Marbrume


Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Partagez

 

 Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
RosalieMilicienne
Rosalie



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyJeu 17 Sep 2020 - 23:22
Octobre 1164

Elle se souvient de son arrivée à Marbrume après la fuite. Son frère et elle, seuls rescapés de leur famille, arrivèrent main dans la main. Une main qu'elle prit soin de ne jamais lâcher durant tout leur voyage, effrayé par le moindre bruit autour d'elle. La silhouette qui la tire vers l'avant devient pilier de son existence. C'est grâce à lui si elle est en vie, elle en est convaincue.

Ils arrivèrent à Marbrume dans un pitoyable état. Et comme toutes personnes inconnus arrivant près des murs, un examen leur est imposé. Principalement pour savoir s'ils ne sont pas mordus, peut-être pour d'autres détails également. Mais les événements séparent le frère et la sœur le temps de cet examen, laissant l'angoisse remplacé ce sentiment de protection qu'elle avait lorsque leurs mains se quittent. Elle hurle, se débat, comme une enfant à qui on arracherait subitement ses parents.

Ils se sont retrouvés quelques minutes plus tard, dans la même pièce, après l'insupportable crise de cris, de pleurs et de panique de la jeune femme. Elle entre en trombe dans la pièce, cherchant du regard son frère. Elle le voit, assis face à un homme qui semble manipuler des choses contre lui. Une femme est également présente, observant patiemment ce que l'inconnu fabrique. Ou du moins, c'est ce qu'ils faisaient avant d'entendre la furie arrivée.

- Lachez le !

La jeune femme accourt vers son frère.
Que lui font-ils? Qu'est-ce qu'ils lui veulent? Pourquoi les avoir séparé? Qu'ont-ils fait pendant ce temps ?

Son intention est clair : s'interposer. Le protéger. C'est l'unique lueur qui brille dans ses yeux, dans son regard. Et n'importe quels arguments extérieurs n'auraient pu lui faire changer d'avis. Par contre...


- Rosalie, calme toi. Tout va bien.

Le bras prêt à repousser l'homme face à Eden est subitement stopper par celui-ci. La voix du frère est douce, l'arrêt du geste maîtrisé. Et comme par magie, la jeune femme antérieurement furieuse, apeurée et anxieuse relâche ses épaules et souffle. Son regard se détourne vers lui tandis que le frère lui sourit.

- Je t'assure que tout va bien.

Le bras de la jeune femme est relâchée. Elle reprend doucement son souffle, tandis que son regard se dépose enfin sur les deux inconnus. Eden reprend la parole.

- Je te présente monsieur Ferbois et sa femme. C'est un médecin.
- ...
- Je vous présente Rosalie. Ma petite sœur !

Le jeune homme est souriant. Son sourire n'est pas aussi profond qu'une personne heureuse pourrait avoir, mais c'est la première fois qu'il sourit depuis leur séparation. La présence de sa petite sœur semble le rassurer, tout autant qu'à Rosalie.

En ce qui concerne la brunette, elle reste silencieuse. La femme présente l'invite à s’asseoir, afin de laisser le médecin terminé son travail. Elle s'occupera d'elle très gentiment, lui offrant hospitalité, soins, chaleur humaine, réconfort. Bien que la jeune femme ne soit pas très bavarde, elle finit par se prêter au jeu, tout d'abord fixé sur ce que fait Lothaire à son frère, puis petit à petit laissant son regard divagué dans la pièce.

•~•

17 octobre 1166
23h

Depuis bientôt un an, chaque jour, chaque fois que sa conscience revient à la réalité, l'envie d'hurler est présente. Elle étouffe, l'envie de libérer cette douleur permanente, de retrouver cette main perdue. 

Mais depuis quelques temps, d'autres problèmes se rajoutent. Son identité a été découverte : elle est la soeur d'Eden Lowens, milicien de l'interne. Et depuis, un groupe de milicien l'harcèle. Visiblement, pour quelque chose qu'Eden aurait fait (ou ne pas fait). Elle n'est au courant de rien : son frère lui parlait peu de fois de la milice, essayant sans doute de la protéger des horreurs qu'il gérait ou voyait. Ou peut-être pour la protéger d'eux. Seul Eden possède la réponse et il n'est pas présent.

La jeune milicienne déambule depuis une bonne demie-heure. Une nouvelle altercation, avec toujours le même groupe. Elle s'en habituerait presque. Elle pourrait simplement ne rien dire, tenter de les esquiver ; mais la chance n'est pas de son côté en ce qui concerne l'esquive, et le sujet de discussion est pratiquement toujours son frère, qu'elle protégera et défendra quelque soit le nombre de coups qu'elle doit subir. Elle est catégorique et ne changera pas d'avis : et elle en paye le prix.

Rosalie n'est pas en tenue de service. Elle a son arme avec elle mais a laissé son uniforme à la caserne. Elle voulait simplement aller boire un coup dans une taverne lorsqu'elle s'est fait agressée et a décidé de rebrousser chemin... ou plutôt de fuir. Elle sent la violence augmentée petit à petit et la crainte commence à se sentir. Jusqu'où iront-ils?

Elle les a enfin semé. Sa cadence ralentit, laissant sa jambe douloureuse se reposer enfin. L'adrénaline redescend, les douleurs font surface comme un accueil à la réalité. Sa cuisse droite est douloureuse, un point désagréable au niveau de ses côtes l'empêche de respirer convenablement et son joli visage n'a pas été épargné également : un magnifique coquard se présentera sans doute prochainement. Elle a quelques bleus et égratignures, mais tout est secondaire si ce n'est ces trois plaies handicapantes.

L'air devient de plus en plus irrespirable. Chaque inspiration se coupe avant le remplissage total des poumons à la suite d'une douleur aiguë dans ses côtes. L'expiration est brève, ressemblant plus à un gémissement exaspéré. 

La jeune femme laisse son regard se déposer derrière soi. Et s'ils la suivent encore? Ils en seraient capable. Peut-être n'en avaient-ils pas terminé. Auquel cas, elle devrait continuer à courir. Mais son énergie est complètement affaible et toute l'adrénaline a disparu. Elle se sent à peine apte à marcher en réalité.

Et son corps confirme sa pensée. Son équilibre se brouille lorsque sa jambe blessée touche à nouveau le sol. La douleur lui fait fléchir le genou, elle se rattrape à un mur à proximité pour éviter de tomber. 

Allez allez...

Elle s'adosse au mur sauveur, fermant les yeux l'espace de quelques instants. L'air est irrespirable, les douleurs s'accumulent, l'angoisse est toujours présente. Et pourtant elle se permet cette pause. Après tout, qu'a-t-elle à perdre? 

Elle finit par se laisser glisser le long du mur pour finir assise. Ça y est, elle a cédé à la gravité. Pourra-t-elle se relever? Elle même n'en sait rien. La jeune femme tremble sous la faiblesse de son corps. En réalité, elle est plus concentrée à remplir ses poumons d'air plutôt qu'à l'avenir proche de sa situation. 

Du bruit. Elle rouvre rapidement les yeux, balayant la rue du regard. La rue était déserte, vide, mais elle a entendu un bruit. Mais pas plusieurs. Ce n'est pas un groupe. Une personne? Deux? Un animal? Sa main se dépose sur sa garde d'épée. Elle cligne des yeux... Et lorsqu'elle les rouvre, plus difficilement que prévu, une silhouette se tient près d'elle.

Elle sursaute. Puis grimace brusquement. Son sursaut lui a fait l'effet d'un déchirement, sa main se place rapidement contre sa côte douloureuse. Mais son attention revient rapidement à la réalité. Une silhouette... masculine. Rosalie ne se souvient que très rarement des visages des autres. Pourquoi? Parce qu'elle n'a pas d'intérêt pour eux. Les seuls visages dont elle se souvient, ce sont les visages ayant eu un impact sur sa vie ou celle de son frère. Elle fixe l'homme silencieusement. Quelques secondes d'hésitation s'impose. Son souffle est court, son regard plein d'étonnement.
...

Est-ce lui?


Petite légende :
Blanc : Chronologie/narration
Violet foncé : Eden
Violet : Rosalie 
Violet clair : Pensées de Rosalie


Dernière édition par Rosalie le Lun 11 Jan 2021 - 22:45, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Lothaire FerboisGuérisseur
Lothaire Ferbois



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptySam 26 Sep 2020 - 16:40
Octobre 1164

Rangeant l’une de ces boucles blondes derrière son oreille, la douce assistante contemplait la jeune réfugiée. Rosalie lui semblait si petite sur l’instant, elle ne devait pourtant pas avoir plus de dix-huit printemps mais ce sentiment d’insécurité semblait rajeunir bien des esprits. Combien de solides et jeunes gaillards, se sentant mourir, ne réclamaient leurs mamans jusqu’à leurs derniers souffles ? Si elle n’était pas à sa première veillée funèbre en tant qu’épouse de médecin, et assistante de fait de son époux, elle en éprouvait une plus grande anxiété depuis leur premier et unique enfant, la petite Aude. Où était-elle donc fourrée ? Probablement en train de virevolter, avec son fameux sceau d’eau chaude ou de l’on ne sait quel ingrédient, embêtant son pauvre père et les patients.

La douce Aubrée cru apercevoir ce petit tourbillon de gentillesse et de curiosité enfantine se précipiter au chevet du frère de la pauvre Rosalie qu’elle consolait de son mieux. Telle mère telle fille après tout. Elle devinait déjà les innombrables questions, les plus indélicates et innocentes remarques, les compliments les plus maladroits que ce petit monstre haut comme trois pommes pouvait bien adresser au dénommé Eden. Et ce n’était probablement pas les onomatopées sourdes ou les regards vifs et agacés de son charmant Lothaire qui l’arrêterait.

Cette petite s’arrêterait pourtant. Dès la seconde où son père ouvrirait la bouche, lui réclamant on ne sait quel décoction de racine. L’enfant idolâtrait son père et c’était si réconfortant à voir, en un temps où la vie se montrait si sombre et si fragile.

-Et comment tu t’appelles ?

Cela n’avait pas tardé, voilà que sa prédiction se réalisait. La petite Aude allait se mettre à harceler de sa voix de souris ce brave Eden.

-Tu ferais mieux d’écouter, ma douce, chuchota la maternelle Aubrée, il y a là matière à s’amuser.

C’était là un plaisant spectacle, presque irréelle, pouvait-on supposer pour des réfugiés et des médecins ayant vu tant d’horreur en si peu de temps. Les réflexions maladroites et innocentes et drôles d’une môme, un jeune patient renouant avec son âme d’enfant, si absorbé à lui répondre, serait-ce là un spectacle suffisant pour adoucir les angoisses de Rosalie ? Aubrée l’espérait de tout son cœur.

Il fallait savoir ouvrir son cœur au moment opportun, pour profiter des accalmies de douceur, tout autant qu’il fallait savoir se constituer une carapace autour de son cœur.

•~•

17 octobre 1166
23h



La figure irréelle du guérisseur se détachait des ténèbres. Souligné par le reflet de la lune, sa grimace, ces rides, sa peau, le reflet de ces prunelles se devinaient dans la pénombre. Ces yeux gris bleu, si clair, semblable à de cette neige qui, après avoir fondu une première à la première éclaircie, durcit sous les assauts de l’hiver, plus dure, plus froide…

Que faisait-il donc à cette heure ? Il n’était certes pas encore minuit passé, mais par ces temps troublés, l’honnête homme prenait garde. Mais il n’était pas ce genre, il ne l’était plus. L’avait-il même été un jour ? Il ne le lui semblait guère. Sans doute rentré d’une de ces confidentielles et délicates consultations dont il avait le secret pour s’empêtrer, une histoire d’adultère peut-être, une histoire d’une passion interdite entre la fille d’une opulente héritière et d’un de ces jeunots du caniveau, dont le fruit devait être cueillie avec les soins d’un guérisseur réputé plutôt que d’une énième matriarche du voisinage pour être ensuite déposé sur les marches du Temple. A moins qu’il ne s’agisse d’une de ces sinistres infections, d’un aisé et syphilitique client de la haute bourgeoisie marchande ou des soins post-nataux d’une prêtresse aisée. Ces choses-là devaient s’évanouir dans les ténèbres.

La jeune femme était silencieuse. Adossée contre un mur, en pleine rue, elle semblait exténuée. Qui était-elle ? L’une de ces fleurs des rues qui poussaient sur le trottoir, abandonnée voir travaillant pour une peu scrupuleuse marâtre? Non, elle n’était apprêtée pour avoir l’air séduisante et elle tenait qui plus est une arme. Une épée ? Une milicienne alors ? Une mercenaire ? Une de ces reîtres qui proposaient leurs services au plus offrant ? Ou n’avait-elle pas été un de ces rats des rues, de ces contrebandiers ou de ces gredins qui s’affrontaient entre eux pour le contrôle d’une rue, d’un nouveau territoire où exercer leurs trafics secrets ? Tant de mystère, tant de possibilité se tenait à présent devant le rebouteux.

-Vous allez bien ?

Cela lui était venu spontanément. Nulle précaution, nul regard attentif porté sur les côtés comme il en avait l’habitude. Il n’en avait cure d’être surpris.

-Je suis guérisseur, mon cabinet n’est pas très loin d’ici. Je peux vous aider.

S’accroupissant à présent, il se retrouvait à la même hauteur que la mystérieuse jeune femme dont il n’arrivait qu’avec le plus grand mal à décrypter les traits du visage. Etait-elle effrayée ? Paniquée ? Menaçante ? La pénombre environnante lui dérobait cette information.
Mais pourquoi donc montrer une telle confiance, une telle familiarité avec une inconnue ? Il n’aurait sur le dire si on l’avait subitement questionné à ce sujet. Les Trois seuls voyaient clair à travers les tortueux fils de la Destinée.

Revenir en haut Aller en bas
RosalieMilicienne
Rosalie



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyMer 30 Sep 2020 - 0:28
- Vous allez bien?
 
La voix de la silhouette masculine face à elle confirme ses doutes. C'est bel et bien lui. Elle en est à présent certaine. Cela fait combien de temps qu'ils ne se sont pas vus? Depuis ce fameux jour, sans doute. C'est d'ailleurs peut-être pour cela qu'il ne l'a pas reconnu. Les traits de la jeune femme ont bien changé en l'espace de deux années : malgré le traumatisme des événements, la jeune Rosalie semblait à l'époque certes peu bavarde mais beaucoup plus vivante au côté de son frère. La personne adossée au mur est bien loin de tout cela.
 
Quelques secondes silencieuses sont passées. La reconnaissance du médecin a légèrement perturbé la jeune milicienne qui semble reprendre ses esprits lorsque la parole est reprise du côté de l'homme. 


- Je suis guérisseur, mon cabinet n'est pas très loin d'ici. Je peux vous aider.

La jeune femme cligne des yeux, idiotement bloquée face au guérisseur à présent accroupi. Elle perçoit à présent un peu plus les traits de son visage, bien que la nuit lui gâche encore une bonne partie de celui-ci. 

Elle aurait pu rester bloqué ainsi encore longtemps, à analyser chaque trait du visage de l'homme pour vérifier intérieurement si c'est bien celui qu'elle pense - au lieu de tout simplement lui demander son nom -. D'ailleurs, se souvient-il du sien? Après tout, en tant que guérisseur, il a du en voir passé des patients. Se rappelait-il d'elle? Ou peut-être de son frère? Elle en doutait franchement.

C'est dans un soupir face à cette réalité, qui la fit d'ailleurs grimacer lorsque son expiration lui offrit un tiraillement douloureux à sa côte, qu'elle reprit ses esprits. Avant de répondre, son regard semble quitter maladroitement Lothaire pour observer à droite et à gauche. Est-elle encore suivie? Elle ne ressent aucune présence, n'y voit aucune ombre suspecte dans cette rue vidée par la nuit. Elle répond donc négativement à sa propre question, en espérant intérieurement ne pas se tromper.

Si on en oublie les différents hématomes qui couvrent son visage fin ainsi que le cocard qui se dessine progressivement sur l'un de ses yeux bleus, son regard, aussi profond que vide, se pose à nouveau sur le guérisseur.

- Je vais bien.

Enfin une réponse ! Sa voix est assez basse, presque lasse de devoir se mettre au travail. Elle coupe le contact visuel en détournant les yeux à un point aléatoire dans l'horizon avant de soupirer pour la énième fois - et d'en grimacer, pour la énième fois également -. 

Elle finit par se redresser en s'aidant du mur et d'un de ses bras. La tâche semble loin d'être aisée, si on omet les grimaces qu'elle tire, son équilibre est perturbée par son manque d'appui sur sa jambe droite. Enfin, elle réussit malgré tout à se relever, laissant son dos s'adosser une seconde fois sur le mur afin de limiter ses efforts. 

- Ne vous embêtez pas, ce n'est rien. 

Son regard continue à fuir celui du guérisseur. Elle ne semble pas bouger d'un pouce, attendant sûrement que celui-ci passe son chemin avant de reprendre le sien. En réalité, beaucoup de questions lui trottent à la tête concernant son identité mais elle ne souhaite pas lui faire perdre son temps. Ce ne sont sans doute que des bleus, douloureux sur l'instant mais qui disparaitront d'ici quelques jours. Enfin, elle n'est pas médecin, mais peu importe, ce n'est rien qui justifie de lui faire perdre ce qui reste de sa soirée. 

La jeune femme ne peut malgré tout pas cacher le fait qu'elle soit mal à l'aise. Elle hésite, se torture l'esprit à essayer de confirmer son hypothèse toute seule, s'entête à ne pas vouloir lui poser la question. Mais qu'a-t-elle a perdre? Si ce n'est pas lui, tant pis ! Mais si c'est bien lui? Cela changera réellement quelque chose? 

- Vous êtes... Lothaire Ferbois? 

Si la nuit cache la misère de son visage, elle n'est pas assez sombre pour cacher la gêne qui apparaît sur le visage de la jeune femme. Son questionnement est stupide, presque indiscret à son goût. Qu'est-ce que ça peut lui faire, de qui il est, puisqu'elle vient de lui dire indirectement qu'elle ne souhaitait pas de son aide? Sa maladresse est donc affichée et la voilà bloquée avec, alors qu'elle aurait peut-être pu s'en sortir sans suite, si elle avait inhiber cette envie monstre de satisfaire sa curiosité. Soit. Maintenant que c'est fait... 

Son regard croise - enfin - à nouveau le sien, attendant sa réponse silencieusement...

Petite légende :
Violet : Rosalie 
Violet clair : Pensées de Rosalie
Jaune : Lothaire
Revenir en haut Aller en bas
Lothaire FerboisGuérisseur
Lothaire Ferbois



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyLun 5 Oct 2020 - 19:28
Octobre 1164
 
-Oh et tu sais fabriquer des épées ? Des armures ?

-Oh ! Oh ! Et tu as déjà été chevalier ?

-Bah oui, les chevaliers, c’est ceux qui portent des armures ?
 
Aude, ce délicieux petit pot de colle, assommait de questions et d’autres curiosités dont seuls les enfants avaient le secret. Elle semblait avoir prise d’admiration le jeune patient, ce qui devait en faire de belles vacances pour son brave paternel.
 

-Et Roslie, c’est ta fiancée alors ? Dis ? C’est ta femme ? Ton namoureuse ?
-Oh ?! fit-elle encore, c’est ta PETITE sœur ?!
 
Cette nouvelle perspective semblait grandement l’amuser.
 
-Et donc tu ne vas pas te marier ?, interrogea-t-elle d’un air coquet le bien malheureux Eden qui ne devait s’attendre ni à un tel inquisitoire ni à une si petite inquisitrice.
 
Toute contente d’elle-même et de son franc-parler, la petite trépignait sur place.
 
-Oh petite Aude ! Mon ange, mais que t’ai-je dit ?, gronda Lothaire Ferbois, revenant de sa réserve avec quelques bocaux. Arrête d’embêter mes patients enfin, excusez Lowens. Aubrée, ma douce, tu viens bien coucher la petite ?
 
Celle-ci, sans un mot, ouvrit les bras pour accueillir sa petite poupée aux cheveux couleur de paille.
 
-Aude, allez viens par ici, ma petite chérie. Allez viens oui, voilà, petite polissonne. Tu viens dire bonjour à Rosalie ? Oui, voilà.
 
-Mais maman, tu as entendue ? Dis ? Dis ? Rosalie et Eden sont frères et sœurs, tu as vu, tu as vu ? Comme m…
 
Aubrée, d’un geste, attrapa par la taille l’enfant, avec un petit rire nerveux. La tenant un instant dans ces bras, la fixant avec un beau sourire maternelle, elle finit par la caler promptement sur les genoux de Rosalie, qui n’en demandait probablement pas tant. Le petit garnement n’eut pas le temps d’achever sa phrase.
 
-Allons, allons, allez viens, c’est l’heure d’aller se coucher, tu n’as pas entendue ton père ? Et toi Rosalie, tu viens bien m’aider à la coucher ?
 
Aubrée n’avait rien raté du précédent spectacle.  Elle avait savourée ce fugace instant de bonheur, cette petite bulle de calme et de tranquillité, et elle souhaitant le partager avec cette brave jouvencelle. Elle souhaitait, mais non avec des mots, lui faire vivre l’espoir, cette satisfaction que l’on devait éprouver en passant du temps avec nos proches. Il fallait les chérir autant que l’on pouvait, garder en mémoire leurs souvenirs passés, oui, Aubrée en était sûre, on tenait là l’une des clés du bonheur sur Terre.
 
 
 
~•
 

 17 octobre 1166
 

23h
 
S’il était bel et bien Lothaire Ferbois ? La question, si soudainement posée, décontenançait le rebouteux. Le connaissait-elle donc ? Ou était-ce seulement sa réputation qui le dépassait ? Non, non, elle devait probablement être une ancienne patiente, peut-être l’une de ces miséreuses du Temple qu’il avait dû ennuyer avec ces inlassables questions sur le Fange.

-Effectivement, c’est bien moi, dit-il simplement. Guérisseur de mon état.

Il l’avait déjà rencontré, c’était la seule chose dont il pouvait être sûr. Mais où ?
Il se proposait de la guider jusqu’à chez lui, dans son cabinet, proposant son bras ou son épaule à la jeune femme au souffle court et rauque. Il commençait déjà à se rafraîchir et déjà les chaleurs de l’été n’étaient plus qu’un lointain souvenir. Bien évidemment, le plus vite serait le mieux, Ferbois en avait déjà assez des ragots de lavandières qui courraient sur lui, se faire surprendre à presque minuit, ramenant une jeune femme qui avait la moitié de son âge, toute titubante, dans son cabinet, n’était probablement pas la meilleure publicité pour son cabinet.
 
La douce chaleur de son chez-soi avait toujours eu quelque chose de revigorant pour Lothaire. Pénétrant dans son cabinet, situé au rez-de-chaussée de son habitat, il invitait l’inconnue à s’y reposer. Personne ne méritait de passer la nuit à zigzaguer à travers les ruelles, la jambe boiteuse et la paupière bientôt tuméfiée.
 
-Vous voulez peut-être boire quelque chose ?, proposa le médecin en se levant pour chercher de quoi se restaurer. Une infusion relaxante ? Du cidre ? Je dois avoir aussi quelque chose à grignoter, vous excuserez la pagaille.
 
Un parallèle s’établissait entre ces deux figures, solitaires et introvertis, là quelque part, au chaud d’une des bourgeoises masures. Etait-ce donc la douleur, l’apathie, la désorientation dû aux pertes respectives de ces deux écorchés vifs qui les avaient conduits, cette nuitée-là, à se rencontrer ? Ou devait-on en imputer la responsabilité aux habiles doigts des Trois, qui tissent et dénoue la grande toile des Destinées ?
 
Là, oui, là à présent, en l’examinant de pied en cap de son œil formé à ces choses ci, il la reconnaissait. C’était le même regard, les mêmes prunelles, le guérisseur pouvait sentir pulser à travers ces vaisseaux, cette mélancolie, cette bile noire comme le jais qui corrompait l’harmonie des corps et des esprits. Cette petite aussi en avait dû en traverses des choses…
 
-Eden ?
 
Cela lui avait échappé, tel un moineau n’attendant que de voir sa cage être ouverte par quelque marmot pour détaler. Mais c’était pourtant la plus évidente des réponses que lui soufflèrent quelques démons nichés dans les méandres brumeux de son esprit. Ces pommettes taillées, ces joues, ce front, ce teint de peau, ces prunelles et ces paupières, ce menton encore, bien que moins prononcé bien évidemment. Cette jouvencelle était le portrait fait femme de son ancien patient, disparu il y a déjà une bonne année.
 
-Non, non, pardon, mais je me souviens de vous à présent. Rosine ? Roseline, c’est ça ? Vous êtes bien la sœur d’Eden Lowens ?
Revenir en haut Aller en bas
RosalieMilicienne
Rosalie



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptySam 10 Oct 2020 - 0:53
-Oh et tu sais fabriquer des épées ? Des armures ?
- Plus ou moins oui !
- Oh ! Oh ! Et tu as déjà été chevalier ?
- Ahahah, oh non loin de là !
- Bah oui, les chevaliers, c’est ceux qui portent des armures ?
- Eh bien je suis celui qui fabrique les armures de ces fameux chevaliers !

La petite enchaîne de questions le pauvre Eden, coincé à l’endroit où son guérisseur lui a ordonné de rester. Cependant, il semble s’amuser de la situation. Beaucoup plus sociable que sa petite sœur, il a un grand sourire sur le visage, répondant aux questions de l’enfant avec vivacité, sans s’en plaindre.

-Et Rosalie, c’est ta fiancée alors ? Dis ? C’est ta femme ? Ton namoureuse ?
- C’est ma petite sœur !
- Oh ?! C’est ta PETITE sœur ?!

Tandis que le frère répond à cette question en ne pouvant s’empêcher de rire à sa réaction, Rosalie elle semble extrêmement gênée par la situation. La petite est invasive et les questions indiscrètes. Elle observe la scène, non pas par amusement, mais pour surveiller le moindre fait et geste pouvant être néfaste pour l’unique personne qui l’importe dans cette pièce.

-Et donc tu ne vas pas te marier ?

Eden ria pour la énième fois à la curiosité de la petite Aude tandis que Rosalie exprima un léger soupire avant l’arrivée de Lothaire qui vient couper l’interrogatoire – enfin -.

Mais c’est en l’espace de quelques minutes d’inattention, tandis que son regard fixe les soins prodigués à Eden qu’elle se retrouve avec… Aude sur les genoux. Rosalie manque de sursauter, s’étonne, observant l’enfant sans savoir réellement quoi faire. Pourquoi est-elle ici ? et surtout, qu’est-ce qu’elle doit faire ? Elle tient toute seule ? Pas besoin de la tenir. Si ?

Et c’est ainsi qu’elle fut impliquer dans le coucher de la petite diablesse. La brunette est sceptique, non pas qu’elle n’a pas vraiment d’intérêt pour l’activité proposée, mais elle n’aura plus dans son champ de vision son frère. Et c’est cette idée qui la garde assise sur sa chaise, quelques secondes, avant que la voix du concerné ne retentisse.

-Va, Rosie. Je t’attend ici !

Et c’est dans un bref moment d’hésitation que la brune se redresse afin de suivre Aubrée dans son activité maternelle, vivant un moment de tendresse familial qu’elle n’avait pas vécu depuis longtemps.


•~•

 
Cette hésitation avant d’agir, elle semble l’avoir gardé avec les années. De cette même hésitation, elle prit son temps avant de finalement récupérer le bras proposé en guise d’aide pour marcher jusqu’au cabinet désigné, se résignant à se faire souffrir davantage.

L’arrivée dans le cabinet fut silencieuse pour la jeune femme. Elle observe l’endroit chaleureux qui s’offre à elle, balayant la pièce dans laquelle elle s’immobilise du regard. L’ambiance familière la perturbe, tout autant que le guérisseur en lui-même, qu’elle fixe involontairement à plusieurs reprises. C’est bel et bien lui. En réalité, a-t-il beaucoup changé depuis le temps ? Confuse, troublée par la situation, elle ne saurait répondre à la question, focalisée sur les traits principaux de son visage qu’elle pourrait reconnaître à présent entre mille.

-Vous voulez peut-être boire quelque chose ? Une infusion relaxante ? Du cidre ? Je dois avoir quelque chose à grignoter, vous excuserez la pagaille.

Confusion – ou plutôt inattention – qui laissa quelques millisecondes silencieuses entre la question du médecin et la réponse de la patiente. Elle secoue doucement la tête, après s’être rendu compte qu’on lui adressait la parole.

-Mh… Une infusion me convient. Merci...

Chaque mot qui sort d’entre ses lèvres s’est frayé un chemin dans la boule de stress qui lui serre la gorge. Sa voix est dérangée par celle-ci : frêle, loin d’être assurée. Il ne la reconnait toujours pas… et c’est peut-être mieux ainsi.

C’est dans un soupir interne à cette triste pensée que son regard se redresse subitement au nom inattendu qui résonne dans la pièce.

-Eden ?

Si la fameuse boule d’angoisse ne l’étouffe pas encore, son rythme cardiaque lui s’accélère subitement dans la surprise. Le nom est lâché subitement, brisant l'atmosphère autour d'eux. Ses yeux bleus fixent le guérisseur, bégayant le peu de syllabes qu’elle réussit à exprimer. 

-Je… Excusez moi ?
-Non, non, pardon, mais je me souviens de vous à présent. Rosine ? Roseline, c’est ça ? Vous êtes bien la sœur d’Eden Lowens ?

Les yeux quittent le propriétaire de l’interrogation, venant se déposer sur ses mains jointent contre et devant elle. Sa tête s’abaisse donc, quelques secondes, avant de la redresser à nouveau, fuyant le regard du guérisseur.

-Oui… je suis sa sœur. Rosalie.

Le changement de sujet est une envie puissante à l’heure actuelle. Elle n’a pas envie qu’il lui pose mille et une question, sur sa vie, sur leur vie. Elle n’a pas envie d’exprimer à nouveau sa disparition à une personne qu’elle ne connait pas familièrement. Elle n’a tout simplement pas envie de se retrouver, à nouveau, dans cette situation plus que désagréable.

Alors, c’est en observant autour d’elle qu’elle se rappela du moment passé avec Lothaire et sa famille. Elle se rappelle de la curiosité fatiguante de l’enfant, de la douceur maternelle de la femme, du professionnalisme de Ferbois. Elle se rappelle des sentiments qu’elle a ressenti, des sourires reçus et observés, des inquiétudes fondées ou infondées. Et surtout des milles et une question de la petite Aude. Elle doit avoir grandi. Est-elle toujours aussi curieuse ? Et surtout, Aubrée lui avait annoncé discrètement sa grossesse lors de cette fameuse visite. Elle a du accouché depuis. Comment se porte-t-elle ? Et le nouveau-né ?

-Comment... Comment vont Aubrée et les enfants ?

Cela devrait suffire à dériver le sujet, non ?


Petite légende :
Violet : Rosalie 
Violet clair : Pensées de Rosalie
Jaune : Lothaire
Jaune claire : Aude
Violine : Eden
Revenir en haut Aller en bas
Lothaire FerboisGuérisseur
Lothaire Ferbois



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyLun 9 Nov 2020 - 23:05
Octobre 1164

Les trois bonnes femmes montèrent pas à pas l’escalier joignant le rez-de-chaussée aux chambres de l’étage. Peut-être était-ce par effet de contraste avec l’atmosphère de fin du monde qui semblait luire dehors, mais la chaleur de ce foyer réchauffait les cœurs.

L’enfant, quant à elle, ne semblait pas pour autant décidée à s’endormir. Ce petit éclair faite fillotte continuait les mêmes familiarités avec la sœur. Elle n’avait jamais eu de grande sœur, pas plus que de voisine un peu plus âgée pour lui tenir compagnie. Les quelques amies qu’elle comptait, des enfants d’amis du couple, devaient avoir son âge ou approchant. Lothaire et Aubrée avaient bien parlés une fois d’engager une petite bonne à tout faire pour les aider dans les corvées de la maison et garder la petiote lorsque cela s’avérait nécessaire, mais avec la crise actuelle, c’était compliqué.

Alors Aude profitait de la présence de Rosalie. Qu’était-ce de vivre en dehors des imposants murs de Marbrume ? N’était-elle pas courageuse de vivre là, sous les arbres, parmi les loups, les ours, les brigands, les fantômes, les feu follets et autres démons ? On racontait que certains farfadets croquaient les orteils des enfants désobéissants qui se perdaient en forêt, quand les hideuses sorcières n’en faisaient pas de la tourte et de la bonne soupette pour leurs rares chicots. 

Elle poursuivait le récit de ces histoires étranges, de ces légendes et de ces contes sur ce petit peuple de la forêt. Et elle, la si gentille et si réservée Rosalie, n’en connaissez –t-elle pas des histoires ? Ne pouvait-elle donc pas lui en raconter ? Allez, juste une petite histoire, la pressait la tendre Aude du haut de ces dents de lait. La jeune femme céderait-elle ? Aubrée se tenait là, à l’embrasure de la porte, les observant d’un regard attendri. Si besoin était, elle suppléerait à la jeune femme dans cette tâche. Mais qu’importe au final car peu à peu, ces paupières se firent lourdes, si lourdes qu’elle sombra dans un paisible sommeil.

•~•

17 octobre 1166

Cela faisait bien longtemps que le prénom de sa mie n’avait été prononcé entre ces murs.

-Aubrée, se murmura-t-il d’un air distrait. Il y avait quelque chose d’étrange à entendre ce nom.

Aubrée encore, lui qui pourtant qui cultivait ces inextricables logorrhées cérébrales à son sujet bien avant son sommeil. C’était là sa pénitence, sa punition, ces nuits arides privées de repos. Il n’était alors plus qu’une âme en peine, guère différent de la goule en substance. Le fragile équilibre se désagrégeait. 

 Il avait une image qui se gravait, là quelque part, au fond de son âme. Une pièce sombre, une cave sans doute, un tonnelet dont le robinet laissait s’échapper un liquide sombre, bien trop visqueux pour être de la poix. Cela tombait, goutte à goutte, se diluant peu à peu dans le verre d’eau situé en dessous du robinet. Cette si fluide poix, c’était sa bile noire, son atrabile, affluant à travers ces veines. La mélancolie le prenait d’un coup, il se sentait presque étourdi mais il tient bon. Cela faisait déjà trop longtemps qu’il avait appris à s’accoutumer à cette douleur sourde.

Le rebouteux ne fit point attention pourtant à l’infusion qui glissait de ces mains.

-Ah, c’est chaud, siffla-t-il en s’accroupissant, épongeant la chaude boisson avec un chiffon. Tenez, prenez cet autre verre plutôt, je vais m’en prendre un.

Ferbois se servit, puis s’asseyais, silencieux, près de la jeune femme. Il fixait le mur, évitant son regard. Soupir.

-Vous ne les verrez pas, Rosalie… Elles…elles ne sont plus.

Ces longs doigts agiles serraient son verre. Cela lui était venu en à peine deux phrases. Deux longues années résumées en deux phrases. Il s’en étonnait presque.

-Eden… J’imagine que les chances que je recroise mon ancien patient sont nuls également ?

Un bon garçon, cet Eden. Il avait eu l’occasion de le suivre quelques temps, avant sa soudaine disparition. Impossible de mettre la main sur lui, mais il n’était pas le seul dans ce cas. Les gens disparaissent, c’était ainsi. Toutes les certitudes que l’on tenait pour acquises avaient été basculé par la Fange. C’était bien pour rétablir cet équilibre qu’il s’était lancé dans de si obscures recherches.

-Vraiment désolé, demoiselle Rosalie. On dirait bien que ce n’était définitivement pas votre jour de chance.

Cette petite devait en avoir vu des pas mal, non plus. Les ecchymoses ne devraient pas tarder à se former, attestant de son agression. Mais qui diable l’avait-donc agressé ? Quelques soulards sans doute.

- Ne vous inquiétez pas, vous pouvez rester ici pour la nuit.
Revenir en haut Aller en bas
RosalieMilicienne
Rosalie



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyVen 20 Nov 2020 - 23:40
Octobre 1164


Les voici dans la chambre de l'enfant. Rosalie est assise, aux côtés de l'enfant couchée. Son regard se dépose d'abord sur la pièce, qu'elle observe et analyse, avant de venir regarder l'hyperactive. Comment fait-elle pour ne pas s'épuiser ? 

Et là, l'interrogatoire ! Les questions fusent, remplie de magie enfantine, de croyances naïve et de curiosité hors du commun. Rosalie soupire légèrement mais plus les questions s'enchaînent, plus la brune se prend au jeu. Son esprit est petit à petit totalement envoûté par la petite, changeant ses questionnements internes sur l'état d'Eden. 

Elle se met donc à lui répondre, au début brièvement, puis petit à petit entrant dans le jeu de la curiosité d'Aude. Elle écoute les rumeurs qui l'intriguent, offre la vérité sur les personnes vivant en dehors des murs : elle lui décrit son village en commençant par son propre foyer, sa mère et ses balades pour trouver de belles fleurs qui pouvait guérissent, son père qui fabriquait de belles épées mais aussi des petites statuettes rigolotes. Puis elle vient décrire l'ambiance amicale de son village, ses après-midi à s'amuser avec d'autres enfants quand elle était jeune, puis les activités pour apprendre à coudre qu'elle réalisait par exemple. La silencieuse Rosalie devient petit à petit aussi bavarde que la joviale Aude.

Voilà le moment de raconter des histoires. En connaissait-elle? Rosalie se permet une seconde de réflexion, cherchant dans sa mémoire un conte apprécié par la jeune femme quand elle était petite. Finalement oui, elle en a une. Une que sa mère adorait raconter et qu'Eden ainsi que Rosalie adorait écouter. 

Elle commença donc à raconter qu'un jour, les oiseaux possédaient des ailes mais ne savaient pas voler. Le vent s'installa, et dans un hasard, en redressant leurs ailes, un couple d'oiseau fit emporter par le vent. Cependant, ils ne volèrent pas d'eux même et dès que le vent cessa, les oiseaux retombèrent au sol. Mais cette sensation de liberté qui s'est offert à eux les marqua. Ils se mirent à se questionner et à être triste de ne pas réussir à reproduire plus longtemps ce qu'ils ont vécu précédemment. Un jour, l'un d'entre eux se dirigea complètement paniqué vers son binôme. "J'ai trouvé j'ai trouvé!" cria-t-il. L'autre interloqué, le laissa continuer. "Ce qu'il nous faut, c'est un vent plus puissant !". Alors, sur cette idée là, le jeune couple monta en haut d'une grande montagne, où les vents sont très puissants mais aussi très dangereux. Beaucoup de leur congénère les supplia d'arrêter, de ne pas tenter, que c'était de la folie, qu'ils n'y arriveront jamais. Une fois au sommet, les deux oiseaux se regardèrent, hésitant. N'avaient-ils pas raison? S'ils ne savent pas voler, n'était-ce pas pour une bonne raison? Mais c'est grâce à un regard et aux mots d'un des oiseaux, demandant à sa bien aimée de lui faire confiance et qu'ensemble, eux, ils y arriveront, que l'hésitation disparu en un instant. Alors, le cœur entrelacé, les deux oiseaux sautèrent dans le vide en déployant leurs ailes... et ils se mirent à voler. Tous les oiseaux se demandèrent comment ils avaient réussi, ravis de leur découverte ! Mais si les autres oiseaux pensèrent pendant un temps que, pour voler, il fallait absolument un vent puissant, le magnifique couple avait compris, eux, qu'en réalité, il suffisait d'assez courage et d'amour pour croire en soi et en l'autre, afin de réaliser les idées les plus ambitieuses voir même l'impossible aux yeux de tous. 

Le conte terminé, Rosalie déposa son regard sur l'enfant... à présent endormie. Qu'a-t-elle entendu? Elle n'en savait rien, mais la nostalgie du moment laissa à la jeune femme un léger sourire, affiché sur son visage attristé.


•~• 


17 octobre 1166

Rosalie attendit la réponse de Lothaire à sa question. Ses sourcils se froncèrent, remarquant son inactivité et son silence au sous-entendu forcément négatif. Elle soupire... Elles aussi ? La fange n'épargnait finalement personne, pas même les enfants. En réalité, Rosalie le savait déjà depuis longtemps, mais la réalité de la situation rendit cette évidence beaucoup plus - trop - présente.

Elle le laissa lui offrir son verre, suivant du regard ses faits et gestes. Il s'est brûlé par son inattention, causée par sa question. Elle ne préfère pas le brusquer, lui laissant le choix de répondre ou non, de la laisser dans le doute ou pas, laissant l'hypothèse trainé que la sensibilité du sujet ne présageait rien de bon.

Finalement, il s'assit enfin. Le silence se brisa, par des mots brisant l'atmosphère dans une violence sans faille. Peut-être aurait-elle préféré le silence...

Vous ne les verrez pas, Rosalie… Elles…elles ne sont plus.

La milicienne abaissa ses yeux sur son verre, observant le liquide l'espace d'un instant.

- Je suis désolée.

Les souvenirs de la douceur d'Aubrée et de l'énergique Aude remontèrent quelque peu à la surface, durant quelques secondes. Elle se remémora ce jour, où Lothaire s'était occupé de son frère blessé, où Aude posait mille et une question jusqu'à amener la silencieuse Rosalie à lui raconter un de ses contes préférés, lorsque Aubrée l'invita à la suite dans la chambre pour enfant. Elle se rappelait de cette famille, qui semblait si épanouit, heureuse à première vue, et l'idée que la fange ait arraché à cette homme les femmes de sa vie laissa un goût amer dans la gorge de Lowens, celle-ci se serrant désagréablement.

-Eden… J’imagine que les chances que je recroise mon ancien patient sont nuls également ?

Elle secoua doucement la tête, de gauche à droite. Les mots sont aussi brusques qu'une dague planté dans une plaie encore ouverte. Elle laissa son index suivre doucement le contour du bord du récipient face à elle, ses traits s'affaissant pour afficher une mine attristée. Elle prit une grande respiration avant de précision.

- Pas nul... non. Il a disparu lors d'une mission. 

La jeune femme garde cet espoir, sans doute insencé, irréaliste, d'un jour le retrouver. Alors non, les chances ne sont pas nuls. Peut-être qu'un jour, Eden Lowens reviendra dans la ville, sain et sauf. Peut-être. Elle y croyait et c'était la raison principale de son engagement dans la milice extérieure : si Eden ne revenait pas de lui-même, alors elle viendrait à lui. 



-Vraiment désolé, demoiselle Rosalie. On dirait bien que ce n’était définitivement pas votre jour de chance. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez rester ici pour la nuit.

Elle redresse doucement son regard, venant acquiescer sa dernière phrase. Elle ne se sent plus en sécurité ses derniers temps, plus assez pour revenir au dortoir ce soir. Elle se sent malgré tout gênée, ayant l'impression de profiter de l'hospitalité de Ferbois, qu'elle ne connait finalement pas vraiment. Mais ce dont elle est sûre, c'est qu'elle est sûrement plus en sécurité ici que dans la caserne pour le moment. 

- Merci beaucoup.

Le silence s'installe à nouveau, laissant à Rosalie l'occasion de boire quelques gorgés de son infusion. Elle grimaça quelque peu, sentant que les gestes devenaient petit à petit de plus en plus douloureux, suivant l'évolution des hématomes qui apparaissaient petit à petit sur le corps de la jeune femme : sa cuisse droite, au niveau de ses côtes gauches et coquard se forme petit à petit à son œil droit. Elle finit par abandonner l'idée de continuer de boire l'infusion pour l'instant, se laissant s'adosser sur le dossier de la chaise afin d'adopter une position moins désagréables et discrètement étendre sa jambe blessée. Elle soupira, observant la pièce un peu plus en détail à nouveau avant de revenir sur le médecin.

- Je pars prochainement. Pour le Labret. Je reviendrai à Marbrume, lorsque je le pourrais, bien sûr, mais... 

Pouvait-elle le promettre? Pas vraiment. De plus, le changement de sujet était plutôt radical et elle-même ne comprenait pas spécialement pourquoi elle en parlait, là, maintenant. Elle abaissa son regard, fatigué par sa journée et sa nuit, avant de reprendre.

- Je suis contente de vous avoir revu. Après tout ce temps. 

En espérant que ça ne soit pas la dernière fois...




Petite légende :
Violet : Rosalie 
Violet clair : Pensées de Rosalie
Jaune : Lothaire
Revenir en haut Aller en bas
Lothaire FerboisGuérisseur
Lothaire Ferbois



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyJeu 3 Déc 2020 - 15:17
Octobre 1164
Tant de sentiments si forts avait dû bousculer l’esprit de cette jeune femme. De la souffrance, du désespoir, de la culpabilité peut-être, une affligeante tristesse… Aubrée s’était tout de suite sentie comme une affection particulière pour cette petite-là. Et voir naître ce petit sourire, cette petite touche d’espoir, sur le visage de Rosalie lui procurait une grande joie. Peut-être même un léger sentiment de fierté. Elle ne la connaissait guère pourtant mais de cela, elle s’en fichait.

-C’était un très beau conte, dit-t-elle d’un de ces sourires solaires qui semblaient dissiper jusqu’aux orages eux-mêmes.

Presque par instinct, ou peut-être était-ce juste la vision de cette scène d’une si grande douceur, elle avait les deux mains joints au-dessus de son ventre d’un geste maternel. Bientôt, un nouvel enfant naîtrait et apporterait une nouvelle lumière à son petit foyer. Les malheurs, les incessantes inquiétudes, les désagréments de la grossesse, ces dangers même, tout cela ne comptait plus à ces yeux ce soir. La vision d’une enfant dormant les poings fermés aurait pu attendrir le cœur du plus noir des gredins de cette cité.
-Je pense qu’on peut la laisser se reposer à présent.

Prenant le temps d’ajuster une dernière la couverture qui recouvrait la petite, la douce mère déposait un affectueux baiser sur le front de son enfant. Ce petit caneton passerait une agréable nuit, bercée de rêves sur de gracieuses hirondelles, d’agiles martinets et de vifs pinsons. C’était bien d’espoir et de courage dont on avait tous besoin en ces temps d’incertitudes.

-Dors, petit ange, dors…, chuchota Aubrée.

Refermant avec précaution la porte de la chambre, ces mesdames marchèrent dans le couloir pour rejoindre ces messieurs. Peut-être la jeune femme s’en doutait à présent, ou peut-être, mais la confession que la maîtresse de maison s’apprêtait à lui faire semblait nécessaire.

-Je ne sais pas si vous l’avez déjà devinée, mais j’attends un autre enfant, déclara-t-elle avec toujours ce sourire si charmeur, non sans fierté. J’ai emmené cette petite pie se coucher pour éviter qu’elle ne vende la mèche à son père. Je n’ose pas imaginer sa surprise de mon Lothaire d’ailleurs, conclu-t-elle d’un petit rire élégant. Je le vois déjà paniquer et s’agiter dans tous les sens.

Descendant marche par marche l’escalier, elle poursuivit.

-Gardez espoir, vous êtes encore jeune et vous avez encore votre frère auprès de vous. Les Trois veillent sur vous.

Son timbre de voix se voulait inspirant. Rien ne devait empêcher d’espérer des journées plus radieuses, surtout en des temps aussi incertains.

-Vous avez encore tout le temps pour vous relever, Rosalie. Ne désespérez point, surtout.

Retrouvant enfin leurs hommes, celles-ci s’échangèrent encore quelque d’encouragements respectifs.
 
 •~•

17 octobre 1166

La douce Rosalie ne pût se retenir de soupirer à l’annonce de la mort des deux femmes de la vie du guérisseur. Satané mal, cela ne s’arrêterait donc jamais ? L’on viendrait à désespérer de la Miséricorde des Trois. L’enfant même pouvait être victime des pires vicissitudes. L’innocence et la promesse de jours meilleurs ne suffisaient guère pour être à l’abri.

Ces traits s’affaissèrent davantage lorsqu’elle dû  expliquer la disparition d’Eden. Lothaire ne pouvait qu’imaginer, l’incertitude doit être plus perverse encore. L’espoir, voilà de quoi rendre fou n’importe qui. Une vraie torture.

Il ne pouvait pas réellement se le figurer, mais il essayait quand même. Et s’il y avait une possibilité qu’Aude ou Aubrée ait survécu ? Et si cela était vrai ? Et s’il n’avait pas eu à les faire enterrer ? Et si elles avaient juste… disparues ? Tant de tourments, tant de questions sans réponse… Sans avoir cette ultime certitude de leurs trépas, elles seraient alors restés dans un entre-deux, ni tout à fait morte, ni tout à faites vivantes. Tel étaient d’ailleurs l’empreinte qu’imprimer les disparus dans les cœurs, c’était des fantômes hantant les vivants de leurs souvenirs.

Voici que la jeune femme acquiesçait quant au fait de passer la nuit ici. Au moins, cela ferait une source d’inquiétude de moins pour Lothaire. Laisser une personne blessée, qu’il avait brièvement connu dans le passé, comme ça, il en aurait de toute façon été hors de question. Rosalie poursuivait sur le fait qu’elle comptait partir pour le Labret, peut-être comme l’une des paysannes à qui l’on offrait des terres ou encore à l’une des femmes miliciennes que l’on pouvait aussi bien envoyer surveiller les rues que combattre la Fange là dehors. Mais, parce qu’il y avait un mais qu’elle le reverrait probablement, avant de s’interrompre devant tant de… De quoi d’ailleurs ? Qu’est-ce qui la poussait donc à vouloir le revoir ? Un souffle de nostalgie envers une famille  dont le souvenir lui avait été bénéfique ?  

-Cela serait un vrai plaisir de vous revoir passer ici, fit Lothaire, laissant signifier que ce sentiment était réciproque.

Le silence s’en suivit.

Le guérisseur but une gorgée de sa tisane relaxante. Pas mauvaise… Le soupir s’échappa de lui-même de ces fines lèvres. Le veuf revoyait son enfant sautiller partout, poser mille et une questions encore et encore, il s’en serait presque vexé si cette tendre petite bouille ne le faisait pas fondre. Un véritable petit angelot. Que pensait donc son invitée ? Etait-elle également hantée par le spectre de son frère aîné ?

-N’y pensez plus, Rosalie. On n’obtient rien de bon à entretenir d’aussi sombres pensées, émit le guérisseur sur ce même ton monocorde dont il se servait pour délivrer ces prescriptions.

Ces propres encouragements lui semblaient maladroits, mais Ferbois n’avait guère d’autres mots qui lui venaient. Non, bien plus que celà, l'on percevait un petit quelque chose de noué dans sa voix.

-Laissez aux Trois la destinée de votre frère et vivez enfin votre vie propre. Vous êtes encore jeune, et vous avez probablement d’autres sources d’inquiétude plus pressante de ce que je vois. Je sais, croyez-moi, je le sais que ce genre d’encouragement peut vous sembler peu adapter à votre particulière situation mais vraiment, apprenez juste à lâcher du lest.

Levant sa tasse une dernière fois, Lothaire finissait sa tisane. A défaut de l’avoir détendu, elle l’avait rendu loquace. Non, c’était juste cette vision d’une personne qu’il avait connu jadis et qui empruntait la même voie de désespoir et de frustration qui le poussait à vouloir l’aider. S’il avait sombré dans la solitude, la mélancolie et l’obsession pour une quête impossible, il n’était pas encore trop tard pour lui. Et s’il n’était pas trop tard pour lui, cette jeune femme n’était pas plus condamnée à cette vie qui n’en était pas une.

Le veuf revoyait son épouse, ces boucles d’or et de blé, son sourire, mais surtout, il se souvenait à présent de son indéfectible confiance en l’avenir. Comment avait-il oublié cette conviction profonde qui animait son Aubrée ? De cette foi contagieuse en un futur meilleur ? C’était de pareilles choses qui auraient dû être cultivé par son esprit, et non de mornes rêveries mélancoliques. Ils étaient vivants, lui Lothaire Ferbois et Rosalie, ils avaient au moins cette certitude dans ce monde dont toutes les certitudes, y compris la mort, semblait se déliter. De ça au moins, ils en étaient sûrs et … c’était déjà plus que suffisant comme constat pour ne pas abandonner la lutte et y puiser la force de se lever chaque matin.
Revenir en haut Aller en bas
RosalieMilicienne
Rosalie



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] EmptyVen 1 Jan 2021 - 17:54
« Gardez espoir, vous êtes encore jeune et vous avez encore votre frère auprès de vous. Les Trois veillent sur vous. »

L’espoir. 


Ce concept impossible à catégoriser, faisant autant de bien que de mal. Telle une flamme où nous ne savons jamais si cela vaut le coup de se brûler pour la garder allumer. Pouvant être un cadeau aussi honnête qu’empoisonné.

Le frère et la sœur Lowens ont survécu, laissant derrière eux leur foyer, leur village, leur famille aux griffes des plus grands prédateurs de l’époque. Ils ont navigué sur cet océan de cauchemars, retrouvant après de nombreuses tempêtes, petit à petit, l’homéostasie qu’ils avaient perdue. Ensemble, ils se sont promis de se protéger l’un et l’autre de toutes ces horreurs, promesse visant à ne plus voir souffrir l’autre, à tenir bon, quoiqu’il en coûte. Une promesse qui était censé combattre toutes les difficultés mais qui était, sans doute, rempli d’un espoir irréaliste, la rendant irréalisable et beaucoup plus douloureuse une fois brisée.

La jeune femme est à présent seule sur ce bateau au beau milieu d’un océan dévastateur. Elle a perdu son capitaine, son navigateur, celui qui tenait la barre, la protégeait des ouragans et se dirigeait avec certitude vers une terre accueillant leur potentielle nouvelle vie en « sécurité ».

Elle s’est renfermée, se laissant guider au rythme des vagues avec pour seul objectif, non pas de réussir à atteindre cette fameuse terre, mais de retrouver le seul pilier du navire à ses yeux. Sans s’imaginer une seule seconde qu’en réalité, elle pourrait être capable de naviguer seule en prenant le temps de se reconstruire avec une toute nouvelle vision de la situation, non plus centrée sur un espoir néfaste, mais sur le bonheur qu’elle mérite, tout autant que tous.


•~•


Les deux mains de la jeune femme viennent encercler le récipient de l’infusion. Elle observe le liquide à l’intérieur, dansant dans le maigre espace qui lui est réservé. Elle laisse se noyer ses multiples pensées offertes par le contexte dans le tranquillisant naturel, plongeant totalement son attention dans ses songes le temps d’un instant.

-N’y pensez plus, Rosalie. On n’obtient rien de bon à entretenir d’aussi sombres pensées.

Les paroles de l’hôte viennent tirer Rosalie en dehors de son esprit. Comme s’il avait deviné, Ferbois avait visé juste en imaginant le contenu de ses pensées. Son frère hantait ses pensées, ses nuits comme ses journées. Elle est torturée par l’espoir insoutenable de le retrouver un jour, par cette envie devenue presque égoïste : si elle souhaite le retrouver parce qu’il est une personne précieuse à ses yeux, parce qu’il est le dernier lien de sang qu’elle possède dans ce monde, n’est-ce pas également parce qu’elle ne se sent pas capable de vivre sans lui ? Rendant cette quête à la fois sincère et désespérée, en se condamnant elle-même à cette vie sans vie…

-Laissez aux Trois la destinée de votre frère et vivez enfin votre vie propre. Vous êtes encore jeune, et vous avez probablement d’autres sources d’inquiétude plus pressante de ce que je vois. Je sais, croyez-moi, je le sais que ce genre d’encouragement peut vous sembler peu adapter à votre particulière situation mais vraiment, apprenez juste à lâcher du lest.

Le silence accueillit en premier lieu ces derniers dires. Elle comprend ce qu’il souhaite lui faire comprendre et elle aurait sans doute eu le même discours si quelqu’un d’autre était à sa place. Mais la raison n’est parfois pas aussi forte qu’on le croit, laissant la victoire aux sentiments qui eux ne prennent pas le temps d’évaluer les potentielles conséquences.

-Nous nous sommes promis de nous protéger. Quoiqu’il en coûte.

Elle amène lentement le liquide à présent refroidi à ses lèvres pour boire les quelques gorgées restantes de son infusion avant de continuer.

-S’il n’a pas pu revenir à Marbrume à mes côtés, c’est qu’il doit y avoir une raison. Mais... Il est vivant. Je le sais.

Un ressenti ? Ou une illusion devenu si forte et importante qu’elle en est devenue réelle ?

-C’est aimable à vous de vous inquiéter à mon égard, monsieur Ferbois. Mais ce n’est pas nécessaire. Je me suis engagée pour le retrouver et je ne l’abandonnerai pas.

Sans doute qu’Eden aurait fait la même chose pour elle… enfin, qui sait ?

-Je tiendrai ma promesse.

Quitte à en payer le prix de sa vie.

Est-ce donc là, le réel pouvoir de l’espoir ?

•~•
18 octobre
8h


C'est donc sous une nouvelle matinée que Rosalie quitta le lieu d'hébergement temporaire pour retourner à la caserne récupérer ses affaires avant son grand départ. 

Traversant la porte en grimaçant de l'éblouissement subit par la lumière du jour, la jeune femme se retourna afin de faire face à son hôte, ou plutôt à sa connaissance qu'elle a par grand hasard retrouvé la veille. 

- Prenez soin de vous, monsieur Ferbois. 

Elle accompagne ses dires avec un signe de tête, signe de remerciement, avec un visage aux traits allégés, qui pourrait sans doute accueillir habituellement un sourire, si la propriétaire de cette mine faciale n'était pas Rosalie Lowens.
 
En réalité, elle espère au fond d'elle que cette dernière soirée à Marbrume ne signe pas leurs adieux et qu'ils pourront, un jour, discuter à nouveau, dans de meilleures conditions et qui sait, peut-être, en compagnie de son ancien patient.



Petite légende :
Blanc : narration/chronologie
Violet : Rosalie 
Jaune : Aubrée
Bleu : Lothaire
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
MessageSujet: Re: Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]   Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Le sauveur d'antan [Feat. Lothaire Ferbois]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bourg-Levant :: La Hanse-
Sauter vers: