Marbrume


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 [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 18:16
3 avril 1167

Alaric se sentait bien. Terriblement bien. Il avait passé de longues minutes dans les eaux chaudes des thermes. Il ne s’était plus lavé pendant aussi longtemps depuis… était-ce seulement déjà arrivé ? Ses cheveux étaient soyeux, sa peau était douce et sentait bon et ses muscles endoloris étaient reposés. Sa chemise ne collait plus à son corps et sa barbe de quelques jours, bien que non taillée, n’avait plus l’air aussi négligée. Il poussa un soupir d’aise, alors qu’il s’avançait vers le temple principal. Dans les couloirs, certaines prêtresses lui lancèrent des regards envieux ; il surprit des rires étouffés, mais n’y prêta pas attention. Il y a peu encore, Alaric n’aurait même pas remarqué ces coups d’œil lancés à la dérobée, n’ayant jamais pensé qu’il pourrait en être la cause. Apparemment, se prélasser dans les bains n’avait pas été une mauvaise idée… Si ces jeunes femmes appréciaient son allure, il en irait de même pour Eve.

À cette pensée, des images sulfureuses dansèrent à nouveau derrière ses paupières et il sentit ses joues changer de couleurs. Cela faisait deux jours – ou deux nuits ? – qu’il partageait sa cabine à la Mouette chantante et, même s’ils passaient le plus clair de leur précieux temps – trop court – nus l’un contre l’autre, le soldat savourait aussi chacune de leurs discussions, jamais futiles. Alaric évitait de lui poser trop de questions sur sa famille et ses rapports avec son oncle, mais il appréciait découvrir de nouvelles anecdotes à son sujet : à chacune d’elle, Eve devenait un peu plus fascinante, brillante, sacrement séduisante. Un sourire idiot s’empara de ses lèvres, alors qu’il pénétrait dans le hall principal. Face à lui, l’immense statue représentant les Trois le dominait. Était-ce bien sage d’avoir de telles pensées dans la demeure de ses divinités ? Une moue contrariée sur les lèvres, il s’avança et inclina la tête en signe de respect.

À chaque fois qu’il était de passage à Marbrume, Alaric ne manquait pas de saluer les Trois. Bien sûr, ces derniers ne quittaient jamais son esprit, mais le temple de la cité fortifiée amplifiait sa foi par sa grandeur et lui rappelait la magnificence de leur croyance. Là, il se sentait tout petit et pourtant… Son lien avec les Trois avait évolué, dernièrement. Il ne reniait pas leurs valeurs ni leurs préceptes… Même s’il était en train de tomber amoureux de la nièce du roi et qu’il se plaisait à découvrir chacune de ses parcelles de son corps... Et il n’avait qu’une hâte : reprendre son exploration dès que la nuit serait tombée. Une part de lui éprouvait un semblant de culpabilité ; peut-être est-ce pour cette raison qu’il triturait nerveusement ses doigts alors qu’il leur adressait une prière silencieuse.

Lorsqu’il releva le visage, il surprit un nouveau regard en coin sur sa droite. À ses côtés, une jolie prêtresse se tenait bien droite. Elle lui sourit lorsque leurs regards se croisèrent. Pour une raison qui lui échappa, il se sentit obligé de lui adresser la parole, comme s’il devait masquer les pensées pas très trinitaires qui n’avaient cessé de lui traverser l’esprit. D’un mouvement brusque, il balança ses mains dans son dos, afin de cacher sa nervosité – que ce geste rendait d’autant plus éloquente.

- Je… Je n’étais plus venu ici depuis plusieurs mois.

Il se détourna de la prêtresse et fixa ses yeux bleus sur le visage d’Anür.

- Cette statue m’a toujours impressionné. Pourtant quand je la regarde aujourd’hui, je ne me sens plus aussi petit qu’avant…

Il laissa sa phrase en suspens, ses propres pensées lui faisant écho. Puis, comme s’il se souvenait brutalement qu’il n’était pas seul et qu’il n’avait pas simplement réfléchi à haute voix, il se retourna vers l’officiante et afficha une mine désolée.

- Je suis désolé, ma sœur, je ne voulais pas vous déranger.

Il marqua une petite pause. Parler de ses états d’âme à une prêtresse suffirait peut-être à alléger quelque peu les questionnements qui s’étaient emparés de lui. Il avait bien avoué son meurtre à Edwige et ses conseils l’avaient aidé à aller de l’avant, à accepter son terrible, mais inévitable choix. Cette fois, il n’avait pas autant l’impression d’être en tort… c’était d’ailleurs le fond du problème. Il savourait chaque instant de sa vie dans les bras d’Eve, alors que les Trois interdisaient ces relations hors-mariages. Sans oublier le fait que leurs castes diamétralement opposées les empêchaient – en théorie – de se côtoyer. Alors, était-il toujours légitime aux yeux des Trois ? Pouvait-il encore se rendre devant eux et leur soumettre ses prières ?

- Peut-être auriez-vous une minute pour discuter ? proposa-t-il.


Dernière édition par Alaric le Mer 25 Mai 2022 - 15:20, édité 1 fois
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IsoldeQueen
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyJeu 16 Sep 2021 - 18:42
« As-tu pu voir celui qui t’étais le plus cher durant ce périple, Isolde ? » Avait murmuré Solange tandis qu’elle déposait une main presque maternelle sur l’épaule de la jeune prêtresse.

Le visage d'Isolde se releva vivement, affichant un regard surpris et peiné. Isolde resta un instant silencieuse et lâcha un soupir discret. Elle plongea ses doigts délicats entre ses cotes en nouant ses bras juste en dessous de sa poitrine. Solange comprit en remarquant que ses yeux brillaient comme deux grosses billes ambrées qu'elle retenait des sanglots d’impuissance. Sa tutrice à ses côtés affichait un visage inquiet, comprenant que la réponse était négative. Isolde qui ne s'attendait pas à cette question, tressaillit. Gardant tout d'abord le silence, elle finit par hocher lentement la tête avec une sorte de sensibilité qui ressemblait, à s'y méprendre, à de la honte.

« Thibault n’était pas au village où nous sommes allés, il doit être plus loin. Lorsque frère Magelus et moi avons retrouvé le premier village sur notre route, la milice du coin nous as autorisés un seul jour de repos avant de nous escorter à nouveau à Marbrume. » Murmura-t-elle, la gorge enrouée par une émotion puissante. « Je n’ai pas pu le voir. »

Isolde était rentrée du Labret il y a peu. Se remettant à peine du voyage, l’on s’était précipité sur frère Magelus et elle à leur retour, on les avait bénis, murmurant avec une ferveur religieuse et solennelle qu’ils étaient des miraculés.

Isolde cherchait le calme à travers ces derniers jours le repli et le recul, priant silencieusement et seule, affrontant les regards curieux mais silencieux. Bientôt, elle fut presque persuadée que le Temple même vivait, que ses murs l'épiaient et que ces yeux la regardant pouvaient à tout moment se jeter sur elle.
Lorsqu'elle entendit un bruit, elle se retourna vivement, comme prise en pleine faute. Après un court moment de légère stupeur, un sourire se dessina et elle demanda tout en posant un cierge aux pieds de la statue à l’adresse du jeune homme qui sembla s’animer nerveusement aussi.
Les cierges rouges fondaient aux pieds d'Anür peu à peu, la cire s'écrasait comme des gouttes de sang, éclairant les quelques offrandes d'une faible lueur.

« Les Trois sont toujours heureux de revoir leurs enfants, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs même s’ils pensent les avoir négligés ou oubliés » Souffla-t-elle dans un sourire discret tandis qu’elle déclinait son visage pour observer le visage d’Anür les jaugeant dans un calme tranquille de ses orbites de pierre. « Peut-être la trouvez-vous moins grande puisque vous avez sûrement trouvé une meilleure estime de vous ainsi qu’une voie qui vous convient. » Compléta-t-elle dans un ton un peu moins solennel, plus emmuré dans une discrète espièglerie.
Isolde s'était retournée pour murmurer ces mots, le regard ouvert et affable. Puis elle s'était ensuite remise dans sa position initiale, plongeant son regard perçant dans celui de la statue.

« Vous ne me dérangiez pas. » Se contenta-t-elle de répondre d’un ton tranquille alors qu’elle s’avançait vers lui d’un pas souple. « Je suis prête à écouter ceux qui désirent être entendus. »

Elle l'avisa un instant, sa voix était posée, calme presque harmonieuse.

« Si vous voulez bien me suivre, nous serons plus à l’aise à l’extérieur. »

Isolde traversa doucement les corridors, presque religieusement, visiblement indifférente aux murmures chuchotés dans leur sillage, on leur lançait quelques regards inquiets à leur passage, comme s'ils s'attendaient à voir surgir un démon à tout moment.

« Ne vous méprenez pas » Commenta Isolde, comme si elle avait pu sentir le malaise grandissant d’Alaric, elle posa son regard dans le sien et un sourire étrange naquit sur ses lèvres. « Je reviens d’un trajet très… éprouvant. Ils ne sont pas encore totalement habitués à mon retour… » Un silence. « Moi non plus d’ailleurs. » Affirma-t-elle d’un air sarcastique, presque tranchant.

Elle prit place sur un banc en pierre, donnant vue sur l’horizon. Elle se tourna ensuite vers Alaric et ajouta d’une voix assurée.

« Je suis sœur Isolde. Et vous êtes… ? » Poursuivit-elle en le fixant lentement.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyDim 19 Sep 2021 - 11:50
Peut-être avez-vous trouvé une voie qui vous convient ? C’était la voie qui l’avait trouvé, un chemin paradoxal où se mêlaient embuches et répits, inquiétudes et sérénité ; un doux mélange qui constituait désormais sa vie, une voie qu’il avait tout d’abord dédaignée, avant de l’embrasser à pleine bouche. Peut-être la prêtresse avait-elle raison : Alaric se sentait en paix, restait à éclaircir cette légère ombre aux tableaux, le regard que les Trois posaient sur lui. Un sourire discret sur les lèvres, le soldat inclina la tête et suivit la religieuse à travers les corridors du temple. Il surprit quelques regards adressés à son interlocutrice, dont il ne parvenait pas à saisir le sens : surprise, crainte, anxiété ? Avait-il choisi une prêtresse coupable d’un crime ? Cette dernière l’en détrompa.

Alaric fronça les sourcils, mais ne répondit rien. Cette femme, devinait-il, venait de vivre des événements troublants ; elle en était marquée, une trace ancrée sur son âme qui brûlait encore ses pensées et ses souvenirs. Qui n’avait jamais connu tel sentiment ? Le temps serait son baume, mais il était des remèdes qui mettaient des mois, des années avant d’atténuer la douleur éprouvée. Sœur Isolde, comme elle venait de se présenter, était-elle bien apte à l’aider, alors que la tristesse dansait au fond de ses jolis yeux ?

Je m’appelle Alaric.

Il s’assit à côté d’elle et balaya l’horizon du regard, avant de reporter son attention sur la religieuse. Il ne pouvait simplement pas lui proposer de se confier à lui, d’échanger ainsi leur rôle alors qu’il ne la connaissait pas. Mais le soldat était passé par tellement d’émotions négatives ces dernières années, qu’il avait la sincère impression que, d’une manière ou d’une autre, il pourrait être utile à la jeune femme. Lui qui avait toujours pensé offrir ses services sur les champs à labourer, puis sur les champs de bataille, plus doué pour aligner deux coups d’estoc que deux mots, voilà qu’il prenait conscience d’une nouvelle fonction dont il se sentait capable. À cause – grâce à – d’Eve ? Après tout, cette étrange relation avant débuté ainsi : au cours d’un échange de paroles honnêtes, une découverte de l’autre aussi bien que de lui-même.

Euh…

Il se rendit compte qu’il n’avait toujours pas expliqué la raison de cette entrevue, plongé dans ses pensées. Alaric passa une main dans ses cheveux, confus, comme si ce geste lui permettait de remettre ses idées au clair. Autant lui faire part de ses inquiétudes, s’il voyait qu’il pouvait l’aider en retour par la suite, il saisirait sa chance.

J’ai toujours respecté les Trois, commença-t-il. Et c’est toujours le cas. Je crois que toute ma vie, j’ai fait en sorte d’être quelqu’un de bien à leurs yeux, c’était important pour moi.

Il marqua une petite pause, les yeux levés vers le ciel.

Mais depuis quelques temps, je me rends compte que ce que je désire… Hé bien, ça ne leur plairait peut-être pas.

Un sourire étira ses lèvres malgré ses paroles. Il ne parvenait pas à s’en départir.

J’ai pourtant pas l’impression de faire quelque chose de mal, avoua-t-il.

Pour la première fois, Alaric avait le sentiment que sa vie n’était plus en accord avec les préceptes de ses divinités ; une émotion étrange pour quelqu’un d’aussi pieux que lui.

Puis-je encore venir les prier en sachant que je ne les respecte plus assez ?

Il avait détaché les derniers mots qui lui avaient coûté plus qu’il ne l’aurait cru, tout en rivant son regard bleu sur le visage de la prêtresse. Les mains serrées sur ses genoux, le dos légèrement crispé, il attendait son verdict.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyDim 30 Jan 2022 - 21:02
Isolde se tenait assise à côté d'Alaric, observant du ceux qui les observaient autrement qu'à la dérobée. Les quelques ne pouvaient s'empêcher de freiner leur marche, scruter, épiant les moindres attitudes et mouvements ; les murmures allant bon train. Toutes ces interactions discrètes, elle les voyait, attentivement : les méticuleux rouages qui formaient le quotidien et qui s'agitaient comme une nuée d'insectes, ces infimes bassesses, ces automatismes.
Elle avait l’impression – fugace – sûrement, qu’Alaric était en proie à des doutes parasites. N’en témoigne ses paroles hésitantes et floues, comme s’il craignait un jugement qui le condamnerait à ses yeux. Isolde connaissait les tempêtes intérieures pour avoir en elle son propre tumulte. Il faudrait être fou pour s'embarquer sur ces mers déchaînées. Mais la plupart restait bien enfermée, cachée entre les côtes, coulant et tournoyant contre les parois du crâne.

« Je comprends vos doutes. » Répliqua-t-elle doucement.

Elle repoussa l'appréhension transmise par Alaric, et d'un geste lent de la main, coupa court à ses doutes. Son regard qui fixait l’horizon se déposa sur lui et un léger sourire fleurit sur ses lèvres. Sa brève confession lui avait laissé un sentiment d'inachevé. Quelque chose ne cadrait pas, quelque chose n'était pas pleinement avoué, elle avait senti un blocage. Une simple constatation.

« Êtes-vous amoureux pour que vous vous posiez toutes ces questions ? Cherchez-vous la validation des Trois ? » Interrogea-t-elle tandis que son regard oubliait le sien pour se reporter au loin.
Devant l'amour, chacun est curieux. L'amour est après tout une dame très séduisante. Enfin, elle murmura.

« Ne vous sentez pas obligé de répondre. Je pense avoir la réponse. » Poursuivit-elle d’un clin d’œil complice, désamorçant potentiellement la gêne du capitaine.

Depuis quand l’amour méritait-il d’être avoué ? Suffisait de voir le sourire béat qu’il arborait silencieusement lorsque ses pensées déviaient vers celle qu’il semblait aimer.

« Je pense qu’il est normal d’avoir des doutes, Alaric. » Commença-t-elle sans cesser de fixer l’horizon. « Des doutes qui questionnent votre conduite actuelle parce que vous ne la sentez pas en adéquation avec la valeur que vous vous faites des Trois. »

Elle sourit.
Le regard qu’Isolde louvoyait sur le monde était le fruit d’un jugement établi au vu d’une éducation stricte où l’on distinguait le bien et le mal, où tout se devait d’être parfaitement ordonné. Mais cette vision avait rencontré son point de rupture depuis sa rencontre avec Priscilla, elle semblait avoir accepté le monde sous toutes ses nuances.

« Les Trois savent que les hommes peuvent être ni bons ni mauvais et qu’ils sont nés imparfaits. »» Ajouta-t-elle. « Tant que votre foi reste intacte, vous saurez leur rendre honneur, je le sens, vous avez l’air d’être un homme bon. »»

D’un geste élégant de l’index, elle tapota vaguement sa lèvre supérieure tandis qu’elle semblait réfléchir.

« Il me semblerait plus juste de trouver la réponse à vos questions pour la voie qui est faite pour vous. »

Son regard s’égarait avec envie sur la courbe des nuages.

« Voyez-vous, ma manière d’aborder les Trois a plus ou moins changé depuis que je suis revenue de l’Extérieur. »

Elle posa ses deux mains sur ses genoux comme un réflexe, comme si le frottement de ses paumes sur le tissu de sa robe la rassurait. Ses traits se durcissaient sous la résurgence d'une ancienne colère, ses joues s'empourprant légèrement.

« Et je pense sincèrement que ce qui mérite d’être vécu se doit de l’être. »

La brume de la journée glissait comme un voile, dévoilant le profil des collines. Autour, le parfum du bois étaient adoucis par l'humidité qui remontait le long des vêtements, glissant froidement sur sa peau.

« Que pensez-vous de tout cela, Alaric ? Avez-vous trouvé l’apaisement que vous semblez tant recherché ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyJeu 3 Fév 2022 - 20:22
Êtes-vous amoureux ? Soeur Isolde ne lui laissa pas le temps de répliquer, lui adressant un clin d'oeil complice pour toute réponse. Pourtant, sans doute à la grande surprise de la prêtresse, il s'apprêtait à répondre par la négative. Il n'était pas possible qu'il tombe amoureux d'Eve, pas déjà. De toute façon, il n'était plus capable de savoir ce que cet état signifiait, ce que ces sentiments impliquaient. Il avait cru aimer Sydonnie, mais est-ce que ça avait été bel et bien le cas ? La relation qu'il avait entretenue avec la sergente lui avait procuré plus de douleur que de bonheur. Ce qui l'unissait à Eve était différent ; un lien ténu s'était tissé entre les deux jeunes adultes sans qu'ils ne s'en aperçoivent, un fil visible uniquement à leurs yeux clairs.

Il n'empêche, il recherchait bel et bien l'approbation de ses divinités. Les paroles d'Isolde énonçaient à haute voix ses questionnements : le soldat ne se sentait plus en adéquation avec les Trois et il en était perturbé. Il était difficile d'adopter des choix qui semblaient contraires à tout ce qu'on lui avait toujours enseigné, aux rites qu'il n'avait cessé de suivre depuis sa naissance. Son sourire le rassura ; elle comprenait les raisons de sa présence et ne le jugeait en rien, comme le soldat aurait pu le craindre.

Une fois de plus, ses propos firent échos à ses propres pensées. Ces derniers mois, Alaric avait pris conscience de la différence entre les dieux et les simples mortels qu'ils étaient. Simples et imparfaits, soumis à des envies et de mauvaises décisions, ce qui ne faisait pas forcément d'eux de mauvaises personnes. Le tout était de comprendre ce qui motivait ses choix... Et il n'était plus possible de se tromper.

Apaisé, il lui rendit son sourire. La jeune femme aurait pu s'arrêter là, cette entrevue aurait déjà été bénéfique pour le capitaine de Sombrebois. Mais comme il l'avait soupçonné dès qu'il avait croisé son regard, soeur Isolde vivait ses propres dilemmes et peut-être l'avait-il poussée vers de plus amples interrogations. Alaric fronça les sourcils, mais la laissa terminer, intrigué par ce qu'elle voulait lui proposer. Dans quelles circonstances la jeune prêtresse s'était-elle retrouvée en dehors des murs de Marbrume ? Si ces escapades faisaient partie du quotidien du soldat, il n'oubliait pas qu'il s'agissait – trop – souvent d'expéditions dangereuses et meurtrières que le commun du peuple craignait par-dessus tout.

Il couva un doux regard sur la prêtresse et hocha la tête.

Merci, ma soeur, dit-il sans la quitter des yeux. Je pense que vous avez raison. Vous savez, je me disais...

Il frotta distraitement ses mains sur le haut de ses genoux, avant de croiser ses bras sur son torse, affichant malgré lui la difficulté à aborder ce genre sujets. Les pensées d'Alaric avaient l'art de se croiser, de virevolter à gauche et à droite, influencées ici et là par des événements tantôt joyeux, tantôt horribles. Elles formaient un mélange insaisissable – même pour lui – qu'il était complexe de démêler. Les dires d'Isolde l'aidèrent à les clarifier, à dénouer les embranchements improbables qu'il avait constitués pendant 22 ans.

Les dieux savent que nous faisons des erreurs. Mais ils veulent notre bonheur.

En soupirant, il désigna la cité de ses bras tendus.

La vie est difficile, énonça-t-il. Alors, si on ne profite pas de vivre lorsqu'on le peut...

Il haussa les épaules.

Les Trois ne devraient pas nous en vouloir, hein ?

Car, se disait-il, si la vie était un long fleuve tranquille, peut-être ne serait-il pas capable de repérer ces moments de grâce, ces instants rares de plénitude et de plaisir. Sans souffrance, il ne serait pas capable d'aimer autant, d'en savourer toutes ses facettes. D'aimer... Était-ce possible qu'Isolde eut compris ses états d'âmes avant lui-même ? Il détourna les yeux alors que ses joues s'empourpraient légèrement.

Euh... Je vis à Sombrebois alors... Enfin, je suis souvent à l'Extérieur, ajouta-t-il en reprenant ses mots avec maladresse. Je crois... Avec le danger perpétuel là-bas, notre perception change...

Il reporta son regard sur la jeune prêtresse.

Je ne sais pas ce que vous avez vécu dehors, mais moi je trouve que Marbrume peut aussi être menaçante...

Au détour d'une venelle tortueuse, à l'ombre d'une bâtisse branlante... Entre les murs de la couronne. Il frissonna ; n'y avait-il pas plus grand danger pour lui que son si plaisant secret soit révélé au grand jour ? Sigfroi ne serait guère ravi d'apprendre la nouvelle...

S'éloigner de la ville pour respirer un peu, c'est parfois nécessaire.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyDim 6 Fév 2022 - 19:11
Alaric était touchant. Large d'épaule, fin de taille, il se tenait droit et attirait à lui la confiance. Et effectivement et sans comprendre pourquoi, Isolde avait confiance en lui comme si elle le connaissait depuis des années. Elle l'observait discuter silencieusement et se sentait particulièrement bien, presque soulagée. Ses gestes trahissaient un tempérament agréable et respectueux, ce qui ne faisait qu'accroître le sentiment de sécurité qui englobait Isolde d'une chaleur confortable. Il semblait être un homme bon, tiraillé entre ses idéaux et ce qu’il devait traverser.
Il avait les traits douloureux, de ceux qui avaient énormément perdus, la fatigue, qui semblait l'étouffait comme une chape de plomb semblait s'être soudainement allégé. Il y avait quelque chose dans son regard, une étincelle discrète qui s'allumait, les braises d'une passion douce, une lumière qui brillait comme un feu en plein hiver. Son regard se déployait toujours vaste et écrasant de ce bleu et sembla s’animer d’une nouvelle détermination ; à son remerciement, Isolde inclina la tête avec une délicate gentillesse.

« Ne me remerciez pas, je vous en prie. » Trancha-t-elle, en secouant la tête. « J’espère que vous trouverez l’apaisement que vous recherchez. Je suis sûre, qu’il se trouve à portée de vous. »

Isolde tourna subitement la tête vers lui, ses boucles châtains suivant son mouvement. Prenant une profonde inspiration, elle planta ses yeux d'ors dans ceux d'Alaric. Des braises dorées irréelles, comme un nuage de luciole couvaient au fond de son regard.

« Vous venez de l’extérieur ? » Demanda-t-elle avec précipitation, trahissant son intérêt soudain. « Je veux dire… » Se reprit-elle avec adresse. « J’imagine que les routes ne sont pas si sûres, vous avez sûrement dû faire un long voyage. »

Elle l’observa, ses yeux s’animant d’une lueur intriguée. A sa phrase, un bref vertige la saisit. Elle se stabilisa d'une main sur le rebord en pierre puis se massa lentement les yeux comme si elle revivait une scène déplaisante. Une chaleur la gagna, envahissait chacun de ses muscles et court en ondes brûlantes sous sa peau. Des images, venaient, floues et entremêlées, comme des reflets auréolés dans le ciel. Son écart de faiblesse ne dura pas longtemps et elle se laissa retomber avec un sourire pénétrant.
Cependant, son trouble ne passa pas inaperçu au regard d’Alaric, elle le sentait.
Alors d'un geste lent, conscient, presque nonchalant, elle enchaîna.

« Le cortège où j’étais a été attaqué, un peu après le premier village. » Avoua-t-elle, les paupières braquées vers le sol. « J’ai compris que les préceptes de mon éducation n’avaient rien à voir avec la réalité des choses. »

Elle afficha une mine bien plus sereine, puis poursuivit. Elle ne trembla pas, sa voix resta posée, vêtue d'une résolution touchante.

« Avez-vous déjà remis en question les préceptes que l’on vous a inculqué ? »

Elle se redressa.

« Je vous comprends quand vous parler de respirer. Je n’ai jamais autant respiré depuis que j’ai quitté les murs, ressenti. Est-ce que ça vous arrive aussi ? »

Elle le fixait, en se raccrochant à l’espoir futile, peut-être, d’être comprise. Elle, qui se sentait tellement en décalage avec ceux qui l’entouraient au Temple. Elle laissa échapper un petit rire incrédule avant de s'excuser d'un haussement d'épaules.

« Pardonnez-moi, j’ai juste peu l’occasion de rencontrer des personnes qui viennent de l’extérieur. »

Elle n’aurait jamais pu Ô grand jamais avoué qu’elle s’était sentie bien plus proche des bannis qu’elle ne l’aurait pensé, surtout depuis son retour. La secousse vive s’acheminait intérieurement et agiter des choses qu’elle s’efforçait de faire taire vainement.

« Pouvez-vous m’expliquer ce que vous faites à Sombrebois ? J’ai… » Elle sembla hésiter quelques instants, avant de poursuivre. « J’ai déjà rencontré la Baronne au Temple, une fois. »

Puis un peu plus au loin, Alaric et Isolde purent distinguer une silhouette féminine en train de les regarder discuter. D’un sourire un peu tracassé, Isolde ajouta.

« Ne vous inquiétez pas, il s’agit de ma tutrice, celle qui m’a formé aux textes sacrés d’Anür. Elle s’appelle Solange, elle essaie de veiller… à sa façon, j’imagine. » Un silence. « Surtout depuis mon retour ici. »

Se levant pour se dégourdir les jambes, d'un mouvement souple du pieds, elle pivota vers Alaric.

« Mais je n’ai pas le cœur à ce qu’elle écoute ce que j’ai pu dire. Voulez-vous un peu marcher ? »

Ils se mirent à marcher en bordure le long du temple, s’échappant des regards intrigués. Se sentant plus rassurée et à l’abris des oreilles indiscrètes, Isolde lâcha le plus simplement du monde.

« J’aurais une question à vous poser, vous qui avez dû arpenter les routes. » Se mordant les lèvres, elle finit par poursuivre. « Connaissez-vous Priscilla Dorvian ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyMar 15 Fév 2022 - 22:07
Un intérêt non feint étincela les prunelles dorées de la prêtresse. Un bref sourire étira les lèvres d'Alaric, amusé par la contenance vaine d'Isolde.

Si les Trois sont cléments, il ne me faut pas plus de trois jours pour venir jusque Marbrume. Deux si je suis pressé, expliqua-t-il.

Les sorties étaient devenues une routine pour le capitaine de la garde. Il en parlait tout aussi naturellement qu'un boulanger évoquait son pain tous les matins. Parfois, il oubliait qu'il n'en allait pas de même pour les habitants de la cité fortifiée. D'instinct, il se rapprocha de la prêtresse alors que cette dernière se rattrapait à la pierre froide. Un voile de panique, furtif mais bien réel, avait assombri ses jolis yeux. Alaric fronça les sourcils, incertain quant à la marche à suivre. Malgré son geste rassurant, sa main levée et conciliante ne caressa que le vide et, son geste suspendu, il attendit qu'Isolde fournisse réponse à ses muettes questions.

Il hocha la tête, l'air grave. Sans mal, le soldat devinait les séquelles que l'attaque avait laissées : les remises en question qui empêchaient la jeune femme de trouver le sommeil, les images horribles qui dansaient encore derrière ses paupières.

Pas vraiment, répondit-il. Sauf pour cette histoire dont je viens de vous parler...

Mais Alaric n'avait pas subi l'instruction ni les règles strictes qu'endurent les dévoués des Trois. Il avait reçu une éducation bien plus simple, sans doute plus facile, que son paternel lui avait divulguée entre corvées fatigantes, mais bienfaitrices, que sa mère lui avait inculquées, entre anecdotes familiales et douces réprimandes. Pourtant... Il était vrai qu'il avait cessé de suivre certains principes pour en embrasser de nouveaux. Alaric grandissait, simplement et ainsi grandissait Isolde. Il ne doutait pas un seul instant que sa tâche était d'autant plus complexe.

Alaric lui sourit. Il la trouvait touchante, intéressée malgré elle par ses dires. Elle semblait danser d'un pied sur l'autre, une part d'elle-même préférant encore la sécurité de son ordre et de son passé, l'autre ayant décidé de s'en détourner, braquée vers l'avenir et tous les changements que cette résolution impliquait. Même si les dilemmes que le soldat vivait demeurait moindres, il comprenait les émotions qui bouleversaient la prêtresse.

Oui, mais vous savez... En voyageant, j'ai compris une chose. Avant, je croyais respirer mieux dans certains endroits. Je me trompais. Ce ne sont pas les lieux qui me permettent de respirer, ce sont les gens.

Il secoua la tête.

J'ai rejoint Sombrebois car j'étouffais à Marbrume, mais aujourd'hui... Quelqu'un me permet de vivre, même ici.

Ses joues s'empourprèrent lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de lui confier. Il détourna les yeux un instant, incapable de regarder la jeune femme quelques secondes de plus. Alaric n'avait jamais eu aucun mal à se confesser auprès des hommes du temple, jamais il ne s'était senti jugé et, bien souvent, il avait ressenti une plénitude agréable une fois son secret dévoilé. Néanmoins, jamais il n'avait eu l'impression de tisser un lien différent avec le prêtre du petit sanctuaire qu'il fréquentait lorsqu'il travaillait à la ferme. Il n'était que l'officiant du coin qu'Alaric n'avait jamais désiré connaître, à la différence d'Isolde.

Je suis le capitaine de la garde, expliqua-t-il, tout heureux de changer de sujet. La baronne est venue plusieurs fois au cours de sa grossesse, ajouta-t-il, comme s'il avait besoin de justifier la rencontre entre la prêtresse et la noble. Depuis la disparition du baron – il déglutit tandis que le volume de sa voix diminuait – je travaille pour Rosen de Sombrebois. La vie dans le bourg n'est pas toujours facile...

Et devenait de plus en plus mystérieuse. L'arrivée de Roxanne du Val d'Asmanthe ainsi que les dires d'Eve ne faisaient qu'accroître les questions d'Alaric. Pourtant, il n'avait pas envie d'y songer. Il aurait tout le loisir de penser aux problèmes et énigmes plus tard, lorsqu'il serait seul au château, loin des bras d'Eve et de son sourire qui, déjà, il lui tardait d'embrasser.

Mais savoir que nous pouvons y vivre à nouveau, c'est une victoire contre la fange.

Après tout, c'était la raison pour laquelle il avait suivi Hector et il était sincèrement heureux de contribuer à la sécurité de Sombrebois.

Alaric tourna la tête vers la tutrice désignée et la salua d'un bref signe du menton. Sans un mot, il suivit Isolde et, côte à côte, ils s'éloignèrent du regard indiscret de Solange. Parfois, certaines de ses consœurs leur lançaient une ou deux œillades appuyées, mais la prêtresse les mena suffisamment loin pour qu'enfin, tous deux jouissent d'une intimité toute relative.

Passant une main dans ses cheveux, le soldat secoua la tête. Le nom ne lui disait rien. Il devinait des intrigues dissimulées derrière ce sobriquet, des histoires qui faisaient encore frémir Isolde, de celles qui accompagnaient les souvenirs maussades du convoi, des images qu'elle ne désirait partager avec Solange, mais que pourtant, elle acceptait de lui divulguer.

Qui est-ce ? murmura-t-il, craignant la présence d'oreilles indiscrètes. Elle était...

Il hésita.

Dans votre convoi ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptySam 26 Fév 2022 - 16:03
Son regard doré se perdit un instant dans le vague, comme plongé dans une introspection vive, hochant la tête à mesure qu’elle l’entendait parler. Elle embrassait les paroles d’Alaric avec une fascinante attention ; effectivement, depuis combien de temps étouffait-elle entre les murs ? Maintenant, elle brûlait d'un désir indomptable de liberté, de comprendre pour éviter les erreurs et découvrir l'étendue du Monde. Elle frémit, armée d’une réserve délicate qui semblait s'ébranler aux mots du Capitaine.

« Vous avez raison, en conclut-elle, vous avez totalement raison. Un silence, avant qu’elle n’ajoute avec surprise. « J’ai beaucoup entendu parler de Sombrebois, vous devez avoir d’énormes responsabilités en tant que Capitaine. »

Ses paupières se plissèrent légèrement, Isolde ne se doutait pas à quel point Alaric était rongé par le doute. Pour autant, les plis de son visage semblèrent se crisper comme s’il se ressaisissait d’un épisode douloureux. Elle prit mentalement note de ne pas poursuivre sur ce terrain-là.

Lorsqu’il énonça subtilement la présence d’une personne qui le faisait respirer, Isolde lui sourit sans rien ajouter de plus ; sa pudeur se légitimait par un teint légèrement plus rosé et confirmait ce qu’elle pensait. Il était amoureux, ici, à Marbrume mais ne semblait pas prêt de lui révéler l’identité de celle qui dessinait ce sourire sur ses lèvres. Et, avec surprise, elle se sentit étrangement contente pour lui.

« J’espère que cela vous allège, Alaric. Sourit-elle avec bienveillance. Les fardeaux sont faits pour être partagés, surtout lorsque l’on trouve une personne de confiance. »

Alors qu’ils se trouvaient isolés des regards curieux et des oreilles indiscrètes, Isolde poussa un soupir soulagé et savoura cet instant fugace de paix. La question d’Alaric la fit revenir à elle et Isolde hocha la tête négativement, les yeux fixés au sol pour mieux se souvenir. Ses doigts se frottèrent distraitement contre sa natte et elle répondit avec une légère hésitation. Elle esquissa un sourire rusé face à la discrétion prévoyante d’Alaric qui - sans l’énoncer à haute voix - faisait preuve d’une vigilance prudente.

Cette attention muette la toucha.

« Non » Répondit-elle, avant de baisser d’un cran sa voix. « Il s’agit d’une bannie qui nous a… Je pense pris en pitié, le père Magelus et moi puisqu’elle nous a épargnés et nous a fait traverser les marais. »

Elle se mordit la lèvre. Était-ce une bonne idée de se confier aussi rapidement à quelqu’un ? Elle ignorait tout de lui, mais quelque chose d’instinctif lui sommait de le faire.

« Le père Magelus, actuellement, est frappé par l’illumination d’avoir aperçu Anür dans les marais. » Expliqua-t-elle tandis qu’ils s’avançaient tous les deux, elle envoyait quelques coups de tête réguliers par-dessus son épaule pour vérifier qu’ils n’étaient pas écoutés. « En ce qui concerne celle qui se nomme Priscilla…»


Elle s’humecta les lèvres, inspira profondément en chassant tout doute le temps de ses explications. Elle ignorait pourquoi mais Alaric la mettait suffisamment à l’aise, et elle se sentait dans l’obligation de lui donner des informations précises, comme si elle assemblait, par le biais de ses mots, l’esquisse d’un puzzle qu’il saurait compléter par la suite.

« Elle était cheffe de sa faction, blonde l’autre moitié de son crâne rasé, plutôt douée avec les armes, elle est appréciée de son groupe, et puis…» Elle se freina subitement, avant de reprendre. « Je pense que les bannis se sont organisés de manière militaire, ils ont massacré le groupe de milicien, une sorte de règlement de comptes.»

Elle soupira à nouveau. Elle se sentait si faible, si vulnérable à cet instant, comme les pétales fragiles d’une fleur se repliant pour survivre à la nuit.

« Il me semble important de savoir qui elle est et d’où elle vient, il me semble que c’est la clé de beaucoup de choses mais je n’arrive pas à remonter sa trace. »

Sa main se posa sur la sienne. Dans ses yeux dorés brillait une lumière chatoyante ; des reflets incendiaires et crépusculaires se déversant dans le bleu des yeux d’Alaric. Il avait les yeux d’un bleu pur, rappelant les couleurs d’un lagon lascif, porté par le souci d’une droiture honnête.

« J’ignore pourquoi je vous dis tout ça, Alaric, pardonnez-moi. » soupira-t-elle, visiblement contrariée de la facilité à laquelle elle venait de se livrer à lui alors qu’il n’avait rien demandé. « Mais il me semble important de vous le dire, vous qui êtes accoutumé à l’extérieur. »

Elle poursuivit dans un murmure étranglé, se rendant compte qu’elle l’assommait d’informations. Sa simple question, aussi anodine, fut-elle, venait de rompre le barrage qu’Isolde tentait vainement de contenir. Ses mots s’écoulaient comme le flux d’un fleuve déchaîné.

« Je suis navrée. » Elle sourit en glissant une main désabusée sur son visage pour s’offrir une vaine contenance. « C’est juste que… » Elle le fixa à nouveau, interdite, la gêne embrassant ses joues d’un rouge délicat avant de décliner son regard sur le Temple colossal et majestueux, dressant ses immenses murs de pierres à côté d’eux. « J’ai l’impression de pouvoir tout vous dire. »

Cependant, aucune satisfaction n'accompagna ses paroles. Isolde affichait une mine sombre et tiraillait nerveusement sa tresse.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyMer 2 Mar 2022 - 16:57
En silence, Alaric laissa Isolde lui révéler tout ce qu'elle avait sur le coeur. Il ne demanda pas qui était le père Magelus, arqua un simple sourcil interrogateur à la mention d'Anür, écouta avec attention la description de la fameuse Priscilla Dorvan. Le capitaine essaya de se remémorer les différents visages qu'il avait rencontrés au cours de ses nombreux voyages à travers les marais, ou dans les petits villages comme Ménerbes ou Conques. Si le visage de la prétendue bannie ne lui disait rien, il nota avec soins les détails que la prêtresse lui avait fournis dans un recoin de son esprit au cas où, comme elle le pensait, il finirait par en avoir besoin. Cette attaque de convoi était étrange ; il était un fait rare que les bannis choisissent de libérer leurs victimes. Isolde avait mentionné un règlement de comptes avec des miliciens. Les soldats de Marbrume n'étaient guère réputés pour être tendres et compréhensifs avec les personnes expulsées de la cité. Alaric avait toujours été contre cette pratique et, après avoir assisté à plusieurs abus, il devinait sans mal que certains bagnards aient eu envie de réclamer vengeance.

Je ne suis pas vraiment étonné, admit-il. Il y a... Comme une guerre entre bannis et miliciens...

Il secoua la tête, dépité.

Quand j'étais milicien, je pensais que nous devions tous s'unir, pour combattre la fange.

Mais le capitaine de Sombrebois n'était plus aussi naïf qu'autrefois. Il reconnaissait sans peine que certains hommes avaient causé plus de dégâts et de souffrance que les fangeux. C'était aussi décevant qu'inéluctable. S'il avait cru pendant deux ans que le combat qu'il devait mener était contre les créatures des marais, il en doutait de plus en plus. Peut-être les fangeux n'étaient qu'une carte de plus, une espèce avec laquelle il fallait vivre, alors que les véritables dangers étaient ailleurs.

Je pense toujours que c'est le cas, ajouta-t-il. Mais il y a d'autres dangers, et à vous entendre, on dirait que cette Priscilla en est un... Ou bien, et j'aimerais le croire, peut-être qu'elle n'est pas si mauvaise, puisqu'elle vous a laissée la vie sauve.

Quand il y réfléchissait, il avait eu de la chance – plaise aux Trois – de n'être jamais tombé sur une de ces bandes organisées. À entendre Isolde, la formation ainsi que la coordination des différents bannis avait été sans faille, prenant le convoi et des miliciens pourtant entraînés par surprise. Depuis le couronnement de Sigfroi, de nombreux habitants de Marbrume avaient dû en quitter ses murailles, un goût amer dans la bouche. Parmi ces gens, Alaric ne serait pas étonné d'y retrouver des soldats, d'anciens nobles ruinés ou des citoyens modestes. Il ne s'agissait plus seulement de loqueteux envoyés à la mort et la milice ferait bien d'en prendre conscience.

Ne vous excusez pas, répondit-il avant de lui offrir un sourire bienveillant.

Derrière ses joues rosies par la gêne et ses gestes impatients, il ressentait son inquiétude. Peut-être était-il la première personne à laquelle elle se confiait depuis ses mésaventures ? Parfois, il était aisé de relater ses tracas à un simple inconnu. Néanmoins, les paroles d'Isolde firent écho à d'autres, prononcés plusieurs mois plus tôt par une rouquine. Il ne se souvenait pas avec précision des dires d'Aeryn, mais le soldat était persuadé que la mercenaire lui avait dit quelque chose du style « C'est facile de te parler » Certes, elle était ivre et ne pouvait s'empêcher de déblatérer des propos aussi bien idiots qu'inutiles, mais... Sans doute n'était-ce pas une coïncidence. Pour quelqu'un qui se sentait toujours maladroit avec autrui, c'était inattendu. Inattendu, mais pas désagréable. Il était plaisant de savoir que les autres comptaient sur lui.

Vous êtes... euh, chamboulée après ce que vous avez vécu, c'est normal. Je vous remercie de me faire confiance.

Il marqua une petite pause, hésitant.

Cette Priscilla... Elle vous a demandé quelque chose en retour de votre vie sauve ?

Et si c'était la vraie raison ? Et si la bannie ne les avait pas épargnés par bonté d'âme, mais simplement parce qu'elle attendait un service de leur part ?

Vous n'êtes pas obligés de me répondre, je ne veux pas... Je ne veux pas vous mettre mal à l'aise.

Et si quelque chose de bien plus grand se tramait ? Quelque chose auquel, sans le savoir, Isolde venait de l'y mêler ? Et si, et si.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyJeu 10 Mar 2022 - 19:19
Une guerre entre les Bannis et les Miliciens ?

Isolde fronça douloureusement les sourcils à cette funeste vérité : le monde, au bord de l'effondrement, dévoilait ses funestes traits. L’humanité parvenait à se détruire face au Fléau rampant qui se resserrait inévitablement sur eux comme un étau invisible. Leur marche s’étira jusqu’à l’autre extrémité du temple, et Isolde s’arrêta lentement.

« Le monde n’a jamais été aussi désuni qu’aujourd’hui » déplora-t-elle, la mine sombre en se mordant la lèvre, hésitant à poursuivre. « J’ignore si Priscilla est un danger, je pense qu’elle s’évertue de faire du mieux qu’elle peut pour la survie des siens. » murmura-t-elle tandis que son regard s’égarait vers le ciel sombre.

Elle hocha négativement la tête à sa question. Les égorgeurs constituaient sûrement une troupe d'élite des bannis, aussi bien sur le plan tactique que sur le maniement de tous les types d'armes. Ils avaient été, de ce fait, les meilleurs combattants qu'elle n'avait jamais vu de sa vie trop courte. La manière dont ils avaient brisé la garde des miliciens, avalant leurs attaques comme un voile de brume sombre et opaque, s’était emparé d’une victoire douloureuse en se tapissant en des ombres meurtrières en bordures de forêt.

« Elle ne m’a rien demandé, elle nous a libéré comme si de rien n’était en me guidant pour que nous trouvions le prochain village. » soupira-t-elle, emportée à nouveau dans ses souvenirs. Elle s’arrêta, reprenant « Elle m’a indiqué le chemin le plus sûr à prendre, j’en suis persuadée. La marche a été longue mais sans embûches, nous étions juste les dommages collatéraux d’une blessure dans ce groupe. »

…Une blessure que j’ai ressenti. Se garda-t-elle de dire, inutile de révéler le lien étrange qui les avait unis le temps d’un chant, inutile de dire qu’elle avait rejoint sa vision point par point, que Léandre ne méritait qu’une mort douloureuse après avoir abusé d’une femme, la proposition indécente de Priscilla, son arme précieusement gardée dans son armoire.
Elle avait eût la vérité derrière cette attaque troublante, aussi pénible fût-elle à entendre, valait toujours mieux que le doute ou l'ignorance. Elle ne pouvait désormais qu'aller de l'avant et délaisser ces cauchemars mutilés dans son sillage.

Désorientée par la puissance de ses émotions, elle secoua confusément la tête qui agita sa jolie natte sur son épaule pour se ressaisir.

« Vous ne me mettez pas mal à l’aise Alaric, ne vous inquiétez pas. » Sourit-elle avec tristesse. « Au contraire. » poursuivit-elle faiblement dans un murmure. « Au contraire… » Insista-t-elle dans un sourire un peu plus sincère et moins douloureux.

Elle reprit son récit.

« Ils nous ont intercepté sous un immense arbre mort en pleine nuit, ses branches s'élèvent au jusqu’au ciel, vous ne pouvez pas le louper. » Elle réfléchit un instant, poursuivant. « Ce groupe de miliciens, ils… » Commença-t-elle, trouvant l’élan suffisant de poursuivre sa phrase. « lls ont abusé d’une femme qui était bannie sous les yeux de son enfant. Ils… »

Ils méritaient. Sa phrase se brisa en mille éclats de silence.

« Ils lui ont fait du mal. » Lâcha-t-elle la mâchoire crispée, les dents serrées.

Isolde restait calme malgré cela, sa rencontre avec les bannis revêtait une signification qui ne lui était pas encore apparue. Elle remonta le long de son esprit qui semblait s'alléger de toutes ces confidences qui lui pesaient au creux des côtes. Elle gardait profondément en elle l'horreur de ce qu'elle avait vu, tel un ruisseau de sang affluant en bouillon dans sa chair. Elle n'avait jamais oublié combien la Mort les avait côtoyés de près. Comment baiser lui avait brûlé les lèvres.

« Je ne veux pas que ce fardeau soit le vôtre » confia-t-elle, riant légèrement pour trahir cette ambiance pesante. « Pardonnez-moi. »

Elle posa sa main sur la pierre du Temple puis soupira.

« Le monde est en train de changer, Alaric…Et je crois que… Bien plus rapidement qu’on ne se l’imagine. »

Elle enfonça un regard lucide et vigilant dans le sien, puis lui sourit d’un air calme. Elle décida de laisser le passé au passé et vivre au présent. Il fallait qu’elle arrête de se ressasser ses souvenirs, elle le savait.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyDim 13 Mar 2022 - 17:11
Priscilla semblait être une bien étrange femme. Une bannie qui réglait ses comptes sans craindre de prendre la vie, mais qui, non seulement s'embarrassait de témoins, mais en plus, les protégeait des terres hostiles qu'elle connaissait sans doute comme sa poche. Alaric avait du mal à croire qu'elle avait libéré Isolde et son camarade sans aucun service sollicité, aucun échange de quelques espèces requis. Même si une partie de lui se plaisait à espérer que la blonde avait agi par pure bonté d'âme, il était persuadé que cette prise de risque en apparence inutile et dangereuse trouverait son intérêt pour la suite. Pour Priscilla, cependant. Sans doute pas pour la jeune prêtresse inquiète qui lui faisait face.

Faites attention à vous, soeur Isolde, souffla-t-il. Si cette bannie manigance quelque chose, alors... Elle vous garde peut-être en vie pour une bonne raison.

L'anxiété n'était pas l'unique émotion négative qui voilait les jolies prunelles d'Isolde. Son sourire triste n'était qu'une façade, un masque dont Alaric devrait se contenter. En silence, il percevait la bataille intérieure à laquelle se livrait son interlocutrice. Il ne pouvait même pas démentir ce qu'elle ressentait. Le capitaine de Sombrebois avait trop souvent assisté aux abus menés par des miliciens ; il était parfois pénible d'admettre qu'une bonne partie de ces hommes, parce qu'ils portaient une armure minable, s'adonnaient à des comportement immoraux. Non, tous les bannis n'étaient pas méchants et clairement, tous les miliciens n'étaient pas gentils. Sans connaître le concept de manichéisme, Alaric en saisissait ses contours et sa définition. Il faudrait du temps à Isolde pour qu'elle puisse l'accepter à son tour.

Ne vous excusez pas, la sermonna-t-il en douceur.

Il balaya la distance qu'il avait hésité à franchir auparavant et apposa une main rassurante sur l'épaule de la prêtresse. Il n'appréciait guère sa mâchoire crispée et ses sourcils froncés, ses dents serrées et ses poings fermés ; tout en elle indiquait qu'elle était prête à imploser. Peut-être pas aujourd'hui, ni demain. Mais il n'était jamais bon de laisser son désespoir, sa rancœur ou sa colère – ou un savant mélange de tout ça – s'emparer de soi, de leur permettre de croître au détriment d'une santé trop fragile. Alaric était passé par là ; il lui était intolérable de laisser la jeune femme dans un tel état.

Vous n'allez pas me transmettre ce fardeau, expliqua-t-il. Mais vous pouvez vous en défaire.

La fonction arrimée à son prénom n'était plus nécessaire ; le soldat ne s'adressait plus à une bonne soeur désormais. Simplement à une personne qui, il le sentait, avait besoin d'aide. Peut-être même la sienne.

Le monde change, confirma-t-il, mais vous aussi.

Il plongea ses yeux bleus dans les siens, relâcha sa main à son sourire calme. Alaric s'était cru si seul pendant des mois. Lorsqu'il avait perdu sa famille dans les marais, lorsqu'il avait rejoint la milice, lorsque Sydonnie était partie, lorsque Hector avait disparu. Il avait enfoui au fond de lui des regrets et des remords, un terreau infertile au départ, qui avait pourtant fait de lui l'homme qu'il était devenu. Il avait trop crié et trop pleuré, il avait souffert d'une solitude extrême, s'était laissé brûler lentement par une haine dévorante, un esprit de vengeance ardent. À trop gémir sur son passé, il avait dédaigné le présent. Désormais, sa vie ne tenait plus qu'à une seule question : « est-ce que je le regretterais ? » Carpe diem, avait sans doute dit l'un de ses lointains ancêtres dans l'ancienne langue commune. Il était bien plus savoureux de vivre ainsi.

Il haussa les épaules.

Si je peux vous donner un conseil... Vivez aussi intensément que vous le pouvez, Isolde.

Eïlyn savait-elle à quel point ce principe dictait la vie du soldat et peut-être désormais, celle d'autres personnes après lui ?

Et ne laissez pas de vieux regrets vous empêcher de changer.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde]   [Terminé] Chanceler sous les Trois [Ft. Isolde] EmptyLun 23 Mai 2022 - 19:13
Isolde poussa un léger soupir mais ne répliqua pas.
Cet homme avait quelque chose, porté par un espoir que d’autres aurait jugé stupide en des périodes aussi sombres mais qui le rendait unique comparé aux autres. Elle haussa le regard et le plongea avec une sensation de vertige dans les flots paisibles de ceux d'Alaric. Des stries colorés défilaient, nonchalantes, ne troublant cette surface chatoyante.

« Je pense que les questions trouveront des réponses en temps et en heure, rien ne me sert de m'apitoyer. »Avoua-t-elle dans un souffle lent et timide, comme pour retrouver un semblant de calme.

Lorsqu'il posa sa main sur son épaule, Isolde lui jeta un regard nerveux, lestée d'un sentiment d'oppression, de menace diffuse. Elle dressa une oreille à ses paroles et hocha la tête avec un semblant de calme avant de la redresser avec précaution.

« Vous avez raison.» Lâcha-t-elle, reprenant d’un léger sourire narquois. « N’est-ce pas vous qui êtes venu vous confesser en premier ?» Plaisanta-t-elle, accompagné d’un petit haussement d’épaules coupable.

Alors qu’elle continuait sa marche, une légère cascade diffusant une source cachée par une végétation un peu plus luxuriante, gardée jalousement par une statue des trois. En gardes impassibles, les statues des dieux, tantôt sévères, tantôt miséricordieuses, bordaient l'allée des temples. Leurs orbites de pierres dévisageant Alaric et Isolde venus perturber leur silence éternel. Les reflets des rayons timides du soleil venaient effleurer leurs regards vides, donnant l'illusion dérangeante qu'ils épiaient leurs pas.

Son regard se heurta à un assemblage complexe de sculptures sur l'une des colonnes de peuple, remonta sur les grandes marches, et des colonnades ouvrant sur l’une des entrailles du temple. Les deux franchissent la première enceinte de jardin, traversant à ciel ouvert peuplés d'une végétation inquiétante, mal entretenue, s'enfonçant un peu plus dans les corridors auparavant majestueux, enchevêtrés dans la végétation ayant repris ses droits.

« Voilà, c’est là où je désirais vous mener dès le début, avant que nous discutions plus ou moins de manière plus… détaillée, disons. » ajouta-t-elle, un peu plus malicieuse malgré sa mine attristée.

D’un pas, elle s’avança face au jardin.

« Les guerriers ont pour habitude de venir se recueillir ici pour se retrouver plus proche des trois. Depuis le siège qu’il y a eu lors du couronnement, ils viennent moins. » Déplora-t-elle, reprenant. « Mais je pense que vous ressourcer ici avant de repartir vous fera le plus grand bien, Alaric. »

A son tour elle déposa sa main sur son épaule et exerça une pression réconfortante.

« Les dieux ne vous oublient pas, bien que l’on puisse en douter. » Sa vision oublia Alaric et son menton se dressa vers le ciel, elle huma l’air, reprenant. « Et je pense sincèrement que lorsque l’on demande un peu d’aide, ils savent nous écouter. »

Isolde plissa les yeux. Dans la luminosité étouffée de la cité, elle a dû mal à être certaine, mais le ciel semble se revêtir progressivement d'une toile de diamants. Son regard gravissait les étoiles jusqu'à s'y accrocher. Par dessus le Temple, les nuages se dégageaient tels des étendoirs en berne. Un nuage s'effilait et s'érigeait tel la pointe brisée d'un mât, trouant la voûte.

« Je pense qu’il faut que vous preniez le temps de vous retrouver avec eux. Que les dieux vous gardent, prenez soin de vous. »

Elle se recula d’un premier pas, d’un pas léger pivota sur elle-même. Avant de disparaître, elle murmura par-dessus son épaule.

« Et merci Alaric, pour tout ce que vous m’avez dit.» Dit-elle, avant de lui laisser l’intimité nécessaire pour qu’il puisse se retrouver avec lui-même. « Prenez soin également de vous et de ceux que vous chérissez. »



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