Services échangés [Bôdan / Satine] [X18]

« C'était pour le travail » qu'il était ici. La guilde qu'il avait fondé récemment manquait cruellement de recrues, d'hommes et de femmes de confiance. Il fallait avouer qu'il n'était pas aisé de débusquer des bons voleurs, des bons faussaires, mais surtout des hommes de terrains pour faire de la reconnaissance. Si on les trouvaient difficilement c'est justement parce qu'ils étaient bons se disait Bôdan. Cependant son attente avait portée ses fruits, quelques informations étaient remontées à ses oreilles. Une pute, de bonne facture et bien faite s'était forgée une certaine réputation. S'il arrivait à l’enrôler, des personnes fortes comme elle transformeront la guilde spéculative en guilde active. Ce qui serait un premier pas pour ses projets. Avant de réellement s'enrichir il voulait rebooster l'économie. S'il volait aux riches malhonnête comme Théodemar pour redistribuer aux populations, celles-ci n'économiseront pas, elles investiront dans les commerces, eux mêmes gagnant de l'argent ils pourront disposer de plus de fonds, dépenser à leurs tour et permettre à Bôdan de les voler, donner aux pauvres et continuer le cercle vicieux, jusqu'à ce que la ville soit une puissance économique autarcique. Et là il pourra s'engraisser.

Elle se « produisait » dans différents quartiers, mais à force de recherches il avait fini par trouver l'auberge dans laquelle la demoiselle travaillait en ce moment. Il n'était pas entré par l'entrée conventionnelle, il était monté à l'aide de son grappin au premier étage. Quelques gémissements en ressortaient, certains étaient très bien simulaient, si bien que même l'oreille de Bôdan c'était presque faite avoir. Il arriva devant une fenêtre et vit d'un œil l'action en cours avant de se reculer et attendre que la catin soit seule. Il ne fallut que quelques minutes. Discrètement le voleur entra faisant remonter la fenêtre discrètement. Il posa son pied au sol et remarqua qu'elle s'était déjà habillé. Tant mieux. Il mit le second pied à terre, ferma la porte en silence et s'appuya contre la fenêtre. Il l'observa quelques secondes. C'était une femme physiquement comme elle qu'il lui fallait, elle était incroyablement belle.

-Hum hum.. Fit-il avec un peu de force. Je n'ai jamais entendu de gémissements aussi bien simulés, c'est incroyable, ça vous est venu avec l'expérience où il y a quelques cours auprès d'un artiste ? Mon visage ne te dis rien, mais peu-être que mon nom oui, j'avoue espérer que non. Bôdan Mercuro. Il fit une pause. Si je suis ici c'est que j'ai une proposition à te faire.Vous ne serez pas perdante. Argent, sécurité, réseaux, confiance, discrétion dans tes démarches. Voilà tout ce que as à gagné.

Il s'avança vers elle, puis se détourna au niveau de la commode, il y déposa sa main-gauche, seule arme de défense tranchante qu'il avait, puis il posa ses bolas les uns après les autres, les sortant d'endroits surprenant, le faussaire avec ce talent pour cacher des objets là où personne ne s'y attend. Lorsqu'il fut totalement désarmé il retira sa cape la posant sur le lit puis ses gants. Pour une fois qu'il ne faisait pas trop humide il ne se sentait pas trop poisseux.

-Je pense qu'il sera plus honnête de vous montrer que je ne vous veux aucun mal. Je vous proposer d'intégrer une guilde de voleur ou vous avez une place toute réservée de premier choix. Ça se lit sur votre visage, dans votre jeu de comédie. Si vous êtes aussi bonne simulatrice au lit que dans la vie réelle alors vous allez faire des miracles pour la guilde. Je comprends que tout cela puisse vous sembler obscur. Mais je ne peux m’étaler d'avantage, je crois préserver une certaine discrétion. Il fit une pause et reprit le nom de scène qu'elle lui avait donné. Satine quel est votre réel nom ? Le jeu de scène est utile mais j'ai mal à croire qu'une catin est réellement une identité si... proche de son métier.

Satine avait été réclamée par un noble libidineux, la quarantaine environ, habitué de la maison. Par souci de discrétion envers sa femme et sa famille, il tenait toujours à faire son affaire dans une auberge des quartiers pauvres, là où il était sûr de ne croiser personne de sa connaissance. Sa Maquerelle avait réservé une chambre pour elle et après lui avoir confié une lettre ainsi que le paiement pour le patron de l'établissement, elle se mit en route. Pour ne pas salir ses deux seules robes, on lui avait prêté une tenue miteuse dans un curieux tissus vert qui ne craignait pas la crasse de l'endroit où on l'envoyait. Pour la rendre plus attirante, le col avait été largement élargi et on avait ceint sa taille d'un corset de cuir en fin de vie. Un peu de parfum, du rouge et des jupes savamment relevées devraient suffir à exciter le porc, certainement émoustillé par la crasse selon la jeune femme.

Elle partit en fin de journée, recouverte d'une large cape miteuse pour cacher ses atours. Satine traversa les ruelles, s'enfonçant toujours un peu plus dans la crasse et la misère humaine. Ses yeux la piquaient et la vision de ces réfugiés, de ces charniers, l'odeur de pourriture constante lui inspiraient un haut le coeur violent. Elle avait pitié de ces gens et s'estimait très heureuse de sa vie. Si seulement elle avait pu les aider... Qui sait de ce qu'il adviendrait de ces pauvres hères, de ces mères-enfants hébétées ? Au détour d'une rue, un homme titubant s'écroula devant elle, face contre ciel, les yeux exhorbités et la bouche pleine de bave et de sang. Il venait de mourir.
La prostituée hurla et se mit à courir alors que d'autres réfugiés se jetaient sur le cadavre pour le dépouiller de tout ce qui pouvait être récupéré.

Elle arriva essoufflée, échevelée et en pleurs à l'auberge où le patron la mena à sa chambre après avoir reçu le paiement. Satine avait encore un peu de temps pour se préparer... Elle parfuma et brossa ses cheveux, débarbouilla son corps et se remaquilla. Enfin, le noble poussa la porte et la referma à clé.

- Je vois qu'on m'a envoyé le haut du panier aujourd'hui... Oh ce que je vais te mettre ma petite... Déshabille toi va....

Il commençait à tourner autour d'elle mais Satine se recula et tendit sa main avec une moue lascive. Comprenant, l'homme soupira et Jeta une poignée de pièces dans sa paume. L'oeil agile de la catin compta le tout et elle lâcha sensuellement.

- Une prestation à l'extérieur c'est deux fois plus cher... Et si vous me voulez nue c'est encore les trois quarts du prix en plus.

L'homme grommela, fouilla dans sa bourse et lui donna le compte manquant. Satine rangea furtivement le tout et se deshabilla pour finir son affaire.
Non seulement il était ridiculement petit mais en plus il s'agitait comme une brute. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas dû simuler comme ça.... Heureusement ce fut vite fini et il partit comme il était venu. En un tour de main la belle se rhabilla lorsqu'un inconnu se présenta. Méfiante, elle saisit un poignard et le pointa vers lui.

- Qu'est-ce que vous me voulez ??


Apparemment il n'était pas agressif et avait une proposition à lui faire. Doucement elle baissa son arme en se tenant tout de même éloignée de lui.

- Quel genre de proposition ? Je suis affiliée à une maison de passe, je ne peux pas nouer des contrats avec n'importe qui.

Une place dans la guilde des voleurs ? C'était tentant... Mais elle ne pouvait abandonner son métier comme cela. Une prostituée ne pouvait pas quitter sa maison aussi facilement.

- Cela peut être intéressant mais comme je vous l'ai dit, je dépend d'une maison de passe... Je ne peux pas la quitter sans risquer de représailles. Et là bas au moins je suis en sécurité. J'ai besoin d'en savoir plus sur les conditions de mon partenariat avec vous.

La guilde des voleurs... Ce n'était pas reluisant mais au moins elle pourrait gagner l'argent nécessaire pour accéder à des livres plus complexes et acquérir du matériel scientifique... Puis elle pourrait peut-être même construire sa propre maison ou monter un orphelinat pour sauver le plus d'enfants de réfugiés possible....
Elle se figea quand il lui demanda son vrai prénom. Inconsciemment, elle porta les mains à sa parure d'argent et son visage changea d'expression.

- Qui j'étais dans le passé ne vous importe pas et je ne vous connait pas assez pour vous confier mes secrets. J'ai eu une autre identité mais elle appartient au passé désormais. Tout le monde m'appelle mademoiselle Satine aujourd'hui, c'est tout ce que vous avez besoin de savoir.

Elle se rapprocha un peu de lui, le perçant de son regard scarifié.

- Que ce soit bien clair... Je ne tue personne. Et je ne veux pas gagner de l'argent pour me rouler dedans comme ces pourceaux de nobles. Mes objectifs sont autres. Je veux des livres. Je veux apprendre les astres, la guérison, l'histoire et la géographie. Je veux m'instruire. J'ai déjà 23 ans et j'espère ne pas finir ma vie comme une vieille pute.

Le faussaire n'eut aucune réaction devant la dague, il savait qu'il ne craignait rien à vrai dire, il s'assura donc de leur sécurité mutuelle en retirant toutes ses armes en les posant hors de portée. Elle ne semblait pas le connaître, tant mieux à vrai dire, ça faciliterait beaucoup de choses. Malgré tout elle semblait intéressé par sa proposition, ce qui semblait ravir Bôdan, il la laissa répondre à ses mots, cherchant tout ce qu'il y avait d'intéressant chez elle outre sa poitrine honorable et un fessier des plus rebondis.

Elle était dans une maison de passe ? Cela l'importait peut, au contraire, plus il couvrait de territoire, mieux c'était. C'était même d'autant plus intéressant. Il eut un sourire satisfait en apprenant cette nouvelle, son regard brumeux se posait sur elle comme un voile avant de prêter oreille à des bruits de pas dans le couloir, mais rien à signaler. Il notait sa voix mélodieuse et envoûtante, elle avait tout ce qu'il cherchait pour sa section « arnaqueur » de la guilde. Il ne pouvait rêver mieux en fait. Son sourire s'étirait de plus en plus, mais il était caché par un fin voile de tissu, seul les plis que créait le sourire sur le tissu indiquait ce sourire.

Elle refusa de lui décliner son nom, sans surprise, mais il finirait bien par le savoir, à force de temps et de confiance. Il restait un peu pensif sur ce qu'il pouvait lui divulguer pour s'assurer de sa venue. Ses pensées furent couper par sa voix, une nouvelle remarque, mais celle-ci le fit sourire, il abaissa le visage pour se retenir de rire, mais lorsqu'elle finit de parler il n'arrivait plus à se retenir, il rit discrètement faisant son possible pour se calmer rapidement avant de prendre à son tour la parole de sa voix rauque.

-Le principe d'une guilde de voleur Satine, c'est qu'on ne tue personne, c'est même la seule clause d'entrée. On vole, on fausse, on arnaque. Mais on ne tue pas, sauf si notre vie en dépend et qu'il n'y aucune issue de fuite. Mais tu n'auras pas à quitter la maison de passe, au contraire, reste y. Un point comme celui-ci dans la milice... quelle aubaine, vraiment, on pourra passer dans le quartier de la milice sans aucun soucis. Tu es la perle rare dont cette guilde. Dans la guilde il existe la section « Baratineurs », ils sont chargés d'éloigner les gardes, la population, créer la rumeurs, chercher des informations. Quoi de mieux qu'une catin aussi attryante que toi pour trouver des informations rapidement, sur des nobles, des riches commerçant. Rien de mieux. Tu es toute désignée pour ça. Tu ne sera jamais sur les lieux du crime puisque tu éloigneras les témoins. Biensûr tu toucheras un salaire convenu.


Il dit une pause cependant avant de reprendre dans un soupire.

-Actuellement la ville n'est pas assez riche, et donc la guilde aussi. Pour l'instant je vole et la guilde aussi pour redonner aux pauvres, ainsi ils iront dépenser leur argent chez des commerçant, eux même plus riches ils feront fleurir cet argent que nous volerons ensuite pour le donner aux pauvres, ainsi tournera la boucle jusqu'à ce que la ville possède une meilleure économie et là ! Nous pourrons ne enrichir massivement. Je compte bien trouver quelques gardes corrompus dans la milice, ça nous sera toujours utile. Qu'en penses-tu ? La proposition est alléchante et tu n'auras pas de sang sur les mains, comme moi, comme la guilde.

L'homme se mit alors à rire et la jeune femme tiqua. Se moquait-il de lui cet importun ? Elle allait lui faire passer le goût de se gausser si il continuait comme ça... Mais ses paroles la rassurèrent. Ne pas se salir les mains, user de ses charmes, écouter, extorquer, répandre des ragots... Rien de plus que ce qu'elle faisait déjà à la maison close. Cela semblait être un deal en bonne et due forme. De plus, même si l'objectif final pour ce voleur était de s'engraisser, ils allaient peut être pouvoir redistribuer les richesses et permettre aux plus pauvres de vivre mieux... C'était plutôt alléchant. Quand il eut fini de parler elle rangea sa dague, posa fermement ses mains sur ses hanches creusées et regarda l'homme qui se tenait à deux mètres d'elle.

- C'est d'accord. Mais je veux la certitude que l'argent que je gagnerai sera en sécurité quelque part. Je ne peux pas prendre le risque de cacher mon salaire dans ma chambre, si ma patronne se rend compte que je fais des bénéfices supplémentaires au mieux elle me confisquera tout et au pire elle me fera battre à mort. Ceci dit... Je trouve cela très ironique de conserver ses biens à la Guilde des voleurs. Aurais-je la garantie que les autres membres ont suffisamment d'honneur pour ne pas dépouiller leurs confrères ?

Une fois qu'elle eut entendu ce qu'elle voulait entendre, elle s'approcha de l'homme et lui tendit sa main fine et blanche, en signe d'amitié, ou plus ou moins d'entente cordiale.

- Je marche avec vous, Bôdan Mercuro.

Ce jeune homme piquait néanmoins sa curiosité. En le regardant de ses yeux félins, elle s'assit sur le lit en croisant les jambes. Elle avait envie d'un homme, un vrai. Elle avait envie de coucher pour le plaisir et pas parce qu'elle y était contrainte. Et puis ça pouvait être une occasion de gagner sa confiance...

- Je vous propose un échange. La vérité sur mon identité contre votre visage... Je n'aime pas ne pas savoir à quoi ressemble la personne en face de moi.

D'une voix douce elle murmura.

- Vous savez que je ne peux rien vous faire... Je suis condamnée si je révèle qui se cache sous ce tissus...

Elle s'allongea à demi, lascive, une partie de sa robe remontée sur sa cuisse alors qu'elle regardait le plafond.

- Je m'appelle Blanche... Blanche de Marchellier. Enfin, je n'ai jamais porté officiellement ce nom de famille mais c'est celui de mon père. Je suis la bâtarde d'un chatelain et d'une guérisseuse. Je n'ai jamais vu mon géniteur et ma mère est morte il y a bientôt dix ans. J'ai survécu comme j'ai pu depuis. Mais aujourd'hui je suis Satine. Rien d'autre que Satine la pute.