Cadre Noir Pour Rencontre Châtain Cuivré & Quartz Bleu (PV Judith Lafey)

J'étais recroquevillé sous une couverture tressée de paille. Barbabou dormais encore, blottis de même à ma gauche.
Recouvrant peu à peu mes esprits, je me sentais agréablement réchauffé dans mon petit coin présenté à la lumière du 'Brillant'. Mes pensées ne fusaient pas encore dans tous les sens, et je goûtais le plaisir simple de prendre le temps. Prendre le temps de trainer au réveil, n'aillant pour seule occupation que d'écouter la ville évoluer à son rythme.

Je m'étais assoupi fort tard la veille, fuyant Sieugri jusqu'à longtemps après la brune. Évoluant totalement au hasard parmi le rues de la ville, j'avais atterri ici, sur ce toit, ne me souciant pas d'où je me trouverais au jour.

En tendant l'oreille, je percevais une activité irrégulière, des comportements parfois violents, et le tintement caractéristique de l'argent. Tout le chant de cette partie de la ville m'était presque inconnu. La raison était simple, je n'aimais pas trainer par ici. Il y avait des gens méchants dans ce coin là de la ville. Pleins! Oui.

Ouvrant les yeux, je découvrais un temps plutôt clément. De gros nuages gris se succédaient, mais laissaient voir un ciel bleu azur fort agréable après le 'Long froid'.
Quelque part, un poulet rôtissait sur le feu, créant une odeur qui m'ouvrit en appétit.
Or, j'avais fini hier au soir mes ultimes réserves. Il était plus difficile de chasser une bête, les lièvres se faisaient rares. Les oiseaux aussi. Il fallait dire qu'ils avaient pour beaucoup rejoint la Cour de Pipou. Le dindon Roi des Oiseaux s'était absenté quelques temps, justifiant des querelles d’intérêts entre les pigeons ramiers, et les corneilles. Une sombre histoire...

M'étirant dans mon coin de toit plat, je savourais les derniers instants de calme avant de devoir aller courir après la nourriture. Peut-être devrais-je songer à aller quémander de la soussoupe chez Dame Ilèère et Theodrèn Monmari...

Après un temps aléatoire, je me redressais et poussais ma couverture sans réveiller le vieux pour jeter un œil autour de mon perchoir. Au-dessus d'un bâtiment de chaume et de bois de deux étages, un pied sur le muret, une silhouette longiligne s'étire, les bras au ciel, baillant à s'en décrocher la mâchoire.
Les cheveux au vent, se balançant devant mes yeux encore bouffis de sommeil, j'inspectais ce que me réservait les parages.

Une place s'étendait devant. Elle était cernée par plusieurs bâtisses résidentielles de modestes moyens. Sur cette place se dressais un large hall au grains de bois et de fer. Sous des bâches, des tentures, des marchands à la sauvette découvraient furtivement des articles douteux, ou proposaient des services de tout type. Une odeur de marrons grillés parvenait à mes narines.

Quelques âmes passaient sur la place, vacant à des occupations mystérieuses. Souvent, on se baladait en groupe par ici, à deux au minimum. Être seul dans ce genre d'endroit était synonyme de malheur assez souvent. Sauf pour les initiés, les gens expérimentés.

J'observais, de plus en plus distrait tout en sortant de ma bourse mon petit pot de poix et mon pot de Quartz en poudre et huile. Je me versais le reste du récipient de poix sur les épaules, laissant le liquide épais couler le long de mon torse, de mon dos, de mes épaules. C'était important pour tromper la vigilance de mes proies. Du bout des doigts je récupérais assez de liquide noir pour m'en souligner les yeux, et les prolonger vers les oreilles d'un trait.
Puis, je rafraichissais ma peinture au quartz bleue sur le front, et les paupières. Il allait falloir que je puisse voir la vérité aujourd'hui grâce au bleu. Sinon, je n'attraperais pas mon repas...

Une fois prêt à partir, je vérifiais que je possédais toujours ma dague, mes os de rats et d'oiseaux, quelques plumes, et mes amies les pierres. Tout était là ! Parfait !

J'allais partir lorsque je fus témoin en contrebas d'une scène originale...

Elle serre un tissu jaunâtre d'ancienneté autour de ses épaules qui tremblotent un peu, rasant les murs pour éviter les regards. C'est le gars de l'autre fois, qui lui a dit qu'elle avait qu'à venir jeter un oeil par ici, que ma foi c'était pas un bien joli coin, mais qu'elle pourrait peut-être trouver ses herbes sans avoir à farfouiner au-delà des remparts. Avec les poches à moitié vides, Judith ne songe pas réellement qu'elle aura ce qu'elle veut, mais l'idée vaut le détour. Qui sait ? Elle pourra peut-être faire quelques rencontres, partager une recette avec des commerçants pas trop regardants, baragouiner deux-trois prophéties bidons à la volée contre une piécette.

L'angoisse, elle a appris à vivre avec, à force d'aller d'embrouille en embrouille, elle reste toujours sur le qui vive, même lorsqu'elle déballe un sourire mielleux pas du tout convaincant aux quelques bonnes femmes qui la toisent d'un oeil mesquin. Hauts ou Bas quartiers, c'est le même combat, et tout indique chez elle qu'elle n'a rien à voler. Pour peu, on surveillerait sa bourse en la voyant passer, mais ici, tout le monde le fait déjà.

Il est encore tôt, et elle a toujours les membres tous engourdis de froid de sa nuit, alors elle préfère tourner en rond en observant les badauds. La plupart filent d'un air décidé, ils savent ce qu'ils veulent, ou n'ont pas de temps à perdre. Quelques marchands au regard fuyant déballent leurs étals, qu'elle balaie distraitement des yeux.

Judith sursaute brusquement tandis qu'on lui attrape doucement l'épaule. Se retournant pour voir ce qu'il se passe, elle tombe sur une petite vieille rabougrie, qui n'a plus l'âge de tenir debout, et qui la fixe de l'air hagard de ceux qui perdent la vue. Celle-ci plisse le front, gigote les trois quenottes qui restent dans sa mâchoire avant de lâcher :

- Eh là ma fille ! T'aurais pas une piécette à partager avec une pauvre vieille ?

Elle hausse les épaules, peu concernée. Rien à partager non.

- Donne-moi ta main allez, laisse-moi voir.

Ni de une, ni de deux, voilà que Mamie veut lire les lignes de la chiromancienne. Cette dernière lâche un sourire de renard.

- Bien tenté, mais je crois qu'on joue dans le même registre.

La vieille hausse un sourcil, avant de dévoiler ses gencives dans ce qui ressemble à un rictus.

- Allons consoeur, je n'aurais pas cru.

H-RP - Couleurs:

Alors ça, je trouvais ça intéressant!

Une jeune femme avançait dans la rue. Mais ce qui était passionnant, c'est qu'elle avait les mêmes cheveux qu'Haral ! Du jamais vu !
Je suivais des yeux la marche de la dame, qui me paraissait assez sûr d'elle.
Mais je n'avais pas de très bons yeux, aussi pensais-je à descendre me rapprocher.

Puis, une petite vieille en haillons qui aurait pu être la femme de Barbabou accéléra subitement pour rattraper celle que j'observais.

De là où j'étais, je ne comprenais pas très bien ce qu'il se passait. Aussi décidais-je de descendre de mon perchoir tout en écoutant ce qu'il se disait.

L'une demanda de voir la main de l'autre, alors que passait mes pieds dans le vide, soufflant quand mon poids se reposa sur mes épaules.Tâchant de capter les dires des deux femmes, je loupais une prise, au bas de la bâtisse.
Mon pied dérapa contre la planche en bois qui servait de balconnet à la fenêtre. Le pot en terre cuite, la terre dedans, mon corps qui partait en arrière, tout bascula en tournoyant en un arc de cercle aussi fulgurant que disgracieux.

J'arrondissais le dos, et je tombais sur l'épaule, accompagnant le mouvement d'une roulade, pour amoindrir les dégâts. Le pot, quand à lui s'écrasa au sol, se brisant dans un bruit mat.

Aie aie aie !

je me frictionnais l'épaule vigoureusement tout en avançant vers le duo féminin.
Avec ma chute, je n'avais pas du tout pu capter la fin de la discussion, mais j'avais l'impression fugace et tenace que la vieille était la mère de la femme aux reflets bruns roux.

La tête un peu penchée en avant, dans les épaules, le dos un peu rond, et les jambes quelques peu archées, j'avais une chemise de lin à la propreté douteuse, les cheveux aux vent. Une simple pantalon de toile sombre tombait sur mes pieds nus.
La poix avait imbibé la chemise sur mon torse, le tout donnait une image assez particulière à ma personne.

A plusieurs pas de là Pipou, le Dindon Roi des Oiseaux se fichais de ma pomme, roulant sus son dos, hilare, perdant des plumes alors qu'il agitait les pattes dans les airs, les ailes se tenant les cotes.

-"Hey ! Meikan vient ici pour voir madame aux cheveux enflammés ! Haral a la même crinière ! Tu es Haral? Tu te déguises en femme? Je peux te couper un cheveux pour voir, j'ai l'impression que ce n'est pas la même couleur, en fait, vu de prêt..."

Je me frottais le menton d'une main, observant de près les cheveux.

-"Bonjour madame la maman de elle (je montrais celle en face de moi, au tissu jaunâtre sur les épaules). Vous êtes toute en beauté aujourd'hui !"

Si je n'avais absolument aucune idée de ce que cela voulait dire, j'avais pu observer que les femmes étaient contentes qu'on leur dise ça, et entraient dans les bâtiments avec les monsieur.

Le vielle m'observait, interdite. Quand à l'autre...

Les dés: