Nom : Ezelmond

Prénom : Lysandre

Age : 22 ans

Sexe : Masculin

Situation : Célibataire

Rang : Peuple, Apothicaire

Lieu de vie : La Hanse

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : (voir topic Système Rp & Xp - Carrières)
Carrière du commerçant
+1 CHA
+2 INT
+1 INI

Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)
Compétences :
- ALPHABÉTISATION
- CHIMIE
- IDENTIFICATION DE PLANTES
- FABRICATION DE DROGUES

Objets :
- Tenue en lin surmontée d'une cape
- Dague de jet

Un visage innocent encadrant deux iris limpides emplis de folie, Lysandre n’a que faire de la méfiance de ses clients. Ceux qui le connaissent à force de venir lui acheter ses onguents, savent que derrière l’éclat de peur qui brille parfois dans son regard perdu se cache une amabilité sans faille sous une touffe de cheveux bruns.

Souvent considéré comme quelqu'un de "passe-partout" en raison de son visage des plus communs, sa carrure fine et longiligne l’aide à se glisser entre les étals de sa boutique d’apothicaire. Généralement vêtu de tissus amples lorsqu’il sort dans les faubourgs de la Hanse, Lysandre revêt toutefois une tenue confortable dans l’intimité de son laboratoire.

La clochette de l’entrée résonna dans le dos Lysandre dans un tintamarre qui le crispa, réflexe immédiat et incontrôlable depuis le couronnement du roi. Il n’eut pas le temps de descendre de l’échelle sur laquelle il était perché depuis plusieurs heures qu’une voix féminine lui fit tourner la tête.

— Palmidor ? Êtes-vous là ?

Le jeune homme avait encore du mal à intégrer le fait que son oncle avait péri il y a moins d’un mois et qu’il dirigeait désormais la boutique seul. Le nouvel apothicaire effaça bien vite l’éclat de tristesse qui brulait dans sa poitrine et sauta en bas de l’échelle tel un félin. Grâce à une agilité gagnée au fil des années, il regagna le comptoir où les poudres se mêlaient aux plantes et fioles en tout genre. Lysandre n’était pas connu pour être du genre maniaque. Méticuleux, certes, mais le rangement ne faisait pas partie de ses qualités, surtout avec le bazar qui trainait constamment dans la boutique.

— La valériane ne devrait pas se trouver à côté du sumac, murmura-t-il du bout des lèvres, pour lui-même.
— Pardon ?

Il secoua la tête et osa enfin poser son regard sur la demoiselle. On reprochait souvent au jeune homme de se perdre dans ses pensées. Quiconque eut connu le petit Lysandre durant son enfance peinerait à le reconnaître maintenant qu’il était adulte. Autrefois rieur, il avait perdu cette fougue de la jeunesse depuis l’apparition de la Fange au profit d’une excentricité qui lui valait de nombreux regards réprobateurs. La peur qu’il ressentait chaque jour, combinée à la violence de la dernière attaque avait eu raison de son esprit, quelque chose semblait s’être brisé le jour où Palmidor avait péri. Les cauchemars en témoignaient.

— Pardon. Malheureusement, mon oncle n’est plus, je tiens la boutique à sa place depuis… Depuis… Puis-je vous aider ?
— Mon mari s’est brulé, auriez-vous quelque chose afin de le soulager ?

L’éclat de folie fut aussitôt ravalé par l’attrait de cette commande. Lysandre se passionnait pour son travail. Il avait hérité de l’acharnement de son père, de la compassion de sa mère ainsi que de l’honnêteté de son oncle. Telles étaient les qualités dont il avait besoin pour satisfaire les demandes de ses clients. Par chance, ces derniers n’avaient pas besoin de connaitre ses parties plus sombres. Oh, quelques-uns parlaient bien de lui lorsqu’il se promenait dans les rues, avant le couvre-feu, mais les commérages ne l’atteignaient pas véritablement. « Il est fou ! », disaient certains. « On dit qu’il parle tout seul », clamaient d’autres. « Que nenni, c’est un pleutre ! », avançaient les derniers. Des vérités à placer dans leur contexte, se rassurait Lysandre.

— Vous pouvez l’aider ? le ramena à la réalité la femme devant lui.

S’était-il encore laissé distraire ? Il se mordit la lèvre, anticipant déjà la liste d’ingrédients dont il allait avoir besoin.

— Revenez lorsque le soleil sera au zénith, affirma-t-il, je peux vous assurer que votre onguent sera prêt, madame.

Il était une fois… un jeune homme joyeux, rieur et par dessus tout, insouciant. On racontait que sa mère, une jeune demoiselle discrète, avait épousé en premières noces le fils d’un petit commerçant et lui avait donné, quelques mois plus tard et durant une belle nuit d’hiver, un bébé aux joues rouges qui avait rugi de ses minuscules poumons dès sa sortie du ventre.

— Lysandre, avait alors affirmé la nouvelle mère, en liesse. Nous l’appellerons Lysandre.

Les premières années de la vie de Lysandre furent aussi belles que pouvaient l’être celles d’un bambin né dans une famille aimante. Après trois printemps passés à gambader dans les jambes de ses parents, il eut la chance de rencontrer une soeur. Puis vint la naissance d’un frère, deux années plus tard, malheureusement assombrie par la mort en couches de la mère. Une première faille se créa alors dans l’esprit de l’ainé des Ezlemond, qui ne comprit pas la disparition de cette femme qu’il avait pourtant côtoyé toute sa vie. Toutefois, il était connu de tous à Marbrume que les enfants rebondissaient vite et qu’il leur en fallait plus pour les atteindre. Lysandre ne faisait pas exception à cette règle et apprit ainsi à vivre avec un seul parent.

Mais laissons sourires et rires de côté, et reprenons notre histoire quelques années plus tard, au moment où la douce vie de ce demi orphelin prit un nouveau tournent radical…

Durant un hiver particulièrement rude, Lysandre, dorénavant capable de veiller sur ses jeunes soeur et frère, fut foudroyé par une violente fièvre qui le cloua au lit de nombreuses semaines. Honteux de ne pouvoir aider son père au quotidien, il sombra petit à petit dans les méandres de son esprit. Mais le pire restait encore à venir pour lui, car la maladie atteignit finalement le reste de la fratrie. En quelques jours, le plus jeune mourut sans avoir rencontré une seule chance de combattre. La cadette suivit très vite, elle aussi rappelée par les Dieux. Deux nouvelles déchirures apparurent chez Lysandre qui, malgré ces pertes douloureuses, réussit à force de prières à remonter la pente.

Fou de chagrin, son père se plongea au contraire dans le travail plutôt que la religion dans l’espoir vain d’oublier les visages décharnés de ses enfants partis trop tôt, et surtout, négligeant son dernier fils et sa santé. Malheureusement, lui aussi fut emporté avant la fin cet hiver-là et Lysandre se retrouva propulsé chez son vieil oncle veuf qu’il connaissait à peine. L’esprit déjà fragile, une nouvelle fracture s’ajouta aux trois premières, l’enfonçant un peu plus sur un sombre chemin qui n’était que la première étape de jours plus noirs à venir.

À ce stade du récit, que pouvait-il bien rester au jeune Lysandre, me direz-vous. Et bien penchons-nous un peu sur ce nouveau départ et sautons encore quelques années.

Lysandre, autrefois destiné à suivre les traces de son père, travaillait désormais en tant qu’apprenti dans la boutique d’apothicaire du frère de feu sa mère. Bourru, le vieil homme était dit droit et bon, et se fit un devoir d’éduquer le jeune Lysandre aux mélanges des herbes et à la création d’onguents. Sans enfants, Palmidor avait en tête de lui faire reprendre la boutique d’apothicaire qu’il avait lui-même hérité de son père. Une aubaine pour l’adolescent qui se crut récompensé des Dieux pour sa loyauté. En effet, jamais sa croyance n’avait flanché durant les années difficiles de son enfance et Lysandre remerciait chaque jour la Trinité pour lui avoir offert une seconde chance.

— La vie nous donne toujours une seconde chance, fiston, se moquait gentiment Palmidor, et là où se trouve la persévérance survient le miracle.

Cette doctrine amusait tout particulièrement l’adolescent qui appréciait les leçons du vieil homme. Lysandre apprenait chaque jour des mixtures qui lui semblaient merveilleuses, prouvant de ce fait les dires de son oncle, envers qui il vouait un respect sans limite. Toutefois, durant un après-midi ensoleillé, les premières rumeurs concernant des êtres abjects arrivèrent jusqu’aux oreilles de l’apothicaire et de son apprenti.

— En quoi sommes-nous chanceux ? lui répondit pour la première fois Lysandre, qui peinait à croire que l’arrivée des Fangeux puisse être un quelconque miracle.
— Seuls les Dieux connaissent la réponse, gamin…
— Devrions-nous avoir peur, mon oncle ?

Sa question fut laissée sans réponse, mais Lysandre comprit au regard inquiet de l’apothicaire que sa vie allait une nouvelle fois changer de direction. Il redoubla donc d’ardeur dans son apprentissage et passa deux fois plus de temps à l’arrière de la boutique, à mémoriser chaque mélange, à classer chaque plante. À l’instar de son vieux père, le travail le détournait de ses pensées et atténuait l’angoisse grandissante dans sa poitrine. Malheureusement quelques jours plus tard, les rumeurs devinrent des vérités et ces vérités se transformèrent en réalité. Les patrouilles, les murmures, la terreur devinrent ses nouveaux compagnons et chaque nuit, Lysandre priait les Dieux pour leur salut à tous.

Petit à petit, l’enfant insouciant du début de cette histoire laissa ainsi place à un jeune adulte réservé à qui la vie avait appris à savoir se satisfaire de ce que l’on trouvait devant soi. Moi, conteur, aurais donc pu arrêter mon récit à cet instant et partir en quête d’autres légendes plus trépignantes, mais il reste encore un point essentiel à cette histoire. Comment Lysandre a-t-il donc pu en arriver à sombrer dans une douce folie, vous demandez-vous peut-être ? Laissez-moi vous raconter ce jour fatidique où le couronnement du roi sonna le début d’une ère nouvelle…

Jour semblable aux précédents, Lysandre se trouvait dans l’arrière-boutique lorsque Palmidor le pria de terminer rapidement. Ils devaient se rendre sur la place des pendus pour le couronnement du nouveau roi et comptaient bien ne pas apporter la honte sur eux en osant arriver en retard. Lysandre se hâta, puis son oncle l’entraina dans le dédale des rues marchandes bondées de monde jusqu’aux festivités. Malheureusement pour eux, ce ne fut pas les réjouissances, la joie et l’euphorie qui agrémentèrent cette journée, mais bien le sang, les cris et l’horreur. Le pauvre apprenti fut bousculé sous la panique de la foule qui tentait de fuir l’attaque, et réussit tant bien que mal à ramper jusqu'à un abri précaire. La chance ne sourit pas au vieux Palmidor qui succomba sous les pieds de ses voisins, de ses amis, et devant les yeux du neveu qu’il avait pris sous son aile.

Lysandre, dont l’esprit abimé avait autrefois retrouvé une partie de sa stabilité grâce à son apprentissage, fut brisé sous les hurlements. Des hurlements qu’il n’oublierait jamais vraiment, soyez-en sûrs. Alors que les plus courageux s’organisaient pour tenter de sauver le brave peuple de Marbrume, Lysandre fut paralysé par le choc et l’horreur. Bien qu’il aurait souhaité aider grâce à ses connaissances, il ne put se résoudre à sortir de sa cachette avant le lever du soleil.

Sur le chemin menant à la boutique, les cadavres qui jonchaient le sol ainsi que l’odeur des premiers corps brûlés le firent vomir de nombreuses fois. Alors qu’il avançait, tiraillé entre la tristesse et l’hébétude, il se promit de rattraper ses erreurs. Sa jeunesse n’excusait pas la couardise dont il avait fait preuve la veille. Si les épées ne faisaient pas partie de sa destinée, son esprit aiguisé lui servirait d’arme. Ce fut sur cette certitude que le jeune Lysandre fit honneur à l’éducation de son oncle et reprit la boutique d’apothicaire devenue son héritage.

Bien que sa détermination l’aiderait à satisfaire ses clients plus tard, la peur, elle, resurgirait la nuit en même temps que les voix, mais il s’agit d’une histoire pour un autre jour. Peut-être celle-ci narrera la rencontre entre Lysandre et les récents naufragés qui l'intriguaient tant...

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