Une bonne bagarre (terminé)

1 juin 1166 :

Douze fois que je me balade dans ce quartier pour ramener certains médicaments demandés par le médecin de Victor pour soigner ses blessures et qu’il ne se passe rien, et la treizième, comme voulu par les Dieux, je tombe sur un groupe de malfrats en train de casser une porte d’une taverne fermée pour je ne sais quelle raison.

C’est vrai qu’il est tard, mais ce n’est pas une raison pour s’en prendre à un établissement sans défense ! En plus, comme par hasard, je n’ai pas mon armure, mais je ne vais pas me balader en permanence avec, heureusement que j’ai mon épée à deux mains, c’est le symbole de mon rang, et je ne m’en sépare jamais.

Je les vois donc, tous les cinq, se tourner vers moi et essayer de m’intimider par un simple :

Dégage le noble si tu veux pas que l’on t’ouvre le ventre comme un poisson sur le port.

Au moins, ils ont compris à mes vêtements, que je n’étais pas une personne du peuple, c’est déjà quelque chose. Mais je ne résiste jamais à une bonne bagarre, et j’aime beaucoup punir les voleurs qui s’en prenne à des débits de boissons, ces lieux sont stratégiques et doivent être défendu à tout prix. De toute façon, je ne me cherche même pas d’excuse, infliger le maximum de souffrance a toujours été ma raison d’être et je vais pouvoir mettre en pratique mes nombreux entrainements.

Les apprentis cambrioleurs ont dû comprendre mon état d’esprit et abandonnant la porte déjà sérieusement abimée, se tourne vers moi. Ils ont tous des gourdins mais peu semblent savoir s’en servir et je vois qu’ils n’ont pas très envie de se battre, je décide donc de les motiver :

Aller fils de chiennes, je vous attends !

Ça y est, un des malfrats, peut-être plus courageux ou inconscient que les autres décident de m’attaquer en courant et c’est avec un grand sourire que je le charge également, nos deux armes s’entrechoquant au milieu de l’allée, le bruit résonnant un peu partout. Aucun de nous ne cherche à se protéger, mais juste à blesser le plus gravement possible son adversaire.

Nous touchons tous les deux et même si son coup m'atteint en plein dans le ventre, me faisant un mal de chien, j’ai la satisfaction de voir mon épée pénétrer profondément sa chair, lui faisant une très large entaille sur le torse, avec du sang qui commence à couler. Il recule de quelque pas, et moi je me relève, ignorant la douleur, et je lui dis d’un ton léger :

Alors le gueux, on fait-moi le malin ?

Je me sens en ce moment-même invincible, l’adrénaline parcourt tout mon corps, me mettant dans un état quasi euphorique.J’ai l’impression que mes pieds ne touchent plus terre et je n’attends plus qu’une seule chose, une nouvelle attaque de la part du groupe qui me fais face, pour frapper encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus de mes opposants, que des tas de chairs sanguinolent, ce soir, cette ruelle sera repeinte en rouge.

https:

Un mois. Cela faisait un mois depuis que les fangeux avaient pénétré Marbrume et foutu un sacré boxon. Un miracle, une bénédiction des dieux que cette intrusion dans l’enceinte et un plan judicieusement mené par ses camarades. Un mois que la ville était en deuil et que les mesures de sécurité étaient plus fortes que jamais.
Le couvre-feu avait été instauré et la plupart des gens le respectaient sans moufter. Les patrouilles de la milice étaient plus nombreuses et tout le monde tendait l’oreille, à l’aguet de la moindre chose concernant ces ‘sectaires’. Les uns étaient dénoncés par leurs voisins, les autres vendus pour le moindre prétexte. C’était un sacré bordel oui, un coup de maître.

Marius était seul ce soir là sur le chemin de la caserne. Le soleil était prêt à se coucher et bientôt chaque cape verte en patrouille pourchasserait ceux qui n’étaient pas bien gentiment rentrés chez eux. Mieux valait ne pas tarder donc…
Il marche d’un pas soutenu, rapide et déterminé mais des voix s’élèvent à quelques rues de là, suivi du fracas familier de l’acier. Une rixe ? A cette heure-ci ?

Le milicien s’arrête, semble peser le pour et le contre, hésite un moment… Même s’il n’était pas en fonction, il était de son devoir d’arrêter ce genre de choses et de calmer les ardeurs des pécores… A moins que ce ne soit de la curiosité qui le pousse à aller voir ça de plus près ?

Suivant le bruit, il serpente dans les ruelles jusqu’à rejoindre l’origine du raffut. Son uniforme vert ne laisse aucun doute quant à la fonction qu’il exerce, et dès que les six joyeux lurons ne sont plus qu’à quelques mètres de lui, il dégaine son arme et hausse le ton.

“Hey, c’est quoi c’bordel ?!” hurle-t-il à leur intention, espérant attirer l’attention sur lui.

La scène est assez spéciale, au milieu de cinq grouillots, ce qui ressemble d’avantage à un noble qu’a un simple citoyen semble bien décidé à coller une branlée à ceux qui lui font face. Une montagne de muscles qui avait vraisemblablement déjà causé quelques dégâts à en juger par l’énorme plaie sanglante gravée dans le torse d’un des hommes. S’il ne se faisait pas rapidement soigner, ce pauvre type ne tiendrait pas bien longtemps...
Le sourire qu’arbore le bourrin n’a rien de vraiment engageant d’ailleurs, il semble satisfait de son oeuvre, impatient de poursuivre son travail et d’amocher les autres, Marius espère intimement ne pas avoir à se battre contre lui ce soir. Ni jamais.

Tuer pour le plaisir... Ce type avait-il vraiment cru que le fracas des armes ajouté à leurs beuglements n’attireraient personne alors que toute la milice était sur le qui-vive depuis près d’un mois ? Le blond n’a aucune idée de ce qui a mené ces types à se taper dessus mais les hostilités ont l’air déjà bien engagées et il va falloir tenter de désamorcer tout ça. Faire preuve d’autorité, avancer des arguments clairs et dissuasifs. Hmm… Marius était bon pour frapper, pas pour la parlotte.

“ Le soleil va bientôt s’coucher et les patrouilles vont commencer à rôder partout en ville. Z’avez intérêt à vous tirer d’ici rapidement avant d’finir aux geôles ou la corde autour du cou.” gronde le milicien avant de porter un coup d’oeil anxieux au combattant solitaire.
Un noble… Ses menaces s’adressaient à lui également, mais le blond n’avait pas franchement envie de s’en faire un ennemi. Il raffermit sa prise sur son arme et humecte ses lèvres, insistant.

“‘Feriez bien d’retourner 'là haut' avant qu’quelqu’un d’autre vous tombe dessus. Moi j’ai rien vu, mais ce sera sans doute pas l’cas de mes collègues…” souffle-t-il avant de reporter son attention sur les cinq racailles.

“Qu’est-ce qui s’est passé ?”

Un autre larron se joint à la fête et je peux immédiatement voir, grâce à son uniforme qu’il s’agit d’un milicien. D’ailleurs il commence immédiatement à faire son boulot et s’adresse aux manants, étant prêt à les laisser partir ! Mais c’est quoi ce représentant de la loi qui laisse les voleurs s’en sortir ? Mais ce n’est pas fini car il me demande discrètement de retourner à l'Esplanade alors que je viens à peine de commencer à m’amuser.

Finalement il demande quand même ce qu’il vient de se passer et je lui réponds sans quitter des yeux mes adversaires, craignant une surprise de leurs parts, on ne sait jamais avec cette engeance :

Je les ai surpris en train d’essayer de fracturer cette porte, puis ils ont commencé à m’insulter et enfin l'un d'eux m’a attaqué.

C’est ma vision de la vérité, j’ai toujours eu une certaine liberté face au mensonge, l’omission fait partie de la vie et tant que les explications vont dans mon sens, il est inutile de s’attacher aux petits dégâts qui brouillerais la vue d’ensemble. Je vois les bandits se regarder, ils n’avaient de toute évidence par prévu que les choses tourneront si mal avec un membre de leur fine équipe gravement blessée et deux hommes armés sur leur chemin.

Je les vois donc hésité sur leurs futures conduites, doivent-ils abandonnées et s’enfuir ou bien combattre ? Finalement la raison l’emporte et je les vois baisser leurs gourdins, indiquant qu’ils sont prêts à s’en aller. Je les regarde jusqu’à ce que deux d’entre eux s’approchent de leur copain blessé, sans doute pour le ramasser et partir avec.

Je fais donc un pas en avant et je les menace à nouveau avec mon épée que j’ai toujours à la main, leur indiquant d’un ton sans réplique :

Celui-ci est à moi, il m’a attaqué et je vais lui faire comprendre ce qu’il en coûte en coûte de s’en prendre à un chevalier.

Je pensais d’abord lui briser les bras et les jambes, puis j’aurais écrasé à coups de marteau tous ses doigts. Ensuite je l’aurais regardé se trainer sur le sol, et je l’aurais finalement achevé pour mettre fin à ses souffrances, n’étant pas un monstre. J’ai donc un programme spécial pour lui et mon sourire a du trop apparaitre car ses complices frissonnent avant de me dire :

On ne te le laissera jamais !

Ils relèvent à nouveau leurs gourdins, et la tension remonte à son maximum, ce qui me convient tout à fait car j’ai encore soif de sang ! Je demande donc au milicien :

Prêt pour rendre la justice ? Je prends les deux à gauche et toi les deux les plus à droite. Ça va être du gâteau.

Je regarde du coin de l’œil mon interlocuteur, persuadé qu’il va m’aider et attaquer sans aucune hésitation, après tout s’il a voulu devenir milicien c’est qu’il doit aimer combattre et qu’il doit être doué pour cela. Se débarrasser de ses quatre va-nu-pieds ne doit pas être trop difficile, celui que j’ai déjà entaillé se contente de serrer sa blessure pour éviter de perdre encore plus de sang. J’ai certes reçu un sacré coup mais je suis encore en état de combattre et cette-fois je vais faire attention à me protéger.

La brute lui explique de façon très concise les événements, sans détails ni aucune fioritures. Comment Marius peut-il le croire sur parole… Comment peut-il se fier à l’unique version d’un nobliau sans doute prêt à tout pour sauver sa réputation en noyant la vérité dans une floppée de mensonges ? Le blond plisse son front dans un léger froncement de sourcils et dévisage le barbu d’un oeil acerbe. Dans quoi s’était-il fourré… Si ces cinq petites frappes semblaient prêtes à profiter de l’occasion qui leur était gracieusement offerte pour baisser les armes et se faire la mal, ce bourge mal léché avait l’air bien décidé à en découdre avec eux. Qu’avaient-ils fait de ‘si grave’ pour mériter toute cette haine et cet acharnement ?

Marius se sent devenir nerveux, le monstre de muscles à son côté renchérit et provoque, un sourire carnassier étirant le coin de ses lèvres. Mais merde…!
Il serre les dents, crispe ses mâchoires d’inconfort et évalue ses possibilités à l’instant présent… Doit-il… partir ? Se tirer en courant en laissant ce chevalier seul avec sa soif de sang et ces cinq bandits ? Un type de son rang avait beaucoup de pouvoir… Et s’il allait raconter sur l’esplanade qu’un milicien l’avait laissé seul face à des brigands, la réputation de Marius pourrait en prendre un sacré coup. Il ne s’était pas masqué, son visage était reconnaissable et ce gars n’aurait aucun mal à le retrouver à la caserne. Il panique, sent ses mains devenir moites et son poul accélérer ; c'est une situation inconfortable qu’il n’a pas l’habitude de devoir gérer.
Pas de vagues…. Il ne devait pas faire de vague, il ne devait pas se compromettre, ni lui, ni la Cause, surtout pas auprès de l’Esplanade..!

Le blond raffermit sa prise contre sa lame et laisse un soupire rauque s’échapper de sa gorge. Pourvu que le raffut n’ameute personne d’autre et que ce combat se termine aussi vite qu’il avait commencé. Si on lui tombait dessus et qu’on lui faisait porter le chapeau de ce bain de sang, il ne donnait pas bien cher de sa peau.

“D’accord…” marmonne-t-il, fermant ses paupières un bref instant. “Putain d’merde.”

Marius prend une grand inspiration et s’élance contre ses deux adversaires… Mieux valait en finir vite pour quitter les lieux le plus rapidement possible.
Hélas les choses ne s’annoncent pas aussi simples qu’escomptées… Est-ce l’appréhension ou l’angoisse de la situation qui le rend si mou ?
L’assaut du milicien échoue de peu, sa lame frôlant la jambe droite de son adversaire de quelques centimètres, mais cet échec suffit à causer sa perte. Marius s’est trop exposé, sa garde est ouverte et le temps de se remettre en position, le voleur a tout le loisir de frapper à son tour.
Le coup est violent, brutal et le cuir de son gant ne suffit pas à encaisser le choc de l’impact. Le blond manque de lâcher son arme sous la douleur, un grognement plaintif mourant entre ses lèvres. Ses doigts sont engourdis, douloureux, son avant-bras le lance… mais maintenant que les hostilités sont engagées, il est hors de question de renoncer.

Et ce type là... comment se débrouillait-il ? Il jette un regard rapide dans sa direction pour prendre la température et évaluer la situation, espérant que ce gars se démerdait mieux que lui pour l'instant...

Comme prévu le milicien s’élance et moi, fidèle ma politique, je regarde comment il se débrouille avant d’engager le combat et le moins que je puisse dire, c’est que je suis déçu. Un milicien contre un misérable voleur, et c’est ce dernier qui a le dessus ! Non seulement le coup de l’agent de la loi ne porte pas mais en plus il se fait blesser !

C’est vraiment pathétique, et je siffle pour marquer mon désappointement. C’est maintenant au tour de nos opposants de sourire de tous leurs chicots pourris, comme s’ils avaient déjà gagné cette bataille. Il faut dire que d’un seul coup de baguette magique la peur a déserté leurs regards et je ne sens qu’aucun n’est prêt à céder un pouce de terrain, dans leur tête ils se voient déjà héroïque, prêt à sauver leur camarade, étant même blessé de manière légère, certain de raconter à leurs femmes comment ils ont mis la pâtée à un chevalier et un milicien, je suis certain que si on leur donnais un miroir, ils s'admirerait des heures durant.

J’ai déjà vu ce sentiment de nombreuses fois dans les yeux de mes adversaires sur le champ de bataille, et je prends toujours beaucoup plaisir à casser dans l’œuf cette espérance. J’avance donc d’un pas, et d’un geste négligent, je laisse tomber la pointe de mon épée sur la jambe de l’adversaire qui étais au sol, la poitrine largement entaillée.

Il hurle de douleur comme un cochon qu’on égorge, se tenant la jambe, essayant pathétiquement avec ses mains de soulever la lame, mais elle bien trop lourde et chacun de ses mouvements ne fais que plus lui entailler la chair, impliquant de nouvelles souffrances. Dans les yeux des gueux, l’espoir a été remplacé par l’horreur et je leur indique tranquillement :

Je vous l’ai dit, celui-ci est à moi.

Ils sont complètement perdus et je pousse le bouchon un peu plus loin en faisant tourner légèrement l'acier trempé dans la plaie, le sang coulant sur les pavés et après avoir laissé passer de nouveaux hurlements, je leur dis, toujours aussi calmement :

Encore un quart de tour et il perd sa jambe.

Finalement les quatre cambrioleurs en herbe s’en vont, le dos voutés par la résignation mais incapable de penser à autre chose et nous laisse tous les trois seuls. Je peux enfin indiquer au milicien, d'un ton blasé :

Il va falloir revoir les bases.

J’entends alors de nombreux bruits de pas derrière moi et je vois débarquer une coutellerie de milicien. Ne voulant pas qu’ils se méprennent, je retire mon épée de la jambe du voleur, qui crie à nouveau, et après l’avoir rapidement nettoyé, je la remets au fourreau. Ma victime elle, est au sol, toujours consciente, elle a déchiré un morceau de sa chemise et s’en ai fait un garrot. C’est d’ailleurs une bonne idée, il va surement perdre sa jambe mais avec de la chance, il va réussir à rester en vie.

Pour ma part, j’attends la réaction du milicien, curieux de savoir ce qu’il va décider. La porte enfoncée est bien visible à sa gauche, il peut donc se mettre en avant, ou pas.

Ces hors la loi étaient en surnombre et Marius allait désormais avoir bien du mal à manier son arme… Que pouvait-il arriver de pire ?
Le sifflement en arrière lui fait crisser les dents et l’enrage… Comment cet enfoiré pouvait-il se permettre un tel comportement dans ‘cette’ situation ?
Il souffle de douleur, se redresse et recule d’un pas pour laisser l’initiative au chevalier qui… Plante sa lame dans la jambe du pauvre type déjà amoché. Son hurlement est à briser les tympans, et s’il n’attire pas l’attention de qui que ce soit alors Marbrume aurait à s’inquiéter des compétences de sa milice. Le sang ne lui fait pas peur, des hommes, il en a déjà blessé et tué de sang-froid… Mais cette scène est plus proche de la torture que d’un simple affrontement armé. Les plaintes du brigands lui hérissent le poil et il ne peut détacher son regard de ce fer qui tourne dans la chair et déchire tendons et ligaments. C’était… C’était quoi ce type..?

Son petit jeu avait au moins le mérite d’être dissuasif et les quatre autre larrons prirent la fuite sans demander leur reste. Le blond range son arme à sa ceinture et observe le pauvre type avachi au sol et baignant dans son sang. Qu’est-ce qu’il devait faire… Qu’est-ce qu’il était censé faire dans cette situation ?! Marius panique, ses pupilles sautent du blessé au chevalier plusieurs fois avant de se figer sur le barbu épris de sadisme.
Oh… ce commentaire n’était pas indispensable et suffit à piquer le milicien profondément dans son égo. Il voit rouge et se rapproche de lui d’un pas menaçant, venant presque coller son front contre le sien.

“Et on en fait quoi d’lui maintenant.. .hein..?!” vocifère-t-il à son intention, les mâchoires serrées.

“T’es un putain d’tarer et maintenant j’suis trempé dans c’bordel avec toi, mais merde, t’as quoi dans le crâne ?! Faut l’finir et s’tirer d’ici avant qu...” Il enfonce son index contre son buste, son regard planté dans le sien avant que son attention ne soit happée par quelques bruits de pas dans leur dos. “Putain…”
Il se raidit, fusillant le chevalier une dernière fois avant de se retourner pour faire face à ses collègues.


“ Halte là ! C’est quoi ce foutoir ici ?!” beugle l’un des gars. Il fronce les sourcils et dévisage le blond d’une moue surprise : “Marius ? T’es pas censé être en service ce soir…”

“J'suis en permission et j’rentrai à la caserne mais j’ai entendu du bruit alors j’suis venu voir ce qui se passait.” explique-t-il d’un ton calme. Ses pupilles dévient un instant sur la porte fracassée de l’établissement puis sur la montagne de muscles restée en retrait. Quel crevard celui la…

“Ce chevalier… Est tombé sur un groupe de brigands qui s’en prenaient à c’bâtiment et il s’est interposé, ils se sont retournés contre lui… Et moi.” poursuit-il. Pas question de parler de cette boucherie et de ce bain de sang que le barbu avait l’air de tant apprécier. Marius sauvait ses arrières mais pas par bonté de coeur… Hors de question de se faire des ennemis dans l’esplanade.

Il biaise son attention sur le voleur gémissant au sol qui risque en plus de perdre sa jambe d’y perdre la vie. Pas de chances, il avait pas croisé le chemin de la bonne personne ce soir.

“Y’en avait combien ?”

“Ils étaient cinq, les quatre autres se sont tirés après qu’celui là se soit pris un... ‘mauvais coup.’ Ce type frappe fort, j’pense pas qu’ils s’attendaient à ça d’sa part ; c’est plutôt dissuasif.”

Le milicien s’approche du voleur pour tenter d’évaluer la gravité de sa blessure, mais noyée dans le sang, difficile d’y voir quoi que ce soit.

“On va l’prendre avec nous pour essayer d’avoir des ptites choses sur ses ‘camarades’. Allez prenez le.” Deux miliciens s’exécutent, venant chopper la petite frappe sous les aisselles. Sale soirée pour ce gars.

"Vous d'vriez le faire parler vite ou l'faire soigner. J'pense pas qu'il passera la nuit."

“ C’est quoi vot’ nom ?” demande-t-il à l’intention de Desmond dans un haussement de sourcils. “Merci pour votre aide, on prend le relais maint’nant. Marius.” Il adresse au blond un signe de tête en guise de salut auquel il répondra d’un bref levé de main, le bras toujours engourdi par le coup qu’il a encaissé plus tôt.

La patrouille reprendra sa route accompagnée du larcin si personne ne les retenait d’avantage.

Le milicien ne semble guère heureux de la tournure des évènements, il me dit même que je suis fou, ce qui me fait hausser les épaules, j’ai entendu cette parole bien des fois, mais c’est le monde qui est comme ça et il faut juste s’adapter. D’ailleurs il est prêt à s’enfuir, alors que je viens à peine de commencer à m’amuser, en plus ses gentils petits camarades viennent d'arriver.

J’apprends ainsi son nom, Marius. J’ai connu un Marius autrefois, un grand combattant, il aura honte s’il voyait comme son homonyme salit son nom avec sa pitoyable attaque. Et tout cas il réussit à expliquer correctement ce qu’il s’est passé et les soldats décident d’emmener ma victime. Je doute que celui-ci survive plus d’une heure, et j’en profite d’ailleurs pour lui dire, sur le ton de la plaisanterie :

Sans rancune hein ?

Le voleur me regarde à peine, son esprit est déjà ailleurs. Puis on me demande mon nom et je réponds sans aucun problème :

Je suis le chevalier Desmond de Rochemont, au service du comte de Rougelac et je suis toujours ravi d’aider la milice à maintenir l’ordre. Si vous avez besoin de moi pour faire une déposition, je suis entièrement à votre disposition. Pour votre collègue, il s’est battu comme un lion, il mérite une médaille !

Je souris à mes dernières paroles, évidement que je mens mais on ne va pas déranger un noble ou un milicien car un gueux c’est pris un mauvais coup lors d’une tentative de cambriolage ! C’est dans l’ordre des choses, les parasites meurent et les forts survivent, c’est la loi de Marbrume, ou en tout cas c’est comme cela qu’elle devrait être appliqué. Lorsque les miliciens partent, je leur fais même signe, l’affaire s’étant fort bien déroulé et une fois ceux-ci hors de porté de voix, je tape légèrement sur l’épaule où Marcus c’est pris le coup par jeu et je lui indique :

Allez, ne fais pas la gueule, tu feras mieux la prochaine fois !

Je ne mens pas, il ne peut que faire mieux, je continue sur ma lancée :

Tu devrais te détendre, d’ailleurs pour te prouver que je t’aime bien, je t’invite à boire un verre ! Je sais qu’il est pratiquement l'heure du couvre-feu, mais je connais une taverne de l’Esplanade qui a eu l’autorisation, si tu comprends l’allusion, de rester ouvert. J’ai juste à passer au manoir pour donner ça :

Je lui montre le petit récipient contenant la médecine pour Victor et qui heureusement est resté intact malgré le coup que j’ai reçu, avant de continuer :

Promis, la bière est bonne, les filles faciles et tu ne payeras rien ! En échange tu pourras me donner quelques informations sur la mise en place des patrouilles pour les éviter plus facilement, tu sais, une sorte de service que se rendent deux super amis pour la vie et qui s’apprécient énormément.

C’est vrai que si je pouvais avoir ses renseignements, je pourrais me déplacer en ville sans craindre de tomber sur des soldats, La maisonnée des Rougelac a de nombreuses personnes à punir et je ne dois pas être vu lors de mes expéditions nocturnes.

La patrouille s’éloigne, laissant le chevalier et le milicien seuls dans le silence… Mais cette paix ne durera qu’un bref instant. Une nouvelle fois, Desmond provoque, nargue et se moque… Marius a l’habitude de rester tranquille, mais quand la situation le dépasse il ne sait pas rester de marbre. Trop c’est trop, et cette nouvelle pique lui fait crisser les dents et dévisager ce type d’un mépris grandissant. Mais que peut-il dire ? Que peut-il faire ? ‘Desmond de Rochemont’, ‘au service du comte de Rougelac’.
Peuh ! C’est à vomir ! Seulement voilà, il ne peut pas se permettre de se le mettre à dos, il ferait même mieux de se le mettre dans la poche et de se rapprocher de lui…

“M’touches pas !” peste-t-il en retenant difficilement ce trop plein de colère et d’animosité qui l’avait envahi en quelques minutes. Il devait mettre son égo de côté, réussir à se canaliser pour s’ouvrir à un potentiel dialogue, mais il était orgueilleux, fier… un peu trop peut-être, et baisser l’échine devant un type de ce genre serait plus difficile qu’escompté.

La proposition de Desmond tombait comme un cheveux sur la soupe et n’avait pas l’air bien nette. Ce gars avait l’intention de se le mettre dans la poche tout comme il l’envisageait de son côté. Qu’en tirerait-il ?
Marius tend l’oreille, attendant la phrase qui viendrait ternir ce tableau trop parfait. L’inviter à boire un verre ? Outrepasser le couvre-feu et profiter de femmes avec lui… ‘là haut’ ?
Marius arque un sourcil circonspect et fini par durcir les traits de son visage en entendant le fin mot de l’histoire.
Se rapprocher d’un milicien pour en savoir d’avantage sur les patrouilles et les coins de ville à éviter une fois le soleil coucher… Hinhin, il avait le sens du commerce celui la.

“ T’as quoi à planquer mon gars, hein ? “ demande-t-il un sourire en coin. Est-ce qu’il était des purificateurs ? Marius tente de chercher une réponse dans son regard, de jauger son comportement et enchaîne :

“ Profiter d’une petite soirée ‘entre bons amis’, pourquoi pas… Mais va m’falloir plus pour que notre ptit marché soit équitable, tu m’suis ?” Il prend une pause et se rapproche de lui sans dévier ses pupilles des siennes.

“ Ton comte de Rougelac… Parles lui de moi. Dis lui qu’je suis fiable, parles de moi à l’Esplanade. J’ai pas la prétention de vouloir faire parti de la haute, mais j’ai vendu ma lame et la protection à beaucoup de gens à l’époque, des riches, des pauvres... Et j’me débrouillais bien.
J’veux me rapprocher des nobles et toi” dit-il en appuyant une nouvelle fois son doigt contre son buste, “ toi, tu peux m’y aider.”

Il rompt le contact et humecte ses lèvres :

“ J’compte pas risquer de me faire choper ce soir non plus. J’ai beau être de la milice, si on me prend à me promener tout seul alors que le soleil est couché je risque aussi gros que tout le monde… J’veux bien accepter ta proposition en mettant une deuxième condition ; tu m’offre une chambre en plus de la bière et des filles.”

Il tend sa main dans sa direction sans se défaire de son sourire :

“Marché conclu Desmond?”

Dès que je lui parle de ma proposition, Marcus reprend du poil de la bête, acceptant sous certaines conditions, d’abord parler de lui à Victor, ce que je ferais si notre petite soirée se passe bien et que j’ai des renseignements intéressants, il est toujours utile de connaître des miliciens corrompus. La seconde est de lui offrir une chambre en plus, ce qui me fait rire et je lui dis, prenant en même temps sa main pour marquer mon accord :

Affaire conclu Marcus, tu es bien meilleur avec ta langue qu’avec ton épée. Je pourrais même t’apprendre quelques tours si tu le souhaites, ton style d’escrime est bien trop conventionnel, il faut parfois changer de stratégie.

Je pense à des bottes bien vicieuse où à d’abord insulter son adversaire pour lui faire perdre son calme, il y a tellement de moyen de prendre un avantage sur un adversaire mal préparé que tuer devient parfois d’une ridicule facilitée.

Mais ce soir, c’est la fête, je le guide donc d’un pas rapide pour y arriver avant la nuit vers les quartiers nobles. Nous passons ainsi par la porte de l’Ange, je me contente de faire un rapide signe aux gardes à l’entré comme quoi il est avec moi et ils nous laissent entrer sans difficulté, l’argent et la réputation des Rougelac font des miracles.

Nous arrivons ainsi devant une jolie taverne, dans les rues mondaines, mais qui semble fermé, les volets et la porte étant fermé. Je frappe trois coups à la porte, j’attends deux secondes, puis je tape à nouveau trois fois. Comme par magie, la porte s’ouvre et je vois le videur, un homme presque aussi grand que moi, qui m’apercevant, me sourit. Je lui tape dans la main pour lui manifester ma joie de le revoir, car il y a comme une fraternité des gens qui se cognent contre les linteaux de porte et je lui montre le milicien en lui disant :

Il est avec moi.

Il se contente de hocher la tête en le regardant sévèrement avant de lui dire d’une voix rude :

Bienvenu au « Chat perché », ici les règles sont simples, on ne touche pas aux filles et si on n’arrive pas à se tenir je vous expulse par le fond de la culotte.

Une fois cette petite formalité réalisée, j’entre dans l’établissement et j’entends de la bonne musique, un air entrainant joué à la flute, et surtout le roulement caractéristique de dé ! Je me tourne donc vers mon futur compagnon de beuverie :

Est-ce que tu joues ?

J’attends sa réponse puis, je lui montre une table de libre parmi la douzaine que compte l’établissement. Il y a beaucoup de monde, qui vont sans doute rester ici jusqu’au petit matin. Au fond se trouve un bar et un escalier menant à des chambres à l’étage. Il y a pas mal de serveuse en petite tenue, qui serpentent entre les tables, elles sont toutes jeunes et jolies, mais les clients se tiennent tranquille, ne voulant pas subir les foudres du cerbère de la porte. Une fois installé, je demande à mon invité :

Qu’est-ce que tu bois ?

Marius se fend d’un sourire une fois l’accord passé. Il ne sait pas franchement dans quoi il s’engage mais il a, selon lui, réussi à négocier quelque chose de satisfaisant pour son parti. Il ne relève pas la nouvelle pique de son vis-à-vis quant à sa manière de se battre, déviant de sujet en le corrigeant.

“Marius. Je m’appelle MarIus.” se permet-il dans un froncement de sourcils avant de suivre la brute à travers la ville.

La remontée jusqu’à l’Esplanade se fait d’un pas vif et énergique mais elle se passe sans accroc, personne ne les arrête, personne ne pose de question. Les gardes à l’entrée laissent passer le chevalier et lui avec, c’est l’une des premières fois qu’il pénètre ces quartiers sans être en patrouille ou en service.
Le milicien ne se sent pas vraiment à sa place mais cette impression sera vite dissipée lorsqu’ils atteindront l’auberge et se confronteront au gardien de l’établissement que Desmond a l’air de bien connaître. Marius reste tranquille et silencieux, laissant son nouvel ‘ami’ l’introduire auprès du videur bourru.
Les règles sont simples et pas bien nombreuses, il devrait être en mesure de les respecter sans trop de difficultés.

L’ambiance est chaleureuse ici, les femmes sont attirantes, la musique est douce aux oreilles et le roulement des dés lui rappelle de lointaines et agréables soirées. Depuis combien de temps ne s’est-il pas ‘détendu’ dans ce genre de lieu ? Depuis combien de temps s’est il empêché de profiter de ces plaisirs simples qui avaient autrefois jalonnés sa vie ?
Il a beau ne pas connaître son nouveau partenaire, il parvient à se relâcher un peu et à faire retomber la pression qui avait tendu tous ses muscles.

“Ouai je joue, mais j’ai pas de quoi miser gros.” dit-il en dévisageant son comparse avant de le suivre à une table bien docilement.

“De la bière. Simple, efficace… sans fioritures.” Il fronce les sourcils et humecte ses lèvres, posant ses coudes sur la table avant d'apposer sa main gauche contre son bras blessé.

“C’est t’donner beaucoup de mal de m’emmener là tu trouves pas ? On s’connait de quoi… quelques dizaines de minutes, on a échangé deux mots et voilà qu’tu m’trimballes partout en ville pour finalement m’offrir du jeu et à boire ? Rassures moi, c’est pas mon cul qui t’intéresse hein..?” Il pince ses lèvres, perplexe.

“J’comprends pas bien en quoi en connaître d’avantage sur nos patrouilles soit un si grand enjeu pour toi. Ton comte de Rougelac c’est pas un pécore et il en a plein les poches, y’en a vachement des magouilleurs et des miliciens pas fiables à qui ce serait facile de graisser la patte, y’en a p’t’être même que vous connaissez déjà qui s’raient prêts à vendre leur mère pour un peu d’thune et de reconnaissance… Alors pourquoi c’est le parfait inconnu qu’tu prends le risque d’inviter à ta table ?” Il marque une pause et se redresse sur son tabouret.

“Qui t’dit que j’vais pas allez baver sur tous les toits qu’le comte de Rougelac et son clébard de chevalier sont des connards qu’outrepassent les lois pour des raisons pas bien nettes ?” Un sourire taquin étire ses lèvres :

“ De Rougelac l’ami des Purificateurs… Ce serait pas joli ça, pis j’suis pas certain que le roi aime beaucoup ça. Les rumeurs ça va vite si on sait auprès de qui les vomir…”

Le dénommé Marius me fais plaisir en m’indiquant qu’il aime jouer aux dés, l’important n’est pas de miser gros, mais juste de jouer, de plus, j’ai une idée pour la mise, mais je n’ai pas le temps de l’exposer car le milicien me rentre directement dedans. Il me parle de mes raisons et il émet une théorie fort amusante sur mon orientation sexuelle, ce qui me fait rire de bon cœur. Je le rassure donc en souriant :

Ne t’inquiète pas pour cela, ce n’est pas ton corps qui m’intéresse. Même si on se connait depuis peu, quel meilleur moyen de faire connaissance qu’autour d’une bonne bière ?

Il enchaine ensuite sur des théories fumeuses et je lui réponds toujours en souriant :

Ne t’occupe pas des autres, ni de mes raisons et je ne prends aucun risque en invitant un brave milicien à boire un verre et à discuter. C’est toujours intéressant de faire de nouvelles rencontres et d’avoir des « amis », je dirais même que l’on en jamais assez, car ce n’est pas seulement une raison d’argent mais également de contact.

Je le vois se redresser sur son tabouret et mon sourire disparait de suite de mon visage quand il m’insulte, moi, Victor, allant jusqu’à même me menacer. Je me lève, le dominant de toute ma hauteur et je lui indique d’une voix froide :

Tu n’aurais pas dû dire des choses comme ça, nous aurions pu être amis, mais il semble que tu ne réfléchisses pas avant de parler. Les derniers qui ont osés dire telles absurdités nagent avec les poissons.

Parfois les gens que je parle de manière imagée, alors que mes paroles sont plutôt littérales. Je jette quelques piécettes sur la table pour payer les consommations et je conclue :

Évite de me recroiser dans une ruelle sombre, car tu risques de ne plus jamais revoir la lumière du soleil.

Ce n’est pas non plus une métaphore, il y a deux choses dans la vie que je déteste, me faire insulter ou menacer et s’en prendre à mes alliés et lui vient de faire les deux, ce sera donc avec un grand plaisir que je lui planterai mon épée dans le dos. Je ne risque en effet pas grand-chose, au niveau combat je le dépasse de cent coudées et s’il n’y a pas de témoin, et bien, la secte des purificateurs fera le bouc émissaire parfais.

Je lui tourne ensuite le dos, faisant signe au cerbère de m’ouvrir la porte. Ce dernier me regarde avec surprise, surement car d’habitude je reste beaucoup plus longtemps, jouant au dé jusqu’au petit matin. Il jette donc un regard que je pourrais qualifier de méfiant sur la personne que j’ai fait rentrer ici.

Pour ma part, je vais partir les mains vides d’ici, mais je n’ai pas perdu mon temps, ce combat contre les brigands m’a fait très plaisir et j’ai hâte de recommencer. Je pense que j’adore punir au nom de la justice et que je rejoindrais volontiers la milice s’ils avaient un boulot dans mes cordes et prestigieux.

Marius n’y était pas allé de main morte, il était rarement fin dans ce genre de moment. Il avait besoin de connaître son vis à vis, ses cordes sensibles et ses points de rupture, de jauger son interlocuteur avant de pouvoir faire confiance. Ce type avait l’argent, la réputation, sans doute croyait-il pouvoir l’acheter si simplement en lui graissant mollement la patte et en payant les consommations.
Il lui était rentré dans le lard avec virulence et ça n’avait pas loupé. Si tôt blessé dans son égo, Desmond se relève furibond en laissant de quoi rincer les commandes contre le bois de la table avant de se diriger vers la sortie de l’auberge sous le regard dédaigneux du milicien resté installé tranquillement. Par orgueil sans doute, Marius ne présenterait aucune excuse. Quelle susceptibilité !

Des menaces… Voilà ce sur quoi les deux hommes se quittent, et le blond n’a aucun mal à imaginer ce que ce type lui ferait s’ils se croisaient, seuls, au détour d’une réelle… Le souvenir de la blessure du brigand était gravée dans son esprit, plus que jamais, il aurait tout intérêt à se déplacer avec sa coutilerie.

“Et bonne soirée hein.” glisse-t-il dans un sourire mauvais, levant sa pinte à l’intention du chevalier qui s’éloigne.

Pour une première approche avec la haute, c’était un sacré loupé… Marius n’avait pas sa langue dans sa poche et mettre de l’eau dans son vin était encore compliqué pour lui. La diplomatie était une notion… très abstraite.
S’il avait espéré se faire un allié de cette brute, voilà qu’il se le comptait en ennemi… Et son comte avec, probablement.

Il jure entre ses dents serrées et attaque sa bière en ne quittant pas le molosse de l’entrée des yeux. Et si ça terminait mal cette histoire ? Il grimace, espérant intimement que le chevalier n’avait pas demandé à son ‘bon ami’ de lui régler son compte ce soir… Il espérait aussi qu’il ne l’attendrait pas à la sortie de l’établissement de bon matin. Sans avoir la trouille, Marius ne se sent pas bien à l’aise dans cette situation incertaine, il aurait voulu être une toute petite souris pour se faire la malle rapidement et disparaître. Il n’était pas à sa place ici, ça non…

Le blond avale sa bière d’une traite et ne perd pas une seconde de plus dans cet endroit qu’il juge hostile pour lui. Il ira prendre une chambre et s’échouer sur son lit lourdement, attendant patiemment que la nuit passe, et avec elle son anxiété.