Marbrume


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 Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]

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Eric LaporteVagabond
Eric Laporte



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MessageSujet: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyLun 9 Aoû 2021 - 15:40
Marbrume
4 Mai 1166 - Le soir



Je fais partie de ceux qui ne ressentent pas le besoin de se rendre au Temple pour s’adresser aux Trois. Aussi, cela faisait un certain temps que je n’y étais pas aller.
Cependant là, j’avais besoin de partager ce que j’avais sur le cœur, sur la conscience, de laver, à défaut de mes mains, au moins mon esprit, mon âme.
Si c’est encore seulement possible…

Nous sommes le 4 mai 1166, ce jour qui restera à jamais gravé dans mon esprit quoi qu’il advienne. Même un pardon divin ne me fera pas oublier.
Nous sommes deux jours après la reprise des bannissements. Celui qui est sensé, au demeurant, être plus humain. Les mordus sont simplement marqués et expulsés de la ville mais il n’y a plus de mise à mort...En théorie.

Ce jour-là, j’ai été témoin puis acteur d’une ignoble bassesse, une atrocité sans nom. Je m’en suis rendu coupable par peur, par faiblesse, par lâcheté.
Alors oui, cette fois-ci j’ai besoin de trouver l’oreille d’un prêtre ou d’une prêtresse.
Alors je pousse la porte du temple, débouchant dans la grande salle voûtée qui se voit illuminée par un éclair. Brièvement, le roulement du tonnerre masque le bruit de la pluie qui tombe pourtant drue.
Cette tempête résonne dans ma tête comme l’expression de la colère divine.

Je suis trempé à l’os, mes vêtements dégoulinent en l’absence de cape. Cela fait un moment en effet que j’erre sous les éléments, un moment que mes larmes coulent aussi. C’est livide et gouttant que j’avance dans l’allée sombre du temple, mes bottes frappant le pavé, immédiatement étouffées par l’orage. Seules quelques rares torches et éternelles bougies éclairent péniblement les lieux.
J’avance, entre les rangées de bancs, épuisé par ma journée, par déboussolé, brisé.
Une petite voix que je n’avais jamais entendue s’élève alors.

Statut?
Euh! Perdu!

Emotions?
Perdu!

Avenir?
Perdu!

Désir?
...Mourir?

Non, cela n’est pas possible! Tu n’es pas décideur!

Je me perds sur un banc, au pied d’un colossale pilier, inondant presque le sol tant je ruisselle.
Ma voix est faible, suppliante, sans aucun espoir de passer par dessus l’orage.

Quelqu’un? Il y a quelqu’un?

J’ai froid.
J’ai mal.

Le semblant de vie que je commençais à apprécier vient de voler en éclat.
L’espoir? Une vaste blague.
Une utopie pour moi.
Car je me sens creux, vide, simple enveloppe mouvante et sans but.
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyVen 13 Aoû 2021 - 13:40
« Et dans un dernier râle d’agonie, Le Loup recula face à la majestuosité du cerf en grognant, reculant dans sa tanière… Se promettant qu’un jour, sa vengeance sera des plus terribles. » Conclut Isolde en refermant doucement le livre.

Les orphelins étaient tous profondément plongés dans un sommeil, Isolde les contempla dans une tendresse silencieuse, elle ne savait pas quoi faire. Elle était éveillée et ne ressentait pas l'envie d'aller dormir. Alors elle errait dans les corridors en écoutant le bruit de la pluie à l'extérieur, comme suspendue entre deux mondes, puis alors qu'elle s'apprêtait à retourner dans sa chambre, une voix résonna étouffée par l’orage. Elle s'avança dans le temple, comme un esprit parcourant sa demeure, d'un pas lent et tranquille, son visage léché par la pénombre et quelques fois éclairés par les éclats de l'orage à l'extérieur.

La pluie s'abattait en une averse diluvienne et s'écrasait en un effrayant brouhaha, devenant de plus en plus bruyante.

Elle découvrit alors un individu dans la pénombre, éclairé par la lumière fugace de l’orage, raide et immobile. S'avançant lentement vers lui, elle s'arrêta brusquement quand l'ombre gémit. Ce n'était pas un son humain, pas une note claire et précise. Il y avait dans cette voix un écho indéfinissable, une profondeur bestiale qui semblait partir directement de ses tripes, comme un long râle de désespoir. Elle se précipita, soucieuse que quelque chose de grave ne lui soit arrivé.

« Êtes-vous blessé ?! » Et dans sa voix se brisa l’éclat de l’inquiétude.

S’agenouillant vers lui doucement, elle avança ses doigts fins au niveau de son front. L’effleurant délicatement comme si elle s’apprêtait à toucher quelque chose proche de se briser. Ses mains descendirent ensuite vers son corps pour s’assurer qu’il n’y avait pas de plaie ouverte et béante mais elle s’interrompit avant de comprendre silencieusement la terrible vérité ; les plaies de l’âme étaient les plus difficile à recoudre.

« Vous n’êtes pas tout seul » Débuta-t-elle en le regardant doucement, puis elle poursuivit « Je suis sœur Isolde, revenez ici avec moi, ne vous égarez pas dans votre esprit. »

Soudain, il redressa vivement la tête et leurs regards se fauchèrent. Ses yeux s'ouvraient sur un gouffre bordé d'une émotion puissante et féroce, comme si dans chaque creux qui sculptait ses iris s’écrasait une vague douloureuse jusqu’à l’abîme de son regard pour y faire briller une étincelle de désespoir. Un regard monstrueux qui hurlait silencieusement sa terreur.
Isolde lui sourit doucement comme pour le rassurer.

« Je suis là, ici, avec vous. Revenez avec moi. Pouvez-vous vous lever ? Ne restons pas ici. »

Elle tendit les mains vers lui comme un appui sur lequel il pouvait s’agripper pour ne pas s’enfoncer tel un bateau en train de sombrer dans les abîmes glacés de son esprit.
Un nouvel éclair zébra le ciel et illumina à nouveau le temple avant d’être secoué par un vrombissement terrible.
Elle l’amena dans une aile spéciale, et l’aida à prendre place dans une alcôve, un renfoncement discret éclairé par la flamme avide d’une seule bougie.

« Restez ici je reviens. » Ordonna-t-elle lentement avant de se détourner de lui.

Quittant les lieux, elle s’enfonça dans une autre pièce juxtaposée et récupéra des changes ainsi qu’une couverture pour qu’il puisse se dépouiller de l’humidité qui habitait tous ses vêtements. Elle retourna dans l’alcôve où Eric avait son regard plongé dans l'onde trouble de la flamme vacillante de la bougie.

« Je vous conseille de vous changer et de vous réchauffer, d’accord ? » Questionna-t-elle en le fixant lentement.

Isolde commença à reculer avec adresse et silence pour lui laisser la discrétion de se changer. Elle attendit patiemment dans le couloir qu’il se change avant de revenir, laissant son regard placide se déverser comme une légère lumière dans le sien, comme le tracé d'une comète fonçant à vive allure dans ses yeux. Finalement, elle plaqua doucement ses deux mains sur ses genoux.

« Bien, commence-t-elle en l’avisant à nouveau d’un regard concerné, avant de s’asseoir tranquillement face à lui. Vous êtes en sécurité ici et je vous ai entendu appeler quelqu’un…

Elle le balaya d’un regard calme.

« Je suis là pour répondre à votre appel. » Dans sa voix, une très légère nuance d’inquiétude.

Et tout proche, l’orage gronda à nouveau.
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Eric LaporteVagabond
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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyVen 13 Aoû 2021 - 18:50
La noirceur n’est pas une illusion.
Elle ne se cantonne pas aux ombres à la lugubre danse qui chahutent sur les murs froids du temple. Elle n’est pas l’apanage de la nuit, ni l'exclusivité des fangeux.
La noirceur est en chacun de nous.
Elle côtoie la haine, le mépris, la peur, la crainte de la différence et l'indifférence.
Elle est ce qu’il y a de pire en chaque être humain. Un consortium de rage et d’intolérance.
La noirceur est en chacun de vous.

Mais moi, je suis creux!
C’est bien là ce qui m'effraie. Après ce que je viens de vivre, vous seriez soit enragés, soit prostrés.
Je suis vide.
Je ne suis plus avec moi-même.
Le peu que j’avais réussi à raccrocher, envolé.

Je n’entends pas que l’on approche, à vrai dire, je n’entends même pas les grondements terribles de l’orage. Je ne sens pas les vibrations du sol, je ne vois pas les flammes vaciller.
Je n’entends pas la question.

Mon crâne est en ébullition.
Mon regard est perdu quelque part sur ma main, sur cette main.
Le sang, sur ma rétine, incrusté à jamais.
Mais je ne suis pas seul.

Non! On te parle!
Quoi?

Je redresse brusquement la tête et mes yeux tombent dans ceux d’une jeune-femme dont que le voile nocturne me dissimule en grande partie.
Sa phrase, qui devrait résonner comme une corde à la mer pour un naufragé, ne me fait que prendre conscience de ce qu’il m’arrive.
Je ne peux pas répondre, je ne peux prononcer le moindre mot.
Je prends sa main et je me redresse avec elle.

Avec vous?

Ce sont les seuls mots qui, sans raison, quittent mes lèvres.
Je ne sais pas ce que mon esprit voulait dire, mais c’est fait.
Docile, comme toujours, je suis dans l’imposant bâtiment, jusqu’à être à l’écart de la voûte centrale. On me laisse comme consigne d’attendre avec une bougie.
Alors je surveille la bougie.
Elle ne partira pas!

Tu te rends compte de ce que tu penses?
Non!

On me donne une serviette et un tas de tissus en me disant de me changer. C’est une question. J’y réponds en me déshabillant, sans me poser de question. Je pose nonchalamment la serviette sur mes épaules une fois nu, mon regard se reportant sur la flamme unique.

Tu ne partira pas petite lumière!

Un mot me fait décrocher de la flamme. Alors je marmonne, maintenant que le bruit de l’orage est plus étouffé.

La sécurité n’est qu’éphémère tant que l’orage gronde!

Alors je tourne la tête pour tomber sur deux yeux inquiets mais déterminés. Le visage qui m’était jusqu'alors invisible s’affiche en lumière, doux et tranquille, inspirant à libérer sa parole. Je la regarde s’installer face à moi et me dire qu’elle m’a entendu appeler. Je ne me souviens pas avoir dit quelque chose.
Mais j’ai besoin de parler.

Ta tenue mon gars!
...
Tant pis

Ma sœur, j’ai besoin de vous parler!

Le tonnerre frappe de plein fouet le ciel, juste après que j’ai prononcé ces mots d’une voix rauque et gravillonneuse. Un coup de semonce divin.

J’ai tué un innocent aujourd’hui mais ce n’est pas moi qui guidait ma main!

Un éclair, très proche, zebra l’endroit, illuminant brièvement le visage de la sœur pour le graver dans mon esprit.

Un milicien ne doit-il pas sauvegarder les faibles?

D’un geste vif mais doux, je lui saisit la main.

Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus qui suivre, je n’entends pas les Dieux, je ne comprends pas les Hommes.

Un sourd roulement lointain se fait entendre.

Je ne trouve plus mon âme!

Mes larmes me submergent.
Intérieurement, je coule!
La noirceur aura été patiente, en ces temps sombres.
Maintenant elle me tente, ce qui me guette ce sont les ombres.
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyLun 27 Déc 2021 - 16:42
La jeune femme ferma les yeux et inspira à peine, gardant un calme étrangement troublant face à l’homme. Déstabilisée, Isolde tenta d'esquiver sa nudité tout en cherchant désespérément un point pour accrocher son regard. Elle lui adressa un regard qui contrastait furieusement avec le rose qui peigna ses joues.

« Je… Je suis là. » Balbutia-t-elle, perdue devant la détresse de l’homme. Elle semblait l’engloutir tout entier, comme un immense trou noir qui aspirait toute sa raison d’être, sa volonté, son humanité. « Je suis là. » Réaffirma-t-elle alors qu’elle s’installait de nouveau face à lui.

Elle les entendrait presque, toutes ses idées qui s'infiltraient petit à petit dans son crâne et qui finissaient par se faufiler insidieusement dans son cerveau. Toutes ces voix, ces reproches et ces remords qui profitaient de la nuit pour lui sauter à la gorge. Et il y a beau avoir le bruit des gouttes, ça arrivait de partout et sans cesse.
Ses sourcils se froncèrent légèrement, comme si elle chassait une pensée parasite, dessinant des petites fossettes au-dessus de son nez. Elle assistait à la fin de son monde, celui d’Eric, tout semblait se dérober autour de lui comme un immense glissement de terrain. Il avait de la haine jusqu'au plus profond de ses entrailles et la peur de la mort n'arrivait même pas à le lui faire oublier. Fin du monde ou pas, il avait l'air d'avoir au fin fond de ses pupilles une lueur presque animale.
D’un geste vif et lent de la main, elle l’interrompit doucement. Sa propre douceur l’en étonna, elle, qui d’habitude, n’éprouvait pas la moindre compassion.

« Ecoutez-moi. » Exigea-t-elle, cette-fois ci. « Nous passons notre vie à réfléchir, à douter, et à regretter et des fois nous nous laissons aller complétement à l’effondrement. »

Elle déposa sa main sur la sienne, comme une bouée de sauvetage à laquelle il pouvait se raccrocher sans se laisser emporter à nouveau dans ses pensées destructrices et instaurer une ligne de dialogue entre eux. Il se détruisait lui-même et elle avait l'impression qu'elle ne pourrait pas l'aider à guérir. C'était injuste, mais certaines des plaies ne pouvaient se soigner que de l'intérieur. Elle se contenterait d’être silencieuse et dévouée, comme Solange, sa tutrice le lui avait inculpé.

« Mais il faut juste faire un petit effort afin que je puisse vous écouter et vous épauler. Votre esprit, solide et fort, enraciné dans vos pensées. Il faut que vous preniez le temps de m’expliquer ce qu’il s’est passé. » Elle s’humecta lentement les lèvres, avant de reprendre. « Revenez ici, avec moi. »

Discrètement, Isolde saisit à sa droite une couverture chaude qu’elle ramena lentement vers elle, se releva avant de se pencher doucement vers lui afin de la déposer sur ses épaules, l’enroulant à l’intérieur. Elle expira un souffle plus soulagé en dissimulant ce corps qu’elle ne souhaitait pas voir, le fait d’assister au spectacle d’un homme désespéré et nu agitait chez elle un malaise qu’elle répugnait.

« Vous allez attraper froid si vous ne vous réchauffez pas. » Murmura-t-elle avant de se rassoir à nouveau face à lui. « Reprenons, ensemble. Je vais essayer d’énoncer tout ce que vous me dites, si les mots vous manquent, vous pouvez hocher la tête pour me dire ce qu’il en est, d’accord ? Si l’on va trop loin, n’hésitez à serrer votre main sur la mienne et exercer une pression. »

Ses pleurs ne sont plus qu'un bruit de fond qui se noient dans la pluie et l'orage. Elle l’avisa d’un regard qu’elle souhaitait compatissant puis murmura :

« Ce n’est rien, vous pouvez pleurer. On nous répète sans cesse qu’il faut éviter les souffrances mais j’écouterai la vôtre, c’est promis. » Lâcha-t-elle, sincère, avant de reprendre. « Vous faites partie de la milice et l’on vous a contraint à commettre un acte. » Elle s’arrêta pour qu’il puisse la corriger, hocha la tête, avant de poursuivre. « Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il s’est passé et pourquoi vous a-t-on contraint ? »

Elle laissa sa main sur la sienne et exerça une rassurante pression comme pour l’encourager à parler.



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Eric LaporteVagabond
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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyLun 7 Fév 2022 - 14:14
L’espace d’un éclair, tu es là oui.
Face à moi!
Puis tu redeviens une ombre mouvante à la lueur d’une bougie.

Je m'efforce de l’écouter sans avoir l’impression de tout percevoir de ses paroles. Elle évoque une vie de doutes et de remords menant à l’écroulement.
J’opine du chef, on en est pas loin.

Les ombres m'enveloppent telle une nouvelle peau tandis que sa douce main se pose sur la mienne. Le contraste ne me saisit pas sur l’instant car c’est la nuit qui me happe.
Un effort, un simple effort de conscience!
Des brides de volonté…

Soudain, lucide!
Elle ne me demande que ma simple version de cet enchaînement terrifiant.
Je veux lui dire mais elle se lève.
Elle m’enroule dans une couverture.
Attraper froid? Quelle importance?

Mais elle creuse, elle ne lâche rien.
Alors, elle me tracte à elle par les mots pour que je livre mon récit…

Les bannissements ma Sœur ! Je sais bien qu’une personne infectée ne peut rester dans la cité pour la sécurité de tous. Mais nous ne pouvons pas simplement jeter ces pauvres gens dehors…

Je cache mon visage dans mes mains.

Ce sont alors encore des humains et j’ai fais le serment de les protéger, pas de les condamner ! Nous pourrions au moins les mettre à l’abri dans une petite ville fortifiée, subvenir à leurs besoins au lieu de les lâcher ainsi sans rien en pleine nature…

Je relève le regard sur la jeune prêtresse.

Aujourd’hui, un homme mordu à été condamné au bannissement. Il n’arrivait pas à se résoudre à quitter sa femme et son enfant alors on m’a donné l’ordre de le mettre à mort…

Mes larmes coulaient drues sur mes joues, à l’image du déluge qui perdurait à l’extérieur.

J’ai refusé car cet ordre était celui d’un fou et n’était pas les consignes officielles…Alors ils se sont mis à plusieurs, plaçant mon couteau dans ma main et, pressant ma main, ils ont égorgé cet homme devant sa famille…

Je baisse les yeux sur mes mains avant de lever ces dernières pour les montrer à la jeune femme. La droite est teintée de carmin pour une bonne partie, la gauche présentant des éclaboussures.

J’ai eu beau lutter, je n’ai pas eu la force de les empêcher de guider mon bras…Pourquoi les Trois ne m’ont pas aidé à éviter ce drame ?

Je me relève soudainement, envoyant voler la couverture.

J’aurais dû trouver la force en moi pour éviter que ce pauvre homme ne finisse ainsi, je n’en est pas été capable. Je ne suis même pas en mesure de protéger les innocents de ce genre d’injustices, comment pourrais-je penser être utile en cas d’invasion ? A quoi bon mon serment de protéger les gens si je n’en suis pas capable ? Je…


Je retombais sur le banc, à bout de souffle, le cœur décomposé.

A quoi bon ?
Depuis mon arrivée, je n’ai été que source de railleries, de moqueries et de défiances. L’évidence est faite en ce jour, je n’apporte rien à cette population, rien de bon.
Dès lors, que faire ?
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyLun 7 Fév 2022 - 20:13
Ses yeux soucieux glissèrent sur sa figure écorchée, dégringolèrent sur son corps maculé de terre, le sang séché sur ses mains. Puis soudain, il se dressa et la couverture valsa à nouveau un peu plus loin. Le dos d’Isolde se recula un peu plus vivement contre le mur et déclina lentement la tête.

« S’il vous plaît, Eric. » Se fit-elle plus autoritaire. « Vous êtes nu et je… »

Puis soudain, le silence. Serpentant à eux comme un brouillard et s'immisçant entre eux comme la peste, elle était là. Solange, sa tutrice, fit interruption avec un pincement de lèvre sévère. Tout se déroulait avec un accroc déconcertant. Jetant d'abord un œil intrigué vers Isolde, son attention s'attarda sur son surprenant interlocuteur. Elle le dévisagea un instant, comme si elle prenait soin de le jauger.

« Vous n’avez rien à faire ici. » Lâcha-t-elle froidement avant de faire aussitôt demi-tour et de s’en aller, ses pas résonnant glacement comme une sentence.

Ses yeux s'illuminèrent d'un bref éclat de colère ; toute son attitude se fige comme le gel en hiver. Se dressant subitement, Isolde suivit Solange dans les couloirs. Cette dernière l’attendait, les bras sévèrement croisés sous sa poitrine. Sa robe volant derrière elle tant ses pas étaient rapides.

Cet homme ne nous causera que des ennuis. Feula-t-elle.
Il a été forcé d’exécuter un homme contre son gré !
Je ne le nie pas, rétorqua Solange, amère. Des miliciens arrivent pour le chercher.

Cette fois, Isolde ralentit le pas et la laissa s’éloigner.

C’est toi qui leur as dit !? S’insurgea-t-elle, je ne m’attendais pas à rencontrer une telle opposition de ta part, Solange ! Il pense avoir été abandonné des Trois, et tu vas l’en convaincre. Murmura-t-elle, les dents serrées.

Solange encaissa le reproche au creux de son ventre tout en continuant sa marche souveraine au creux du temple, disparaissant dans l’angle au détour d’un éclat d’orage. Isolde secoua la tête en poussant un grognement frustré puis serra le poing d’un geste rageur. Résolue à ne pas le laisser se faire cueillir sans rien faire, elle se recula de quelques pas, puis fit demi-tour pour retourner dans l’alcôve avec une étrange détermination.

« Sœur Solange m’a dit que la Milice vous recherche, Eric. » Annonça-t-elle d’un air désolé en portant une main à son visage pour se pincer l’arête du nez tandis qu’elle réfléchissait à toute vitesse. « Ils disent que vous vous êtes enfuis dans l’exercice de votre fonction. Ils savent où vous êtes. »

Sa main coupa toute justification de sa part d’un air tranchant. Eric n'ajouta aucun mot, ne posa pas de question. Elle n'avait pas besoin de l'informer de sa décision. Sans doute, l'avait-il même deviné.

« Suivez-moi, et vite, s’il vous plaît… Et Habillez-vous, par les Trois ! » Ordonna-t-elle tandis qu’elle quittait précipitamment l’alcôve en fixant avec une précision angoissée le bout du couloir, craignant qu’un homme de la milice n’en jaillisse comme un revenant.

L’heure n’était plus à se confesser, désormais.
Une fois qu’elle le vit sortir, sa tête se détourna vers lui. Ses yeux firent un vague mouvement de haut en bas pour s’assurer qu’il était bel et bien vêtu.

« Vous êtes prêts ? Bien. » Souffla-t-elle, tandis qu’elle l’invita à longer le mur avant de ralentir brusquement. La pluie les couvrait en avalant le bruit de leurs pas au sol.

Leurs ombres valsaient sur les murs comme une menace funèbre, accrochées aux briques tel un vulgaire sac à lanternes.

« Vous avez deux choix » Murmura-t-elle tandis qu’elle s’arrêtait à l’angle d’un mur alors qu’elle entendait les voix éclatantes de la milice résonner au loin. « Soit de vous rendre à eux soit de… »

Elle se retourna puis lui prit les mains.

« …Je peux vous accompagner et vous aider à sortir du temple. Sinon j’irais plaider votre cause. Réfléchissez-y avant de prendre votre décision, je vous en prie. »

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Eric LaporteVagabond
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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyMer 9 Fév 2022 - 10:58
Je n’entendais pas l’autorité dans sa protestation.
J’étais nu, oui et alors?
Habillé, je ne serais pas plus compétent, je ne serais pas plus utile au peuple, je ne serais pas moins couard.
L’habit ne fait pas le prêtre, mais il n’y a pas que le prêtre que l’habit ne fait pas.
La cuirasse ne fait pas le milicien non plus!

Il n’y a que la volonté qui fait l’homme! Murmurais-je plus pour les pierres que pour elle ou pour moi. Je n’en suis plus un…

Alors, j’entends une nouvelle voix, autoritaire et inquisitrice suivie de bruits de pas. D’autres bruits de pas font suite à un soudain vide face à moi et sont suivis par des mots étouffés par les murs épais.
Pour ma part, mon regard revient se poser sur la petite bougie dont la flamme virevolte toujours, brassée par les courants d’air. Mes pensées se mélangent, s’annulent les unes les autres.
Que faire, si tant est qu’il y ai pour moi une chose à faire?

Qu’est-ce que les Trois attendaient de moi? Pourquoi m’avoir ainsi abandonné? Qu’ais-je fait pour autant leur déplaire? Sans indication, je ne peux agir selon leurs volontés, je ne suis rien qu’un homme…Je n’étais rien qu’un homme. Ma volonté n’est plus, elle s’est écoulée avec le sang de ce pauvre homme.

Lorsque la jeune prêtresse revient, elle m'apparaît chamboulée, inquiète peut-être.
La Milice arrive?
Pourquoi donc?
En fonction? Moi?
Je…Non…Je ne sais plus.

Elle me demande de la suivre et de m’habiller…
C’est illogique mais je ne dis rien.
Je me contente de m’habiller avant de la suivre, ordre me semblant plus pertinent que d’essayer de la suivre tout en enfilant mon pantalon…
Mes habits sont évidemment toujours imbibés et je laisse dans mon sillage de nombreuses flaques et des bruits caractéristiques.
Je hochais paresseusement la tête lorsqu’elle me demanda si j’étais prêt avant de m'entraîner à sa suite dans les couloirs, nos pas régulièrement étouffés par le grondement du tonnerre. Les notions de temps, de directions ou d’endroits disparaissent complètement jusqu’à ce qu’elle nous arrête à un carrefour.

Deux choix…
Me rendre…
Ou… Ou ?

Elle me saisit les mains et me propose de m’accompagner ou de plaider en ma faveur auprès de mes collègues.

Je lève les yeux au ciel par une étroite fenêtre, un éclair illumine mon visage encore brillant de pluie. Quelques instants…
Donnez moi quelques instants pour profiter de ce contact.. Ses mains, douces et tièdes dans les miennes…
Une nouvelle larme coule sur ma joue.

Je n’ai aucun choix, ma voie est tracée…Tortueuse et sombre, mais elle est bien là…

Je pose alors un regard doux sur les pupilles de la jeune-femme, un fin sourire hésitant étire mes lèvres.

Merci pour votre attention ma Soeur. Je ne vous ennuierais pas plus longtemps, faites moi sortir d’ici!
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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyDim 13 Fév 2022 - 11:15
À sa réponse, Isolde opina de la tête sans quitter Eric des yeux. Il semblait l’avoir écouté, mais pouvait-il mesurer, en son état, la situation en prenant cette décision ? Elle expira doucement, mieux valait ne pas s’appesantir dans l’immédiat.
Prenant une profonde inspiration, Isolde ouvrit la marche en franchissant un premier passage. Ils s'enfoncèrent plus vaillamment dans l'obscurité trouée par les quelques éclats de l’orage, comme armés d'une intrépidité légendaire. Elle roula souplement des épaules comme un félin en chasse, monta les marches du couloir à enjambées résolues mais prudente, talonné de près par Eric.

Elle leva le bras en s’arrêtant, une première fois.

« Attendez, j’ai cru entendre quelque chose. » Souffla-t-elle en bloquant sa respiration. « Je crois que- »

Au sommet des escaliers, les fières colonnades découpaient l'obscurité. Les fenêtres s'éveillaient à l'approche d’Éric et d'Isolde, leurs yeux vides s'illuminant à nouveau de l'éclat blanc de l’orage. Isolde resserra sa main dans celle d’Éric. Ils devaient passer, atteindre l'autre bout du couloir pour que la pluie couvre sa fuite.

« Ma sœur ? » Interrogea quelqu’un.

Poursuivie par l’écho d’une voix, Isolde pila net au milieu du hall désert, manqua de glisser et se rattrapa d’une main au sol. Ses yeux sautèrent d'une porte à l'autre à la recherche du bruit : des corridors s'étirant à l'infini, des salles aveugles. Sur sa gauche s'élargissait une silhouette s'avançant vers eux.
Quelqu’un venait à eux.

« Passez devant, hâtez-vous. Continuez tout droit, tournez à votre gauche, il y a une fenêtre. » Fit-elle en l’encourageant à poursuivre sa route en posant sa main, exerçant une pression sur son épaule. « Que les Trois vous protège. »

Des semelles militaires claquèrent et atteignirent Isolde qui se retourna brutalement sur elle-même. Un homme de grande taille, franchit le mur de l’obscurité pour s’avancer vers elle. Il sembla la jauger avec un calme interrogateur, étonné sûrement de la croiser ici à une heure aussi avancée. Le charme enténébré de la prêtresse
ne semblait pas non plus le laisser complétement indifférent vu qu’il la fixa avec une insistance troublante.

« Qu’est-ce que vous faites seule ici ? » Aboya-t-il, de mauvaise grâce. « Nous recherchons un fugitif. Un homme de cette… » Il décrivit un à peu près en mettant sa main au niveau de son épaule. « …taille. » Isolde secoua négativement la tête, agitant sa natte sur son épaule. « Vous ne devriez pas rester seule ici, ma sœur. Si vous voulez, je peux vous escorter… »

A nouveau, l'orage vint illuminer son sombre visage dans un sinistre chassé-croisé d’ombre et de lumière. Un cache de cuir recouvrait son œil gauche ainsi qu'une longue cicatrice qui lui tailladait l'arcane jusqu'à la
commissure de la lèvre.

« Ça va aller. » Se força-t-elle dans un sourire avenant. « Je finissais mon office, j’allais à ma chambre. »

Isolde relâcha son souffle qu'elle n'avait pas conscience de retenir. Elle déglutit puis se reprend. Une pensée parasite creuse son chemin dans son raisonnement – Eric a-t-il pu se cacher et continuer ? Soupirant intérieurement, elle fit taire cette question.

« Je vous raccompagne. » Insista-t-il. « Tant que l’on ne l’aura pas retrouvé, ce n’est pas sûr de traîner par ici. »

Posant une main délicate mais autoritaire sur son épaule, il lui fit silencieusement comprendre que ce n’était pas négociable.

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Eric Laporte



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MessageSujet: Re: Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde]   Sanglante confession - Les origines d'un déserteurs [PV Isolde] EmptyDim 27 Fév 2022 - 13:12
La jeune prêtresse opina du chef à ma réponse avant de s’élancer dans le couloir. Je m’empressais de la suivre dans un flic-floc désagréable, parcourant les allées presque seulement éclairées par les éclairs. La tempête ne semblait pas vouloir se calmer, au contraire elle s'aggrave d’heure en heure. Je n’avais aucune idée de l’endroit où elle me conduisait mais elle ne marqua pas la moindre hésitation, aussi me contentais-je de la suivre assidûment.

Soudainement, elle me fit signe de m’arrêter en me chuchotant qu’il lui semblait avoir entendu un bruit. Finalement, nous reprenions notre route pour nous stopper une nouvelle fois en urgence au pied d’un escalier. Isolde s’arrêta tellement brusquement qu’elle faillit s’étaler au sol, se retenant de justesse.
Jetant un regard tout autour de nous, je vis que, cette fois, quelqu’un venait. La jeune prêtresse voit également l’individu et se tourne alors vers moi.

Une main pressante sur mon épaule, elle m’indiqua le chemin à suivre avant de me souhaiter bonne chance. Je plongeais mon regard dans le sien avant de murmurer.

Merci ma Soeur!...

Je lui saisis le poignet en douceur.

Jamais je n’oublierais ce jour ni l’aide que vous m’avez apportée. Un jour, je reviendrais pour vous remercier convenablement. Puisse l’avenir vous garder Soeur Isole!

Je me lançais alors, suivant ses indications pour parvenir à la fenêtre indiquée.
La voix de la prêtresse et d’un homme me parvenaient alors que j’ouvrais le battant mais je ne détectai pas de problème pour celle qui venait de m’aider. Le milicien semblait courtois.
C’est ainsi que je disparut du temple, traçant mon chemin jusqu’à la caserne.

A cette heure tardive, il était facile d’y évoluer. En tenue de service, je n’avais eu aucun mal à entrer sous cette pluie battante.
Je passais par mon baraquement pour récupérer silencieusement mes armes avant de filer à la réserve. Là, je me changeais en vitesse, me délestant de ma tenue de milicien pour une tenue simple de lin noir. Je m'empara de deux grandes besaces, d’un plastron léger et d’une grande cape ainsi que d’une chaude couverture et de quelques ustensiles de campagne. Deux gobelets, quelques gourdes, divers objets permettant de bivouaquer, amassant également quelques vivres.

Fin près, j’ajoutais une dizaine de flèches dans mon carquois ainsi qu’une chemise blanche de rechange avant de rabattre la capuche sur ma tête. Je pris une corde et la plongeais dans la mélasse qui servait aux torches pour enfin quittais la pièce.

Je laissais la caserne derrière moi, montant sur les remparts. La corde par-dessus la muraille, je me laissais glisser pour quitter la ville. Arrivé en bas, j'ai mis le feu à la corde grâce à un briquet. Il était hors de question que je laisse derrière moi une corde permettant à quelqu’un de grimper la muraille. Je m'éloigne pour m’assurer que tout brûle bien, me tapissant hors de vue. Une fois certain que la corde était inutilisable, tandis que quelques gardes alertés par les flammes arrivaient, je tournais les talons.

Alors, dans un claquement lourd de cape, la nuit me happait.
Moi, Eric Laporte, j’étais maintenant un déserteur et un vagabond!
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