Jongle et cours - Sujet Abandonné -

Il observait le visage ridé de son père. Concentré, les traits tirés et les sourcils froncés, il s'appliquait à retirer, des paumes de ses mains, le feu de la toute nouvelle brûlure de Grim. Cette fois-ci, elle se situait à la base de son cou, comme une marque de suçon – plus étendue cependant -.
Le jongleur s'évertuait à apprendre une nouvelle figure quand, avec la vitesse, la chaîne du bolas s'enroula autour de son cou, laissant tout le loisir à la boule enflammée d'embrasser la chair délicate, brûlant au passage quelques petites mèches de cheveux.

Sven retira ses mains, le secoua un peu avant de les frotter l'une contre l'autre pour atténuer la chaleur de ses paumes. Il ne disait rien. Il ne parlait pas beaucoup, contrairement à son fils, même si les deux hommes s'entendaient à merveille. Ils se complétaient, en quelque sorte.

Grim passa un doigt sur sa peau, qui commençait doucement à former une cloque. Une fois disparue, une autre cicatrice brune viendra s'ajouter à sa collection.

Peu importait. Une quinzaine de minutes plus tard, il était dehors, prêt à recommencer.




C'était une belle journée. Malgré un froid sec, le soleil brillait, apportant chaleur et réconfort. Et quand il y avait du soleil, il y avait de la foule. Une journée parfaite pour Grim, qui évoluait dans la grande rue, le nez en l'air et les mains dans les poches, à la recherche de la place idéale pour capter les regards sans pour autant gêner.

De la musique s'élevait, au loin. Entraînante, joyeuse, innocente. Tout ce dont le jongleur avait besoin. Il reconnaissait le style d'un groupe de musiciens de rue particulièrement doué qui venait souvent ici.

Il grimpa finalement sur le rebord d'une charmante fontaine, ce qui le rendit à peine plus grand que les autres personnes, restés au sol. Ses bolas allumés attirèrent d'emblée l'attention des gens. Les balançant d'abord d'avant en arrière pour laisser le temps à la foule de s'approcher, l'artiste ferma les yeux, se forçant à oublier les regards braqués sur lui, et commença à se laisser porter par la musique, bougeant d'abord la tête, puis le reste du corps. Les bolas suivirent, le soutenant dans sa danse, lui apportant la contenance qu'il nécessitait pour se sentir à l'aise. (références des mouvements)

Les applaudissements survinrent naturellement, à son grand soulagement. Saluant théâtralement la foule, il éteignit ses bolas en soufflant dessus avant de sauter de sa scène improvisée et de passer entre les gens, chapeau en main. Ici, ils étaient généreux. Alors Grim n'était pas inquiet.
D'ailleurs, les pièces affluèrent, tintantes, brillantes, magnifiques. Quelques compliments au passage firent brutalement rougir le jongleur qui, une fois le tour finit, revint à sa place initiale, prêt de ses affaires, s'assied sur le rebord pour ranger son salaire du jour dans sa bourse.

- Jolie récolte, lâcha une voix inconnue.

Levant les yeux vers cet homme, Grim eut un petit sourire. Brun, les cheveux noué en queue de cheval et entièrement vêtu de couleurs sombres, il ne lui disait rien du tout.

- En effet.
- Combien ?

Fermement, le jongleur tira sur les cordes pour fermer sa bourse et lui jeta un regard méfiant.

- Je ne sais pas.
- Je peux compter pour toi ?

Avant qu'il n'ait le temps de lui répondre négativement, l'homme arracha brutalement le fruit de son travail avant de partir en courant.

- Hey ! Cria-t-il inutilement.

Glissant rapidement ses bolas à sa ceinture, il s'élança à son tour, peu enclin à le laisser se faire voler aussi facilement.

- Arrêtez-le !

Certains tournèrent la tête, alertés. Une femme tenta de s'interposer, ralentissant à peine le voleur. Un commerçant lui jeta une boîte, ce qui ne servit à rien. Néanmoins, Grim retint l'aide qu'on tentait de lui apporter avec une certaine pointe d'émotion.
L'homme prit vivement une petite ruelle, très vite empruntée par le jongleur. Il avait l'habitude de courir, mais généralement, c'était lui qui fuyait. Suivre quelqu'un était beaucoup plus compliqué. Et il priait, qu'il priait pour ne pas perdre ses sous !

HRP:

*Marbrume...ça n'a pas changé* pensa Enéas tout en marchant dans des petites rues, sales et obscures du Goulot. Il n'était plus très loin de La Hanse, une fois là bas il faudrait devenir un fantôme. Le quartier commerçant était, de fait, bien mieux surveillé que les ruelles sombres du Goulot.

Pour son premier retour à Marbrume depuis des mois, Enéas n'était pas très satisfait ; En sortant du passage menant aux égouts, il était tombé sur tout un groupe de pauvre gens malades et affamés...Cette ville n'allait décidément pas en s'améliorant. Le Gamin serait bien passé à son ancienne planque voir si les gosses n'y traînaient pas encore mais il n'avait pas le temps et c'était beaucoup trop risqué. Sa mission d'aujourd'hui était d'aller récupérer des médicaments et quelques outils de chirurgie. Une petite échoppe vendant de tout et de rien était en fait un des rares marchands solidaires aux bannis. Il avait donc emprunté les égouts et pour plus de sécurité, il préférait utiliser une des sorties du Goulot, beaucoup moins surveillée que celle de La Hanse.

C'était assez simple de savoir quand on approchait du marché de la Hanse, il suffisait d'écouter d'ou venait le plus de bruit. Enéas s'en approchait, la foule commençait à devenir de plus en plus dense, ce qui était assez plaisant pour le banni, qui pouvait désormais marcher plus tranquillement. Arrivé près d'une petite place, il vit passer une patrouille de gardes. Enéas jeta un rapide coup d’œil et remarqua le chef de la patrouille : Un de ses anciens meilleur amis... Il fit volte face et s'enfonça dans la foule. Les gardes ne s'attendait pas certainement à le voir ici, mais la prudence restait l'option la plus tentante.

Le Gamin attendit que la patrouille soit passée et releva sa tête pour essayer de lire les noms des différentes échoppes. Il jura doucement après avoir tout lu. Aucun des magasins ici n'était celui qu'il cherchait.

Son regard fut attiré par le légers passages d'une lumière à sa droite. Il se retourna et vit un homme en train de faire tournoyer deux bolas enflammées. Petit, Enéas s'arrêtait toujours près des jongleurs. Cela faisait quelques mois qu'il n'en avait pas vu, pourquoi ne pas donner un peu de temps libre ?
Il se serait bien avancé tout près du jongleur mais il ne voulait pas prendre ce risque, n'importe qui pouvait traîner dans la foule agglutinée autour de la fontaine. Il recula donc et monta sur une caisse, ce qui lui permis de voir la scène de plus loin. Tout en s'émerveillant devant les mouvements rapides et fluides de l'homme aux bolas, Enéas scrutait les alentours. Personne ne devait le reconnaître...

Le jongleur ayant terminé sa prestation, ce dernier passa dans les rangs, jouant du chapeau pour attirer les pièces des gens. Son spectacle avait été bien apprécié par la foule, car l'homme s'en sortit avec une belle cagnotte. Enéas aurait bien voulu y déposer une ou deux pièces lui aussi, mais il préféra partir en même temps que la foule qui reprit du mouvement. Il descendit de sa caisse et se dirigea dans la rue d'ou était venu les gardes.

- Arrêtez-le !

Surpris par toute l'agitation qui venait d'arriver d'un coup, Enéas regarda derrière lui. Un homme courait dans la foule avec le chapeau du jongleur en main. Le jongleur courait derrière, mais il avait du retard. Enéas était un voleur, mais s'en prendre à des artistes de rues à toujours été considéré comme lâche. Il jura.

"Et les emmerdes commencent"

Le voleur se dirigeait droit sur Enéas. Le Gamin ne voulait pas se faire remarquer, mais là... Personne n'avait réussi à arrêter le voleur et cet homme aux bolas ne méritait pas ça. Il cracha mentalement sur la garde, qui ne s'occuperait jamais de se genre de cas. Enéas était prêt à faire tomber le voleur, mais ce dernier bifurqua dans une ruelle avant d'atteindre le banni.
Il vit volte face et courut, il ne prit pas la ruelle mais continua sur la rue principale. Les ruelles sont utiles pour perdre les gens, mais il faut bien plus de temps qu'en passant par les rues plus larges et moins sinueuses. Enéas était presque sur de savoir ou allait partir le voleur. Le Goulot. Cette route est assez empruntée par les voleurs qui s'aventurent dans le marché, elle est rapide et si on ne connait pas le chemin on s'y perd rapidement, mais elle à un désavantage, elle n'a qu'une sortie qui donne directement dans le quartier du Goulot.

Tout en courant, le banni essaya de se remémorer le chemin le plus court pour se retrouver devant le voleur. Il tourna à droite, pris une petite ruelle et sprinta le plus vite qu'il pu dans une grande ligne droite. Après quelques minutes de courses, il arriva dans une ruelle assez petite. Pas plus de deux mètres trente de largeur. Elle tournait presque à angle droit à quelques mètres devant lui. Le voleur, si il empruntait ce chemin, ne verrait pas Enéas arriver en empruntant le tournant.

Il attendit une bonne trentaine de secondes et finalement il entendit le bruit d'une course rapide. Les pas se rapprochaient rapidement et Enéas aperçu la tête et les bras du voleur en premier. Il ne perdit pas de temps et lui fit face. Le voleur entraîné par la vitesse de sa course ne pu s’arrêter et Enéas l'attrapa, plaça sa jambe devant les siennes et le fit basculer...

Grim, il avait beau être petit et donc d’avoir de petites jambes, il pouvait quand même se vanter de courir vite. Et longtemps.
Apparemment, le voleur aussi été entraîné, car il tenait la distance, même si le jongleur commençait doucement à le rattraper. Ses mèches bouclées rebondissaient sur son visage, lui génant par moment les yeux, mais peu importait : il récupérerait ses sous, un point c’est tout ! Et ce mécréant n’avait plutôt pas intérêt à être armé, sinon … Sinon … Et bien, sinon Grim ne reprendrait pas son salaire.

Il ne se trouvait plus qu’à quelques mètres de lui. De là, il l’entendait haleter. Il pouvait même entendre ses précieuses pièces s’entrechoquer, à l’intérieur de sa bourse.
Son bras se tendit devant lui dans l’espoir d’agripper la capuche de l’homme. Allez, encore un petit effort …
C’est ainsi que Grim exécuta le vol plané le plus impressionnant de son existence. Son voleur trébucha sur une quelconque foutue chose, et Grim trébucha sur son voleur, se prenant le pied dans ses jambes. Les deux énergumènes roulèrent tous deux au sol, et leur chute fut stoppée nette par un mur.
Le choc vida l’air de ses poumons. Aussitôt pourtant, il sauta sur ses jambes, tituba un peu en clignant des yeux pour retrouver ses repères et plongea sur l’autre homme qui semblait avoir été beaucoup plus sonné par cette douce envolée. Geignant et se roulant avec peine pour se redresser, il avait dû embrasser joyeusement le mur.
Grim récupéra son précieux, que l’autre n’avait même pas lâché durant sa chute.

- Et que je ne t’y reprenne plus, lui lança-t-il avec assurance, comme s’il était l’auteur de cette chute impressionnante.

Il fit volte-face, se retrouvant nez à nez avec un jeune homme. Essoufflé, il se permit de prendre une petite pause pour retrouver une respiration normale.

- Bonjour. Non, je ne me suis pas fait mal. C’était fait exprès.

Il attacha sa bourse à sa ceinture avant de finalement réfléchir un peu sur la présence de ce type dans cette rue désert.

- Je suppose que c’est toi qui a fais ça ?
- Oooh ma tête …

Haussant un sourcil d’un air hautain, Grim gratifia le voleur d’un ‘pffeuh !’ méprisant avant de prendre la ruelle qu’il venait de traverser en courant.

- Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je ne souhaite pas rester proche de ce gredin. Et je pense que tu devrais me suivre. Pas sûr qu’il soit content. Je suis même prêt à parier qu’une fois remit, si nous restons-ici, il cherchera à te mettre la tête au carré.

Sourire exagéré.
Il fit un pas et grimaça. Son genou était tout écorché, son pantalon déchiré. En inspectant son corps, il se rendit compte que ses coudes avaient également étaient touchés. Un soupir d’agacement lui échappa tandis qu’il s’enfonçait dans la ruelle.

- Je devrais sans doute te remercier, non ? Merci, alors. La technique de brute discrète, j’aime bien ça. C’est dangereux, mais j’aime bien. Et puis ca abîme les vêtements, je vais devoir me ruiner pour rafistoler tout ça !

Il se tourna vers le jeune homme, le détailla des pieds à la tête.

- Je ne t’ai jamais vu, ici. Qui es-tu ?

Il ne l’avait jamais vu, néanmoins, les traits de son visage lui étaient vaguement familiers. Ce serait-il déjà croisé ? Peut-être avait-il simplement était dans le public, juste un peu plus tôt, et rien de plus. Enfin, généralement, Grim ne faisait pas attention aux spectateurs, trop concentré sur son numéro. Non, il l’avait probablement croisé ailleurs, comme ça, furtivement.

Les événements qui venaient d'arriver s'étaient suivis si rapidement qu'il fallu un petit instant à Enéas pour comprendre. En bref, juste après avoir renversé le voleur, le jongleur s'est pris les pieds dans le corps immobile du voleur et s'était retrouvé à faire un beau petit vol plané.
Le jongleur, une fois de retour sur ses pieds, à commencé à réprimander le voleur. Puis après s'être dépoussiéré un peu et s'etre calmer les nerfs sur le voleur, il se rendit compte de la présence d'Enéas.

- Bonjour. Non, je ne me suis pas fait mal. C’était fait exprès.

Le Gamin ne put s’empêcher de laisser un petit rire s'échapper. Puis il regarda le jongleur et souri. Assez petit, des cheveux châtains clair en bataille et des petit yeux verts. Dans sa démarche, sa façon de parler et même sa tenue on pouvait lui donner pas mal d'années en moins. Mais son visage en disait plus long, il commençait à être tiré et ridé par endroit. Enéas ne pouvait pas lui donner d'age précis, mais c'était un peu comme lui. Ce qu'il l'amusa encore plus.

De plus, Enéas eut cette impression qu'il le connaissait, sans pour autant pouvoir mettre un nom ou des circonstances sur son visage...Le Gamin se trompait surement, après tout il devait juste l'avoir déjà vu en spectacle.

"Bonjour. Je suis content que tu ne te sois pas fais mal"

Enéas trouvait cet homme plutôt amusant. En tout cas, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas amusé comme ça. Enfin, en même temps quand on passe son temps à fuir et à essayer d'échapper aux griffes acérées des Fangueux, n'importe quoi peut être drôle !

-Je suppose que c’est toi qui a fais ça ?

"Bien vu !"

Le voleur poussa un râle, certainement du à sa chute. Enéas n'aurait pas été surpris si le jongleur lui avait craché dessus, mais il ne fit que le mépriser. Belle réaction.
Ce dernier commença à remonter la ruelle d'ou il venait quand il proposa à Enéas de le suivre.

"C'est gentil de t’inquiéter pour moi...Tout le monde ne le ferait pas !"

Il rendit son grand sourire aux jongleur avant de commencer à marcher. Le jongleur était en train d'observer ses blessures, qui n'étaient pas très grave. Par contre, les vêtements de ce dernier en avaient pris un coup. Il gratifia Enéas pour l'interception du voleur tout en ajoutant un petit mot sur l'état de ses vêtements. Le Gamin ne sentait pas de reproche dans cette remarque mais il s'excusa.

Après avoir marché quelque pas, l'homme aux bolas se tourna vers Enéas et le dévisagea.

-Je ne t’ai jamais vu, ici. Qui es-tu ?

Enéas ne savait pas vraiment quoi répondre. Son nom n'était pas vraiment connu, il pouvait le divulguer. Son surnom était plus problématique, beaucoup de gens en ville avaient au moins entendu parler du Gamin une fois dans leur vie...Enéas était en train d'imaginer des excuses puis il se ravisa. Au pire, tant pis, ce jongleur n'avait pas l'air d'un homme qui vous vend à la milice pour une rançon.

"Je m'appelle Enéas. Je passais au marché faire quelques emplettes. Oh et tu sais, il y tellement plus de têtes à Marbrume aujourd'hui, il est difficile de connaitre tout le monde ! Et au fait, belle prestation tout à l'heure !"

Sa boucha forma un petit sourire en coin. Il avait réussi à ne pas mentir, mais il n'avait pas révelé grand chose non plus, en espérant que cela suffise à calmer la curiosité du saltimbanque.

"A mon tour alors ! Qui est tu ?"

Petit sourire figé sur la face, Grim jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, juste histoire de s'assurer que son agresseur était encore assez sonné pour rester au sol. Observant minutieusement le gosse qui lui était venu en aide, il ne put s'empêcher de penser à ce sentiment de déjà-vu. Non vraiment, cette bouille de gamin ne lui était pas inconnue.

Et ce ne fut pas lorsqu'il se présenta que ce désagréable ressenti disparu. Enéas … Enéas … Impossible à resituer.
Le jongleur eut un petit sourire flatté quand ce dernier le félicita sur sa prestation, habitué aux compliments. Il n'avait peut-être pas beaucoup de talent, mais pour ce qui était de ça, il assurait grave, et il en était fier.

Bombant un peu le torse et relevant le menton, il se présenta à son tour.

- Je suis Grim, Grim Torren, artiste de rue et parfois aux services de la noblesse. Mais surtout de rue, hein.

Il plongea ses mains dans ses poches, accélérant un peu l'allure, un peu effrayé tout de même à l'idée de devoir affronter le voleur.

- J'ai l'impression t'avoir déjà vu quelque part, Enéas, lâcha-t-il finalement. Quel est ton travail ? J'ai collectionné pas mal de petits boulots, avant le Fléau. Peut-être nous sommes-nous croisé un jour.

Très vite, les deux hommes retournèrent dans la Grande rue. Au passage, Grim rassura le vieux commerçant qui lui était venu en aide en lui montrant fièrement sa bourse pendant à sa ceinture. L'inconnu leva le pouce, content pour lui, et Grim se dit qu'il aimait bien les gens, en fait.

- J'ai quelques affaires à récupérer, près de la fontaine.

Ses quelques affaires se résumant à sa petite gourde de pétrole, son écharpe en laine et ses mitaines en cuir qu'il n'avait pas pris le temps de récupérer, prit au dépourvu comme il l'a été.
Il craint, l'espace d'un instant, qu'on ait profité de son absence pour le lui dérober, mais par chance, tout était resté comme lorsqu'il était parti. Ignorant Enéas, il rangea scrupuleusement ses biens, enroula son foulard autour de son cou avant de s'asseoir sur le rebord de la fontaine et d'y appuyer sa jambe pour nettoyer la plaie de son genoux. L'eau était froide et peut-être pas vraiment hygiénique, mais peu importait. Il avait survécu à bien pire, après tout.

- Aurais-tu un morceau de tissus ou une lichette d'alcool sur toi, par hasard ? Pour désinfecter. Vois-tu, ce ne sont pas de grosses blessures, mais en ces temps difficiles, un rien peu nous plonger dans la maladie.

S'occupant à présent de son coude, il enchaîna, très sûr de lui dans son monologue:

- Très peu pour moi ! Je n'ai pas encore fait la moitié de mes projets. Tu comprends-donc mon angoisse, n'est-ce pas ?

Palabres. Grim n'avait aucun autre projet dans sa vie que de se la couler douce.
Il leva la tête et adressa un sourire jovial à Enéas.

- As-tu été charpentier ? Demanda-t-il, toujours bloqué sur son visage familier.