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 Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]

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Odomer SigerSoldat
Odomer Siger



Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] Empty
MessageSujet: Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]   Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] EmptyJeu 3 Déc 2015 - 17:54
Faut bien reconnaître, les derniers temps avait pas été tendre avec moi. Entre les problèmes de partage, les fangeux, un bûcheron nommé Jojo, un sergent de mauvais poil, un recrutement qui avait tourné a la baston de rue... Clairement, j'avais pas vu mon content de culs rebondis, de décolletés plantureux et de sourires faciles, sans même parler d'une bonne bière a la mousse aussi épaisse que dure a mâcher. Au résultat des courses, j'm'étais fait un petit plaisir, en lâchant l'infusion ail et bruyère pour un soir avant de me pomponner (j'avais pris les fringues d'un bleu en lui « demandant » la permission coin) pour aller m'enquiller une petite rasade en ville. Et comme j'avais l'esprit aventureux, j'étais parti en direction des Six Roses, histoire de profiter des charmes que l'endroit offrait aux gens de « bonne composition ». J'étais sur d'au moins trouver du spectacle pour les yeux, de la bibine assez louche pour torcher un âne, on avais fait le test un jour et assez de joueurs divers pour me ratiboiser ma prime du Tancred. Une bonne soirée en perspective quoi. Et histoire d’être discret, j'avais même éviter les collègues sur la route, histoire de se pointer sans faire de vagues.

Faut dire que ca détonnait de l'attirail habituel. Le bleu avait de sacrés vêtements, du tailleur, avec une belle chemise écrue, un pantalon qui moulait juste ce qu'il fallait, même si j'avais un chouia les couilles écrasées et un feutre avec, tenez vous bien, une putain de plume dans le rebord. Et sans la salade, la hallebarde ou même ma fidèle matraque, j'dois bien avouer, je me sentais plus le même homme. Bon, j'avais quand un bon surin a la ceinture au cas ou, et puis mes poings, instruments rendus efficaces par les années, mais clairement, ca sortais du cadre du milicien Siger.

J'm'étais donc pointé tout guilleret chez les Roses, poussant la porte en saluant les habitués, qui en avait hausser le sourcil. Dieux du ciel, d’où qu'y sortait celui-la pour être attifé comme ça? J'pouvais presque lire leurs pensées, me tirant un gros rire avant d'aller m'installer au comptoir, en posant mon cul sur le premier tabouret libre. Forcement qu'il était occupé, mais enlever le chapeau et regarder droit dans la trogne le précédent occupant avait suffit a faire tourner talons au gentil, avec a peu près autant d'efficacité qu'une mandale dans la gueule, mais avec moins de dents sur le parquet. La classe quoi, rien qu'a force de fréquenter ce rade.

« Hey, une grosse chope et un p'tit quelque chose ici, y'en a qu'on faim la maquerelle !  Du chaud et d'la viande, en quantité hein, y'a les trèfles pour !»

Dans le brouhaha du lieu, fallait sacrement hausser le ton pour se faire entendre, mais c'est pas comme si j'avais pas l'habitude de hurler, la voix portante par dessus la foule. Dieux qu'il faisait bon d'être la, enfin a ma place, dans un bouge de seconde zone aux roses agréables a regarder parmi un rassis de population a faire peur aux bonne gens. Ici au moins, personne viendrait me les briser.

J'avais tranquillement zyeuter la salle en attendant qu'on s'occupe de ma commande, repérant du coin de l’œil les parieurs, tout a fait d'humeur a aller truquer un peu le destin, mais attention, avec classe et finesse. Au pire, j'avais des arguments pour ceux qui contesteraient. Limite si j'avais pas tiré sur le col de la chemise pour la remettre en place, finalement plutôt a l'aise dans un accoutrement pareil. Avoir du blé devait quand même etre foutrement agréable.
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]   Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] EmptyVen 4 Déc 2015 - 10:19
La vie d'Hector prenait un nouveau tournant. Il avait mené quelques batailles contre les fangeux. Il les avait étudié ; de près. Il avait donc des idées pour refaire vivre Sombrebois : comment renforcer les protections de son bourg, comment refaire vivre la cité des bois... Seulement il lui manquait quelque chose que ses mains étaient bien incapable de faire : il lui fallait des hommes et des femmes prêts à repartir dans une petite ville forestière, prêts à lui faire confiance pour assurer leur sécurité et surtout, prêts à retourner couper des arbres en forêt... Et cela ne s'annonçait pas évident !

A coté de ça, Hector s'était marié. C'était un mariage assez peu conventionnel dans le sens où il éprouvait des sentiments fort pour sa femme et où il l'avait épousée pour la libérer du joug familial plus que pour profiter réellement d'une alliance nobiliaire. Et Grâce, sa belle épouse, était pour le moins sceptique quant à ce projet de faire revivre Sombrebois et, surtout, d'y habiter !

Néanmoins, Hector avait décidé en ce froid soir d'automne, de se grimer en gueux, de se rendre dans les quartiers populaires, et d'y chercher des gens prêts à aller repeupler Sombrebois. Il avait prit une petite hachette, juste au cas où - il parait qu'on n'y était pas en sécurité dans ces quartiers pauvres. Et malheureusement, comme il s'y attendait un peu, il se rendit vite compte que si l’appât du gain faisait briller les yeux des pauvres gens, la perspective de côtoyer les fangeux les refroidissait aussitôt. Il tentait bien de les rassurer en leur disant qu'il ne sortait que la nuit, que Sombrebois se doterait d'une milice de qualité, qu'on leur offrirait des armes pour se protéger, la plupart finissait par répondre négativement.

C'est donc d'un pas las, dans une longue cape de toile marron passablement défraichi qu'Hector pénétra dans ce qui serait pour lui - vu l'heure tardive et sa fatigue grandissante - le dernier troquet qu'il visiterait. Les Six-Roses, joli nom, n'est-ce pas ? Surtout pour qui a tendance à boire plus que de raison... Mais Hector y voyait, en fait, une dernière raison d'être optimiste, lui qui avait rencontré sa femme près d'un rosier.

Il y avait dans ce bar deux bonnes et deux mauvaises nouvelles :

Pour les bonnes :
- Il y avait du monde, du teigneux, du bagarreur, du pauvre, du sale, de tout ce qu'il fallait pour repeupler une ville de bûcherons laborieux.
- La serveuse avait un minois qui flattait l’œil de la plus belle des façons.

Pour les mauvaises :
- Il n'y avait, au bar, aucun tabouret de libre.
- Un pécore entra à la suite d'Hector et le bouscula sans s'excuser en meuglant deux trois insanités...

Hector était déjà passablement énervé par ses échecs précédents et, en conséquence, sans bonjour ni merci, il poussa du bras l'homme qui tentait de le doubler dans la course au bar... et comme ce dernier ne tenait déjà pas très bien sur ces pattes, autant vous dire que le geste fort du baron l'envoya paître le parquet miteux avec ses chicots tout noir.

Le bouge devint relativement silencieux d'un coup. Un homme, au bar, semblait reconnaitre l'homme au sol et se leva pour l'aider à se relever tout en regardant Hector d'un air mauvais. Le baron le toisa de toute sa hauteur et décala légèrement un pan de sa cape pour lui faire admirer la brillance de la lame de sa hachette et le type du bar porta son copain vers la sortie.

Hector replaça sa cape devant lui et alla s'asseoir sur le tabouret laissé libre, et, d'une voix grave et basse, commanda "une grande mousse, ma jolie !" comme il l'avait entendu dire dans une taverne précédente. Suite à ça, il tourna sa tête à droite et à gauche comme pour saluer ses deux voisins de bar et se justifia avec un accent assez peu crédible :

- Sans déconner, c'était un vrai bougre çuilà !

Bizarrement, l'homme à sa gauche était très bien habillé et sa tête disait quelque chose à Hector. En attendant sa bière, il tenta de se remémorer où, quand et à quelle occasion leurs chemins avaient bien pu se croiser...

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Circée "Mille-doigts"Sorcière
Circée



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MessageSujet: Re: Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]   Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] EmptyDim 6 Déc 2015 - 16:33
    Ce soir là ne sortait pas de l'ordinaire : la taverne était bondée, Faustine faisait de la merde, Pat était beurré, Clovis roupillait, Marie travaillait chez ses nobles, Bertille surveillait le ragoût, Margot slalomait sous les tables pour tenter de faire les poches aux clients les plus saouls et Circée était débordée. Le bordel ambiant émanait d'une sorte de frénésie bonne enfant où il était facile d'oublier les dangers de l'extérieur. L'alcool et la musique aidant, les clients du soir chahutaient gaiement tant aux tables de jeu qu'au coin du feu. Les plus désoeuvrés se retrouvaient au bar, et c'était eux qui braillaient le plus fort.

    La taverne des Six Roses était une batisse de taille plus que respectable. Ancienne grange, elle avait été réaménagée il y avait des décennies mais le volume général avait été conservé. De fait la pièce dans laquelle évoluaient les clients était conséquente, très haute de plafond avec une longue mezzanine à balcon qui courrait le long de la façade. D'épaisses poutres en bois poli par le temps et le contact incertain des lurons avinés tranchaient l'espace de façon plus ou moins verticale et là haut pendaient d'imposants lustres de chandelles. Au centre de tout ceci se trouvait un foyer de pierre assez large pour qu'on y entre une demie douzaine d'enfants de choeur - non que quelqu'un ait déjà essayé - près duquel les places étaient chères, surtout l'hiver.
    Le bar était un long comptoir sombre qui faisait l'angle, à l'opposé de la porte d'entrée. Ainsi Circée avait l'oeil sur tout lorsqu'elle rinçait les godets. A l'étage du dessus, c'était les appartements qu'elle partageait avec ses enfants. Ils étaient accessibles par un étroit escaliers qui disparaissait dans les obscurités de la charpente. Il y avait également là haut quelques chambres rustiques disponibles pour qui cherchait un logement provisoire - moyennant finances.
    Mais tout ceci avait déjà été dit ailleurs et vous le saviez, bien entendu.

    C'est alors qu'entra un grand monsieur propre sur lui, tout de belles fripes vêtu, mais dont la démarche trahissait la nature roublarde. Circée cligna des yeux plusieurs fois avant de reconnaître la gueule cassée d'Odomer, un soldat de la milice qui avait déjà baroudé aux Six Roses plusieurs fois. Il gueulait beaucoup et ses poings étaient légendaires. La tavernière l'accueillit d'un éclat de rire moqueur.

    - Eh beh Siger, on t'avait pas reconnu. Si c'est pour les dames que t'as fait l'effort, on va pas s'en plaindre ! Pour une fois que tu ressembles à autre chose qu'un traîne misère qu'a piqué une maille sur le cadavre d'un pourri ! Ah !


    Elle essuya d'un revers de torchon le coin de comptoir sur lequel il venait de s'installer et lui servit une chope de bière.

    - Voilà pour ta mousseuse, la bectance c'est pas encore prêt, j'ai la ptiote qui s'y travaille. Et la prochaine fois que tu me traites de mère à putes, je fais tomber tes dents ! Ma taverne c'est pas un bordel, combien de foutues fois faudra le dire ?

    - C'est MA taverne Mille-Doigts !
    - J'vois pas trop ton gros cul s'agiter derrière le bar Pat, alors tu la fermes ou tu viens me filer un coup de main !

    Un grognement indistinct fit lieu de réponse et Circée put retourner à ses services dans un soupir résigné.

    Un autre gus, inconnu celui-ci, venait de s'installer à coté d'Odomer. Circée fronça les sourcils : elle connaissait au moins de vue la plupart de ses clients. C'était souvent des voisins, des amis, des commerçants, des gens du quartier... S'agissait-il d'un réfugié ? Pourquoi pas après tout. Les temps étaient ce qu'ils étaient, et elle n'avait pas vraiment le loisir de fouiller plus avant dans ces questionnements.

    Il commanda une bière lui aussi, et l'obtint tout aussi vite que son voisin.

    - Vois Siger, c'est comme ça qu'on me cause si on veut pas me froisser.

    L'accent du type était tout de même étrange. Et puis il fleurait vaguement la rose, ce qui était tout du moins étonnant dans le coin, même dans un établissement qui prétendait en compter Six.

    - Curieux, c'est la première fois que je vois vot' museau, msieur. Vous venez d'où comme ça ? Des malelandes ? Des faubourgs peut être ? Et pis c'est quoi ce parfum, vous vous êtes perdu dans la chandellerie de la rue Draquin avant d'venir ?
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Odomer SigerSoldat
Odomer Siger



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MessageSujet: Re: Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]   Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] EmptyDim 6 Déc 2015 - 18:37
« Même temps, t'es pas une dame, t'es tenancière avec atouts la vieille. J'peux pas décemment t'traiter comme une de la haute hein. En plus, j'suis tiré a quat'epingles parce que j'l'veux, j'vais pas m'veturer pour toi voyons.» J'avais laissé traîner un petit sourire goguenard a l'intention de la tenancière en question, la gouaille rigoureusement abreuvée d'une bonne gorgée de mousseuse avant de reprendre, en dévisageant l'voisin a la hachette. Une belle hachette d'ailleurs d'ce qu'j'avais pu entrapercevoir de son manège avec l'autre ahuri pressé. « Et puis l’écoutez pas hein, elle fait sa mégère, mais c'est une fleur quand on la traite comme la mère a pute qu'elle figure dans l'quartier. »

Bon, le ton était quand même forcé sur la plaisanterie, pour pas me manger une mandale dans la gueule, le spécimen en aurait été capable, voir même de e manger une chope ou une poêle, fallait y faire gaffe. Par contre, c'est qu'elle avait raison sur un point la maquerelle. L'voisin a l'accent chatoyant avait sérieusement pas l'air du coin et c'est qu'il embaumait un peu comme les vêtements que j'avais piqué a la recrue a la base, fin, avant d'sortir d'la caserne quoi. J'avais donc flairé largement le gaillard dans le genre imposant, les narines grandes ouvertes, presque avec l'air du chien d'chasse.

« Mais c'est qu'elle a du nez la grognasse dit donc. Il sent presque le gentilhomme notre maquignon, m'enfin, sous l'odeur d'ta tambouille d'empoisonneuse, faut préciser. En parlant d'tambouille, y'a quoi au menu, parce qu'j'te préviens, la soupe au lard, a la caserne, y'a qu'ca.  Et j'ai la graille.»

Mine de rien, j'prenais l'temps d'détailler du coin d'l'œil l'incongru voisin, surtout les mains de fait. Quand on combat régulièrement, on apprend vite que les mains parlent sacrement sur les activités d'un quidam. Et les siennes m'laissaient perplexe. Y'avais les bons cals qui allaient bien pour manier une bonne grosse hampe, mais j'sais pas, un truc qui collait pas. L'absence de salissures persistantes p'tete. Pas que ca changeait un truc a mon goût, j'm'en tamponnais un peu d'savoir qui qu'étais mon voisin au fond, j'étais la pour m'biturer comme un grand, et si possible plumer du pécore.... Quoi que l'énergumène pouvait surement faire une bonne p'tite mise en chauffe, j'sortais donc des poches mon jet d'dés truqués favori, récupéré par un « ami » marin... Ah, c'était l'bon temps a c'te époque. J'avais donc penché la tête façon comploteur vers l'voisin en faisant scintiller les dés dans la paume, le ton complice autant qu'provocateur.

« M'enfin, d’où qu'y vient l'gaillard, y's'rait pas partant pour une bonne partie d'dés non ? J'ai besoin d'm'chauffer avant d'aller ratiboiser les pécores locaux. Z'inquietez pas, j'vous laisserais au moins l'calecon, sinon la tenancière va vouloir vous foutre dans son pieu. »

Pour accompagner la tirade, parce que parler beaucoup donne soif, j'm'étais enquillé une longue rasade de bière, lâchant un rôt discret de contentement. Classe et finesse, mes prénoms supplémentaires.
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée]   Le Thon, la Pute et leur Maman. [Nom par Circée] EmptyLun 7 Déc 2015 - 11:06
La conversation était agréable à suivre pour Hector. Les deux protagonistes (l'homme qu'il avait déjà rencontré quelque part et la tenancière) s'étaient lancés dans une joute verbale dont le baron ne comprenait pas tous les détails mais dont il appréciait l'esprit général. Dans la populace le ton était bien plus amical et détendu que dans la noblesse. Il n'y avait bien qu'avec son ami Louis qu'Hector pouvait se permettre de telle plaisanterie et, bien sûr, avec des mots moins crus ! Ce qui embêtait Hector, c'est qu'il pouvait difficilement prendre part à cette conversation malgré le fait qu'il y était invité par des questions fort amusantes. Il n'avait que 3 options :

- Il pouvait jouer le type renfrogné, déprimé, taciturne, se contentant du minimum de conversation... mais cela ne lui plaisait guère.
- Il pouvait parler "naturellement" mais cela risquait de le mettre dans une posture légèrement dangereuse dans ce quartier où tout ce qui avait de l'argent était vu comme une cible potentielle.
- Il pouvait tenter d'appliquer le cours accéléré de dialectique populaire - qu'il avait pu apprendre tout au long de la journée - et s'amuser avec ces deux larrons !

Bien sûr, c'est cette troisième option qu'il décida de mettre en œuvre. Il comptait, en outre, sur la fraternité qu'il pouvait espérer de la part de... Siger - Oui c'était bien lui, Siger, l'un des survivants de la battue de Traquemont - pour ne pas crier haut et fort qu'Hector était noble, riche, baron, tout ce que vous voulez...

N'empêche, sa première prise de parole s'était soldé sur une belle victoire :

- Vois Siger, c'est comme ça qu'on me cause si on veut pas me froisser.

Hector sourit à la patronne et l'écouta continuer sur un ton légèrement plus curieux...

- Curieux, c'est la première fois que je vois vot' museau, msieur. Vous venez d'où comme ça ? Des malelandes ? Des faubourgs peut être ? Et pis c'est quoi ce parfum, vous vous êtes perdu dans la chandellerie de la rue Draquin avant d'venir ?

Réfléchissant à ce qu'il allait répondre tout autant que comment il allait le formuler, il se fit doubler par le milicien :

- Mais c'est qu'elle a du nez la grognasse dit donc. Il sent presque le gentilhomme notre maquignon, m'enfin, sous l'odeur d'ta tambouille d'empoisonneuse, faut préciser. En parlant d'tambouille, y'a quoi au menu, parce qu'j'te préviens, la soupe au lard, a la caserne, y'a qu'ca. Et j'ai la graille.
- J'viens d'la rue du Poissy, en r'montant vers la rue des Hytres. Et euh...

Oui la rue du Poissy, il y était bien passé pour venir ici... Aucun mensonge jusque là ! Et puis c'était une ruelle bien sombre et ... poisseuse qui ne ferait sûrement pas tâche, par ici !

- Et pour l'odeur, j'sais qu'ça cocotte un peu mais... j'teste toujours la marchandise avant d'la r'fourguer à mes pigeons... Et là, j'suis tombé sur une p'tite cargaison d'savons tombé d'la charette qu'allait vers l'château... Ben ma femme elle adore ça ! M'a même dit "Hector, tu sens l'baron ! J'espère qu't'as l'oseille qui va avec !"

Et il partit dans un rire tonitruant qui pour le coup était sincère... bien qu'il s'amusait plus de son propre parlé que de l'avis de sa femme sur les essences qu'il utilisait pour son hygiène corporelle...

Il but alors une gorgée de bière pour se remettre de ses émotions. Et ce fût un succès : le goût de cette boisson - si tant est qu'on puisse appeler ça un boisson - le fit rapidement descendre de son petit nuage. En effet, le liquide tenait bien plus de la pisse d'âne que de la boisson de maître Brenon (le meilleur brasseur de la région de Sombrebois). Le baron porta sa main à sa bouche pour empêcher la boisson de ressortir aussi vite qu'elle était rentrée. La nausée n'était vraiment pas loin.

Quelle horreur ! Pensa-t-il.

- M'enfin, d’où qu'y vient l'gaillard, y's'rait pas partant pour une bonne partie d'dés non ? J'ai besoin d'm'chauffer avant d'aller ratiboiser les pécores locaux. Z'inquietez pas, j'vous laisserais au moins l'calecon, sinon la tenancière va vouloir vous foutre dans son pieu.
- Pourquoi pas M'sieur Siger, en souvenir de Traquemont, ça peut-être amusant - Hector fit un clin d'oeil au soldat qui avait survécu sur le champ de bataille avec lui et quelques autres - C'ui qui perd paye sa tournée !

Hector se fichait bien de payer sa tournée. Ce qui le dérangeait plus, c'était de devoir la consommer ! Aussi, s'adressant à la patronne il ajouta.

- Mais pas une tournée d'bière, hein ! Z'auriez pas un truc un peu plus... hum... costaud ? C'pas qu'on n'aime pas la bière mais... Nous, après la castagne, on aime bien s'nettoyer l'gosier !

*

La patronne alla chercher une bouteille dont le liquide transparent avait une teinte verdâtre.
- C'est quoi ça ? de l'eau des marais ? Fit le baron, rendu confiant par les premières réactions de ses interlocuteurs.

Mais lorsqu'il goûta son petit verre, il perdit instantanément toute sa confiance !

Bons Dieux ! Quelle infamie !

C'était la chose la plus forte, la plus mauvaise, la plus imbuvable qu'il n'avait jamais bu. Il toussa un bon coup, se racla la gorge et parvint à articuler :

- Ah oui... quand même... c'est... fort !

Il avait comme des petits trous d'air dans la voix ! A chaque fois qu'il inspirait, l'alcool semblait se glacer à nouveau dans son gosier, l'obligeant à couper sa respiration pour retrouver un semblant de contenance. La bière était un bien moindre mal dans cette taverne ! C'était à se demander si la patronne n'était-elle pas une sorcière déguisée en affriolante serveuse pour tromper ses victimes ! C'était en tout cas l'idée qu'avait en tête le baron. Mais en tête il sentait également monter une "bonne" migraine !

Et lorsque les dés arrivèrent, Hector était déjà dans un tel état de fatigue, d'ivresse et de douleur qu'il ne put ni accepter ni refuser de jouer.

Le lendemain, le mal de tête était toujours là. Le baron ne savait plus comment il était rentré jusque chez lui... ni comment sa bourse s'était vidée ! Avait-il perdu aux dés ? S'était-il fait dérober son argent par un habile voleur ? Avait-il payé d'autres tournées ? Toutes ces hypothèses étaient plausibles et pas forcément exclusives. Son pourpoint, en outre, était paré d'un indice non négligeable sur sa fin de soirée : Une impressionnante tâche verdâtre qui partait de sous l'encolure, qui finissait au niveau du nombril et qui sentait affreusement mauvais ! Il espérait bien que Grâce ne l'avait point vu... mais à en croire l'humeur de cette dernière le lendemain après-midi - lorsque Hector sortit enfin de son profond sommeil - quelque chose devait lui avoir déplu !
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