Marbrume


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 Et si tout était dit? [PV Aymeric]

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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyMer 11 Mar 2020 - 23:25
11 juillet 1166

La fine pluie de la matinée avait laissé place au chaud soleil estival lorsqu'Idalie sortit du temple. La jeune femme leva un instant le visage vers le ciel, satisfaite de constater que les nuages s'étaient dissipés et que la journée promettait d'être radieuse. Sa promenade jusqu'à l'auberge n'en serait que plus agréable, et elle était désormais bien motivée à accomplir vite fait, bien fait les tâches qu'elle avait inscrites sur sa liste pour pouvoir profiter de cette jolie lumière que les Trois leur envoyaient. Elle tira d'ailleurs le petit morceau de parchemin qu'elle avait subtilement glissé dans un pli discret de sa robe pour le défroisser et lui jeter un bref coup d'œil en continuant d'avancer. La mine sérieuse, elle relut les quelques lignes qu'elle avait écrites, s'immobilisant brièvement, puis se remettant en marche d'un seul coup, uniquement pour s'arrêter de nouveau brusquement afin d'éviter de heurter de plein fouet un homme qui passait tout juste près d'elle.

« Pardonnez-moi, j'étais distraite et je ne vous... », commença-t-elle en levant son regard miel sur un visage qu'elle reconnut alors.

Ce visage, elle le reconnut parce qu'il appartenait à nul autre qu'au comte de Beauharnais, qu'elle avait rencontré lors du bal royal. Elle était surprise de le voir, pensant qu'il était peut-être déjà reparti au Labret avec sa fille. D'ailleurs, elle eut le réflexe instantané de la chercher des yeux non loin de lui. Comme Alix brillait par son absence, Idalie se dit qu'elle était probablement toujours chez Apolline... Elle n'avait pas trop osé demander à sa partenaire comment les choses se passaient avec la petite, ayant senti dès leurs premières rencontres que les enfants étaient pour elle un sujet délicat. Les choses devaient aller relativement bien si le comte était toujours là. Et il était toujours là, car il se trouvait devant elle.

Il était différent de celui qu'elle avait vu au bal. Enfin, pareil, mais différent. Les vêtements qu'il portait étaient plus discrets, militaires – ce qui ne l'étonnait qu'à moitié vu son passé guerrier. Il se tenait droit et dégageait l'assurance de ceux qui ne s'en laissent pas imposer dans la vie. Et surtout, même s'il n'habitait pas à Marbrume, il semblait bien plus à l'aise sur le parvis du temple que dans le château du duc.

« Monsieur de Beauharnais! s'exclama-t-elle doucement, un sourire chaleureux sur les lèvres. Je ne croyais pas que nous aurions l'occasion de nous recroiser avant votre départ, vous m'en voyez ravie. Navrée de vous avoir presque attaqué avant de vous saluer, je fais normalement l'inverse. »

De belle humeur, elle rit gentiment, défaisant un pli inexistant sur la robe écume de mer qu'elle portait, un vêtement simple, mais de bonne facture qui dévoilait avec goût et pudeur une partie de ses épaules et de ses bras. Elle replaça discrètement une mèche folle tout aussi inexistante dans le chignon tressé qu'elle arborait dans un geste inconscient qu'elle avait répété mille fois en jeune femme noble bien éduquée qu'elle était. Il fallait bien paraître en présence de ses pairs. En particulier en présence d'un homme. Surtout si l'homme en question lui plaisait bien?... Peut-être.

« Votre séjour en ville se passe-t-il comme vous le souhaitez? demanda-t-elle. Vous sembliez avoir énormément à faire en bien peu temps. »

À l'aide d'un geste d'un naturel presque déconcertant, elle invita le comte à poursuivre sa route en sa compagnie. Il semblait aller quelque part, dans la même direction qu'elle, en fait, alors autant continuer à marcher et à profiter du beau temps. Elle ignorait où il allait, si leurs chemins allaient se séparer bientôt, mais ils devaient bien avoir quelques minutes devant eux. S'il n'était pas pressé, peut-être pourrait-elle lui proposer de visiter l'auberge et de lui donner son avis? L'idée lui traversa l'esprit, mais elle ne s'osa pas encore à la formuler, préférant d'abord voir s'il semblait ouvert à ralentir son pas comme elle venait elle-même de le faire, à mettre ses activités sur pause un instant dans le simple but de discuter.
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Aymeric de BeauharnaisComte
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptySam 14 Mar 2020 - 5:00
C'est une agréable surprise pour Aymeric que le crachin du matin qui l'avait accompagné jusqu'au Temple ait cessé maintenant qu'il en sort. C'est que cette étude concernant la fabrication d'un fumoir a été plus complexe que prévu. Il a galéré pour trouver les documents utiles, bien aidé par un prêtre barbu plutôt inquiétant, un rat de bibliothèque qui parfois disparaissait des journées. L'ambiance était bien différente quand il était là de quand il était absent. Mais bon, c'est lui qui lui a trouvé les plans. Entre ce projet, les deux journées consacrées à sa fille où ils sont allés voir ceux qui lui ont été serviables du temps où elle n'était pas encore Vicomtesse et ses obligations commerciales et professionnelle, il trouve enfin un moment de libre. Idéalement, il repartirait bien demain, mais il compte laisser à sa fille un jour de plus en ville, pour profiter de ce qu'il ne peut lui offrir, une éducation de vicomtesse, avec tout le flonflon, le tralala et l'étiquette.

Il en était là de ses réflexions lorsque, fendant la foule, une passante à l'arrêt reprend sa course en avant. Avec son sens de l'esquive et une étrange arabesque peu élégante mais permettant d'éviter de percuter la gente dame, notre Comte met une fraction de seconde avant de reconnaître sa partenaire de bal.

- Dame d'Auvray. Il est inutile de me faire du rentre-dedans pour vous faire remarquer de moi, une simple interpellation suffit, vous savez ?

Un échange de politesse sous forme d'humour, un art qu'Aymeric ne maîtrise que moyennement, mais déjà mieux que l'étiquette, il constate qu'elle a toujours cette étrange timidité et ces gestes lents et "innocents" qui parviennent à capturer son regard. Et il se surprend à se demander si, quand le masque tombe, elle présente un caractère moins réservé. Mais pourquoi se surprend-il à rêver d'une dispute ? Sans doute pour découvrir les autres facettes de son professeur de danse.

- Je suis revenu à Marbrume pour le bal et parce que mes devoirs m'y obligent, mais j'en ai déjà soupé de la ville et ses murs. Ma visite précédente ne remontait qu'à deux mois et la capitale ne me manquait vraiment pas. Un aveu : Je suis reparti chasser dans l'après midi d'hier, pour retrouver la nature. Je n'ai rien ramené, mais cela nous a fait du bien, à ma jument et à moi-même. Mais je suis pressé de rentrer. Je pourrais le faire demain mais Alix a encore un jour de formation à recevoir. J'en profiterai pour mettre mes notes au net. Cela, je peux le faire tout aussi bien ici que là-bas.

Il se fend d'un sourire puis réalise que la conversation pourrait s'arrêter là et qu'il n'en a pas particulièrement envie. Alors il se lance.

- Vous vouliez me montrer votre auberge et j'ai un peu de temps devant moi. Si vous n'êtes pas trop occupée, le moment serait idéal. Et peu après, nous pourrions nous trouver un endroit où manger. Idéalement du côté du port, si ça vous va. J'ai envie de poisson et étrangement, il se fait plus rare au Labret.
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Idalie de BeauharnaisComtesse
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyDim 15 Mar 2020 - 3:38
Le rire d'Idalie accompagna la réplique d'Aymeric. Peut-être même les joues de la jeune femme rosirent-elle légèrement sous l'effet d'une timidité aussi soudaine qu'inattendue. Que répondre à cela? Elle était décontenancée par la réponse à double sens du comte, qui était à la fois directe et pleine d'insinuations. Pourquoi avait-il dit cela? Pensait-il qu'elle tentait de le séduire? Non probablement pas, elle avait vu comme il pouvait être maladroit au bal. Elle s'imaginait certainement tout un tas de scénarios. Aussi choisit-elle de changer de sujet et d'inviter le comte à marcher en sa compagnie.

Idalie replia discrètement sa petite liste tout en écoutant attentivement Aymeric. Il avait bien hâte de rentrer et elle pouvait le comprendre vu la passion avec laquelle il lui avait parlé du Labret lors de leur première rencontre. Les quatre murs de Marbrume, s'ils offraient un semblant de sécurité, devaient paraître déprimants pour un homme comme lui, d'abord habitué à une vie d'action à titre de guerrier, puis à un quotidien de campagnard avec mille et un projets à accomplir. Même si l'idée du trajet n'était pas sans éveiller de nombreuses craintes chez elle, Idalie aurait vraiment aimé aller voir le domaine Pessan. Elle n'avait pas totalement laissé tomber la possibilité d'aborder de nouveau le sujet avec Zephyr, mais elle ne souhaitait pas non plus trop insister. Elle avait conscience du danger, et elle savait que son frère tiendrait probablement à venir avec elle. C'était mobiliser beaucoup d'efforts pour ce qui relevait, au bout du compte, d'une sorte de caprice... Et ce n'était pas raisonnable pour toutes sortes d'autres raisons qu'elle osait à peine évoquer mentalement.

Idalie acquiesça et ouvrit la bouche pour répondre, lorsqu'elle fut une fois de plus prise de court par Aymeric. La proposition l'étonna. Non seulement elle avait l'impression qu'il avait lu dans son esprit, mais il allait plus loin que la suggestion qu'elle souhaitait lui soumettre de base et l'invitait même à prolonger leur rencontre autour d'un repas. Sa liste de choses à faire était plutôt longue et prendre un après-midi de repos n'était pas dans ses plans... C'est pourquoi elle répondit sans hésitation :

« J'avoue que je ne connais que peu le port, alors je serais ravie de le découvrir en votre compagnie. Un plat de poisson me fait bien envie maintenant que vous le mentionnez. Quant à l'auberge, je m'y rendais justement. Comme l'ouverture est prévue pour très bientôt, il reste quelques éléments à finaliser et j'y vais tous les jours pour arranger les derniers détails. J'allais en fait vous demander si vous aviez le temps et l'envie de m'y accompagner. J'aimerais beaucoup avoir votre avis même si tout n'est pas terminé à cent pour cent. Le point de vue d'une personne qui n'a pas touché au projet de près ou de loin me serait utile et je sens que vous avez un bon œil pour ce genre de choses puisque vous avez l'habitude des travaux manuels. Vous verrez certainement de petites choses qui m'échappent. »

Idalie sourit à Aymeric tout en l'entraînant dans les rues qui les mèneraient jusqu'à l'auberge, située dans la Hanse. Elle connaissait le chemin par cœur et n'avait besoin de porter attention à où ils allaient que pour éviter de se prendre les pieds dans un pavé mal enfoncé ou de heurter un passant. Elle se prit à observer plus attentivement le comte, un peu comme si elle le découvrait pour la première fois sous les rayons du soleil. Il dégageait une énergie particulière qu'elle n'avait pas eu l'occasion de ressentir au bal, une énergie vive et féline. Et son regard semblait différent dans la lumière naturelle du jour. Il était plus clair, plus mystérieux. Elle se demanda un instant quels secrets il pouvait cacher et si elle allait les connaître un jour avant de reprendre sur elle-même. Pourquoi se mettait-elle à penser à toutes ces choses tout à coup? C'était probablement mal. Enfin, peut-être, elle était seulement curieuse, mais avait-on le droit d'être un peu curieuse au sujet d'un homme qui n'était pas disponible? Était-ce même mal de simplement se poser cette question? Bon sang. Où était le père Aaron pour répondre à ses interrogations intérieures les plus idiotes quand elle avait besoin de lui?

Réalisant qu'elle s'était tue et qu'elle avait certainement regardé Aymeric plus longtemps que la bienséance le permettait, Idalie tâcha de rattraper son écart de conduite – ô combien monstrueux, bien sûr – en poursuivant :

« D'ailleurs, parlant de travaux manuels, je songeais l'autre jour au Labret et à tout ce que vous faites là-bas... Et je me suis demandé : qu'allez-vous faire une fois l'hiver venu? J'imagine que continuer vos travaux risque d'être difficile lorsque la neige et le froid auront décidé de se pointer le bout du nez. Avez-vous des plans? Enfin, je veux dire... Bien sûr que vous en avez, mais je suis curieuse. »
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Aymeric de BeauharnaisComte
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyLun 16 Mar 2020 - 17:15
Bon, proposition acceptée, elle avait la même, du moins pour son auberge et comme la dame d'Auvray est une personne intelligente, elle lui offre trois sujets de conversation. Aymeric débute naturellement par le port.

- Je pense que c'est le port qui m'a sauvé quand j'étais enfermé entre ses murs et que je me sentais devenir fou à ne pas pouvoir sortir. L'air marin est différent de celui des marais ou des forêts, mais ça pue moins que la ville. L'embrun de la mer est vivifiant, c'est là qu'on pouvait trouver de la viande, même si elle était de poisson, et la petite aimait bien. Bon, elle aime tout. Mais même avant, quand j'étais de la milice, c'est ici que je filais hors mission et que j'étais de mauvaise humeur. Les marins sont de bons bagarreurs et j'avoue avoir pris quelques roustes. Mais on finissait par se réconcilier autour d'une bière. Et entre nous, c'était plus malin de taper un marin qu'un collègue ou pire un supérieur.

Il a parfois des moments où il lui fallait décompresser. Oh, ça n'était pas la méthode la plus maligne, l'exercice physique semble plus indiqué, mais bon, ça n'est pas pour autant le pire. Un poil trop viril sans doute, mais visiblement, entre soldats terrestres et maritimes, cela sait s'arrêter à temps. Mais bon, la première fois qu'il s'y est risqué, il l'ignorait encore.

- Par contre, pour l'auberge. J'y connais pas grand chose, moi. Du temps de la milice, je dormais dehors ou en caserne, parfois dans une auberge dans un des villages entre ici et le Labret. Je n'ai passé énormément dans les "bonnes auberges", une seule nuit à l'Esplanade, le jour du bal, faute de temps. Depuis, je suis dans une auberge de la place des pendus et j'y suis bien. Bon, la propriétaire est une partenaire commerciale, elle achète une partie de la viande et des fromages de chèvre qu'ils fabriquent dans ma fermette des faubourgs. Ca se passe bien pour eux et tant mieux, ils sont contents.

Forcément, j'ai perdu le fil de mes idées. Puis ça me revient : le coup d'oeil.

- J'ai un certain sens pratique, mais je suis un bricoleur, pas un artisan. Et du côté de l'esthétique, j'vais pas dire que je m'en fous, mais presque. Dans le domaine que j'occupe, j'ai rien changé, sinon le fonctionnel, pour protéger les lieux. Donc, barricader les entrées possibles du rez de chaussée, remplacer l'escalier par une échelle, des choses comme ça. Je fais un peu de sculpture sur bois aussi, si vous voulez quelque chose d'artistique, mais je représente des animaux, ou les Trois. Alors, la qualité du matériel, les finitions, tout ça, j'ai pas vraiment l’œil. Moi, ça me plait ou ça me plait pas. Je donnerai mon avis, puisque vous me le demandez, mais il ne sera pas des plus pertinents.

Je lui souris puis regarde la route. Un silence s'installe et pourtant je sens son regard sur moi. Ai-je dit quelque chose de choquant ? Ou pire ? Hormis le "je m'en fous", je n'en ai pas l'impression. Possible que je l'intrigue aussi. Faut dire que je sors des normes. Mais bizarrement, ce regard inquisiteur ne me dérange pas. Pas venant d'elle. Je ne saurai dire pourquoi. Puis, boum, elle me lance sur l'hiver au Labret.

- Il y aura de quoi faire en hiver, n'en doutez pas, même si nous resterons enfermés le plus souvent. Il faudra chauffer les pièces où nous vivrons et où nous dormirons. Ca en fait, des feux. Puis il faudra toujours nourrir les bêtes et ne serait-ce que remuer le fourrage. Continuer la fabrication de nos briques de bois artisanales. Un cochon à abattre début décembre. Une cinquantaine de lapin fin janvier. Nettoyer, poncer, restaurer. C'est une période plus agréable aussi pour l'administratif et l'écolage. Qui sait si je ne ferai pas faire notre portrait à Alix, moi et mon épouse, si mon veuvage est déclaré et que je trouve le temps de l'épouser avant l'hiver. Sinon, agir pour éviter qu'on me la vole d'ici au printemps. Aider mon épouse à se trouver une place à elle, même si sur ce plan j'ai quelques idées. Et Alix, forcément. Je lui donnerai les trucs de survie, même si j'espère qu'elle n'en aura jamais besoin. Et vous savez, dame Idalie, je l'imagine très bien apprendre ces choses à mon épouse.

Il est temps qu'il mette un visage sur cette épouse, et un visage s'impose. Il lui parle en cet instant, à ce visage. Idalie est une belle personne, Aymeric ne doute pas qu'elle sera assaillie de demandes incessamment sous peu, maintenant que son frère est quelqu'un. Et il enrage intérieurement, car lui ne peut se mettre sur la liste. Quoi que non, un Aymeric ne se met pas sur une liste. Elle dit oui, et le mariage se fera vite, ou elle dit non, et il en cherchera une autre. Mais il ne tergiversera pas. Aimera-t-elle seulement les projets qu'il envisage pour elle ? Enfin, pour son épouse ? Il grimace et renonce à la question. Lorsqu'ils arrivent sur place, Aymeric marque un temps d'arrêt.

- C'est l'ancien effeuill'age, non ? Pas que j'en aie été client, mais le lieu était connu aussi des miliciens, pour le service d'ordre. Puis j'en ai été propriétaire par mariage, avant de le revendre à la Comtesse... Bah oui, logique, elle en aura changé l'objet. En tant que milicien de l'externe, je ne l'ai jamais visité, ceux qui l'ont fait étaient de l'interne. Donc je ne saurai rien dire sur les travaux. Je vous suis, vous m'indiquerez l'objet des différentes pièces, histoire que je me fasse une idée, si la pièce n'est pas terminée.

Aymeric, même propriétaire, n'y a jamais mis les pieds, voulant se distancier à tout prix de cette activité. Mais l'établissement vu de l'extérieur envoie du pâté. Décidément, cette Apolline a le sens du commerce... et il s'est solidement fait arnaquer sur le prix. Bah, qu'importe, désormais il vit au Labret. Mais cela lui pose problème. Si Idalie aime travailler ici, elle pourrait ne pas vouloir le suivre là-bas. Bah, il verra au moment venu, si elle est toujours libre. Va falloir qu'il se confesse, aussi, de songer à cela. Houlà, en prime, il a regardé ses lèvres. Bon, retour vers la majesté de l'établissement. Et après, il pourra se concentrer sur son poisson.
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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyMar 17 Mar 2020 - 1:26
Idalie écouta Aymeric ses aventures au port en souriant avec un certain amusement. Il faut dire que son imagination la poussait à imaginer cette bagarre entre milicien et marin autant que la réconciliation qui suivait. Une taverne, une bière, et tout était oublié.

« Je resterai toujours fascinée par cette capacité que les hommes ont à se taper dessus, puis à boire ensemble comme si rien ne s'était produit », réfléchit-elle à voix haute en riant un peu.

Elle n'avait jamais réellement compris les mécanisme de cette interaction sociale, mais sans doute fallait-il être un homme pour en saisir le sens. Les femmes étaient différentes, probablement trop rancunières pour la plupart pour espérer résoudre aussi amicalement une dispute de ce genre. Ce n'était pas plus mal. Le monde avait besoin d'un équilibre : les hommes qui se battent avec leurs poings, les femmes qui se battent avec leurs mots. Idalie, elle, préférait ne pas se battre du tout.

Aymeric expliqua qu'il ne connaissait pas grand-chose aux auberges et qu'il n'avait pas trop l'œil pour le beau. Idalie secoua doucement la tête, comme pour dire que cela n'avait aucune importance. Elle savait qu'il n'allait pas commenter la délicatesse de la finition des moulures, et ce n'était pas ce qu'elle recherchait. Elle sentait qu'il avait un sens du détail plus masculin que le sien, plus pratique, et c'était cet avis qu'elle voulait, d'autant plus qu'il n'avait pas travaillé sur le bâtiment, contrairement aux hommes qui avaient effectué les rénovations.

« Alors vous n'aurez qu'à me dire si cela vous plaît ou non, et me soumettre d'autres commentaires si vous en avez, dit-elle, en espérant que l'avis serait positif. Peu importe votre avis, il sera pertinent. »

Sur ces paroles, elle se perdit un instant dans son observation du comte, jusqu'à ce qu'elle se rattrape en le questionnant sur l'hiver au Labret. Elle jeta un bref coup d'œil à leur route, puis reposa son attention sur Aymeric, qui lui décrivait le travail à abattre en campagne pendant la saison froide. Elle se fit un portrait mental de l'ensemble des activités, se dit que, finalement, il allait être bien occupé. Il mentionna alors cette épouse qu'il ne pouvait avoir encore, mais qu'il espérait avoir à ses côtés d'ici l'hiver. Il avait une drôle de manière d'en parler... S'il craignait qu'elle lui soit dérobée, il devait avoir fait un choix, en quelque sorte. Enfin, non, il ne pouvait pas, il était toujours veuf, mais peut-être avait-il une idée? Peut-être avait-il profité de son séjour à Marbrume pour rencontrer des épouses potentielles, même si les Trois désapprouvaient? Non, il ne devait pas avoir osé, il respectait trop les dieux pour cela. Et puis, ce n'était pas réellement ses affaires, au fond.

« Je suis certaine qu'elle se passionnera pour tout ce qu'Alix et vous lui montrerez, dit-elle doucement. Et qu'elle se sentira bien avec vous au Labret parce que vous aurez fait l'effort de lui tailler une place là-bas. »

Idalie sourit à Aymeric, le regardant brièvement dans les yeux, puis se détourna vers l'auberge, comme pour chasser les images qui venaient de l'envahir. Pourquoi, malgré les dangers que représentait le Labret, était-il si facile pour elle de s'imaginer là-bas? Enfin, là-bas... Là-bas avec Aymeric. C'était saugrenu, elle le connaissait à peine. Et le Labret était si loin de Marbrume, de Zephyr... L'image s'imposa pourtant à elle un instant de plus. Elle s'imagina en train de chauffer les pièces de la maison en attendant le retour du comte, d'apprendre à préparer ces fameux lapins, d'écouter les consignes de sécurité de la bouche de la petite Alix. Quelques secondes, le trouble l'envahit. Il fallait mettre fin immédiatement à ces pensées soudaines dont elle comprenait à peine la provenance. C'était non seulement idiot, mais en plus, c'était mal. Point à la ligne.

« Oui, c'était bien l'Effeuill'age, confirma-t-elle en se concentrant sur l'auberge, dont elle ouvrit la porte. Entrez, entrez, je vous en prie. »

Elle fit signe à Aymeric de passer, puis entra en refermant derrière elle. Des pas se firent aussitôt entendre dans l'escalier et la silhouette d'Ilda, la domestique d'Idalie, se dessina. La nouvelle venue ne sut masquer sa surprise en découvrant que sa maîtresse était accompagnée, mais se rattrapa en s'inclinant poliment devant Aymeric une fois arrivée en bas des marches.

« Bonjour, Ilda, la salua gentiment Idalie. Je vous présente le comte de Beauharnais, qui est venu jeter un œil à l'auberge. Monsieur de Beauharnais, voici Ilda. Elle est domestique au manoir et m'est d'une aide précieuse ici! Ne faites pas attention à nous, je vais lui faire une petite visite guidée.

- C'est un honneur, répondit Ilda en s'inclinant encore devant Aymeric.

Mademoiselle d'Auvray, je dois cependant vous dire qu'ils ne sont pas revenus pour déplacer le meuble... Ou enfin, ils sont revenus, mais... ils l'ont déplacé au mauvais endroit. Encore. J'étais en train de faire les courses, alors je n'ai pas pu les avertir. »

Ce fut plus fort qu'Idalie : sa main alla frapper son front avec le désespoir de ceux qui sont au bord de l'exaspération.

« Je leur ai dit trois fois qu'il était trop lourd pour nous et leur ai indiqué avec force de détails où il devait aller... Tant pis, je demanderai à Zephyr de venir nous donner un coup de main tout à l'heure. »

Idalie fronça le nez, puis balaya l'air de la main. Elle donna quelques brèves instructions à Ilda, puis pivota vers Aymeric et lui sourit.

« Pardonnez-moi, il y a encore quelques petites choses à régler. Je vous en prie, suivez-moi. »

L'auberge paraissait, pour un œil extérieur, pratiquement prête à commencer ses activités. Le hall, dans lequel ils se trouvaient, avait été décoré avec goût et sobriété – Idalie et Apolline avaient l'œil – et les blasons des familles de Pessan et d'Auvray figuraient à l'entrée. L'espace avait un côté à la fois chic et lumineux et, à défaut de pouvoir réellement agrandir les pièces, Idalie les avait agencées de façon à ce qu'elles paraissent plus vastes qu'elles ne l'étaient. Chaque couleur avait été choisie avec soin, chaque meuble était placé exactement là où il devait être. Rien n'avait été laissé au hasard.

Idalie montra à Aymeric le hall, puis le guida d'un pas léger d'un côté de l'auberge pour lui montrer le dispensaire et la section destinée aux soins capillaires, qu'elle semblait particulièrement aimer, avant de lui refaire traverser la pièce pour lui permettre de jeter un coup d'œil à la salle de réunion, puis cuisines, où elle regarda son meuble problématique, un vaisselier incroyablement massif placé en coin, d'un air désapprobateur. Elle l'emmena ensuite jusqu'aux bains, qui avaient été entièrement revampés et ne portaient plus aucune trace de leur passé indécent.

« Je vous avoue que je suis à la fois soulagée, ravie et triste d'arriver au bout de ces rénovations, dit-elle en riant légèrement après quelques explications. Soulagée de ne plus devoir courir d'un bout à l'autre de la ville jusqu'à la tombée du soir et ravie de voir une idée finalement prendre vie, mais triste parce que j'adore travailler sur des projets. Vous avez parfois ce sentiment lorsque vous accomplissez une chose à laquelle vous œuvrez depuis un moment au domaine de Pessan? »

Idalie s'arrêta un instant et lui sourit, l'étudiant tranquillement, tentant de voir si elle pouvait, en le regardant simplement, voir ce qu'il pensait de l'endroit jusqu'à présent.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyMer 18 Mar 2020 - 18:04
- C'est un peu dans ce sens qu'on est éduqués. Les frangins aussi ont tendance à jouer à la bagarre. Là, on sent en général que c'est plus un défouloir qu'une réelle raison de faire mal à l'autre. Et si l'autre fait preuve de courage, il gagne notre respect. Mais parfois, on ressent ce besoin de se prouver notre virilité par ce biais. C'est enfantin, et c'est le côté sympa de la chose. Enfin, je crois.

Cette explication en vaut une autre et elle a le mérite de lui rappeler sa vie familiale. Elle lui avait confié n'avoir que des frères, de mémoire et leur avoir appris à danser. Le Sergent s'était pas trop mal débrouillé avec son Alix. Aymeric ne répond pas sur la pertinence de son avis concernant le Bonheur des Ames, estimant que cela faisait partie de l'étiquette et ne pouvant reprocher à la noble d'en user en la circonstance, et quand elle se dit convaincue que sa future épouse se sentira bien à ses côtés au Labret, il soupire :

- Sincèrement, je l'espère. C'était un gros pari d'y emmener Alix car elle n'avait jamais connu la campagne et aurait pu ne pas s'y plaire. Et malgré toute l'attention que je lui porte et toutes les nouveautés qu'elle y vit, elle trouve sa vie monotone. Mais elle est heureuse, je pense que cela se voit, même si vous, vous la voyez ici. Cela sera forcément un dépaysement pour ma future épouse, qui aura des marques bien plus... marquées. Mais oui, elle sera plus qu'une usine à bébés. Il y aura vraiment à faire pour elle aussi, et je ne parle pas de la tenue de la maison. Mais si elle aime s'occuper de cela, tant mieux. On agira en fonction de sa personnalité et de ses envies aussi. Peut-être mes projets ne lui plairont aps vraiment et qu'elle aura d'autres objectifs. S'ils me conviennent, on pourra essayer de les atteindre. C'est important qu'elle s'épanouisse aussi.

Il le croit, en tout cas. Il se souvient combien il était malheureux l'automne et l'hiver dernier, et combien il se sent mieux depuis qu'il a lancé le "projet Labret". S'il ne l'admettra pas, avoir découvert sa fille lui a maintenu la tête hors de l'eau, sinon il aurait sans doute sombré comme son paternel. Une fois dans les lieux et après avoir admiré l'architecture -il n'y connait rien, mais elle lui paraît parfaite-, il sourit en découvrant Ilda et lui rend son salut, et saute sur l'occasion.

- La bienséance exige que dame Idalie aie un chaperon pour une sortie un tant soit peu officielle, je suis donc ravi de vous découvrir en ces lieux, cela évitera toute rumeur malvenue qui pourrait ternir la réputation de votre maîtresse. J'ai remarqué à ma grande surprise après le bal que mon nom était un peu plus connu ici qu'avant et qu'on a déjà oublié que j'étais marié. Comme j'ai l'intention de déguster un poisson sur le port avec dame d'Auvray, vous serez la bienvenue et pourrez partager notre repas. Cela ressemblera plus à ce que c'est, un partenariat. Après tout, je suis éleveur et partenaire commercial de la propriétaire des lieux, il ne serait surprenant pour personne qu'on discute livraison de légumes, fromages et/ou viandes pour une auberge de luxe, n'est-il pas ?

Cette fois, pas de faute d'étiquette, enfin, le pense-t-il du moins. Et quand elle s'excuse parce qu'il reste des détails à régler avant l'ouverture, il sourit :

- Vous êtes allée plus vite que moi. La vente de l'Effeuill'age coïncide avec mon arrivée au Labret. La "ferme" que j'occupe est plus grande et je compte encore 6 semaines avant d'en tirer les premiers fruits. Moi aussi, ce sont des "détails" à régler, mais c'est plus compliqué, un détail, par là-bas. Oh, pas pour tout, par contre. Les oeufs et le lait sont à la porte arrière et les légumes à cent pas de la porte avant.

Un peu sur la droite, et il va les demander chez les fermiers, mais bon, inutile d'entrer dans ce genre de détail. En matière de fraicheur, il peut difficilement faire mieux. Et s'il s'était promis de garder le silence le temps de la visite, il ne pouvait qu'être impressionné.

- C'est spacieux, on ne risque pas de rentrer dans une autre personne dans les couloirs. Cela sent le neuf, c'est agréable mais c'est le seul point qui me dérangerait un peu. Mais c'est une bonne chose ici, vu l'activité passée du lieu. Sinon j'aime sentir l'histoire des lieux, et ici elle est à créer.

Le dispensaire et les soins capillaires marquèrent le Comte. Voilà qui était original et rien que les soins capillaires lui donneraient une bonne raison de passer ici. Il a du cheveu, d'autres sont à plaindre de ce point de vue, mais il n'a pas encore vu un visagiste. Pour son mariage, peut-être que ça serait une idée. Il ne l'a pas fait pour le précédent, ça serait une manière de marquer le coup. Il y a bien des visagistes au Labret, non ?

- Par contre, on sent que c'est un endroit où on ne dormira pas à l'oeil, mais que ça en vaut le prix. Enfin, si la literie est à la hauteur. La "meilleure" auberge du Labret est réputée pour sa literie et sa cuisine, mais c'est pas comme ici. Z'ont pas un service visagisterie et soins. Je peux voir les cuisines ? C'est un endroit que le public ne voit pas.

Deux fours, ils ont prévu le coup. Impressionnant aussi, le vaisselier. Mais s'il est logique avec l'agencement, il ne l'aurait pas placé là. Il grimace.

- Faudrait voir avec le maître-queux pour la place du vaisselier, je l'aurais mis ailleurs. Là, il risque d'encombrer pour le service et ça pourrait faire des dégâts de vaisselle. Enfin, ça me semblerait logique.

Aux bains, il comprend l'esprit.

- Un bain pour les hommes, un pour les femmes, bien séparés, j'en saisis la logique. Mais vous n'avez rien prévu pour les couples ? Je ne suis pas adepte des bains, j'ai peu visiter les thermes du Temple, mais ça peut être agréable en couple aussi, et une auberge devrait en accueillir beaucoup. Rien que des parents qui ont une soirée pour eux, loin des enfants.

Visite terminée, il ne peut qu'admettre que le travail fait est en tout point admirable, et qu'il envie leurs artisans.

- Beaucoup d'excellentes idées, on s'y sent bien et je ne doute pas du succès de l'entreprise. Cela sera un lieu où il faut être vu pour ceux de la haute et un endroit où les bourgeois aimeront se changer les idées. Depuis la fange, ils sont rares. Je me dis que certains soirs, vous pourrez faire des soirées à thème ou inviter un musicien, un barde ou permettre à un peintre d'exposer. Je sais pas, le lieu m'inspire pas mal. Bravo à vos décorateurs, j'y connais rien mais j'aime bien. Tout semble, comment dire, naturel. Et c'est un compliment.

Bon il fait faim, et Aymeric n'hésite pas.

- Ilda, Dame d'Auvray, il fait faim, le Port n'est pas très loin, je vous invite à me suivre. Je connais une auberge où ils servent un poisson gras. Ce n'est pas le grand luxe comme ici, mais leur cuisinier s'y connait. Et ils servent des eaux aromatisées. J'adore cela en été. Cela évite de consommer de l'alcool. Chez soi, c'est agréable mais quand il faut rentrer, c'est dangereux. Puis je vous raccompagnerai soit au Bonheur des Âmes soit chez vous et je rentrerai à l'auberge où je loge pour mettre mes notes à jour.

Il leur sourit, hésite puis ajoute.

- C'est à mes frais, bien entendu et je serai ravi de ne pas manger seul. Sur ce plan, Alix me manque. J'ai pris l'habitude de manger avec elle. Sans compagnie, mes repas me semblent ternes, vous me rendrez donc un immense service.
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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyVen 20 Mar 2020 - 0:23
Le repas au port allait se faire en compagnie d'Ilda. Aymeric en avait décidé ainsi et, à vrai dire, Idalie n'avait pas réellement songé à écarter sa domestique de cette sortie. Elle s'aventurait parfois sans Ilda, mais c'était surtout pour aller au temple. De temps en temps, il lui prenait la fantaisie de partir seule, mais elle tentait de ne pas trop jouer avec le feu, car elle craignait pour la réputation de sa famille et, surtout, elle savait que les escapades de ce genre avaient tendance à inquiéter son frère. C'était parfois agaçant, mais elle s'y était à moitié résolue : il valait mieux éviter de se promener en solitaire dans les rues d'une ville comme Marbrume. Et il valait surtout mieux éviter de s'y balader en la simple compagnie d'un homme qui n'était pas son frère ou son mari.

Ainsi, Idalie sourit au comte en acquiesçant, signe qu'Ilda allait évidemment les accompagner. La domestique s'inclina, puis les quitta pour accomplir ses tâches après avoir reçu les instructions de sa maîtresse. La visite commença, et la noble mena son invité à travers les pièces d'un pas léger. Si elle donna des explications, elle écouta beaucoup, prenant note de tous les points qu'Aymeric apportait. Elle était bien d'accord au sujet de l'odeur qui emplissait les lieux.

« Je suis comme vous, j'ai hâte d'entrer ici et de reconnaître le parfum qui deviendra caractéristique de l'auberge, répondit-elle en souriant, le regard pétillant. Une odeur de bonne nourriture, de draps frais. Quelque chose de réconfortant et d'accueillant. »

La jeune femme entraîna le comte pour poursuivre la visite des lieux. Elle l'observa tandis qu'il étudiait chaque pièce du regard. Il semblait du genre attentif, de ceux qui remarquaient les détails et qui aimaient les choses bien faites. Elle était également ainsi. En fait, l'endroit en disait long sur qui elle était. Elle y avait passé un nombre d'heures incalculables afin que tout soit parfait à ses yeux et à ceux de sa partenaire d'affaires. C'était pourquoi le vaisselier la rendait folle. Elle eut un léger soupir quand Aymeric mentionna qu'il l'aurait mis ailleurs.

« Oh, mais je suis entièrement d'accord avec vous, dit-elle en faisant une brève moue. Il n'a jamais été question qu'il soit là. Je compte bien le déplacer juste ici. C'est là qu'il aurait dû être placé dès le départ. »

Idalie désigna l'emplacement d'un mouvement de la main. Un emplacement beaucoup plus logique et esthétique. La jeune femme ne s'attarda pas davantage sur la question, qui, même si elle tâchait de ne pas trop le montrer, commençait sérieusement à l'excéder. Ce vaisselier serait bougé. Aujourd'hui. Point final.
Une fois aux bains, Idalie acquiesça à la remarque d'Aymeric. Elle lui expliqua que oui, il y avait un coin pour les couples, et lui montra la porte pour accéder à une pièce réservée à la détente entre mari et femme. Un travail exceptionnel avait été réalisé aux bains et Idalie était particulièrement satisfaite de la transformation de ce lieu qui n'avait pas manqué de l'embarrasser par son indécence. En fait, ceux qui n'avaient jamais connu cet établissement en tant que maison de plaisir auraient bien du mal à se l'imaginer en tant qu'endroit de débauche. Idalie et Apolline s'étaient assurées que rien, mais absolument rien ne puisse faire penser de près ou de loin à un bordel.

Idalie monta à l'étage avec Aymeric et lui montra l'une des chambres avant de redescendre en sa compagnie. La visite était à peu près complète. Elle aurait pu se promener encore un moment avec lui et lui parler du moindre meuble qu'ils croisaient, mais elle se doutait que cela n'était pas particulièrement d'intérêt pour lui. Elle écouta ses commentaires finaux. Un sourire ravi, peut-être un brin timide vint éclairer son visage. Elle avait mis beaucoup d'elle dans cet endroit, en particulier dans la décoration. Elle ne pouvait qu'être heureuse que l'auberge plaise à quelqu'un comme le comte, qui paraissait être du genre à pouvoir être sévère.

« Je vous remercie de vos compliments, je... J'ai mis beaucoup de temps dans la décoration, alors je suis ravie qu'elle vous plaise. Enfin, pas seulement moi, Apolline aussi, mais bon. C'est très gentil et je prends note de tous vos commentaires. Ils sont très pertinents, et nous avons visiblement des idées similaires, car des soirées sont déjà planifiées pour les semaines qui suivront l'ouverture. J'ai déjà un calendrier. Bref. »

Elle sourit, replaçant une mèche derrière son oreille avec une légère gêne. Elle avait du mal à accepter le crédit pour le travail qu'elle accomplissait, et cela faisait d'ailleurs sourire Ilda, qui se tourna toutefois immédiatement vers Aymeric quand il l'interpella. La domestique inclina la tête, prête à suivre les deux nobles en toute discrétion. Elle ne souhaitait pas s'interposer plus qu'il le fallait, d'autant plus qu'elle sentait qu'une bonne entente particulière était en train de se former entre sa maîtresse et le comte. Certes, il n'état pas exactement difficile de bien s'entendre avec Idalie, mais c'était différent. Elle n'aurait su dire pourquoi exactement. Une simple impression.

« Vous êtes fort généreux, Monsieur de Beauharnais, le remercia Idalie. Je saurai vous retourner la pareille en vous offrant le meilleur plat de l'auberge lors de votre prochaine visite à Marbrume. »

D'un geste, Idalie entraîna Aymeric et Ilda à l'extérieur, puis sortit et s'assura de bien verrouiller derrière elle avant de se mettre en route. Ilda se fit volontairement discrète, restant derrière les deux nobles, étudiant subtilement leurs interactions.

« Alix doit réellement mettre de la vie dans votre maison, dit Idalie en souriant alors qu'ils se dirigeaient vers le port. Les enfants ont cette énergie que je trouve si contagieuse, ce rire qui ne laisse jamais indifférent. Ils s'émerveillent devant tout. Au temple, il m'arrive parfois de leur chanter une chanson ou de leur raconter une histoire. Ils sont si captivés chaque fois qu'ils me donnent l'impression d'être la plus grande barde du Morguestanc. »

Idalie rit doucement. Les enfants étaient la raison pour laquelle elle s'éternisait parfois. Une histoire en entraînait souvent une autre, et elle avait bien du mal à refuser de continuer alors qu'ils avaient les yeux pleins d'étoiles après un récit fantastique.

« Il y a beaucoup d'enfants au Labret? demanda-telle. Alix a-t-elle l'occasion de jouer avec d'autres enfants ou pas réellement? »
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyMar 24 Mar 2020 - 1:30
La visite de la future auberge s'est excellemment bien passée et Aymeric n'y a pas commis d'impair. Mieux encore, il semble avoir trouvé les mots justes dans ses analyses, et ce qui a l'air de plaire à Idalie. Et bon sang qu'elle est touchante quand elle a ce mélange de timidité et de pétillance. C'est même troublant. Il est bien obligé de l'admettre, il se sent incroyablement bien en sa présence et n'a pas l'impression de devoir jouer un jeu, un sentiment qu'il n'a en général qu'avec des gens d'armes dont le sang n'est pas trop bleu. Et sur le chemin, alors qu'elle le remerciait pour sa générosité, Aymeric émit un soupir :

- N'y voyez aucune générosité, ces derniers mois j'ai tellement pris la bonne habitude de manger accompagné que les repas seuls ou sans réelle compagnie me paraissent fades. Et pourtant, la cuisine où je loge actuellement est réellement bonne, la patronne n'est pas radine sur des sauces qu'elle réussit admirablement bien. Mais voilà... Il faut comprendre que tout un temps, au domaine, mes gens mangeaient avec ma fille et moi. Et je trouvais cela fort sympathique... avant qu'une amie ne me fasse remarquer que ça pouvait les mettre mal à l'aise. Il m'a fallu les interroger pour comprendre que manger avec son patron était certes agréable mais qu'ils ne pouvaient pas vraiment se détendre. Et sincèrement, ça n'était pas mon but. Alors, on a gardé un jour pour le repas en commun, celui où nous nous rendons au Temple, et désormais mes gens et moi faisons des repas séparés. Alix est aussi plus à l'aise pour me parler en l'absence de témoins.

Aymeric sourit. Rien n'est jamais simple et il n'a aucun souci à admettre qu'il apprend encore. Il aime innover, mais toutes les innovations ne sont pas forcément positives. Il se gourera encore. Déjà sur ce fameux fumoir, alors qu'une fermière lui a conseillé d'utiliser celui d'Usson, où, dans le fond, ils seront plusieurs à surveiller les cuissons et où il pourrait échanger des recettes. Mais notre Comte a sa petite fierté et son petit caractère. Il préfère tenter lui-même, échouer puis faire machine arrière, mais avec le sentiment d'avoir essayé. Arrivé au Port, Aymeric s'enflamme un peu.

- C'est l'autre poumon de Marbrume, avec le Labret. La mer recèle de nombreuses nourritures, que ça soit les poissons ou les algues, que j'adore, personnellement. Quand j'étais de l'externe mais pas encore coutilier, je rêvais de faire partie de la "milice marine", être sur les bateaux, combattre les pirates, naviguer sur les flots. J'ai rejoint la milice fort jeune, il me restait encore cette part enfantine, vous voyez ? La Fange n'existait pas, on pouvait encore se permettre l'insouciance. Et un bon archer, sur les flots, peut être utile. Et comme on aime varier les missions, est arrivé le jour où j'ai pu faire un voyage en bateau. Et là...

Il fait silence, maintenant un suspense presqu'insoutenable. A-t-il vu un monstre marin ? Découvert une nouvelle vocation ? Été pris d'une passion plus forte encore que celle qu'il voue à la forêt ?

- Le mal de mer... Une terrible découverte. Je n'ai jamais été aussi malade de toute ma vie. D'après les copains, j'étais plus vert qu'un pré et j'ai passé l'entièreté du voyage la tête au dessus du bastingage. J'imagine que même les poissons se sont marrés. L'expérience a été tellement éprouvante que je suis rentré à pied du Labret sans faire le voyage de retour sur le bateau. j'étais pas fier à mon retour à la Caserne. Mais bon, on a le pied marin ou on l'a pas. Et Alix l'a. Pareil pour Guillaume mon palefrenier. Y'a vraiment que moi qui ai eu la guigne. Si un jour la Déesse Anür veut me parler, il faudra qu'elle vienne sur les plages, parce que sinon je ne pourrai pas lui répondre, avec toute la volonté du monde.

Il hausse les épaules en signe d'impuissance mais témoigne par là aussi de son admiration pour les hommes qui œuvrent ici, comme marins ou ouvriers maritimes.

- Ceux qui déchargent les navires sont admirables aussi. C'est grâce à leur activité que ce qu'on produit à Marbrume arrive ici en bon état et que la cité est nourrie. Un navire transportera toujours plus qu'un convoi et ça n'est pas moins dangereux. Il faut espérer qu'on conservera longtemps des bateaux, voire même qu'on pourra en construire de nouveaux. Hélas, je n'ai aucune compétence dans ces domaines.

Ni les fonds, évidemment, quand bien même il aurait les personnes pour fabriquer, réparer et conduire un bateau. Puis Idalie lui parle des enfants, de la vie qu'ils amènent et de son côté barde et Aymeric est un peu soufflé.

- Vous ferez une mère extraordinaire. Et en prime vous chantez ? C'est vrai que les enfants aiment les histoires, même mon Alix. Je ne suis pas un grand conteur et je ne sais pas inventer des histoires. Je suis trop rustique pour ça je pense. Mais quand je lui parle de ma rencontre avec sa mère, ce qui est un peu son histoire à elle aussi, ou mes souvenirs d'enfance, ou encore quelques souvenirs de chasse, elle boit littéralement mes paroles. Même quand je lui fais la leçon, tiens... Cela n'arrive pas souvent, mais j'essaie de lui expliquer pourquoi, et ça fonctionne mieux que si je criais. Cela m'arrive, je ne suis pas de marbre, mais ça retombe tellement vite avec elle. Puis comme je lui ai dit, parfois je réagis, après je réfléchis. Mais jamais je ne pourrais la détester, ou jamais elle ne pourra me décevoir. Le plus souvent, c'est à moi que j'en veux quand une colère s'exprime par un haussement de ton.

C'est la seconde fois qu'il hausse les épaules, et alors qu'il entre dans la Taverne où les poissons sont si bons, Idalie l'interroge sur les enfants présents au Labret. Bon, il se fait réserver une table un peu à l'écart, pour trois et pour signe qu'on l'y a reconnu, on lui demande si on lui apporte une de leurs eaux aromatisées, ce qu'évidemment il accepte. Ce n'est sans doute pas le Comte qui y est reconnu, mais l'ancien coutilier. Et sans doute le héros de Marbrume. La taverne n'est pas de luxe, mais on peut sentir qu'il y a eu du vécu, des amitiés, des bagarres, des drames aussi et quelques beuveries, mais que c'est un lieu où on cherche surtout la bonne chaire et la détente. Le lieu a pour clientèle la classe moyenne, celle qui aime éviter les tripots mais n'a pas les sous pour se payer les grands restaurants.

- J'ai pas pu vraiment jeter un oeil sur le fait qu'il y ait ou non beaucoup d'enfants. Ceux qui sont revenus volontairement sont revenus en famille, avec enfants donc. Des anciens labretans. Mais ceux qui ont été forcés de venir, en général, étaient célibataires. Je crois que c'est pour ça que ma venue a plu, parce que je suis venu avec ma fille. Cela signifie beaucoup pour eux. Une fermière m'a dit que si un noble avait de l'espoir pour le Labret, le Labret pouvait espérer. Si même les sangs bleus s'installent au Labret, c'est que ça en vaut la peine. J'ai pas démenti, car l'espoir est important.

Il la regarde puis réalise qu'il n'a pas répondu à la question.

- J'ai engagé une domestique, une ouvrière agricole fille mère. Son fils, Alfred, marche à peine. Il cause pas, je lui fais peur et je l'intrigue en même temps. Je sais pas quoi en faire, de ce petit bout. Sa mère est courageuse, mais je sens que maintenant qu'elle s'est refait une réputation, car être domestique d'un noble, ça pose quelqu'un, elle va retourner vers ses amours et retravailler la terre. Cela lui manque. Mais ça fait un gamin avec qui elle peut s'occuper. J'avoue qu'elle se débrouille mieux que moi avec lui. Mais bon, quand il veut faire une caresse à la chèvre, il lui colle une gifle, ça me fait rire. Puis il y a Pyo, l'apprenti de mon forgeron. La boulangère a deux gamins aussi et j'en ai vu d'autres. Mais j'ai pas de décompte. Je suggère qu'on prenne un plat du jour. C'est courageux de ne pas savoir ce qu'on va manger, ça permet des découvertes.

Il sourit, puis passe commande quand le serveur vient, respectant les choix de chacun, et en attendant le plat, il fait une confidence, une vraie.

- Je deviens nerveux, alors je parle trop, pardonnez-moi. C'est juste que je réalise combien je me sens bien en votre présence et je ressens de la tristesse à devoir vous quitter, encore plus pour partir au Labret. Et si votre frère consentait à vous laisser venir, je doute que je veuille vous laisser repartir. Pas que je sois un tortionnaire qui aime garder captive les demoiselles. Puis je doute que votre frère aie déjà les moyens de payer une rançon. Mais vous enlever est le seul moyen que je vois pour qu'un perdreau né de la dernière pluie mais un peu plus malin que la masse des ignorants qui peuplent l'esplanade ne réalise quel trésor vous êtes et vous épouse.

Il lance un bras en l'air, de dépit.

- J'voulais pas dire ça. J'voulais pas l'dire comme ça. Mais c'est pas simple de réfléchir en homme marié alors que l'on sait que son épouse est morte. Et c'est mal, ce que j'ai dit. J'vous souhaite de trouver un homme bien et qui vous rendra heureuse dans les liens sacrés du mariage. Parce que j'aime vous voir sourire.

Et si cet homme, c'était moi, ça me remplirait encore plus de joie. Seulement, ça ne se dit pas. Je ne vais plus oser la regarder, moi. Il va être gai, le repas... Sombre crétin que tu es...
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Idalie de BeauharnaisComtesse
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyMer 25 Mar 2020 - 0:33
Des repas communs. L'idée paraissait aussi sympathique aux yeux d'Idalie, mais elle pouvait également comprendre le point de vue des gens du comte, qui n'étaient pas très à l'aise de partager la table de leur patron. Qui pouvait les blâmer? Elle ne peinait pas à imaginer que certaines de ces personnes étaient même intimidées par Aymeric. Il avait un côté très sérieux et avait une forte présence qui avait de quoi déstabiliser ceux qui n'y étaient pas habitués. De temps à autre, elle-même se laissait quelque peu déboussolée... tout en se sentant bien à la fois. C'était étrange. C'était si elle sentait qu'ils étaient en train de s'apprivoiser tout en sachant déjà que c'était plus ou moins nécessaire, tout en sachant déjà qu'ils s'entendraient peu importe ce qu'ils diraient.

« Un jour, c'est déjà bien, commenta-t-elle en souriant. Et puis, cela vous permet aussi de passer du temps de qualité avec Alix. »

Le port se dessina rapidement sous les yeux et Idalie étudia les alentours avec grande attention, non sans jeter de temps à autre un coup d'œil à Aymeric pour lui signaler qu'elle l'écoutait. Elle était heureuse de découvrir cet endroit qu'elle connaissait très mal. Elle n'avait aucun mal à saisir l'attrait qu'il représentait pour de nombreuses personnes, dont le comte. L'air salin avait un côté très agréable et elle se prit un instant à s'en emplir les poumons, comme pour faire des réserves. Elle était d'ailleurs en train de prendre une bonne bouffée d'air lorsque... Le mal de mer... Une terrible découverte. Je n'ai jamais été aussi malade de toute ma vie. D'après les copains, j'étais plus vert qu'un pré et j'ai passé l'entièreté du voyage la tête au dessus du bastingage. Idalie relâcha d'un seul coup tout l'air avalé et éclata de rire, non sans s'étouffer un peu et faire signe de la main que ça allait. Aymeric n'arrangeait cependant rien en continuant, précisant que même les poissons avaient dû rigoler et qu'Anür, si elle se manifestait à lui un jour, devrait gentiment le rejoindre sur la plage.

« Pardon, je ne devrais pas rire, c'est terrible! dit-elle en laissant encore échapper quelques petits rires malgré elle. J'aurais également été si dépitée... En fait, il n'est pas impossible que je le sois un jour, je ne suis jamais montée à bord d'un navire. »

La jeune femme sourit en écoutant Aymeric conclure, puis lui parla d'Alix en y allant aussi d'une anecdote elle-même. La réponse franche du comte la prit un peu au dépourvu. Vous ferez une mère extraordinaire. Elle bafouilla quelque remerciement inintelligible avant de le laisser poursuivre, espérant réellement qu'il avait raison. Elle adorait les enfants et pensait être plutôt habile avec eux, mais c'était différent d'être mère, elle s'en doutait. Elle espérait être une bonne mère, mais surtout que les Trois lui accorderaient le bonheur d'en être une, tout simplement.

Idalie délaissa ces pensées pour reporter son attention sur Aymeric. Elle ne put s'empêcher de sourire en constatant une fois de plus qu'il avait réellement à cœur d'être un père aimant avec sa fille. Alix avait de la chance. Beaucoup de pères nobles n'accordaient pas autant d'importance au bien-être de leur progéniture de sexe féminin. Elle ne comprendrait sans doute un jour, en côtoyant d'autres petites nobles. Et elle serait assurément encore plus reconnaissance d'avoir Aymeric pour père.

En entrant dans la taverne, ils allèrent s'asseoir à une table à l'écart. Si Ilda était présente, si elle ne ratait rien de ce qui se passait, elle tâchait de se faire le plus invisible possible. Son travail n'était pas de déranger sa maîtresse, mais bien de s'assurer que l'entrevue se passait dans le respect des convenances. Elle n'était pas inquiète. Le comte de Beauharnais était un gentilhomme un peu rustre, mais un gentilhomme tout de même, et il paraissait même un brin maladroit avec la dame d'Auvray. En tout cas, il parlait énormément, comme s'il craignait de laisser un temps mort dans la conversation qui ferait fuir sa noble compagnie. Ilda glissa un bref regard vers sa maîtresse, qui semblait accueillir gracieusement et positivement ce flot de paroles. Tant mieux.

Idalie laissa son imagination peindre un tableau tandis qu'Aymeric lui parlait des enfants du Labret. Des personnages s'ajoutèrent à cette campagne qui peuplait ces pensées, formant un ensemble tout à coup aussi vivant que charmant. Lorsqu'il proposa de prendre un plat du jour, elle acquiesça avec enthousiasme, ouverte à tenter la potentielle nouveauté qui se présenterait à elle. Elle allait répondre, mais fut interrompue par le serveur... puis par Aymeric, qui intervint pour dire qu'il parlait trop parce qu'il devenait nerveux. La déclaration la surprit et elle pencha doucement la tête, comme interloquée. La suite ne fit que l'étonner encore davantage, si bien qu'elle s'en retrouva bêtement figée, les joues terriblement rosées. Elle savait normalement conserver son sang-froid en des situations semblables, mais Aymeric était si... direct et sincère, et à la fois si maladroit, et ses paroles lui faisaient un peu trop plaisir, et elle n'avait pas trop compris cette histoire d'enlèvement - elle savait juste que c'était touchant -, et c'était mal non seulement de penser à ce genre de choses, mais encore plus de les dire à voix haute, et...

Idalie chercha d'un bref regard l'aide d'Ilda, mais ladite Ilda était aussi inutile qu'elle dans cette situation. La pauvre domestique était aussi prise au dépourvu que sa maîtresse et avait l'impression d'entendre une conversation qu'elle n'aurait jamais dû entendre. Elle cherchait mentalement le moyen d'aller se cacher six pieds sous terre pour laisser les deux nobles tranquilles, mais ne bougea pas d'un pouce et ne sut rien faire pour aider la noble à trouver une réponse adéquate à tout cela. Oh bon sang, elle n'avait jamais vu les joues de sa maîtresse aussi rouges.

« Je... », commença Idalie sans réellement savoir ce qu'elle allait dire.

Il fallait une suite. Quelque chose d'intelligent, idéalement, mais elle n'en demandait pas tant en cet instant. Juste quelque chose qui allait le faire rester, quelque chose qui allait l'empêcher de regretter ce qu'il venait de dire. Parce que j'aime vous voir sourire. C'était probablement la plus belle chose qu'on lui avait dite.

Idalie vit à peine Ilda se lever en prétextant avoir oublié de demander quelque chose au serveur. La domestique resta à proximité, assez pour écouter d'une oreille discrète ce qui se passait à table, mais juste assez éloignée pour donner l'impression aux deux nobles qu'ils avaient une certaine « intimité ». Elle sentait qu'ils n'allaient jamais arriver à rien autrement. Et elle avait subitement retrouvé l'usage de ses deux jambes, alors autant en profiter.

« Je... Enfin, vous... Vous me faites sourire. »

Pourquoi?Pourquoi avait-elle dit cela?! C'était non seulement complètement insensé – elle connaissait à peine Aymeric! –, mais c'était aussi mal, très, très, très mal de... De quoi? De dire la vérité? De penser à... Non, surtout ne pas penser.

« Ne partez pas, s'il vous plaît, demanda-t-elle, comme s'il avait esquissé le moindre geste pour se lever et quitter la table. Je veux dire, ne partez pas maintenant, je sais que vous allez devoir partir bientôt, même si c'est dommage, mais ne partez pas tout de suite. Je... On ne sait pas quel est le plat du jour et... ce serait dommage aussi de ne pas savoir. »

C'était à son tour d'être nerveuse. Elle n'avait pas l'habitude de l'être, elle qui savait se maîtriser en toutes circonstances ou presque. Aymeric, avec sa franchise et son regard perçant, venait de ficher en l'air des années d'éducation en cinq secondes. Et elle parlait du plat du jour comme d'un grand mystère de l'existence. Elle avait besoin d'une intervention divine des Trois avant de mourir de honte.

« Je... Si vous pouviez recommencer à parler "trop", cela m'arrangerait beaucoup, lâcha-t-elle subitement dans un rire un brin nerveux, mais plein d'autodérision. Je prendrais bien un monologue sur la plus belle ferme du Labret, sur la pire blague que vous avez faite de votre vie ou sur votre couleur préférée. Ou sur n'importe quoi, en fait. »

Elle rit de nouveau et le regarda un instant dans les yeux avant des les baisser brièvement avec pudeur.

« Et en échange, je vais... vous offrir cette serviette, dit-elle en prenant sa serviette de table. Enfin, je vais la plier en cygne avant pendant que vous parlez... et vous ne pourrez sûrement pas la rapporter parce qu'elle ne nous appartient pas, mais je n'ai rien d'autre sous la main et... Voilà. »

Idalie imaginait déjà le père Aaron en train de chercher désespérément son air entre deux rires pendant sa prochaine confession...


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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyJeu 26 Mar 2020 - 8:30
Tout semble se passer tellement bien que c'en est déroutant. Le rire qui s'empare de la noble alors qu'il conte ses déboires liés au mal de mer lui donne le sourire à lui aussi. Oh, s'il a confié cette anecdote ainsi, c'était bien dans le but de faire sourire. La période est suffisamment dramatique et s'il fallait raconter des histoires tristes, il pourrait en conter par paquets. Rien que les galères que sa fille a vécues avant qu'elle ne retrouve son père. Ou comment son ancienne domestique a perdu ses quatre enfants en moins de deux ans. Mais ici, Idalie va bientôt faire l'ouverture d'une auberge qui contient une œuvre sociale et offrira du divertissement à des gens, et de quoi cancaner aux autres.

- Ne vous excusez pas. Sur le moment, ça n'était pas drôle à vivre, sauf parfois pour mes compagnons... et sans doute pour les poissons, mais avec le recul, même moi j'en ris.

C'est important de garder le moral, et si on peut reconnaître certaines qualités à Aymeric, l'humour ne semble pas en faire partie. C'est donc d'autant plus surprenant qu'il se le permette. Si Idalie acquiesçait favorablement à l'idée du plat du jour à l'aveugle, sa domestique ne dit rien, alors Aymeric l'interroge du regard une première fois, puis une seconde, puis l'interroge directement.

- Trois plats du jour ?

Avant de passer commande. S'il a invité la domestique, elle a le droit de commander ce qui lui plait. Elle peut fort bien détester le poisson ou certains accompagnements, après tout. Elle est discrète, une qualité qu'il apprécie, mais elle manque un peu de naturel avec lui pour l'heure. Mais bon, c'est la domestique d'Idalie, sa dame de compagnie, alors il ne dit rien. Elle travaillerait chez lui ou pour lui, il lui enjoindrait de s'exprimer. Mais bon, à l'auberge, elle a correctement informé Idalie, alors ça pourrait aller. Mais Aymeric réalise à cet instant précis que si Idalie vient vivre avec lui, elle risque d'emmener aussi son personnel, ce qui serait une excellente idée vu que ça la déphaserait moins. Mais ce personnel accepterait-il, lui, de vivre hors de Marbrume ? Et c'est de cette question-là que part cette confidence qui mettra Idalie mal à l'aise ? Ben, pas tant que ça. Elle rougira, mais pas forcément de gêne. Waouw, voilà une réaction à laquelle il ne s'attendait pas. Il lui plaît... Il pourrait s'en réjouir mais ça ne l'arrange pas des masses. C'est un homme marié.

- Hein ? Mais je ne compte pas partir avant le... avant d'avoir mangé au moins. En plus c'est moi qui invite. Je commande trois repas puis je disparais en vous laissant la note que vous n'aviez certainement pas prévue, c'est un coup à avoir toute la milice sur le dos. Z'avez un frangin sergent en plus. J'me ferais engueuler par Alix en prime, par Apolline sans l'ombre d'un doute, puisqu'elle fait partie de ces gens qui veulent que je maîtrise l'étiquette, puis par la législatrice en prime, qui me l'apprend. Tout ça pour m'enfuir en ayant faim ? Cela serait un mauvais calcul. Bref, le temps du repas, je suis votre otage.

Hey, pas mal, cette pirouette. Il conserve le même champ lexical en changeant les rôles. Sa législatrice l'aurait décapité pour sa première remarque, mais ce rattrapage de haute voltige lui aurait valu un sourire approbateur. Maintenant, faut changer de sujet. CHANGE DE SUJET. Quel goût peuvent avoir vos lèvres ?... AYMERIC... euh... Une chanson ? Les seules que j'connaisse sont paillardes, on fait pas dans le raffinement à la milice. Autre chose. Sa tenue est ravissante. Mouais, ça reste de la drague, ça... Euh...

- Ah, le serveur avec l'eau et les repas. Vous seriez une femme, je vous épouserais dans l'heure.

Le serveur doit déjà en avoir entendu des phrases étranges et garde un stoïcisme impressionnant en servant les plats, alors qu'Aymeric lui indique où le troisième plat doit être servi. Le Comte observe, ravi, le plat, relativement copieux et coloré, redresse le nez, ravi, vers Idalie, puis lui demande.

- J'l'ai quand même pas dit à voix haute, si ? J'essayais de trouver un moyen de changer de sujet et en voyant le repas, j'y ai vu mon salut. Et il a vraiment l'air délicieux.

La domestique s'est sans doute rassise d'elle même, sinon Aymeric l'y aura invitée et il verse dans chaque godet l'eau arômatisée qu'il a vantée plus tôt. Le point positif est qu'Aymeric retrouve des couleurs. Parler repas, c'est neutre, c'est convivial, c'est universel. Il inspecte l'assiette du regard.

- Je ne suis pas spécialiste, mais je dirai que le poisson est du thon. En même temps, c'est le seul nom de poisson rouge que je connaisse. Ils auraient amené un poisson blanc, j'aurais été infoutu de vous dire duquel il s'agit, même en le goûtant. La sauce, c'est crème, beurre et algue. J'adore la cuisine au beurre. Et ils ont fait un lit de légume, et là, j'avoue que j'enrage. Parce que des légumes, j'en ai chez moi. J'ai tenté plusieurs cuissons, tout seul, ou avec notre domestique. Et des épices. Mais jamais j'arrive à retrouver le goût qu'ils ont ici ou à la Choppe. Ils ont un truc que je retrouve pas. Alors que mes légumes sont plus frais. Mais au moins, désormais, je les reconnais. Panais, carotte et poireau. Fut une époque où j'aurais même pas été fichu de dire leurs noms. Comme quoi, ce passage au Labret m'aura appris certaines choses.

Tiens, il redevient volubile, le Comte, mais cette fois, c'est parce qu'il est dans un de ses sujets dont il parle facilement. Mais il s'arrête pour goûter et son soupir de satisfaction en dit long.

- Délicieux. Y'a que la perdrix qui me donne encore plus de plaisir. Les légumes ont fini dans la poele qui a cuit les poissons, ça donne un équilibre à l'ensemble...

Ah, visiblement, oui, le Comte adore cuisiner et visiblement, il adore manger. il redresse enfin le regard et s'assure que les deux dames à sa table apprécient le repas. On ne sait jamais, les goûts et les couleurs. Il en profite pour boire un peu d'eau, qu'il apprécie beaucoup aussi. Bon, l'avantage, c'est qu'Idalie ne doit plus triturer cette pauvre serviette pour retrouver une contenance. Un repas à cet avantage là.

- La plus belle ferme du Labret ? Si on oublie le domaine je présume... J'vous aurais bien dit la ferme de Lance Damboise, qui est plus dresseur qu'éleveur. Il a quelques animaux et on sent qu'il sait s'en occuper. Enfin, avait. Il est porté disparu, lui aussi. Pour être franc, j'ai pas vraiment eu l'occasion de visiter d'autres exploitations. C'est que retaper un bâtiment qui a trois étages, enfin, un bâtiment de noble qui ferait office de résidence principale dans la Comté et ne servait que de résidence secondaire aux de Pessan, vous pouvez imaginer la taille, ça occupe. Sans parler de clôturer les prés malgré le risque de la Fange, retaper l'écurie et s'occuper du reste, dont sa fille, ça laisse pas une énorme marge. Mais il y en a une, quand même.

Il reprend une bouchée, puis une autre, une gorgée d'eau et poursuit.

- La ferme Dumas. Oh, le bâtiment en lui-même ne payait pas de mine. Une petite grange qui servait aussi d'étable pour une jument de trait peureuse mais courageuse, tout n'était pas bien droit mais tenait debout puis une maison qui elle non plus ne ressemble pas à grand chose. Mais les champs, dame Idalie. Les champs... Je sais pas l'expliquer, mais il y a des champs qui rassurent, où on sent que la personne qui s'en occupe sait ce qu'elle fait. Et d'autres où on se demande par quel miracle quelque chose a poussé dessus. Elle, c'est une terrienne, comme mon Guillaume est un éleveur. La première fois que je l'ai vue, alors que je démarchais pour l'Ordre de l'astre azur, l'accueil a été poli, mais froid. Puis quand j'ai cité le nom de Terresang, héros du Labret, ça a débloqué la situation et elle a écouté mon offre. On est rentré chez elle car le temps se couvrait.

Le débit du Comte est lent, il revit la scène. Mais il n'oublie pas son repas pour la cause et c'est l'instant où il interrompt son récit pour ne pas laisser refroidir le repas. Et comme toute personne qui savoure son repas, il mange lentement. Avant de poursuivre.

- Elle ne s'était forcément pas attendue à une visite, et mon cheval l'avait impressionnée aussi. Faut dire que des juments comme Asphodèle, on n'en croise pas tous les jours. Alors, sur la table, il y avait les graines qu'elle préparait pour les futures semailles. Elle avait des pots avec des plantes et herbes pour les infusions, elle m'en a offert une, d'ailleurs. Et bien, je peux vous l'dire, malgré le léger désordre, la poussière, ça sentait bon chez elle. Il y avait encore l'odeur du potage de la veille et tout le vécu de cette veuve. On en parle à votre auberge, dame d'Auvray. Il y avait une âme dans ce lieu. Et je ne doute pas que l'Au bonheur des âmes aura cette âme aussi, bientôt.

Il ne sait pas s'il a bien décrit cette plus belle ferme, mais oui, elle l'a marqué. Il poursuit alors tranquillement son repas, puis sentant un silence un peu trop long s'installer, il reprend :

- Ce sont les visites chez Lance et Mathilde qui m'ont convaincu de m'installer au Labret mais c'était chose encore impossible à mon retour, mon géniteur était vivant mais malade et il m'était interdit de le quitter. Bizarrement, Mathilde était à Marbrume quand le décès a eu lieu et ce fut la première visite que j'ai eue. La seule amicale aussi. On a parlé du Labret, de mon envie d'aller vivre là-bas, de ce que je pourrais y faire. Elle m'a conseillé utilement, connaissant des gens. Elle savait que le forgeron d'Usson cherchait un successeur et notre famille louait une forge ici à Marbrume, avec un vraiment bon forgeron. Apolline sera venue aussi, car elle avait appris, j'ignore comment, mon projet de m'installer au labret et m'a proposé de devenir l'intendant de son domaine. Mathilde a une grande ferme, des ouvriers agricoles qu'elle forme, rendant son exploitation très rentable. Mais elle est heureuse de transmettre son savoir. Ce contrat avec l'Ordre n'aura fait que des heureux, même si je l'ai quitté depuis, et même avant que ledit contrat soit signé. Je la vois comme ma conseillère Labret et j'ai plaisir à la voir. Je pense qu'on collaborera encore. Déjà, elle veut m'apprendre les charcuteries. Elle ignore que je sais comment on abat un animal. Cela me fera plaisir de lui prouver que même dans son domaine, je peux avoir quelqu'aptitude. Elle s'imagine toujours que les sangs bleus ne savent rien faire. J'avoue que ça m'amuse

Le repas, bien que copieux, reste suffisamment léger que pour pouvoir finir l'assiette, mais tout juste. Le dosage est parfait. Idalie aura eu le temps de manger, à elle de lui raconter quelques anecdotes de sa vie. Et Aymeric a envie de les entendre, pour la découvrir un peu plus. Après tout, s'il doit l'épouser un jour, autant qu'il sache lui préparer une vie qui lui convient. Mais cela, il ne le dira pas. Il ne rougira même pas d'y avoir songé. Après tout, Serus pousse un peu les êtres les uns vers les autres et sans doute le dieu cerf lui prépare le terrain ? Bah, il faudra qu'il interroge un prêtre sur ce sujet. Ca va pas être simple, ça fait un moment qu'il ne s'est plus confessé. Faute de temps. Mais il prie et fait des dons, ça doit compenser. Il suppose...
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Idalie de BeauharnaisComtesse
Idalie de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyVen 27 Mar 2020 - 3:15
Petit à petit, Idalie se détendit de nouveau. Si elle s'affairait toujours à plier sa serviette de table en cygne – elle avait réellement appris des choses peu utiles -, elle le faisant en riant, imaginant Aymeric se prendre successivement les reproches de tout le monde qu'il connaissait de près ou de loin pour l'avoir abandonnée à cette table. Il ne comptait pas partir malgré l'étrangeté de la situation, et elle en était hautement soulagée. Troublée, mais soulagée tout de même.

« Je tâcherai d'être une ravisseuse aimable », répondit-elle en riant.

Comme répondant à un appel silencieux lancé par les trois convives, le serveur débarqua avec les plats et l'eau. La distraction, plus que bienvenue, aida à dissiper quelque peu l'étrange – mais agréable – ambiance qui s'était installée. Idalie accueillit son plat en remerciant le serveur d'un sourire chaleureux, et Ilda fit de même, quoique avec beaucoup plus de retenue. La domestique, qui avait fini par se rasseoir, avait décidé de prendre un plat du jour également et observait celui-ci avec des yeux légèrement gourmands. Après avoir aussi détaillé son assiette, Idalie releva les yeux sur Aymeric.

« Je suis d'accord. Et à vous voir dévorer votre assiette du regard, Ilda, je crois que vous ne regrettez pas non plus avoir succombé au mystère du plat du jour!

- Oh non, je suis comblée! »

La domestique sourit avec un enthousiasme non feint, puis écouta attentivement le comte, tout comme sa maîtresse. Idalie fut surprise de l'entendre parler ainsi de cuisine et même mentionner qu'il avait essayé lui-même de cuire des légumes. Un comte aux fourneaux... C'était inhabituel. Mais Aymeric ne semblait pas réellement faire quoi que ce soit comme les autres. Cette pensée fit sourire Idalie.

Idalie goûta à son tour le plat, suivie d'Ilda. Les deux jeunes femmes acquiescèrent avec une visible satisfaction et échangèrent un regard, comme pour partager silencieusement un avis. Sans rien dire, elles s'étaient mises d'accord : c'était une recette qui leur faudrait tenter de reproduire au manoir, ne serait-ce que pour faire découvrir le plat à Zephyr.

« C'est un véritable régal, commenta Idalie en reposant son attention sur Aymeric. Tout est cuit à la perfection, les légumes sont juste assez croquants, les épices sont divines... Je suis très impressionnée et je regrette maintenant ne pas m'être aventurée ici avant aujourd'hui! »

Idalie replongea dans son assiette tout en écoutant Aymeric lui parler des fermes du Labret. Si elle mangeait avec le raffinement qu'on attendait d'une noble bien éduquée, elle n'était pas de celles qui picoraient comme un oiseau sans réelle conviction. Non, elle avait un appétit que sa silhouette délicate ne laissait pas deviner. Elle aimait manger et il ne faisait aucun doute qu'elle ne laisserait pas le moindre petit bout de légume dans son assiette.

Idalie se laissa porter par le récit d'Aymeric, peignant mentalement la ferme Dumas et la chaumière de la fermière. Un endroit vivant, plein de bonnes odeurs, avec quelques trucs traînant çà et là qui montraient que l'espace appartenait à quelqu'un, à une dénommée Mathilde. Idalie espérait avoir la chance de la rencontrer un jour, et de voir ces champs et cette chaumière qu'Aymeric lui décrivait avec tant de détails. Peut-être trop de détails pour certains, mais pas pour elle. Elle aimait cette capacité qu'avait le comte de lui parler de quelque chose avec tant de précision qu'elle était en mesure de le visualiser comme s'il venait de se matérialiser en chair et en os devant elle. Ces champs, cette ferme, elle les imaginait sans peine grâce à lui et à ses mots. C'était une qualité rare.

« Tous les sangs bleus ne sont pas aussi friands de travaux manuels que vous, il faut dire, fit Idalie après avoir avalé une bouchée de poisson. Vous êtes un peu... un cas à part, Ayme... Monsieur de Beauharnais. »

La bienséance. Il fallait respecter la bienséance même si se laisser aller à un brin de familiarité était, après les paroles échangées plus tôt, aussi facile que tentant.

« J'avoue que je connais bien peu de nobles sachant autant faire de leurs deux mains que vous. Bien entendu, certains connaissent les armes, mais il y a une différence entre savoir manier une épée et avoir une longueur d'avance sur les autres dans l'apprentissage de la confection de charcuteries. »

Elle rit, tentant d'imaginer quelques nobles de Marbrume en train de se salir les mains avec des morceaux de viande sanguinolents. Non, vraiment, Aymeric était un cas à part.

« Aussi étrange cela puisse-t-il paraître, je paierais cher pour avoir la chance de suivre une personne comme votre amie fermière une seule journée, lança-t-elle, candide. Les gens comme elle ont tant de connaissances pratiques... Je connais... Enfin, je connais ma place et mes forces, vous savez, je sais que je ferais une fermière terrible, mais j'aimerais quand même savoir comment les gens comme elle labourent un champ, comment ils préparent leurs semences, comment ils s'occupent de leurs animaux. Et peut-être même réussir à apprendre à faire une petite chose utile ou deux, dans ce domaine et d'autres. Toute connaissance est bonne à acquérir, selon moi. »

Idalie haussa doucement les épaules et poursuivit :

« Croyez-le ou non, j'ai pris quelques notes quand les ouvriers sont venus travailler à l'auberge! J'ignore à quoi elle vont me servir précisément, mais je saurai en faire bon usage un jour ou l'autre. C'est peut-être idiot, mais je les regardais clouer des planches et je me disais que... enfin, cela ne semblait pas si difficile, que peut-être qu'à temps perdu, je pourrais essayer. Pas pour devenir ouvrière, mais pour voir si je suis capable, tout simplement. Et pour... que sais-je? Fabriquer une mangeoire à oiseaux, disons! Ce serait joli dans la cour de l'auberge. »

Idalie balaya l'air de la main en riant, semblant indiquer à Aymeric qu'il ne fallait pas l'écouter lorsqu'elle se lançait dans de telles rêveries.

« Je suis simplement curieuse, expliqua-t-elle. Il y a tant à apprendre au-delà de ce que l'on nous enseigne en tant que nobles. »

Ilda, qui avait terminé son assiette, observa sa maîtresse du coin de l'œil. La domestique voyait rarement la jeune femme parler aussi ouvertement à un noble. Elle trouvait étrange de voir Idalie montrer d'autres côtés de qui elle était, celle-ci se contentant généralement d'afficher des traits qui ne pouvaient choquer personne : sa piété, son affinité pour les arts, son amour pour les causes caritatives, etc. Le comte de Beauharnais avait droit à un portrait plus complet. Il savait qu'elle avait en quelque sorte la bosse des affaires, qu'elle s'intéressait à des sujets plus proches du monde réel que du monde doré de la noblesse, et même qu'elle pouvait être des plus maladroites malgré la façade d'un calme et d'une gentillesse imperturbables qu'elle s'évertuait à conserver. Qu'est-ce que le comte avait fait pour que la jeune femme se sente ainsi en confiance? Ilda se le demandait bien. Tout comme elle se demandait ce que sa maîtresse avait fait pour que le comte se perde dans un discours aussi confus qu'attendrissant avant de sembler redevenir parfaitement à l'aise et de poursuivre la conversation. Ils formaient un duo... particulier.

Idalie acheva son assiette – il ne restait plus rien – et sourit à Aymeric. Le repas avait été relativement copieux, mais si elle était seule, elle aurait certainement pris du dessert. Elle n'en dit cependant évidemment rien à Aymeric, même si l'envie ne manquait pas de trouver une raison pour prolonger le repas.

« C'était délicieux. Si toutes vos recommandations mènent à des découvertes aussi savoureuses que celle-ci, j'espère que vous m'en ferez des tonnes. Enfin, lors de vos passages à Marbrume. Si vous le souhaitez. Et je vous dois un repas à l'auberge avant toute chose. »

Et comme elle sentait sa maladresse reprendre le dessus, elle se saisit de sa serviette de table et termina les deux plis qui manquaient à son cygne avant de pousser celui-ci vers Aymeric avec la subtilité d'un éléphant dans une boutique de porcelaine. Son regard était timide, mais espiègle, et son sourire chaleureux. C'était l'offrande de l'embarras presque assumé. Presque.
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Aymeric de BeauharnaisComte
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptyVen 27 Mar 2020 - 15:49
Quand on vante les mérites d'une cuisine, mieux vaut taper dans le mille, sinon on passe pour un con. Mais ici, sans aucun doute, il a bien visé. Pas qu'il doutait de la table, mais depuis, le cuisinier pouvait avoir changé ou être en petite forme, ou toute autre option. Les choses à cette auberge sont inchangées et c'est une excellente chose. Aymeric est ravi de ne pas passer pour ce qu'il n'est pas.

- Je suis un cas à part, oui. Parce que j'ai toujours eu un caractère fort diront les étiqueteux, et un caractère de merde diront les plus honnêtes. En tant que cadet, j'ai refusé d'entrer au Temple et pour me punir, mon père a fait de moi un laquais... et j'ai adoré. C'est de là que je suis devenu un manuel. Je dormais avec les domestiques, je m'occupais des chevaux, je partageais leurs repas. A ce régime-là, un gamin bien né aurait tenu deux jours, cinq pour les forts caractères. Mais moi j'ai adoré. Parce que je ne me sentais pas à ma place à la table du seigneur des lieux. Et j'ai appris que pour améliorer mon quotidien et celui des miens, il fallait que je me débrouille par moi-même. C'est ainsi que j'ai débuté la chasse, j'ai appris les piégeages. Puis j'ai réparé notre toit. Oh, pas tout seul. J'étais pas doué pour tout, mais, comment dire, la satisfaction du travail accompli...

Le Comte sourit, d'un sourire vrai.

- Le même que vous ressentez alors que votre projet d'ouvrir cette auberge arrive à sa fin, et ce sentiment de vide qui vous anime tout autant. Maintenant, faut être honnête, et je le dis surtout pour vous, Ilda, même si je vivais comme un troufion, un laquais, j'étais quand même fils de Comte. Quand j'allais braconner, et même si je l'ignorais, je ne craignais rien. Et quand je réparais un toit avec un artisan bien gentil de m'expliquer les choses, le matériel apparaissait un peu par miracle. Puis j'étais doué à l'arc et peu doué pour l'écriture, n'y trouvant aucune passion. Alors, si le cadet n'était pas un prêtre mais un honnête officier archer, l'honneur de la maison était sauf. Bon, ça, je l'ai compris bien plus tard. Et cet apprentissage "à la dure" pouvait m'aider aussi à devenir un bon officier, puisque je connaissais des valeurs comme le sens du travail, le fait de devoir obéir, le fait de ne pas croire que j'avais la science infuse parce que j'étais sorti du bon ventre. Cela, c'est pour l'aspect positif. L'aspect négatif, c'est que mon éloignement arrangeait et mon père et mon frère. Mais bizarrement, ce furent mes années les plus heureuses.

Il n'y a pas d'amertume dans la voix du Comte et si ses rejets l'ont touché, il le cache bien. A moins que réellement il ait su mettre tout ça derrière lui. Mais ce bout d'histoire signifie et explique beaucoup de choses. Pourquoi il élève sa fille en lui apprenant la valeur du travail, en lui apprenant les techniques pour se débrouiller seule. La Vicomtesse sait s'occuper d'une chèvre, vider un lapin, grimper aux arbres, faire du feu... et en prime elle apprend à marcher avec un livre sur la tête, ou à se battre avec une lance. L'éducation la plus étrange qu'une fillette, quelque soit son milieu, ait reçu. Aymeric ne l'obligera à rien et veut lui offrir la multitude de possible que le monde comporte pour qu'elle ait le choix. Mais, à la différence de son histoire à lui, elle, elle n'aura pas de conflits pour l'obliger à faire ses choix. Il est un peu sorti du récit d'Idalie mais parvient à recouper ce qu'elle a dit avec son histoire de planche et de clou.

- En théorie, rien n'est compliqué, il faut avoir le courage d'essayer. Après, avec la pratique, on découvre les domaines pour lesquels on a reçu la bénédiction des Trois... et les domaines où ils nous indiquent clairement qu'on ferait mieux d'aller voir ailleurs. Pour moi, l'arc... et le bateau. Alors, si vous avez envie de suivre Mathilde ou plus simplement les fermiers du domaine, qui sont très bien eux aussi, qu'est-ce qui vous l'interdit ? Rien ! Et la curiosité est une qualité qui plait par là-bas, si elle est sincère. Pour autant que vous mettiez la main à la pâte, bien sûr. Les tire-au-flans, ils aiment pas.

Le compliment sur le bon choix de cette taverne touche Aymeric mais il s'excuse en même temps.

- Hélas, c'est la seule bonne adresse que je puisse communiquer. Du moins pour la bouffe. Pour le reste, il y a quelques bienfaiteurs qui ont aidé ma fille et qui s'avèrent être de bons artisans. Madame Pymouss, une couturière qui n'arrête pas de pondre des enfants et a mis des jumeaux au monde. Le petit soigneur et son épouse. Tiens, elle a pondu des jumeaux aussi. C'est une prêtresse, c'était même la "mienne". Enfin, quand j'avais un souci moral, c'est vers elle que j'allais, mais c'est son mari qui a aidé ma petite. La compagnie des Lames, forcément, s'il vous faut un service d'ordre. J'en héberge une partie au domaine, ils protègent ma fermette des faubourgs. Mais côté nourriture, j'ai souvent changé. Et j'ai souvent cuisiné moi même. Ca rendait mon ancienne domestique folle.

Il fait ce qui se fait peu, d'ordinaire, se levant et allant vers le comptoir pour payer le repas, histoire que ces dames ne voient pas le prix, puis revient.

- Parfois, des livraisons arrivent du Labret; des caisses entières. Dans le lot, il y a des fruits. Quand je patrouillais dans les marais, je connaissais quelques coins à fruits aussi. On pourra jeter un oeil sur ce qu'ils débarquent. Cela fait un dessert sympa s'il vous reste de la place, vu que vous avez toutes les deux fini votre assiette. Puis, malheureusement, je dois vous raccompagner. A l'auberge ou à l'Esplanade, comme vous l'entendrez. J'ai pris un peu de temps libre, je vous en ai volé, mais même les moments magiques ont une fin. Il me faut voir Alix, aussi, voir si elle est prête à repartir chez nous. Mais...

Tu as déjà fait des bourdes aujourd'hui, fais attention...

- Je pense que c'est la première fois, depuis que j'ai retrouvé ma fille, que j'hésite à aller la rejoindre et que j'aimerais étendre le temps un peu, pour prolonger ce moment si agréable. Même si j'ai vraiment trop parler...

Il soupire, un peu. Puis sourit. Voir sa fille lui fait toujours du bien.
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MessageSujet: Re: Et si tout était dit? [PV Aymeric]   Et si tout était dit? [PV Aymeric] EmptySam 28 Mar 2020 - 1:38
C'était un soulagement pour Ilda de voir que le comte de Beauharnais réagissait favorablement aux propos d'Idalie. D'autres hommes se seraient empressés de ridiculiser ses idées et n'auraient pas passé par quatre chemins pour lui dire de laisser sa curiosité vagabonder vers des sujets plus raffinés et féminins que la ferme ou le travail du bois. Pas lui. Il semblait même sous-entendre qu'elle pourrait suivre cette fermière du nom de Mathilde un de ces jours... et donc qu'elle viendrait au Labret. Malgré le refus, il avait encore espoir qu'elle se rendrait au domaine de Pessan. Cela fit sourire intérieurement la domestique. L'homme était quelque peu rustre, mais bien intentionné. Son intérêt pour la cadette de la famille d'Auvray paraissait sincère... Leur maladresse mutuelle était touchante. Elle tâcherait de parler de tout cela à Zephyr. Elle savait qu'il cherchait un mari pour sa sœur et qu'Idalie ne lui parlerait pas elle-même d'Aymeric – il était toujours marié aux yeux des Trois et la jeune femme était trop pieuse pour mentionner son nom en de telles circonstances. Ilda, elle, ne ferait que de relater les faits du chef de la famille... Il n'y avait aucun mal à cela.

« Oh, je mettrais évidemment la main à la pâte si j'en avais l'occasion, confirma Idalie, tirant la domestique de ses réflexions. Cela ne fait que rendre les choses plus intéressantes. »

La noble écouta les recommandations d'Aymeric et son regard s'illumina lorsqu'il mentionna une prêtresse et un soigneur qui avaient eu des jumeaux.

« Oh, vous parlez sans nul doute de Monsieur Hilaire et de son épouse, dit-elle en souriant. Je connais également le soigneur, il travaille actuellement une journée à l'auberge. Ses enfants sont si adorables! »

Idalie suivit Aymeric des yeux. Il venait de se lever sans un mot, sans doute pour régler la note sans qu'elle et Ilda sachent ce que ce repas lui avait goûté. Peut-être se doutait-il qu'elle était le genre à vouloir rendre la pareille, parfois un peu trop. C'était galant. Et embêtant parce qu'elle ne pouvait lui retourner la gentillesse de façon tout à fait égalitaire, mais galant tout de même.

Aymeric revint et, après avoir proposé de vérifier quel genre de fruits les hommes débarquaient pour voir s'ils pouvaient obtenir un dessert intéressant, il souligna l'évidence : cet instant tirait à sa fin et il devait la raccompagner afin qu'ils puissent tous deux retourner vaquer à leurs occupations. Elle avait à faire à l'auberge et, lui, de son côté, devrait se rendre auprès de sa fille. Elle était déçue que tout cela prenne fin aussi rapidement, mais elle savait que c'était plus raisonnable. Ils s'entendaient bien, trop bien pour les circonstances, et elle culpabilisait déjà en resongeant à toutes les pensées qui lui avaient traversé l'esprit pendant leur promenade et leur repas. C'était mal, elle ne devrait même pas penser au fait qu'il lui plaisait. Il ne l'aidait cependant aucunement en qualifiant ce moment de magique et en lui avouant qu'il hésitait pour une fois à aller retrouver Alix sans attendre.

« Vous n'avez pas trop parlé, dit-elle en se levant tranquillement, suivie d'Ilda. Vous m'avez seulement permis de mieux vous connaître. »

Elle sourit doucement. Il n'avait pas trop parlé, il avait surtout trop dit. Comme elle. Irait-il se confesser pour cela également? Peut-être pas. Il était certain qu'elle se rendrait au temple sous peu, pour sa part. Elle ne se confessait pas souvent, mais il y avait décidément urgence, maintenant.

Ils sortirent tous les trois de l'établissement, Idalie remerciant au passage le serveur et complimentant la cuisine. Une fois à l'extérieur, ils reprirent le chemin de l'auberge, marchant probablement plus lentement qu'il le fallait, histoire d'étirer un peu le temps. Idalie s'arrêta pour regarder avec curiosité les caisses qui étaient débarquées. Aucun fruit en vue. Elle fit une légère moue.

« Je crois que nous n'avons pas de chance, déplora-t-elle en pivotant vers Aymeric. Mais qu'à cela ne tienne, nous allons passer par un petit marché! »

Après qu'ils eurent quitter le port, Idalie les guida habilement dans les rues de la Hanse et s'arrêta à l'étal d'un marchand de fruits pour se procurer trois fruits en ne laissant pas la chance à quiconque de lui interdire d'offrir ce dessert. Ilda choisit une pomme, tandis qu'elle préféra une poire qu'elle dégusta avec délice tout en continuant de marcher une fois que le comte eut fait son choix, lui enjoignant à la dernière minute de choisir aussi quelque chose pour Alix.

« Ce n'est pas grand-chose, mais ils sont délicieux et elle sera sans doute heureuse d'avoir une petite collation à se mettre sous la dent! », déclara-t-elle gentiment.

Ils arrivèrent finalement devant l'auberge. Après avoir remercié Aymeric trois fois plutôt qu'une pour le repas, Ilda s'éclipsa discrètement, laissant sa maîtresse dire au revoir au noble – même si elle était bien assez maline pour pouvoir continuer à les observer à distance. Idalie s'arrêta et regarda Aymeric sans trop savoir quoi dire pendant quelques secondes. Elle replaça une mèche qui était pourtant bien à sa place, défit un pli qui n'existait pas.

« Je vous remercie encore une fois de cette invitation, j'ai passé un moment très agréable, finit-elle par dire en tentant de ne pas trop paraître timide, même si elle l'était un peu pour des raisons qu'elle ne voulait pas s'expliquer. J'espère que votre voyage de retour se passera bien... Je prierai pour votre sécurité et celle d'Alix. Il est dommage que vous ne puissiez rester plus longtemps, je... »

Elle s'arrêta avant de dire trop de bêtises. J'aurais aimé vous revoir et vous écouter trop parler encore. Par les Trois.

« Soyez prudent, d'accord? poursuivit-elle finalement. Et je vous en prie, passez à l'auberge si d'aventure vous êtes de nouveau en ville. Je vous dois un repas et... cela me ferait très plaisir. »

La jeune femme marqua une pause et sourit avec douceur à Aymeric.

« Au revoir, Aymerc. Prenez soin de vous. »

Après un dernier sourire, elle s'éloigna vers l'auberge, jetant un ultime regard derrière elle avant de passer la porte de l'établissement.
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