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 [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren

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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptySam 30 Mai 2020 - 10:59
1er août 1166


La lumière inonda la pièce avec une soudaine vivacité, arrachant un grognement mécontent au jeune noble qui se trouvait encore endormi. Debout devant la vaste fenêtre de la chambre, Éloïse de Rivefière affichait un air courroucé, tandis qu'elle achevait de tirer les rideaux. Son fils, couché en travers d'un lit qu'il n'avait pas même pris la peine de défaire, avait tout bonnement ignoré leur rendez-vous. Un "oubli" assurément volontaire et qui aidait à l'agacement de la douairière.
Jetant un coup d'oeil en direction de Jacob, elle fit sèchement claquer sa langue. Il n'avait pas même levé les yeux vers elle. Tendant le bras pour s'armer d'un oreiller qui devait le protéger du soleil, il marmonnait quelques mots incompréhensibles, avant d’enfouir sa tête sous le coussin gonflé de plumes.

« Le jour est levé depuis des heures. Vous devriez déjà être à pied d'oeuvre. Votre rendez-vous ne devrait plus tarder et vous êtes attendu à la cour en fin d'après-midi.
- Parfait... Annulez-tout.
- Jacob ! Vous êtes aujourd'hui Comte de Rivefière. Prenez la mesure de ce que cela signifie et cessez vos enfantillages. J'en supplie les dieux et pourtant... Vous n'avez pas même l'ambition des pouvoirs que votre nouvelle fonction a mis entre vos mains. »

Serrant les dents pour ne pas laisser fuir la réplique née dans son esprit, Jacob se redressa sur son lit. Cheveux en bataille, regard ensommeillé et mine marquée par les récents évènements comme par les deux années passées au sein de la milice maritime, il avait l'air bien trop las. Il n'y avait pourtant pas lieu d'encourager sa flemmardise. Bien au contraire. Avec les disparitions de Wymarc puis de Roland, la famille avait perdu de ses atouts les plus précieux. Devoir aujourd'hui compter sur un garnement pour que le nom des Rivefière continue de briller, c'était offrir une tête d'affiche à la comédie. Éloïse avait conscience de cela et s'était donc fait devoir de veiller, du mieux qu'elle le pouvait, à soutenir son deuxième fils. Ce dernier malheureusement ne lui rendait pas la tâche facile.
Colérique et effronté, il était également imprévisible et irresponsable. De mémoire de Rivefière, jamais un Comte issu de cette famille n'avait eu plus mauvaise réputation. Il avait pourtant pour lui d’indéniables atouts. Il était courageux, ne craignait pas de se soumettre à l'effort et avait la réputation d'être un excellent épéiste. N'en restait pas moins que ces qualités se trouvaient oblitérées par tous ces défauts qu'il aimait à cultiver.

Abandonnant son poste devant la fenêtre après en avoir ouvert les portes battantes, Éloïse s'avança vers le lit où son fils restait installé. Fronçant les sourcils et pinçant les lèvres, elle attrapa un coussin qu'elle jeta sur lui.

« Levez-vous ! Vous avez fort à faire aujourd'hui.
- Comme ?
- Comme vous présenter à la cour. Prêter allégeance à votre Roi et faire honneur à votre nom.
- Je lui ai déjà prêté allégeance par deux fois, lorsque nous sommes arrivés à Marbrume et quand j'ai rejoint la milice maritime.
- Dans ce cas, vous le ferez une troisième fois cet après-midi et en tant que nouveau Comte de Rivefière. »

Levant les yeux au plafond, avant de les reposer sur sa mère, Jacob lâcha un très lourd soupir. Même s'il convenait de ces usages indispensables à la bonne réussite au sein de la haute société, il n'avait pas le désir d'épargner Éloïse. Il ne souhaitait pas même se rendre agréable. Une manière sans doute de profiter de ce nouvel intérêt qu'elle lui portait enfin. Avec un espiègle sourire, il tendit les mains devant lui et se mit à les agiter en direction de la douairière.

« Que faites-vous ?
- Je teste mes nouveaux pouvoir de Comte et j'essaye de vous faire disparaître. »

Dit-il, l'air amusé et tout en ramenant les mains vers lui.

« Malheureusement, cela ne semble pas fonctionner... Peut-être avez-vous raison, il me faut d'abord courber l'échine une fois encore devant notre monarque.
- Par tous les dieux Jacob... »

Elle grinça presque des dents.

« Je m'en vais accueillir votre rendez-vous. Il ne devrait plus tarder. J'espère qu'il saura vous rendre présentable. Vous avez l'air d'un hibou sorti d'un nid d'hirondelles. J'ai cependant confiance en ses talents, puisque la Demoiselle de Pessan me l'a fortement recommandé. »

Le nom prononcé par sa mère suscita son intérêt. Jacob avait récemment croisé Apolline de Pessan, lorsqu'il s'était rendu à l'inauguration du fameux "Bonheur des Âmes". Leur conversation ce soir là, intéressante, l'avait laissé songeur pendant quelques jours. Entendre parler d'elle ici et comprendre que sa mère avait eu une discussion avec la demoiselle, confirmait ses premières impressions. La fille du Comte de Pessan avait les qualités d'une redoutable intrigante.

« Cessez de rêvasser ! Et par la Sainte Trinité... »

Elle se pencha vers lui et renifla.

« ... Faites moi ce plaisir de prendre un bain. »

Sur ces derniers mots, Éloïse se redressa avant de quitter la pièce en claquant la porte derrière elle. Son fils passa une main sur sa nuque et jeta en coup d'oeil par la fenêtre, vers les jardins qui entouraient la demeure. La journée s'annonçait ensoleillée et pourtant, il n'y avait rien de beau dans ce qu'il voyait. Aujourd'hui était un jour de deuil, aujourd'hui, Alys aurait eu vingt ans.



Dernière édition par Jacob de Rivefière le Jeu 13 Aoû 2020 - 23:00, édité 2 fois
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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyJeu 4 Juin 2020 - 13:40
La vie de père de famille n'est pas toujours simple, surtout quand son épouse travaille ou devrait le faire. Et la situation de Theodren Hilaire est particulière. Il est issu des bas-fonds, fils d'un charlatan qui se faisait passer pour soigneur et né de mère inconnue et très tôt il s'est orienté vers un métier pas bien vu, mais hélas terriblement utile : chirurgien barbier. Si le côté "barbier" peut paraître sympathique et l'est, le chirurgien, nommé aussi boucher, est lui très mal perçu. Son rôle consiste à amputer, arracher les dents, trépaner, énucléer et surtout délivrer les enfants des femmes enceintes qui sont mortes avant d'accoucher. C'est le métier où l'on joue le plus avec les interdits religieux, dont celui qui exprime que le corps est sacré. La plupart des chirurgiens ont une réputation horrible, mais Theodren y a échappé. Certes, on le surnomme le corbeau, parce qu'il est fin, vêtu de noir et que le voir intervenir n'est pas bon signe, mais on lui reconnait aussi des qualités. Il semble, doux, gentil et incapable de faire mal, alors que ses interventions médicales sont les plus douloureuses qui soient.

Dans les bas-quartiers, le côté "barbier" passait largement au second plan. Hommes comme femmes se fichaient bien de leurs apparences, la priorité était à la survie. Mais voilà, notre homme a fait la connaissance d'une prêtresse, devenue responsable depuis et ça a été le coup de foudre. Immédiatement, il a su qu'elle sera sa compagne pour la vie. Immédiatement ou presque, elle a eu envie de le pendre. Et au final, elle lui a passé la corde au cou. Le mariage fut assez rocambolesque, avec un report et un accouchement dès les vœux prononcés ou presque, mais ça a aussi été l'occasion pour notre chirurgien de changer de quartier pour s'installer à Bourg Levant, grâce à des économies, l'aide d'un artisan menuisier de ses amis et à un contrat miraculeux. Mais tout déménagement n'a pas que des avantages : Theodren a perdu sa patientèle des bas-fonds et quand on vit à quelques pas du Temple, pourquoi quelqu'un irait-il payé pour des soins qu'il peut avoir gratuitement ?

Alors les soins se sont un peu éloignés de la vie de notre soigneur et les soins du visage ont commencé à devenir plus importants. Les fêtes de fin d'année ont été le premier coup de feu de sa nouvelle carrière. C'est que parmi les gens un peu fortunés, les bourgeois et certains de la haute bourgeoisie, être soigné a son importance. Alors, Theodren a reçu en catastrophe quelques époux envoyés là par leurs femmes qui ne voulaient pas qu'un clochard les accompagne au Temple et comme le résultat a plu, pour la prochaine fête, d'autres époux sont venus, et quelques dames aussi. Les périodes précédents fêtes ou grands événements sont des journées riches pour notre soigneur. Alors, imaginez la veille du couronnement !

Theodren a veillé tard ce soir-là, ne trouvant quasi pas de temps pour son épouse enceinte jusqu'à l'oeil. Ils pensaient avoir encore un bon mois avant de voir naître la future merveille, fruit de leurs amours et notre barbier espérait avoir assez d'énergie pour le lendemain. Il s'était engagé à aider le Temple en offrant ses soins pendant que les prêtres aidaient à la cérémonie du couronnement et aux bénédictions pour le Tournoi. Puis son ancien quartier est tombé dans les mains de la Fange et son épouse, après une journée plus que harassante pour des soigneurs, a eu l'étrange idée d'accoucher... de jumeaux.

Avec un emploi fixe un jour semaine auprès de la Compagnie des Lames et une journée bénévole au Temple, puis des rentrées certes importantes mais sporadiques comme visagiste, l'avenir des Hilaire n'était pas florissant. Certes, en tant que responsable, Constance, son épouse, pouvait obtenir de l'aide, mais ni l'un ni l'autre ne voulaient priver d'autres familles. Sans doute les prières de la prêtresse furent-elles entendues, une opportunité s'ouvre pour notre visagiste. Une auberge de luxe cherche un soigneur/visagiste et si Theodren n'y obtient pas le contrat rêvé, l'arrangement est excellent. Pour chaque jour travaillé, il peut ramener de la nourriture pour 4 pour deux jours et 5 pistoles par mois. Ajoutés aux 5 pistoles et aux plantes médicinales de la Compagnie et la possibilité de vendre des savons de luxe, l'horizon se dégage. Mais plus que cela, Theodren espérait pouvoir user de ses talents à l'Esplanade, car, et c'est connu, c'est là que vivent ceux qui savent encore payer un bon prix pour du travail de qualité.

Et on peut dire que les tenancières ont tenu parole. Le Bonheur des âmes n'est ouvert que depuis une quinzaine que déjà un contrat lui est proposé. Un jeune comte a besoin de ses services et cela se passera chez lui. Theodren a pris son sac, ses lotions, ciseaux et rasoirs sans connaître le visage sur lequel il travaillera. Il fonctionnera à l'instinct, jusqu'ici cela lui a plutôt servi. Sauf que rien n'est pareil à l'habitude. On lui a remis un laisser-passer, indispensable pour se rendre à l'Esplanade, mais heureusement on lui a indiqué comment rejoindre le "Manoir Rivefière". il se demande juste si ce sont les mêmes "Rivefière" que le nouveau nom de son amie Sydonnie d'Algrange, devenue de Rivefière il y a quelques temps. Il en doute, car il y a eu un drame de ce côté et le contrat ne semblait pas concerné un deuil. Ceci étant, la vie des gens de la haute lui échappe.

En donnant son laisser-passer, il s'attend à ce que dessus soit écrit "merci de botter le cul du porteur de ce message", mais non, c'est visiblement un vrai laisser-passer. Et alors, l'Esplanade... Sa maison lui semblait cossue, mais comparée à la plus petite maison d'ici, elle fait office de taudis. Il s'est fait la promesse, petit, de vivre dans l'Esplanade un jour. Bourg Levant est déjà une progression exceptionnelle. Mais le "gentil" barbier n'est pas satisfait. Lui atteint son maximum, mais son épouse peut encore accéder à la haute prêtrise. Et cela signifierait qu'ils vivraient ici, elle, lui, son fils et sa fille. Oui, c'est ici que Theodren Hilaire finira, prouvant ainsi à son alcoolique de père que l'hérédité n'est qu'un mensonge et que le fils d'un pourri n'est pas un pourri. Il prouvera à sa mère qu'elle a eu tort de ne pas croire en lui au point de l'abandonner à un type comme son père. Et il prouvera aux Trois qu'il n'a jamais renoncé à s'améliorer. Là sera sa revanche sur son physique rachitique qui faisait de lui la victime désignée dans son ancien quartier bouffé par la Fange.

Et c'est rassuré par cette vision d'avenir, par cette certitude que lui arrivera à vivre dans un Manoir, par son seul mérite et pas parce qu'il est "né par le bon trou" qu'il frappe à la porte. Et c'est avec un sourire poli et empli de douceur qu'il dit à la personne qui lui ouvre :

- Theodren Hilaire. La Comtesse de Rivefière m'a fait mander !

Une pensée pour Constance qui l'attend, avec leurs jumeaux, à Bourg Levant. C'est pour elle et pour ses enfants qu'il veut le meilleur. C'est un petit pas qu'il franchit en franchissant le seuil, mais il sait que désormais, il entre dans un nouveau monde. Enfin, qu'il y fait ses premiers pas. Comme petite main, ou artisan. Mais un jour, c'est un petit artisan qui tentera de cacher son émoi qui fera son premier pas chez lui, dans le Manoir Hilaire. Oui, un jour. Si les Trois lui prêtent vie.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyJeu 11 Juin 2020 - 12:55
La porte du manoir s'était ouverte sur un vaste hall seulement décoré d'une tenture figurant les armoiries de la famille. Deux épées se croisant sur fond blanc, au-dessus d'un cygne dont les ailes se déployaient sur ce que la tapisserie avait de fils bleus. Un vestige d'une autre époque, mais qui s'affichait ici comme le plus précieux des trésors.

La domestique s'inclina poliment et avec un sourire aimable, invita le barbier à la suivre. Il était attendu, comme elle le lui expliqua, par la Comtesse douairière, Éloïse de Rivefière. Cette dernière avait demandé à ce qu'on aménage un petit salon du manoir pour qu'il puisse accueillir l'artisan et lui permettre de travailler librement. La servante estimait avoir veillé à tout, en appliquant strictement les directives et gageait du bon déroulement de sa séance de travail. Le menant ainsi à travers un large couloir bordé de hautes fenêtres dont les draperies avaient été nouées d'un ruban noir, elle lui fit connaître les derniers événements utiles à sa rencontre avec la maîtresse de maison, puis avec le nouveau chef de la lignée.

La famille était en deuil, comme en témoignaient les bandes noires peintes autour de la porte d'entrée de la demeure. C'était aussi ce que rappelaient les rubans qui maintenaient les rideaux en berne. Le Comte Wymarc avait perdu la vie lors des événements du 1er mai et son fils aîné, Roland de Rivefière, venait de le rejoindre dans le royaume d'Anür.

Elle admit cela d'une voix pincée, l'air presque gêné, alors qu'il aurait pourtant été inconvenant de s'étaler sur les circonstances de la disparition du premier né des Rivefière. Celui qui avait été célébré comme un héros, seulement quelques semaines auparavant, avait décidé de mettre fin à ses jours. Tout le monde savait qu'il avait ainsi condamné son âme à l'errance éternelle, mais il n'était pas même imaginable de pouvoir le penser, alors le dire ouvertement... Même jeune et fraîchement employée, la domestique connaissait les règles à appliquer dans le beau monde. Elle espérait, pour le bien de Theodren et pour le sien, qu'il soit également au fait de ces us incontournables et qu'il tienne compte de ces informations qu'elle avait tenté de subtilement lui transmettre.

Elle s'arrêta devant une porte dont le bois sculpté se trouvait décoré d'un cerf couronné d'une majestueuse ramure. Frappant quelques coups discrets, elle attendit un court instant avant d'entrer.

« Madame la Comtesse, Monsieur Theodren Hilaire. » Elle l'annonça d'une voix claire et sur une révérence, quitta la pièce.

Éloïse de Rivefière était de ces femmes dont la beauté s'épanouit avec l'âge. Déjà belle lorsqu'elle était adolescente, les quelques années qui la séparaient de cette époque lui avaient en plus apporté assurance et prestance. Sa présence magnétique et magnifiée par des gestes élégants, attirait l'oeil. Debout, au milieu d'une vaste pièce décorée avec faste et pourtant présentée comme un "petit" salon, elle se forçait à la dignité en offrant un sourire courtois au visiteur. Sa robe de deuil ajustée sur ses épaules, n'en demeurait pas moins trop large au niveau de sa taille et avait ce défaut d'accentuer son teint pâle, et presque rendu blême par le chagrin.

« Monsieur Hilaire, soyez le bienvenu. Mon fils, le Comte de Rivefière, ne devrait pas tarder. Il avait quelques affaires urgentes à régler en amont de cette rencontre. Cela vous laisse le temps de vous installer et de vous préparer. J'espère que vous serez à votre aise ici, pour réaliser ce que Madame de Pessan m'a décrit comme un travail remarquable. »

Le ton était poli, mais néanmoins habité de quelques inflexions sévères. Éloïse de Rivefière était une femme de caractère dont le tempérament inflexible briguait la perfection. En témoignait d'ailleurs le décor de la pièce aménagée pour l'occasion. Chaque détail avait été pensé et visiblement réfléchi pour offrir le plus de confort possible. Il avait ainsi été jugé de la meilleure disposition du fauteuil, de son orientation par rapport à la lumière du jour - qui arrivait depuis les grandes fenêtres - ainsi que de l'espace qui devait permettre les mouvements et déplacements de l'artiste-artisan sans la moindre gêne. Était pareillement prévu un pichet de vin blanc, coupé à l'eau et aromatisé de quelques framboises, posé sur un menu plateau, à côté de gobelets ciselés et d'une coupelle garnie de quelques fruits secs. Une fantaisie, presque une folie en ces temps de disette. Un point remarquable et remarqué, qui n'échappa pas au comte lorsqu'il fit son entrée.

Simplement vêtu d'une chemise qu'il n'avait pas pris la peine de lacer entièrement et d'un pantalon sombre sur lequel il avait enfilé des bottes bonnes à jeter, le noble darda un regard circonspect sur sa mère. Qui essayait-elle d'impressionner ? Certainement pas le barbier... En revanche, celle qui le lui avait recommandé... Éloïse tablait sur cet espoir que Theodren Hilaire ne manquerait pas de faire son rapport détaillé à la Comtesse de Pessan. La douairière espérait ainsi donner le change et peut être même susciter l'intérêt d'une femme que la rumeur disait prête à reprendre époux. Il fallait dire que la Pessan était de ces bons partis qui, à Marbrume, se faisaient de plus en plus rares.

Par tous les dieux, comme ces dérisoires subtilités avaient le don de l'agacer et comme la seule idée d'un mariage arrangé pouvait le contrarier.

Prenant une profonde inspiration pour ensuite se fendre d'un lourd soupir, Jacob passa une main dans ses cheveux encore humides. Depuis presque deux ans qu'il ne les avait pas coupés, ils avaient eu le temps de pousser jusqu'à dépasser la ligne de ses épaules. Au moins Theodren aurait de quoi faire et puisqu'il fallait en passer par là pour seulement paraître présentable aux yeux de la cour, autant se soumettre à la torture du ciseau avec un brin de bonne humeur et du cynisme... Beaucoup de cynisme.

« Monsieur Hilaire ! Le bonjour ! C'est un plaisir que de vous retrouver ici, après une bien trop brève rencontre lors de l'inauguration du Bonheur des Âmes. Me voici donc tout à vous, soumis à ce que la Comtesse de Pessan a décrit à ma mère comme étant des doigts de fée. »

Éloïse avait pâli. Le sous-entendu grivois et plus que tendancieux était aussi évident qu'injurieux. Il ne faisait que confirmer ce qu'elle savait déjà : Jacob était ce fléau que la famille ne pouvait plus que subir !



Dernière édition par Jacob de Rivefière le Jeu 13 Aoû 2020 - 23:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyLun 15 Juin 2020 - 18:08
Impresionner Theodren n'est pas bien compliqué. Oh, il a une bonne idée de ce qu'est le luxe maintenant qu'il travaille au Bonheur des Âmes, mais c'est une auberge et il pouvait s'y attendre, surtout vu les prix pratiqués. Simplement, c'est la première fois qu'il est invité à l'Esplanade et reçu comme un hôte et non comme un domestique... par la domestique, déjà.

Bon, apparemment, les Rivefière ont payé un lourd tribut dernièrement. Le Comte est mort lors des événements du premier mai alors que son fils y faisait des étincelles. Quelle sensation bizarre cela doit être de pleurer son père et d'être célébré le même jour. Et visiblement le fils a rejoint le royaume d'Anür à son tour. Les raisons ne lui sont pas précisées et il n'en a pas besoin, ce n'est pas un sujet dont les gens aiment parler. Theodren sait juste, par la rumeur, et beaucoup ont couru, que le Comte, enfin, feu le Comte... enfin, feu son fils, bref le dernier en titre, ... avait été blessé lors de son exploit. Des blessures qui virent mal, Theodren en a eu par paquets. Déjà le jour même. Mais parfois, elles tardent puis d'un coup emportent le blessé, sans que les soigneurs y comprennent quoi que ce soit. Comme si les Trois avaient "oublié" que la personne devait les rejoindre et le rappelait à Eux dès que l'oubli était réparé. Évidemment, jamais il n'exposera cette théorie à son épouse, la pauvre a déjà suffisamment de mal avec son mari bon par nature, mais bien trop impie pour quelqu'un de lié au Clergé.

Etre introduit comme s'il était un ponte par une domestique, chez une Comtesse, par une domestique, alors qu'il vient des bas quartiers, ça flatte sévèrement son égo, mais Theodren sait garder le masque. Rester impassible, voire compatissant, pour ne pas inquiéter son patient, c'est 50% du travail du guérisseur. Si le patient panique, difficile, voire impossible, de faire son travail, surtout quand comme Theodren on est gaulé comme une crevette neurasthénique.

- Comtesse !

Un salut respectueux, un seul mot, pour ce qu'il espère être le titre de la dame en question, parce qu'en matière de noblesse il s'y connaît peu. Elle est la mère du nouveau Comte, du précédent aussi et en toute logique l'épouse du père du Comte, qui était Comte aussi, probablement. Donc elle devrait être Comtesse. Mais qui sait si ça n'est pas Vicomtesse, comme pour la fille du seul Comte qu'il connaisse, enfin il connaît surtout la fille, Alix, qui elle n'est pas Comtesse, mais vicomtesse et il ignore pourquoi. Il s'est demandé un instant si "vi"comtesse était pour les femmes avant de se rappeler qu'un de ses clients, de Terresang, était Vicomte lui aussi. Depuis, il a renoncé à comprendre. Et puisqu'il est invité à préparer ses ustensiles, il le fait et histoire de ne pas paraître impoli, il répond à la douairière.

- Vous remercierez la Comtesse de Pessan pour ces éloges à mon égard, j'espère que le travail que j'effectuerai chez vous conviendra.

Un sourire timide, Theodren est conscient qu'il n'aura pas le droit à l'erreur. Une réputation, ça se détruit vite et pour l'heure, c'est parce que son employeuse respecte le contrat qu'ils ont passé qu'il a cette opportunité, ici, de croiser du beau monde et d'améliorer le quotidien. Mais s'il a remarqué le pichet de vin, les fruits secs et les gobelets ciselés, très raffinés, jamais il n'a songé un seul instant que c'était aussi pour lui. Sans doute ce qu'apprécie le Comte, qui vient d'entrer.

Un salut de la tête respectueux pour le Comte, qui semble plus décontracté que sa mère, mais forcément, Theodren ne peut en tirer aucune conclusion. Ce n'est pas comme s'il végétait dans ce milieu ou même qu'il le côtoyait régulièrement. Mais le soupir profond émit par le Comte retient Theodren de le saluer aussi de la voix. Ah, un client hostile ? Ou s'agit-il d'un autre problème ? Peu importe, le Comte est là et se soumettra aux bons offices du visagiste, et c'est ce qui compte. Bon point, il est comme Theodren, glabre. Si le Comte est nerveux et qu'il risque de soupirer ou de bouger, avoir une lame sur la joue ou le cou est le risque d'une balafre, Theodren a assez de réflexe pour éviter pire.

La remarque grivoise, pour un garçon qui sort des bas quartiers, n'a rien de trop choquant, loin de là même. Theodren se fend d'un sourire à l'énoncé du propos et se permet de répondre :

- Il va falloir que j'invite la Comtesse à modérer son enthousiasme quand elle parle de mon travail. Je suis flatté, mais j'ai le sentiment que si mon travail n'est pas en tout point exceptionnel, mes clients seront déçus. Je préférerais être décrit comme compétent ou étant de confiance, cela suffit. Monsieur le Comte, si vous voulez bien vous asseoir...

Une fois le Comte installé, Theodren l'observe tranquillement, au niveau du visage, sans paraître inquisiteur. Il ressemble plutôt à un peintre qui étudie une nature morte avant de prendre un pinceau. Puis il tourne et se dirige derrière le Comte pour observer sa nuque et l'arrière de son crâne, avant de revenir en face, sans prendre ses ciseaux.

- N'hésitez pas à me contredire si je devais me tromper. Vous êtes un guerrier et un long entretien de votre chevelure ne vous intéresse pas, car pour vos missions vous pouvez être retenu à l'extérieur. Vous appréciez donc une coupe pratique, mais qui ne nécessite pas une importante mise en place, comme la mienne par exemple.

Theodren a l'air d'avoir les cheveux en bataille, mais c'est, si on y réfléchit, très étudié. L'ensemble est harmonieux et le grandit et on peut comprendre qu'il a longtemps cherché avant de trouver cette coupe qui dans le fond lui va bien. Pour le côté guerrier de Jacob, son passé à la milice, en tant que conscrit, où il a fait ses armes en tant que soigneur et chirurgien sur les miliciens blessés lui permet d'identifier les combattants des mondains. Il ignore que jamais un mondain ne se serait présenté comme Jacob l'a fait.

- Il ne faut pas que votre coupe vous bouche la vue, ce qui peut être mortel lors d'un combat, même si dans ce domaine je n'y connais absolument rien. L'idéal pour un combattant est de raser les cheveux, histoire que la toilette soit la plus rapide possible, mais vous avez clairement opté pour autre chose et je vous comprends. Votre cheveu est magnifique, solide et est un atout charme à ne pas négliger. La main innocemment passée dans les cheveux pour remettre une mèche rebelle en place a l’heur de plaire aux dames et il serait dommage de s'en priver.

Un sourire, car rien n'interdit de vouloir plaire et si Theodren est conscient de cela, c'est qu'il a remarqué que quand il se recoiffe, certaines dames le regardent. Vu son rang et sa stature, Theodren ne doute pas que le Comte sait qu'il peut plaire et qu'il en joue. Le contraire serait dommage.

- Je pense à raccourcir la longueur de vos cheveux, mais jusqu'à la nuque et le reste des cheveux dans la même proportion. Je compte respecter aussi l'ondulation naturelle de vos cheveux pour qu'ils conservent du volume et vous permettent de vous recoiffer à la main, naturellement. Les éventuelles mèches tombantes ne couvriraient pas les yeux et la coupe paraîtra naturelle. Je vous avoue que pour les hommes, ce sont les coupes que je préfère. Les dames préfèrent, pour elle, des coupes plus sophistiquées avec du jeu pour les moments où on les attache. Mais, et si vous êtes d'accord, je pense qu'une coupe qui reste dans les lignes de votre visage, avec quelques effets discrets et naturels, vous conviendra le mieux actuellement. Un côté plus... sage pourra être étudié plus tard, quand apparaîtront les rides, donc le plus tard possible.

Il attend l'accord du Comte et lui laisse éventuellement demander l'avis de sa mère. Lui, il est venu pour couper les cheveux du Comte, seul le Comte compte.
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Jacob de RivefièreComte
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyMar 30 Juin 2020 - 19:01
Certaines affaires méritaient discussions, négociations et tergiversations. C’était le cas pour l’élaboration d’un plan de bataille, pour la conclusion d’une alliance, pour la détermination des termes d’un traité et même pour les choix de décoration d’une demeure. Cependant, et Jacob en était convaincu, ses cheveux et leur coupe n’appelaient pas à une telle finasserie. N’en demeurait pas moins que le visagiste était là, au milieu d’un salon spécialement aménagé pour l’occasion et devant un fauteuil sur lequel il lui avait demandé de prendre place. Alors si Jacob avait apprécié de le voir sourire à sa plaisanterie, il restait sceptique quant à la démarche entreprise par sa mère.

Dépenser une somme probablement considérable – au vu de la conjoncture actuelle – pour un service qu’il ne jugeait pas essentiel, ne l’enchantait guère. Comme il n’appréciait pas cette liberté que s’octroyait sa mère, quand elle s’inventait comploteuse. Bien sûr, Éloïse de Rivefière était l’une des grandes dames de la cour. Une femme à la réputation sans tâche, habile et toujours engagée à dignement représenter leur famille. Les Rivefière cependant avaient perdu de leur superbe. L’abandon forcé de leurs terres était de ces coups durs portés à leur nom. Aussi, s’ils continuaient à exceller dans certains domaines – Roland l’avait prouvé encore très récemment – l’argent manquait.

Néanmoins, maintenant que le visagiste était là et déjà prêt à passer à l'action, il aurait été plutôt malvenu de le chasser. Alors Jacob l'observa, tandis qu'il tournait autour de lui, l'auscultant comme s'il avait été une bête de foire. Il n'était pas bien grand et maigre comme un fil de fer. Avec son teint presque livide, ses cheveux sombres et ses vêtements noirs, il n'avait pas vraiment le profil de l'emploi. Ses remarques sonnaient pourtant juste et quand il proposa de le contredire, Jacob n'eut pas loisir de le faire mentir.

« J'ai été milicien et je demeure épéiste. Il est donc vrai que je me soucie assez peu de ce que vous appelez l'entretien de ma chevelure. » Un sourire amusé vint ponctuer sa phrase, tandis qu'il glissait un regard en direction de sa mère.

« Néanmoins, il semblerait que mon nouveau statut de Comte m'oblige à revoir mes priorités. Je dois donc m’atteler à ces choses qui, sur le terrain et à l'extérieur des murs, paraissent dérisoires et futiles. Heureusement, ma très chère mère sait veiller à ces détails d'importance vitale dans le beau monde. D’ailleurs, je ne doute pas qu’elle aura entendu votre demande et qu’elle saura dire vos éloges, ou non, à sa jeune amie, la Comtesse de Pessan. »

Éloïse leva les yeux au plafond, fugacement et avec discrétion. Son fils avait décidé de lui faire connaître son sentiment et elle prenait note de ses remarques acides, même joliment enrobées de babillage. Lui servant un regard venimeux, elle attrapa son set de broderie et à son tour, s’installa dans l’un des fauteuils du salon. Ses yeux se portèrent sur la tenue qu’il avait choisie et s’attardèrent un instant sur les bottes au cuir usé et élimé. Rageusement, elle piqua son aiguille dans la toile à broder. Cela tenait de l’enfantillage. Viendrait ce jour où Jacob ne pourrait plus compter sur les mérites de ses prédécesseurs pour occuper une place privilégiée. Si d’ici là il n’avait pas saisi la pleine mesure de ses obligations, même les dieux ne pourraient plus rien pour lui et donc pour eux.

« Soyez assuré, Monsieur Hilaire, que je ne manquerais pas de vanter votre travail si celui-ci satisfait aux attentes de Monsieur le Comte. » Éloïse n’avait pas relevé les yeux, son ton cependant se voulait aussi neutre que possible

Le visagiste reprit son inspection. Jacob l’écoutait d’une oreille distraite, laissant son esprit vagabonder. Il parlait d’atout charme et de main innocemment passée dans les cheveux. Un subterfuge qui, il l’affirmait, plaisait aux dames et dont il ne fallait donc pas se priver. Un sourire passa même sur ses lèvres, alors qu’il livrait ainsi cette astuce de séduction avec un professionnalisme candide.

Arquant les sourcils, Jacob retint un rire. S’il s’était attendu à recevoir les conseils d’un « expert » en badinage, il l’aurait fait mander lui-même ! Tout à son amusement, il leva les yeux vers le spécialiste. L’enjeu se trouvait donc là. À défaut d’élogieuses apostilles et en l’absence d’une irréprochable réputation, il convenait de mettre en valeur ce que le nouveau Comte de Rivefière avait pour lui. Le tout bien évidemment, était de ne pas contrevenir à ses occupations premières. Alors on lui proposait d’améliorer son apparence – la blague – tout en veillant à ne pas nuire à ses aptitudes d’escrimeur. Si Éloïse avait voulu faire de lui une simple parure à accrocher au bras d’une mondaine, elle ne s’y serait pas prise autrement.

L’espace d’un instant, il se sentit froissé. Sa mère ne lui trouvait donc aucune autre qualité ? De ses trois fils, il était sans doute celui qui lui ressemblait le plus. Alors si, comme son aîné, il avait hérité des yeux bleus de son père, c’est à sa mère qu’il devait ses traits fins et ciselés. Ne manquerait plus qu’elle s’en sente investie d’une incontournable mission filiale. Aussi était-il impensable de la laisser prendre part à la décision quand Theodren lui demandait un avis sur ce qu’il envisageait pour lui.

« Vous m’apparaissez au fait de votre art, Monsieur Hilaire et je serais bien incapable de justifier d’un choix inverse à ceux que vous proposez. Mes arguments ne se résumeraient qu’à la Fronde et ne trouveraient aucun fondement sérieux, sinon celui de déplaire à ma mère. Alors faites-donc ce que vous pensez être le mieux. Je me fie à votre avis et vous demande seulement de garder à l’esprit qu'il me serait désagréable de ne plus pouvoir jouter. »



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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyJeu 9 Juil 2020 - 10:57
Ainsi donc, le fier guerrier doit jouer de son apparence en plus du reste. Et puisque j'ai son accord, je peux commencer à rafraîchir la coupe. Autant continuer à faire la conversation, possible que la tension retombe. En tout cas, cela m'aide, moi, car je ne me sens vraiment pas à ma place ici. Et si parler a su aider mes patients, pourquoi cela n'aiderait pas mes clients, après tout ?

- Je crois comprendre un peu la difficulté qui vous occupe. Si quelqu'un se présente comme mercenaire auprès d'un capitaine, qu'il présente beau ne comptera pas. On s'attend plutôt à un profil musclé et si le candidat mercenaire a quelques cicatrices visibles, c'est mieux. Mais quelque part, pour lui aussi, son apparence fait sa publicité. En tant que soigneur, je dois paraître le plus doux possible, pour éviter d'inspirer la peur ou la douleur, les soins étant bien assez complexes. Mais voilà, je suis aussi l'époux d'une prêtresse responsable, ce qui est un haut rang. Alors il me faut aussi bien présenter, quand je l'accompagne. Idéalement, il faudra que je porte des couleurs plus claires, plus proches des Trois sans doute. Pour vous, c'est un peu pareil, désormais, vous êtes passé de mercenaire à capitaine, vous devez aussi négocier des contrats et là, vous devez paraître plus commerçant que guerrier.

Oh, j'ai bien conscience que mon exemple est assez minable, mais je me dis qu'avec son passé de milicien, il peut comprendre le monde du mercenariat. Et en tant que Comte, il risque d'en avoir besoin aussi. C'est sans doute le point qui nous lie, je travaille une journée semaine pour la Compagnie des Lames. Mais l'avantage de tout mon discours qui dans le fond ne sert à rien, c'est que j'ai pu couper, raccourcir, élaguer, dégager. La coupe prend forme, du moins à mes yeux habitués à travailler les visages, parce que là, pour l'heure, à des yeux profanes, cela ressemble surtout à du massacre à la tronçonneuse sur cheveux. Restent la mise en forme et l'égalisation toujours nécessaire une fois les cheveux mis dans leur nouvelle forme. Et je préfère éviter de parler du conflit entre le Comte et sa mère, que je n'avais pas relevé pour ma part, n'ayant pas compris que c'était une fronde du fils envers la mère.

- Voilà, le plus dur est passé, une fois que nous avons une vision de ce qu'il y a à faire, le reste devient facile. Et voilà, j'ai... fini !

Un sourire, suivi d'une dernière inspection et d'un conseil.

- Vous avez un cheveu naturellement propre et sec, il n'est pas nécessaire de le laver trop souvent pour qu'il reste beau, ce qui est une bonne nouvelle pour vous. Il nécessite peu d'entretien. J'ai fait la coupe pour qu'elle retrouve sa forme naturellement et un simple rafraîchissement lui permettra de tenir longtemps, jusqu'au jour où sans doute vous voudrez changer de tête. Voilà, j'espère qu'elle vous convient, je vous invite à profiter d'un miroir pour vous en assurer. Il est toujours possible de faire l'une ou l'autre correction.
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Jacob de RivefièreComte
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyVen 10 Juil 2020 - 21:32
Le visagiste s’était mis à l’ouvrage, devisant tout en taillant les mèches blondes. Il y avait dans ses gestes exécutés avec dextérité, une délicatesse toute agréable. Une forme de quiétude, qui s’accordait tout particulièrement bien avec le ton de sa voix calme et posée. Ce presque flegme, ajouté à ce qu’il avait de décontraction, appelait à l’apaisement. Il était alors facile d’imaginer comme certains clients pouvaient se livrer à la confidence.

Bercé par le bruit régulier des ciseaux qui coupaient dans la masse de ses cheveux, Jacob se laissa aller à quelques réflexions. Des pensées qui s’accordaient avec ce que l’artisan lui contait de son quotidien. Il se figurait ses fantômes avec l’aisance du guerrier ayant vu les horreurs des récentes batailles. La Fange avait fait de nombreux blessés lors de l’invasion et les soigneurs, tous réquisitionnés pour œuvrer à la guérison, s’étaient rapidement trouvés submergés.

Oui, Theodren avait pu se voir confronté à quelques cas délicats. Il ne l’avait pas soupçonné au premier regard, quand il l’avait croisé lors de l’inauguration du « Bonheur des Âmes ». Cependant et maintenant qu’il l’écoutait, il comprenait ses impératifs et admettait la justesse de ses propos.

« Vous avez le don de la métaphore, Monsieur Hilaire. Un talent indéniable pour imaginer les situations les plus complexes, afin de les faire comprendre aux plus sots d’entre nous. Et vous avez raison, ma seule cicatrice, bien que très visible, ne suffira pas à me faire Capitaine de ma très précieuse galère. »

Le ton était badin, assorti d’une pointe d’amusement qui l’obligeait à sourire. Il n’en demeurait pas moins que cette réalité bonnement exposée par le visagiste, amenait avec elle son lot de revers. Les évènements entourant le couronnement de l’ancien Duc et désormais Roi avaient été tragiques. Nombre de ses compagnons d’armes avaient péri sous les crocs et les griffes des fangeux. Son père et son frère, en quelques sortes, y avaient aussi perdu la vie. Mises ainsi en perspective, ses présentes contrariétés lui parurent bien futiles. Il pouvait bien se voir taxer de commerçant. C’était peut-être ce qu’il était désormais. En héritant du titre initialement dévolu à son aîné, il lui succédait également comme le représentant de leur lignée. Une manière comme une autre de se sentir comme un boutiquier alors qu’il fallait veiller à toujours promouvoir leur nom pour espérer demeurer parmi les nantis.

Cette rencontre se révélait finalement plus étonnante que ce qu’il avait initialement pensé. L’artisan pouvait bien être le plus doué de sa profession, il devenait surtout intéressant par sa manière d’appréhender évènements et situations. Certaines personnes étaient ainsi douées pour glisser et s’adapter à toutes sortes d’interlocuteurs.

Il acheva ainsi son œuvre, d’un dernier coup de ciseaux triomphant.

Le résultat devait être à la hauteur de sa réputation. Tout du moins c’est ce que laissait supposer la réaction de la douairière. Abandonnant son fauteuil et son ouvrage, Éloïse les rejoignit. Elle opina du chef, tout en tournant autour de son fils et se fendit finalement d’un sourire satisfait.

« C’est parfait. »

Commenta-t-elle, avant d'appeler la domestique à servir trois verres de ce vin hors de prix qu’elle avait fait préparer pour l’occasion. Un plateau fut ainsi présenté à chacun avec la boisson et les fruits secs qui devaient accompagner le breuvage. Puis on ramena un miroir pour le Comte.

« La Comtesse de Pessan n’a pas exagéré ni vos qualités, ni votre savoir-faire. À ce propos, elle m’avait laissé entendre que vous étiez également compétent pour atténuer ce que la peau pouvait garder de stigmate d’une ancienne blessure. »

Un grondement sourd fit écho à la question sous-entendue dans les propos de la noble. Un feulement, presque un aboiement accompagné d’un regard noir, tandis que le Comte se redressait.

« Non. C’est hors de question et je vous le dis pour la dernière fois. Alors n’y revenez plus !
- Plaît-il ?! » Éloïse feignit l'innocence avec une assurance toute rompue à l'exercice.

« Je ne faisais qu’évoquer les autres talents de Monsieur Hilaire. Par curiosité, tout simplement et parce que j’espère qu’il saura m’en dire plus. »

Sans être dupe, Jacob serra les dents et d’une main désinvolte, chassa l’argument de sa mère, avant de se tourner vers Theodren.

« Tant que nous sommes d’accord. »



Dernière édition par Jacob de Rivefière le Jeu 13 Aoû 2020 - 23:15, édité 1 fois
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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyDim 19 Juil 2020 - 19:32
- Merci, je ne bois aucun alcool. Une eau me conviendrait parfaitement

Quand on fait l'effort de proposer un breuvage hors de prix, il y a des raisons de la trouver saumâtre, mais en même temps, Theodren n'a rien demandé rien exigé. Il range tranquillement ses affaires puis est surpris de constater qu'une domestique se charge de ramasser les cheveux qu'il a coupés. C'est une fois qu'il a fini son rangement qu'il s'autorise à chiper un des fruits secs qu'on lui tend, puis un second, qu'il glisse dans sa poche pour son épouse. Il s'attend à un paiement quand la mère du Comte le relance.

Cette fois, il est moins dupe du conflit qui se joue entre la mère et son fils. Il y a chez elle une exigence quant à l'apparence de son fils qui lui rappelle un peu les conflits que Theodren a eu avec feu son père, quand ce dernier l'emmenait avec lui pour amadouer le chaland et faire que le paiement de ce dernier soit plus généreux. Si le paiement ne l'avait pas été, il prenait des coups. Cela lui paraît un poil plus subtil ici, il doute que le jeune Comte accepte de se manger une rouste de la part de la douairière, mais il n'y a pas à douter qu'à cet instant il a pris parti pour le Comte contre sa mère. Même s'il n'en laisse rien paraître.

- Permettez, monsieur le Comte ?

Demande-t-il avant d'inspecter sa cicatrice. Et s'il le fait avec sérieux, il se permet de commenter.

- Sur ce point, je me dois de tuer immédiatement tout enthousiasme. Ce genre de soin esthétique n'a pas de caractère permanent et ne me permet pas de faire des miracles. Si vous le permettez, vos seigneuries, je vais prendre le temps de vous exposer les trois types d'acte que je peux poser, en fonction des blessures.

Il abandonne rapidement l'analyse du visage du Comte et se positionne afin d'être vu tant du Comte que de sa mère et de la domestique et il en profite pour boire un peu d'eau.

- Le premier type de blessure sur laquelle je peux travailler est la blessure mutilante, qui provoque la perte d'un œil ou de plusieurs dents par exemple. Je peux aider à fabriquer une prothèse qui remplacera l'organe perdu, accessoirement le soigner aussi, histoire d'aider le mutilé à retrouver un visage plus humain. Ici, nous ne sommes clairement pas dans ce cas de figure. J'aide aussi pour fabriquer d'autres prothèses, mais, vous vous en doutez, dans les limites des connaissances actuelles.

L'une de ses prothèses les plus célèbres est celle faite pour le Vicomte Alexandre de Terresang, ce qui reste à ce jour son chef-d’œuvre et sa prothèse la plus rentable. Il en profite pour poursuivre son explication.

- Le second type de blessure sur laquelle je peux intervenir est la cicatrice mal soignée, celle où la plaie a été mal soignée, qui laisse une ouverture dans la joue, par exemple ou qui semble continuer à exprimer les humeurs propres à une blessure, comme le rougeoiement, le suintement ou le fait d'avoir trop tiré sur la peau au moment de la fermeture de la plaie et qui rend le visage grimaçant. Là, le soin chirurgical peut être envisagé pour atténuer les aspects négatifs d'un soin... maladroit on va dire. Ici, ça n'est absolument pas le cas, la personne qui s'est chargée de votre blessure a fait un travail admirable et je doute que mon épouse, soigneuse au Temple ou moi-même ayons pu faire mieux.

Il fait un sourire, sans perdre le fil de ses idées.

- Mon dernier type d'intervention est cosmétique, car il s'agit surtout de maquillage. J'ai divers produits qui peuvent aider à réduire un peu les ravages que le temps peut faire sur un visage, avec par exemple un savon qui nourrit la peau. J'en fabrique à nouveau depuis peu, mais ils ne seront prêts que dans un mois dans le meilleur délai. Il ne fait aucun doute que le Comte n'en a pas besoin actuellement. Et il paraît en prime que les rides donnent aux hommes de pouvoir une aura de sagesse. Pour le reste, il s'agit de crèmes qui peuvent combler des cicatrices profondes et ensuite un maquillage qui permet de rendre au visage son teint mais il convient de l'adapter à chaque client et venant pour un Comte, je vous avoue que je n'ai pas pris mon matériel.

Il pourrait aller le chercher et craint qu'on le lui suggère, aussi poursuit-il.

- La mèche tombante ici masque un peu l'effet de la cicatrice, sans la cacher pour la cause. L'usage d'un maquillage pourrait l'atténuer mais les inconvénients seraient nombreux. Les hommes ont plus l'habitude de l'activité physique et la transpiration fait disparaître le maquillage, provoquant des traces très visibles, bien plus que la cicatrice elle-même. Sans compter la pluie, une forte chaleur et d'autres phénomènes humides. Pour une femme, surtout si elle reçoit et quelques heures, voire minutes avant la réception, une séance de maquillage peut sincèrement l'aider à gagner en beauté et effacer les ravages d'une mauvaise nuit par exemple, mais pour un Comte combattant et pour une longue durée, ce procédé me paraît inadapté et ferait plus de mal que de bien.

Etre visagiste, c'est aussi prodiguer les bons conseils et Theodren s'y emploie.

- Travailler sur cette cicatrice n'aurait un effet que pour quelques heures, voire minutes, et ne présente pas un grand intérêt. Monsieur le Comte n'est pas défiguré et ce genre de cicatrice en fait un combattant aguerri, ce qui est apprécié de tous, je pense, aussi du peuple dont je suis issu et qui aime les nobles protecteurs. Mais si monsieur le Comte a besoin un jour en particulier d'un soin cosmétique et si je suis prévenu un peu à l'avance pour préparer les produits qui lui sont adaptés, je le ferai avec plaisir.

Il a fini son long laïus et s'apprête à quitter la demeure, mais attend, naturellement, son paiement, qu'il laisse à discrétion des clients. Il se fend néanmoins d'un remerciement qui a tous les accents de la sincérité.

- Je ne m'attendais pas à être aussi bien reçu et je n'ai pas souvenir d'avoir eu par le passé un accueil aussi aimable et raffiné, comme si j'étais un prestigieux hôte et non un simple employé. Je tenais à vous en remercier, cela a été un honneur de travailler ces quelques instants pour vous.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren   [Terminé] Un hibou dans un nid d'hirondelles - Theodren EmptyJeu 30 Juil 2020 - 21:20
L’artisan s’était employé à livrer des explications argumentées, illustrées d’exemples et d’expériences variées. Cependant, l’exposé de ses compétences et talents ainsi livré amenait la déception sur les traits de la douairière. Éloïse avait espéré un miracle. Le coup porté par un fangeux au visage de son fils y avait laissé une profonde cicatrice. De telles blessures, même parfaitement soignées, appelaient la méfiance et la crainte. Le visagiste pouvait donc vanter les mérites du soigneur qui à l’époque avait réalisé un travail remarquable. Il n’en demeurait pas moins qu’une telle marque laissée par la Fange suscitait la défiance. Alors s’il y en avait pour admirer le courage du guerrier blessé au combat, la majorité s’entendait surtout pour y voir un mauvais signe.

D’ailleurs, le malheur qui s’était récemment abattu sur leur famille aidait à conforter cette opinion dans l’esprit des plus influençables. Aussi, s’il avait été possible d’y substituer une autre idée… Celle d’une incroyable guérison par exemple ? Mais non... Point de chance et point de miracle.

Il en était un, en tous les cas, qui se trouvait enchanté des réponses fournies par l’artisan. Le sourire aux lèvres, Jacob opinait du chef et acquiesçait à ses propos avec intérêt. L’air suffisant et piqué d’une agaçante satisfaction qui s’était peint sur son visage, affichait son triomphe sans une once de retenue. Monsieur Hilaire allait dans son sens et son exposé mettait un terme définitif à la bataille que la douairière avait si rudement menée contre son fils.

Il garderait sa balafre et continuerait à l’exhiber sans fierté, avec la déférence d’un pénitent en quête de réponses. Se souciait-il seulement de ce que cela pouvait avoir comme impact sur leur nom ?

« Voyez, Mère, comme les inconvénients de vos vains espoirs pourraient ruiner les efforts fournis aujourd’hui par tous. N’allons donc point effrayer les bonnes gens de la cité par quelques artifices dégoulinants dès que le soleil ou les fortes chaleurs les auront amenés à fondre. Je n'aimerais pas me rendre moins présentable que je l'étais hier. »

Un espiègle sourire s’afficha sur ses lèvres et comme le gage d’un coup de grâce à venir, il s’accompagna d’un discret regard moqueur.

« Mais peut être pourrions-nous convenir d’un prochain rendez-vous pour vous ? Imaginez ce que le talent de Monsieur Hilaire pourrait apporter de sérénité sur vos traits, alors que le destin aime à vous tourmenter plus rudement que je ne saurais et ne pourrais jamais le faire. »

Il porta une main à son cœur et pencha la tête sur le côté, mimant un air navré tandis que sa mère le fusillait du regard. Cependant et sans un mot de plus pour satisfaire à l’ironie de son arrogante progéniture, Éloïse s’arma d’un gracieux sourire pour répondre.

« Oh, je pensais plutôt me rendre au Bonheur des Âmes pour cela. Ce sera l’occasion pour moi de faire d’une pierre deux coups. » Son sourire s’élargit « Je tiens en effet à remercier la Comtesse de Pessan pour ses bons conseils. Vous en conviendrez, il est toujours préférable de faire ces choses en personne. Et je préfère voir nos artisans rémunérés à leur juste valeur, plutôt que de dépenser précieux deniers en encre et parchemin. »

Elle accompagna sa dernière remarque d’un geste désinvolte de la main et se faisant, amena la domestique à réagir. Le Comte, qui avait fugacement levé les yeux au plafond, se contenta d'acquiescer tandis que la servante apportait son paiement au visagiste. Si elle n’avait pas été convenue en amont de la rencontre, la somme versée en contrepartie du service n'en était pas moins généreuse.

« Margareth va s'occuper de vous raccompagner Monsieur Hilaire. Merci de vous être déplacé. »

Éloïse sourit puis, se tournant vers son fils, elle laissa remonter son regard le long de sa silhouette. Avec une moue pincée, elle arqua les sourcils et sur un bref soupir, enchaîna d'un ton faussement impliqué.

« Monsieur le Comte a encore fort à faire.
- En effet ! Mon emploi du temps est des plus chargés. Je suis soumis à un rythme d'esclave et mon bourreau s'en flatte sans même s'en cacher. Croyez-moi Monsieur Hilaire, s'il est créature plus dangereuse qu'un fangeux, elle doit forcément porter jupon ! Quoiqu'il en soit, j'ai été ravi. Mes hommages à votre épouse. J'espère qu'elle et vos enfants se portent bien. »

Il quitta la pièce sur ces mots, tandis que la domestique invitait l'artisan à la suivre. Elle l'amena à faire le chemin inverse de son arrivée et ainsi le raccompagna jusqu'à la sortie. Sur une dernière inclinaison, elle le salua et attendit qu'il ait descendu toutes les marches du perron pour refermer la lourde porte ornementée.

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