Marbrume


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 Des bateaux et des hommes [PV Léandre]

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyMer 29 Avr 2020 - 0:57
Port de Marbrume
25 octobre 1166
Vers les dix heures

Il y a tant de choses à faire. Tellement de choses à penser en ce moment, c’est à en devenir folle. Parfois, les songes se mêlent à la réalité, la réalité rejoint les rêves, tant et si bien que je ne sais plus très bien ce qui est tangible de ce qui ne l’est pas. Un mariage à organiser, une nouvelle vie à ordonner, tant de choses à prévoir ! Et tout ceci en à peine un mois…Parfois, cette impression d’aller très vite se manifeste à mon esprit habitué à la douce torpeur de murs sombres et de feux timides. Mes deux compagnons de vie sont des torrents qui balayent tout sur leur passage à tel point que, quelques fois, je me demande si ce n’est pas un peu aller vite en besogne que de me marier et de filer au Labret en à peine quelques semaines. Pourtant, je rêve de cela, je rêve de vivre avec Jehan loin de tout, loin de cette cité malodorante, avec lui, pour lui. Fonder ma propre famille. Vivre d’un honnête labeur. Peut-être que, habituée à subir tous les revers de la destinée depuis longtemps, j’en ai une peur sourde, quelque chose qui m’oblige à envisager le pire avant le meilleur parce que ce meilleur s’est fait attendre et a été tant de fois postposé…Quoiqu’il en soit, nous nous aimons. C’est une des rares certitudes à laquelle je peux encore m’accrocher en ces temps troublés.

Ces pensées m’accompagnent à chaque instant, y compris maintenant que je suis sur le point d’arriver au port. Le port…J’ai un petit sourire en songeant à cette promesse que j’avais fait à Jehan d’aller voir la mer. Je m’y étais tenue et avait été embarquée dans une drôle d’histoire en compagnie de gens que je n’ai plus jamais revus par la suite. J’avais même posé les pieds sur un bateau et constaté, avec horreur, que l’instabilité du navire et le doux mouvement du bâtiment ondulant légèrement contre le quai me procuraient d’effroyables nausées qui me firent me tenir comme une désespérée au bastingage, le temps que mes comparses s’attellent à leurs affaires. Quelle horreur, par les Trois. Je n’osais imaginer ce que cela devait être en pleine mer, avec des vagues de plusieurs mètres…Quoiqu’il en soit, j’arrivai enfin à destination, me dirigeant vers les quais en quête d’un batelier de retour avec sa cargaison du jour, sans traîner plus que de raison même si j’aimais entendre le bruit rauque des goélands planant au-dessus des embarcations.

J’avais gouté un poisson à la chaire blanche chez Irène et je désirais vraiment réitérer l’expérience, le cuisiner moi-même. Pour pouvoir emporter ce dont j’ai besoin, je porte un petit panier d’osier. Quant à moi, je porte une tenue simple mais propre, pas abîmée comme auraient pu l’être les tenues que je portais avant de rejoindre l’Esplanade. Une chemise de lin beige à manches longues avec une petite applique toute simple au col, une robe de lin marron lacée sur les côtés et couvrant mes pieds, une cape grise dont la capuche est rabattue sur mes épaules, dévoilant mes cheveux soigneusement noués en une longue tresse posée sur mon épaule gauche. Les petites chaussures si pratiques offertes par Irène il y a de cela quelques mois me sont bien utiles afin d’éviter les détritus qui jonchent les pavés déchaussés des quais.

Arrivée sur place, j’aperçois deux grands bateaux là bas, loin de toutes les petites embarcations de pêcheurs. Je privilégie d’abord l’un des petits marchands qui se trouve là, les poissons sommairement déposés dans de petites caissettes de bois que je regarde d’un air perplexe. La bouche ouverte, l’œil vitreux, l’écaille luisante, le poisson est décidément un animal peu ragoutant mais il est nourrissant. Et je dispose de quoi les payer comptant, ce qui rassure le batelier. L’échange s’opère rapidement, le pêcheur regardant partout à la fois, comme si une menace pesait sur ses épaules burinées par la vie en mer. Je ne pus m’empêcher de l’imiter, regardant partout à mon tour, en haussant un sourcil, avant de reporter mon attention sur lui et de demander, d’une voix douce :

- Est-ce qu’il y a un souci ? Vous attendez quelqu’un peut-être ?

L’homme sembla surpris par ma question et pour toute réponse montra d’un mouvement de la tête les bateaux que j’avais remarqué à mon arrivée, en disant, d’une voix rauque :

- Feriez mieux de filer.

Il ne dit rien de plus et déposa quelques poissons dans mon panier que je recouvris délicatement d’un linge bleu foncé. Hochant la tête pour signifier que j’avais bien compris, je m’éloignai donc, tout en observant ces bateaux avec curiosité. Qu’est-ce qu’ils ont de particulier, ces navires ? Je m’arrête d’ailleurs pour les regarder, un peu à l’écart. Ils sont trop loin, jamais je n’oserai m’aventurer là bas toute seule, mais je n’y peux rien. Je trouve le spectacle joli. Apaisant d’une certaine façon. Et visiblement je ne suis pas la seule. Il y a non loin de moi un homme pauvre tout emmitouflé dans une vieille écharpe qui regarde, lui aussi, les bateaux, avant de filer sans que je n’y prête plus d’attention.

Une fois encore, je ne pus m’empêcher de songer à Mère et à ses si jolies histoires de marins, de pirates, de créatures fantastiques à huit pattes et aux yeux noirs comme une nuit sans étoiles, les araignées des mers, comme elle les appelait. Je doutais sincèrement que de telles créatures existent, elles me terrifiaient horriblement quand j’étais enfant, et Mère chantait souvent, alors, pour me réconforter, quelque chose de joli et doux, une chanson entraînante dont les paroles me revinrent et m’échappèrent dans un sourire, sans que je ne regarde au préalable si j’étais seule, alors que je voyais les mats tanguer au sol d’une cloche qui dispensait un écho lugubre contre les parois délabrées des maisons.

Comme chaque marin au mot de Liberté
Levons bien la tête, quoiqu’il puisse arriver
La gloire nous attend, nous n’avons pas d’entraves
Voguons le cœur fier et restons de vrais braves,
Des bateaux et des hommes
Le désir de se battre
Soyons bien prêts, les gars, hissez haut les gars,
Suivons la victoire, qui est là, qui est là.

Je fis alors un pas de côté, le cœur content, pour m’en aller. Je pourrai raconter cela à Jehan tout à l’heure, je suis certaine que cela l’intéressera.
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Léandre Le RougePirate
Léandre Le Rouge



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MessageSujet: Re: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyJeu 30 Avr 2020 - 10:47
    Les dès roulèrent jusqu'au bord du ponton et au moment de basculer, dans un geste vif, l'homme les rattrapa avant de les relancer. Sa jambe gauche balançait au dessus de l'eau, tandis que l'autre était replié devant lui, le menton sur le genoux. Il avait l'air de s'ennuyer ferme et d'attendre quelque chose. C'était tout à fait le cas, mais en tout cas, ce calme n'était qu'apparent, à l'intérieur de lui, il bouillonnait. Cela faisait presque vingt-quatre qu'il était bloqué à Marbrume, lé négociation avec les rossignols ne s'étaient pas déroulés selon ses plans et la chaloupe qu'il attendait avait presque cinq heures de retard maintenant. Rien n'allait et plus il restait là, plus il risquait de ce faire choper par la milice. C'est pour ça qu'il était seul à attendre sur le quai, ses gars étaient dans un des rades, sûrement à s'enfiler quelques bières. Il préférait rester seul, car sa patience déjà mise à mal risquait de le repousser dans ses retranchements. Alors il attendait seul et il jouait au dès, pour s'occuper au moins les mains, son esprit étant en train d’échafauder un plan pour rendre la vie impossible aux retardataires.
    Lorsque la chaloupe qu'il connaissait bien rentra enfin dans le port, il ne cessa de la regarder, jusqu'à ce que finalement, le bateau soit amarré. Là, Le Rouge se leva - les jambes légèrement engourdit par la position qu'il avait tenue – et couvrit les dizaines de mètres qui le séparait du bateau à grande enjambé !
    Lorsqu'il arriva, un des marins occupait à attacher la corde à l'amarre leva la tête et lui fit un sourire édenté.

    « Ah Le Rouge, t'vas ri... »

    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Léandre le gifle d'un revers de la main énergique. La claque résonna fort sur le ponton et les personnes alentours se retournèrent. Le marin, abasourdit mit quelques secondes à retrouver ses esprits. Son premier réflexe fut de serrer les points mais Le Rouge était son second et il savait que s'il tentait quoi que ce soit, ce serait plus qu'une gifle qu'il subirait.

    « Bande d'jean-foutre ! Fils de chiennes ! Le soleil est d'jà haut dans l'ciel ! Foutez moi t'ça au dépôt ! Et bougez vos miches... »

    Il continua de les invectiver encore une longue minute avant de prendre congé. Il alla chercher les gars qui attendaient dans la taverne. Comme prévu, une partie commençait déjà à être saoul. Le Rouge n'était qu'au début de sa journée et il voulait déjà en noyer un. Finalement, il ressortit, son équipage avançant le pas incertains quelques mètres devant lui. Comme à son habitude, il avait gardé son châle qui le couvrait tout le haut du corps et qui dissimulait un peu la cicatrice qu'il avait à l’œil.
    Le Rouge passa devant un marchand de poisson et jeta un coup d’œil critique à la marchandise. Il demanda le prix par curiosité et lorsque le marchand lui répondit, Le Rouge le traita de voleur et crachat un glaviot à même le poisson. Le pauvre homme ne réagit pas, heureux de voir s'éloigner Léandre.
    C'est en rattrapant ses hommes qu'il en vu bousculer assez brutalement une jeune femme d'un coup d'épaule qui l'envoya valdinguer sur le coter. Le Rouge jeta un regard alentours, il n'y avait pas de milicien mais quelques curieux. Néanmoins, personne n'osait broncher, pas encore !
    Molaire -surnommé ainsi car il ne lui restait que les molaires en guise de dentition – cracha au pied de la femme.

    « T'devrais pas gazouiller ça puterelle... »

    Le Rouge arriva au moment où les autres membres de l'équipage se mirent à cracher au pied de la jeune femme. Le second attrapa Molaire et l'éloigna de la jeune femme d'une poigne ferme !

    « Molaire ! Crédieu, quoi que tu joues, t'veux une avoine aussi ? »
    « C'te ribaude, v'là pas qu'elle chante des trucs qu'elle peut pas ! C'pas pour les bonnes femmes, c'va nous attirer le mauvais œil, j'vous l'dis ! »

    Le grand gaillard se retourna vers la jeune femme qui était coincé au bord du quai et ne pouvait s'échapper à moins de sauter dans l'eau !

    « Foutez le camp, tout l'monde nous r'garde ! »

    Les matelots s'éloignèrent en jetant un regard mauvais à la femme. De son côté Léandre s'était déjà tourné vers elle et la dominait de son mètre quatre-vingt. Elle était encore un peu sous le choc de l'incident qui c'était déroulé tout de même assez vite et elle regardait ses pieds ! Le Rouge l'attrapa par le menton et la força à le regarder dans les yeux !

    « Tss... Un conseil mignonne, l'prochaine fois, garde tes jolies lèvres collés. »

    Il relâcha son menton et fit un pas en arrière, sans cesser de la regarder dans les yeux. Les traits de cet femme lui était familier. L'avait-il déjà culbuté ? Peut-être qu'elle faisait le tapin quelques part... Enfin, il avait autre chose à faire. Il cracha à son tour au pied de la jeune femme pour conjurer le sort et tourna les talons, direction la chaloupe.
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyJeu 30 Avr 2020 - 21:13
Le choc a été rude. Si rude que j’en suis tombée par terre, mon petit panier roulant au loin tout en répandant au sol les quelques poissons que je venais d’acheter. Je ne compris pas de suite d’où venait l’attaque. Ce n’est qu’après avoir relevé les yeux que je vis quelques visages masculins en train de me regarder avec haine, les yeux flambant de colère. Le plus laid de tous cracha même à mes pieds ce qui me fit reculer un peu, choquée par son attitude, que je ne comprenais pas. Quoi ? C’était parce que je chantais cette berceuse que je venais d’être si violemment jetée au sol ? Qu’est-ce qui leur prend, par les Trois ? Je ne leur ai rien fait du tout !

J’allais me défendre, comme je le peux, mais ils se mirent à cracher, de concert, à mes pieds, d’affreux crachats de toutes les couleurs qui dénotaient de sérieux problèmes de santé. Je ne pouvais plus reculer, j’allais finir dans l’eau, à force, et quand j’allais enfin prononcer un mot, quelqu’un se manifesta alors pour éloigner ce monsieur Molaire. Qui sont ces gens ? Des marins ? Oui sans aucun doute, des marins. J’ignorais toutefois que chanter des berceuses était si susceptibles de les énerver. Ceux que je croisais ici n’avaient rien d’images pieuses, c’est certain, mais jamais aucun d’entre eux n’avait été agressif à ce point-là. Surtout pour une petite chanson de rien du tout. Peut-être sont-ils saouls ? Au sol, occupée à récupérer les quelques poissons qui sont à portée de ma main, je préfère ne pas relever l’incident. Ils sont beaucoup, ils ont peut-être bu, et je suis toute seule. Inutile donc de chercher les ennuis en essayant de me justifier d’une quelconque manière. Puis je ne préfère pas trop les regarder. Par les Trois qu’ils sont vilains, ces hommes…Je pensais avoir tout vu en matière de laideur mais là…

Celui qui semble être leur chef leur ordonne de partir. Et cette voix…Un frisson parcourut ma nuque, tandis que je me rappelais avoir déjà entendu ces intonations rauques quelque part. Non, ne pas regarder, c’est mieux. Mon panier est là-bas, à deux ou trois mètres. Les matelots partis, j’allais me relever pour le récupérer mais je n’en eus pas le temps. Le soleil fut un instant obscurci par la haute silhouette de cet homme que je reconnus être le pauvre mendiant de tout à l’heure, emmitouflé dans son écharpe. A contre-jour, il me semblait être fait de ténèbres, je ne vis que ses chaussures et son pantalon, j’allais bredouiller un vague remerciement mais une fois encore, les événements me prirent de court. L’inconnu venait de se pencher pour prendre mon menton entre ses doigts et me forcer à le regarder.

Ce fut comme regarder mon reflet dans un miroir voilé.

Ce fut comme reconnaître quelqu’un sans le reconnaître tout à fait.

Ce fut comme s’il venait de me brûler, avec son regard, son geste et ses mots.

Cette cicatrice qui lui mangeait le visage, je ne la vis pas. Je ne vis que son regard, cette espèce de sourire étrange qu’il affiche et toute sa physionomie qui m’évoquait un être cher à mon cœur et depuis longtemps disparu. Un être qui me manquait chaque jour que les Trois nous laissaient vivre en relative paix. Le temps sembla un court instant suspendu. Suspendu tandis que je sentais pourtant mon sang disparaître de mon visage pour soutenir mon cœur qui battait à une vitesse démentielle. Je restai là, bouche bée, à le regarder, non, à le dévorer littéralement du regard, mais tout ceci ne fut qu’un éphémère moment. Une seconde, peut-être deux, durant laquelle tout était possible. Était-ce seulement possible ?

Je n’ai pas vraiment le temps de réagir. Déjà il lâche son emprise et recule, tout en me regardant encore, alors que je suis au sol, les deux mains au sol, à le suivre des yeux.

Il crache à son tour.

Il s’en va.

Je reste là, hébétée, abasourdie, quelques secondes avant de me relever, de frotter mes mains avant de faire un pas, puis l’autre, délaissant totalement le panier, les poissons, les regards fuyants des bateliers qui glissaient sur moi avant d’aller vite, plus vite, courant comme jamais encore je n’ai couru pour l’atteindre et attraper son bras pour l’obliger à se retourner, me regarder, pour que je puisse le regarder, encore. Juste un peu.

- Henri… ? Henri, c’est toi ? Mais enfin…Comment ? Pourquoi tu fais comme si tu ne me connaissais pas…? Regarde moi!
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Léandre Le RougePirate
Léandre Le Rouge



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MessageSujet: Re: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyDim 3 Mai 2020 - 9:02
    Il remontait le quai à bonne enjambée après ce léger incident. Ses hommes n'étaient plus très loin devant lui. Il n'oubliait pas qu'ils devaient prendre la mer sans trop tarder. Quelque chose le dérangeait néanmoins. Cette fille... Y avait quelque chose. Il n'aurait su dire quoi et pourtant, il y avait quelque chose. Vous savez, cette sensation d'oublier quelque chose d'important, ça vous reste dans un coin de la tête et finalement vous vous en souvenez au moment où vous vous y attendez le moins. C'est exactement ce que ressentait Léandre à cet instant et rien ne lui revenait. Il l'écarta de ses pensées, se disant que ça lui passerait. Puis il avait presque rejoins ses hommes maintenant, il avait encore quelques instructions à donner avant de reprendre la mer, ils avaient assez...

    Un bruit de course derrière lui, il lui sembla même attendre un « Hé attention ! ». Au moment où il s'apprêtait à se retourner, une main le saisit et le tira en arrière. Il se retourna vivement,une main sur la manche de sa hache de jet passé à sa ceinture, son autre main, immobilisant celle de l'inconnue. Léandre avait plutôt de bon réflexe et en tant que pirate sur un lieu où il n'était pas le bienvenue, il avait tendance à être sur les dents. Heureusement, c'était en pleine journée, au milieu du port. Un coup comme ça la nuit, il aurait réagit de manière bien plus virulente.
    Il resta interdit quelques instants devant son « agresseuse ». En effet, c'était la femme qu'il avait rudoyé quelques instants. Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? Elle se mit à lui parler, Henri, quoi ? Qu'est-ce q... Il comprenait rien, elle avait l'air à moitié hystérique.

    « Qu'que tu m'veux, furie ? C't'as pas suffit ? J'peux t'mettre une avoine s'ton jules y t'as j'mais appris l'bonne manières ! »


    Il savait qu'il y avait du monde alentours qui regardaient, après tout, il y avait pas mal d'activité sur le port en pleine journée. Même en cet période de Fange. Beaucoup prenaient la mer désormais, car il était bien plus facile de trouver du poisson que de la viande.
    Tout ces regards, il n'en avait cure. Il tenait toujours la femme par le bras, n'hésitant pas à raffermir sa prise pour lui faire comprendre qu'il n'aurait guère de mal à lui péter un bras s'il le désirait.

    « Ohé là !!! 'âche, la demoiselle, l'affreux ! »


    Le Rouge raffermit sa prise sur la manche de sa hache de jet et leva les yeux vers un homme – probablement un marin – qui se promenait avec quelques bonnes dizaines de mètres de filins enrouler autours de son épaule. Léandre le défia du regard quelques instants, puis, il lâcha sa hache et se dégagea de l'emprise de la femme d'un geste brusque. Il fit un pas en arrière pour montrer qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Ce n'était pas le moment de faire du barouf. Le marin s'éloigna doucement, mais Léandre sentait le regard de l'homme sur sa nuque.

    « Oy l'gars, visez un peu, l'boss nous ramène d'la merluche ! »

    Rire gras et sonore. Le Rouge se retourna, son équipage était revenu sur ses pas et semblait trouver la situation apparemment drôle. Il ne trouvait pas la drôlerie de la chose, mais en même temps il avait très peu d'humour. Avant de leur permettre d'en placer une autre, il mit une main dans sa poche et en sortit un sou qu'il lança à la troublante jeune femme.

    « Si j'tais engrossé ribaude, m'en vois navré ! Voilà pour toi et t'marmaille ! 'nan disparaît ! Et vous fils de narval, r'tournez à la chaloupe où j'vous fouetterai jusqu'à l'os ! »

    Ils tournèrent les talons aussitôt, ils savaient que Le Rouge en était capable, il l'avait déjà fait. Il prit quelques instants pour réajuster son châle et se remettre en route.



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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyLun 4 Mai 2020 - 14:33
Henri ne m’aurait jamais traitée de la sorte. Jamais. La poigne de cette main sur mon bras est puissante. Douloureuse. Mon frère n’était pas un parangon de douceur et de délicatesse, mais cette emprise…Par les Trois…Elle n’a rien de doux, rien de gentil, rien qui ne rappelle mon grand frère adoré. Pourtant, la ressemblance est criante, frappante. Ce regard qui est posé sur moi est aussi direct et froid que peut l’être le mien. Cette attitude…Son maintien…Sa voix…Par quelle magie un tel miracle pourrait-il survenir ? C’est Henri, il ne peut en être autrement. Me fichant éperdument de ses menaces, je ne peux que le dévorer du regard, esquissant toutefois une grimace à cause de la douleur. Il me fait mal. Très mal.

- Que t’est-il arrivé ? Tu as pris un coup sur la tête ? Pendant tout ce temps j’ai cru que tu étais mort…Où est notre père ? Est-il avec toi ?

Un immense élan d’espoir m’envahit alors. Si Henri est vivant, peut-être que notre Père l’est aussi ! Quoiqu’il en soit, je n’ai pas vraiment le temps de développer. Un pêcheur intervient, la poigne me libère, il recule d’un pas. J’allais ajouter quelque chose mais tous ces affreux marins de tout à l’heure venaient de nous rejoindre. J’ai un regard pour tous ces gens avant de le regarder lui. « L’boss » ? « Merluche » ? Que disent-ils ? Je ne comprends pas un traître mot. Quoiqu’il en soit, Henri semble avoir un ascendant sur ces hommes. Enfin…Si tant est qu’il s’agisse bien de mon frère. Ce dernier fouille dans sa poche pour me jeter une pièce. Je regarde le sou tomber au sol tout en l’écoutant me traiter de ribaude.

La peine qu’il vient de me faire est immense. Sous les rires gras et obscènes de ces hommes qui se moquent, sous le regard de cet inconnu qui a l’apparence de mon frère bien aimé, je ramasse le sou que j’observe, dans le creux de ma main, avant de relever la tête vers lui, qui s’éloigne déjà. Serrant la main sur le sou, la gorge nouée, un geste réflexe prit le contrôle de mon bras. Le sou brilla sur la trajectoire qui atteignit la tête de mon opposant, avant que je ne me frotte les mains :

- Garde la, ta pièce.

Dans un sursaut d’orgueil probablement mal placé, j’ai eu un geste malheureux, cela ne fait aucun doute. Quoiqu’il en soit, je ne suis pas une ribaude et n’en serai jamais une. Son petit jeu est absolument scandaleux. Voulait-il garder la face à ces hommes-là ? Henri serait-il donc devenu un monstre ? Un horrible mécréant qui parcourt les mers sans plus se rappeler tout ce qui a fait notre vie ? Tous nos jeux, nos moments de joie, toutes nos larmes ? Nos bêtises ? Ses grands bras protecteurs toujours noués autour de mes épaules, nonchalants, tandis qu’il me regardait préparer des potions, la tête posée sur mon épaule ? Toutes ses blagues salaces dignes des pires tavernes de Marbrume mais que je lui pardonnais bien volontiers ? Tout cela aurait disparu au profit de cet homme-là ? Un homme qui me traite comme une moins que rien, alors que lui aussi adorait ces chansons, fredonnées par père et mère, quand ils étaient concentrés ? La vie est donc décidément injuste. Puisque la mer l’appelle, qu’il y retourne. Il ne sera pas dit que je n’aurai pas tenté de renouer un lien qui avait été si essentiel à ma vie. Mon frère a définitivement disparu, on dirait bien, puisqu’il refuse même de me reconnaître.

- Mère est morte, Henri. Puisque tu n’as même pas eu le courage de demander, je te le dis. Et comme elle le dirait, elle : « Si tu perds tout, songe à préserver ton renom ». Adieu, Henri Maisonfort. Essaye d’être digne de ton nom, à défaut d’avoir un renom.

Sans dire un mot de plus, le cœur déchiré en deux, je tournai les talons pour m’éloigner rapidement, sous les regards fuyants des passants, des marins, des bateliers. Pourquoi nous regardaient-ils comme cela d’ailleurs ? Qu’est-ce que ça peut bien leur faire, après tout ? Je ne pris pas la peine de ramasser le panier, pas plus que les poissons au sol. Au milieu de toutes ces émotions, il ne me reste qu’un seul petit bonheur : celui de savoir que mon frère est en vie. Même s’il m’a oubliée par je ne sais quelle noire magie. Peut-être que les mots de Mère lui rappelleront de bien se comporter même si j’ai de très sérieux doutes sur ce dernier point. Il y a de cela quelques mois, je me serais sans doute traînée à ses pieds en plus de pleurer comme un enfant pendant des heures. Ici, il n’en est rien. J’ai beaucoup de peine, oui, une douleur sourde au niveau du cœur, une douleur qui ne passe pas malgré mes inspirations. Je m’arrête quelques secondes pour inspirer profondément avant d’aviser le marchand de poissons de tout à l’heure. Quand j’aurai repris mon souffle, j’irai lui poser quelques questions. Il me venait soudain des envies de meurtre. Une envie certaine de frapper, encore et encore, jusqu’à ce que cette douleur à la poitrine disparaisse. Encore quelques instants, à m’appuyer contre le mur, puis je questionnerai le marchand.

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MessageSujet: Re: Des bateaux et des hommes [PV Léandre]   Des bateaux et des hommes [PV Léandre] EmptyVen 8 Mai 2020 - 8:37
    En voilà une qui avait tourné la carte se disait le pirate tout en finissant de réajuster son châle. Ce serait pas la première, en tout cas lui, il n'avait que faire de ses inepties, il n'avait pas de temps à perdre avec les foldingos. Puis, elle risquait d'alerter la milice avec son baroufle, heureusement qu'il n'y avait pas de patrouille à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, il avait suffisamment perdu de temps avec elle.
    Il ne l'écouta pas un brin, lorsqu'elle parlait de son soi-disant père ou même qu'elle l'appelait Henri. Il aurait pu démentir, expliquer qu'elle se trompait, mais il n'en avait pas grand chose à faire de ménager la sensibilité de la demoiselle, tant qu'elle lui foutait la paix.
    Il tournait déjà les talons lorsqu'il reçut la pièce - qu'il avait si gracieusement donné – sur la tête. Il poussa un soupire mêlé d'un léger grognement qui venait de la poitrine. Elle commençait doucement à lui courir sur le haricot, pour rester polie. En tout cas, sa patience aussi profonde qu'un verre d'eau, était à sa limite. Il essayait de filer mais elle insistait, c'était une première. Rare était ceux qui s'accrochait à lui de la sorte, en général les gens étaient plutôt soulagé de le voir partir.

    Il se retourna pour l'invectiver une dernière fois, la prévenir une dernière fois avant de lui envoyer une paire de gifle, mais elle prit les devants. Parlant à fort, mettant au courant l'entourage que sa mère était morte et blablabla... Des détails dont ils n'avaient que faire. Puis elle tourna les talons et s'éloigna. Le Rouge la regarda s'éloigna quelques instants avant de cracher par terre et de tourner les talons à son tour.
    Ecore une fois, il y avait toujours cette sensation étrange, qu'il passait à coter de quelque chose, mais au plus il cherchait au plus ça l'énervait et au moins c'était cohérent. Elle lui disait absolument rien et pourtant...
    Finalement il reprit la mer, criant après ses hommes pour qu'ils rament et les sortent de cet cité sans trop traîner.

    Cette nuit là, Léandre fera un rêve étrange, un rêve où sa mère lui apparut, il fera le lien, il se rappellera alors de la femme à qu'il avait jeté une pièce la journée même. Sauf que tout ça se dissipera à l'aube, les ténèbres restant dans les ténèbres.
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