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 Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac

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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptySam 5 Sep 2020 - 11:47


29 Septembre, début de soirée
Au bonheur des âmes
Salle de jeux

Apolline était dans l’établissement depuis le début de soirée, elle y avait pris son repas, c’était installé dans les salles de réunion pour recevoir les gérants de ses forges. Le point sur la situation n’était pas au beau fixe, il fallait l’admettre. L’arrivée de l’automne et de la pluie en plus grande quantité rendait les trajets complexes, boueux et particulièrement dangereux. Peu de personnes acceptaient encore d’accompagner les convois pour pouvoir miner et livrer l’ensemble des matériaux à Marbrume. Cela préoccupait bien évidemment la comtesse qui n’en laissait pourtant rien paraître. Depuis la fange était déjà complexe, mais chaque fin d’année lui semblait toujours plus étouffante. Pas de matière première, pas de fabrication, pas de fabrication, pas de vente… Rentabilité zéro. Fort heureusement, la dame avait misé sur une nouvelle occupation avec l’établissement où elle se trouvait, cependant là aussi, tout n’était pas toujours au beau fixe. Peu de personnes avaient encore véritablement de l’argent à déposer, ainsi beaucoup payaient en bijou, en matière première, ou en accord et bon compris. Rien qui permettait d’aligner la dépense et les ressources perçues. Les lèvres de la femme d’affaires se pincèrent un instant, avant de se plonger dans l’eau chaude. Déglutissant bruyant, son regard restait un long fixé sur la porte qui lui faisait face, n’étouffant qu’à moitié le brouhaha provenant du sous-sol, là où se déroulait une soirée de jeu devenu presque habituel.

Laissant un énième soupir s’échapper de ses lèvres, la noble effaça l’air préoccupé qui était visible sur son visage, pour enfiler ce masque de neutralité un peu trop parfait. La gérance n’était pas son seul problème, son père et son envie de mariage devenait lui aussi de plus en plus prenant, voir étouffant et faire couler les prétendants à sa main n’était pas toujours aussi simple que ce qu’elle voulait bien laisser paraître. C’est finalement agacé, que la dame à la chevelure brune parfaitement maintenue quitta la pièce, perchée sur des talons qui allongeaient sa petite silhouette. Immobile dans le grand hall, la femme d’une jeunesse éloignée, lissant les plis de sa jupe et des nombreux jupons qui se trouvaient en dessous, réajustant le tissu qui se trouvait au-dessus de son corset, elle avait repris la marche en direction du comptoir pour se faire servir un verre de vin.


- « D’où provient-il celui-ci ? » questionna-t-elle après avoir avalé la première gorgée
- « Des vignes des faubourgs, mais paraît-il que cette année la récolte est moindre »
- « Mh, lors de ma visite au Labret, j’irais voir les différents vignerons y résidant encore… S’ils y résident encore. À quoi jouent-ils ce soir ? Est-ce que le rendez-vous est bénéfique ?»
- « Aux dés ma dame, c’est le jeu qui semble le plus plaire, ils sont une petite dizaine, la plupart des hommes. Bien que deux épouses semblent avoir accompagné leur mari. »

La petite main hocha la tête, au même rythme que le bref mouvement qu’elle crut percevoir chez la propriétaire du lieu. Cette dernière c’était éloignée, verre en main avant de descendre vers le sous-sol, non sans immobiliser vers la fin des marches pour aviser la pièce obscure d’où se dégageait un mélanger d’alcool, de sueurs et de fumée vaporeuse provenant des quelques pipes que pouvaient utiliser les clients. La plupart étaient des petits bourgeois, propriétaires de commerces, ceux qui avaient su finalement mieux s’en sortir que certains membres de la noblesse et tirer leur épingle du jeu. Le petit groupe se tenait autour d’une table ronde en bois, jetant tour à tour les dés avec l’espoir de voir des chiffres élevés s’afficher. Seuls les hommes jouaient, les deux épouses présentes se tenaient juste derrière leur époux, comme invisible, une main sur leur épaule. Apolline ne fut qu’à peine saluée, à peine vue, ce qui lui convenait parfaitement. Le maître de jeu semblait gérer l’ensemble d’une main exemplaire, récupérant les mises et annonçant à voix haute les différents résultats.

À la vue de la propriétaire, le dernier força les salutations, entraînant dans sa suite les bonsoirs des clients présents. La dame ne put que souhaiter une bonne partie et une chance favorable aux joueurs –chance qu’elle ne souhaitait en réalité absolument pas-. S’approchant pour forcer une curiosité bienveillante, la dame de Pessan avisa quelque temps la partie, jusqu’à que les premiers perdants s’éloignent pour remonter, poche vide et une dette bien souvent sur les bras. Les boissons semblaient couler à flots, ce qui avait don de la ravir. Après une brève observation –ennuyante fallait-il bien l’admettre-, la noble avait délaissé le groupe dans un hochement de tête avant de s’installer dans un fauteuil au coin de la pièce, l’angle état parfait pour apercevoir les escaliers, la table de jeu et les autres personnes se trouvant sur place, là pour négocier quelques affaires ou pour offrir une parenthèse à un associer, une épouse ou peut-être une maîtresse, peu importe dans le fond, cela ne regardait pas la comtesse dont seul le bénéfice comptait à ce moment précis. Son verre était encore plein, son dos confortablement reposé contre le dossier du fauteuil, son bras pouvait reposer sur l’accoudoir sans crainte alors que le bout de ses doigts faisait tourner le liquide dans le récipient. La soirée pouvait bien se terminer, la noble faisant acte de présence jusqu’à la fermeture de l’établissement en milieu de nuit.

Sa présence n’était pas anodine, nouvellement propriétaire, fallait-il faire acte de présence les premiers mois, au moins le temps que clientèle fidèle s’installent. Le tout était aussi d’observer un peu les têtes de ceux ayant encore quelques moyens, l’alcool aidant, il était toujours plus simple d’obtenir bon nombre d’informations ici et là. Ce soir s’annonçait cependant très calme, l’occasion de se reposer un peu, sans doute.


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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyLun 7 Sep 2020 - 7:54
Victor de Rougelac était un homme malfaisant à bien des égards mais c'était un homme de parole. Après la perte de son épouse, il avait décidé d'entreprendre un long voyage en compagnie de son beau-frère par alliance, un voyage pour oublier, un voyage pour se prouver qu'il avait encore l'ardent désir de s'accrocher à la vie. Il y avait biensure quelques intérêts politique à entreprendre une telle expédition, mais ce n'était pas ce qui motiva le Comte à sortir de sa zone de confort et affronter d'inombrables dangers dans un lieu qui d'ailleurs ne lui était pas inconnu : Feu le couple Comtal de Ventfroid, Ambre et Morion lui avait autrefois offert le gîte et même si leur attitude a son encore avait été dur, Victor en était reparti de Ventfroid la tête pleine d'enseignements.

Depuis, le fief était malheureusement tombé sous les incessants assauts de la Fange et l'idée de se réapproprier le lieu était à la fois folie et opportunité. Avant de prendre la mer, il avait juré à l'héritière de Pessan de lui donner de ses nouvelles, mais hélas une telle correspondance s'en trouvait compliquée à des centaines de lieux de la capitale. Toutefois, honorer sa parole pouvait consister à surprendre sa semblable en prenant certains devant. Comme le lui avait suggéré la demoiselle, elle avait espoir de le revoir et qu'il se prête à la découverte de son nouvel établissement totalement transformé. Le timing semblait dès lors idéal alors que le mondain avait pu reprendre des forces durant le trajet en navire qui reliait le Labret a Marbrume et alors, quoi de mieux que de revêtir l'apparat qui avait fait de lui ce qu'il était après une expédition qui l'avait a bien des endroits revigorés ce fut donc sans se faire annoncer que le Comte de Rougelac se présenta le soir même de son retour, au Bonheur des âmes. Ainsi, la nouvelle de son retour n'aurait pu parvenir aux oreilles d'Apolline avant quelques jours et cela donnait l'occasion au quadragénaire de s'offrir le luxe d'un face à face qu'elle ne pouvait prévoir et préparer.

Après un décrassage salvateur, l'odeur de la sueur et de l'eau salée enfin qu'un souvenir, le Gouverneur de Sombrebois, s'étoffa dans une toilette des plus élégante, bien que toujours dans les tons sombre. Encadré de deux de ses hommes de mains, il quitta alors son manoir en direction d'un lieu où jadis il avait coutume de se rendre régulièrement. Son ancien lupanar de la Haute avait retrouvé une nouvelle jeunesse après le changement de propriétaire et c'était doublement intéressé que le Comte allait découvrir ce lieu dédié au jeux d'argent, d'une part pour espérer y revoir l'héritière de la Maison Pessan et parce que l'établissement était un concurrent direct à sa propre entreprise dans le même secteur d'activité.

Il se présenta devant "Au bonheur des âmes" en cours de soirée, se délaissa tout d'abord de son escorte avant de laisser au bon soin d'un employer son épais manteau qui fût ranger dans un vestiaire. Alors qu'il avançait de quelques pas seulement dans le vaste salon de jeux, déjà quelques odeurs, effluves significatives chatouillèrent ses sens, l'odorat et la vue pour être plus précise. Cette ambiance familière le conduisit rapidement à se fondre dans la foule, bien à la vue d'Apolline du haut de son perchoir. Victor observait la clientèle, reconnu certains joueurs, en découvrant d'autres. Se laissant entraîner par l'ambiance festive, cela lui avait manqué depuis ces deux à trois semaines loin de la capitale et de l'Esplanade, il glissa sa main dans le revers de sa tunique noire et rouge bordeaux très élaborée, accompagnées de motifs en dentelle. Il en sorti une pipe en bois de riche facture ainsi qu'une bague à tabac serti d'un rubis. Après quoi, le mondain se laissa également tenté par une coupe de vin qu'il récupéra à la volée sur un plateau que transportait un autre employé de l'établissement. Ainsi armé d'une pipe et de vin, il déambula au gré des rencontres, reconnu de certains, ignoré d'autre, s'attardant finalement à cette fameuse table de jeu, se plaçant dans l'ombre des deux épouses qui accompagnaient leur mari dépensier.
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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyLun 7 Sep 2020 - 16:08


Installée dans le fauteuil, Apolline rédigeait les derniers rapports, répondait aux dernières missives reçues. La dame se penchait pour tremper la plume dans l’encre se trouvant sur la petite table face à elle, puis laissait le bout de sa plume faire son office, non sans prendre toujours le temps de quelques réflexions. Son nez ne se relevait que brièvement vers les personnes présentes lorsque la voix d’un des participants s’élevait, par défaite, ou par victoire bien évidemment, l’ensemble lui tirait parfois un bref sourire, ou un froncement de sourcil invisible. L’établissement était calme, malgré la présence respectable de plusieurs bourgeois, ou de la petite noblesse. Le jeu poursuivait son rythme avec simplicité. La voix du meneur, organisateur se faisait entendre, évoquant tour à tour les chiffres, le résultat. Les femmes présentes encourageaient leur époux, une main sur l’épaule dont la pression se faisait parfois un peu plus forte en fonction des résultats. Ce ne fut que lorsque l’ensemble touchait à sa fin, qu’Apolline s’était redressée avisant l’ensemble du petit groupe qui s’exclamait sous l’émotion des gains. S’appuyant contre l’accoudoir, elle fronça légèrement les sourcils en détaillant une silhouette masculine qui n’était pourtant pas là à son arrivée, elle en était convaincue. Victor De Rougelac.

Un souffle chaud s’exfiltra dans ses lèvres, de surprise sans doute, de contrariété aussi, elle n’était nullement au courant du retour de Rougelac en ville, ce qui laissait entendre que ses petits oiseaux n’étaient pas particulièrement efficaces. Ben évidemment la dame de Pessan, s’était redressée pour descendre de l’estrade où elle se trouvait, abandonnant là ses documents qui furent rangés dans un simple geste de la main par une employée bien au fait de l’exigence de la discrétion de la comtesse. La brune à la chevelure remontée en un chignon bas avait fini par rejoindre la table, pour simplement contourner le groupe et se retrouver face au comte. Pas un sourire, simplement un signe de tête courtois et parfaitement maîtrisé. Le jeu venait de prendre fin, chacun des participants s’éloignait plus ou moins de bonne humeur afin de finir la soirée autour d’un verre, souvent offert par le gagnant. Le gérant de la table de jeu allait s’éloigner lui aussi, sans doute pour prendre congé de sa soirée bien animée, mais fut stoppé par la voix de la comtesse.


- « Édouard, pourriez-vous préparer une partie, je vous prie. Suis-je certaine que notre client surprise sera ravi de participer en ma compagnie, pour le plaisir bien évidemment. »

Le regard foncé de la comtesse s’immobilisa sur la silhouette masculine, alors qu’elle s’adressait bel et bien à son employé qui semblait de son côté, particulièrement surpris. D’un geste de la main, elle invita celui qui était revenu depuis peu en ville de s’installer, alors qu’elle-même prenait place sur un tabouret relativement haut pour sa petite taille. Se raclant la gorge, Édouard, ne put que faire ce qui savait le mieux, expliquer les règles du jeu.

- « Je suppose que vous connaissez les règles » indiqua-t-il tout en prenant la peine de rappeler l’ensemble « La partie se déroule en trois tours, pour éviter toute forme d’égalité. Vous avez chacun Trois dès, le gagnant est celui dont la somme des dès et le plus élevé. On peut miser des éléments à chaque début de tour, pour estimer si on fera plus ou moins que l’adversaire. »

Ceci étant dit, il déposa devant la comtesse les Trois dès, qu’elle passerait ensuite bien évidemment au comte de Rougelac. La dame récupéra les petits objets qu’elle plaça dans un récipient pour mélanger, le temps pour elle d’aviser celui qui semblait propre sur lui, non blessé, peut-être un peu plus fatigué que lors de leur dernière rencontre. Cette dernière supposition n’était pour autant pas d’une certitude sans faille, l’ambiance tamisée n’aidant guère pour ce genre d’observation.

- « J’ignorais que vous étiez de retour en ville, Comte de Rougelac, en voilà une surprise qui laisserait entendre que vous êtes en mesure de tenir votre parole. Êtes-vous à Marbrume depuis longtemps, avez-vous trouvé ce que vous cherchiez sur les Terres Ventfroid ?»

Le bruit des dés sur le bois de table ronde résonna un long moment jusqu’à l’immobilisation de l’ensemble. La dame ne regarda même pas un instant les dés, se contentant de faire glisser le récipient à lancer jusqu’aux mains d’Édouard qui annonçait les résultats :

- « Chiffre trois, cinq et deux pour un total de dix, comte de Rougelac, pensez-vous pouvoir faire plus ? Comtesse, pensez-vous que votre adversaire, monsieur le comte est en mesure de faire plus ou moins que votre somme ? »

L’employé rempli le récipient des trois dés, secouant l’ensemble avant de le poser face au comte, était-ce à son tour de lancer l’ensemble pour afficher le résultat, devait-il cependant affirmer ou non s’il estimait que la chance pouvait être de son côté. Apolline de son côté, avisait sagement son adversaire, dont la curiosité de cette nouvelle rencontre commençait à la piquer légèrement.

- « Je mise sur une première défaite de notre cher comte. Je doute que les dés soient aussi favorables pour monter au-dessus de dix, non pas, qu’en pensez-vous, Victor De Rougelac ? »

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyMar 8 Sep 2020 - 11:29
Il fallait bien l'avouer, la partie qui s'offrait aux yeux du mondain le tenait en haleine. Après plusieurs semaines d'expédition le simple fait de retrouver certaines habitudes, certains vices, galvanisait le Comte de Rougelac. Certes, le personnage était désireux d’acquérir une notoriété nouvelle, seulement, on ne pouvait pas changer la nature profonde d'un homme. L'argent, le jeu, cette tension palpable, le risque de perdre des sommes folles ou d'en gagner, cela faisait l'essence de ce genre d'établissement, que d'ailleurs le Gouverneur possédait sur lui aussi et qui de fait, faisait concurrence à la nouvelle affaire de cette curieuse et mystérieuse Comtesse de Pessan.

Mais alors que le quadragénaire se délectait des réactions autant des joueurs que des épouses de ces derniers, voilà que soudain, il décolla son regard du plateau de jeu alors qu'une nouvelle présence venait de faire surface. S'il s'était senti contourné dans le dos, ce n'est qu'au moment où son regard se posa face à lui sur ni plus ni moins que la propriétaire des lieux que Victor fini par esquisser, ravi, un sourire à la commissure de ses lèvres. Un volute de fumée s’exfiltra alors d'entre ses lèvres alors qu'il détailla Apolline méthodiquement, de sa chevelure remontée en un chignon bas jusqu'à fixer son minois avant de lui répondre d'un signe de tête courtois. Restant alors interdit de toute autre réaction, il laissa les joueurs prendre congé de la table de jeu pour ensuite admirer la manière dont faisait preuve la Comtesse pour retenir le croupier bien surprit par la tournure des événements. Chemin faisant et sans qu'il ai besoin d'approuver la sollicitation que lui offrait la "presque" trentenaire, Victor l'imita pour prendre lui aussi place sur un tabouret et laisser Edouard s'exprimer dans l'exercice de ces fonctions.

Sans même se soucier du récipient que tenait la brune, où se dissimulait les dés qu'elle était sur le point de lancer, son attention se focalisa sur ce regard scrutateur qui l'épiait d'une façon plutôt intéressant et intéressé. À aucun moment, Victor ne baissa pas le regard, pas même lorsque les dés roulèrent sur la table, préférant donner la réplique à la propriétaire des lieux fort joliment vêtue pour l'occasion.

- Vous ne l'auriez certainement su pas plus tard que demain. Je viens tout juste de débarquer du port, voyez-vous. Et... le temps que nos oiseaux ne fassent leur œuvre, je me suis permis de venir vous surprendre et il me semble que mon initiative donne l'effet escompté.

Tirant sur sa pipe, il baissa finalement son regard azur sur les trois dés avant de rajouter.

- J'y ai retrouvé des fantômes et sans doute une soif de vivre retrouvé.

Dit-il pour toute réponse, qui pouvait s'en retrouver bien énigmatique. Mais le croupier retint alors son attention alors que le décompte des points venait de tomber et qu'il devait prendre une décision que seule la chance pouvait lui accorder succès.

- Je pense faire plus.

Dit-il sèchement, comme s'il venait de retrouver toute son acuité aux jeux de hasard. Allongeant alors le bras, Victor récupéra le contenant avant de le secouer lentement, les dés caressant les contours du récipient avec un soupçon de sensualité. Il avisa finalement d'un regard carnassier la Comtesse de Pessan qui ne vendait pas cher de sa peau et qui semblait prompte à le voir déchu d'une quelconque Victor.

- J'en penses, très chère, que j'ai survécu à Ventfroid et que de fait, la chance est en ce moment de mon côté. Je crois en ma bonne étoile retrouvée. Vous devriez faire preuve de prudence, surtout à mon endroit, car vous n'êtes qu'à l'aube de vos surprises.

Arrogant dirons certains ! Ego surdimensionné dirons d'autres ! Mais le Comte de Rougelac était ce qu'il était et n'avait pas bâti ses succès sur la scène mondain par quelques formes de prudence. C'était un homme audacieux, certes, qui lui avait valu des revers, mais il semblait qu'à chaque fois, il était en capacité de se relever, de renaître de ces cendres et il était aussi craint pour cela que par ses appétences au calcul et à la sournoiserie.

Il leva alors lentement le récipient avant de le retourner d'un mouvement de poignet, laissant choir les dés sur la table de jeu sans même daigner regarder le résultat, comme si, il était certain de l'épilogue de ce premier tour de jeu. Il en était presque insolent dans son attitude alors qu'il fixait les prunelles d'Apolline non sans rajouter, tout en lorgnant quelques secondes durant le "dress code" de la Comtesse.

- Alors... Edouard, je vous écoute.
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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyMer 9 Sep 2020 - 23:46


- « Tout juste de débarquer… Et vous voilà déjà dans mon établissement, quel honneur ! » souffla-t-elle avec une certaine malice « L’effet de surprise est complet en effet, avez-vous eu de la chance de me trouver ici »

Les dés avaient finis par rouler sur le bois, jusqu’à s’immobiliser entièrement, les chiffres annonçaient par Edouard n’était pas exceptionnel, il était possible de faire mieux, beaucoup mieux, mais moins bien aussi. La dame n’était pas satisfaite de sa chance, mais ne fallait-il pas la provoquer pour véritablement obtenir gain de cause. Néanmoins, allait-il falloir redoubler d’effort sans aucun doute. D’autant plus que le comte estimait pouvoir faire plus, tout en restant parfaitement concentrer sur le fil de la conversation. Son comportement avait changé, pris au jeu, le noble semblait avoir une dépendance pour cette activité particulière, ou au moins, une appréciation élevée de l’ensemble.

- « Des fantômes ? » l’interrogea-t-elle « J’ose espérer qu’ils vous ont comptés de bonnes histoires du passé pour mieux affronter l’avenir »

Les dés s’étaient mis à rouler, rouler, jusqu’à s’immobiliser. Les yeux de la comtesse s’appliquèrent à ne pas s’y intéresser, préférant rester concentrer sur son interlocuteur. La comtesse avisait celui qui était de retour en ville, non sans afficher un demi-sourire, il avait survécu à Ventfroid, fallait-il bien admettre qu’il allait créer la surprise. Pourtant, elle, cela ne semblait pas la surprendre outre mesure, peut-être parce que certains êtres avaient la peau plus dur que d’autre, peut-être oui.

- « A l’aube de mes surprises, mh, c’est intéressant. Vous ai-je déjà dis de ne pas soumettre des promesses que vous ne pouvez guère tenir ? » l’interrogea-t-elle avec malice « Les paroles, très cher comte de Rougelac, un brave homme m’a dit une fois que cela n’avait aucune valeur, qu’il fallait se concentrer sur les actes, qui sait, peut-être le connaissez-vous ? »
- « Un, six, quatre, pour un total de onze… Deux points pour le comte de Rougelac qui prend une avance, début du deuxième tour. »

Aucune grimace, aucune déception, aucune hésitation dans le regard de la comtesse qui se contenta d’ouvrir la main pour récupérer le récipient contenant les dés. Se pinçant les lèvres à deux reprises, elle offrit un demi-sourire à son adversaire de partie. Un léger silence ce fit, alors que seul le bruit dés s’entrechoquant entre eux se faisait entendre. La dame ouvrit la bouche, puis la referma l’air concentrée.

- « Je dirais que vous avez juste la chance du débutant, comte de Rougelac, ne vous emportez guère » souffla-t-elle dans un sourire en coin, consciente que Victor était loin d’un débutant dans le domaine du jeu « Peut-être que l’absence et votre voyage vous on fait perdre la main… Il parait que c’est comme la marche, bébé on doit apprendre vieux, on n’y parvient plus. » elle reprit vis-à-vis de son position « Je suis loin de me coucher, je mise plus »

Elle fit trembler le récipient avant de laisser les dés rouler sur le bois de la table, l’ensemble pivota encore et encore et encore avant que le dernier dé ne s’immobilise. Edouard restait silencieux, là sans être là, il écoutait la conversation des nobles, sans commenter, se contentant de faire simplement son travail.

- « Quatre, un, six, pour un total de onze, aucun point supplémentaire pour l’égalité. Comte de Rougelac, la main est à vous. »

Une nouvelle fois, les dés furent ramassés, remis dans le récipient puis déposé devant le destinataire.

- « Alors, Victor, vous voilà désormais de retour et plus confiant que jamais, non pas ? Avez-vous des projets, hormis je vous l’accorde passer vos soirées dans mon établissement pour dépenser quelques sous ? Par ailleurs, la vue est-elle à votre goût ? » questionna-t-elle en déplaçant une main pour montrer l’environnement « Peut-être qu’un verre de vin pourrait ravir de votre palais et vous permettre d’apprécier davantage ce début de soirée ? »

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyJeu 10 Sep 2020 - 17:50
"Retrouver une seconde jeunesse" serait une vision présomptueuse pour décrire le retour du Comte dans la capitale. Mais, il fallait bien l'admettre, il revenait en homme plus confiant. La Comtesse de Pessan avait sans nul doute pu comparer l'avant et l'après Ventfroid et tout portait en effet à croire que ce périple avait permit à son invité de marque du soir de faire tout en parti son deuil. Le déroulé de cette soirée semblait plaire tout autant à la propriétaire des lieux qu'au mondain qui croisaient la verbe sous le tintement des dés. Une ambiance plutôt légère même si ce jeu de hasard provoquait des pulsions caractéristique de tout joueur qui se respectait.

La confiance, l'on revenait toujours à cet état d'esprit. Victor croyait ce soir en sa chance et tout portait à croire qu'elle lui souriait après le demi-échec de sa comparse. Si le Gouverneur de Sombrebois avait bien réalisé un meilleur score, d'un point seulement, la brunette quand à elle n'avait pu tenir son pari, réalisant un score identique à l'intrigant personnage de Cours. Tout du long, Victor de Rougelac écoutait la délicieuse petite jeune femme sans pourtant lui offrir la moindre réplique. Organisé, le quadragénaire prenait plus que d'ordinaire son temps, appréciant l'instant à sa juste valeur tandis qu'Edouard s'en trouvait malgré lui un témoin par défaut. La "bientôt" trentenaire, célibataire de surcroît dansait d'une langue habile et l'on ne pouvait qu'applaudir sa différenciation avec bien des donzelles de la Hautes, le plus souvent oisives et vénales, s'auto-suffisant dans une bulle de confort qui bientôt pourtant éclaterons une à une pour les réduire à la condition de "putains bourgeois" prêtes à tout pour survivre. Pourquoi évoquer cela me direz-vous ? Par le simple fait que le Comte avait bien à faire a une femme redoutable. Elle avait su bâtir un petit empire, il n'était pas ignorant sur ces nombreux placements dans la pierre et c'était d'ailleurs peut être parce qu’elle était une femme d'affaire très occupé qu'elle n'avait jamais envisager de s'unir à un bon parti car après tout, peu de "parti" pouvait lui tenir l'équivalent ?

Un sourire discret naquit sur les lèvres de Victor après toutes ses réflexions, avant qu'il ne daigne briser le silence. Si la donzelle était plus sensible à la réponse du tac au tac, le Comte s'imposait un tempo plus lent, conscient quelque part d'être la proie d'une forme d'apprivoisement de sa personne par sa semblable.

- La chance n'est pas toujours le fruit du hasard, elle se provoque. Et je ne peux que plussoyer : quand les paroles s'envolent, les actes eux, restent. Vous n'êtes également pas sans savoir que l'avenir appartient au audacieux et je compte bien ne perdre la main sur aucune de mes... disons... distractions.

Un double-sens peut évident à discerner pour le commun des mortels mais que peut être la vive d'esprit Apolline pourrait entre-apercevoir. Récupérant les dés, il semblait comblé par tant d'attentions, mais était-ce bon augure ? Pessan formantait-elle un complot ou était-elle tout simplement curieuse voir admirative par ce noble au parcours atypique? D'ordinaire, Victor était suffisamment prudent, mais ce soir le jeu, le gout du risque, cette adrénaline particulière, le poussait à entretenir, nourrir une certainement forme de décontraction toute mesurée. Et de surcroît la donzelle était joueuse, alors l'alchimie semblait toute trouvée pour persévérer.

- A la bonne heure très chère.

Dévoilant un sourire carnassier, de Rougelac poursuivit.

- Je vais évidemment suivre, mes lancés seront sans nul doute plus élevés ! Quant à la vue.... vous prêchez un converti ! Elle est de... toute beauté...

Dit-il en balayant le salon du regard avant de rouler un œil lubrique sur la silhouette de la Comtesse comme pour laisser planer un doute sur la nature de ce compliment. Puis, sans attendre, il laissa rouler les dés sur la table dans un excès de confiance. Et... pour une fois, cela lui valu de savourer la défaite. Cinq, deux, un... A peine 8 ! Mais croyez bien, nulle déception ne s'afficha sur son visage et c'était même tout le contraire, aussi incroyable que cela puisse paraître, il félicita son adversaire en lui servant une réplique chevaleresque.

- Toutes mes félicitations ! J'essuie un agréable revers. Pour la peine, je vais vous demander d'ouvrir votre meilleur cru et pour pimenter une soirée loin d'être terminée, pourquoi ne pas miser quelques chose... d'insolite ? Soyons fou, après tout ! Je vous ai promis des surprises, n'est ce pas ? Gardons cette dynamique, eut égard à votre insolente obsession à en découvrir d'avantage sur ma personne. Et Voyez-vous, je suis d'humeur à bavarde ce soir, mais avant de parler de mes projets, permettez moi de vous demander si votre horizon c'est éclairci depuis notre dernière rencontre. Et le cas échéance, je pourrais vous être de bon conseil.

Peut désireux de voir toute l'attention se porter sur lui, Victor décidait donc de connaître la situation de la Comtesse en porte à faux avec son père qui ne jurais que par le mariage prochain de sa fille pour assurer sûrement la succession. Portant le bec de la pipe à sa bouche, il aspira à plein poumons ce poison, recrachant des cercles parfait dans l'air qui s'élargissaient à mesure qu'ils prenaient de l'altitude.
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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyJeu 10 Sep 2020 - 20:28


- « Vos nouvelles distractions j’espère ? Il serait fort fâcheux de réduire à néant vos efforts passés, n’est-ce pas ? » piqua la comtesse dans une mise en garde qui devait concerner sa réputation volage « Avez-vous dû en surprendre plus d’un avec votre voyage, je suppose. Votre absence doit vous laisser bon nombre de choses à faire »

La comtesse en savait quelque chose, rien que mettre de côté quelques jours les problématiques administratives provoquaient un cataclysme de gérance, alors autant de temps qu’avait duré son voyage, le comte devait être submergé. Pourtant, il était là, dans son établissement à jouer sans aucune carotte au bout du nez. La dame restait curieuse, mais aussi méfiante, les apparences et le moment étaient agréables, néanmoins, le comte avait démontré à plusieurs reprises être un dangereux adversaire des mondanités. Évoquant simplement le fait qu’elle poursuivait le jeu, sans aucunement se laisser impressionner par ce qu’elle estimait être un coup de chance. Le compliment du lieu, ou de sa personne ne sembla pas la surprendre, ou la déstabiliser. Idalie avait fait des merveilles ici. Offrant un pincement de lèvres, elle laissa un instant son regard vagabonder sur les couples présents et changeants, ou les solitaires terminant leur verre. Les tensions de la précédente partie semblaient s’être envolées, alors qu’une nouvelle venait prendre possession de la table. Si la noble tâchait de maintenir sa prestance et son assurance, en son intérieur brûlait cette flamme de mauvaise perdante qui ne pouvait supporter d’envisager un infime instant de se retrouver en défaite face à un Rougelac qui semblait se voir déjà en grand gagnant. Le duo improbable attirait bien évidemment quelques regards curieux.

Les dés avaient fini par rouler une nouvelle fois, pour la première fois, la dame n’avait pu s’empêcher d’aviser l’ensemble, surveillant chaque résultat, ses lèvres s’ornant d’un sourire victorieux et d’un regard plus lumineux. Perdu. C’est ce qu’elle aurait voulu formuler, ne le fit-elle cependant aucunement, bien trop conscience que ce que cela aurait pu laisser entrapercevoir. Edouard annonça le résultat, Rougelac l’avait félicité avant de relancer un semblant de conversation. Le temps pour elle, de récupérer le récipient ainsi que les trois dés qui roulait déjà les uns avec les autres ensemble sans pouvoir s’échapper encore du piège dans lesquels ils se trouvaient. La dame se mit à rire, se repositionnant convenablement sur son assise.


- « Pour s’éclaircir devrait-il s’être couvert, cela n’a jamais été véritablement le cas, n’est-ce pas ? Si vous parlez de la recherche de père vis-à-vis d’un accord entre une autre famille, eh bien, suis-je convaincue que vous serez surpris d’apprendre que non. » Bien évidemment, la dame était derrière les nombreux échecs « Le dernier en date c’est fait surprendre avec une catin, père n’a guère apprécié d’être pris pour un idiot, surtout qu’une n’était pas féminine, mais masculine, quelle horreur. »

Il avait été si simple de droguer le pauvre bougre, de payer allégrement un gigolo pour se faire voir en la compagnie du bourgeois, puis dans une position peu confortable. Trop simple que cela en avait presque été ennuyant, pour celle qui aimait la difficulté. La comtesse gardait néanmoins parfaitement à l’esprit, que la situation ne pourrait perdurer et que son délai de survie était sans aucun doute jusqu’à la fin de l’année, le début de la suivante tout au plus. Est-ce que cela la révoltait ? Oui. Est-ce qu’elle le formulerait, aucunement.

- « Enfin, suis-je certaine que toute cette situation finira sur un mariage d’arrangement parfaitement équilibré n’est-ce pas. Je mise moins, évidemment, serais-je inconsciente de de ne pas changer de stratégie alors que la première n’a pas fonctionné» ajouta-t-elle en lançant les dés sans même offrir un regard pour le résultat qui n’allait plus tarder « Et puis, ça met un peu d’animation n’est-ce pas ? Par ailleurs, j’ai rencontré le nouvel héritier de Rivefière. Fort sympathique, je pense que vous devriez garder l’ensemble à l’œil. La jeunesse finira par surprendre beaucoup de monde »

En réalité, la brune n’en avait pas la moindre idée, mais le caractère, l’âge de Jacob de Rivefière lui semblait être des éléments pertinents pour supposer que ça fougue risquait de révolutionner le regard de la noblesse et les fonctions de tout à chacun. Elle-même avait en tête de le garder à l’œil, sans trop savoir s’il était un allié en devenir, ou toute autre chose. C’est la voix d’Edouard qui l’a sortie de ses pensées, sans doute un peu trop brusquement.

- « Deux, deux, un, pour un total de cinq. La mise est gagnante. Trois points pour le comte, deux pour la comtesse. Début du troisième et dernier tour, la main est au comte de Rougelac pour terminer cette partie. »

- « Et vous-même, comte de Rougelac ? » elle fit un geste de la main à une employée afin de commander la bouteille de vin, ainsi qu’un verre, l’ensemble n’avait d’ailleurs pas tardé à arriver.

Les verres furent remplis, les dés remis dans le contenant puis déposer devant le compte. La mise pouvait rendre le compte victorieux, en revanche une défaite aux dés sans gain de mise entraînerait une égalité nécessitant un quatrième tour.

- « À la vôtre ! » conclut la jeune femme en levant son verre « Suis-je curieuse d’entre votre récit. »

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyVen 11 Sep 2020 - 15:16
La sulfureuse réputation du Comte de Rougelac valait à ce dernier une mise en garde et ce même si le terme "distraction" semblait sortir de son sens premier pour prendre une connotation plus controversée. Il ne pouvait blâmer la demoiselle de Pessan qui après tout était dans son bon droit, mais Victor se devait de clarifier ce terme pour ne pas le voir sujet à la controverse, en tout cas pas dans sa plus large définition.

- Oh ne vous méprenez point ma chère, je n'ai nul intention de glisser à nouveau sur des pentes glissantes. Croyez bien que je ne m'associerais plus avec quelconque lupanars ni... n'afficherait en publique mais éventuelles visites auprès de femmes de petite vertu. J'imagine que vous pensiez à cela ? Pour le reste, soyons honnête, si j'ai pu déléguer certaines obligations, je dois en effet faire face aux conséquences de cette longue absence. Je craints que mon emploi du temps soit fort chargé ces prochaines semaines, puisse les Trois me donner l'endurance d'un jeune coq de vingt ans !

Fini-t-il sa déclaration sur une note plus léger conscient que son âge l'éprouvait bien plus qu'un damoiseau. Alors que la partie se déroulait sur une succession de de bon ou mauvais lancé, de mise perdue ou gagnée, le duo ne semblait jamais perdre de vue leur objectif "extrasportif", se répliquant l'un l'autre dans un cadre qui se prêtait aux discussions informels. D'ailleurs, la Comtesse de Pessan dévoila sans détour avoir mit à mal les desseins de son père, réduisant à peau de chagrin toute tentative des innombrables courtisans à sa main. Du surcroît, la brunette s'offrait même le luxe d'en narrer le tout dernier exemple en date et il fallait bien l'admettre, Apolline n'y était pas aller de main morte ce qui révélait au passage une certaine détermination de l'héritière qui ne reculait devant aucune méthode pour arriver à ses fins.

- Et bien ma chère ! Dois-je m'estimer heureux de ne pas avoir répondu favorablement à l'appel du pied de votre père ! Vous êtes redoutable, que dis-je ! Vous êtes décomplexée et dangereuse voir immorale ! Mais croyez bien, je vous tire mon chapeau car l'idée est brillante en plus d'être humiliante ! Si une telle rumeur sur vos méthodes devait naître et se propager sur l'Esplanade, j'ai l'impression que les rares prétendants que votre père aurait encore sous la main, devrons sortir de leur demeure en armure et faire goûter tout ce qu'ils pourraient ingurgiter.

Son regard azur semblait bel et bien sur le coup admiratif par la passe d'arme qu'avait effectuer la jeune femme contre son propre père. Mais alors qu'il aurait volontiers donner conseils sur quelques honorable parti, voilà que la jeune femme avança un nom, Rivefière celui là même que potentiellement, Victor aurait pu souffler à son oreille, un hasard ? Rien n'était moins sûre.

- La Maison Rivefière est loin de m'être inconnue, j'y ai côtoyer tout ces membres. Parents, fille et aîné. Mais ce dernier que vous évoquez et qui à présent s'en trouve propulsé à un futur radieux, n'est pas encore passer sous ma verbe, pourtant, je compte bien m'y intéressé car j'ai également ouïe dire qui semblait talentueux à bien des égards. Gardez-vous également un œil sur lui ? Je ne peux le nier, voila quelqu'un qui pourrait convenir. Mais je dois bien aussi l'admettre, il est complexe de savoir si un personnage intimement lié pourrait ou non faire de l'ombre. Comme les dés, après tout, c'est le hasard qui en décidera.

Mais c'est alors que son adversaire lança les dés et pour un résultat couronné de succès puisqu'elle avait prit le parti d'un résultat inférieur à huit. Un simple regard vers Apolline donna la certitude au Comte de Rougelac que son interlocutrice était tout aussi joueuse et redoutable que lui, sans doute la partie serait bien plus serrée qu'il n'avait pu l'imaginer. Seulement avant qu'il ne lance les dés et miser, voilà que la curieuse et non moins piquante demoiselle de la Haute s'intéressait au devenir sentimental ou marital de son aîné à cette table de jeu. L'on apporta finalement le vin et la mondaine trinqua. Levant sa coupe, il s'en humidifia ensuite les lèvres avant de reposer le contenant.

- Moi ? Quel récit ? Vous êtes si vive pour mon esprit usé par le temps. Si c'est de Ventfroid que vous souhaitiez que je vous conte mes exploits, croyez bien qu'il ne sont pas à la hauteur de Sieur de Terresang. N'avais-je pour rôle que de tenir notre "pied à terre", le temps de sécuriser un périmètre dans, admettons le volontiers, ce chaos. Parviendrons-nous à reprendre ce fief historique ? Cela dépendra du Vicomte encore sur place à l'heure où nous parlons. S'il n'en revient pas, alors, j'imagine que nous tirerons un trait sur une seconde phase de reprise des terres de Ventfroid. En tout cas, la mort y es omniprésente, je peux vous l'assurer.

Il prit une pause avant de rajouter, puisque ne sachant pas sur quel exact sujet sa vis-a-vis était en quête de réponse.

- Maintenant, si vous souhaitez que je vous narre ma future situation maritale, je crois bien qu'il ne serait pas raisonnable pour de chaste oreilles comme les vôtres, que je vous relate mes exploits sous la couche de telle ou telle donzelle.

A cet instant précis il lâcha les dés sur le tapis de jeu et en fixa chaque nombre se révélant à ses yeux. Victor était tout sauf un galant perdant, il ne se laisserait jamais battre pour quelques sournois desseins. Six, un score peu flatteur mais qui pourrait faire ses affaires finalement. Il croisa alors le regard d'Apolline, sur de ces chances de victoire.

- Ah ! Vous ferez forcement mieux que Six ! Pour sûre ! Osez miser le contraire et si vous perdez, vous m'offrirez de quoi jouer et boire dans votre établissement pour toute une soirée !

Finit-il dans un murmure à peine audible, le regard taquin. Il voulait la piquer lui aussi au vif, voir jusqu'où elle était capable d'aller dans quelques transgressions à ses propres codes de conduite.

- Je vous l'accorde volontiers, ceci est un chantage bien malhonnête de ma part, mais ne vous ai-je point dit que je vous réserverais des surprises !? Moi aussi je ne recule devant aucun coup bas. Si mon intuition s'avère exacte et que vous relevez ce défi, il n'y a après tout, pas tant à y perdre... Et si je vous gagnez, il en sera de même pour vous dans mon établissement.

Il lui adressa une œillade provocatrice, cherchant à toucher son ego de joueuse et de compétitrice. Mais bien sûre, Apolline pouvait trouver une toute autre tactique devant un audacieux Victor qui jouait carte sur table.
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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptyVen 11 Sep 2020 - 20:35


- « Qui sait ce que je peux bien penser, comte de Rougelac, ça n’a de toute manière que très peu d’importance, n’est-ce pas ? » elle offrit un sourire le détaillant un instant « A votre âge, il n’a guère plus besoin de travailler l’endurance, elle est acquise depuis bien longtemps, puisses Rikni vous apporter son soutien dans vos tâches à venir et je le présume, vos trajets vers Sombrebois. »

La suite de la conversation l’a fit sourire, voilà que le très cher et aventureux comte se lançait dans des déductions –bien que très juste-, très peu acceptable devant témoin. La dame se contenta de se repositionner convenablement sur sa chaise, de porter le fond de son verre de vin à ses lèvres, pour en humer l’odeur avant d’avaler la dernière gorgée. A ce moment précis, elle ne put que réfléchir à la manière de contourner les conclusions, sans l’offusquer, mais sans permettre de tel supposition planer trop longtemps dans l’air. Ses prunelles se fixèrent un instant sur l’employé qui s’occupait de la table de jeu, qui détourna bien évidemment et rapidement le regard de la femme au sang bleu.

- « Je crains que vous ne m’octroyiez des actes que je n’ai pu réaliser, navrée de vous décevoir » souffla-t-elle « Je n’ai nullement une influence aussi forte que celle que vous m’octroyez, je dois bien l’avouer, ne suis-je qu’une veuve héritière n’est-ce pas ? Je pense qu’il serait plus juste de parler de signe des Trois, de chance, vous qui aimez la provoquer. Tout au plus de facteurs facilitant cette triste conclusion et constatation. Ai-je été indigné de savoir que le prétendant fétiche de mon père préférait les hommes de joie à ma présence… Faut-il croire que je n’avais pas ce qu’il fallait entre les jambes pour le satisfaire. Que les Trois me pardonnent ce langage offensant. »

Bien évidemment, Apolline n’en croyait qu’un demi-mot et une intelligence redoutable pouvait aisément douter qu’autant d’échecs avec les prétendants ne pouvaient qu’être l’œuvre de manigance et non d’une chance quelconque. Même son père qui n’était point idiot avait mis en garde sa précieuse fille, il finirait par lui trouver époux et tant pis si elle devait subir le gourou de celui-ci pour la corriger. Triste conclusion, aussi, de nouvelles cartes se devaient d’être distribuées et la comtesse ne pouvait que trouver une solution, ou faire abdiquer son père vers un homme qu’elle pourra manipuler. Le mariage pouvait être une bénédiction des Trois, ou la plus cruelle des sanctions, surtout pour une femme.

- « Vous me voyez une nouvelle fois navrée de ne pas lire de regret dans votre regard, aurais-je été ravi de dialoguer avec vous comme deux oisillons que nous ne sommes plus, n’est-ce pas ? Je conçois que l’attrait de la jeunesse et la facilitation que le jeune âge peut amener dans la réalisation d’héritier soit plus alléchants qu’une veuve de mon gabarit. » elle déposa le verre qu’elle tenait toujours entre les mains sur la table « Enfin, peu importe, à défaut d’entrer dans ce type de jeu, pouvons-nous au moins profiter pleinement de celui-ci et d’envisager une entente amicale ! »

Balayant une nouvelle fois la salle du regard, non sans s’intéresser à ce couple trop ivre qui finirait sans doute la nuit ici, elle prit la peine de réfléchir. Rivefière était un nom complexe, la réputation était convenable, bien qu’avoir deux femmes d’armes dans leur rang tachait un peu ce tableau idéal. Une sergente, une coutilière si les sources étaient justes, deux femmes à fort caractère, mais encore capables de procréer, suffisait-il de trouver un bon mari et la famille pourrait s’étendre davantage. Le nouvel héritier devrait lui aussi trouver épouser… Soit si les calculs de la noble étaient bons –et ils étaient bons-, trois liens possibles avec trois familles différentes qui pourraient amener bien des pouvoirs et des richesses en de nombreux domaines.

- « Non pas vraiment » fit-elle simplement « A tort visiblement, pour l’avoir rencontré lors de l’inauguration du lieu, Jacob de Rivefière peut devenir intéressant, oserais-je même dire divertissant. J’ignore si son nouveau rôle lui convient, mais je ne suis pas encore convaincue qu’il est conscience des nombreux pions qu’il tient dans le creux de sa main, une fois que cela sera fait, je reste certaine que vous, moi et tous les natifs de la ville avons dû souci à nous faire. »

La comtesse gardait Jacob à l’œil, sans trop savoir pourquoi, chez les nobles en titre plus anciens, savait-elle parfaitement à quoi s’attendre, connaissait les directions que chacun aimait prendre, les relations, les coups bas… Mais lui, lui il ne rentrait dans aucun critère, n’aurait-il sans doute même jamais dû hériter ou bien tardivement… Les coups du sort –et les dieux- l’avaient pourtant amené lui, milicien, et deuxième du nom à devenir l’héritier.

- « Qui sait, cela nous obligera sans doute à revoir nos priorités. »

C’est à ce moment que les dés s’étaient mis à rouler que la mise fut convenable et le point accordé. Le regard de la noble dame fut satisfait, bien plus que ce qu’elle aurait souhaité montrer. Désormais, fallait-il bien clôturer ce moment, par une victoire évidemment. Le noble ne put néanmoins que poursuivre évoquant Ventfroid sans trop en dire. La comtesse se contenta d’opiner, elle ne visualisait pas réellement comment pouvait se dérouler ce type de mission et feu son époux n’était pas un grand combattant qui aimait partager ses exploits lors des batailles gagnées ou perdues.

- « J’ignorais que le Vicomte était resté sur place, j’espère qu’il est bien entouré. Puisses la Trinité lui venir en aide » toutefois fallait-il bien avouer qu’Apolline doutait fortement de la réussite et de l’intérêt du projet « Pourquoi le Vicomte a-t-il accepté d’ailleurs ? »

La suite, l’avait dans un premier temps amusé, avant de se questionner. La réputation sulfureuse du comte n’était plus un secret, bien que dernièrement il lui avait semblé entrevoir une amélioration, surtout depuis son mariage. La fin tragique de son épouse l’avait-il fait replonger ? Elle n’en était pas certaine. Se détachant de se questionnement –un bien trop intime pour elle à ce moment de leur échange- pour se concentrer sur le roulement des dés. Résultat ? Six.

- « Un, trois deux, pour un total de six »
- « Forcément mieux que six ? » l’interrogea-t-elle avec délicatesse « Vous devriez savoir, comte de Rougelac, que ce qui compte ce n’est pas les petites victoires… Mais la victoire finale non, n’essayeriez-vous pas de vous sauver d’une défaite ? Si je mise juste et que je fais plus… Je gagnerai n’est-ce pas ?»

Dans un sourire, Apolline récupéra le récipient et les dés. Elle fit mine de réfléchir, mais ni l’alcool, ni l’idée de passer une soirée entièrement dans l’établissement concurrent ne semblait guère l’emballer, en revanche l’idée d’un Rougelac chez elle –et visible de tous- passant une bonne soirée, oui.

- « Je mise plus très cher comte et je serais ravie de vous satisfaire pour une soirée ici, après tout, n’est-ce pas le but de ce type d’établissement satisfaire le consommateur ? » elle l’avisa un instant supplémentaire « Quant à vos conquêtes, elle ne devrait même pas exister, je suis contente que vous m’en épargniez les détails, ne suis-je définitivement pas ce type de petite personne… Que la Trinité me garde de succomber à la chair du plaisir. » écouter le récit, conseiller pour une quelconque conquête, pourquoi pas, mais pas ici ni maintenant « Qu’est-ce que ça fait de perdre contre une femme, Victor ? »

Au même moment, elle lançait les dés, qui sait, peut-être aurait-elle tort et sortirait-elle perdante.

- « Quatre, deux, deux, pour un total de huit, la mise ET le point est gagnant. La victoire revient à la comtesse de Pessan. »

La dame se contenta d’applaudir un sourire en coin des lèvres. Gagner des petites missions ne l’avait jamais intéressé, c’était le but ultime qu’elle voulait atteindre, rien de plus. Peu importe si pour l’obtenir elle devait renoncer à d’autre petit but, ou sacrifier des points, des pions, de l’argent. Se relevant, verre à la main, elle remercia d’un bref hochement de tête l’employé qui commençait à ranger.

- « Vous m’accompagnerez pour terminer mon verre qui vient de miraculeusement se remplir ? » elle montra d’un geste de la main deux fauteuils un peu plus loin « Je serais ravie néanmoins de visiter votre établissement, bien que je suis certaine qu’il doit manquer de goût féminin. » elle disait ça par expérience, parce qu’ici avant, l’ensemble était discutable bien que la cible ne soit pas la noblesse « Vous me donnerez une disponibilité dans votre programme lourd d’activité et si vous me permettez de venir bien évidemment avec ma dame de compagnie. Ne voudrais-je pas que les rumeurs chantent trop fort des absurdités. »

Elle s’installa sur le fauteuil, soulevant légèrement son verre, pour le porter à ses lèvres, avalant une gorgée.

- « Vous devez être épuisé après votre voyage » ajouta-t-elle « Je ne vais guère vous retenir trop longtemps, le temps de terminer ce verre si vous le voulez bien et le temps de me parler de vos futures absences, que je ne me présente pas chez vous, sans que l’hôte de maison ne soit là, n’est-ce pas ? N’ai-je pas remporté du vin, et une bonne soirée promise ? »

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptySam 12 Sep 2020 - 10:01
La Comtesse de Pessan ne semblait que très rarement dans la critique de son aîné et à mesure des échanges, elle s'inscrivait, d'une certaine façon, dans une forme complexe et subtile de soutien. Pourquoi tant d'intérêt à son égare depuis le mois de mai ? Cela restait une nébuleuse qui pourtant laissait entrevoir quelques pistes. La noblesse souffrait et probablement que pour sa survie, il était indispensable de préserver quelques cadres. Apolline voyait elle Victor comme l'un de ces piliers ? Le mondain n'avait aucune preuve de ce qu'il pouvait avancer mentalement. Contrairement à ce que la brune pouvait déclarer, Rougelac ne partageait pas son point de vue et il possédait une expérience certaine pour se forger une appréciation quant au rôle des femmes dans la Haute.

Certes, la place de la femme était ce qu'elle était, mais cette nouvelle génération tendait à s'affranchir d'une génération aux mentalités vieillissantes et peut être dépassés par cette redistribution des rôles dans l'ensemble de la société. Ce serait un sujet de discussion que le quadragénaire laissa de côté, pour le moment en tout cas, car ces précédents propos avait provoquer une vive réaction de la part de la propriétaire des lieux.

En effet, le Comte avait manqué de bienséance et surtout d'un droit de discrétion absolu en développant des suppositions qui pouvaient déranger légitimement l'héritière de la Maison Pessan, surtout devant témoin. Mais, ce choix, assumé, était-il volontaire ? Sans doute si l'on connaissait le personnage à la barbe poivre et sel. Acquiescant alors religieusement à ce recadrage de la Comtesse, niant toute implication dans l'éviction de courtisans, Victor ne daigna remettre de l'huile sur le feu, applaudissant toutefois mentalement la belle passe d'armende la trentenaire qui semblait posséder de belles capacités de réactions.

Et Apolline maniait la verbe aussi admirablement bien que le plus talentueux bretteur que le royaume ait pu connaître, se targuant presque d'affirmer que son homologue ne pouvait raisonnablement avoir de vue sur sa personne. Grinçant des dents, le Comte ne possédait que très peu de marge de manœuvre pour porter une estoc à cette affirmation.

- Concevez si cela vous sied. Mais il n'est plus dans mes priorités d'obtenir un héritier. Si mon nom devait s'éteindre, ce sera avec panache. Ma malédiction me poursuit alors, pourquoi lutter quand d'autres projets concrets peuvent encore se réaliser de mon vivant ? Envisageons naturellement cette entente qui nous sera profitable.

La discussion se focalisait sur un personnage en plein essor sur la sphère de la Haute. Jacob de Rivefière était de plus en plus évoquer dans les différents cercles, dans les salons et autres lieux de villégiature de la noblesse mais également de la bourgeoisie. Les deux adversaires du jour ne manquaient pas de garder un œil sur ce personnage, malgré, et ce fut annoncer avec justesse, sa juvénile naïveté. Quant au reste, il ne pouvait qu'accorder raison à la Comtesse, de sombre jours frapperaient la noblesse.

- ... D'où ce soucis constant d'en réchapper et de se forger des alliances pérennes qui nous amène aujourd'hui à nous revoir. Vous comme moi, possédons des intérêts nous permettant, le cas échéant, de trouver un échappatoire, et nos entreprises, certes coûteuses, nous préserve d'une certaine forme de danger.

Victor ne prononçait aucun details, se voulant plus discret à présent et comme le lui avait réclamé la jeune femme, dans propice aux ragots. Rougelac savait parfaitement ce qu'il faisait et la Comtesse devait certainement le savoir mieux que quiconque, certaines rumeurs étaient à taire tandis que d'autres étaient à nourrir. Progressant avec méthode, la mondaine s'intéressait naturellement à cette folle expédition et pressait son interlocuteur à lui donner du grain à moudre.

- Le Vicomte a ces propres motivations. C'est un homme respectable qui a beaucoup souffert. Je crois que cette expédition sonne comme un "challenge" pour lui. Qu'a-t-il a y perdre ? Nos situations, après tout, on quelques similitudes ! Nous ne laisserons à nos prochains que nos œuvres alors que nos maisons seront certainement oubliées.

Ce n'était pas de la résignation, non, loin de là. Mais lorsque l'intérêt familiale avait disparut, cela poussait l'être humain à se montrer plus audacieux, moins prudent, acceptant un quitte ou double mortel, sachant que biens et fortunes reviendrons au Roi sans autre forme de procès.

C'est alors que la Comtesse tomba dans le piège tendu à bras ouvert par le Comte. La victoire finale, là était en effet l'objectif à atteindre. Oh, il allait certainement être défait de cette partie de dé, mais contrairement à l'avis d'Apolline, il pourrait rafler une victoire bien plus controversée. Mordant donc à l'hameçon, elle accepta le pari et le remporta sans grande difficulté après le décompte de l'ultime lancé de dés. Elle affichait un sourire fier après s'être montrée mordante et Victor la laissa savourer cette victoire de façade avant de lui donner la réplique, tandis qu'intérieurement il pouvait déjà savourer les quelques ragots qui se dissiperaient après qu'il honorerait sa promesse de jouer et boire toute une soirée en ce lieu.

- Contre une femme qui s'octroie le privilège de me dicter ma conduite entre les cuisses de ses semblables ? Je dois dire que cette défaite est bien rafraîchissante. Je ploie volontiers le genou en m'avouant vaincu par plus fort que moi...

Il baissa la tête non sans esquisser un discret sourire malin à la commissure de ses lèvres avant de relever le menton et reprendre un faciès solennel et humble, quittant son haut tabouret pour rejoindre la donzelle dans un cadre plus intimiste et confortable. Éteignant sa pipe, il emporta sa coupe de vint et s'installa face à la Comtesse, fixant un instant le peuple de ses lèvres au contact du liquide Carmen.

- Mon austère établissement vous est grand ouvert ma chère. Il est fort probable que la première quinzaine d'octobre soit dores et déjà scellée, après quoi j'envisage de rester quelques semaines à la capitale. Tout dépendra de la tournure de certains événements. Vous donner une disponibilité exacte serait présomptueux et malhonnête. Mon voyage futur à Sombrebois est incertain dans sa tournure. Vous n'êtes pas sans savoir que mon allié, le Baron, Hector, a prit une roturière pour épouser et mon œuvre là haut fait donc face à une réputation du fief en chute libre. Je crains pour la pérennité de ce projet de réhabilitation car je vais devoir faire face aux décisions du Roi par effet boule de neige. Je me dois de faire entendre raison au baron et trouver une solution de sortie de crise. Alors... combien de temps cela durera ? Seul les Trois le savent. Je ne vous cache rien, cette situation m'inquiète et requiert ma plus grande attention dans l'immédiat.

Il adressa un sourire entendu à la donzelle avant de conclure.

- Vous êtes victorieuse et dans votre bon droit. Je saurais, en temps voulu, affiner mes disponibilités pour vous recevoir comme il se doit en mon Manoir.
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Apolline De PessanComtesse
Apolline De Pessan



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MessageSujet: Re: Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac   Entrevue entre deux jeux || Victor de Rougelac EmptySam 12 Sep 2020 - 11:49


- « Contre celle-là même » souffla la comtesse « Sans doute est-ce l’unique audace que je m’octroie au travers mon rang… Je ne vous jugerai nullement, mais suis-je convaincue que les Trois ne peuvent tolérer autant de légèreté et d’oisiveté entre des cuisses qui ne vous appartiennent pas. »

Extrémiste, la dame l’était sans le moindre doute. Fervente croyante elle honorait les Trois plus que de raison et si certains étaient convaincus que les Dieux avaient renoncés à venir en aide aux Hommes, Apolline elle avait une tout autre idée sur la question. La fange n’était qu’une punition divine, envoyée sur les terres humaines pour éliminer les nuisibles –et sans doute même plus- qui ternissaient leur image. Les croyances et coutumes religieuses n’étaient pourtant pas si complexes à ses yeux, honorer la terre, faire preuve de courage, fidélité, ne pas succomber à l’appel de la chair. Par tous les dieux, pourquoi fallait-il que certains cherchent à changer cet état de fait. Conservatrice, la dame respectait sa condition, tout en appréciant particulièrement le fait d’être un peu plus libre de ses mouvements. Pour autant, elle ne rêverait jamais de mener un combat arme à la main, de se promener en pantalon –quelle horreur !- dans la rue, de dévoiler épaule, cheville, mollet ou que pouvait-elle bien savoir d’autre. Si la dame pouvait avoir des pratiques discutables, elle suivait néanmoins les Lois du culte de la Trinité.

- « Ne ployez guère trop, comte. Serais-je aveugle de ne pas entrevoir votre satisfaction. »

Le noble à la pipe l’avait suivi dans sa manœuvre pour s’installer loin d’une table de jeu. Autour d’un verre qui se terminait, installée dans un fauteuil confortable, elle laissait ses prunelles vagabonder sur la silhouette du comte. Apolline avait parfaitement compris que Victor cherchait autre chose que ce qu’il possédait, les nombreuses déceptions amoureuses autour de ses mariages semblaient lui peser plus que ce que les rumeurs pouvaient bien prétendre. L’homme avait misé son développement sur une maison bien controversée, bien fragile, pour autant si l’accord se transformait positivement, se retrouvait-il plus autonome que jamais en partageant le dernier domaine survivant. Elle prit le temps de réfléchir, laissant la pulpe de ses doigts effleurer son menton dans un instant de réflexion.

- « Sombrebois a toujours eu des mœurs légères, je ne suis pas certaine que cela changera et que le Roi s’attarde réellement sur ce type d’élément. A-t-il sans aucun doute plus gave à l’esprit, qu’un ours des cavernes s’abandonnant dans les cuisses d’une roturière » elle porta son verre à ses lèvres, pinçant l’ensemble pour savourer l’humidité sur sa bouche et le goût se propageant à l’intérieur de celle-ci « Le monde de la noblesse le sanctionnera naturellement, puis se satisfera des réactions d’une femme qui ne doit même pas savoir compter suffisamment pour atteindre le nombre d’amantes que le baron a pu avoir dans sa vie »

Pour autant, était-ce gave ? Elle en doutait. Oh, Apolline condamnait bien évidemment, mais vis-à-vis des Trois, pas des règles parfois ridicules des Hommes. Le baron était cependant depuis bien longtemps comme une honte de la Trinité et le voir se vautrer allégrement dans la parjure et la provocation des dieux n’avait en soi plus rien de surprenant.

- « Après tout, à ma connaissance, me trompais-je peut-être, mais Hector n’était pas en lien avec la noblesse de Marbrume, plutôt solitaire –sauf peut-être avec les femmes mariées-, il avait plus en tête de maintenir son château des marais que de s’intégrer à des jeux qui le dépassent plus que de raison. Avait-il donc besoin nécessairement du soutien ou de l’opinion des mondains de l’esplanade ? C’est discutable.» elle laissa son dos reposer davantage sur le dossier du fauteuil « Vous concernant, j’admets que l’éclaboussure de ses agissements risques de vous enliser quelque peu, cependant… Ne suis-je pas convaincu que pour les objectifs du baron, son mariage soit une si grande déchéance. »

Pour Rougelac, sans doute, lui qui s’appliquait à honorer, à lisser une réputation qu’il voulait désormais loin de ses écarts se retrouvaient de nouveau mêlée au plus grand scandale que l’esplanade avait connu depuis l’arrivée de la fange. Une roturière, l’idée était amusante dans le fond ou particulièrement attristant. Pour autant, le comte ne vivait pas là, avait simplement investi –sans doute, le supposait-elle dans l’objectif de récupérer définitivement le bien une fois le baron au fond dans d’un bûcher-. Néanmoins, s’il devait amener un héritier, ou une héritière, la situation se complexifierait, mais pourrait-il encore manipuler dans l’ombre.

- « Allons, ne vous en faites pas trop, après quelques années et quelques nouveaux scandales, l’affaire ne sera plus qu’un lointain souvenir. » elle avala une nouvelle gorgée, non sans faire tourbillonner le liquide dans le récipient « Pour revenir à votre austère établissement, votre date me conviendra, viendrais-je accompagnée d’Aimée sans le moindre doute. J’espère que votre vin est bon, il devient complexe de s’en fournir dernièrement. »

Elle termina bien évidemment son verre, sans en avoir parfaitement en tête que pour le comte, il serait bénéfique de voir une femme de sa qualité dans son commerce. Néanmoins, la comtesse était loin d’être dénudée de bon sens, la noblesse avait besoin d’unité dernièrement et en manquait cruellement.

- « Bien, vous me pardonnerez, mais n’ayant guère était au fait de votre venue, vais-je devoir reprendre mes occupations, j’étais ravie, comte de Rougelac, je vous souhaite bien du courage pour vos nombreuses préoccupations du moment. »

Se redressant la dame, ne put presque que naturellement saluer dignement le noble avant de s’éclipser afin de récupérer, terminer ses inquiétudes de la soirée avant de retrouver sa demeure et le confort de son lit.

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