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 Que les braves triomphent

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Henry Duchemin2
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MessageSujet: Que les braves triomphent   Que les braves triomphent EmptySam 2 Mai 2020 - 18:44
Que les braves triomphent
5 octobre 1166,
L’Esplanade, maison des Duchemin,
Peu après le sauvetage de la sergente de Rivefière.




L
e petit salon était calme ; il l’était habituellement. Aux murs, rien n’ornait la sombre tapisserie, si ce n’étaient les rubans de couleur que tu avais accrochés aux côtés de la statue d’Anür, qui trônait sur un piédestal fait de bois, sculpté mais simple. En ce lieu, aucun son,
aucun bruit ne venait perturber les aléas de ton subconscient, auquel tu laissais libre cours. Libre était la pensée, libre était l’imagination ; tout en cette pièce prônait le calme et la sérénité dans l’introspection de l’être. Figé, ton visage l’était, sans que tu ne meuves un sourcil. Le rythme seul de ton ventre, au gré de ta respiration, emplissait l’atmosphère, sans que rien d’autre ne puisse être supporté, au risque de détruire la si douce plénitude installée depuis voilà une heure.
Tu avais écarté toute pensée, toute réflexion, toute appréhension : ton unique but, ici-même, était de retrouver un semblant de bien-être, toi qui avais été confronté à tant d’ébats psychologiques ces derniers mois. Aussi avais-tu tenu à ce que l’on ne te dérange sous aucun prétexte, à l’exception d’une urgence.

« Père ! Père ! »

Tes yeux, collés de par le temps passé à les avoir tenus fermés, se rouvrirent difficilement. Tes genoux craquèrent lorsque tu tentas de te relever, mais tu parvins rapidement à la porte du petit salon, l’ouvrant brusquement. Ta fille arrivait en hâte.

« Qu’y a-t-il ?

- Une lettre, une lettre ! »

Tu manquas lever les yeux au ciel, exprimant un soupir plus lassé qu’énervé. Fallait-il qu’elle te dérange pour pareille nouvelle ? À quelques pas, ton nouveau factotum, engagé il y a quelques semaines, suivait, un parchemin scellé en main.

« Pardonnez-moi, Monseigneur. J’aurais déposé l’écrit au pas de la porte si…

- Nulle excuse, Adalard. Qu’est-ce donc ?

- Le sceau des Rivefière, Monseigneur. »

Tu pris le parchemin, puis remercias Adalard d’un acquiescement de la tête. Ta fille, haute comme trois pommes, restait plantée à tes pieds.

« Qu’y a-t-il, petit monstre ?

- Rien du tout, je voulais juste te voir. À plus tard, Père ! »

Restant à la regarder sautiller jusqu’à ce qu’elle emprunte l’angle du couloir, tu souris, satisfait. Puis, tu cherchas de quoi décacheter l’écrit.


◈ ◈ ◈



6 octobre 1166,
L’Esplanade, manoir des Rivefière,
Tôt dans la journée.



La lettre t’avait bien étonné. Ton acte, motivé par ton goût pour l’honneur et le bon sens, en plus de l’échange épistolaire réalisé auparavant, qui avait eu pour point de chute cette insolite rencontre avec la sergente, parente par union des Rivefière, n’était pas passez inaperçu, bien que tu l’aurais souhaité. Pour autant, tu ne t’attendais pas à ce que le nouveau comte, frère de son prédécesseur, aussi peu en eusses-tu su aux propos de Roland, te quière. Parlait-il de dette et d’autres valeurs morales… Mais, tu étais curieux, et tu tenais à honorer les invitations officielles.
Aussi t’étais-tu apprêté, vêtu comme tu l’étais de ta sombre veste, verte, par-dessus la chemise d’un blanc cassé que tu avais dégottée.

À tes côtés, toi qui bientôt arrivais au-devant de la porte du manoir, après en avoir traversé le parc, marchait d’une droite allure Belmont d’Aloise, chevalier-lige de ta personne, ancien fidèle de ta maison, qui demeurait dans l’Ouest perdu. Son regard éclatant, malgré une pilosité faciale peu entretenue qui tendait à blesser ce sublime, scrutait les alentours, l’œil attentif aux détails de la demeure dans laquelle vous veniez de pénétrer. Sa présence n’avait en tout point été de ton chef, lui qui avait tenu, tandis que longtemps était passé depuis sa dernière apparition officielle à tes côtés, à être présent aujourd’hui.

« Sacrée bâtisse, envoyas-tu en un murmure.

- Voyons voir si son nouveau propriétaire en est à la hauteur.

- Je t’en prie, point de grossièreté. Il nous accueille, profitons donc de cet honneur qu’il nous fait pour paraître sous notre meilleur jour.

- Humpf. »

Quelques pas de plus à éviter les flaques boueuses que laissait apparaître le jardin du parc, créées par la pluie de la nuit, et tu pus frapper à la lourde porte. À peine eus-tu le temps d’expirer que l’on ouvrit.

« Messieurs ?

- Henry Duchemin, j’ai été convié par Monseigneur le Comte à me présenter ce jour. »

L’on vous accueillit dans le vestibule au sein duquel seules trônaient les armoiries de la famille, dessinées sur l’unique tenture présente aux murs. Il faisait froid, mais ta veste te permettait, dans une moindre mesure, de ne pas trouver l’atmosphère du lieu désagréable. Belmont ruminait, attendant tout comme toi que le comte daigne se montrer.

Tu étais patient. Ton chevalier, moins.
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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: Re: Que les braves triomphent   Que les braves triomphent EmptyLun 4 Mai 2020 - 17:13
« Jacob ! »

Éloïse de Rivefière savait, d'un seul mot prononcé avec emphase, marquer le ton d'une conversation à venir. Tandis que son deuxième fils, désormais Comte et chef de la lignée, s'obligeait à son entraînement martial quotidien, la douairière avait intercepté le domestique qui venait annoncer l'arrivée d'un invité. Une surprise pour celle qui avait été l'épouse de feu le Comte Wymarc et un soufflet qu'elle se refusait à laisser passer. Comment Jacob osait-il la tenir à l'écart ? Elle avait été celle qui, des années durant, s'était efforcée de maintenir un semblant de cohésion au sein de la famille. Celle qui se sacrifiait pour le bien de tous, qui tempérait les colères de son défunt époux avant sa mort. Celle qui à la cour faisait honneur au nom des Rivefière, quand le petit ingrat qui portait aujourd'hui le titre n'avait de cesse de le trouer d'esclandres et de scandales !
Voilà en plus que le sacripant la confinait aux tâches seulement administratives, pendant qu'il s'osait à l'invitation de nobles personnes sans même l'en informer. Dire qu'il n'avait pas même été fichu de devenir coutilier !

D'un pas sec et rageur, la noble dame s'avança jusqu'à atteindre le patio récemment transformé en terrain d'entraînement. Un autre caprice de son fils indélicat. Ce dernier, d'ailleurs et comme toujours, ne prenait pas même la peine de répondre à son injonction. Non, comme toujours, il s'amusait de la voir ainsi excédée et préférait plaisanter avec son maître d'armes tandis qu'il rengainait sa lame. Ce rejeton tenait de la plaie.

« Comment avez-vous pu me cacher une rencontre à venir au sein de notre demeure ?
- Je n'avais pas à vous en parler, puisque vous n'êtes pas conviée à y participer. »

Une bravade, presque une insulte pour celle qui avait souffert le martyr de l'accouchement seulement pour qu'il puisse voir le jour. Rien de plus égoïste qu'un enfant ! Éloïse cependant, ne s'en laisserait pas compter. Jacob pouvait bien la tenir à l'écart de ses affaires, elle n'en demeurait pas moins la maîtresse de maison tant que le nouveau Comte n'avait pas pris épouse. Ce propos devrait d'ailleurs être discuté sous peu. Il fallait un héritier aux Rivefière et ce n'était pas Drystan qui allait y remédier. Ah comme les Trois avaient été cruels de leur prendre Roland, quelques mois seulement après la disparition de Wymarc !
Comme de coutume, Jacob passa à côté d'elle sans même se soucier de son état. Il aurait pu s'enquérir de sa santé, se montrer prévenant, concerné ou simplement poli... Mais non. Le nouveau Comte de Rivefière était égal à lui même. Pressé, énervant de nonchalance et proprement exaspérant alors qu'il prenait le temps de quelques étirements, tandis que son invité attendait dans l'entrée.

« Vous feriez mieux de vous hâter. J'ai fait préparer vos vêtements.
- Pour quoi faire ? »

La douairière roula des yeux et tout en laissant remonter son regard le long de la silhouette de son fils, elle arqua les sourcils. Vêtu pour l'entraînement, pas même apprêté pour simplement passer à table, Jacob portait de ses tenues, celle qu'il aimait à traîner dans la poussière. Un pantalon de cuir sombre, une chemise pas même ornementée et ce fichu gambison qui ne voulait pas mourir malgré les coups qu'il avait subis.

« Ne me dîtes pas que vous comptez l'accueillir dans cette tenue ?
- Oh, pardon Mère... Peut être auriez-vous préféré que je me choisisse une jolie robe pour cela ? »

Eloïse de Rivefière fit claquer sa langue avec réprobation. Son fils, cependant, ne s'en soucia pas. Avec souplesse, il gravit les quelques marches qui, du jardin, menaient vers le manoir. C'était une demeure à l'indéniable faste, de colonnes et de marbres, avec de hautes fenêtres et de vastes pièces. Une splendeur pour les yeux, un épieux acéré pour les bourses déjà pauvres. On veillait donc à économiser sur la nourriture, sur les dépenses de personnel, sur l'entretien, sur le bois de chauffage... Chaque sou déboursé se trouvait affecté à une charge essentielle et budgétisée. Aucune extravagance, ni aucun luxe n'étaient plus permis, sinon pour donner le change.
Une chose qui n'importait que peu au nouveau Comte de Rivefière. Jacob, en effet, se fichait de paraître riche. Il s'estimait déjà chanceux de pouvoir manger à sa faim. Son séjour au sein de la milice lui avait appris cela, que la valeur ne se mesurait pas à l'aune d'un titre. Elle n'était pas même le corollaire des privilèges ou des possessions. Face à la mort – et les dieux savaient comme les miliciens pouvaient la côtoyer – il ne restait plus que l'Homme.

Sa mère sur les talons, il déboucha ainsi dans l'entrée, perdu dans ses pensées. Serait-il à la hauteur de la tâche ? Il n'avait pas cherché à se cacher derrière quelques belles parures. Il n'avait pas même voulu faire montre d'apparat, en accueillant lui-même son invité. Oh bien sûr, sa mère ne manquerait pas de lui rappeler les règles élémentaires de l'étiquette. Elle lui dirait comme un Comte se devait de montrer sa supériorité à un Baron. Comme il aurait fallu que ce soit leur domestique qui conduise les invités jusqu'au salon où lui, Comte de Rivefière, aurait dû être installé déjà, comme un pacha recevant la visite d'un sujet. Elle ferait tout cela et comme à l'habitude, il n'écouterait pas.

Laissant un sourire s'épanouir sur ses lèvres, Jacob salua les deux hommes présents dans l'entrée. À l'évidence, Henry Duchemin se trouvait accompagné d'un affidé. Craignait-il quelques soucis ?

« Monseigneur la bienvenue ! J'ai plaisir à vous accueillir dans cette trop grande demeure. Veuillez pardonner ma mise et la mine dépitée de ma gardienne, mais vous savez comme l'habit ne fait pas le moine. Ainsi je me trouve être Comte, quand cette Dame à l'apparence charmante, est de mes soldats la plus féroce ! Mais n'est-ce pas le propre de toutes les mères ? Venez, suivez-moi et installons-nous plus confortablement pour faire connaissance, pendant que la maîtresse de maison veillera à notre tranquillité. »

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