Description du cimetière

Les cimetières de Marbrume ont toujours été des lieux de repos pour les morts et des lieux de recueillement pour les vivants qui les ont vus partir. Parfois entourés d'une haute grille en fer forgé, d'autrefois simplement séparés du reste des habitations par un petit muret, ils s'étendent dans une foule de pierres tombales d'où jaillissent çà et là quelques sépultures en marbre, témoin d'un défunt à l'opulente vie. Enterrés dans des caveaux glaciaux, des bijoux, des armes d'apparat ou de fonction, et même, paraît-il, dans le quartier noble, que l'on eût enterré certains morts avec une partie de leur trésorerie comprenant couronnes en or et argent et joyaux en tout genre.

Là encore, même dans des lieux autrefois aussi paisibles et de si peu d'importance pour les familles complètes, l'apparition des Fangeux et le tumulte qu'ils ont causé, ainsi que les vagues de famine et de crainte, l'anarchie s'est déversée sur plusieurs stèles. Les tombes ont été pillés, les mausolées violés, et certains catafalques que sont plus que devenus des cénotaphes, tombeaux dépouillés de tout corps. La sécurité autour des monuments ayant été relevée, détournée vers les murailles ou les grandes artères de Marbrume, bien plus vulnérables, les pilleurs de tombes se sont multipliés, s’efforçant de trouver bijoux, ornements, et pierres précieuses.

Dans leur entretien, les choses ont également changé. Les bûchés et la crémation ont pris le pas sur l'enfouissement des corps depuis que l'on s'est rendu compte que, des morts, naissent des Fangeux, et que le calvaire ne se termine ainsi jamais. Les cimetières laissent encore apparaître certaines traces de ces tombes non pas ouvertes de l'extérieur, mais bien de l'intérieur, et la terre a été retournée avec folie, par le biais de longs ongles encrassés.
Désormais, ce n'est plus vers la terre que l'on se tourne, mais bien vers le feu purificateur.