Contrôle de routine (pv Ansgarde et Rosalie)

La vie était pleine de surprises et de rebondissements, ça oui, et cette matinée de juillet en était la meilleure preuve qui soit. Quelques heures...non, quelques minutes seulement avaient suffit à chambouler le quotidien routinier de Marius. Dans quoi s’était-il engagé ..? Il avait troqué son ancienne place et son ancienne coutillerie contre un coutillier simplet et un harem de femmes armées. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il serait la risée de ses comparses d’ici quelques jours… Hmpf… Quelques jours, c'était être optimiste.

L’ancien mercenaire avait fait son choix en connaissance de cause et personne ne l’avait forcé à s’avancer lors de la recherche de candidats. Il était désormais temps pour lui d’assumer les conséquences de ses actes et de prendre ses nouvelles responsabilités. Clovis lui avait demandé de prendre les rennes de ‘la première mission’, celle de présenter une partie du boulot de l’interne aux deux gamines de l’externe et de faire plus ample connaissance. Socialiser… hmm… Il allait devoir faire des efforts.

Il venait donc de rentrer dans son rôle, avait expliqué la marche à suivre à ses deux jeunes collègues et espérait qu’elles étaient prêtes à le suivre à travers la ville pour vérifier les bras et s’échouer dans une taverne du port.
Y avait-il des questions ? Non ? Alors ils pouvaient se mettre en route et sortir du quartier de la milice pour rejoindre Bourg-Levant et se mettre en direction de la Hanse.

Marius avance en silence, sa main droite reposant lourdement sur le pommeau de son épée gentiment rangée à sa ceinture. Il ne sait pas vraiment quoi dire, n’a pas d’idée pour briser le silence qui commence à peser sur le groupe.
Voyant leur trio armé avancer, la plupart des habitants de Marbrumes, commerçants et acheteurs déjà affairés s’éloignent et marquent une distance respectable pour leur dégager le chemin. Le blond a le visage fermé ; le boulot, c’est le boulot, et autant faire en sorte qu’il soit fait correctement.
Il marque l’arrêt et interpelle ses deux coéquipières pour leur indiquer une masse humaine à quelques mètres d’eux.

“On va contrôler des gens là d’dans.” dit-il calmement, ponctuant sa phrase d’un battement de paupière.

“Ils ont l’air occupé autour d’une échoppe, l’avantage c’est qu’on pourra en prendre certain au dépourvu. Autre point positif, c’est que si y’en a qui ont quelque chose à se reprocher et qui tentent de prendre la fuite, ils pourront difficilement se tailler à cause de la foule et on pourra leur mettre la main dessus. On f’ra chacun notre tour un contrôle ; et je ferai le premier. Ansgarde en deuxième, et Rosalie pour clôturer.” explique-t-il avant de se racler la gorge. N’y avait plus qu’à espérer que tout se passe correctement et qu’il n’y ait pas de dérapage. Curieusement, Marius n’avait pas envie de courir ou de frapper, là, maintenant.

Il prend l’initiative et se rapproche de l’attroupement d’un pas tranquille, laissant ses pupilles sauter d’un homme à un autre pour jauger rapidement leur comportement.
Il interpelle un type curieusement encapuchonné pour une journée d’été.

“J’vais vous demander de me montrer votre bras. Un ‘simple’ contrôle de routine.” dit-il d’une voix pas franchement amicale, le regard planté dans le sien.
En le détaillant un peu, Marius s’aperçoit que le gars a une sale balafre sur la gueule, plus grosse et vilaine que celle qu’il porte lui même à la lèvre. ‘Sans doute pour ça qu’il se planque.’

“O...oui.” balbutie le balafré, vraisemblablement incommodé par la situation. Il relève sa manche et dévoile son bras gauche d’un geste hésitant, arrachant une expression surprise et méfiante au blond. Est-ce que c’était un moyen de la lui faire à l’envers ? ‘plus c’est gros, plus ça passe.’ pensa-t-il.

“ Le bras droit.” grince-t-il avant de lui saisir le poignet pour remonter son vêtement sèchement et inspecter la peau de son bras. La chair y est intact, pas la moindre trace de marque, de brûlure ou de mutilation. Un gars clean, en somme, qui avait sans doute paniqué devant une situation qui l’avait pris au dépourvu.

"P....Pardon..."

“ C’est bon, ‘pouvez y aller.” déclare-t-il avant de relâcher le malheureux qui s’éloigna pour éviter de nouveaux désagréments. Il pince ses lèvres un instant, un brin contrarié par ce qui vient de se passer… Lui non plus n’aime pas être pris au dépourvu.

“A vous.”