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 Chasse au trésor | pv. Bucéphale

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Faustine MontenoirPrêtresse de Serus
Faustine Montenoir



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MessageSujet: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyDim 9 Fév 2020 - 18:36


Les doigts de Faustine tapotent le bois massif de la table avec nervosité. Vagues régulières d’aiguilles blanches, seule partie mouvante de la carcasse installée à une table. Il paraît que les habitués de la « Hure au Miel », comme on nomme ce pied-à-terre à l’entrée de Marbrume, ont le verbe haut, le rire facile. Qu’ils ne manquent jamais une bonne boutade ou un quolibet valorisant leurs atours virils. Pourtant, quand la prêtresse est entrée, femme tige à la chevelure de cendre, il y a eu comme une retombée. Un silence dévot a pris de cours leur bravacherie. Et la femme aux yeux clairs s’est avancée, flottant dans sa large robe noire, louvoyant au milieu des plastrons, des cottes de mailles et des bénards. Elle a senti leurs regards. Elle a perçu les racontars planqués dans leur gosier. Pour eux, elle est la veuve noire, l’étrange prêtresse au visage étique découvert par ses mèches de jais rassemblées en nattes derrière son crâne. Elle a compris que peu de clercs et peu de femmes pénètrent dans ce repaire qui sent la sueur, la guerre et le mâle. Mais peu lui chaut cette appréhension mêlée de déférence. Alors Faustine s’est assise à une table, seule. Elle a demandé un petit verre de vin. Béni les quelques miliciens qui ont quémandé la clémence de Rikni. Et elle a attendu.

La prêtresse tire sur le tissu de ses manches. Fixe un point au dehors, pensive. Derrière cette brume, au creux des falaises, reposent les restes du Firmament et ce que les réfugiés ont laissé. Les corps des noyés ont été enlevés, les débris nettoyés : mais il resterait, semble-t-il, des lambeaux de la richesse d’Hendoire. Des fantômes, peut-être, qui attendent d’être rendus à la mer. Les chaînes rouillées de leurs esclaves – elle en frémit. Le culte d’un dieu sans nom. Des histoires qui ne seront jamais racontées que par bribes obscurcies par le traumatisme. Des centaines de voix emportées par le grain. Des reliquats de souvenirs bloqués dans du bois pourri.

Le clergé lui a demandé d’accompagner une escouade de miliciens chargée de récupérer les restes. Cupidité ? Volonté du Roi de rendre aux réfugiés leur dignité ? Elle ne saurait dire. Son inquiétude se porte plutôt sur l’olibrius qui mènera l’équipe. Sa hiérarchie l’a prévenue : Riparia est un oiseau de malheur, un provocateur. L’on dit qu’il aurait uriné dans les bottes de son supérieur par forfanterie. Un enfant terrible traînant au moins trois décades dans ses bottes d’ancien soldat. Elle souffle du nez. Voilà une drôle d’idée que de l’envoyer, elle, pour renvoyer ce malotru sur le droit chemin en lui faisant visiter une épave. Il n’appréciera sans doute pas ses méthodes… Après tout, la guérisseuse le considère comme une perte de temps. Des heures volées à ses travaux habituels, ceux-là mêmes qui ont creusé des cernes violacés sous ses yeux. Il subira les conséquences de ses actions, et celles de la fatigue de son chaperon. Un maigre sourire lui tord les lèvres, tandis qu’elle perçoit une silhouette masculine à l’entrée de l’auberge.
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Bucéphale RipariaMilicien
Bucéphale Riparia



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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyJeu 13 Fév 2020 - 22:27
Il régnait ces derniers temps une sale ambiance au casernement. L'invasion des Joutes était encore fraîche, l'on avait point encore regroupé les compagnies, et le souvenir des morts était encore chaud. La coutilerie du Batailleur ne faisait pas exception. L'on avait perdu Gauthier. Personne ne l'avait vu tomber. Ils tenaient une rue qu'une masse de manants affolés avait remplie subitement, alors que de toutes parts l'on criait à la mort. La Fange avait suivi de près cette cohue, dont beaucoup gisaient blessés ou morts, écrasés par leurs semblables. Rien qu'une escarmouche, quelques bêtes maudites vinrent proprement s'éventrer sur le mur de fer que les sergents avaient parvenu à dresser dans le chaos. L'on retrouva Gauthier contre une façade, avec à la cuisse une profonde estafilade aux contours irréguliers. Il beuglait qu'il s'était ouvert sur une palissade pourrie, mais la peur poisseuse qu'il lut dans les yeux de ses frères d'armes le fit taire. Ils ne le défendraient pas. Quelques jours plus tard, il fut banni des murs, jeté avec tant de ses semblables dans un charroi pour le Labret. Il avait beaucoup crié, supplié, pleuré. Il était encore jeune, ses nerfs n'ont pas tenu. Mais personne de sa coutilerie ne bougea quand on vint le chercher pour le condamner à l'exil. L'on avait perdu Gauthier.


Il faut bien dire qu'ils ne le connaissaient pour ainsi dire pas, un conscrit parmi tant d'autres, il ne s'était guère mélangé aux gens de guerre patibulaires qui faisaient la grande part de la maisnie du Batailleur. C'est pour cela que lorsque la demi-coutilerie mandée pour l'occasion se présenta à la porte de la Hure au Miel, ils n'étaient que quatre.

Le premier à entrer fut Brunon, le plus jeune de la troupe. Il avait passé la vingtaine, mais de peu, et son menton s'ornait encore à peine d'un chaume frisé. Derrière lui venait Benoît dit La Lanterne, un corniaud efflanqué, l'air revêche. Ensuite venait Jacquemin, un grand type nonchalant dont la courte barbe recouvrait une mâchoire carrée et solide. Et enfin venait celui qui dirigeait la troupe, et responsable d'une partie de la morosité au cantonnement. Ces derniers temps, le double-solde Riparia était de bien trop bonne humeur. D'ordinaire renfrogné et colérique, il était à présent facétieux et mesquin, et cherchait sans cesse l'empoignade. Le sergent André l'avait condamné à une douzaine au cachot, pour avoir compissé ses bottes, ce qui n'était que justice. Mais depuis cette mission à Usson, le coutilier Sigebert était étrangement bien trop aimable avec lui, et cela alimentait la suffisance de Riparia, qui imitait à son tour les manières insidieuses et perfides de son officier. Et de fait, cette présente assignation ne faisait que confirmer la tendance, ce qui provoquait chez Benoît-la-Lanterne, qui lui vouait une haine farouche, de véritables crises de foie.


Quand il apparut, le pinardier crut bon de lever une main avenante, qui s'abaissa rapidement. Bucéphale arborait une mine peu amène, et son visage paraissait figé dans une grimace renfrognée. Il portait sa pique de ville au bout du bras, une large gibecière à la hanche, et allait tête nue. Il ne portait, en sus de ses braies et sa chemise, qu'une demi-armure et des spallières, et un fauchon à la hanche. D'un regard, il aperçu dans la salle crasseuse ce qu'il y cherchait, et y marcha tout droit. S'arrêtant devant la table occupée par la silhouette drapée de la prêtresse. Sa première impression fut de se trouver en présence d'un grand insecte blanchâtre avec de longues nattes d'un noir profond, ma foi fort belles. Il ne laissa rien paraître et la salua d'une sèche inclinaison du buste, avant de s'exprimer :


"Salut à vous, dame prêtresse. Je suis le milicien Riparia, c'est un honneur de vous assister dans votre office sacrée."


"Même que t'as enfilé des braies propres"
, glissa perfidement Brunon en faisant ricaner sa gueule d'ange. Son sourire impertinent s'évanouit lorsqu'il reçut de pleine volée une gifle cinglante assenée par l'intéressé, qui lui lança un regard méprisant avant d'articuler : "Tu sais c'est quoi ton problème Brunon ? Tu prends trop exemple sur La Lanterne." Une grimace hostile fit taire le susnommé qui s'apprêtait à répliquer, puis Bucéphale se retourna lentement vers la donzelle et reprit respectueusement : "Il faut partir sans tarder, la marée ne nous laissera que quelques heures. Nous serons à la plage au début du jusant."


Là-dessus, il l'invita d'un geste aimable à se lever pour entamer la marche, tandis que les trois autres se rassemblaient près de la porte. Jacquemin paisible, comme à son habitude, Benoît blême d'une jalousie rentrée, et Brunon massant sa joue, le visage rouge d'une cuisante colère, blessé dans son orgueil d'avoir été giflé comme un enfant devant une femme.
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Faustine MontenoirPrêtresse de Serus
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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyDim 8 Mar 2020 - 18:37
Elle observe sans bouger les membres de son escorte qui foulent l’un après l’autre le plancher poisseux de l’auberge. Un jeune, à peine adulte semble-t-il ; deux grands échalas, l’un dont les vêtements et la peau ne semblent envelopper que le squelette, l’autre aux épaules solides ; et enfin celui qui ferme la marche, un homme tout aussi grand, le visage rongé par une barbe taillée. Il est de coutume que celui qui mène l’escouade entre en dernier dans un bâtiment, comme un meneur de loups cavale en queue de la meute. C’est donc lui, le fameux Riparia, celui qui ne sait pas où se trouvent les latrines et la décence ? Elle l’aurait pensé moins soigné, plus malpropre. L’air bien moins malicieux qu’elle ne l’aurait imaginé, aussi. On dirait que sa punition a commencé avant même leur rencontre.

Faustine détaille la silhouette mâle qui s’avance vers elle. Sa tête bascule sur le côté, appuyée sur une main, tandis que ses yeux de rapace poursuivent leur courte observation. Elle hoche la tête quand il vient confirmer son intuition. Ses lèvres s’entrouvrent, mais la boutade de son camarade interrompt sa réponse. Hilarité tranchée par le soufflet de son supérieur. Elle hausse un sourcil. Une gifle pour si peu ? Il lui évoque moins une figure d’autorité qu’une petite frappe qui ne supporte pas qu’on lui érafle un peu l’ego. La prêtresse fait cependant comme il le demande, et se lève sans tarder, tel un phasme se dépliant sous sa robe. Elle passe autour de ses épaules une grande pelisse noire aux reflets grisonnants, ornée de broderies jaune en forme de cornes, et dont les plis se confondent avec l’ébène de ses cheveux tressés. Elle se glisse devant la troupe, prenant les devants.

« Si vous avez fini de rabrouer vos ouailles, allons-y. »


Elle franchit le seuil de la « Hure au Miel », saluant au passage l’aubergiste refroidi par toutes ces présences négatives. L’air du dehors vient rougir ses joues de sa froide enveloppe. La grisaille du ciel se fond presque avec les nuances brunes et verdâtres des rues. Marbrume, ville aux couleurs des marais. L’on devinerait presque les contours de la main décharnée d’un Fangeux dans la boue, s’extrayant du sol putréfié en se brisant les phalanges. Elle a connu ce genre d’impressions après chaque invasion. Des jours après. À raccommoder la santé mentale de ses ouailles sans obturer ses propres fêlures.

[…]

Ses bottes s’enfoncent dans le sable humide, laissant des empreintes boueuses à chaque pas. Elle frotte ses bras endoloris par la descente de la falaise. La plage est immaculée, désertée depuis bien longtemps, menacée par la Fange. Elle se rappelle à peine le temps où les jeunes gens y ont flâné. Faustine n’aime pas trop la mer. Le vacarme des vagues, le déferlement du vent, le goût du sel. Y penser lui rappelle ce lâche qu’elle a appelé grand frère, parti pour ne jamais s’en retourner. Elle n’y songe plus vraiment. Ne croit plus à son retour depuis longtemps. Ne reste que l’amertume de l’iode, celle-là même que l’on a passé sur ses lèvres le jour de son passage à l’âge adulte. La main en visière sur son front, elle essaie de repérer les débris du Firmament. Plisse les yeux.

« Je crois que nous y sommes. », fait-elle.

C’est la première fois que ses lèvres gercées s’ouvrent, depuis leur départ.
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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyLun 30 Mar 2020 - 1:06
Depuis l'abri relatif de son comptoir, le débitant de piquette avait suivi la scène avec inquiétude. C'est qu'il connaît bien celui qu'on surnomme Crâne-de-bois, un mauvais bougre que la vinasse pouvait rendre violent, et plus d'une fois il avait sablé à la pierre à briquer une table ou une cloison maculée de sang. Et depuis qu'il semble avoir les bonnes grâces de son officier, son arrogance ne connaît pas de bornes. Il n'est pas méchant Brunon, un peu insolent, mais c'est un brave bougre. Le contraire de son aîné, peu bavard mais mauvais en diable. Aussi, en voyant telle compagnie quitter son bouge avec une sainte femme à sa tête, avait-il au moins l'espoir qu'un drame serait évité, car en bon simple d'esprit revêche, le soldat Riparia ne s'inclinait que face au divin.


Une fois le piquet de garde salué et les hautes murailles sombres derrière eux, le trajet se déroula sous une ambiance exécrable. Fermant la marche, Brunon et Benoit complotaient d'une voix basse pleine de rancœur, Bucéphale faisant semblant de ne rien voir, Jacquemin flânant la truffe au vent, et la dame enveloppée dans sa pelisse et dans un silence obstiné. Lorsqu'ils quittèrent le chemin pour s'aventurer dans un sentier plein d'ornières, sur un geste de la main de Riparia, la troupe se resserra, le grand Jacquemin ouvrant la marche et tâtant les pierriers de la botte. La pente se fit fort raide tandis qu'ils dévalaient une sente tortueuse et dévorée par les ronces, là où la falaise n'était guère qu'une forte colline de pierre, avant de se dresser pour former le majestueux rempart naturel où se dressait la cité. Avec une étrange fierté dans le regard, Bucéphale s'arrêta un instant pour contempler ses hauts créneaux, tours et portes fortes. Cela lui prenait souvent, et son esprit planait par-dessus les toits, sur les traces de milliers de souvenirs, cherchant dans le repli des bannières les évocations de mille combats pour la plus grande gloire de sa Seigneurie. Même si ces derniers temps, son demi-sourire de fierté se muait en grimace, car la prétention de son Duc changé en roi frôlait le sacrilège. Sa Seigneurie aussi avait prêté serment, un serment qu'il avait été commode d'oublier, pour la conquête d'une dignité assez dénuée de sens. Mais cette amertume dura peu, ayant déjà ses propres soucis, le soldat Riparia reprit sa marche, juste derrière la silhouette toute en longueur de la prêtresse dont le balancement des nattes semblait l’obséder.


Un dernier saut depuis les rocs éboulés, et les voici sur le sable. Il n'était pas encore le mitan de la journée, l'air était froid et humide, le ciel menaçant. Ourlé de longs nuages gris, l'azur était plein du grondement menaçant des flots, fouettait les corps par paquets d'embruns, la mer était encore haute, le jusant venait de commencer. Le sable encore gorgé d'eau avale les bottes à mesure qu'ils progressent, et bientôt se dresse face à eux, au pied de la falaise, les épines déchiquetées des récifs. Bucéphale dressa son mufle couturé au vent et huma l'air comme un cochon truffier, avant d’acquiescer d'un grognement : ils étaient arrivés. Là-bas, au milieu des éperons rocheux, un tronçon de mat dépassait des eaux tourmentées. S'approchant autant que possible, la troupe déposa armes et bagages sur un talus herbeux abrité du vent, et se disposa à attendre. Débarrassé de sa pique et de sa demi-armure, en bras de chemise, Bucéphale s'avança déjà en reconnaissance au milieu du chaos de rocs, menaçant par une glissade malheureuse de se briser les reins, cherchant la meilleure approche jusqu'aux restes du désastre. Restés sur le sable, et profitant de son absence, Brunon laissa éclater sa mauvaise humeur, encouragé par La Lanterne, tous deux submergés par le ressentiment, et ne résistant pas à l'opportunité de cracher leur fiel en toute liberté. La présence de la dame ne les gênait pas, au contraire, Brunon cherchant à se racheter une virilité à ses yeux.


« S'il pouvait se fendre le crâne, ce serait encore trop doux pour ce maudit gargouilleux ! », pesta-t-il d'une voix forte.

« T'as bien raison, compaing. Et j'y donnerais volontiers un coup de pique pour parfaire l'ouvrage. » renchérit Benoit-la-Lanterne. « Un tel grippeminaud, que Rikni lui pourrisse le fondement ! »

Puis, s'adressant directement à la sainte femme, il poursuivit : « Faut pardonner le langage ma dame, mais le Brunon, il s'en prend dans la gueule toute la journée. Toujours brutal, jamais aimable. Il a cassé la jambe d'un manant qui lui avait marché sur la botte, le pauvret mendie son pain maintenant. Et vilain avec les femmes ! C'est à un mauvais homme que le coutilier nous a livré, ça oui. »


Brunon approuva bruyamment, ajoutant force anecdotes peu flatteuses. Jacquemin ne disait rien, absorbé dans sa contemplation du vol ardu des hirondelles de rivage. On sentait qu'il écoutait, mais n'avait rien à ajouter. Certains le taxaient de lâcheté, lui se considérait comme flegmatique.

Pendant ce temps, dans un équilibre précaire, ayant choisit de conserver ses bottes, l'intéressé parcourait les roches gluantes des pieds et des mains, vers le billot de bois dépassant des eaux verdâtres. Il n'était pas aux remparts quand le naufrage était advenu, la coutilerie du Batailleur étant bien au chaud, serrés contre l'âtre immense des cuisines de la caserne, les vieux soldats s'arrangeant toujours pour faire faire les pires tours de garde aux plus jeunes. Et malgré l'émoi provoqué par un tel événement, pas un n'est sorti se faire rincer le cuir par pur voyeurisme. Le lendemain en revanche, ils s'étaient arrogés une place de choix au soleil, pour contempler cet immense oiseau de bois et de toile aux ailes brisées, la coque crevée sur les brisants, que les restes de la tempête achevaient de disloquer.
L'empressement et le zèle du soldat Riparia, outre son obéissance aveugle aux ordres donnés, ne manquaient pas d'être intéressés. Un navire d'apparat, presque royal, ne pouvait que receler de fabuleuses richesses. Sachant compter, il avait calculé qu'une soixantaine de flots et jusants plus tard, les chances de faire main basse sur un quelconque objet de valeur restaient élevées.

Aussi, ayant finalement atteint ce qui n'était pour l'heure qu'une immense mare fouettée par les vagues ornée d'un semblant de mâture, il n'attendit pas d'avantage pour faire signe à ses hommes de le rejoindre. Il fallait établir une ligne de vie entre les rochers, apporter barres à mine, anspects et sacs de toile. Si ce qu'il avait entendu était exact, il s'attendait à dégager les nombreux corps des pauvres bougres enfermés à fond de cale comme des marchandises, car marchandises ils étaient, cela promettait d'être bien vilain ouvrage.
A ce sujet, il nota que si Jacquemin s'était aussitôt redressé pour saisir son paquetage, Brunon et Benoit-la-Lanterne traînaient ostensiblement les pieds. Il lui faudrait sévir encore, il ne pouvait laisser l'insolence impunie. Bucéphale ne se soucie guère d'être aimé, et tant qu'il sera craint, il sera obéit.
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Faustine MontenoirPrêtresse de Serus
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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyDim 31 Mai 2020 - 0:15
Elle fixe les restes du Firmament comme l’on mire avec appréhension les ossements d’une bête gigantesque, morte depuis des lustres, et pourtant semble-t-il prête à déchiqueter quiconque s’aventurerait dans sa carcasse. Ses bottes s’enfoncent dans la vase, laissant des empreintes profondes, sitôt effacées par les flots, plus petites et fines que celles de ses mâles compagnons. Et pourtant rien dans cette compagnie de rustres n’interloque la prêtresse. Seul le cadavre du bâtiment éventré capte son appréhension, son mât brisé éperonnant l’azur. Elle n’a jamais posé le pied sur le pont d’un navire, et bénir les rares expéditions encore menées ces jours-ci lui tisse une pelote d’amertume au creux de la gorge. Monter sur un bateau échoué lui évoque une certaine ironie. Qui sait si son écorce trempée ne se refermera pas sur eux dans un grondement ? Qui sait si ce désastre dormant n’abattra pas sur eux ses crocs morts ? Dans une expiration, la vestale aux cheveux noirs souffle au vent une prière à Anür, maîtresse des mers.

Ses bras se croisent pour ramener la lourde étoffe contre sa poitrine. Quelques mèches corbeau s’échappent de ses nattes solidement nouées, battant les récifs de son visage au rythme de la houle. Faustine se tourne vers la troupe qui se hâte de préparer le campement. Et en particulier ceux qui portent le moins en estime leur propre supérieur, ne manquant pas de profiter de l’absence du capitaine Riparia pour lui exposer leurs griefs. La prêtresse fronce le nez à l’évocation de la jambe cassée. Vraiment ? Comment un tel ruffian peut-il se retrouver à la tête d’une telle escouade ? C’est que sa hiérarchie doit être encore plus viciée. À commencer par son coutilier. Ce cuistre a cependant l’audace – ou la stupidité – d’aller seul en reconnaissance, il faut bien le reconnaître. Ennuyée, la prêtresse soutient le regard du dénommé Brunon :

« Faites attention où vous mettez les pieds, dans ce cas
, fait-elle. Et sachez que le capitaine Riparia ne fera rien sans mon assentiment. »

Du moins, elle l’espère… Et lorsque le signal du cador surgit, elle rassemble ses drapés souillés par la bouillasse. La voix grave de la prêtresse tente de couvrir le sifflement du vent, à l’attention des plus revêches :

« Allons, messieurs ! Les Trois nous ont chargé d’une mission de haute importance, et récompensent toujours l’enthousiasme. »

Lequel ne transparaît pas vraiment sur son faciès impénétrable. Pour illustrer ses mots, Faustine s’empare elle-même d’un sac en toile, le pliant avec soin pour le glisser sous son bras ; puis elle entoure elle-même un bout de la ligne de vie autour de ses hanches maigres, sous le regard stupéfait des hommes. Ils n’ont pour réponse que ses prunelles d’orage.

« Eh bien ? Pensiez-vous que j’allais rester plantée sur la plage, sans veiller à la bonne marche de notre entreprise ? Bien. »

Guidée par Jacquemin, la soigneuse longe le chemin de fortune, le pas moins sûr qu’elle ne l’aurait voulu, et manque de glisser plusieurs fois sur les algues répandues sur la roche. Elle se fige un instant devant les ramures de l’épave ; et s’approche, détaillant du regard le bois sculpté, qui bien que pourri, conserve quelquefois la trace des artisans du Nord. Un ouvrage qu’elle aurait peut-être apprécié autant que les statues des Trois, si elle avait pu le voir en entier. Son regard dévie pour se poser sur le chef de bande.

« Je vous laisse nous guider, capitaine Riparia. Allons-y. »
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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyMer 4 Nov 2020 - 0:25
Sur le sable humide de la grève, tandis qu'armes et parures de fer étaient abandonnées en tas austère, et que chacun se chargeait de barres métalliques et glènes de cordages, l'amertume des deux râleurs s'était mutuellement alimentée, et le visage de Brunon arborait la coloration rougeâtre de la constipation, tandis que La Lanterne jouait distraitement avec la gaine de sa dague. Non, décidément, Crâne-de-bois en avait trop fait, et si les Trois n'y pourvoyaient pas, il revenait aux hommes de se libérer de son joug cruel. Seulement, il y avait une sainte femme parmi eux, ce genre de projet se conçoit dans l'ombre et s'expie de la même manière, Benoît sentait confusément qu'attenter à la vie en sa présence pourrait passer, aux yeux des Trois, comme de la provocation. Aussi, embarrassé par son entendement limité, il demeurait indécis. Il s'était résolu à encaisser en silence, attendant un moment propice pour favoriser un destin qu'il espérait tragique, quand ses espoirs furent ruinés par le caractère résolu de la prêtresse, qui s'ajouta fermement à l'équipée. Tout interloqué qu'il était, il ne comprit que plus tard qu'il ne réussirait probablement pas à tuer Crâne-de-bois sans témoin aujourd'hui.

Brunon, pour sa part, avait la bouche stupidement ouverte, et il fixait cette corde tandis qu'elle enserrait cette taille maigre avec de grands yeux ronds, tandis qu'un rouge nouveau lui montait aux joues, donnant ainsi raison au double-solde Riparia quand il le traitait de petit merdeux. Subitement muet, il se contenta de suivre le mouvement, comme fasciné par ces hanches serrées dans ce méchant lien. Jacquemin lui jeta un regard entendu à la dérobée, que l'autre ne vit pas, et haussa les épaules avant de proposer son avant-bras à la sainte femme, qui partait vaillamment à l'assaut des roches gluantes. Le cheminement était pénible, la voie passant parfois par des rocs encore submergés, les embruns venaient par moments fouetter leurs visages et leur brouiller la vue. La progression était lente, Jacquemin devait fréquemment lâcher la prêtresse pour dérouler la glène qu'il portait et l'assujettir aux roches appropriées, afin d'assurer leur retour. Derrière, les deux autres suivaient en silence, chargés de barres et de pics, ayant pour l'heure oublié de se plaindre.


Bras croisés et adossé à un croc de roc démesuré, Bucéphale détaillait d'un regard brillant les tronçons de navire qui émergeaient petit à petit. Il faudra procéder avec méthode, et œuvrer vite. Il estima que ne devait subsister que le pont le plus inférieur, sous une masse considérable de débris, et encore en dessous le fond de cale, qu'ils devaient atteindre. Il ouvrait et fermait ses gros poings comme pour les réchauffer, mais en son esprit c'était la perspective de se saisir d'un bel objet de valeur qui motivait ce geste. Il en était à ces considérations égoïstes quand il se tourna vers la troupe finalement arrivée à son niveau, et constata avec effarement que la sainte femme était de la partie. Comme par instinct, sa surprise se mua en colère, et il poignarda d'un œil furieux Jacquemin, qui ne l'en avait pas empêché, puis l'intéressée, dont les yeux froids ne lui renvoyaient que du défi. Ses phalanges blanchirent, sa bouche se déforma en une grimace de rage qui lui dévoila quelques dents, et l'espace d'un instant, on aurait sincèrement pu le croire prêt à bourrer de coups ce visage fin et autoritaire. Les cheveux collés en mèches gluantes et humides, la chemise rendue flasque par les embruns, le regard luisant de haine, la sentence assenée par la prêtresse à son adresse acheva de lui donner le teint congestionné de l'enragé.
Pourtant, dans le fond, que lui importait ce geste d'audace, cette impertinence ?
C'est que comme beaucoup de rustres, sa vision du monde très simple et bien ordonnée supporte mal la nouveauté. N'ayant connu qu'hommes de guerre et ménagères, cette séparation des tâches lui apparaissait comme fort naturelle et bien commode, son faible entendement de l'univers ne venant que confirmer cette binarité. N'était-il pas particulièrement doué pour la violence, et totalement démuni face aux choses délicates de l'esprit ? Les femmes n'étaient-elles pas plus frêles, moins disposées à la bataille, et reines en leurs logis ? Si son privilège d'homme, celui de risquer la blessure et la mort, lui était retiré, que lui restait-il ? Son réflexe de colère n'était, en somme, qu'une réaction de défense puérile devant cette menace à sa vision limitée mais bien rangée de l'ordre des choses.
D'ailleurs, n'ayant rien de concret pour s'alimenter, sa colère retomba aussi vite qu'elle était venue, et il ne put que grommeler quelques mots inaudibles en détournant le regard, encore confus par la violence de ses propres sentiments. Car en définitive, surtout au sujet d'une sainte femme, il ne lui appartenait pas d'en juger.

Enfermé dans un silence buté, il indiqua par gestes où il voulait faire débuter la ligne qui devait les mener dans l'épave, avant de faire venir à lui Jacquemin, qu'il interrogea à voix basse. Ce dernier hocha la tête, et désigna l'une des extrémités de l'épave en expliquant : « L'proue est là. Chai pas si l'coqueron l'a t'nu l'coup, mais ch'rai toi j'commenç'rai là. Pis après t'as l'même chose en poupe, sous l'quartier des officiers. »


Bucéphale approuva mais ne poursuivit pas ses réflexions à voix haute, tandis que Brunon et Benoît haussaient un sourcil soupçonneux en découvrant les connaissances nautiques d'un Jacquemin qui ne l'avait bien sûr jamais mentionné avant. Et surtout, le fait que Bucéphale ne s'en étonne pas prouvait l'existence d'une connivence secrète entre eux, qui les mit immédiatement sur leurs gardes. Il devenait manifestement de plus en plus dangereux d'être l'ennemi déclaré du double-solde Riparia, et ils redoutaient de se retrouver isolés au sein de leur propre coutilerie. Crane-de-bois surprit d'ailleurs cet étonnement et adressa à la Lanterne une œillade sardonique, jouissant de leur surprise et leur inquiétude. Il saisit d'ailleurs l'occasion pour aboyer ses ordres avec une pointe de bonne humeur dans la voix qui acheva de faire s'étrangler de frustration ledit Benoît : « Allez les rosses, à l'ouvrage ! Jacquemin, tu me pose une ligne sur toute la longueur, et deux autres en travers des coquerons. Les comiques, au bain ! Z'en aurez que jusqu'à la ceinture, z'en avez de la chance. Dégagez-moi ce qui reste du grand panneau de cale, et mettez-y du cœur, chiabrena ! »


Après s'être délecté de leurs grimaces haineuses et en avoir ricané, son regard tourna vers la prêtresse mais il se trouva fort embarrassé et ne sut trop que lui dire, surtout après pensées si impies à son égard. De fait, il considéra plus respectueux et plus prudent de se contenter d'une banalité : « Bénissez notre entreprise, ma dame, que les Trois nous soutiennent. »

Et de fait, du soutien, il allait en falloir, Bucéphale connaissait suffisamment les cadavres pour imaginer ce qui les attendait là-dessous. Dissimulant son embarras, il se détourna bien vite, et après avoir moqué Benoît et Brunon qui se glissaient en jurant dans l'eau glacée jusqu'à la taille et pataugeaient jusqu'au tronçon du grand-mat, s'en alla vers la proue, assister Jacquemin. Ce dernier faisait merveilles avec des nœuds, et en peu de temps un solide cordage parcourait toute la longueur de la mare d'où émergeaient peu à peu un chaos de bois brisé de forme ovale. A la proue, la gigantesque poutre du taille-mer était apparue, et Jacquemin s'en servit pour ancrer une autre ligne. Crane-de-bois s'en servit aussitôt, s'y suspendant des deux bras, de l'eau jusqu'aux épaules et une barre de fer serrée entre les cuises, et aborda l'épave. Encore recouverte, celle-ci présentait un cauchemar d'éclisses et de planches en désordre, forçant à tâter du pied à chaque pas, mettant les chevilles au supplice et labourant les mollets d'échardes. Sans tarder, et animé par un zèle suspect, Bucéphale attaqua l'enchevêtrement à la barre à mine, suivant la courbe du taille-mer et s'en servant d'appui. Un soleil timide avait commencé à poindre, mais n'apportait qu'un maigre réconfort aux corps trempés et parfois fouettés par les vagues. Si Benoît et Brunon s'épandaient en abondantes volées de mots orduriers pour exprimer leur déplaisir, Bucéphale œuvrait dans un silence obstiné, uniquement rompu par les ahans et râles de l'effort, faisant voler au loin les bordés qu'il arrachait sans ménagement. De son coté, avec son flegme habituel, Jacquemin s'affairait calmement près de la prêtresse à organiser le matériel sur un large pan incliné de roc récemment découvert par le jusant. Le décor était lugubre, la pièce bien triste, mais les comédiens jouaient leur rôle malgré tout.


Ce fut un silence dans les jérémiades des deux râleurs qui les alerta. Quand Bucéphale releva la tête, il vit les leurs baissées vers quelque chose à leurs pieds, qu'ils contemplaient d'un air grave. Lâchant son anspect, il alla vers eux sans un mot, le visage dur, et contempla aussi. Après deux semaines piégé dans l'épave, le corps était dans un état abominable. Bleui, les chairs filochant en lambeaux, les orifices rongés par les crabes, grouillant de vermines marines, c'était un spectacle repoussant. A ce qui lui restait de pied, un anneau de métal le liant par de fins maillons à un billot de bois. Un instant, un tout petit instant seulement, Bucéphale tenta d'imaginer quels avaient été ses tourments, puis renonça. Brunon avait perdu son arrogance et pâlissait, Benoît secouait la tête avec une grimace de dégoût. Finalement, Bucéphale leva les yeux et les tourna lentement vers la sainte dame qui les observait en surplomb. Du regard, il essaya de la dissuader d'approcher, mais il n'avait pas les mots pour le dire, aussi ne prononça-t-il pas un son. A la place, il fit un geste vers Jacquemin, qui s'empara d'un sac de toile et s'avança. Cependant, à mi-chemin, en équilibre précaire sur les rochers encore trempés, il stoppa, et se retourna vers la prêtresse, sans un mot ni un geste. L'un après l'autre, les miliciens l'imitèrent, et tous tournèrent leurs yeux vers elle, la sainte patronne de leur expédition, l'interrogeant en silence. Parmi eux, seul Bucéphale, en cet instant, perçut l'intensité dramatique de la scène, tragique, naïve, païenne même. Ici commençait le domaine du sacré, qu'incarnait cette silhouette fragile qui les surplombait, seulement animée du balancement de longues nattes dans le vent hurlant.
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MessageSujet: Re: Chasse au trésor | pv. Bucéphale   Chasse au trésor | pv. Bucéphale EmptyLun 12 Avr 2021 - 22:48
« Dépêche toi, la muette » lui lance-t-il, alors qu’il pousse la silhouette quasi-squelettique de celle qui deviendra Belette.

Pour l’instant, elle n’est plus personne, si ce n’est, Félicie. Un prénom probablement choisi au hasard, qu’elle n’est pas capable de transmettre de toute façon. Elle respire fort, titube alors qu’elle marche depuis trop longtemps par rapport à sa condition. Sa curiosité lui coûte, maintenant qu’elle se retrouve entre les griffes d’un groupe de truands de bas-étages, bien déterminés à aller piller les richesses infinies promises par des rumeurs qui ne font qu’aller crescendo vers l’abus et l’excès.

Elle n’a pas eut son mot à dire, n’en a même pas la possibilité, de toute façon. Ces types ont une idée en tête, et, malheureusement, elle ne peut y échapper. Résignée, crédule en se disant que les choses allaient bien se passer, puis se terminer pour elle, elle reste docile et fait ce qu’on lui demande. Elle s’avance alors qu’ils parviennent au niveau de cette plage, où, quelques semaines plus tôt, elle est devenue quelqu’un d’autre et elle a goûté au concept de liberté. Une présence fantôme vient caresser sa cheville, avant qu’une nouvelle main dans son dos la pousse en avant. Même si elle n’a pas les mains liées, elle ne parvient pas à garder l’équilibre, et tombe à terre. Elle essaie de se relever, mais est presque soulevée directement pour se remettre sur ses pieds.

« Dépêche toi, j’te dis, on a pas toute la journée » son ton est vraiment sec et cassant.

Elle hésite à tourner la tête pour le regarder, n’ose pas, et se contente de continuer d’avancer. La plage laisse vite place aux rochers, dans lesquels ils vont commencer à s’aventurer. Alors qu’elle peine à progresser, ses ravisseurs discutent, rient grassement, et se manque occasionnellement de ses glissades qui résultent en éraflures, écorchures et hématomes sur son épiderme déjà bien fragilisé.

Sa respiration est toujours plus difficile, et, elle tombe une énième fois quand l’un des gars s’exclame :

« Oh, hé ! J’crois qu’on a d’la concurrence !
- Les saligauds. Quoi qu’on fait ? » un autre répond.

Un troisième, en guise de réponse, sort sa fronde, commence à la faire tournoyer, et, malgré la distance, réalise un tir d’intimidation. C’est leur butin, voilà probablement l’idée qu’il avait. Une exclamation laisse penser que quelqu’un est touché ; et, le bruit du projectile attire de toute façon l’attention sur eux. Au moment où ils se retournent, l’un des truands sursaute presque, et glisse aux autres :

« P’tain, v’là qu’c’est la milice ! »

La réaction est instantanée ; c’est la cohue. Ils dégagent sans demander leur reste, laissent seule Félicie qui se retourne, perplexe. Ce faisant, elle glisse sur la roche poisseuse, et dégringole de sa caillaisse. Un hoquet de douleur, puis une sensation de glacé. Elle panique directement ; elle ne sait pas nager. Ses bras s’agitent furieusement, ses mains cherchent des prises alors qu’elle essaie de s’accrocher avec le peu d’ongles qui lui reste. Elle réalise, quand, à moitié hissée sur un rocher, elle a pied.

Le temps va s'écouler lentement, très lentement pour elle, alors que figée dans sa position, complètement en panique et coupée de ses sens, elle tétanise sur place, le temps de réguler sa respiration chaotique, et d'encaisser le fardeau des nouvelles douleurs à celles qu'elle portait déjà.
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