Aube céruléenne [Pv Alexandre de Terresang]

Ulrich avait été le plus facile à berner. En héritier de la maison d’Elrisor, le frère aîné de Jehan aspirait plus que tout à ce que la banale normalité l’emportât sur tout le reste. Il n’avait que faire de fantaisie, et s’accommodait fort bien d’un quotidien morose, où les fangeux ne ses pressaient pas aux portes de Marbrume, où sa soeur coulait des jours heureux mariée à un bon ami de la famille et où Jehan se comportait d’exaspérante manière, sacrifiant ses jours à la déesse Anür au cours d’interminables méditations. Il n’avait donc pas sourcillé quand le haut prêtre avait annoncé qu’il se lèverait à l’aube pour se rendre au temple.

Maurin n’était pas si sot. Il ne disait mot, mais son regard sévère ravagé d’inquiétude, tel une lézarde effroyable dans un rempart millénaire, ne quittait pas Jehan et s’attardait inévitablement sur le bras de se dernier. Jehan avait beau avoir camouflé la blessure sous un linge épais qu’il se devait de changer régulièrement pour ne pas souiller ses habits, la douleur lancinante rendait ses mouvements gauches. Peu habitué des combats, moins encore de la douleur, il ne pouvait camoufler sa souffrance à l’oeil aguerri du guerrier.

Maurin était seul coupable de l’avoir entraîné dans cette périlleuse mission, mais Jehan reconnaissait avoir accepté de le suivre en connaissance de cause. Il n’était plus l’enfant terrorisé que leur père avait balancé dans les jupes de la haute prêtresse, comme sacrifié sur l’autel invisible de la déesse. Sélénée méritait plus que leur indifférence, quelques soient les périls lorgnant la cité. Et lorsque Jehan avait quitté le manoir familial en se recroquevillant sous une cape de laine épaisse, il avait senti peser sur lui le regard de Maurin. Le haut prêtre ne s’était pas retourné. Il craignait de se heurter à ce mélange de déception et de culpabilité, conscient d’y voir un miroir à ses propres déchirements.

Il n’agissait pas de la manière la plus sage, et il le savait. Mais face à l’épreuve que leur imposait Anür, il ne pouvait rester les bras ballants. Ne rien faire, c’était renoncer à vivre. Il avait bien conscience d’être le maillon faible de la fratrie. S’il avait gardé ses distances, s’il n’était pas resté si près de Maurin, sa monture aurait pu distancer les fangeux. Il se moquait bien de risquer sa vie, voulait bien rire de l’entaille sanguinolente dont l’avait marqué l’abomination sur la lande. Lorsqu’Anür l’appelerait, il n’aurait pas d’autre choix que de se soumettre, et elle seule déciderait s’il aurait une place à ses côtés et de dignes funérailles ou s’il hanterait les lieux comme une bête putride, sans âme et sans rêve.

Mais risquer la vie des siens l’empêchait d’agir au mieux. A moins qu’après tout ce temps, il ne fut encore que l’enfant avide de plaire, de faire ses preuves, de montrer qu’il était tant et plus qu’un sujet de remords… Et c’était l’esprit hanté de plus de questions que de réponses que Jehan s’était mis en chasse de la guilde du soleil bleu. Parmi les miliciens venus quérir ses conseils et l’aval de la déesse, le nom de la guilde revenait toujours, et celui-ci était porteur d’un message d’espoir car, comme souvent, ceux qu’Anür rappelait prématurément ne venaient pas narrer leurs mésaventures à l’oreille du prêtre.

Il espérait que rencontrer Alexandre de Terresang l’éclairerait. Ou ne lui laisserait pas le choix de faire marche arrière. Il ne pouvait pas simplement patienter dans l’enceinte des temples immenses de la déesse, absorbé dans l’admiration du faste que les hommes lui dédiaient, tandis que la plaie sournoise lui rongerait les sangs, témoin impérissable de la cruauté du monde.

Les hommes de Terresang faisaient une première patrouille dans les rues mondaines au point du jour, Jehan l’avait appris de source sûre. Certains nobles avaient la sottise de s’en rassurer, comme si la nuit n’existait pas, comme si les fangeux se devaient d’attaquer au grand jour… Foutaises. Jehan n’en arpenta pas moins les rues en quête de la patrouille. Lorsqu’il la trouva, il échangea quelques mots en leur faveur contre la localisation de leur chef. (Anür n’était pas la déesse la plus prisée lors des batailles mais par les temps qui couraient, espérer une mort brève et définitive relevait presque du bon sens.)

Par chance, Alexandre de Terrsang était en ville, et s’il était prévu qu’il s’entretint avec le duc, il aurait probablement la décence de ne pas se présenter à une heure aussi matinale, ce qui laissait à Jehan le temps de lui parler avant qu’il ne se mit en route.

Ma semaine avait été chargée … en effet, j’avais eu l’autorisation du Duc de faire de ma guilde, une guilde officielle du Morguestanc. J’avais par la même occasion rencontré une jeune femme du nom de Kira de Haldonores. Une jeune baronne en manque d’espoir qui intégra ma guilde dans le conseil bleu, la plus haute instance de cette dernière. Je lui ai offert par la même occasion l’hospitalité dans ma Résidence de Marbrume.

Mon Conseil était donc au complet et je ne recherchais plus que des membres pour mon Conseil du Soleil et des fournisseurs en matériaux.

J'avais perdus au moins 5 hommes lors d’une mission de repérage et de nettoyage en compagnie de la Milice d’exploration et d’un Chevalier de petite noblesse du nom de Salvador Daragonne qui devait encore réfléchir à ma proposition de rentrer dans la Guilde.

En somme, la Guilde avait passée une bonne semaine … si ont exclu le fait que nous avons déjà perdu un convoi et 20 hommes … nous perdions des hommes qui étaient sans escorte armée par manque de moyens défensifs et c’est pour cela que je devais voir le Duc au plus vite.

J’avais rendez vous avec ce dernier dans la matinée. J’étais habillé comme d’habitude quand j’avais un entretien important. Une tunique rouge aux manches vertes avec dessus mon écusson représentant une rose de sang sur champ vert. Un pantalon rouge, une cape rouge, mes épaulettes rouge-verte et mon fourreau avec mon épée rengainée à ma taille. Je partie alors en compagnie de ma Garde de Sang, composée de 6 Chevaliers de mes Terres.

En cours de route, dans les rues mondaines je fus interpellé par un prêtre … d'Anür. Il voulait apparemment me parler au sujet du Soleil Bleu. Avec un sourire, je lui dis :

«Bien sûr mon père ! Mais parlons en marchant si vous le voulez bien. On m’attend au Palais »

Jehan avait assez “courtisé la reine-mère des changements”, comme l’appelait son frère lorsqu’il se moquait des trop longues absences de son puîné dévolu à sa prêtrise, pour savoir faire contre mauvaise fortune bon coeur. Il n’était guère ravi d’avoir gagné le droit de crapahuter généreusement sur les pavés inégaux mais à l’inverse, le mouvement lui permettait de camoufler la douleur que lui causait son bras, et il pouvait toujours user de l’excuse de son rang pour refuser de hâter le pas.

« Bien des esprits s’agitent en ville au sujet des fangeux. J’ai assez vécu entre ses murs pour savoir qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Je pense que votre démarche et la bonne, et les préceptes de ma déesse ne saurait m’inciter à croire que l’immuabilité nous sauvera, et que les pierres des remparts suffiront à nous protéger. »

Le chef de la guilde ne pouvait pas le deviner, mais ce disant, Jehan faisait un élégant pied-de-nez à tous ses principes. Il était le premier à rire de ceux qui n’avaient d’autres secours que de brandir les armes face à un conflit. Il n’était pas certain que la stratégie soit bonne, d’autant plus qu’il avait des raisons personnelles de pensées avoir plus souffert de la morsure du fangeux que l’intéressé n’aurait frémi s’il lui avait rendu la pareille.

Mais le sort de sa soeur était en jeu et il ne convaincrait personne de le laisser se mêler d’un conseil de guerre s’il brillait par son inutilité. Alexandre de Terresang me rappelait mon père. Dans ses bons côté, lorsqu’il s’agissait de défendre l’honneur et la pérennité de sa maison, et pas lorsqu’il s’agissait d’insulter le plus pieusement possible l’ensemble de la trinité. Du moins, Jehan l’espérait.

« J’ai l’intime conviction que tous les savoirs ne se trouvent pas dans l’ambiance feutrée des temples. Si elle est propice à la méditation, je ne doute pas que les dieux auraient trouvé à nous infliger des périls moins singuliers, s’ils avaient voulu nous intimer au calme et au recueillement. »

Il n’y avait pas besoin d’avoir l’aval de la trinité pour comprendre que la situation ne se réglerait pas par une entente diplomatique cordiale autour d’une table.

Le Prêtre me suivait d’une lenteur exécrable, j'avais peut-être un profond respect pour la Sainte Trinité,sa Prêtraille et tout ce qui allait avec mais je commençais à fatiguer de marcher tel un vieillard. Il me parlait d'esprits qui s’échauffaient, de son vécu entre ces murs, de fumée sans feu. De ma démarche ? Mais quelle démarche ? Voilà qui me parlé des préceptes de sa déesse -Anür certainement- et des remparts protecteurs … mais que me voulait-il donc ?

Je n'avais qu’une envie : c’était de lui mettre mon gantelet dans le visage. Il n’arrêtait pas de tourner autour du pot, il me parlait en parabole et je commençais à en avoir marre. Me prenait il pour un énigmatique ? Je m’arrêtais alors de marcher puis je lui dis sur un ton parfaitement calme.

« Me prenez vous pour un pingouin unijambiste pour marcher à cette lenteur mon père ? Et veuillez m'excuser mais je ne suis pas un Théologien mais un Homme d'Armes. Donc cessez de tourner autour du pot en blablatant avec des paraboles et dites moi ce que vous voulez. »

[HRP: Excuse moi de la longueur, mais je vois vraiment pas quoi mettre de plus]

Douce ironie que celle-ci. Jehan se demandait parfois si Anür dans son ennui, condamnée à garder un oeil sur ses fidèles dans l’attente de mettre fin à leur éphémère existence, ne s’était pas plu à lui céder un certain talent pour évaluer les gens. Le noble de Terresang ressemblait effectivement plus que Jehan ne l’aurait voulu, à son défunt paternel. Il avait cette même assurance inébranlable qui exigeait que le monde tournât autour de lui, non par égard pour sa personne, mais par nécessité.

Mais nul besoin de l’expérience de Jehan pour deviner combien le prêtre devait l’horripiler… Lorsque le noble le somma de s’exprimer plus clairement, Jehan dut se mordre la langue pour ne pas s’esclaffer et retenir la remarque acerbe qu’une telle manière d’être lui inspirait. Indubitablement, Jehan n’était pas si simple, dans ma manière d’être, et l’expression de sa volonté ne pouvait se fendre d’un seul mot. Au demeurant, la longue liste de ses aspirations ne concernant pas le chef de la guilde, si ce n’était celle concernant le sauvetage de Sélénée…

Mais c’était un homme droit - ou qui voulait s’en donner l’apparence - et Jehan ne pouvait pas laisser tomber les masques si vite. Il plaçait en haute estime son profit personnel, mais n’était pas stupide au point de pas songer à le faire disparaître derrière ses élégants préceptes qui sortaient par les yeux d’Alexandre de Terresang…

Il lui adressa un sourire affable, presque peiné, comme s’il est trop investi, trop sot, ou trop fanatique, pour ne pas comprendre où son propos pêchait.

« Tous les instants ne prêtent pas à la course, et j’attendrais que les fangeux attaquent pour prendre la fuite. » déclara Jehan d’un ton égal.

Il n’avait aucune intention de révéler, [i]maintenant[i], l’ampleur de sa faiblesse. Cela n’aurait pas certainement plaidé en sa faveur. Et quand bien même Alexandre aurait-il pu le prendre en pitié, Jehan était plus que certain de ne pas vouloir de la condescendance d’un tel homme. Il ressemblait déjà bien trop à son père, et les attentions de ce dernier avaient toujours été de trop.

« J’aspire à ce que nous survivions tous assez longtemps pour voir Anür nous offrir un plus riant visage. Pas vous ? »

Jehan avait imité le ton calme du général avant d’arquer un sourcil interrogateur, mais, entre ses lèvres, les mots prenaient une teinte moqueuse qu’il avait grand mal à camoufler. Il commençait à se demander si on ne l’avait pas aiguillé sur une fausse piste. Peut-être aurait-il dû contacter les prêtres de Rikni, ou sonder le terrain parmi les miliciens. Il gageait que Maurin ne serait pas complètement opposé à l’idée d’une seconde expédition, si tant est que Jehan lui promettait de ne pas se donner en pâture aux fangeux.

Je regardais alors le Prêtre. Il me rappelais un homme que j'avais connu dans ma jeunesse. Je n'avais pas moins de vingt années et c'était dans une taverne dans le Fief des Terres de Sang ; Sang-Froid. Cet homme était d'un ennui mortel mais après 4-5 pintes, il s'était décoincé … peut être qu'il fallait la même chose à ce Prêtre. J'avais de la patience mais elle arrivait à terme.

Quand je lui intima de marcher plus vite et de s'expliquer plus précisément, je remarquais. Il voulait rire mais se retenait. Suis-je donc un bouffon ? Me prend t-il pour un idiot ? Je n'en savais rien et il commençait fortement à me plaire. Et maintenant qu'il me parlait de ne prendre la fouite que si les Fangeux attaquaient, avais-je à faire à un Prophète ? A un clochard qui avait revêtu les atours d'un Prêtre ? Je n'en savais rien mais il avait intérêt à s'exprimer clairement.

Quand il me posa une question assez étrange qui était, est ce que je voulais vivre assez longtemps pour voir Anür nous offrir meilleure situation. Je lui dis alors avec un sourire :

 « Il y a fort longtemps que je n'espère plus cela mon Père. Si tel est le souhait d'Anür, je rejoindrais son Domaine Céleste lorsque Rikni décidera de ne plus bénir ma lame. »

Je regardais alors le Prêtre, quand j'allais m'exprimer ce qu'il me voulait avec un ton plus amical que tout à l'heure, le Capitaine de ma Garde me dit alors que j'allais être en retard à mon entretien avec le Duc, je lui dis alors :

 « Je dois absolument partir Mon Père. Vous savez à quel point le Duc est pointilleux sur l'heure de ses entretiens. Que me vouliez vous ? Cela concerne la Guilde du Soleil Bleu ? »

Jehan n’était plus si sûr de désirer l’appui de la Guilde. Fréquenter Alexandre de Terresang ne manquerait pas de le faire sombrer dans un abîme d’ennui inconcevable. En vérité, le prêtre fréquentait davantage les petites gens de Marbrume que ses pairs, et ses manières indélicates ne manquait pas de garder à ses côtés les seuls à savoir répondre à ses piques dissimulées. Lorsqu’il frayait avec la noblesse, c’était au contact de son aîné ou à la demande de celui-ci. Ses pairs l’énervaient, l’agaçaient terriblement, en cela qu’en dépit de la fortune, du confort ou de la renommée amoncelée, ils se contentaient d’avoir en ce monde des desseins si bassement terre-à-terre.

Par complaisance - et parce que son frère aîné ne manquerait pas de le maudire s’il s’avérait qu’il avait attiré sciemment les foudres des Terresang sur leur maison - Jehan hâta le pas, conscient par devers lui qu’il ne tiendrait pas la cadence très longtemps. Jusqu’à la grand-place tout au plus, sûrement pas jusqu’à la demeure du duc.

Jehan se fendit d’un sourire mystérieux. Celui qu’il adressait à quiconque espérait se dérober au regard d’Anür par l’entremise d’un autre dieu. Il ne prononçait jamais le nom des deux autres. A son sens, aucun homme n’était assez chanceux pour prétendre à la faveur de la trinité entière. Mais c’était logique, venant d’un homme d’armes de s’en référer à Rikni plutôt qu’à la dame des changements. Un soldat avait besoin de stabilité et de discipline. Maurin le lui avait maintes fois répétés. Mais il ignorait les préceptes des fervents de Rikni. Lorsqu’il partait en campagne, il se contentait de saluer Jehan de mots sans âme. “Nous nous reverrons, disait-il, et puisses-tu ne pas prier pour moi.” Il n’ajoutait rien, Jehan se contentait de hocher la tête, acceptant la prière à Anür dans toute l’immensité de ses non-dits.

Un garde retint son interlocuteur, quelqu’un d’importance à en croire la facture de son armure, mais Jehan n’avait pas l’oeil de ses frères pour saisir toute la subtilité ces choses-là. Le prêtre retint un sourire intérieur. Ainsi Alexandre avait l’oeille du Duc, mais pas assez d’importance pour justifier d’un retard. S’il avait voulu lui fausser compagnie, il n’aurait pas eu besoin du secours de ses gens pour avancer l’excuse de l’entrevue avec le Duc.

« Je l’imagine.» répondit simplement Jehan.

Le Duc n’avait pas que des ennemis en ville, le prêtre n’avait rien à redire à sa politique, mais la neutralité était une voie des plus judicieuses pour un prêtre.

« J’ai cru entendre que votre guilde aurait l’usage de l’appui d’un prêtre d’Anür. »

C’était vrai, au demeurant, et il était bien trop tôt pour parler de sa soeur perdu, quelque part hors les murs, morte ou vivante. Entre les mains d’Anür, quelque fut le sens terrifiant que pouvaient renfermer ces mots.

« Est-ce vrai ? » s’enquit Jehan en arquant un sourcil interrogateur en direction de son interlocuteur.

Bien sûr, Alexandre de Terresang pouvait refuser sa candidature, que Jehan n’avait fait que suggérer (son frère ne lui aurait pas pardonné que l’affront d’un refus entachât la réputation familiale). Mais s’il se rétractait, Jehan s’assurerait qu’aucun prêtre sur qui il put avoir un tant soit peu d’influence ne répondrait à l’appel du noble.

Le Prêtre semblait réfléchir, dans son monde. Mais que me voulait-il ? Au lieu de tourner autour du pot, il pourrait me dire d'une manière plus directe pour me dire qu'il avait besoin du soutien du Soleil Bleu ou encore de l'intégrer ? Mais que ferais-je d'un Prêtre comme lui ? Il m'avait l'air plutôt mal en point, pâle, reluisant de sueur. On dirait qu'il couvait quelque chose.

Ah ! Enfin, nous venions au but. Il voulait rejoindre ma Guilde comme Prêtre d'Anür, j'avais réussi entre temps à recruter une Prêtresse de Rikni, Tayla de Haldonores sort de la Baronne Kira de Haldonpres, ma Lady Constructrice. Hm .. après tout pourquoi pas ? Les Elrisor pourraient être un bon soutien pour notre guilde. Je le regardai avec un sourire :

 « Oui, c'est vrai … et vous pourriez y prétendre mais .. mon père. Il faut absolument que j'y aille. Allez donc à ma Résidence et demandez la Baronne Kira de Haldonores. Elle vous fera part des conditions de recrutement ..etc. Au plaisir de vous revoir, mon père.

Puis je parti en toute hâte vers le Palais du Duc avec ma Garde.

Si l’évidence des faits n’avait pas parlé contre lui, Jehan se serait cru né d’autres étreintes que celles qu’avaient partagé ceux qu’il avait toujours considéré comme ses parents. Son père ne lui avait jamais légué cette sévérité bourru, pas plus que l’impatience tacite des hommes d’actions, traits qu’il partageait pourtant tout deux avec l’interlocuteur présent du prêtre.

Au domaine, chacun s’était accordé à penser que c’était sa voie qui avait modelé Jehan de la sorte, que c’était un triste gâchis et que, sans l’emprise de la prêtrise, il n’eut pas eu ces penchants pour la mélancolie méditative. Jehan n’en était pas si certain, mais il avait préféré prendre le parti du rire sous cape du fait que même son entourage proche put le connaître si mal.

Habile gredin. Dans son état normal, Jehan aurait ourdi une stratégie pour lui faire avaler sa langue mais en l’instant, la perspective de ne pas devoir accompagner le chef de guilde jusqu’à la demeure du duc valait toutes les joutes oratoires du monde.

« Je ne manquerai pas d’honorer votre invitation. Ne faites pas attendre le duc. »

Jehan s’arrêta, suivant d’un simple regard le départ de l’escorte et, lorsque, enfin le calme fut revenu dans les rues qui s’éveillaient à peine, il se permit un sourire qui se mua en un rictus douloureux. Peut-être était-ce mieux ainsi, il avait lui aussi des préoccupations urgentes à gérer....