Une patrouille de milicien.

12 Septembre 1166.

Un coutilier me convoque tôt ce matin pour que je puisse introduire un nouveau milicien dans notre escouade, je ne sais pas si j'inspire la confiance pour qu'on me confie souvent ce genre de tâche comme la fois avec la couturière Aelys de Beauval. Parfois le manque de sommeil me laisse étourdi c'est dernier temps depuis ma rencontre avec Claire la Corbac, donc j'ai un peu mal à faire mon travail correctement dernièrement. J'espère simplement que la nouvelle recrue va être quelqu'un de gérable pour ne pas compliquer la tâche.

Je me prépare pour la journée qui m'attend, je vérifie l'état de mon épée ainsi que de mon bouclier. J'entends quelqu'un qui semble se présenter au coutilier, je tend l'oreille et j'entends mon prénom résonné peu de temps après. "Noah, la recrue est là." Je traverse le seuil de la porte puis mon regard est attiré par une tignasse rousse, je me rapproche pour me présenter convenablement en lui tendant la main. "Noah Nouet" Elle n'hésite pas une seconde pour me serrer la main, son regard soutenu à mon égard me gêne un peu. "Lise de Sombrelune." Je prends un peu de temps avant de reconnaître ses yeux, dans mes souvenirs il s'agit de la femme qui me fixait quand Aelys était venu à la caserne. Mon supérieur prend la parole pour les directives de la journée. "Toi et la nouvelle vous allez faire une patrouille, cette recrue est sous ta responsabilité." Je pense que ce genre de chose est généralement le travail d'un coutilier, mais je n'ai pas envie de subir une punition pour insubordination pour l'avoir suggéré à mon coutilier.

Le début de la patrouille débute, quelques minutes à peine une fois dehors j'engage la conversation pour savoir si quelque chose la tracasse. "Alors Lise, as-tu des questions à me poser ?" "Il est vrai que tu préfères les hommes aux femmes dans ta couche ?" "Excuse-moi, je ne suis pas certain d'avoir compris ta question." Dis-je en m'arrêtant net sur place. "C'est une rumeur à ton sujet qui circule entre les femmes de la milice, bien plus populaire que celle qui mentionne ta double vie dans les établissements de joie la nuit." Je dépose ma main devant mes yeux, j'essaye de distinguer s'il s'agit d'un mauvais rêve ou bien de la réalité. "Pourquoi tu crois à ce genre de rumeur à mon sujet." La rousse hésite un instant, levant les yeux au ciel avant de revenir soutenir mon regard. "Tu tentes jamais de peloter les femmes à la caserne, c'est étrange pour un homme qui n'a pas dû ressentir la chaleur d'une femme après autant de temps dans la milice." Elle ne semble pas croire à la seconde rumeur, bien que j'en sois rassuré je commence à me demander pourquoi elle semble en savoir autant à mon sujet. "Pourquoi la seconde rumeur ne te semble plus probable par curiosité." Dis-je en reprenant ma marche dans les rues du quartier de la milice. "Je ne pense pas que ta bourse supporte une fréquentation journalière des filles de joie, notre bourse est bien maigre après tout." Dit-elle en tapotant la sienne à sa ceinture. "Alors je vais mettre fin à la première rumeur, j'aime les femmes et rien d'autre." D'après son regard elle semble être déçue par ma réponse, sa curiosité semble être satisfaite car la patrouille continue sans qu'aucun de nous ne relance un sujet de conversation.

Nous approchons du marché vers la Hanse, nos regards sont bien plus alertes dans ce genre d'endroit qui parfois abrite des voleurs à la tire ou bien d'autres méfaits. Une enfant qui court dans tous les sens se fait bousculer par un homme qui semble être très pressé avec un sac sous le bras. Un comportement suspect à mon avis, pourtant ma partenaire me distrait le laissant filer avant que je n'ai le temps de réagir. "Tu va bien ma petite ?" Lise tente de réconforter l'enfant tombé un peu plutôt, je m'approche doucement le regard dans la direction du fuyard. "Tu sembles savoir y faire avec les enfants." Dis-je en constant le grand sourire sur la gamine qui semble pourtant avoir échappé de peu à un sanglot de larmes incontrôlables. "Encore heureux, je ne suis pas la mère d'une enfant de dix ans pour rien." La révélation me surpris, quand je la regarde j'ai du mal à croire qu'il s'agit d'une mère d'un enfant dont l'âge est déjà si avancé, je n'ai pas le temps d'imaginer son véritable âge qu'une réponse à celle-ci tombe sans prévenir. "Je viens d'avoir 22 automnes, tout le monde est surpris quand j'évoque ma fille, à voir ta tête tu es aussi surpris que les autres." J'affirme ma surprise à la nouvelle peut je me détourne pour reprendre la patrouille. "Étrange, généralement on me demande l'histoire derrière. tu ne veux pas savoir ?" Dit-elle amusé de me voir repartir aussi vite. "Ta vie ne regarde que toi, qui suis-je pour te jugé." Son sourire grandit à mes paroles, je pense que j'ai fait un bond dans son estime pour ne m'être pas montré indiscret sur sa vie personnelle.

15 Septembre.

Les jours passent sans changement particulier, les entraînements, les patrouilles et les repas pas très appétissants. Depuis maintenant trois jours je partage mon quotidien avec la milicienne, nous étions déjà un peu plus proches, étrange n'est-ce pas pour quelqu'un qu'apprécie la solitude. Je me lève doucement du lit avant que l'aube apparaisse, je me rapproche du seau d'eau pour me passer un coup sur le visage. Comme à mon habitude je vérifie mon équipement, mon épée aurait bien besoin d'un petit coup à la meule. Je sors du dortoir surveillant l'arrivée très probable d'un supérieur, mais une tape dans le dos me surprend. "Alors Noah, on est matinal aujourd'hui." Dit Lise avec un grand sourire. "Bonjour Lise, il faut croire que oui." Je distingue qu'elle tend l'oreille espérant que je relance la conversation, mais quand la rousse remarque qu'il n'est pas de mon intention de faire la causette elle gonfle les joues en détournant son regard de ma direction. "Tu n'es pas vraiment drôle le matin tu sais." Dit-elle. "Pourquoi l'après-midi je suis hilarant ?" Dis-je étonné par sa remarque, mais aucune réponse de sa part.

Aujourd'hui je suis encore en patrouille avec Lise, depuis ce matin elle semble faire la tête et le silence règne d'une main de fer depuis que nous sommes sortie de la caserne. La hanse n'est plus très loin, avant de l'atteindre j'essaye de résoudre ce problème de communication. "Pourquoi tu fais la tête depuis ce matin ?" La réponse est presque immédiate, son regard est néanmoins concentré devant elle. "J'attends que tu sois hilarant." Un silence s'installe doucement, je la regarde toujours en train de fixer devant soi. Je réfléchis un instant avant de lui répondre à nouveau. "Qu'est qui miaule et qui nage ?" Elle ne tourne pas la tête, mais je crois voir son regard faire des allers-retours rapides dans ma direction. "Un chathon." La réaction de Lise est particulière, elle détourne la tête la main sur la bouche avant de rire aux éclats, les gens autour nous regardent avec un air étrange. "Tellement nulle ta blague." Dit-elle encore en train d'essayer de retenir son fou rire. "J'ai pourtant l'impression que tu l'apprécies ma blague nul." Elle reprend d'un coup son calme, ses yeux se tournent enfin dans ma direction. "Tu m'as surprise, voilà tout."

Nous sommes finalement proches du lieu favoris des petits délits de la hanse le marché, nous assurons la sécurité autant que possible mais parfois c'est insuffisant pour décourager le plus désespéré d'entre eux.

Pendant la patrouille une main se dépose sur mon épaule, je me retourne pour faire face à la personne qui cherche à attirer mon attention. Il s'agit de ma mère, le sourire sur le visage de me voir dans de telles circonstances. La milicienne perturber de voir que mon faciès renvoie une risette similaire reste silencieuse alors que je converse avec la femme. "Noah, quelle bonne surprise de te croiser par ici. Tout se passe bien à la caserne ? Tu manges bien ?" Dit-elle son regard se penchant sur ma camarade qui reste pour l'instant à l'écart. "Oui tout va bien, qu'est qui t'amène dans la hanse ?" Dis-je pour la rassurer de ma condition alors que la manche de gambison est légèrement tiré par la main ma mère comme si l'envie que cette conversation dure le plus longtemps possible.

"Tu me présentes pas ta petite camarade ?" Demande ma mère la scrutant. "Lise de Sombrelune, enchanté mademoiselle ... ?" Lise répondu avant que ma bouche n'est le temps de le faire. "Je suis Marielle Nouet. Je suis malheureusement plus une mademoiselle depuis bien longtemps, Noah tu as une amie vraiment adorable." Ma mère apprécie d'être soudainement rajeuni par l'appellation de la milicienne, alors que la rousse semble être complètement désorienté sur la situation. "Tu es marié ?! Depuis quand ?!" Je n'ai pas remarqué un détail dans les questions qu'elle me pose, néanmoins ma mère eut un large sourire quant à sa réaction, elle reprend la parole pour dissiper le malentendu. "Je suis sa mère, pas de panique jeune fille mon fils n'est pas encore prêt à m'offrir des petits enfants, du moins pour l'instant." La scène qui se déroule sous mes yeux est incompréhensible pour ma part, pourquoi parler de petit enfant dans une situation si soudaine. Ma mère secoue la tête avec un soupir, laissant une remarque encore plus directe que les précédentes pour que je percute enfin. "Lise tu es la bienvenue à la maison, n'hésitez pas à passer pour que je fasse meilleure connaissance avec ma future belle-fille."

Sur ses paroles elle disparut avec un large sourire, un silence gênant laissant place entre les deux miliciens. Étrangement cette conversation reste sous silence, comme si la mentionne était un peu tabou à cause de la gêne qu'elle produit.

19 Septembre

Ma défaite dans un duel en trois touches commence à se répandre dans la caserne, perdre contre une femme n'est pas quelque chose de très glorieux, pourtant beaucoup savent que ce n'est pas une question du sexe de l'individu mais des compétences de ces derniers. Malheureusement d'un point vu commun ce n'est pas une bonne chose, la première qui l'a appris dans mes connaissances et Lise, à mon grand regret.

Un jour la milicienne vient me voir, le sourire qu'elle aborde est étrange. Je tourne la tête en attendant une moquerie de sa part. "Alors Noah, on est déprimé d'avoir perdu contre une femme ?" Sans surprise elle aussi s'y met, un peu normale en quelque sorte. "Tout le monde semble oublié que j'ai réussi à la désarmer dans l'exercice suivant néanmoins." Je lui réponds pour défendre le peu de dignité qui me reste à me faire bâcher par la rouquine. "Mon pauvre, tu dois prendre un peu bon temps pour oublier une telle hu-mi-li-a-tion." Je vais en entendre parler longtemps de cette histoire je le sens, mais qu'importe je vais faire avec. La milicienne vient s'asseoir sur le lit qui me sert de point repos après une dure journée de travail dans la caserne. Elle est d'un coup un peu plus tendue, je le remarque et je retourne mon regard dans sa direction pour lui faire face. "Il y a une fête organisée au temple pour que les étrangers qu'ont échoués sur nos plages s'intègrent un peu mieux, je me demandais si tu ... voudrais m'accompagner là-bas ?"

Depuis que ma mère a fait la réflexion de la belle fille ce genre de situation un peu étrange ce produit de temps en temps, comme si chaque demande un sous-entendu malsain se glisse dans la conversation et qui généralement gêne autant l'un que l'autre. "Oui ... pourquoi pas." Dis-je pour valider ma participation à cette fête organiser au temple. Le sourire de la rousse est discret mais je remarque que ma réponse la soulage que je ne refuse pas.

Le jour J, la milicienne était en retard à cause d'un malfrat qu'avait eu la bonne idée de la faire courir dans toute la ville, Noah pendant ce temps seul à la fête attend patiemment la venue de sa camarade. Son chemin croise celui de la mère Éleanor, un peu surprise par son manque de tact quant à ses questions un peu étranges voire complètement déplacées, une chose totalement inaperçue pour le jeune milicien qui ne remarque pas sa faute surement trop inquiète de voir son amie lui poser potentiellement un lapin. Heureusement la prêtresse le rassure avec de belles paroles, ce qui fonctionne parfaitement.

Merrick Loren, le nouveau coutilier de Noah est aussi présent, ayant interrompu sa conversation avec la prêtresse pour lui intimer l'ordre de surveiller un prêtre qui ne semble pas vraiment apprécie il ira même jusqu'à le menacé de révéler ses sentiments incertains à la personne concernée s'il ne le sauve pas d'une danse avec la même prêtresse alors qu'il avait interrompu une nouvelle fois une conversation avec Rosalie une milicienne aussi présente pour ses festivités, bien que la raison de sa présence soit un mystère pour lui. À cause de la menace de son supérieur, le milicien n'étant pas en service va se dérober à sa mission et tenter de rediriger Éleanor vers le coutilier. Lise arrive peu de temps après, heureux de n'être pas en train de danser avec le membre du clergé à ce moment-là.

Un peu confuse de son retard, la milicienne demande à son camarade un résumé du bout soirée qu'elle vient de manquer, elle apprit la maladresse de Noah envers la prêtresse, s'assurant de retenir son visage pour s'en excuser en son nom plus tard dans la soirée ou éventuellement dans les jours prochains. Une danse entre les deux miliciens se lance, il profite de la soirée avec joie et finit par repartir dans une grande discrétion, n'oubliant pas se saluer d'un signe de la tête Rosalie toujours en compagnie avec la même femme, Noah plaint la prêtresse que la personne qu'elle attendait n'est pas pu venir, ainsi le refus constant de son coutilier de la fuir pour une danse.