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 Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]

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Lothaire FerboisGuérisseur
Lothaire Ferbois



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MessageSujet: Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]   Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois] EmptySam 14 Déc 2019 - 0:13
Le 17 juin de l'an 1166

Coincé entre un jeune coursier d’à peine une vingtaine d’année et un homme ventripotent qui devait approcher son âge, Lothaire piétinait le sol de ces bottes de cuir. Malheureusement pour lui, il n’était pas si simple d’accéder à l’esplanade. Le danger et le désespoir s’était emparé des bas-quartiers et tout naturellement la sécurité s’était renforcé, il s’agissait de donner encore l’illusion d’un respect de la hiérarchie en ce bas-monde. Le sang bleu se devait d’être protégé de toute souillure, tel était les enseignements de la religion. Et aussi longtemps que les nobles étaient protégés par le tout nouveau roi, celui-ci tirait de ce soutien une légitimité certaine.

Enfin bon, se disait le médecin, qu’importe ces jacasseries de commères. Il outrepassait ces propres prérogatives d’humble guérisseur en se livrant à ces analyses hétérodoxes, tel n’était pas sa place. Sa place lui avait attribué à la naissance, comme tout un chacun et il était de son devoir de s’y tenir. C’était une question d’harmonie, de paix avec les Dieux. L’on devait se charger de ne point offenser l’ordre sacré de la société des croyants, et en retour les Trois faisaient respecter l’Ordre au sein du royaume.
Enfin bon, aux vues des nombreuses crises de conscience que le médecin avait rencontré depuis ces trois dernières années, il était probablement de bon ton de nuancer quelque peu cette vision. L’opinion communément admise d’un châtiment sans espoir de rédemption n’avait guère satisfait Lothaire Ferbois et allez savoir comment, aux travers de ces innombrables lectures, la thèse gnostique s’était distillée en lui.

Il devait y avoir une réponse à donner aux Trois, pas seulement une simple lutte de la Fange, non. Quelque chose de plus profond, qui relevait du domaine du sacré et l’occulte. Il en était sûr, il tenait quelque chose lorsqu’il s’était mis à appréhender la Fange sous l’angle d’une maladie. L’approche était déjà novatrice et à contre-courant concernant les maux du quotidien, mais peut-être que s’il …

-''Raison de la visite ?!'' Aboya un homme d’arme dont la face courte le rapprochait de celles des dogues.

Arraché à ces rêveries, le soigneur fouilla compulsivement sa besace et les poches de son manteau, avant d’en ressortir son laisser-passer. Le garde à visage de mâtin lui arracha des mains le précieux sésame, reluquant le Ferbois d’un regard méprisant. De toute évidence, à en juger par l’habillement du modeste médecin, il n’était ni un noble ni un riche marchand bourgeois ni un habitué des cercles mondains. Peut-être un petit air de clerc à la limite, il ne semblait décidément pas être un rustre paysan non plus. Pas assez large d’épaule et ces mains était bien trop délicates et fines.

-''Raison de la visite, j't'ai dit ?''

-J’ai été mandé par la maison Rivefière en ma qualité de guérisseur. Le reste ne vous regarde en rien.
L’œil torve du milicien le dévisageait et Lothaire lui soutiens le regard. Il n’était décidément pas d’humeur en ce début d’après-midi. Le ridicule échange visuel finit par prendre fin et ne trouvant aucune raison pour repousser le guérisseur, le cerbère s’écarta du chemin, pestant dans sa barbe.

Le sol était propre, remarquait Lothaire. Enfin bien plus que ne l’était son bon vieux Bourg-Levant et il n’y avait aucune comparaison possible avec les bas-quartiers. Les murs et les toits des maisonnées aussi, si l’on exceptait ici et là une bâtisse abandonnée. Les Trois ne faisaient de différence entre puissants et modestes, il avait eu le temps pour approfondir cette maxime tout au long de sa carrière. Lorsqu’un fils de gueux ou de duc vous suppliait de mettre fin à ces souffrances en raison d’une affliction des reins, les prières étaient répétées sans cesse par le patient et l’entourage. Nous nous soumettions tous devant la toute-puissance des dieux.

Il était de notre devoir d’accepter leurs souhaits et de s’y conformer. Ce n’était qu’en acceptant le Destin, y compris dans ces moment de pur désespoir, que nous parvenions à garder l’esprit suffisamment claire pour rebondir. Nous avions tous une voie pavée par les Trois, un objectif à remplir, tel était notre destinée.

‘’Non, se disait-il de nouveau, il existait peut-être bien une différence ‘’

Les nobles étaient capable de le payer, et non les plus démunis. Certes, il a pu dispenser ces soins au Temple aux gueux, mais ce n’était pas ces regards et paroles pleine de gratitude qui remplirait son estomac. Ce n’était pas non plus comme cela qu’il obtiendrait les remèdes, extraits, concentrés, poudres et cataplasmes nécessaires pour dispenser d’autres soins. Pour cela, il faudrait invariablement s’intéresser au cas des bien-nés et le hasard l’as justement mis sur le sentier d’une de ces représentantes.

Dire qu’il n’avait rien soupçonné sur le moment, une jeune femme avec un caractère bien trempée, des nerfs solides, maniant l’acier mais avec un cœur aussi. Dire même qu’il l’avait probablement prise sur le moment pour une vulgaire fille de marchand, peut-être issue de la haute-paysannerie. Il ne pouvait s’être trompé plus grandement. Les Trois avaient décidemment des secrets en suspens que nul mortel ne pouvait déchiffrer avant que ne sonne l’heure. Que pouvaient-Ils bien lui réserver dès à présent ?
Tournant au coin d’une de ces avenues, il fit enfin face à son destin, voilà que se tenait à présent devant lui la brave demeure des Rivefière.
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MessageSujet: Re: Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]   Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois] EmptyJeu 9 Jan 2020 - 14:32

Plus d’un mois s’était écoulé depuis l’invasion de la fange à Marbrume. Une tragédie qui avait pris la vie de milliers d’innocents et avait marqué à jamais ses survivants. Sans le sacrifice de son lieutenant, sans doute aucun que Serena aurait fait partie de la première catégorie. Et si son état n’était plus critique aujourd’hui, la mort pouvait encore frapper à sa porte par simple infection. Elle devait donc prendre sur elle et continuer les soins réguliers pour éviter toute complication. Désormais tout de même de retour chez elle et ne souhaitant pas importuner les soigneurs du temple, elle avait fait appel à un guérisseur externe pouvant s’exercer à domicile.

Et c’était ainsi, assis contre le cadre d’une fenêtre donnant sur l’entrée principale qu’elle attendit patiemment l’arrivée d’une silhouette. S’en réjouissait-elle ? Pas vraiment. Pour être même tout à fait honnête, elle n’appréciait guère ce genre de consultation. Pourquoi ? Tout simplement, car elle n’était pas à l’aise à l’idée de se faire inspecter de la sorte, la pudeur, mais aussi la honte en étaient responsables. Car oui, elle avait honte de ces cicatrices qui défiguraient peu à peu son corps féminin. Encore aujourd’hui, elle peina à voir son visage, mais surtout son ventre dans la glace… Mais elle n’avait guère le choix.

Sans engouement, elle descendit les escaliers du premier étage pour mieux réceptionner le guérisseur qui lui avait été envoyé. Vêtue d’une chemise, mais aussi d’un pantalon trop ample pour sa silhouette, elle ne ressemblait à aucune autre noble dame, peut-être même pourrait-on la confondre avec une employée de maison ? Peu importe, elle n’était pas du genre à se vêtir de robe et était plus à l’aise ainsi. Laissant alors sa domestique accueillir leur invité à l’intérieur, elle se présenta à lui, non sans surprise.


« Je ne m’attendais point à vous revoir ainsi… »


Non, ne s’étant pas elle-même occupée à contacter un guérisseur, elle ne s’était pas attendue à voir un visage familier. Familier et pourtant presque oublié, tant que la tragédie de Piana paraissait être bien lointaine. Sourire sincère, mais affaibli, la milicienne ne savait pas réellement si elle devait être heureuse ou non de le revoir aujourd’hui.


« Je vous remercie de vous être déplacé… Monsieur Ferbois. Peut-être pouvons-nous vous proposer un thé ? »


Lentement, elle échangea un regard à sa domestique afin qu’elle fasse préparer le nécessaire et l’invita sans plus attendre à la suivre à l’étage jusqu’à ses quartiers.


« Cela fait bien longtemps que nous nous sommes revus… » Et elle ne se souvenait même plus exactement comment ils s’étaient quittés à travers le désastre de leur quête. « Je suis contente de voir que vous semblez bien portant après … les différents événements. »


C’était relativement lentement que Serena franchissait les escaliers, son corps étant encore affaibli avant qu’elle ne le guide jusqu’à sa chambrée. Une pièce simple et pourtant aussi luxueuse que spacieuse avec évidemment un coin salon où il était invité à s’installer.


« Vous a-t-on fait part de ma condition ? »






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MessageSujet: Re: Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]   Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois] EmptySam 25 Jan 2020 - 13:52
Après un certain moment d’attente, il put enfin entre au sein de la noble demeure. Il n’eut pas à attendre plus longtemps, la jeune femme à la cicatrice apparaissant du haut des escaliers.

« Je ne m’attendais point à vous revoir ainsi… »

Cela faisait quoi, quatre mois, six mois qu’ils ne s’étaient guère revu depuis les évènements de Piana ? Cela semblait une éternité à Lothaire. Quelle folle quête les avait amenés à se rencontrer, en compagnie d’étonnants acolytes, pour réunir suffisamment de tête de bétails. Cette maudite mission s’était fort mal achevée, et si une patrouille, qui passait par là ne les avaient secourus, ils y seraient probablement tous restés.

Arborant un sourire, il lui répondit :

« Dès que j’ai entendu votre prénom, et que l’on m’as confirmé qu’il s’agissait effectivement d’une jeune femme aux cheveux clairs, j’ai su que c’était vous.  Je n’ai fait que sauté sur l’occasion ensuite.»


Lothaire avait gardé un bon souvenir de la milicienne. Si l’on exceptât les quelques (nombreux) couacs qui avaient accompagnés le déroulement de leur mission, cette jeune femme avait fait preuve d’autant de bravoure qu’un homme au combat, aidant les miliciens à repousser la Fange lors de leur fuite.

« Je vous remercie de vous être déplacé… Monsieur Ferbois. Peut-être pouvons-nous vous proposer un thé ? »

« Oh oui, volontiers.»

Ce n'était guère dans les habitudes du guérisseur de refuser un petit quelque chose lorsque l'on l'invitait. D’un regard, elle intima à sa servante d’aller préparer de quoi mettre leur hôte à l’aise. Elle fit signe ensuite au guérisseur de la suivre dans ces appartements. Le médecin s’exécuta sans tarder.

« Cela fait bien longtemps que nous nous sommes revus… »

Comment s’étaient-ils donc quittés ? Un fois sauvés par l'intervention d'un détachement de miliciens, Lothaire avait surtout somnolé sur le chemin de retour, bercé par le cahotement des roues contre les racines et les nids de poule. Il ne se souvenait guère que du sentiment d’amertume qu'il avait en bouche. Chacun d'entre eux avait failli y passer, le barde en premier. Et la petite... Enfin. 

« Je suis contente de voir que vous semblez bien portant après … les différents événements. »

Que répondre à ça ? Le guérisseur se portait bien sur le plan physique, sa carcasse tenait bien le coup. Il n’avait clairement pas à se plaindre concernant son propre cas, surtout s’il le comparait à tous les miséreux auquel il avait eu affaire au Temple. Quant à son humeur, il lui semblait par moment que les fantômes de son passé s’estompaient. Etait-ce l’œuvre du temps ? Ou un début de rémission ?



Montant les escaliers, le médecin la suivait. Elle semblait lasse, épuisée, éreintée, défaite, un peu pâle même. Le souffle un peu court, non ? Peut-être, peut-être pas. Il en saurait plus lors de la consultation proprement dite. Ils finirent par déboucher dans la chambre de l’héritière.
Elle se retourna vers lui :

« Vous a-t-on fait part de ma condition ? »

« Plus ou moins. J’ai bien compris que vous êtes Sérena de la Maison de Rivefière, une noble dame en sommes. Mais je vous avoue que je reste assez perplexe quant à votre histoire personnelle, le fait qu’on vous ais autorisée à devenir milicienne. »

Et pourtant celle-ci avait fait ces preuves au cours des évènements de Piana, démontrant que bien qu'une petite héritière, elle était une femme d'arme accomplie.

« Mais je vous avoue que du peu que je vous connais, je ne crois pas non plus que vous soyez le genre de femme à attendre que l’on vous autorise à faire quoi que ce soit. »

Le Docteur ne voyait guère comment une noble lignée pouvait laisser une de ces membres librement vagabonder à l'extérieur de l'enceinte de la Cité, en particulier en ces temps de crise. Probablement existait-il des désaccords entre Serena et sa famille, mais ceux-ci ne semblait guère être si important si elle vivait toujours au sein du manoir.

Se dirigeant vers l’espace salon de la pièce, il s’asseyait. Il était temps à présent de commencer la consultation. Portant les mains dans ces boucles grisonnantes, il débuta :

« Enfin, pourquoi avez-vous besoin de consultez ? Fatigue chronique peut-être ?»
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MessageSujet: Re: Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]   Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois] EmptyDim 26 Jan 2020 - 21:04

Lorsque Serena parla de conditions, c’était bien de son état de santé dont elle voulait parler. Ce fut donc avec un brin de surprise qu’elle écouta le guérisseur répondre sur son statut. Mais elle était bien incapable de lui en vouloir, après tout, il était vrai qu’elle ne s’était jamais réellement présentée à lui. C’est qu’elle n’était pas réellement le genre de femme à se pavaner, au contraire. Elle préférait presque rester parfois discrète sur sa propre identité et sa situation encore et toujours conflictuelle. De toute manière, pouvait-elle seulement encore se vanter d’être de noble lignée à l’heure actuelle ? Pas vraiment. Serena était bien loin de ce que pouvait attendre tout mari, plus encore avec son corps meurtri.

Un sourire, discret et amusé à la fois, illumina ses lèvres aux déclarations de celui-ci avant de répondre à ses doutes.

« En effet. Encore aujourd’hui, mes choix ne font pas l’unanimité dans ma famille, mais qu’importe. Si j’ai encore la chance d’être acceptée ici, j’ai néanmoins perdu tout noble titre en prenant les armes alors… considérez-moi simplement comme milicienne. »

Milicienne, qui le laissa confortablement s’installer dans le salon de sa chambre avant de s’asseoir à son tour face à lui. Visiblement, il n’avait pas été mis au courant de son état. C’était un peu fâcheux, car cela voulait dire qu’il n’était pas préparé à… Son regard se baissa. Même si elle voulait être calme et sereine, la nervosité prit rapidement le dessus. Fermant un instant ses paupières, elle inspira profondément avant de reprendre les explications, le regard dans le sien.

« J’ai été grièvement blessée durant … l’attaque. Et si je dois remercier les Trois pour ma survie, il faut également que ma blessure soit suivie régulièrement pour ne pas attraper le mal. J’ai suffisamment sollicité l’aide du Temple ces longues semaines, j’ai donc préféré faire appel à un guérisseur externe…. Pour la suite. »

Évidemment, la fatigue était aussi un problème, mais il n’était, à ses yeux, pas là pour cela. Et puis, elle doutait fortement qu’on puisse un jour l’aider à réellement bien dormir en ces temps obscurs. Pas pour le moment du mois.

« Les griffes d’un fangeux m’ont laissé cette cicatrice... » Sa main alla doucement se poser sur une partie de son visage afin de dessiner du doigt la marque qui s’y trouvait à présent. « ... avant de me transpercer le bas ventre. »

Instinctivement, une main protectrice alla se loger à l’emplacement. Naturellement, le guérisseur devait désormais avoir une idée de la gravité de ses blessures qui étaient toutefois en nettes améliorations.



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MessageSujet: Re: Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois]   Une rive fière et un fier bois [Serena de Rivefière; Lothaire Ferbois] EmptyLun 16 Mar 2020 - 23:12
Un sourire discret mais amusé naissait sur les lèvres de la jeune femme. Celle-ci lui expliquait patiemment les raisons qui l’avaient conduite à la déchéance de ces titres. Triste fait, supposait le Ferbois, mais la dame ne s’y attardant guère, il ne poussait pas plus loin la réflexion. Au final, cela revenait au même pour le guérisseur, elle restait la milicienne capable, débrouillarde et indépendante qu’il avait connu jadis à Piana. Inutile de creuser son passé, il n’était pas là pour ça.
L’invitant d’un geste à s’installer confortablement au sein de la pièce où elle l’avait menée, elle lui semblait quelque peu mal à l’aise à l’idée de devoir lui faire découvrir son mal. En y repensant, Lothaire n’avait effectivement pas été mis au courant du pourquoi ni du comment de cette affaire. N’avait-elle pas été mordue ?
Plongeant son regard aux reflets émeraude dans le sien, elle lui expliquait d’un air fébrile en pointant les deux cicatrices qui ornaient à présent son corps.


Il n’avait effectivement pas osé lui faire la remarque, mais une cicatrice parcourait bel et bien son visage. Un sillon traçant la pommette gauche. Lothaire Ferbois ne pouvait que trop bien imaginer les craintes, les appréhensions, le dégoût que pouvait inspirer à bien des gens une cicatrice défigurant l’enveloppe charnel que leurs avaient légué les Trois. De la petite vaccine qu’attrapaient les petites fermières en pressant les pis des vaches, qui donnait ces petites cloques grotesques à leurs fines mains jusqu’aux morsures laissés par certaines maladies vénériennes sur le visage des moins chanceux de la cité, le corps était soumis à de bien rudes épreuves.
C’était éprouvant pour les femmes en particulier. Bien que la situation puisse varier d’un foyer à l’autre et d’une personnalité à l’autre, celles restaient avant tout des mères, des filles et surtout des potentielles ou effectives épouses. Personne n’épousait avec joie une petite laideronne, et encore moins une petite défigurée. Si l’époux lui-même n’en faisait peu de cas, les commérages et le mauvais œil causaient malgré tout bien des soucis à ces ménages.


Enfin, elle n’était pas si défigurée que cela. Elle restait plus agréable à l’œil même. Rien de dramatique, même s’il ignorait comment elle gérait cette atteinte à l’intégrité de son corps. Là encore, il doutait qu’un vieux quarantenaire comme lui soit d’aucune utilité pour cette tâche. Concernant l’état de la blessure, elle lui semblait grandement cicatrisée. Aucun risque mais la cicatrice risquait de rester là un bon moment, si ce n’est toute une vie. Enfin…
Le geste avait délicat, doux, lent… Celui d’une personne confessant sans mot des détails intimes sur son enveloppe charnelle. Puis sa main glissa et Lothaire compris la véritable raison de sa venue.


-Est-ce que vous… ?


La gêne était perceptible.


-Il n’y a aucun trouble concernant … ? Vous voyez.


Elle lui semblait, malgré le caractère fâcheux de ces blessures, en bonne voie de guérison. Si les griffes et les crocs de ces satanées goules avaient atteint les organes internes, la stérilité aurait le dernier de ses soucis. Enfin, cela faisait déjà quelques temps qu’elle a été touchée et il était là avant tout pour s’assurer de la bonne cicatrisation des tissus.


Il imaginait l’effet de la serre ossifiée contre la chair. Une horreur.
Il avait déjà eu à traiter un cas semblable une fois. Une jeune femme aussi, une tête brulée. Il avait dû la rafistoler avec les moyens du bord, y laissant un manteau au passage. La structure des griffes, parce qu’il s’agissait bien de griffes et non d’ongles, de ces fangeux l’avait profondément intrigué un temps. Pouvaient-ils transmettre le mal ? L’inoculer ? Et si l’une de ces bestioles s’avisait de lécher ces serres, cela les rendaient-elles nocives ? Aucun cas ne lui avait été pourtant rapporté de transformation après une griffure. Tant de question en suspens.  Inutile d’effrayer la brave milicienne avec ces interrogations.

Il se levait de sa chaise, lui indiquant d’un signe de se rapprocher pour examiner la cicatrice qui fendillait sa pommette.

-Hmm…

C’est bien ce qui lui semblait, la cicatrice semble en cours de résorption,


-Il ne devait pas y avoir de souci pour celle-ci. La plaie as bien été traitée.


Concernant l’examen de l’autre blessure et de la bonne évolution de la cicatrisation, Lothaire préférait faire au plus vite pour ne point la gêner, lui laissant la possibilité de faire appel à une chaperonne parmi les domestiques de la maisonnée. Les observations menées et le ressenti de la jeune femme sur son état devrait lui suffire pour cerner le traitement approprié.

Une fois l’affaire accomplie, Lothaire se retourna, si tôt qu’elle s’était rhabillé. Il lui adressa alors une autre question :

-Et sinon, si vous me permettez cette question plus personnelle, vous vous sentez comment ces derniers temps ? Je veux dire, en plus de l’examen de votre corps, je suppose que tous ces évènements traumatisants ont laissé des traces ? Je ne suis pas prêtre, et il est vrai qu’au final, je vous connais si peu, mais si vous avez besoin de parler, n’hésiter pas.
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