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 De Bois et de Métal | Alban Laforge

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Emilliane de RivainVicomtesse
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MessageSujet: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyMer 28 Avr 2021 - 16:39

De bois et de métal



Janvier 1167

Pétrifiée au milieu de sa chambre, Émilliane tentait de comprendre pourquoi elle se retrouvait avec un morceau de sa canne dans chaque main. L'objet ne s'était pas brisé en deux à proprement parler, mais un morceau du pommeau s'était tout bonnement rompu. La jeune femme se retrouvait donc avec un morceau de bois blanc - son père lui avait dit qu'il s'agissait d'un os taillé, mais elle n'y croyait pas - dans la paume et le reste de sa canne dans l'autre. Les fines décorations en métal s'étaient déformées et certaines extrémités étaient même rompues. La tête complète de la canne était ruinée.

D'abord surprise puis affolée, la brunette se mit en tête de retrouver les morceaux perdus et de faire réparer l'objet ancien, mais après de longues minutes à la recherche de la moindre esquille manquante, elle et la femme de chambre qui l'assistait durent se rendre à l'évidence : il fallait remplacer entièrement la partie cassée.

Ne soyez pas triste ma Dame, il reste le pied et la jambe d'origine, fit la domestique en tentant un sourire réconfortant.

Émilliane se força à faire de même et hocha la tête. Ce n'était pas un drame, cette canne n'était même pas indispensable à sa marche, mais elle s'était habituée à l'avoir près d'elle en toutes circonstances. On ne lui avait pas donné l'autorisation d'apprendre à manier une arme, cependant elle avait quelques notions de canne de combat, ce qui lui donnait un sentiment de sécurité lorsqu'elle avait l'objet avec elle. De plus, il s'agissait d'un lègue de feu sa mère, un bien familial qui était passé dans les mains de plusieurs générations. Il avait ainsi une grande valeur sentimentale pour la demoiselle.

Je connais quelqu'un qui pourra vous la réparer et peut-être même la rendre plus belle encore, renchérit la femme de chambre avec enthousiasme pour chasser la grise mine de sa maîtresse. C'est un forgeron de la Hanse, mais je vous assure qu'il est capable de faire aussi bien qu'un joailler !

Bien que dubitative, la Vicomtesse de Rivain accepta qu'on lui donne les indications pour se rendre à la forge de cet artisan que l'on disait doué. Il ne fallait pas compter sur les joailleries, ces boutiques étaient devenues si rares que la brune n'était certaine qu'il en reste encore une seule d'ouverte depuis l'invasion, alors pourquoi ne pas remettre le sort de sa canne entre les mains d'un forgeron ? Elle n'avait pas de meilleure solution pour le moment.

Le lendemain de l'incident, elle quitta l'Esplanade en compagnie d'un garde-du-corps tout récemment engagé par son père pour la suivre dans ses déplacements. Le dénommé Sorin n'avait même pas trente ans et brillait par son passé de mercenaire, mais faute de membres dans sa compagnie, il s'était reconvertit en cherchant du travail auprès de ceux qui en donnait le plus. Par chance, il connaissait l'un des gardes de Maxime de Rivain et fut introduit de cette façon auprès du Vicomte et de sa fille. Sa fidélité était encore à prouver et bien qu'il ait assuré que ses manières de mercenaire soient derrière lui, la demoiselle qui marchait à ses côtés ne lui accordait pas sa confiance. Rien ne disait qu'il ne partirait pas du jour au lendemain si un travail plus alléchant se présentait à lui.
Mais pour l'heure, il se montrait très efficace dans ses fonctions et parfois même, d'agréable compagnie.

Le duo se déplaçait à pied et sans accompagnateurs supplémentaires, préférant un peu de discrétion à l'absolue sécurité. Bien que la noblesse soient plutôt favorablement perçue depuis la décision du Roi de n'admettre que les familles réellement utiles au rétablissement de la cité, il valait mieux ne pas parader sur un cheval. Du moins de l'avis d'Émilliane qui s'était toujours montrée sobre.
Le froid de l'hiver les poussa à marcher à bonne cadence, ce qui les fit arriver aux abords de la forge bien plus vite que prévu. Le fracas du marteau sur le métal les prévint que le maître des lieux était bel et bien au travail. Un grand fourneau et son soufflet dispensait une chaleur bienvenue par cette journée glaciale. Sans avoir à se concerter, Sorin arrêta ses pas à l'entrée, près du feu, tandis que la jeune femme à ses côtés entrait à la recherche de l'artisan. Emmitouflée dans un long manteau bleu nuit, un large capuchon bordé de fourrure grise rabattu sur sa tête, elle aurait pu passer pour un spectre dans la pénombre si la lueur incandescente de métal rougit et des étincelles ne s'étaient pas reflétés dans ses prunelles sombres. Elle attendit qu'il plonge la pièce qu'il travaillait dans un seau d'eau pour l'interpeller :

Maître forgeron ? Puis-je vous déranger un instant ?

Sa voix douce tranchait si bien avec le bruit assourdissant du marteau qu'elle n'en était que plus audible. D'un geste, Émilliane repoussa sa capuche pour dévoiler son identité (il aurait été grossier de demeurer cachée telle une voleuse) et accorda un sourire aimable au forgeron, non sans passer distraitement une main derrière l'oreille pour y replacer ses cheveux.

L'on m'a dit beaucoup de bien vos talents et j'espère que vous accepterez de prendre une commande délicate.

Elle ouvrit un pan de son manteau pour en extraire les deux parties de la canne, révélant une robe dont la coupe et la finesse du tissu trahissait sa condition. Avec délicatesse, la jeune Vicomtesse posa le tout sur un espace vide d'un plan de travail. Une certaine tristesse pouvait se lire dans ses yeux alors qu'elle couvait l'objet d'un dernier regard avant de revenir au forgeron.

Pensez-vous pouvoir faire un nouveau pommeau ?

À première vue, l'homme avait tout du forgeron et semblait peu à même de remplir les tâches minutieuses que lui demandait la jeune femme. Difficile d'imaginer des mains fines et précises sous ces gants épais, plus difficile encore de se figurer un gaillard si large d'épaules se courber sur de petites pièces ouvragées. Mais il ne fallait pas juger un livre à sa couverture et la demoiselle de Rivain en avait conscience.

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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyJeu 29 Avr 2021 - 23:24

Dans la ville de Marbrume chacun avait son rôle à jouer, tel des artistes sur une scène de théâtre, personne ne s’éloignait de son script, on gardait les mêmes lignes années après années et même génération après génération. Chacun naissait à sa place et y restait jusqu’à la fin de sa vie, excepté de très rares exceptions qui étaient regardées de travers et jalousées ou moquées en fonction de leur ascension sociale ou de leur chute. Ainsi chaque quartier était délimité et les groupes de marbrumiens se mélangeaient peu. C’est pourquoi la clientèle d’Alban était majoritairement composé de miliciens qui arrivaient à toucher un salaire régulièrement, mais pas des hauts gradés qui faisaient partie de l’élite. Bien sûr il arrivait qu’un pauvre ait absolument besoin d’une pièce en métal et use de toutes ses maigres économies pour rémunérer le forgeron. Ou bien encore qu’Alban ait la chance de travailler pour un noble, tel Desmond de Rochemond qui en novembre dernier lui avait demandé une réparation d’épée ainsi que de son armure. Cela lui avait fournis du travail pour une quinzaine de jours et bien plus encore de réserves à manger.
Cependant la chance était rare et il fallait saisir toutes les opportunités. Comme lorsque Garance Enjolras était venue frapper à sa porte avec une idée pour des costumes de l’Avènement. Ensemble ils avaient travaillé à des modèles qui pouvaient orner des robes que fabriqueraient la jeune rousse. Décembre s’était donc révélé chargé en besogne pour le forgeron qui avait passé jour et nuit à avancer sur ses projets : les commandes d’armes et la minutieuse ferronnerie qui ornerait de magnifiques tissus destinés aux nobles.
Puis janvier était arrivé accompagné de ses festivités, et le 4 de ce mois-là, Alban avait franchi un pas qu’il n’avait jamais osé penser franchir : avec l’approbation du roi, celui qui n’était qu’un simple artisan avait eu l’immense chance de se rendre au temple, non pas pour prier comme hebdomadairement, mais sous l’étiquette d’élève. Certes, leur enseignant ressemblait plus à un vieux fou à l’immense barbe et ses tatouages laissaient penser qu’il avait dû voyager loin, cependant il leur avait transmis une partie de son gigantesque savoir. Le grand blond était ressorti de la séance avec un intense mal de crâne qui s’accompagnait d’une grande fierté d’avoir faire ce premier pas. Il s’était lancé comme défi de l’année de s’accrocher à cette décision d’apprendre à lire, écrire et compter, même si c’était surtout ce dernier point qui l’intéressait.

Le forgeron était en train de travailler, concentré sur l’arme qu’il venait de finir et qu’il plongeait dans l’eau d’un seau lorsqu’il entendit qu’on l’interpellait d’une voix féminine. Il prit le temps de reposer le métal qui venait de refroidir avant de se retourner et de tomber nez à nez avec une apparition qui détonait. Ce n’était ni sa taille, ni sa frêle silhouette mais simplement son manteau dont elle avait repoussé la capuche bordée de fourrure sur ses épaules. Son parlé aussi indiquait que la jeune femme brune à la coupe au carré avait l’habitude de manier les mots. Cependant très rares étaient les femmes qui portaient leur chevelure aussi courte, presque à la garconne. Cela lui donnait une allure sévère, tout en induisant de nombreuses questions. Quel drame ou quel décès avait pu la pousser à une telle extrémité ? Bien sûr cette réflexion se fit en une seconde dans l’esprit d’Alban.
Expliquant la raison de sa présence, la noble annonça d’emblée que la tâche serait délicate, puis elle dévoila deux morceaux d’une canne ainsi qu’une robe dont le tissu aurait fait rêver n’importe quelle petite femme. Elle déposa son précieux bien sur un espace vide du plan de travail en questionnant sur les compacités du forgeron à produire un travail d’une qualité suffisante. Cependant une question plus importante qui nécessitait d’être résolue empêchait Alban de répondre. Quel était le statut de la demoiselle ? Car cela induisait qu’il utilise le bon qualificatif à son encontre. L’un des rangs les plus élevés de la cité était celui de Comtesse, et il aurait été invraisemblable que quelqu’un d’aussi noble se présente à sa porte. Cependant… Eve de Clairemont était connue pour ses frasques et sa proximité du peuple. Et une vague ressemblance avec les descriptions qu’il avait eu de la noble le faisait douter.
Se jetant à l’eau, puisqu’il valait mieux se tromper que de ne rien oser dire, le forgeron tenta d’être clair et respectueux dans sa réponse.

« Bonjour et merci votre… grandeur ? »

Sa voix s’était faite hésitante sur la fin de sa phrase, toutefois il comptait rattraper ce doute, en s’inclinant pour montrer son respect, et non pas une forme de moquerie si le titre était plus bas que ce à quoi il avait visé. Mieux valait toujours flatter le client et encore plus les clientes, c’était la devise de son beau-frère. Et surtout si elle questionnait l’âge, viser plus bas et si elle doutait de sa beauté, la rassurer… Ça avait bien fonctionné auprès de sa sœur qui était tombée dans les bras de ce beau parleur.

« Je vous remercie de la confiance dont vous m’honorez, je mettrai toutes mes compétences en œuvre pour vous satisfaire.
Souhaitez-vous voir certaines de mes pièces pendant que j’examine votre canne ? »


Un mouvement vers l’extérieur de la forge attira le regard d’Alban qui remarqua enfin l’homme armé qui restait à surveiller la rue. Il jetait régulièrement des regards vers l’intérieur, mais sans s’y engouffrer, signe qu’il était en fait présent uniquement pour protéger la jeune femme. En effet la Hanse avait beau être un quartier commerçant, il n’échappait pas aux voleurs et aux autres dangers dont devait être exclu l’Esplanade. Qu’il devait être doux de vivre dans les bras d’Anür sur terre, un endroit protégé de tout et où rien ne manquait jamais. Rien que le quartier du Bourg-Levant dénotait une différence de moyens avec les autres habitants de Marbrume. D’ailleurs le garde à l’entrée était telle une chaîne reliant la brunette à son lieu d’origine, impossible pour elle de se promener seule dans les ruelles de la ville, car chacun se devait de rester à sa place.
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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyMar 4 Mai 2021 - 13:27

De bois et de métal



Le forgeron semblait être dans l’embarras et Émilliane en vint à se demander s’il avait vraiment l’habitude de travailler avec des commandes spéciales. Après tout, ce que sa femme de chambre appelait “un travail de grande précision” pouvait avoir l’air bien grossier aux yeux d’une Vicomtesse… La jeune femme sentit une certaine appréhension lui nouer le ventre et elle failli reprendre sa canne et tourner les talons. Cependant, elle refusait de laisser ses propres craintes guider ses actes.

La forge était plutôt spacieuse et malgré un côté sale inhérent au travail du métal, tout semblait plutôt bien organisé et entretenu. Elle avait vu bien pire et devait garder en tête qu’il était bon signe qu’un homme sache tenir son espace de travail.

On lui proposa de jeter un œil aux travaux déjà réalisés, le temps de l’auscultation de la canne brisée. L’idée était tentante, cela donnerait à la fois un bon aperçu des compétences de l’artisan et une bonne distraction à l’esprit inquiet de la demoiselle.

Je suis curieuse de découvrir votre travail, répondit-elle en hochant la tête.

Son garde et accompagnateur, plus vigilent que ne le laissait penser son attitude, glissa un regard dans sa direction pour s’assurer qu’elle restait bien en vue et à une distance raisonnable. S’il prenait soudain l’envie au forgeron de brandir son marteau pour fendre le crâne de sa cliente, il fallait que Sorin puisse s’interposer en un battement de cils. Si sa protégée venait à disparaître dans une autre pièce, il serait donc sur ses talons, aussi persistent qu’une ombre sous le soleil d’été.

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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyVen 7 Mai 2021 - 23:22
Le garde du corps semblait tendu, et très vigilant, car la proposition d’Alban l’avait fait réagir. Désireux d’éviter tout conflit, le forgeron essaya de donner des preuves de sa bonne foi. Certes, il avait une ou deux épées décorées qui permettaient de montrer ses talents de ferronnerie, néanmoins il serait très mal avisé de sortir la moindre arme blanche. Il devrait donc puiser dans ses accessoires ou bijoux pour essayer de charmer la vicomtesse et la convaincre de lui faire confiance avec cette canne qui lui semblait très précieuse. Heureusement il restait encore à Alban quelques pièces qu’il avait conçues avec Garance Enjolras et qu’il avait ensuite produit. Ce n’étaient pas les plus belles pièces, car celles-ci étaient parties pour le bal, néanmoins il restait plusieurs très beaux objets.

« Vous vous en doutez, mes plus belles créations ont été vendues pour l’Avènement, cependant cela peut vous donner une idée de ce que je peux faire. »

Il s’inclina avant de laisser la jeune femme quelques instant, le temps de trouver les pièces auxquelles il pensait, se dépêchant il revint avec cinq ou six pièces qu’il déposa sur une table pour qu’elles soient plus visibles et dans l’axe de vue du garde pour que celui-ci se sente en confiance. Puis il présenta une à une les pièces en donnant quelques précisions.

« D’abord vous avez ces fibules gravées, j’en ai fait une sur laquelle nous avons incrusté une pierre semi-précieuse. »

Il lui désigna les fermoirs de métal qui permettait d’agrafer deux pièces de tissus. Puis il s’intéressa à la pièce suivante en expliquant tout en étalant la pièce pour qu’elle puisse être vue entièrement.

« Ici vous avez la boucle d’une ceinture avec quelques maillons, mais elle est encore en cours de fabrication…
Quant à celle-ci, c’est une broche pour les cheveux. Et… oups. »


Il écarta la prochaine pièce et la glissa dans sa poche, estimant qu’il ne pouvait pas décemment présenter à une noble un « saute-ruisseau » de son invention, il aurait fallu lui expliquer l’utilité de l’objet et il avait peur qu’elle n’approuve pas du tout cette entorse aux traditions.
Présentant le collier qui était la dernière trouvaille sur laquelle il avait pu mettre la main rapidement il s’excusa.

« Celle-ci n’est pas de moi, mais de mon père. Cependant il m’a tout apprit et je suis capable de le reproduire… »

Il attendit un signe de tête de la jeune femme pour aller examiner sa canne.
Pendant ce temps-là, le garde avait attiré l’attention des innocents gamins du quartier qui s’étonnaient de voir un homme patientant sur le pas de la porte, peu à peu ils s’approchaient en chuchotant et en ricanant, commentant la tenue de l’homme et le comparant au chevalier Desmond.
Soudain le forgeron se frappa le front du plat de la main et s'exclama.

« J'oubliais! »

Il alla chercher une rose entièrement faite en métal sculpté sur laquelle il avait passé de nombreuses heures et la présenta en souriant à la vicomtesse.
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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyDim 16 Mai 2021 - 20:44

De bois et de métal



Intriguée, Emilliane se pencha sur les pièces qu'on lui présentait. Il y avait du bel ouvrage dans ce qu'elle voyait, sa femme de chambre avait bien fait de lui recommander ce forgeron. Ce n'était pas du travail de joailler et elle ne voyait là rien qui puisse être présenté à une dame de la haute société, mais la finesse des gravures et la petitesse des pièces ne laissait présager que de bonnes choses.

La jeune femme prit en main une fibule pour caresser le motif du pouce. Il était lisse et régulier. Elle observa les finitions en s'attachant à vérifier que tout soit non seulement joli mais également bien proportionné, poli correctement et attaché solidement. Elle ne voulait pas se faire avoir par un objet clinquant qui en réalité pouvait se disloquer au moindre choc.
Le collier lui fit avoir une moue d'appréciation surprise, elle ne s'attendait pas à trouver de vrais bijoux parmi les articles proposés ! Entre fabriquer une armure et fabriquer un collier, le savoir-faire n'était pas le même, pourtant il semblait que père et fils soient capables de réaliser aussi bien l'un que l'autre. C'était à se demander pourquoi cette forge n'était pas mieux réputée... Certes il ne faisait pas bon être un artisan depuis l'avènement de la Fange, mais cet endroit semblait se dresser dans Marbrume depuis bien avant ce funeste revirement du sort. Pourquoi n'avait-il pas fait fortune avant ? À moins que cette diversité dans les compétences ne soient trop récente ?

Faisant mine de ne pas remarquer l'objet que le forgeron tentait de cacher à sa vue, Emilliane sourit en hochant la tête pour signifier qu'elle était très positivement impressionnée par ce qu'elle voyait et qu'elle lui donnait donc bien la commande de son nouveau pommeau de canne.
Alors qu'elle s'apprêtait à examiner un peu plus le collier, le forgeron se frappa soudainement le front en s'exclamant, la faisant sursauter. La surprise laissa place à un sourire presque attendrit alors qu'elle le regardait partir en quête d'un nouvel objet. Il était un peu guindé à première vue, mais cette spontanéité était amusante.

Face à la rose de métal qu'il lui présenta, la jeune femme ne put contenir la stupéfaction et l'admiration qui suscitait la découverte. Elle n'avait jamais rien vu de pareil ! Avec délicatesse, elle tendit la main pour cueillir la fleur et pouvoir l'admirer de plus près. La lumière s'accrochait sur les pétales à chaque mouvement et l'on se surprenait à vouloir la sentir. Une vraie merveille.

Elle est magnifique... souffla-t-elle avec admiration.

Qu'il ajoute un coeur en perle ou en pierre précieuse et il pourrait vendre ces fleurs aux plus riches ! Bien sûr il n'y avait plus tant de personnes capables de se les offrir, mais il n'en restait pas moins qu'il pouvait se faire connaître avec de tels talents.
Cette idée mit en branle les rouages de l'esprit d'Emilliane et tandis que le forgeron s'attachait à examiner la canne, elle tentait d'imaginer qu'il pourrait y avoir d'intéressant à faire sortir cet artisan de l'ombre. Peut-être valait-il mieux attendre de voir ce qu'il ferait de sa commande avant d'envisager quoi que ce soit. Elle reporta son attention sur l'intéressé qui disait avoir vendu ses plus belles créations pour les célébrations de la nouvelle année. Elle aurait aimé les voir, dommage pour elle.

Approchant de l'espace de travail où elle avait laissé sa précieuse canne ainsi que du forgeron qui l'examinait, elle demanda un verdict. Comment pensait-il pouvoir la réparer ? Elle tenait toujours en main la rose, la faisant machinalement tourner entre ses doigts, ce qui lançait de discrets éclats de lumière dans toute la forge.


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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyDim 30 Mai 2021 - 16:39
C’est avec appréhension qu’Alban attendait les réactions de la jeune femme. Une fibule semblait avoir capté son attention, elle changea d’objet une fois son examen terminé et avança ainsi petit à petit.

Lorsqu’un habitant de Marbrume entrait dans la forge c’était presque toujours pour s’acheter un objet fonctionnel, pratique et qui devait durer. Au contraire de ceux qui ne logeaient pas à l’Esplanade, les nobles pouvaient se permettre des fioritures qui combinaient la fonction de l’objet et des décorations révélant le rang de son porteur. La brune semblait être une cliente sûre de ce qu’elle désirait et pas seulement attirée par les ornements apposés. Et heureusement, elle avait l’air satisfaite de son examen. Peut-être est ce son sourire rassuré, ou alors ses hochements de tête qui rappelèrent à Laban qu’il oubliait la rose en métal qui pourrait très certainement plaire à la jeune noble. Lorsqu’il revint lui présenter, elle l’accueillit avec d’autant plus d’enthousiasme et de curiosité. Était-ce l’objet ou la réalisation ? En tout cas le forgeron avait réussi à capter son attention.

Profitant que l’attention de la noble soit occupée, il examina ce qu’elle lui avait apporté à réparer : la précieuse canne. On voyait que l’objet était entretenu avec soin, cependant il commençait à présenter les signes d’usures d’un objet que l’on sollicite régulièrement et que l’on garde près de soi quel que soit les circonstances. Peut-être était ce un précieux cadeau ou un souvenir hérité ? En tout cas il avait plus de valeur sentimentale que de valeur marchande, ce qui rendait le travail dessus plus complexe : la moindre erreur affecterait directement la cliente.

« Je vais pouvoir la réparer. Cependant j’aimerais savoir ce que vous attendez exactement de moi.
Est-ce que vous préférez récupérer votre canne le plus proche possible de son état d’origine, ou justement auriez-vous souhaité quelques petites modifications ? »


Il désigna le bout de la canne qui frottait quotidiennement sur le sol.

« Vous pourriez souhaiter vouloir renforcer cette partie par exemple ? »


Le forgeron ne voulait pas trop s’avancer ou faire de propositions trop audacieuses. Si la canne était aussi importante qu’elle semblait l’être il n’allait pas pouvoir se permettre beaucoup de fantaisies. Il faudrait surtout coller avec les demandes de la jeune noble. Néanmoins on pouvait voir que la jeune femme était aussi un esprit libre et dynamique, sa chevelure le prouvait. Le changement ne lui faisait sûrement pas peur, et au contraire elle pouvait le souhaiter pour se démarquer des autres.
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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyJeu 3 Juin 2021 - 15:09

De Bois et de Métal



Reportant de nouveau son attention sur sa canne, Émilliane approcha de l’objet comme elle l’aurait fait d’un animal blessé. Elle avait conscience qu’il ne s’agissait que d’un objet remplaçable, que n’importe quelle autre canne pouvait faire l’affaire et qu’il y en avait même des plus jolies à disposition, mais puisqu’elle s’était entichée de celle-ci, elle ne parvenait pas à y renoncer.

La question du forgeron était légitime et fit réaliser à la vicomtesse qu’elle n’avait peut-être pas envisagé toutes les options. Remettre simplement l’objet en état ne lui semblait plus aussi avisé qu’elle l’avait pensé en entrant dans la forge.

Vous avez raison… Ce serait peut-être plus intelligent de prévenir de prochains dégâts plutôt que de bêtement refaire ce qui a été cassé…

Croisant les bras entre les pans de son manteau, un doigt tapotant sa lèvre, elle s’accorda un moment de réflexion. Le bois polis de la canne souffrait effectivement à son pied et comme la tête avait été cassée, il fallait prévoir que l’incident se reproduise après un certain temps d’usure. Quelles améliorations pouvait-on apporter sans travestir l’objet ?

Un renfort au pied me semble indispenssable à présent. Pour le pommeau, peut-être pourrait-on penser à une fixation un peu plus pérènne ? Je manque de connaissant en la matière pour faire des propositions. Le souhaite que le bois reste à découvert tel qu’il est. Quand à la forme et au motif de la tête… Je voudrais éviter un pommeau rond. Un qui soit plus allongé et épouse la forme de la main serait idéal. Si l’on pouvait également éviter les pierres précieuses ou les détails trop farfelus, çe serait mieux. Une gravure fine mais délicate serait l’idéal, si c’est dans vos cordes.

L’ancien pommeau reposait sur le plan de travail, bel exemple de ce qu’elle exprimait : il avait la forme d’une tête de lapin dont les oreilles couchées sur le crâne formaient la poignée à saisir. La gravure était élégante, réaliste et pourtant toutes les formes se fondaient les unes dans les autres pour donner un ensemble harmonieux. Le métal avait été polis par de nombreuses heures à passer et repasser sous la caresse de la main.

À combien estimez-vous votre travail ? Je peux donner une avance si nécessaire.
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MessageSujet: Re: De Bois et de Métal | Alban Laforge   De Bois et de Métal | Alban Laforge EmptyDim 20 Juin 2021 - 14:58
HRP:

Pour une noble et une personne du sexe faible, la jeune femme semblait avoir la tête sur les épaules et être sacrément terre à terre. Elle savait écouter, prendre en considération des conseils et réinterpréter ce qu’on lui disait pour le renverser à sa sauce. Emilliane était aussi originale que ses cheveux, on en voyait rarement deux comme elle. Qu’il devait être agréable d’échanger avec elle autour d’un verre et de discuter jusqu’à pas d’heure. Nul doute qu’elle devait avoir une opinion sur tout, même si elle n’avait pas forcément le droit ou le choix de pouvoir s’exprimer. Finalement les femmes du peuple, même si elles avaient moins d’éducation, avaient parfois le la possibilité de plus se lâcher dans leurs propos que dans le carcan modelé de la noblesse où l’étiquette semblait avoir tant d’importance. Le paraître y était plus important que l’être en lui-même. En tout cas c’était l’idée que le forgeron se faisait de la noblesse. D’après ce qu’on avait pu lui raconter à droite ou à gauche, par des conteurs le regard pleins de fierté d’en savoir plus que les autres sur ceux qui dominaient Marbrume et vivaient entre leur propre enceinte de protection.
Approuvant la première réaction de la noble, Alban hocha la tête, restant silencieux pour lui permettre de garder le fil de sa pensée et d’exprimer ce qu’elle souhaitait réellement. Il était là pour la conseiller mais pas pour lui forcer la main. Elle réfléchissait sérieusement au problème et vu que la canne était un objet sentimental, c’était une décision importante. Et voilà que les précisions sur sa commande étaient nommées.

« Le renfort au pied pourra être fait très facilement. »

Pour la fixation du pommeau au corps de la canne, Alban pourrait y réfléchir et le travaille plus en détail.

« Je ferai de mon mieux pour fixer le pommeau de manière plus solide en me basant sur ce que je fais pour les épées, je devrais trouver un moyen de rendre cela plus stable.
Serait-il possible que je prenne quelques mesures pour les dimensions de votre main ? Soit en notant la longueur, soit je peux vous présenter plusieurs dagues et vous me diriez laquelle vous semble la plus agréable à loger dans votre paume ? »


Il hocha simplement la tête concernant les pierres précieuses ou l’ajout de trop de détails, cela l’arrangeait, il préférait faire dans la sobriété. Esthétiquement, il trouvait qu’un agencement de trop d’éléments brouillait le message de l’objet. Au contraire, se focaliser sur une ou deux particularités permettait de les magnifier.

« Je peux faire des gravures qui seront visibles mais pas outrancières. Cependant… j’ignore malheureusement l’histoire de votre famille. Y a-t-il un emblème, un animal ou une divinité particulière à laquelle vous éprouver un attachement renforcé et que je pourrais ajouter sur votre canne pour marquer son appartenance à votre personne ?
Ou souhaitez-vous reprendre la même idée ?»


Le forgeron pouvait voir que le travail d’origine était d’une belle qualité, le lapin représenté avait tout d’un vrai, la finesse d’exécution mettait en valeur la tête longiligne. Cependant les nobles préféraient souvent des animaux plus prédateurs que proies dans leurs objets familiers, en tout cas dans les commandes qu’Alban recevait, et il est vrai, qui étaient globalement toutes destinées à l’art de la guerre et non plus au confort de la marche.

« Merci ma Dame, l’avance ne sera pas nécessaire. Je pense avoir besoin d’une semaine environs pour pouvoir terminer le travail de manière correcte. Serait-il possible d’être payé en denrées alimentaires ? »


Aucun risque qu’Emilliane de Rivain ne vienne pas le payer et actuellement il avait de quoi survivre. Mieux valait donc décaler le paiement et avoir de quoi voir venir d’ici une semaine.
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