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 [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)

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Faust Sinclair
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MessageSujet: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyLun 23 Aoû 2021 - 14:44
Une agitation étrange. Un brouhaha innommable. Faust émergea des coussins dans lesquels sa tête s’était enlisée la veille. Rentré tard d’une soirée bien arrosée. Une habitude ces derniers temps. D’un autre côté, retrouver les plaisirs de Marbrume avait un prix.

Un mois… Un mois qu’il était revenu dans la Cité. Qu’il avait retrouvé sa mère en vie. Qu’il avait élu domicile dans cette maison close qui l’avait vue grandir. C’était chez lui. Il s’y sentait en sécurité. Bien sûr, les filles avaient changé. Bertille n’était plus là pour lui remonter les bretelles lorsqu’il se levait trop tard. Il ne pouvait plus se cacher dans les jupons des filles… C’était le bon vieux temps. Celui d’avant la Fange. D’avant les bannis….

Mais la Biche Friponne semblait être immuable. L’atmosphère feutrée, les rires des clients, le bruit des couches qui grincent et des râles de plaisir. Par Serus, ça lui avait manqué….

Pourtant, ce matin, c’était une agitation inhabituelle qui emplissait la demeure. Le jour était à peine levé. Normalement, les filles dormaient encore à cette heure-là. Et seule Dame Emeraude était debout, en bonne tenancière responsable, dirigeant le nettoyage de chaque pièce, supervisant les personnels de cuisine, refaisant les comptes de la soirée précédente à tête reposée.

Sauf que là, l’effervescence semblait avoir gagné tous les étages. Les filles étaient agglutinées devant la chambre d’Isabeau, une pensionnaire dont le ventre ressemblait davantage à une outre de bière mal fermentée qu’à celui d’une princesse des sens.

Faust s’avança vers l’assemblée, le torse dénudé, la tête encore embrumée des excès de la veille. Les piallements des filles résonnaient à ces oreilles comme autant de cris de petits oiseaux désagréables. Cherchant à chasser le mal de crâne qui ne manquerait pas de poindre de manière imminente, il maugréa à l’attention de ses collocatrices.

«Qu’est-ce que c’est que ce raffut ? Y’a un fangeux dans la maison ou quoi ? Vous avez pas assez bossé hier soir pour être aussi excitées ?»

Il tenta de se frayer un chemin au milieu des belles de nuit pour pouvoir saisir de ses propres yeux l’origine de ce vacarme. La porte de la chambre entrouverte lui semblait une invitation à laquelle sa curiosité ne pouvait résister. Il entra donc en se frottant l’arrière de la tête et en baillant à grande dents...


Dernière édition par Faust Sinclair le Lun 23 Aoû 2021 - 19:32, édité 1 fois
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Clémence SarravilliersGuérisseuse
Clémence Sarravilliers



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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyLun 23 Aoû 2021 - 15:42
Les râles plaintifs, annonciateurs d'une délivrance douloureuse et difficile avaient laissé place aux hurlements. La pauvre femme souffrait énormément et ne pouvait s'empêcher de crier à plein poumon dans l'espoir d'apaiser sa douleur. Hélas, il n'y avait rien de plus improductif et ce pour plusieurs raisons. Isabeau ne poussait plus, plus assez du moins pour aider le petit être à se frayer un chemin dans les entrailles de sa mère pour s'en extirper définitivement. Elle s'épuisait ainsi, inutilement et il devenait de plus en plus difficile de se faire entendre dans un tel brouhaha. Les hurlements ne tardèrent pas à ameuter toutes les pensionnaires de la maison. Certaines allèrent même jusqu'à pénétrer dans la pièce déjà bien trop exiguë pour permettre à la sage-femme de travailler correctement. Mais le temps n'était point aux explications ni même aux réprimandes. Clémence avait deux vies entre ses petites mains frêles… Celle de la prostituée épuisée, évidemment, mais également celle bien plus fragile du bébé qui devait souffrir à présent… L'accouchement était trop long… Trop douloureux aussi, beaucoup trop pour être normal… Alors quand les demoiselles présentent, probablement inquiète de voir leur compagne dans cet état lamentable se mirent à bavasser toutes en même temps. C'en était trop pour l'accoucheuse qui finit par se relever, le visage couvert de sueur, les mains tachées de sang.

-Il suffit à présent! gronda-t-elle. Vous êtes trop nombreuses et beaucoup trop bruyantes !

Elle fit quelques pas pour ouvrir la porte et inviter la populace à sortir lorsque son regard harassé se posa sur un homme à demi-nu … Un client, sans doute… Mais une personne qui n'avait strictement rien à faire là.

-Mais voyons ! Je vous prie de partir, monsieur. Les hommes n'ont rien à faire dans les affaires des femmes ! grogna la sage-femme en désignant deux demoiselles. Vous, vous pouvez rester. Que l'une de vous se place dans son dos… La seconde me secondera… Par les Trois, ouvrez-moi cette fenêtre ! ordonna-t-elle avant de claquer la porte.

Ceci fait, l'accoucheuse put se remettre au travail… Un toucher suffit à déterminer l'origine du problème : l'enfant se présentait par le siège…

-Il faut la tourner…
-Comment ça demanda la petite blonde installée devant la future mère.
- Il faut qu'elle se tourne et prenne appuie sur ses mains et ses genoux… Il va vous falloir la soutenir car je vais devoir tourner l'enfant et cela n'a rien d'agréable...Elle sera bien incapable de tenir seule, elle est trop épuisée...

Les deux demoiselles s'exécutèrent en silence, aidant la pauvre Isabeau à prendre place pour que la sage-femme puisse s'exécuter… La prostituée se mit alors à hurler de toutes ses forces. Hélas, celles-ci avaient tant été mise à mal que la pauvre femme s'écroula sur les demoiselles devant la soutenir.

-Bon sang ! s'exclama la sage-femme visiblement contrariée. Il vous fallait simplement la soutenir !
- Mais… C'est qu'elle est lourde !
- C'est incroyable ! J'y étais presque…
- Faust! appela la blondinette.
-Que faites vous ?
-J'appelle Faust… C'est peut-être un homme mais il pourra la soutenir mieux que nous!

Un homme assistant à une naissance, cela semblait impensable et pourtant … Clémence n'avait plus vraiment le choix à présent … Elle laissa donc le jeune homme entrer et lui expliqua brièvement ce qu'il devait faire, où se placer, etc. Rapidement, la sage-femme réussi à mettre l'enfant dans la bonne position…

- C'est le moment ! À la prochaine contraction, poussez aussi fort que possible !

Elle poussa, de toutes ses forces…

-Encore ! Allez-y, je vois sa tête !

Elle pousse de nouveau, en hurlant à plein poumons jusqu'à ce que, enfin, le petit être atterrit doucement dans les mains de la sage-femme qui lui donna une belle claque sur le derrière encore bien trop bleuté… Le nourrisson hurla, Clémence l'emmaillota tendrement dans un linge propre avant de se tourner vers la jeune mère…

- C'est un petit garçon, bien dodus… Voulez-vous le prendre dans vos bras ?

Cette question bien simple et parfaitement naturelle n'était pourtant point anodine. Si la femme acceptait l'enfant, elle le garderait forcément, aucune mère ne pouvait renoncer à son enfant après cela… Pas sans bonnes raisons en tout cas… Dans le cas contraire, cela signifiait un abandon, un rejet qui n'avait malheureusement rien de bien rare… Et ce fut d'ailleurs ce qui arriva… Isabeau tourna la tête, refusant simplement de regarder l'enfant qu'elle venait pourtant de mettre au monde. Le coeur de la sage-femme se serra douloureusement, bien qu'elle comprenait pourquoi cette femme agissait ainsi.

- Très bien, je vais lui donner un bain et le conduire au Temple ...
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Faust Sinclair
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyLun 23 Aoû 2021 - 21:21
Une voix nette et impérieuse se fit entendre dans la chambre. Faust baissa la tête vers l’entrejambe ouverte de l’Isabeau qui laissait entrevoir le gouffre le plus béant d’une anatomie que le jeune homme avait pu voir jusque-là. Ses yeux s’écarquillèrent. Il resta un instant figé, comme pétrifié devant cette vision de l’origine du monde. Suffisamment longtemps pour réagir à retardement à la remarque de la silhouette qui lui tenait ostensiblement le dos.

Amusé malgré sa gueule de bois, Faust se contenta d’une boutade provoquante dont il avait le secret.

«A vos ordres m'dame ! Je m’en voudrais de vous déranger. C’est vrai que j’ai beau être matinal et avoir le ventre vide, la tripaille avant l’heure du déjeuner… Si je repeins le plancher, Dame Emeraude risque de me l’ajouter au prix de la chambre et de me le faire nettoyer moi-même en prime… »

Après avoir lancé sa bravade, il esquissa un gracieux demi-tour pour sortir. Mais alors qu’il venait de sortir, une voix le rappela. A priori, les choses ne se passaient pas comme souhaité. Et en voyant qu’Isabeau semblait à l’agonie, Faust attrapa l’infortunée future maman, la souleva suivant les instructions qu’on lui donnait. Ce n’était pas le moment de finasser. Il y avait des vies en jeu. D’une main calme il écarta les mèches collées par la sueur sur le visage de la jeune femme. D’une voix posée, il lui murmura quelques paroles d’encouragement, plantant son regard dans le sien.

«Ecoute ma belle. Cet enfant, il va falloir qu’il sorte. Alors tu vas donner tout ce que t’as. Même si tu dois te lâcher sur le plancher, d’accord ? Et puis, pense que ce sera cette garce de Lison qui se farcira le nettoyage… »

Il réussit à lui arracher un léger rire fugace entre deux cris de douleur. Faust lui serra la main, comme pour lui transmettre un peu de sa force et de réconfort. Elle poussa de plus bel, avec un courage, une énergie du désespoir qui laissa le jeune pirate sans voix. Jusqu’à ce que des pleurs d’enfant viennent signifier la délivrance. Lentement, Faust libéra sa main de l’étreinte de la belle de nuit et avec discrétion, il se dirigea vers la sortie de la pièce. Mais pas assez vite pour ne pas entendre qu’Isabeau ne garderait pas l’enfant.

Son cœur se serra à cette pensée. Bien sûr le petit bonhomme aurait une éducation et ne manquerait de rien. Mais, lui, pouvait remercier sa mère de ne pas avoir fait ce choix. De l’avoir gardé avec elle. Quel courage ça avait dû lui demander….

Son esprit tournant en boucle sur cette pensée, il descendit jusque dans la cour pour se plonger la tête dans le premier seau d’eau froide qu’il trouva. Puis, il s’assit sur le perron, pensif, regardant les grouillots s’affairer…
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyMar 24 Aoû 2021 - 8:31
Une fois seule avec sa patiente, Clémence pu terminer les soins et la toilette de la jeune mère qui avait visiblement décidé de ne point ouvrir la bouche. La sage-femme, habituée à ce genre de mutisme ne s'en offusqua point et s'attela à la toilette de la prostituée avant de lui donner quelques recommandations afin d'éviter tout risque de fièvre puerpérale qui ne manquerait pas de l'emporter si elle ne prenait pas garde… Dans ce but, l'accoucheuse lui laissa quelques plantes pouvant l'aider à renforcer son corps. Elle la laissa en lui promettant de revenir le soir même afin de s'assurer de sa bonne santé, mais aussi de son moral.

Clémence n'était pas dupe. Elle connaissait parfaitement le mode de vie de toutes ces femmes perdues. Elle savait qu'elles n'avaient pas le choix, par manque de sécurité ou d'argent, il leur était impossible d'élever correctement un enfant. La sage-femme n'émettait donc aucun jugement et se contentait de faire son travail tout en essayant de leur apporter un peu de réconfort une fois que l'enfant se trouvait hors de leur vue. Il arrivait même, parfois, que l'une d'elles change d'avis et demande à récupérer leur bébé. Dans ces cas-là, Clémence les accompagnait elle-même au Temple pour satisfaire la demande de sa patiente tout en s'assurant qu'il s'agissait bien du bon enfant.

Mais cette fois, quelque chose ne lui disait que ce ne serait pas le cas. La délivrance avait été bien trop douloureuse pour ne point marquer cette pauvre Isabeau. Et puis… Elle était si jeune cette demoiselle, à peine sortie de l'enfance. Clémence lui aurait donné le même âge que sa jeune sœur, même si les traits d'Isabeau se voyaient bien plus prononcés, marqués par une vie difficile, contrairement à Clarence.

Le nourrisson bien propre et soigneusement emmailloté dans des linges immaculés, Clémence put quitter la maison close. Elle serra le petit être innocent contre son cœur, essayant tant bien que mal de lui transmettre un peu de tendresse et de chaleur humaine, consciente qu'il en manquerait tout le reste de sa vie. Les prêtres faisaient de leur mieux pour prendre soin des orphelins. Ils les habillaient, les nourrissaient et veillaient à leur donner une bonne éducation… Mais ces derniers ne leur apportaient aucune affection comme l'aurait fait une mère aimante. Elle savait aussi qu'il y avait de grandes chances que ce petit garçon ne survive pas bien longtemps. Ils étaient trop nombreux dans son cas et les clercs manquaient parfois de vigilance. Ce n'était point leur faute, il y avait bien trop à faire au sein du Temple pour qu'ils ne prennent le temps de vérifier chaque berceau pour s'assurer que les nourrissons respirent bien, qu'ils ne soient pas ensevelis sur une couverture ou simplement qu'ils ne soient pas malades. Ce que l'on fait pour un seul bébé ne peut être aisément appliqué pour dix. Pas lorsque l'on manque de main d'œuvre, pas lorsque l'on manque d'expérience.

Le petit être lové dans ses bras, Clémence sortit de la maison enfin du bordel. L'ambiance avait bien changé à l'intérieur. Le personnel pouvait bien s'affairer çà et là, à l'intérieur régnait pourtant un silence pesant, presque morbide, trop lourd pour que quiconque ne veuille s'y attarder. Cela changerait rapidement, évidemment. Les clients ne tarderaient pas à affluer sans se soucier du drame et du chagrin de la femme esseulée couchée sur son lit.

Il faisait froid ce matin-là, bien trop pour trainer dehors à demi-nu comme l'homme étrange qui s'était installé sur les marchés empêchant la sage-femme de passer. Cherchant à attirer poliment l'attention du jeune homme afin de lui signifier sa présence, Clémence se racla la gorge, une fois puis deux sans que cela n'ait le moindre effet.

-Faust ? tenta-t-elle de l'interpeller une fois que son prénom lui revint en mémoire. Pourriez-vous vous décaler un peu, s'il vous plaît ? J'aimerais passer…

Avisant sa tenue ou plutôt son absence de tenue et ses cheveux mouillés, la sage-femme ajouta :

-L'air est frais, mieux vaudrait vous couvrir, sans quoi vous risquez d'attraper froid...

Que faisait-il là au juste, à attendre ainsi installé sur des marches humides et froides ? Il semblait même s'être perdu dans ses pensées comme si quelque chose le préoccupait… Le nourrisson se mit à brailler… Le pauvre devait avoir faim, ou froid… Clémence le serra un peu plus dans ses bras pour mieux le bercer.

-Quelque chose ne va pas ? Vous semblez soucieux ...
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Faust Sinclair
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyMar 24 Aoû 2021 - 11:12
«Je… Oh bien sûr. Pardon. J’étais…ailleurs… »

L’appel de son prénom et les pleurs de l’enfant le sortirent de sa torpeur. Il réalisa que la femme qu’il avait vu quelques instants auparavant entre les cuisses d’Isabeau se tenait derrière lui, le nouveau-né dans les bras. Une accoucheuse, probablement.

Il se leva et s’écarta pour la laisser passer. Il en profita pour la dévisager. Elle n’était pas vraiment jolie. Ni vraiment féminine. Aussi plate qu’une planche des suppliciés sur un navire aurait dit le vieux Philomène. Mais elle avait l’air de quelqu’un de gentil. Son empressement à lui donner un conseil sur sa tenue vestimentaire trahit effectivement sa bienveillance. Faust se contenta d’un sourire en coin.

«Ne vous inquiétez pas pour moi. J’ai connu pire. C’est pas quelques frimas matinaux de mai qui viendront à bout de ma carcasse… »

Il fallait dire qu’à côté d’un hiver dans le marais, c’était presque une promenade de santé. Son esprit se perdit dans un souvenir de l’hiver deux années auparavant. Il avait gelé à pierre fendre. Et même certains fangeux s’étaient retrouvés surpris. La sensation de faim ne l’avait pas quitté pendant des mois. Pas forcément la chose la plus plaisante à se remémorer ceci dit…

Son regard se posa sur le petit. Il semblait avoir faim. Le cœur de Faust se serra. Être ainsi rejeté par sa mère… C’était un bien mauvais départ dans la vie. Encore plus par les temps qui couraient. Jeanne n’avait pas fait ce choix pour lui. Peut-être que ça lui permettait d’être encore en vie à l’heure actuelle…

«Vous allez l’emmener au temple, c’est bien ça ? Pauvre petit… A peine arrivé et déjà privé d’amour… Je suis né dans cette maison, vous savez ? Ma mère a travaillé longtemps ici avant de rejoindre les filles d’Anür. Comme aide. Cette maison, c’est un peu chez moi. Pour ça que Dame Emeraude me tolère dans les murs. Enfin bref… J’ai eu de la chance de grandir au sein de cette « famille ». Je suis sûr que le petit sera bien traité. Mais il ne sera qu’un parmi tant d’autres. Pas sûr que quelqu’un veille sur lui comme le ferait une mère…. Cette pensée m’attriste, voyez-vous… »

Il la regarda d’un air désolé. Ses cheveux goutant sur sa barbe noir, il ressemblait à un chiot abandonné après une averse. Il redressa néanmoins la tête et l’interrogea un peu abruptement.

«Elle lui a donné un prénom au moins ? »
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyMar 24 Aoû 2021 - 12:55
La petite âme affamée finit par cesser de pleurer pour s'endormir dans les bras de l'accoucheuse qui le tenait tendrement dans ses bras. Il était si petit, mais déjà si vaillant ce bonhomme. Des cheveux clairs, encore très fins et quelque peu éparpillés sur un crâne bien formé. Sa bouille ronde bien qu'encore fripée par l'endurant voyage qu'il venait à peine d'accomplir arborait déjà des joues roses et rondouillardes lui donnant des airs de poupons. Une image attendrissante qui aurait dû inspirer un amour incommensurable et inconditionnel à sa mère, si celle-ci avait au moins daigné lui adresser un seul petit regard, mais qui ce contenta d'émouvoir la petite femme qui le gardait lové contre cœur.

L'homme réagit finalement et se déplaça avant de s'excuser pour s'être perdu dans ses pensées. Il n'était point difficile d'imaginer à quoi celui-ci réfléchissait à l'instant. Sa tenue et ses cheveux encore bien humides en disaient long sur son besoin pressant de sortir de la maison pour mieux s'isoler tout en profitant du calme matinal. Clémence n'avait jamais réellement songé aux raisons qui empêchaient les hommes d'assister aux accouchements. Soeur Berthilde appelait ça, tout naturellement, des affaires de femmes rappelant seulement que les hommes n'étaient pas censés voir les transformations occasionnées sur le corps meurtri des mères. Peut-être n'étaient-ils pas suffisamment forts mentalement pour voir cela, ce qui expliquerait son teint légèrement pâle et ce besoin de s'extirper de ce monde presque exclusivement féminin. Du moins, le supposait-elle jusqu'à ce que le dénommé Faust ne mentionne sa propre résistance physique qui jugeait hors norme, d'après ses propres dires. Clémence ne répondit rien à cela, se contentant de hocher légèrement la tête avant de se balancer de droite à gauche pour aider le petit à s'apaiser.

- Vous allez l’emmener au temple, c’est bien ça ? lui demanda-t-il avant d'évoquer sa propre enfance passée dans cette même maison close. Une enfance qui ne semblait pas avoir été des plus malheureuses puisque ce dernier la voyait comme une maison. Un lieu qui abritait sa famille.

Il se sentait triste pour cet enfant qui n'aurait certainement pas la même chance que lui. Contrairement à la mère de l'homme bien adulte face à elle, celle du nourrisson avait fait un tout autre choix. Mais de l'amour, il avait tout de même dû en recevoir lorsqu'il se trouvait encore dans le ventre de sa mère. Il avait dû l'amuser en gigotant, en lui donnant quelques vigoureux coup de pieds qui resteront à jamais dans la mémoire de celle qui l'avait porté. Clémence n'avait jamais pu oublier sa fille, même si les Trois, sans doute pour de bonnes raisons, ne leur avaient point accordé la chance de se rencontrer et d'apprendre à se connaître toutes deux.

-La vie peut être cruelle ,parfois, rétorqua-t-elle tout en continuant de bercer le petit homme. C'est d'autant plus vrai de nos jours… Mais, n'en voulez pas à Isabeau, sa vie est difficile et prendre ce genre de décision ne se fait jamais de gaieté de cœur. Votre mère a choisi de vous garder avec elle, malgré tout, et c'est tout à fait louable de sa part. Je suis également convaincue que ce bonhomme serait heureux ici, à ses côtés… Néanmoins, si chacune d'elles prenaient cette même décision, il deviendrait alors bien difficile de poursuivre les activités de cette maison avec une flopée d'enfants en ces lieux. Ils finiraient également par manquer d'attention, d'amour, mais également de nourriture et de tout ce qui est nécessaire à l'humain pour survivre. Il est en vie et c'est déjà une chance...

Combien de ces femmes choisissaient simplement de se débarrasser de ce petit poids avant même que sa présence ne se voie ? Ces petites âmes innocentes n'auraient même pas la chance de pousser leur premier cri. "C'est sans doute mieux ainsi", se disait la sage-femme lors de chaque avortement sans réellement y croire. Elle se rassurait en songeant que cet enfant-là ne souffrirait pas de la faim. Il ne tomberait jamais malade. Il n'éprouverait jamais la moindre douleur… Mais était-ce seulement la vérité ? De cela, Clémence en doutait fortement…

- Elle lui a donné un prénom au moins ?

-Non, hélas. Mais cela n'a rien de bien étonnant… Je comptais lui en trouver un sur le chemin, mais si vous avez une idée, allez-y. Cela porte malheur de commencer sa vie sans porter de prénom, c'est comme si l'on appelait la malchance directement sur l'anonyme… Je ne laisse jamais un enfant au Temple sans lui en avoir donné un.
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyMar 24 Aoû 2021 - 17:25
«Parfois seulement ? »

Il lui adressa un sourire las. La vie faisait rarement de cadeaux. Faust l’avait appris à ses dépens. Il avait eu l’occasion d’en faire l’expérience à plusieurs reprises. Même s’il considérait qu’il était chanceux : il était bien portant, n’avait pas fini en fangeux ou pire… dans la milice !

Pour autant, l’existence était rarement une partie de plaisir. Il y avait de la souffrance, du désespoir… C’était pour cette raison précise qu’il considérait qu’il fallait profiter de chaque plaisir, de chaque occasion de s’amuser, de chaque joie qu’elle pouvait nous offrir. Il le fit d’ailleurs remarquer à l’accoucheuse.

«Oui, la vie peut être cruelle. Raison de plus pour ne pas lui faciliter le boulot, vous ne croyez pas ? Alors oui, je vis dans un bordel et je me suis levé ce matin avec la gueule de bois. Mais au moins, si je dois mourir de la fange ou d’autre chose, je partirai sans regrets et en ayant l’impression d’avoir profité de chaque instant. Des remords plutôt que des regrets. Pas vrai ? »

Il jeta un œil attendri sur le nourrisson qui s’était endormi. Quel dommage qu’il ne puisse le garder avec lui. L’adopter ? Oui mais que ferait-il, ce gamin, quand Faust repartirait sur un bateau ? Qui s’occuperait de lui ? Il y avait déjà suffisamment d’orphelins traîne misère dans les bas-quartiers pour ne pas en rajouter un de plus.

«La naissance d’un enfant devrait être l’occasion de se réjouir, d’être un signe de bonheur et pas une malédiction. C’est la victoire de Serus. La victoire de la vie. C’est…l’opposé de cette saloperie de fange si vous voulez mon avis ! Je n’en veux pas à Isabeau. Ce n’est pas à moi de juger de ce genre de choses. J’en ai ni le droit, ni les compétences. Je suis juste un marin stupide vous savez. Mais même les abrutis dans mon genre ont un cœur… »

Et celui de Faust malgré les épreuves, malgré la vie chez les bannis, malgré son engagement pour le Dauphinat était encore capable de s’attendrir. Surtout pour un petit bout à peine sorti du ventre de sa mère. Même s’il ne l’avouerait sans doute pour rien au monde et surtout pas sur le pont d’un bateau. Il caressa avec douceur la joue de l’enfant et lui adressa un sourire mélancolique.

«Appelez-le Darius. C’est le nom d’un grand homme. Et dites au temple qu’en cas de soucis, ils peuvent venir trouver Faust à la Biche Friponne. Je ne peux pas m’occuper de ce petit à la place de sa mère. Mais qu’il puisse grandir en sachant qu’il y a des adultes sur lesquels il peut compter en grandissant, ça me paraît le minimum… »

Il regarda la jeune femme et la dévisagea à nouveau de son regard bleu océan.

«Et vous, vous avez un prénom ou dois-je juste vous appeler madame ? »
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyMer 25 Aoû 2021 - 8:27
Profiter de la vie… Que voulait-il dire par là ? De part son éducation, il était bien impossible pour Clémence d'imaginer prendre plaisir dans la chair et l'alcool. De quoi pouvait-il profiter au juste ? Que pouvait-il y avoir de plaisant à se sentir mal le lendemain, après avoir avalé son poids en bière ? Non, cela, la sage-femme ne pouvait le comprendre. Et quand bien même, elle n'avait guère de temps à perdre dans ce genre bêtise. Pour vivre, il fallait travailler, gagner de l'argent pour entretenir sa maison, pour se nourrir, pour survivre tout simplement. L'accoucheuse prit alors grand soin de ne point relever les propos de l'homme. Après tout, il avait bien le droit de vivre comme lui l'entendait et Clémence n'a jamais été le genre de personne à émettre de jugement surtout lorsque cela ne la concernait en rien.

Au lieu de quoi, la jeune femme à la mine constamment épuisée préfèra se concentrer sur la suite. Il avait raison : une naissance devrait être synonyme de réjouissances. Néanmoins, aux yeux de la sage-femme les choses ne se passaient pas toujours comme elles le devraient. Une naissance ne devrait survenir qu'après un mariage, un mariage heureux et non forcé pour diverses raisons souvent sordides . Une naissance devrait toujours bien se dérouler et les femmes devraient toujours survivre à un enfantement. De la même manière, tout enfant devrait avoir la possibilité de venir au monde, en bonne santé et dépourvu de toute difformité. Tout enfant devrait devenir adulte. Tout enfant devrait être heureux… Mais en pensant ainsi, l'on deviendrait utopiste ce qui ne seyait guère à ce monde hostile. La vie, elle-même, n'était point parfaite. Des imprévus regrétables arrivaient chaque jour, Clémence - comme beaucoup d'autres personnes- était bien placée pour le savoir. Ainsi voilà bien longtemps que ces rêves chimériques n'avaient plus leur place dans les pensées de la jeune femme.

-Que vous soyez marin, stupide ou non, ne change strictement. Vous êtes un être humain et aucune personne un tant soit peu sensée ne peut rester insensible devant ces petits anges. Enfin, c'est ce que je pense, mais tout le monde étant différent, je suis supposément en train de dire une grosse bêtise.

Un léger sourire vint doucement étirer ses traits. Son regard extrêmement doux restait posé sur l'adorable visage du nourrisson endormi.

-Ce sera donc Darius, très bien. Je ne sais pas qui est ce grand homme dont vous faites mention, mais je transmettrai votre message au père Alban. Il est bon de savoir que ce petit homme pourra compter sur quelqu'un.

Clémence allait prendre congés afin de permettre au bébé de prendre son premier repas. D'ordinaire cela se faisait naturellement, dés l'instant où la sage-femme posait le nourrisson sur le ventre de sa mère. Instinctivement, le petit être savait retrouver le sein nourricier et ne le lâchait que pour mieux s'endormir dans les bras de cette personne qui se devait de l'aimer plus que tout … Plus que sa propre vie. Mais tel n'avait point été le cas pour Darius… S'il pouvait bénéficier d'un peu de chance, le Temple aurait quelques nourrices disponibles… Sinon, il serait nourrit au lait de chèvre, ce qui était généralement le cas. Néanmoins, ce fut une nouvelle question de l'homme qui la retint, juste un instant, lorsque celui-ci lui demanda son prénom.

-Clémence… C'est mon nom, murmura-t-elle, gênée par son propre prénom donné par une mère qui nourrissait tant d'espoir pour sa fille. Je sais, c'est un prénom étrange, je vous l'accorde.

La ville s'éveillait lentement autour d'eux si bien que, rapidement, la rumeur d'une agitation matinale se fit entendre. Les marchands se préparaient à vendre leurs marchandises, les artisans s'affairaient et toute cette activité bruyante ne tarda pas à réveiller le petit Darius qui commença à pousser de nouvelles vocalises.

-Je devrais y aller, lança-t-elle gentiment.Je vous souhaite une bon...

La sage-femme n'eut guère le temps de terminer sa phrase qu'une voix provenant d'une fenêtre située juste au-dessus l'interpella.

-Attendez !
-Isabeau ?
-Je vous rejoins, s'il vous plaît, ne partez pas tout de suite.

Clémence, surprise, acquiesça et recommença ses balancements lent et régulier dans l'espoir d'apaiser l'enfant. Isabeau ne tarda pas à franchir la porte, tenant contre elle ce qui semblait être une couverture de laine. Vu l'état de linge, celui-ci devait être neuf.

-J'veux qu'il ait ceci avec lui… déclara-t-elle en tendant l'objet à la sage-femme. J'l'ai tricoté moi-même… Il n'aura pas froid avec ça…

La sage-femme se saisit doucement de l'objet tout en offrant un sourire attendri à la jeune mère. Façonner un tel objet prenait du temps et il était évident que cette jeune femme y avait mis une grande application. C'était là une preuve d'amour indéniablement d'une mère pour son enfant. Une mère qui ne pensait pas avoir d'autre choix que de confier sa progéniture au Temple dans l'espoir de lui offrir une meilleure vie.

-Elle est magnifique, Isabeau, vraiment. C'est un travail remarquable que vous avez accompli, je ne suis pas certaine de pouvoir faire aussi bien moi-même, déclara l'accoucheuse avec une franchise remarquable. Avec ceci, Darius ne pourra passer que de douces nuit, c'est certain.
-Darius? interrogea la prostituée tout en lançant un regard étonné à Faust.
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Faust Sinclair
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 20:39
«Alors, je suis enchanté de vous rencontrer, Dame Clémence… Même si cela aurait sans doute était plus paisible dans un cadre moins…clos… »

Un clin d’œil malicieux vint ponctuer la boutade. Après tout, il l’avait rencontré en pleine action dans un moment peu propice à la courtoisie et aux échanges apaisés. Dans le feu de l’action. Un peu comme si elle s’était immiscée au milieu d’un duel ou d’un abordage. Même si les conditions étaient, là, beaucoup moins risquées.

Un prénom étrange ? Faust fit non de la tête. Elle n’était peut-être pas très objective sur elle-même la demoiselle. C’était malheureusement une maladie particulièrement fréquente et dont on se débarrassait avec difficulté.

«Je ne trouve pas… Au contraire, il semble vous aller comme un gant. J’ai rarement rencontré de personnes avec la bienveillance qui semble vous animer. C’est une vertue plutôt rare. D’autant plus depuis l’apparition de la Fange où le chacun pour soi et la Trinité pour tous semble être devenu le crédo de la Cité… »

Un constat particulièrement amer. En revenant à Marbrume, Faust avait peiné à reconnaître la ville. Autant dans sa dimension architecturale que sa dimension relationnelle. Les gens semblaient bien plus individualistes, bien plus arrivistes. Etait-ce la douleur répandue d’avoir perdu un proche ou bien la sensation que plus rien ne comptait car ils n’étaient qu’en sursis ? Difficile à évaluer. Néanmoins, en deux ans, le désespoir semblait avait gagné du terrain. Y compris chez ceux pour lesquels, il était pourtant un luxe.

Lorsqu’Isabeau fit son apparition sur le pas de la porte, Faust caressa un instant l’espoir qu’elle puisse avoir changé d’avis concernant l’enfant. Mais cette étincelle s’éteignit aussi vite qu’elle était apparue. Non. Elle voulait seulement lui donner une couverture de laine. Un cadeau qu’elle avait tricoté elle-même. Une preuve d’amour. Faust comprit alors que ce renoncement n’était pas forcément un acte qui lui coûtait. Les raisons lui appartenaient. Mais elle aimait sans doute ce petit bout malgré tout.

Lorsqu’elle lui adressa un regard interrogateur sur le prénom, le marin se frotta la nuque, gêné.

«Comme tu ne lui en avait pas donné… Enfin… Si ça ne te conviens pas, tu peux lui donner celui que tu désires, hein. C’était juste une proposition pour ne pas le laisser anonyme… Mais sache que j’essaierai de prendre régulièrement de ses nouvelles au temple. Et je pourrais t’en donner… Seulement si tu le désire, hein… »
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyVen 27 Aoû 2021 - 10:10
Décidément cet homme là semblait s'amuser d'un rien. Il trouvait le moyen de rire de tout et ce même si l'instant ne s'y prêtait guère. Clémence avait toujours eu du mal à comprendre ces gens-là, sans doute parce que la demoiselle se voyait totalement incapable de faire de même. Malgré tout, la sage-femme à la mine impassible avait bien saisit le trait d'humour sur fond de jeu de mot qu'elle ne put pourtant s'empêcher de trouver douteux. Néanmoins, ne voulant point vexer son interlocuteur, la jeune femme fit tout de même l'effort de lui offrir un léger sourire… Sourire qui s'effaça pourtant bien vite lorsque ce dernier se mit à souligner la justesse de son prénom.

Comment pouvait-il affirmer de telles choses sans la connaître. Après tout, ils venaient à peine de se rencontrer, il paraissait donc parfaitement impossible aux yeux de l'accoucheuse que l'on puisse être capable de cerner une personnalité aussi rapidement. D'autant plus que l'accoucheuse savait parfaitement ce que son âme renfermait. Ses remords, ses erreurs, ses méfaits, tout cela jouait dans une balance invisible qu'il était impossible de percevoir en quelques minutes. Était-il possible que ce jeune homme essayait simplement de flatter son égo ? Pourquoi donc ferait-il une chose pareille ? Cela semblait si stupide et si illogique au regard de Clémence que celle-ci se contenta de lancer un bien discret " Merci" qui fut pratiquement impossible à interpréter.

Néanmoins, l'attention fut bien vite détournée de sa misérable personne pour mieux se diriger vers la jeune mère qui vint offrir son premier et probablement dernier présent à son enfant. Clémence se mit aussitôt en retrait pour laisser la prostituée et l'homme discuter au sujet du prénom du petit Darius.

-Non, non, c'est un beau prénom, affirma-t-elle en souriant. En fait, je pensais que cet enfant serait une fille alors je ne lui ai cherché que des prénoms féminins. Je doute que Suzanne lui aille aussi bien que Darius. C'est vraiment gentil de ta part, Faust, je ne pensais pas que tu pouvais te soucier autant d'un enfant qui n'est pourtant pas le tien.

La jeune femme se retourna ensuite vers Clémence à qui elle adressa un nouveau sourire bien que celui-ci se fit plus contrit.

-Et merci à vous aussi, Clémence… Vous ne m'avez pas jugé pour ce choix… Ça me touche.
-Ne me remerciez pas pour cela, il ne tient pas à moi de vous juger. En revanche, il vous faut vous reposer à présent, gardez le lit, je repasserai vous voir dans la soirée. En attendant, prenez soin de vous.

Sur ces mots, la sage-femme put prendre congé. Elle se rendit au Temple où elle déposa le petit Darius prenant grand soin de transmettre le message de Faust. Le soir même, comme convenu, l'accoucheuse regagna la Biche Friponne pour rendre visite à sa patiente. Évidemment, à cette heure-ci, l'ambiance au sein de la maison close était bien différente. Les hommes ivres remplissaient le rez-de-chaussée, attendant que vienne enfin leur tour de gagner une chambre avec l'une des filles. Clémence eut d'ailleurs droit à quelques remarques fort peu plaisantes et dû également éviter quelques mains bien mal dirigées.

-Roh, mais il suffit oui ! pesta-t-elle à l'encontre d'un gros barbu qui manqua presque de recevoir un coup de besace en pleine figure.
-Ça vaaaa, fait donc pas ta mijorée là… tu dois pas êt' bien cher avec ta sal' gueule et ta poitrine toute plate. Ça tomb' bien, j'pas beaucoup d'sous...
-Non mais, ça ne va pas ! Je ne travaille pas ici, figurez-vous… Oh mais, bas les pattes !
-C'est qu'tu causes bien en plus… J'aime ça, t'vois... affirma-t-il en venant se coller à la pauvre sage-femme à la mine écoeurée.



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Faust Sinclair
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyVen 27 Aoû 2021 - 18:35
Soudain l’homme se figea et son visage blêmit. Il esquissa lentement quelques pas en arrière. C’est seulement à ce moment-là que Clémence pu découvrir un Faust au regard d’acier qui semblait tenir quelque chose au niveau de l’entrejambe du malotru. Ses mots claquèrent froidement dans l’air, comme un éclair dans un orage sec.

«Ecoute-moi bien mon bonhomme. Si tu touches à un seul cheveu de la demoiselle ou si tu oses à nouveau lui manquer de respect, je te fais deux belles petites sacoches à dé avec tes bijoux de famille… De plus, ici c’est une maison respectable. On ne fait pas crédit. Donc je te conseille d’aller dépenser tes pauvres pièces ailleurs. Et de ne jamais remettre les pieds dans les parages. Ici, on respecte les femmes. Que ça te plaise ou non… »


Au moins les choses étaient claires. Le rustre ne demanda pas son reste et bâti en retraite. Calmement, Faust rangea la main gauche avec laquelle il avait maintenu l’homme en respect dans sa botte. Puis se tournant vers la maïeuticienne, il s’enquit de son état.

«Tout va bien, madame Clémence ? Je suis désolé. C’est mon rôle que ce genre de choses n’arrive pas dans la maison. Calmer les clients… indélicats… Lui, je ne le connaissais pas. J’aurais dû me méfier…. Je peux faire quelque chose pour me faire pardonner ? Vous inviter à diner peut-être ? Enfin… une fois que vous aurez visité Isabeau bien évidemment…»

Il lui adressa un sourire bienveillant, plein de sincérité. Mais il ne voulait pas qu’elle se méprenne sur ses intentions. Alors se senti-t-il obligé de préciser les choses.

«En tout bien tout honneur bien sûr, hein ? Juste que l’atmosphère sera plus sereine aux cuisines. Vous risquez moins de vous faire importuner par des imbéciles dans ce genre. Et puis, vous pourrez me dire comment s’est passée l’arrivée de Darius au temple… Enfin, si vous avez le temps bien entendu… »

Il y avait une certaine maladresse dans ses propos. Bien qu’entouré de femmes, il lui arrivait de se sentir un peu seul et il ne voulait pas rater l’occasion de découvrir une nouvelle personne. Une façon de joindre l’utile à l’agréable.
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MessageSujet: Re: [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers)   [3 mai 1167] Retour à la Biche Friponne (PV Clémence Sarravilliers) EmptyLun 30 Aoû 2021 - 12:01
Loin d'être effrayée par l'attitude de ce goujat fortement alcoolisé, Clémence luttait autant contre l'énergumène que contre son envie de lui offrir un coup bien placé. Néanmoins, heureusement pour la sage-femme passablement contrariée et probablement pour le client fauchée, celle-ci n'eut guère le temps de frapper l'inconnu que ce dernier fut vivement écarté autant d'elle que de son imposante besace que l'on devinait aisément plutôt lourde. Faust se chargea bien de menacer l'individu qui cessa bien promptement son grossier manège avant d'être invité à quitter les lieux.

-Vous n'avez pas à vous excuser pour ceci, voyons, protesta-t-elle en remettant un peu d'ordre dans sa tenue. Je vous en remercie, bien au contraire. J'ai beau être habituée à ce genre de mésaventures, celles-ci n'en restent pas moins désagréables.

Malgré tout, la sage-femme ne s'en plaignait pas. Elle détestait cela, évidemment, mais il suffisait d'observer les lieux pour se rendre compte que ce n'était pas elle la plus à plaindre dans la salle. La plupart de ces femmes jouaient un rôle en se rendant aussi accessibles afin de faire tourner l'affaire… Mais combien d'entre elles appréciaient sincèrement leur travail ? Pour l'accoucheuse, cela semblait tout simplement inimaginable. Faust pouvait très bien parler du respect que l'on devait à ces demoiselles, Clémence n'en voyait guère la couleur. Partout les hommes se frottaient, lançaient des regards lubriques purement répugnants. Certains les forçaient même à s'asseoir sur leurs genoux simplement pour mieux pouvoir les toucher comme pour mieux tâter une marchandise avant d'envisager de l'acheter. Le respect de la l'accoucheuse pour toutes ces femmes ne faisait qu'augmenter à mesure qu'elle les observait avec attention.

-Je vais bien, oui, ne vous en faites pas. Je suis plus résistante que j'en ai l'air, déclara-t-elle en relevant le bras qui portait son sac avant de faire mine de désigner des muscles évidemment invisible. Comment se porte Isabeau ? A-t-elle bien bu et mangé ? A-t-elle réussi à dormir ? Et son moral ?

Tout en parlant, Clémence avançait jusqu'à l'escalier menant jusqu'aux chambres. À cette heure, l'animation régnant dans la maison close rendait la progression de la sage-femme difficile et le bruit ambiant lui donnait déjà mal au crâne.

-Merci pour votre invitation mais Isabeau n'est pas ma dernière patiente de la journée et ma soeur m'attend à la maison avec un repas qui, j'en suis sûre, saura me faire oublier cette altercation regrettable.

Évitant soigneusement un couple éphémère déjà bien occupé dans la cage d'escalier, Clémence détourna les yeux et continua de grimper.

- J'ai transmis votre message au ptêtre, comme promis. Darius est entre de bonnes mains. Mon amie, soeur Berthilde, veillera sur lui et me donnera régulièrement de ses nouvelles. Je pourrais vous les transmettre, évidemment, je passe plutôt souvent dans le quartier.

Arrivés à l'étage, l'ambiance semblait bien plus calme, tout du moins dans le couloir… Derrière les portes closes se passaient pourtant bien des choses que Clémence préférait ignorer même si cette dernière n'était certainement pas tombée de la dernière pluie. Heureusement, l'accoucheuse retrouva plutôt rapidement la chambre de sa patiente et ce fut d'un pas décidé et visiblement pressé de quitter ces lieux, qu'elle alla frapper à la porte. Néanmoins, c'est avec une surprise nullement dissimulée que Clémence constata que personne ne l'invita à entrer. Pire, la porte semblait même vérouillée…

-Faust ! s'écria-t-elle avec inquiétude. La porte est fermée et Isabeau ne répond pas !


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