[Terminé] Rikni veille sur nous (PV Cassandre Clovis)

Parvis du Temple
Le 16 mai 1166

La vie d'un milicien n'est pas souvent routinière, car chaque jour il peut être affecté à un autre endroit de la ville, à une autre mission ou avec un autre partenaire, et la routine est l'ennemie du milicien. Mais pour Clovis, ça va. Avant le Chaudron, il était affecté du mieux qu'il pouvait et son coutilier faisait en sorte qu'un jour il puisse utiliser son géant là où il est le plus efficace, à savoir dans un service d'ordre et le lendemain là où il avait beaucoup à apprendre, donc dans les enquêtes. Et entre les deux, notre Clovis accomplissait ses corvées, travaillait l'éducation de son chien ou partait d'initiative se balader en ville, faisant ses inspections seul, sans que personne n'y trouve à redire. C'est qu'un milicien qui compte pas ses heures, c'est plutôt agréable. Surtout que ça fait un petit temps qu'il n'a plus fait de grosses conneries.

Mais le premier mai a marqué un tournant dans la vie de tous, et dans celle du milicien géant en particulier. De sa coutillerie, il ne reste que deux survivants, Merrick Lorren, promu coutilier depuis, et lui. Oh, d'autres coutileries ont subi des pertes tout aussi, voire plus importantes, et tout cela a dû être réorganisé. Clovis a été réaffecté, comme d'autres, mais à la différence des autres, lui l'ignore. Il se lève toujours le matin, tôt, pour manger au lance-pierre et faire ses corvées. Puis il rejoint la salle d'entrainement, pour apprendre ou enseigner, avec qui veut bien de lui. C'est un compagnon d'entraînement agréable quand il est en mode défensif. Avec lui, on peut taper, il encaisse bien. Mais quand il est en mode attaque, c'est beaucoup moins rassurant. C'est que les Trois et ses parents l'ont bâti costaud. Et après, Clovis va là où on a besoin de lui. Et depuis deux semaines, il faut renforcer les barricades, donc porter des objets lourds, ou éviter que des gens viennent trop près du Chaudron, et en matière de service d'ordre, lui et son chien font merveille. Et le Clovis travaille aux frontières du Chaudron toutes les matinées.

C'est par la suite que son horaire varie. Soit il reçoit un ordre ou une recommandation, qu'il exécute. Soit il n'en reçoit pas et il choisit : Patrouiller en ville, patrouiller au port ou encore faire le service de sécurité au Temple. Hier, c'est en ville qu'il a patrouillé, non loin du port mais en ville et il est tombé sur une noble qui s'est intéressée à son chien, et sur un fils qui a perdu sa mère de mort naturelle, ce qui est rare aujourd'hui, et qu'il a menée, décapitée, jusqu'au Temple pour qu'elle bénéficie d'un bûcher funéraire et des prières qui vont avec. Avec tout ça et le fait d'avoir été retenu par la noble, il n'a pas eu le temps de faire coucou aux copains blessés et encore hospitalisés au Temple. Alors, aller y faire du service d'ordre lui semble être une bonne idée. On se place à l'entrée, on vérifie les bras, on interdit les armes et on fait peur aux fauteurs de trouble avec ses muscles et son chien. Et si l'autre se calme pas, une bonne baffe suffit généralement à sortir l'importun, parce que le Clovis donne des gifles qui assomment.

Noulouk, son chien loup, l'accompagne. il n'a pas atteint sa taille adulte, mais il est grand comme un berger allemand déjà. Tout noir, yeux bleus, il a une bonne bouille. Mais quand il retrousse les babines, t'as pas envie qu'il te morde. Et Noulouk est fier d'accompagner son maître. Il aime bien le Temple, à l'intérieur, le soleil frappant les carreaux donnent une ambiance et des couleurs spéciales. Le lieu a plein de senteurs différentes et les sons sont bizarres. Cela lui a déjà donné l'envie d'aboyer, mais il s'est fait punir de suite. Son maître n'aime pas qu'il aboie, sauf s'il en reçoit l'ordre. Il y a des zones où seul son maître peut aller, et le chien l'a déjà bien intégré, mais pour le reste, il peut se déplacer de façon assez libre.

Mais là, c'est le parvis du Temple qui intrigue Noulouk. Il fait bon, pas trop chaud et les gens s'y sont installés. Certains sentent leur quartier, d'autres leur métier, mais il y a une odeur à laquelle il est moins habitué qui l'intrigue, le Noulouk. Et comme son maître semble détendu et n'avoir pas besoin de lui, il va enquêter. Il suit la trace, qu'il n'identifie pas et finit par en trouver la propriétaire. Elle est assise sur les marches et il la voit de dos. C'est un humain qui a de longs cheveux, ce qui surprend toujours le chien, plus habitué aux humains à poils courts. Bon, ne voyant que le dos, il peut pas savoir si elle a des poils sur le visage. Mais cette odeur ? Le pauvre chien l'ignore, mais il s'agit probablement d'une lotion de soin. Bon, l'odeur ne vient ni des cheveux ni du dos mais des mains. Noulouk se penche au-dessus de l'épaule de l'humaine pour vérifier que l'odeur vient bien de là et pour mieux la comprendre. Entraîner son flair, c'est...

- Non !

Houlà, un ordre vif et clair. Noulouk ne comprend pas, il recule juste ce qu'il faut pour pouvoir tourner la tête vers son maître sans se faire mal sur la tête de l'humaine, mais continue de renifler l'air.

- Assis !

Okay, ça n'est pas l'heure de jouer ou d'entraîner son flair. Noulouk ignore ce qu'il a fait de mal, mais visiblement il ne se fait pas engueuler. C'est donc en raison d'une règle humaine que les chiens ne peuvent pas comprendre. Hey, si l'humain à longs cheveux veut pas être reniflé, faut pas qu'il mette des choses qui sentent si forts. Sont bizarres, les humains.

- Pardonnez-le ma Mère, il est encore jeune et vous l'intriguez. Mais j'crois bin que qu'il vous aime bien, alors que lui, il sait po que vous êtes M...

Clovis s'est arrêté maintenant qu'il peut voir la Mère d'en face. Lui aussi vient de son dos. Mais "de face", c'est plutôt d'en haut. C'est qu'il a atteint le double mètre, alors, même s'il est deux trois marches plus bas, quand l'autre est debout, il reste plus petit, alors assis... Mais le géant semble avoir bloqué.

- J'm'escuze et tout pour ce que j'va vous dire, mais c'est po normal. Z'avez les ch'veux couleur grand mère, c'qui est bin joli et tout, mais vot' visage fait tellement jeune qu'vous pourriez être ma soeur, ma mère. Ma soeur. Nan, ma mère, vous portez les couleurs de Rikni. Z'avez eu une maladie ou quoi ? Parfois les ch'veux des gens ils blanchissent quand qu'ils ont eu super peur. Mais ça s'voit aussi sur l'visage et tout. 'fin, j'dis ço, j'en sais rin, j'suis po soigneur, moué.

Il hausse les épaules.

- Moi, j'm'appelerions Clovis. Clooooooo-vis ! C'est po difficile à ret'nir. Et la grosse boule de poil, c'est Noulouk. J'suis milicien, il est mililchien !

Le géant semble particulièrement fier de son jeu de mots.

- Vous inquiétez point, il est dressé. Par moué en plus. Alors, il vous f'ra rin si que j'lui en donne pas l'ordre. Si j'lui donne l'ordre, par contre, il vous bouffe, mais bon, j'aurai des problèmes avec les Trois après et ça m'ennuierait que Rikni elle soit fâchée contre moué, donc vous craignez rin.

Noulouk, qui voit son maître commencer à causer, se doute que ça risque d'être long, alors il baille et s'allonge sur le sol. Il fait bon et il n'est pas pressé.

- J'pensions point causer à une Mère ou un Père aujourd'hui, ma parfoué on y est poussé, pour s'excuser que qu'il y a ton chien qui a pris des libertés. Alors pour pas vous avoir enquiquinationnée pour rin, j'va vous poser une question. J'ai pas mal des potes qui qu'ont été blessés avec le chaudron et j'viens les voir quand qu'je peux. Mais faudrions que j'prie pour leur santé. Le souci, j'sais pas si vous l'avez r'marqué, c'est que j'cause pas super correc'. J'essaie, hein, surtout avec les Mères et les prout prout de l'esplanade. Pour bin marquer que j'les respecte et tout ça. Mais l'nobliau ou le templier, j'ai jamais appris. Ni à causer correc' aux Trois. Alors j'suis pas super à l'aise, tu vois ? Des fois que j'les vexerais en utilisant pas les bons mots et qu'alors ils aideront point mes copains qui qu'ont bin b'soin de l'aide des Trois pour récupérer. Tu peux m'aider à faire une prière correc et tout ? Ah, et faut que j't'appelerions Mère même si qu'on a sans doute le même âge ou c'est un autre titre qu'il faut que j'te donnions ?

C'est clairement pas de la mauvaise volonté, au contraire il semble vouloir faire de son mieux, mais il lui manque beaucoup d'éléments pour agir bien correctement.

- En échange, j'peux aider. Service d'ordre, porter des morts au bûcher, décapiter si faut ou faire peur à quelqu'un de pas gentil qui t'ennuie. J'suis po un tire-au-flanc, ça non. J'ai plein des défauts, mais po c'lui-là.

Temple
16 Mai 1166

~ ~ ~

Un filet blond venait de se glisser juste devant ses yeux. D'un revers de main, Cassandre l'en chassa avant de reprendre le soin qu'elle avait entreprit. Cela faisait des jours entiers que les blessés affluaient au temple, à tel point que l'on ne savait plus où les coucher, ni où donner de la tête. Il régnait dans le lieu un brouhaha peu commun qui rendait les prières difficiles – pour ne pas dire quasiment impossibles – et les prêtres du culte avaient bien du mal à endiguer de nouvelles arrivées massives. Ils étaient à pieds d’œuvre jour et nuit et pourtant les salles ne se désengorgeaient pas.

Cassandre soupira pour repousser la mèche de cheveux qui s'était de nouveau libérée de son entrave et qui la gênait. Elle nettoya avec application la dernière blessure de son patient et, après avoir vérifié une dernière fois l'état de ce dernier, elle remonta une couverture de fortune sur lui et se décida à aller prendre l'air quelques minutes. Elle avait un peu perdue le compte des heures et ne se souvenait plus vraiment à quand remontait son dernier vrai repos. La crise de la Fange avait pris une dimension cauchemardesque, notamment depuis le couronnement de l'ancien Duc en nouveau Roi. La ville avait été en état de siège et les bas quartiers s'était fait massacrer par les fangeux entrés dans la cité on ne savait trop comment. Depuis, c'était l'angoisse qui régnait en maître malgré toute la bonne volonté de la milice et du temple qui tentaient tous deux d'apaiser les esprits et de contenir la catastrophe.

Épuisée par sa courte nuit, Cassandre se traîna jusque sur le parvis du temple et s'asseya un moment sur les marches fraîches. Malgré la dureté de l'assise, le repos discutable que cela lui prodigua ne put qu'être bénéfique. Ses coudes étaient venus rencontrer ses genoux et, ainsi placée, elle scruta un moment le panorama proposé. Il faisait bon, pas trop chaud, et si elle avait eu plus de temps il n'aurait pas été impossible pour la prêtresse de se laisser aller, rien qu'un moment, à l'endormissement. Pourtant, tout à coup la jeune femme se tendit imperceptiblement. Elle avait sentit un souffle chaud sur sa nuque alors même que ses yeux avaient commencé à papillonner de sommeil. Instantanément éveillée, elle avait eu en premier réflexe l'envie de se redresser d'un bond mais se ravisa rapidement en voyant un nez, ou plutôt museau, poindre au dessus de son épaule. Étonnée, mais quelque peu rassurée, Cassandre se détendit un peu jusqu'à ce que qu'un ordre ne claque dans son dos. L'animal, ainsi prit sur le fait par ce qui semblait être son propriétaire, recula de quelques pas de la prêtresse.

Cassandre avait pensé que l'ordre suffirait et qu'on ne la dérangerait pas plus et qu'elle pourrait profiter d'encore quelques minutes de tranquillité, mais elle s'était trompé. L'homme qui avait donné l'ordre au chien s'était approché et se trouvait désormais face à elle. A n'en pas douté les Trois avaient été clément concernant sa corpulence, il était gigantesque comparé à elle. Elle avait beau être assise, cela lui paraissait plus qu'évident. En revanche, son interlocuteur s'excusa pour l'intervention de son animal et se stoppa net dans son discours. Cassandre en profita d'ailleurs pour se lever.

Sans savoir ni comment, ni même pourquoi, le géant enchaîna sur un monologue gargantuesque. En l'espace de quelques instants elle se fit traiter de grand-mère à cause de ses cheveux, qui étaient néanmoins jolis à priori, de jeunette potentiellement malade, voire d'ex-apeurée. Cassandre cligna des yeux plusieurs fois en essayant de trouver un sens logique à tout ceci sans pourtant y parvenir. Le golgoth ne respirait-il pas pour parler aussi rapidement? La prêtresse lui fit signe que l'affaire était oubliée – concernant l'arrivée impromptue de son chien – et qu'il n'y avait aucune offense à pardonner. En revanche, après tout ce discours des plus inspiré, elle ne sut pas vraiment comment donner le change. Elle se décida donc de rester sobre pour le moment.

« - C'est très noble de votre part, mon fils, de vouloir prier pour le salut de vos compagnons. »

Son visage s'éclaira d'un petit sourire compatissant. Clovis, comme il s'appelait, avait l'air d'être un gentil bougre. Peut-être un peu brut de décoffrage et pas très doué verbalement, mais s'était un brave homme à n'en pas douter. Il devait beaucoup tenir à ses compagnons pour agir de la sorte et, dans ses temps de troubles, Cassandre trouvait presque ça réconfortant comme comportement. Cela ajoutait en quelque sorte, une espèce de douceur emplie d'espoir et elle espérait sincèrement que les Trois entendrait sa demande.

« - En effet, il faudra m'appeler ma Mère à l'avenir mais pour cette fois ce n'est pas très grave. Et sache que je t'aiderai dans ta quête, mon fils, en soufflant une prière aux Trois pour la guérison de tes amis. Mais je pense que les Dieux seraient peut-être plus enclin à t'écouter si d'aventure ils se retrouvaient honorés d'un présent. »

Tout en regardant son interlocuteur Cassandre s'en était retourné voir le chien qui s'était allonger non loin mais qui lui jetait de temps à autre de petits regards curieux.

« - Je ferai appel à vos services si le temple à besoin de renfort dans ce cas, mon fils. C'est très aimable de proposer votre aide de la sorte en ces temps de troubles et je ne doute guère de votre habileté. »

Elle désigna dans un geste ample de sa main, suivit par la manche de la toge verdoyante qu'elle revêtait, le jeune chien de Clovis.

« - Puis-je...? »

- C'est bin gentil d'vot' part de dire que j'suis bin noble et tout parce que j'faisions l'effort de causer bin, mais j'suis nin noble, j'suis milicien. Et j'suis fier d'être milicien car pour l'autre, faut être accepté par Rikni. Pour être noble, suffit d'être né par le bon trou. 'fin, j'crois, j'maîtrise po tout du noblau et tout et tout.

Clovis ne comprend pas trop pourquoi les d'la haute (car pour lui, noble ou prêtre, c'est la haute, en gros le monde où il ne naviguera jamais) lui parlent de noblesse, Esmeralda Guerre, la baronne de six branches, l'a encore fait hier. Mais bon, tant que ça a l'air gentil, ça va. Et même si c'était méchant, il peut po trop coller une baffe à une Mère ou une Baronne. Enfin, physiquement, il peut, sont pas bâties différemment des autres gens, mais après, il va avoir de ses problèmes...

- J'sais point si t'as r'marqué, Mère, mais au début de ta phrase, tu m'as voulvoulé, et à la fin tu m'as tuturé. J'préfère que les d'la haute me disent "tu", parce qu'alors, j'ai l'impression que l'ordre des choses il est respecté. Le "vous", c'est du respect, celui qu'on doit pour qui qui est plus haut que toué. Pour ça que moi j'te voulvoule, même si j'vous aime bien, Mère. C'est important, ce genre de convienance, convivance, de... de règle, quo.

Il a mis un peu de temps, mais il réalise que la prêtresse vient de lui dire que pour que sa prière soit mieux entendue, un don serait utile. Alors, Clovis grimace.

- C'est que j'suis v'nu sans rien, ma Mère. Pas que j'veux po donner, hein, j'a d'jà donné, mais l'plus souvent, c'est lors des fêtes prévues par vos hauts prêtres et tout. Bien que parfois, c'est l'lendemain qu'j'peux l'faire parce que j'suis d'service d'ordre le jour même. Mes supérieurs, ils aiment bin mes muscles et mon chien pour le service d'ordre, vaut mieux du milicien costaud quand qu'on peut pas utiliser ses armes. Pour la bénédiction des ptits de Kador, vu que c'était pour Serus, la Mère Elise m'a fait fabriquer quelque chose à donner au dieu Cerf. Mais ici, comme c'est pour Rikni mes prières, j'sais quoi que j'vais lui donner. C'est qu'Rikni, c'est mon amie !

Des propos probablement impies, mais pas dans l'esprit de Clovis. Pour lui, la déesse l'a choisi pour rejoindre la Milice, car dans la cérémonie d'intronisation, les serpents ont accepté de le mordre. Alors, Rikni lui a fait cadeau d'un joli travail. Et qui te fait un cadeau est un ami. C'est aussi simple que cela, pour lui. Et l'avantage, c'est qu'il agit toujours avec force et courage pour remercier la Déesse Serpent de son cadeau. Sans oublier qu'il prie régulièrement et qu'à sa manière, il est très pieux. Par contre, il se fige quand la prêtresse se tourne vers son chien.

- Euh, non, j'va pas sacrifier Noulouk pour les copains. C'est un milichien, il est utile aussi, comme eux. Et lui est en bon état pour l'heure. Puis il comprendrait po, d'abord.

Non mais sérieux, faut arrêter de décon... ah, non, c'est une caresse qu'elle veut faire au chien, ou faire connaissance ? Bon, ça, ça passe. Enfin, ça passe un peu mieux.

- J'avions mal compris. Mais faut bin comprendre que c'est po un chien d'salon, un qui qu'est fait pour vivre avec les humains. Lui, c'est un chien loup, donc sauvage, mais dressé. C'est comme un bleubite et un vétéran à la milice, c'est po l'même niveau. Même quand l'bleubite il est doué, comme moué. Donc on va po caresser un Noulouk comme qu'on le fait avec un chien banal. Première chose, vous lui montrez vot' main, pour qu'il la sente et la perçoive pas comme une ennemie.

Il laisse la prêtresse faire et voit Noulouk renifler la main, plutôt ravi de le faire, puis, et ça surprend Clovis lui-même, faire une grimace, reculer d'un pas et... éternuer. Puis refaire la même grimace et s'éloigner.

- J'sais po quoi qu'vous avez fait avec vos mains, Mère. Possible que vous soyez cuisinière ici, mais l'chien, il aime po l'odeur. Alors, si vous voulez lui faire une papouille, faudra vraiment vous laver les mains, parce que là, l'odeur l'agresse et il pourrait bien mordre, dressé ou pas. Un chien, même s'il est pas loup, il sait se défendre.

Cela, pour le Clovis, c'est une énigme, mais il ne se voit pas interroger une Mère pour comprendre pourquoi elle a une odeur que le chien supporte mal. C'est sans doute des trucs de prêtresse, ou pire, des trucs de madame, le genre de choses qu'un Clovis il veut po savoir. Il défait ses armes, son bouclier, les place dans le râtelier à l'entrée du Temple et dit au milicien qui surveille le râtelier :

- Fais-y bin gaffe, c'est moi qui les a forgées, ces armes, j'y tiens. J'va prier pis j'viens te relever. Mère, faudriont qu'vous m'accompagnez, parce que pour la prière, j'aurai point les mots.

Il fait signe à Noulouk de le suivre et se dirige vers le fond du Temple, là où sont les statues des Trois. Le lieu l'impressionne toujours autant, aussi pour son jeu de lumière, mais les statues sont impressionnantes. Il n'a pas peur pour la cause et se dirige vers celle de Rikni et finit par repérer un prêtre avec une dague cérémonielle.

- Milice de Marbrume ! Permettez, mon Père ?

Et sans attendre l'accord du prêtre, il s'empare de la dague, tient fermement le manche de sa main gauche, puis serre fermement la lame de sa main droite, provoquant un écoulement de sang. Il libère alors la lame, essuie la dague sur la chemise et la rend au Prêtre.

- Merci, Père, z'êtes super sympa !

Puis il se tourne vers la statue de la déesse Serpent, puis s'incline respectueusement et tend son poing qui saigne, faisant tomber des gouttes non loin d'elle, tel le sang qu'il a fait couler lors de sa cérémonie d'intronisation.

- Bonjour, Rikni et pardon de vous déranger, votre divinité. Mais on a eu de gros problèmes y'a po longtemps et il reste beaucoup des copains que les soigneurs d'ici ils soignent de leur mieux. Des copains qui comme moi ont versé leur sang pour s'allier avec vous. Ce sang, je le reverse à nouveau, mais plus pour moi, plus pour ma protection, parce que j'avions grandi et que j'apprends à agir d'inititative, d'ination, de par moi même, quo. Alors, ce sang que j'vous donne, j'voudrions bin que vous vous en serviez pour écouter les mots de madame la Mère aux cheveux blancs. Elle cause beaucoup mieux qu'moué et ça s'ra moins fatiguant pour vous d'l'entendre elle que moué. J'espère que vous considérerez ce don comme suffisant, moi j'ai rin d'plus précieux, sinon mon chien. Mais il est comme vous, c'est mon ami. J'préfère attendre que vous jugiez qu'c'est l'bon moment pour le rappeler, comme que vous l'avez fait pour sa mère. J'suis bin triste qu'elle est pu là, mais j'sais que vous vous en occupez bin, là où elle est maint'nant. Et pour ça, j'vous dis merci, vot' divinité

Il se tourne vers Cassandre pour la laisser dire sa prière, et il laisse le sang couler. Rikni prendra ce qu'elle juge utile et lui laissera le reste, il n'en doute pas. Noulouk est intrigué, mais il fait comme d'habitude quand il comprend pas. Il s'assied et il attend un ordre.

Cassandre retint un soupir lorsque son interlocuteur fit, tant bien que mal, allusion au tutoiement qu'elle avait utilisé. Parfois c'était une chose qui lui échappait sans qu'elle ne le fasse exprès. Il fallait dire que malgré son rôle de prêtresse, la jeunesse marquait encore ses traits. Et le fait qu'elle ait été noble dans le passé, ce titre ne lui revenait plus, elle avait désormais une éducation religieuse à son actif et se devait de tenir sa condition. Pourtant, son esprit parfois curieusement belliqueux se laissait aller à ce genre d'embarras qu'elle ne devait pas se permettre. Le tutoiement n'était pas de mise avec les ouailles, même si Clovis était de ceux qu'on trouait attachant. Elle ne rajouta d'ailleurs rien à ce sujet puisqu'il ne semblait pas s'en indigner, bien au contraire.

La jeune prêtresse nota la grimace du milicien lorsqu'elle aborde le sujet de l'offrande. On lui avait recommandé d'agir de la sorte et faire comprendre aux fidèles l'importance de cette pratique – surtout en ces temps troublés – mais pourtant Cassandre était convaincue que les Trois savaient sonder le cœur des Hommes sans cela. Elle ne voulait pas croire à des Dieux dont la ferveur n'était basée que sur la possession. Un homme défavorisé ne méritait-il pas plus l'aide des Trois que certains bien moins dans le besoin? En ce qui la concernait, elle prierait les divinités de la même manière.

Elle s'était ensuite retournée en partie et avait désigné Noulouk dans l'unique but de lui offrir une caresse amicale. Surprise du tournant de la conversation tout autant que de la manière qu'eut Clovis d'interpréter son geste, Cassandre s'était mise à bredouiller.

« - Euh... Non, je... »

Puis le milicien se reprit et finit par comprendre sans qu'elle ait eu à lui expliquer. Il lui laissa le droit de s'approcher du chien et suivit à la lettre les indications qu'il lui avait fourni. Ainsi, elle tendit la main devant elle pour que Noulouk vienne la sentir et déterminer si oui ou non il acceptait de se laisser caresser. Néanmoins, l'animal grimaça et s'éloigna rapidement de la main qu'on lui présentait. Si Clovis ne sembla pas comprendre la réaction de Noulouk, Cassandre en revanche nota l'évidence. L'odeur provenait bien d'une lotion que certains prêtres utilisaient après les soins. Il était vrai que cela pouvait agresser un peu le nez lorsque l'on y était pas habitué mais pour la jeune femme c'était devenu si habituel qu'elle en avait oublié ce détail. Elle se promit de faire plus attention afin de ne pas indisposer l'animal un nouvelle fois.

Clovis s'était ensuite rapproché de l'entrée du temple. Cassandre l'avait donc suivit, comprenant parfaitement le but de la manœuvre. Il était venu ici pour prier pour le bon rétablissement de ses compagnons, il était évident qu'il ne repartirait pas sans l'avoir fait. Clovis s'acharnait d'ailleurs à se démunir de son barda et à le placer sur le râtelier prévu à cet effet. Cassandre sourit légèrement devant les recommandations que le milicien fournissait aux surveillant. Il n'y avait pas à dire, Clovis était quelqu'un à part.

D'ailleurs, à sa demande, la prêtresse le suivit à l'intérieur du temple. Il voulait honorer les Trois et elle l'y aiderait bien évidemment. Néanmoins, contrairement au milicien qui fonça littéralement jusqu'au prêtre en charge de la déesse Rikni, Cassandre remonta jusque là plus lentement, s'intéressant distraitement aux malades allongés ça et là dans l'immense pièce. Elle avait l'impression qu'il y avait toujours plus de personnes et le temple n'était pas près de désemplir. Ce n'était pas faute de travailler toujours plus pourtant... Cassandre soupira discrètement avant de rejoindre Clovis et Noulouk.

Le milicien avait déjà commencé à préparer le terrain et quelques gouttelettes vermeilles tâchaient déjà les pierres claires qui constituaient le dallage du temple. A son bord, Noulouk s'était couché non loin et patientait tranquillement. Clovis avait déjà commencé à s'adresser, tant bien que mal, à la divinité verdoyante et Cassandre l'écoutait avec attention. Elle savait qu'ensuite viendrait son tour et qu'elle devrait honorer Rikni pour aider convenablement les compagnons du milicien. Clovis ne tarda d'ailleurs pas à se tourner vers elle pour lui faire comprendre que la parole était à elle. Ainsi, pendant de longues minutes, la prêtresse récita avec application une prière dans des mots simplifiés afin que Clovis puisse la comprendre sans mal. Elle y vantait la bravoure de la milice et de ses hommes, leur courage face à la Fange et leur vaillance à combattre dans de telles circonstances. Elle demandait avec un respect non feint, une aide précieuse de la déesse dans le processus de remise en forme des miliciens. Profondément respectueuse à la foi de la déesse en qui elle croyait fermement et des miliciens qui s'acharnaient à défendre la ville, Cassandre priait les yeux clos et espérait une réelle réponse. Les Trois ne lui avaient jamais parlé, mais elle ne perdait pas espoir d'obtenir un jour de vrai résultats.

Lorsqu'elle rouvrit ses yeux clairs, Cassandre était redevenue silencieuse. Apaisée par la prière et contente d'elle, elle posa son regard sur Clovis, puis sur son chien, et leur sourit légèrement.

« - Je pense que vos compagnons seront portés par la bénédiction de la déesse, mon fils. Rikni apprécie les prières franches et simples, portée par le cœur et par un courage loyal. »

Elle se retourna pour faire de nouveau face au reste de la grande salle et soupira légèrement. Il y avait encore tellement à faire et si peu de temps pour aider ces gens.

« - Nous pouvons aller voir vos amis si vous le désirez, mais je ne pourrais pas rester longtemps. Comme vous pouvez le voir, il y a beaucoup de personnes à aider et soigner. »

- La vache, ma Mère, qu'est-ce que qu'vous causez bin. Certains ont l'impression que qu'c'est simple de parler à des Dieux, mais quand qu'j'vous entends, j'vois bin qu'c'est bin plus compliqué qu'ça en a l'air, tu vo ? Alors, ouep, j'crois bin qu'les copains ils s'ront portés comme que vous dites, même si j'ai po tout compris.

Il voit bien qu'il y a beaucoup de boulot pour les prêtres et comprend que sa prêtresse à lui est soigneuse, puis en doute parce que bon, on peut aider les malades sans être soigneur pour la cause. Lui va bien voir des malades, en l'occurrence des blessés, et n'a aucune compétence en soin. Sa seule utilité serait de pouvoir endormir un patient avant un soin, mais les dégâts qu'il provoquerait seraient pires que les dégâts à soigner, pour sûr.

- Y'eu tellement d'bobos que vous avez 'core des blessés dans le hall d'entrée alors que d'ordinaire ils sont dans la salle dédiée aux soins. Les copains font partie des cas lourds, ma mère, et sont là où que Noulouk, il peut po aller, parce que qu'vous ouvrez les gens et tout et que les chiens, avec le sang, ils pourraient po tout comprendre.

Il ne donne aucun ordre verbal à Noulouk, qui se lève et se dirige vers la sortie et le milicien qui garde les armes, pour s'asseoir à ses côtés. Ce qui convient au Clovis, il donne de l'aide à son confrère avant de le rejoindre, plus tard. Le Clo' connaît les lieux, et il se dirige sans trop attendre vers les locaux de soins et la partie revalidation.

- T'as vu, j'ramène une prêtresse qui m'a aidé à faire les prières, histoire qu'ça ait l'air plus sérieux que quand moi j'cause aux Trois. Elle a fait une super prière et il s'pourrait bin qu'les Trois ils t'aident à guérir plus vite.

- L'ours ? C'est vraiment gentil de passer. Ca s'passe bien à la Caserne ? Tu viens pas souvent accompagné, mais tu les choisis jolie dis donc... Pardon ma Mère, mais une jolie femme et un joli sourire, ça fait quand même du bien.

Clovis observe son compagnon de galère, puis la Mère, puis son compagnon de galère et pose la question aux deux.

- Elle est jolie ? Vous êtes jolie ?

Visiblement, c'est un concept qui lui échappe un peu. Mais il n'attend pas vraiment la réponse, car cela le dépasse et parle plutôt boulot.

- On fait d'not' mieux à la Caserne, mais y'a beaucoup d'copains qui sont plus là et d'autres qui s'font soigner, comme to. Alors on espère que vous allez vite reviendre et en attendant, on fait d'not' mieux, quo. Mais bon, vu ta gueule, ton teint et l'état d'tes pansements, j'doute pas qu'ça va encore bin prendre du temps pour toi. Faut croire qu'la bénédiction va mett' un peu d'temps pour qu'tu puisses aller draguer dans les tavernes et reviendre à la Caserne, mais vaut mieux qu'tu prends ton temps. Les trop malades, ils aident pas vraiment dans les patrouilles.

Il se tourne vers Cassandre.

- Histoire qu'il se motive quand même, j'peux vous d'mander, si c'est pas trop, de viendre le voir. Comme qu'il vous trouve jolie, ça l'motivera à récupérer plus vite. Cela et la bénédiction, ça pourra aider. 'fin, j'y connais rin, hein et j'va pas vous dire comment qu'il faut qu'tu fasses ton boulot. Mais ça s'rait bin gentil quand même, quo.

Il sourit à son pote milicien.

- C'est pas tout ça, mais faut qu'j'relève le collègue à l'entrée, ça fait partie du boulot. Enfin, quand qu't'es d'l'interne, quo.

Il fait demi-tour et s'apprête à rejoindre le hall, puis plus loin Noulouk, mais avant cela il se permet une dernière remarque à la Prêtresse blonde.

- Travailler au Temple, ça a l'air chouette. Mais j'me demande quand même comment qu'on prend la décision un jour d'y faire carrière. Ptet que vos parents étaient prêtres, ça serait logique. Moi, au départ, j'devais être forgeron. Mais quand la forge a été perdue, j'suis d'venu milicien, parce que j'avais un bon profil pour faire du service d'ordre, tu vo ? Mais prêtre, ça semble moins...normal comme choix.

Il a exprimé sa question sans réellement attendre de réponses. Parfois, des questions lui viennent à l'esprit et il les exprime. Cela lui suffit. Peut-être parce qu'il a conscience qu'il ne comprendra pas les réponses. Et en plus, la Mère lui a dit qu'elle n'avait pas le temps. A l'entrée du Temple, il reprend son bouclier, son épée et libère son collègue, avant de prendre une attitude très sérieuse et professionnelle. Du genre : "Braves gens, je veille sur vous. Malandrins, j'vous casse si vous pensez faire du mal ici". Noulouk s'est redressé, lui aussi, passant du repos à une surveillance plus accrue, prêt à répondre à un ordre de son maître. Lui est visiblement heureux, ce jeu l'amuse. Clovis a l'air plus sérieux, mais il aime bien faire ça aussi.

Cassandre ne sut trop que répondre au compliment – du moins elle pensait que s'en était un – que lui fit le milicien. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de discours d'autant qu'elle estimait n'avoir fait que son travail. Elle était prêtresse, prier pour les malades et les blessés était son lot quotidien, tout comme recevoir ceux qui s'en inquiétait. Clovis n'était donc pas une exception concernant sa visite. En revanche, son manque de talent évident pour s'exprimer correctement devant les divinités était somme toute inédite. Il était vrai que la prêtresse avait alors dû l'aider plus qu'elle ne l'aurait fait avec d'autres, mais facilité la prière des plus démunis était une autre facette de son devoir de religieuse. Ce qui importait, c'était que le milicien soit satisfait de ce qu'elle venait d'accomplir. Et il semblait que c'était le cas.

La prêtresse esquissa un sourire. Clovis était décidément une pipelette, lorsqu'il commençait, rien ne semblait pouvoir tarir le flot continu de parole qui s'échappait de sa bouche. Un point qui les opposait tout particulièrement d'ailleurs puisque Cassandre n'était pas très loquace quand il s'agissait de discourir sur des sujets communs. Elle avait plutôt l'habitude d'observer et se trouvait à son aise dans le silence ou la prière.

Ainsi elle se contenta de suivre Clovis qui, visiblement, savait où il allait. Noulouk avait quand à lui rejoint l'entrée et s'était posté aux côtés du milicien en faction en attendant que son maître revienne. Ils gagnèrent rapidement les locaux de soin et notamment la partie revalidation que Cassandre ne connaissait que trop bien désormais. Là, le milicien s'avança vers une couche an particulier et salua amicalement le blessé qui s'y trouvait. Cassandre les laissa converser tranquillement et se contenta de saluer l'inconnu. Elle fut néanmoins surprise de la réponse que ce dernier offrit à Clovis. Elle était jolie...? Elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu pareille sornette. L'homme se montrait aimable avec sa geôlière de circonstances, voilà tout. Malgré tout, elle essaya de faire bonne figure et se contenta de hausser les sourcils pendant un court instant lorsque le regard de Clovis alla de son ami à elle. Pour toute réponse aux questions du milicien Cassandre haussa les épaules et laissa Clovis continuer à discourir. Elle fut cependant ravie d'apprendre que leur caserne arrivait à s'en sortir potablement malgré les blessés et les pertes qu'elle déplorait.

Puis Clovis se tourna de nouveau vers elle et lui demanda quelque chose qui la laissa abasourdie.

« - Euh... Je... Oui, c'est entendu, je passerais le voir régulièrement. »

Puis le Milicien s'excusa en partie et les abandonna, son ami et elle, tout seuls après une tirade qui laissa Cassandre encore plus pantoise. A croire que Clovis se demandait tout haut comment elle avait pu tomber aux mains du Temple, un peu comme s'il estimait qu'elle n'avait pas sa place ici. Devenir prêtre ne constituait pas un chemin normal, du moins pas classique. Comme si la milice ou les artisans constituaient un choix plus logique, plus normal comme il l'avait soulevé. Cassandre soupira tout en ce demandant s'il avait raison.

Clovis avait, pendant ce temps là, reprit le chemin qui gagnait l'entrée du temple afin de prendre son quart. Cassandre, encore un peu abasourdie, s'approcha du lit de fortune et détailla le soin qui avait été fait sur la tête du blessé. Le bandage semblait correctement posé et propre, et, visiblement il n'avait pas trop mal lorsqu'elle toucha légèrement. Elle vérifia aussi l'état de la blessure qu'il avait au bras et qui nécessitait des soins plus poussés. En effet le bras avait été rompu et restait dans un état grave. Le milicien allait en avoir pour quelques semaines à s'en remettre et il n'allait pas retourner à la caserne de si tôt.

« - Votre ami s'inquiète vraiment de votre santé et je crois qu'il a hâte de vous revoir à la caserne mon Fils. Je compte sur vous pour vous remettre au plus vite. Les Trois vous aideront et je viendrais vous voir un peu chaque jour. En attendant... Reposez-vous. »

Elle offrit un petit sourire apaisant au milicien avant de sortir rapidement de la pièce. Il y avait encore tant de chose à faire, tant de personne à soigner que cela pouvait en donner le tournis. Les salles ne désemplissaient pas, bien au contraire. Cassandre avait même l'impression qu'elles ne faisaient que s'étirer et se gonfler de blessés et de râles de douleurs. Les prochaines nuits allaient encore être courtes et les journées à rallonge. Mais il fallait bien cela pour sauvegarder le maximum de personne. Il fallait bien cela pour préserver la création des Trois. Il fallait bien cela pour protéger la vie.