriva à sa rescousse et lui proposa un verre de vin rouge qu'elle accepta en toute hâte. Au moment où elle porta le liquide à ses lèvres un cri aigue, surement celui d'une enfant, raisonna dans la pièce et la fit sursauter. La liqueur écarlate s'étala sur sa jolie robe, au niveau de son décolleté. Un juron étouffé s'échappa de la bouche de la blonde. Elle avait beau ne rien voir, les autres eux étaient doués de cet atout. La sensation du liquide froid lentement absorbé par l'épais tissus et qui arrivait sur sa peau n'était qu'une couche de plus face au désastre de cette soirée.
A bout de nerfs, essayant de paraitre tout à fait calme, Eve se tourna brusquement pour retourner voir son paternel dans l'espoir d'avoir une bonne excuse pour s'éclipser de cet horrible bal. Était-ce lié à son énervement ou bien au bruit ambiant qui commençait à lui faire venir une migraine, mais la jeune femme n’entendit pas la personne qui passait juste derrière elle au moment où elle fit volteface. Un choc physique cette fois-ci. A nouveau, une sensation humide se fit ressentir un peu en dessous de la ou elle venait de renverser son propre verre quelques secondes auparavant. La noble en déduit qu'une autre boisson venait de se déverser sur sa tenue si coûteuse.
Une voix à l’allure souriante lui demanda si tout allait bien. Une voix masculine, plutôt âgé.

« Ai-je l’air d’aller bien ? Je suis une aveugle au milieu de nobles dédaigneux et je me retrouve avec du vin et je ne sais quoi sur ma robe ! J’aimerais être partout sauf ici en ce moment même ! »

Eve réalisa qu’elle venait d’envoyer paitre un homme, surement de rang, sans même savoir de qui il s’agissait. Elle réalisa aussi que si son père apprenait ça, il serait capable de la marier avec le premier venu en punition. Gêné, un silence s’installa. Elle toussota pour combler cette lourdeur et souria gauchement en faisant une révérence classieuse.

« Veillez m’excuser. Soirée compliquée. Je me présente, Eve de Brisevent. Je ne peux malheureusement voir à quoi je ressemble à l’heure actuelle, mais je m’excuse pour ce que vous devez avoir en spectacle. Cela est très peu digne de moi… Je crois que les verres de vins ne semblent pas m’apprécier. »

En plus de ça, la pauvre jeune femme n’avait pas eu l’occasion d’obtenir une seule goulée du précieux breuvage. La chaleur dans la pièce se faisait de plus en plus présente et sa soif était grandissante. C’est donc d’un ton un peu plus doux qu’elle demanda à l’inconnu.

« Je suis désolée de vous demandez ça mais avec tout cet accident, je n’ai toujours rien bu et je ne sais pas ou pourrait se trouver un verre plein. Seriez vous en mesure de m’en apportez un ? Sauf si ma présence vous est désagréable, ce que je comprendrais ! »

Avec cette phrase, Eve rêvait secrètement que l’homme acquiesce son inintérêt pour l’aveugle, lui permettant ainsi de rentrer chez elle au vu de l’état maintenant indiscutable de sa tenue. Mais d’un autre côté, elle savait pertinemment qu’au moment même ou elle échangeait avec l’homme, son père était en train de l’observer à l’autre bout de la pièce dans l’espoir qu’elle fasse bonne impression. Elle n’avait pas intérêt à se louper, même si son air gentille et agréable qu’elle se donnait lui donnait envie de vomir.
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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyDim 15 Déc 2019 - 20:35
« Nul besoin de vous excuser, Monsieur de Beauharnais. Les règles de l’étiquette sont nombreuses et il peut parfois être difficile de s’y retrouver même pour ceux les ayant étudiées avec la plus grande attention. »

La jeune femme servit un sourire aimable au comte. Même si elle le pensait, et même si elle se doutait que son interlocuteur devait le penser aussi, elle n’alla pas jusqu’à dire que certaines règles étaient plus ou moins pertinentes et qu’elles tendaient davantage à compliquer la vie qu’à marquer une quelconque forme de respect ou de savoir-vivre... Si le ton de la conversation était somme toute plutôt léger jusqu’à présent, ils venaient à peine de se rencontrer et il valait mieux éviter d’émettre des opinions qui allaient à l’encontre de ce que l’on attendait d’elle.

Idalie eut un léger rire aux paroles d’Aymeric, qui, évoquant la « crainte » de l’apparition d’un promis potentiel, glissa au passage que ledit promis n’avait aucune raison de se montrer jaloux — il avait prononcé ses vœux et, malgré une épouse disparue selon les bruits qui couraient, il restait marié aux yeux des Trois.

« Rassurez-vous : selon mes informations, nulle armure ne viendra entraver vos mouvements, nul casque ne viendra se poser sur votre tête pour tenter de vous ridiculiser — même si j’ai la certitude que vous exagérez sur ce point — ce soir, répondit-elle, le rire toujours dans la voix. J’ose croire que mes sources sont plutôt sûres. Navrée de vous priver de l’entraînement. »

Idalie savait que sa situation n’était pas idéale, qu’elle aurait déjà dû être mariée depuis un moment ou, à tout le moins, avoir un promis. Si le sujet était délicat, si elle s’inquiétait parfois vis-à-vis de son avenir — allait-elle réussir à faire un beau mariage? un homme voudrait-il d’elle alors qu’il y avait des demoiselles bien plus jeunes à épouser? —, elle ne pouvait se résoudre à mentir pour se donner meilleure apparence, et encore moins à se montrer honteuse ou désespérée. À quoi bon? Cela ne changerait rien à sa situation et ne l’aiderait en aucun cas. Autant garder le sourire et le sens de l’humour, et demeurer confiante.

La jeune femme ne s’attarda pas sur leurs états civils respectifs plus longtemps, préférant questionner le comte sur sa vie au Labret. À l’étincelle qui apparut dans le regard d’Aymeric à sa demande, elle se douta qu’il s’agissait là d’un sujet dont il aimait parler. C’est avec une attention et un intérêt non feints qu’elle l’écouta, sans l’interrompre une seule fois, lui parler non seulement de son quotidien au Labret, mais également de quel genre d’homme il était. Un guerrier qui préfère la liberté de la campagne à la sécurité des murs de la ville, qui est nettement plus à l’aise de chasser et de s’occuper des animaux de l’élevage que de manier les règles de l’étiquette lors d’un bal parmi ses pairs. Cette simplicité n’était pas sans rappeler à Idalie son frère, et elle se dit que les deux hommes s’entendraient probablement bien ou, à tout le moins, qu’ils se respecteraient mutuellement.

Parlant de son frère, Idalie, avant de répondre, jeta un furtif regard circulaire à la salle. Nul Zephyr d’Auvray en vue. Soit il avait fait de belles rencontres et profitait de la soirée, soit il avait oublié toutes les leçons d’Apolline et se tirait d’affaire au mieux. Elle finirait bien par le savoir tôt ou tard, mais comme il ne l’avait pas utilisée comme prétexte pour pouvoir s’échapper d’une situation quelconque, elle se dit que tout devait se passer à merveille.

« Je ne peux assurément me plaindre de l’Esplanade, surtout lorsque la vie ailleurs en ville est nettement plus difficile, répondit-elle en reposant toute son attention sur le comte de Beauharnais. J’y mène une vie que je crois sans histoire auprès de mon frère, je m’occupe de la gestion de la demeure au quotidien et je participe aussi souvent que je le peux aux œuvres caritatives du temple, en plus de m’y rendre régulièrement pour offrir mon aide de façon plus ponctuelle. Actuellement, j'apporte également quelques touches finales à la rénovation d’un établissement sur lequel je travaille avec la comtesse de Pessan. Il s’agit d’une auberge à laquelle un dispensaire est annexé. L’ouverture devrait se faire dans une dizaine ou une quinzaine de jours, je serais ravie de vous y voir si vous êtes toujours à Marbrume. »

Idalie marqua une très courte pause, comme pour laisser l’invitation se frayer un chemin dans l’esprit du comte.

« Je mentirais toutefois si je vous disais avoir déjà rêvé d’une vie en ville, poursuivit-elle. J’admets sans peine être nostalgique des montagnes et de la vallée de ma terre natale, du parfum de ses forêts. Et des festins que l’abondance de gibier de ces forêts nous donnait l’occasion d’avoir, aussi. Mes frères et mon père étaient d’excellents chasseurs — ils ne revenaient jamais les mains vides! C’était un endroit où la vie était bonne et simple. Je peux comprendre votre attrait pour la campagne malgré le danger qui plane. »

Étaient-ils réellement plus en sécurité à Marbrume? Idalie n’en était plus aussi certaine depuis les derniers événements. Les remparts ne les avaient pas protégés, s’étaient contentés de leur donner une illusion de sécurité. Peut-être auraient-ils tous intérêt à ne pas compter sur ces murs pour les garder de la fange et à apprendre individuellement à se protéger comme les personnes vivant en campagne le faisaient.

« Manier votre arc vous manque-t-il? demanda-t-elle, revenant sur le fait qu’il avait précisé être archer. J’imagine que les occasions se font plus rares maintenant que vous êtes si occupé sur les terres du domaine de Pessan. »


Dernière édition par Idalie d'Auvray le Mer 18 Déc 2019 - 1:25, édité 1 fois
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une célébration royale :    [Zone éphémère] Une célébration royale : EmptyLun 16 Déc 2019 - 11:01
Le nom de papa n'évoquait rien pour la noble. Tant pis pour elle, car son papa était un héros contre un fange, un homme capable, qui protégeait toute la population de Marbrume en s'occupant des cultures et même d'une forge. Sans cela, on ne pouvait ni manger ni se défendre, aussi la petite fille trouva t-elle qu'il était bien étonnant que son nom ne soit pas connu. Bah, ce n'était pas grave après tout : on n'était pas forcément un héros pour que tout le monde le sache. L'essentiel, c'était les Dieux et ce qu'ils pensaient des humbles humains qui se trouvaient sous leurs cieux.

Elle octroya un nouveau sourire à la jeune fille, exhala un soupir un peu agacé. Pourquoi les adultes croyaient-ils tout savoir ? Pourquoi, quand on avait neuf ans, était-on toujours dédaigné, même quand les idées étaient bonnes - et surtout vrai ? La farine n'allait pas gâter la robe, car il suffirait de brosser le tissu avec des crins de chevaux, et un bon mouvement de poignet ; et au contraire, la poudre blanche boirait le liquide et rendrait un tissu immaculé.

Alix avait, elle aussi, des choses à dire, à apprendre aux autres. Simplement les adultes ne vous croyaient jamais, et ce soir, une robe serait irrémédiablement gâchée, juste par sottise.
Le gâchis n'était pas pensable, pas dans les circonstances actuelles, alors il fallait un peu insister.

- "Dame, je vous assure, la farine ne va pas faire de mal à votre habit, il suffira que votre servante brosse bien ensuite, quand ce sera sec. Mais par contre, la farine ou le gros sel vont boire les grosses taches. Quand la fête sera finie, il sera trop tard et vous ne pourrez jamais ravoir le tissu intact. Enfin, après tout, c'est votre robe, mais ce serait rapidement fait."

Elle haussa un peu les épaules. Il était sûrement temps de changer de sujet avant que la belle dame ne se mette en colère contre elle. Mais l'enfant avait passé toute l'année précédente à laver des vêtements dans un bordel, où les taches de vin étaient fréquentes - sans parler des taches d'une autre sorte, qu'elle avait aussi appris à laver.
Mais cela n'était pas un sujet à aborder ici.

- "C'est aussi mon premier bal. J'imagine que la vie devait être très différente avant la Fange... Si vous voulez, je peux vous montrer une grande galerie où il y a beaucoup, beaucoup de tableaux. C'est absolument extraordinaire. Et après, nous pourrions danser, même si je suis une fille aussi. Je crains que personne ne m'invite à danser, sauf peut-être mon père."

A petits pas pour éviter de marcher à nouveau sur sa robe, l'enfant se dirigea vers le buffet, pour saisir un petit gâteau en massepain, avant de se diriger vers une porte latérale de la large pièce. Elle prit le pot de farine que lui tendait un serviteur étonné, en le remerciant poliment - après tout, ça pouvait toujours servir - et commença à se diriger vers un escalier. La Grande Galerie, d'après ses souvenirs assez flous, était plus ou moins au centre, et au premier étage.

- "Vous verrez, les tableaux sont immenses. C'est absolument incroyable ! ...Pour reprendre ce que vous disiez, le Labret est très joli, mais ce n'est pas très paisible. Il y a des alertes fangeuses régulièrement et il y a des consignes de sécurité qui sont très strictes. Tout ceux qui enfreignent le couvre-feu sont exécutés sommairement. Mais sinon, on y cultive beaucoup de choses, et papa y a une forge. Nous avons un très grand manoir, où nous abritons une partie d'une compagnie mercenaire. C'est pratique pour se protéger. Mais c'est vrai, nous sommes très occupés. Papa m'apprend à me cacher, à me battre, à savoir monter en haut d'un arbre pour échapper à la Fange. J'apprends plein d'autres choses aussi, mais sans savoir ça, vivre au Labret pourrait être encore plus dangereux."


Elle parlait tranquillement. tout était devenu presque banal, si ce n'était la terreur du "dehors" qu'elle ressentait parfois, en songeant aux monstres qui les entouraient ; mais la clôture de la maison était presque terminée. Et avec ce qu'elle savait, il y aurait un peu moins de risques aussi.

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