Marbrume


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 C'est tonton qui s'en vient siffler ton picrate

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Othon ZollernCoutilier
Othon Zollern



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MessageSujet: C'est tonton qui s'en vient siffler ton picrate   C'est tonton qui s'en vient siffler ton picrate EmptyLun 20 Avr 2020 - 18:18
Le 21 Septembre 1166

« Faut avouer c'est chiadé », avait lâché laconiquement Othon en apercevant la cour du manoir Rivefière, non sans amertume. En vérité, le coutiller du Guet aurait presque espéré un endroit mal famé, pas si bien entretenu, voire un peu délabré. Ne serait-ce que pouvoir en dire du mal : c'est qu'y parvenir n'avait pas été de tout repos. Ah, elle a bon dos la camaraderie de la milice! Lui l'ancien centenier, lui le dernier de l'auguste maison Zollern, lui qui vivait autrefois à la cour du duc! Rien! Niet, nada, que dalle! Le factionnaire aux abords de l'Esplanade n'avait eu pour lui qu'une gueule torve et un regard louche (spécialité de la milice, du reste), au moment de laisser passer celui qui n'était plus qu'un humble dizainier.

Indépendamment de son passé "glorieux" (et les guillemets sont nécessaires), Othon n'était donc passé qu'à grand peine dans ce sacro-saint, cet éden nobiliaire qu'était la ville haute de Marbrume où l'on pétait dans la soie tandis que plus bas la gueusaille se conchiait dans les relents. Or ce passe-droit, il l'avait plus dû à l'identité de son hôte (qui l'ignorait encore, ceci dit) qu'à son sang bleu ou son rang. C'est que le nom de Rivefière avait une certaine cote, la faute au dernier comte mort il n'y a pas si longtemps, lequel s'était illustré par sa vaillance durant l'invasion fangeuse du printemps dernier.

Ce n'était du reste pas à ce comte là qu'Othon venait rendre visite (puisque, comme on l'avait, le drôle avait sordidement calanché), mais à son cadet, que le dizainier se targuait de bien connaître : Jacob. C'est qu'avant d'être catapulté à la rescousse de la famille toute entière, second fils de la maison avait trainé ses chausses dans de moins hautes besognes, nommément le Guet et tout particulièrement ses navires. C'est d'ailleurs là qu'Othon et le jeune sire s'étaient connu, les frasques du dernier lui valant de temps à autre d'être chassé de ses coutillerie, jusqu'à ce qu'il échoue dans celle de l'Échalas.

À l'évidence, c'était bizarre de s'en aller revoir Jacob dans de pareilles dispositions. Autrefois son supérieur hiérarchique, Othon se trouvait désormais largement en dessous. À moitié par fierté, à moitié pour ne pas apparaître comme un énorme dalleux, le dizainier avait repoussé cette rencontre durant un certain temps ; finalement, le temps et les évènements suivant leur cours, il s'était résolu à retrouver le jeune gandin qu'on surnommait autrefois l'Anguille, Prestépée ou tout bonnement Jacoco, mais à qui il faudrait désormais donner du "Sieur de Rivefière".

« Et si il allait jacter à Jacoco qu'eul'compadre Othon s'en est radiné lui porter des oranges, hein ? Il serait chic, lança donc l'Échalas à un factionnaire placée devant la porte, avant de se reprendre : ouais, je veux dire, que le dizainier Zollern demande audience auprès de sa seigneurie, quoi. »
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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: Re: C'est tonton qui s'en vient siffler ton picrate   C'est tonton qui s'en vient siffler ton picrate EmptyMar 21 Avr 2020 - 12:05
Le bureau s'encombrait de bien trop d'affaires pour que Jacob puisse y voir clair. Des lettres, des missives et tout un tas d'autres messages s'étalaient devant lui comme les épreuves insurmontables d'un marathon administratif. Les Trois avaient décidé de plonger le jeune homme dans l'abysse d'un enfer de vélin et le nouveau Comte de Rivefière en arrivait à maudire son aîné. Depuis la disparition de ce dernier, Jacob avait dû répondre à bien trop de ces mots de sympathie et de condoléances. Des messages qu'il aurait voulu pouvoir laisser s'entasser et offrir au feu sans avoir même à y jeter un coup d'oeil. De toute façon, il n'y avait rien d'original dans leur contenu. Tous s'entendaient pour vanter les mérites de Roland de Rivefière, Héros de Marbrume, brave parmi les braves et très regretté modèle de vertus. Bientôt deux mois que cela durait. Quelle plaie !

Avec un trop lourd soupir, Jacob se laissa couler dans le large fauteuil qu'il y a peu encore, son père occupait. Devant lui, les hautes fenêtres s'ouvraient sur le parc du manoir Rivefière et le jeune homme avait plusieurs fois envisagé en enjamber le rebord pour s'enfuir. Le temps n'était pas spécialement beau et les températures annonçaient d'ores et déjà un hiver rude à venir. Il aurait cependant abandonné sans regret la chaleur qu'offraient les quelques bûches de bois qui se consumaient dans l'âtre. N'eut-ce été la malchance qui lui avait affublé le pire chaperon possible, il serait déjà loin et probablement en bien meilleure compagnie.

Dans son dos, un claquement de langue le rappela à l'ordre. Eloïse de Rivefière savait se montrer intransigeante, cruelle même. L'épouse de feu le Comte Wymarc était une femme stricte et autoritaire. Une femme de caractère qui faisait de son mieux pour convenablement représenter ce qu'il restait des Rivefière au sein de la haute société, quand son fils s'amusait à en détruire tous les efforts.
Jacob n'avait que trop usé de sa patience et ses récents nouveaux débordements au sein de la cour, obligeait la douairière à l'intervention. Aussi, lorsqu'un domestique osa interrompre la studieuse occupation de son fils, la noble s'en montra fort contrariée.

« C'est une plaisanterie ?
- J'espère bien que non ! »

Jacob s'était redressé d'un bond, simplement en entendant annoncer le nom du visiteur qui se présentait à Rivefière. À l'évidence "le dizainier Zollern" était de ses connaissances, sinon même de ses proches. Armant un pas décidé pour rapidement se faire la malle, il était sur le point de quitter la pièce, lorsque sa mère l’interpella une nouvelle fois.

« Il reste de nombreuses choses à régler Jacob ! Vous avez eu bien assez de temps pour folâtrer ! »

S'arrêtant un instant sur le pas de la porte, le jeune Rivefière retira l'anneau comtale de sa main, avant de le lancer aux pieds de sa mère.

« Vous savez écrire non ? Aussi je m'en vais vous le dire sans détour... Si vous ne voulez pas voir votre deuxième fils se jeter dans la Fange, foutez-moi la paix ! »

Le ton était rude et Eloïse ne manqua pas d'y percevoir les colériques inflexions qui, habituellement, annonçaient les emportements de son fils. Il n'était pas l'heure de le voir céder, une fois encore, à son irascible tempérament. Les mots n'en avaient pas moins été vexants. Jacob avait ce don de toujours frapper là où la blessure demeurait vive. La douairière cependant en avait vu d'autres et même si la vindicte du nouveau Comte de Rivefière l'avait sévèrement rappelée à l'ordre, elle n'en demeurait pas moins décidée à oeuvrer pour le bien de la lignée.
Tout en ramassant le sceau frappé des armoiries de la famille, elle se fit cette promesse de trouver très rapidement un appui à la cour. Jacob avait besoin d'un mentor. Une personne au caractère trempé et à la stature avérée, suffisamment coriace pour lui tenir tête, et lui apprendre la tempérance. Les noms ne se bousculaient pas, mais elle trouverait.

De son côté, Jacob était bien loin de se soucier des plans que sa mère pouvait ourdir. Son ancien supérieur et compagnon d'armes avait fait le déplacement jusqu'à l'Esplanade, pour lui rendre cette visite qu'il n'espérait plus. Ah ! Qu'il était heureux ! La milice lui manquait, la coutillerie – tout du moins la dernière qu'il avait intégrée – et bien évidemment ses combattants. Parmi eux, l'Echalas et sa très fameuse moustache, figuraient au rang de camarade. Othon avait été l'un des rares capables de canaliser et peut être même de comprendre, les débordements du jeune noble. Il lui avait offert son aide plus souvent qu'à son tour, ne serait-ce que pour couvrir ses manquements. Jacob lui en devait une, ou deux et peut être même trois, mais la Sainte Trinité le savait, un Rivefière s'emploie à toujours payer ses dettes – et ce n'est pas de Rougelac qui pourrait prétendre le contraire.

En passant devant le râtelier, le nouveau Comte de Rivefière attrapa la ceinture chargée de ses armes, pour la nouer autour de sa taille. Il n'avait pas l'habitude de s'en départir et n'aurait jamais quitté le manoir familial sans les précieux cadeaux de son père.

« Par les couilles de Serus ! Il t'en a fallu du temps pour trouver le chemin de Rivefière ! »

Il salua son ancien supérieur à la manière des guerriers et se faisant, en profita pour glisser quelques mots discrets à son oreille.

« Tire-moi de cet enfer l'ami. Je te revaudrai ça, tu le sais. »



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