Un combat de champions

Le 12 décembre 1166 :

Et un de plus ! Ça c’est que j’appelle un échauffement ! Aujourd’hui, je me suis entraîné très durement, enchaînant les pompes, les tours de pistes et le tout en armure, bref, je suis dans une forme olympique ! Il va falloir que je sois au top si je veux vaincre le noble que j’ai rencontré lors du mariage d’Aymeric et d’Idalie, le fameux Jacob de Rivefière, celui que l’on indique comme étant le meilleur bretteur de Marbrume !

Il a une réputation d’invincibilité et je compte bien le faire descendre de son piédestal manu militari. Tout ce que j’ai à faire, c’est le vaincre, chose qui aurait été plus facile si j’avais été une femme, vu son attitude envers la gente féminine, même si je doute qu’il a pu coucher avec autant de femmes que moi, vu que la plupart étaient soit payé, soit, pas vraiment consentante.

Mais trêve de bon souvenir, je me rince à l’eau claire de la sueur accumulé durant mon entraînement pour faire bonne impression, j’aurai volontiers pris un bain au Balsamine, mais mes finances actuelles sont un peu justes et je préfère encore économiser un petit peu. Ainsi préparé, je pars en direction de la demeure de la famille des Rivefière et une fois arrivé devant, je ne peux m’empêcher de siffler d’admiration, comme le dernier des ruffians devant une belle demoiselle.

Je dois avouer que la bâtisse est magnifique avec ses colonnades en marbres, ses hautes fenêtres, l’écrin de verdure qui l’entoure me semble magnifique à moi, qui n’est jamais connu de parc comme celui qui se déroule sous mes yeux. Mes propres terres, c’était un village, un donjon en pierre sur une butte et c’est tout.

Assez impressionné, je frappe à la porte, espérant que l’on va me laisser entrer, ayant juste envoyé mon page la veille pour annoncer ma venue dans la matinée. Je vois que l’on ouvre la porte et je me présente immédiatement :

Je suis le chevalier Desmond de Rochemont, je suis attendu par le comte.

J’ai à ma ceinture un fourreau contenant mon épée à deux mains dans et je prends bien garde à ne pas mettre ma main sur la poignée pour ne pas paraitre agressif. Au-dessus de l’épaule de mon interlocuteur, je peux voir un blason composé de deux lames sur la partie supérieure et d’un gros oiseau sur la partie inférieure, que je n’arrive d’ailleurs pas à identifier, car j’ai toujours été nul en héraldique.

L'expérience avait permis à Margareth de ne rien laisser paraître de sa surprise, quand elle avait découvert Desmond derrière la porte d'entrée du manoir. Comme la plupart des domestiques affiliés à une maison noble, elle avait appris à taire ses points de vue et avis pour seulement se plier aux décisions de ses employeurs. Cette fois, cependant, elle devait bien se l'avouer en silence, le nouveau Comte de Rivefière avait placé la barre très haut. L'homme qui était venu se présenter au manoir tenait du colosse. Sa stature massive, ses épaules démesurément larges, ses bras et ses jambes semblables au tronc d'un chêne... Non, vraiment, Jacob n'avait pas la moindre chance de remporter un quelconque combat contre ce mastodonte. 

Malgré elle, son regard se porta sur l'arme que le Chevalier portait à la taille. Elle était immense, à l'image de son porteur... Terrifiante. La servante déglutit alors qu'un frisson voulait remonter le long de son échine. Desmond n'avait pas usurpé sa réputation. Il était cette montagne qu'on lui avait décrite le matin même, sur la petite place du marché. Le cerbère que le Comte de Rougelac employait comme son garde personnel. Un homme qui tenait plus de l'ours que de l'être humain... Une montagne.*

S'employant toutefois à chasser le malaise qui voulait s'emparer d'elle, Margareth s'inclina avec déférence. La maisonnée des Rivefière était connue pour son savoir-être et elle n'allait pas manquer à cette réputation en se laissant bêtement impressionner. Son sang-froid reconquis, la domestique se redressa pour inviter le noble à la suivre.

"Si Monseigneur veut bien se donner la peine... Sa Grandeur, Monsieur le Comte, l'attend dans les jardins."

Elle prit le temps de refermer derrière lui, avant de capter son regard. Posés sur la tenture qui représentait les armoiries de l'ancienne famille noble, les yeux de Desmond semblaient en détailler les armes. S'il était parfois difficile de lire dans l'esprit d'un nanti, Margareth n'eut aucun mal cette fois à saisir ce que les réflexions du chevalier avaient de teneur. Elle se força a sourire, avant d'incliner la tête comme pour signifier ou seulement rappeler son rôle. Elle était au service de la maison, mais également à celui de ses invités.

"Coupé d'argent aux épées croisées d'azur et d'azur à l'alcyon d'argent. En héraldique, l'épée figure comme l'emblème de la noblesse, du courage, de l'intrépidité et de la victoire. Dans le blason des Rivefière, elles sont au nombre de deux et se croisent. La famille a versé son sang pour le royaume à mainte reprise. C'est aussi un hommage à ceux qui sont tombés."

Elle marqua une pause pour esquisser un aimable sourire. Puis s'avança dans le couloir, attendant que Desmond lui emboîte le pas pour reprendre d'un ton académique.

"L'Alcyon, quant à lui, est symbole de paix et indique la confiance. Dans les armoiries familiales, il prend l'allure d'un cygne et peut donc être considéré comme un attribut seigneurial. Sa blancheur en fait le symbole de la sincérité, mais il est aussi connu pour sa grâce."

Elle guida ainsi le visiteur à travers les couloirs et corridors, et jusqu'aux jardins. Au moins et quelle que soit l'issue de la rencontre entre les deux combattants, Desmond pourrait se targuer d'être à présent meilleur en héraldique.

*:

C’est une servante qui m’ouvre et qui s’incline alors que je venais de me présenter, ce qui me fais très plaisir, cela fait bien longtemps que personne ne c’est adressé à moi avec une telle révérence. Elle m’informe que le comte m’attend, ce qui m'indique que mon page a bien accomplis sa mission, puis sans que j’en comprenne la raison, elle m’explique la signification du blason. Je l’écoute d’une oreille distraite, car je m’en fiche un peu, d’ailleurs, elle me fait penser à mes tuteurs quand j’étais petit qui me tapais sur les doigts avec une règle quand je me trompais et ce n’est pas un souvenir très agréable.

Je suis la domestique brune donc à travers le manoir qui est vraiment grand et j’arrive ainsi dans les jardins qui sont très beaux. Avant d’arriver à destination, j’indique à ma guide :

J’ai demandé à mon suivant, Milas, le même qui est venu annoncer me venue de venir avec une bonne bouteille, il ne devrait pas tarder à venir, pourriez-vous le mener jusqu’à moi ?

J’ai dépensé une bonne partie de ma solde pour acheter ce breuvage, j’espère qu’il sera au goût de mon hôte. En tout cas, je me demande vraiment ce qu’il fait dans les jardins, est-ce que par hasard, il pratique des plantations ? D’habitude, ce sont les femmes qui s’occupent de ce genre de chose et je serais grandement déçu si le noble s’occupait comme un manant de fleur ou de légumes. Ou une autre théorie, c’est qu’il a installé une grande arène avec tout le matériel nécessaire pour offrir un combat épique.

Finalement, ce n’est rien de tout cela, car je le trouve en tenue de combat, près d'un terrain d'entrainement, conversant avec un homme d’âge mur, à la barbe et aux cheveux couleur de neige et son visage me dit quelque chose, c’est pourquoi je m’approche et m’inclinant comme il sied à un chevalier qui s’adresse à un comte, je lui annonce :

Enchanté de vous revoir, comte.

Puis je m’adresse à son interlocuteur et je lui demande :

Pardonnez mon audace, mais êtes-vous le légendaire Hugues de Camaris ?

Je suis persuadé que c’est lui, ayant vu son art avant l’arrivé de la Fange lors de combat à Marbrume, ce type est une véritable légende vivante et je suis tout à fait honoré d’être en sa présence, vraiment Jacob connaît du beau monde et si le maître assiste à notre combat, je serais dix fois plus motivé !

Au regard qu'elle lui jeta, il était assez évident que Margareth n'avait pas pour habitude de recevoir d'ordre, sinon de ses employeurs. C'était d'ailleurs un fait connu et avéré dans la haute société. Les serviteurs et domestiques d'une maisonnée ne recevaient d'injonctions que celles provenant de leurs "maîtres". La demande du Chevalier, même polie, constituait donc un manquement évident à l'Étiquette. Une erreur manifeste qui témoignait de quelques lacunes dans ce que le chevalier s'efforçait de présenter comme bonnes manières. Cependant, la domestique admit qu'il serait plus impoli encore, de mettre la lumière sur ce qui ne pouvait être qu'un petit égarement. Elle inclina donc la tête pour acquiescer à la demande du noble et après l'avoir annoncé, s'en retourna à ses tâches.

Dans les jardins du manoir, Jacob avait pris le parti de ne rien changer aux installations récemment éprouvées par le froid hivernal. La terre battue avait durci au point de se craqueler. Les poteaux et autres renforts de bois avaient souffert du gel. Quant au mannequin d'entraînement - le fameux Roro - ce dernier penchait sa tête fatiguée d'avoir été frappée, jusqu'à presque toucher son ventre de paille. Le carré d'entraînement demeurait donc ce lieu insolitement planté au coeur des parterres autrefois fleuris. Il était rudimentaire dans sa conception, mais pratique. Spartiate, mais imaginé avec les yeux d'un maître d'armes accompli et dévoué à son art. Aussi et même s'il ne payait pas de mine, tout connaisseur savait y voir le pratique, l'utile et l'efficace.

« Monsieur de Rochemont, soyez le bienvenu. »

Inclinant la tête pour courtoisement saluer son invité, le Comte de Rivefière le remercia pour sa ponctualité. Il avait vêtu sa tenue d'entraînement, un gambison au cuir terni et marqué des stigmates d'anciens combats. La protection largement éprouvée n'en demeurait pas moins solide. Elle épousait le corps fin et sec du noble pour lui offrir une carapace défensive, sans pour autant sacrifier à son confort. Une manière de laisser ses mouvements fluides et permettre à son escrime de s'exprimer librement. Parce que Jacob était connu pour son panache, sa technique et la maîtrise avec laquelle il savait enchaîner les passes d'armes. Son style était décrit comme explosif et s'il ne pouvait se targuer d'un physique aussi imposant que celui du Chevalier qu'il allait affronter, il n'en demeurait pas moins bâti pour l'effort.

Une spécificité qu'il partageait finalement avec Hugues de Camaris. Son ancien maître d'armes, comme depuis toujours présent à ses côtés, était tout juste plus petit que son élève. Pour le reste et malgré son âge - avancé ou non selon la perspective accordée à ce détail - Hugues était taillé dans le même bois que son apprenti. Il lui avait d'ailleurs enseigné tout ce qu'il savait et restait persuadé d'avoir trouvé en Jacob son digne successeur. Il avait - d'après lui - un talent inné que son labeur et sa discipline n'avaient fait qu'exacerber. Alors si son "art" avait pu impressionné le Rochemont, Hugues se trouvait persuadé que celui du jeune Comte de Rivefière avait de quoi lui faire honneur.

Il s'inclina humblement devant l'homme qui le dépassait de presque deux têtes et le gratifia d'un sourire.

« En effet Monseigneur. C'est bien là mon nom, mais pour ce qui est de la légende, je la crois très largement exagérée.
- Ne l'écoutez pas Rochemont. Hugues est probablement la meilleure lame du Royaume.
- Était... Votre Grandeur. Le Maître se trouve à présent dépassé pour son élève. »

C'était un fait que personne n'aurait pu réfuter aujourd'hui et à la vue du moignon qui remplaçait désormais le bras droit de l'homme d'armes.

Le maître des lieux m’accueille avec grande courtoisie, comme il sied à un véritable noble et son visiteur me confirme bien qu’il est le grand bretteur Hugues de Camaris ! Bon, ce dernier a perdu une main et je comprends pourquoi il a abandonné la compétition, mais il m’indique également que Jacob est son élève !
Je vais décidément de surprise en surprise et ce combat promet d’être de plus en plus intéressant, je leur fais part de ma satisfaction :

J’ignorais que vous aviez enseigné au comte, cette rencontre n’en sera que plus passionnant. Je comprends maintenant comment il est devenu un des meilleurs combattant du Royaume.

Voilà, on papote, on papote, mais le combat ne va pas se faire tout seul et j’indique au jeune homme :

Vous allez là un bien beau carré d’entrainement, il serait dommage de ne pas l’utiliser.

Je lui souris, concluant ainsi ma tirade :

Si vous êtes prêt, je vous propose de commencer notre duel, mon suivant, Milas, ne devrait pas tarder à arriver avec une bonne bouteille de vin, ce sera parfait pour se détendre après.

Je compte en effet, donner tout ce que j’ai lors de cette altercation, ce ne sont pas tous les jours que j’ai la chance de croiser le fer avec un tel champion. Je sors donc mon épée, afin de leur montrer qu’il s’agit bien d’une lame d’entraînement, son tranchant étant complètement émoussé, elle ne coupe plus et n’est plus dangereuse que par son poids, mais l’armure que mon adversaire porte devrait pouvoir amortir les coups, du moins en partie.


Atchoum ! Milas éternue bruyamment d’un seul coup, alors qu’il ne fait pas très fort, il pense immédiatement à cet ancien dicton qui raconte que l’on éternue quand quelqu’un parle de lui. Il faut dire qu’il n’a pas la conscience tranquille, il est légèrement en retard, le caviste ayant mis plus de temps que prévu et il marche vite.

Mais il arrive finalement devant la résidence des Rivefière et il remarque aussitôt que cette demeure n’est pas aussi bien entretenue qu’elle devrait, étant plus malin ou plus observateur que son maître. Toutefois, cette bâtisse reste imposante et c’est donc avec un peu d’appréhension qu’il frappe à la porte et dès que celle-ci est ouverte, il se présente en faisant une jolie révérence telle que Desmond lui a appris :

Excusez-moi de vous déranger, je suis Milas, le serviteur du chevalier Desmond de Rochemont, il m’a demandé de le rejoindre pour lui donner ceci.

Il montre très fier de lui, la bouteille, sans trop la secouer, car comme dit son protecteur : le vin, c’est sacré.

Le Rivefière esquissa un léger sourire. Il n'était pas courant de s'entendre "commander" - fusse poliment - sous son propre toit et par un invité. Cependant, il comprenait pour le ressentir lui-même, tout l'enthousiasme du chevalier. Il fallait bien admettre que c'était chose grisante, pour un passionné, que d'imaginer croiser le fer avec un adversaire redoutable. Aussi acquiesça t-il, oubliant de s'offusquer comme l'aurait fait bien d'autres nobles, avant d'armer un pas résolu vers le carré d'entraînement.

« Mettez-vous à votre aise Rochemont ! ... Règles classiques ? »

Demanda t-il, avant d'enchaîner d'un ton entendu et tout en posant un regard espiègle sur le colosse.

« Au moins pour commencer ? »

Il laissa Hugues vérifier la lame que lui montrait le chevalier et admit de sacrifier au même rituel.

Bien moins imposante que ne l'était l'arme du géant, celle du Comte de Rivefière figurait une épée à une main classique. Son tranchant aplati et sa lame épointée d'une mouche la dédiaient sans conteste à l'entraînement. Néanmoins éprouvée à l'usage, elle avait l'allure solide et le dessin élégamment ouvragé. Une oeuvre assurément artisanale et faite sur mesure pour correspondre aux exigences de son propriétaire.

« Quoiqu'il en soit, je salue votre initiative ! J'aurai grand plaisir à partager un verre avec vous à l'issue de notre échange. Nous pourrons ainsi évoquer nos formations respectives et pourquoi pas parler de nos expériences avec la milice. »

Il ponctua sa phrase d'un sourire, avant de prendre position. Par courtoisie, mais également par respect, il salua son adversaire. C'était là part des valeurs qu'Hugues de Camaris avait veillé à transmettre à son élève. Ces principes contribuaient d'ailleurs à parfaire l'image du bretteur. Ils étaient également les tenants de sa réputation de fin duelliste. Jacob de Rivefière était connu pour son art, mais également pour ses manières. Son physique n'était pas étranger à ce que la rumeur fasse son éloge. À l'exception de la vilaine cicatrice, qui marquait ses traits d'une once de sauvagerie, il pouvait en effet figurer l'incarnation même de ces chevaliers dont parlent les légendes.

Face à lui, Desmond avait l'allure de l'invincible Goliath. Immense et large comme un chêne, sa force pouvait être celle d'un titan. Son adversaire n'avait pas l'intention de le sous-estimer, bien au contraire. Il avait très récemment appris à se méfier de ces physiques imposants qui, d'une poussée bien ajustée, pouvait déstabiliser et déséquilibrer le plus habile épéiste. Alors et tandis qu'Hugues regagnait sa place de juge, Jacob gardait son regard rivé sur le Chevalier. Concentré, d'ores et déjà prêt à livrer combat, il jaugeait la montagne de muscles qui se tenait face à lui.

La voix du Maître d'Armes rappela les consignes arrêtées pour la rencontre, fit état des règles acceptées et annonça le début de ce duel qu'il pressentait comme mémorable.


****


Margareth accueillit le jeune page et l'invita à rentrer dans le hall de la vaste demeure. Prévenue de son arrivée, elle proposa de le débarrasser avant de le guider jusqu'à son maître afin qu'il puisse assister à la rencontre.

Le petit salon qui devait ensuite accueillir les combattants se trouvait non loin. Ses larges et très hautes portes-fenêtres s'ouvraient sur le jardin. L'occasion était ainsi donnée au jeune serviteur de découvrir ce que la maisonnée comptait encore de richesses.

Quelques peintures de maître, de riches tentures, des meubles au bois marqueté, de rares bibelots... Comme les vestiges d'un fastueux passé, ils s'exposaient pour rappeler à l'oeil averti que les Rivefière comptaient encore parmi l'élite.

Je sens mon futur adversaire dans les mêmes dispositions que moi et lorsqu’il me demande conseil aux niveaux des règles, je lui réponds simplement :

Oui, chez moi, on s’arrête au premier sang, si un des épéistes quitte le carré d’entraînement ou s’il y a un abandon. Si vous souhaitez continuer jusqu’à ce que l'un de nous jette son épée, cela ne pose pas de problème.

C’est en effet, ce qui ressemble le plus à un combat réel, arrêter le combat à cause d’une lèvre fendue ou parce qu’on a mis un pied en dehors de la zone est pour les débutants, mais là, j’ai en face un combattant redoutable et il n’y a pas de raison de prendre des gants. Je le vois d’ailleurs sortir une bien belle arme et me promets de boire le vin que mon suivant a ramené, après le combat.

En tout cas, il a la classe lorsqu’il me salue, et je lui rends également, puis j’attends que le vétéran handicapé prenne place et nous donne enfin le signal du départ. C’est finalement chose faite et je reprends ma technique habituelle, charger à fond pour estourbir mon opposant d’un coup bien placé. Bien sûr, je ne m’attends pas à ce qu’il tombe dans un piège aussi grossier, mais la plupart des guerriers prennent la confiance lorsque j’agis ainsi et je peux ainsi pousser mon avantage.

Car ce pas une seule attaque que va se prendre le noble, mais trois, chacune d’une force phénoménale, le poussant dans ses tout derniers retranchements, c’est à ce moment que je verrais si j’ai devant moi un adversaire de taille, car la plupart craquent à ce moment-là. Il faut dire que mon épée est particulièrement pesante, même pour une personne de mon gabarit, et si le combat s’éternise, j’aurais de plus en plus de mal à la lever.

Si mon adversaire est toujours debout, je pourrai parer une de ses attaques et j’espère que mon armure encaissera le reste, mon style de combat n’étant pas du tout adapté à l’esquive.

Milas entre dans la grande demeure et regarde avec des grands yeux toute l’opulence des lieux, en la remerciant d’un signe de tête, il lui remet sa cape, avant de la suivre dans une sorte de petit salon, ou se trouvais déjà tout le nécessaire pour accueillir les deux duellistes après leur combat. Il pose donc la bouteille sur la table et regarde par une ouverture la confrontation, battant des mains lorsqu’il vit son maitre réaliser sa fulgurante attaque, qui en avait mis plus d’un à genoux, persuadé que le chevalier allait l’emporter une nouvelle fois.