Nom : Aucun.

Prénom : Angélique ; elle est parfois surnommée Angèle ou Angie.

Age : 16 hivers ; née le 16 septembre 1150.

Sexe : Féminin.

Situation : Célibataire et sans-famille.

Rang : Jeune prêtresse. Originaire de la cité de Marbrume, elle fut recueillie par le Temple à sa naissance. Elle a passé les dernières années à vivre de petits boulots ici et là avant de choisir d'entrer dans les ordres.

Lieu de vie : le Grand Temple, Marbrume.

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : (voir topic Système Rp & Xp - Carrières)
Carrière du Prêtre, +3INT +1END.

Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)

Compétences :

- Doctrine du culte - Niveau 1
- Calcul mental - Niveau 1
- Sens de la répartie - Niveau 1
- Science - Niveau 1
- Chance - Niveau 1

Objets :

- Un petit couteau à couper l'appétit.
- Un fronde qui permet de chasser sa pitance dans les rues... Ou les gamins pénibles.
- Un capuchon tout juste capable de protéger de la pluie.
- Une tenue en lin, bien abimée en prime.

Pas bien grande, pas bien épaisse, pas bien belle, pas vraiment singulière, juste quelconque ou tout au plus charmante : voilà comment, en quelques mots brefs, dégrossir Angélique.



Marbrumienne au milieu de Marbrumiens, elle se noie dans la masse sans que rien ne la démarque particulièrement, excepté peut-être un fugace éclat roux dans son sillage, qui peine à s'ancrer dans les mémoires de ceux qui l'auraient remarqué. Elle pourrait passer pour tout à fait discrète si seulement elle n'était pas affligée de cette maladresse légendaire, de celle capable de la faire s'entrouper dans ses propres pieds, ou les ourlets de ses vêtements. Angélique n'est pas d'un naturel à prêter attention à sa mise, ni à son apparence générale, et cela se remarque sans mal tant elle semble faire exprès de négliger les règles de la société et la bienséance. Pieds nus dans la cité lorsque le beau temps vient, en bottes et jupes relevées sur les chevilles lorsque la neige couvre la chaussée, toujours sur le qui-vive tapi dans l'ombre d'une ample cape de fortune, la donzelle fait fit des enseignements qui lui ont été prodigués. Glanés ci et là dans le Temple, ses vêtements dévoilent un sens du goût davantage pratique qu'esthétique, ainsi qu'une situation dans le ton de ce que vit actuellement le Marbrumien commun, quoiqu'en légèrement plus précaire. Ses oripeaux, robes et bliauds bruns ou verts sans fioritures et assez larges pour la laisser courir au gré de ses envies, ont déjà été moulte fois portés, et tout autant reprisés par ses mains rêches et calleuses, raccourcis mais toujours trop longs et rafistolés selon les moyens du bord.

Plus petite que la moyenne même si de peu, ce qui est suffisant pour la frustrer, plus maigre également et trop garçonne dans ses manières, Angélique ne correspond pas exactement à l'image féminine. Si nul n'a été épargné par la famine et la privation, certains, dont elle, en ont davantage soufferts ; et cela a laissé bien des stigmates sur son corps dont la croissance semble avoir été compromise, et qui laisse paraître ses membres anormalement longilignes. Sa silhouette frêle et sa petitesse, son attitude de chat sauvage et son aspect fragile prêtent à la jeune femme une apparence candide, presque juvénile. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'elle soit prise pour une enfant, car elle fait également preuve d'une grande vivacité malgré le calme dont elle est capable. Le mètre cinquante qu'elle effleure presque la frustre, la vexe. Si elle s'efforce d'en tirer profit et d'en rire, la chose lui est toutefois difficile car, à trop se dévisser le cou afin de dévisager ses interlocuteurs ou se tendre pour se saisir d'objets situés bien trop haut, des tensions et diverses douleurs naissent de sa nuque à ses épaules.

Souvent jugée impertinente par les prêtres et prêtresses qui ne souffrent de la voir cheveux aux vent, c'est à peine si elle fait le minimum en soignant ses ondulations rousses, pour ne plus s'attirer leurs remarques et sermons, et paraitre présentable aux yeux de qui la regarderait. Elle s'autorise, pour seule coquetterie, à agrémenter d'une petite broche en étain dépourvue de valeur sa longue chevelure, laquelle dépasse souplement son bassin lorsqu'elle n'est pas lâchement nouée sur sa nuque. D'après ses propres souvenirs, sa crinière n'a jamais été coupé plus de quelques centimètres minimes. L'été, les reflets cuivrés dont elle se pare brillent au soleil tandis qu'ils se foncent une fois le froid venu, leur donnant l'aspect auburn de certaines écorces. Cette couleur pourtant ravissante, qu'elle a mainte fois tenté de cacher en ayant recours à diverses teintures, fait ressortir les quelques tâches de son mouchetant sa peau de porcelaine pâle, tour à tour brunie par les cagnards d'être trop souvent dehors, ou rendue rosâtre par les frimas.


Mais, de l'ensemble de sa personne, c'est son visage qui est sans doute le moins banal. De son propre point de vue, son portrait n'est pas très flatteur ; pourtant, pour d'autres, elle peut passer pour jolie et avenante, malgré sa forme ovale et le front large sur lequel elle fait une obsession. Plus que lui, ce qui peut surprendre au premier abord, c'est ce regard gris-bleu qu'elle pose sur tout un chacun, tantôt voilés par l'ennui ou pétillants d'intérêts et de vitalité. Sous des sourcils épais et bien dessinés ressortent donc admirablement bien ses yeux, deux fentes parfaitement en amandes et légèrement froncés, seulement frangés de longs cils pour toute parure. Somme toute, ses traits les plus féminins sont complétés par des lèvres charnues et rosées, qui semblent esquisser un éternel sourire figé, et une mâchoire anguleuse. Quant à son nez, bien au milieu de son visage, sa forme légèrement en trompette redonne à son faciès cet aspect juvénile, nubile, qui fait tout son charme. Particulièrement expressive, c'est sa bouche qui laisse le plus clairement transparaître ses émotions au panel bien large ; elle sourit lorsqu'elle est heureuse, se mord les lèvres d'angoisse, les pince d'envie ou fait la moue lorsqu'elle est sceptique.

Complétant le personnage, la voix qui franchit ces dernières est fluette et légèrement cassée. Relativement mélodieuse en temps normal, elle monte dans les aigüe sitôt qu'elle élève un tant soit peu la voix, ou crie, et s'abaisse dans les graves lorsqu'elle se fait plus solennelle.

Un pied dans l'enfance et l'autre dans l'âge adulte, la rouquine oscille encore entre plusieurs tempéraments ayant pourtant bien du mal à cohabiter, à l'image de sa personne ; complexe, déconcertante, imprévisible et indomptable, d'où lui vient ce petit sobriquet que certaines prêtresses se plaisent à lui affubler.



Rêveuse, et éprise de liberté, Angélique n'a toujours connu que le Temple et l'enceinte de Marbrume, déjà bien avant l'apparition de la fange. D'aussi loin qu'elle peut se souvenir, plus qu'une religion en laquelle elle croit très fermement ou même une conviction, la Trinité a toujours été ses seuls compagnons et ses confidents, son refuge et son pilier. Elle fut bien tentée, à une ou deux reprises, de remettre leur existence en cause mais cela n'a jamais été au-delà de simples questionnements philosophiques –quand bien même elle ignore ce que c'est. Sa vie, sans la Trinité, n'existe pas vraiment ; pourtant longtemps elle ne se vit pas embrasser la voie de la prêtrise, et même si par sa bonté elle participe activement à la soupe populaire ou au soin des personnes, elle ne se voit pas le faire de nombreuses années durant.
Elle apprécie davantage l'action et explorer, bien qu'elle ait dû se satisfaire des tréfonds et recoins de la cité ; ou le toucher des livres auxquels elle ne comprend malheureusement rien, lui ôtant toute possibilité d'en faire sa carrière, ou même mener quelques expériences. De toute façon, elle n'est qu'une femme, jeune de surcroit, elle n'attend plus grand chose malgré ses rêves.

D'un naturel introverti, Angélique demeure dans la solitude et évite ceux de son âge avec le plus grand soin. A cela, les raisons sont lointaines, et nombreuses : à commencer par sa propre précocité. Même si ce n'était que d'un tout petit peu, son apprentissage fut toujours en avance sur les autres ; et l'écart ne fit que se creuser au fil du temps, jusqu'à ce que la différence de mentalité devienne trop grande. Sans personne à qui s'ouvrir, raconter des histoires ou avec qui jouer, c'est le plus naturellement du monde qu'elle se tourna vers la Trinité pour combler ces manques. Voilà, eux au moins ne se moquaient pas de sa maladresse, ne lui tiraient pas les cheveux, ne lui volaient pas ses repas ou ne la frappaient pas... Sans cette méchanceté qui côtoie sa vie depuis toujours, la fillette, adolescente et jeune femme n'aurait peut-être pas développé ce tempérament de feu qui la caractérise. Incapable de se laisser faire, de supporter leurs brimades, elle acéra ses paroles et ses poings, s'arma de répartie et déployant successivement l'une ou l'autre en s'attirant les foudres de bien des Prêtres et Prêtresses –pour ne citer qu'eux. Sa tranquillité gagnée, il n'y avait de nouveau plus qu'eux, la Trinité et elle, et les pensées réconfortantes qu'elle en tirait. Voir en Rikni un compagnon de jeu, et Anur en camarade de bain, la rend à présent confuse et honteuse ; c'est pourquoi elle implore leur pardon chaque jour, en espérant qu'elles n'en sont pas trop offensées. Nonobstant, entre les trois, elle n'éprouve aucune préférence et leur voue à tous la même dévotion.

Plus obstinée et acharnée que persévérante, d'ailleurs, car ce qu'elle veut, elle l'obtient, quitte à passer pour folle ou se soumettre à de véritables contorsions cérébrales pour y parvenir, ou quelques autres atrocités ! Elle ne connait que trop bien la souffrance, la faim qui tiraille les entrailles, la morsure des coups de quelques marchands l'ayant pris la main dans le sac ou miliciens bien disposés à la laisser aller, et la mort omniprésente planant inlassablement au-dessus du Morguestanc –du moins l'imagine-t-elle, car l'au-delà des enceintes de Marbrume lui demeure mystérieux. Angélique, dans sa soif de vivre, de survivre, ne recule devant rien ; pas même à traquer des rats pour s'en repaitre comme une désespérée uniquement afin de connaître un lendemain. Ses rêves seuls, parfois, lui permettent de tenir le coup et de ne pas sombrer dans un abime de désespoir comme en voit tant d'autre le faire chaque jour.

Toujours est-il que, s'il convient donc de dire qu'à ce jour la rouquine se montre sociale, c'est uniquement grâce à sa propre curiosité insatiable qui la poussa à poursuivre les Prêtres et Prêtresses, qu'elle harcelait de questions, et sa persévérance et sa vivacité d'esprit qui ne la firent jamais abandonner. Mais sociable ne veut pas dire parler, ce qu'elle fait peu ou alors à elle-même, plus souvent encore à l'adresse de la Trinité. A la parole, Angélique préfère l'écoute, car c'est ainsi qu'elle a appris, et qu'elle a grandi. Sans compter que cela lui évite des maladresses verbales, car elle n'a jamais su distinguer la frontière entre ce qu'il convenait de dire et l'insolence. Ses mots, tout comme ses manières, sont brusques, trop masculins, et indécrottablement provoquants.

Toutefois, être douée de telles capacités de réflexion ne l'empêche pas d'être intrépide, impulsive, et autrement trop audacieuse ; sans quoi elle n'aurait jamais manqué frôler la mort. Cette expérience, elle n'est pas prête à l'oublier. La peur des fangeux, Angélique ne l'a longtemps vécu qu'à travers les récits qu'on en faisait ici et là, parfois tissés de plus de mensonges héroïques que de vérités... Jusqu'à ce jour où elle put les voir de ses propres yeux, dans l'enceinte même de Marbrume. Les sueurs froides et les cauchemars qui lui viennent la nuit, tandis qu'elle revoit ces créatures inhumaines, ces abominations, et les es savoirs là, si prêt, la terrifie, l'empêche de dormir sereinement la nuit tant le sentiment de sécurité jusqu'à présent s'est effondré. A bien y repenser, sa propre impuissance l'afflige... Et si elle avait moitié plus de courage, peut-être se serait enrôlée, bien que ces enfoirés à la milice la répugnent.

Angélique est… Angélique. Sa vie, rien ne l'ennuie plus que d'en parler. Sans famille, sans foyer, sans racines. Et sans avenir, à l'en croire… Elle est née, a grandi, a volé, et a survécu ; c'est à peu près tout ce dont elle est certaine.


Tout aurait commencé un certain 16 septembre 1150. Quand ? Où ? Les quelques rares personnes à en savoir davantage se sont tues, se taisent encore, gardant ce secret vraisemblablement acheté au prix fort tant les langues semblent liées ; même auprès de la rousse, pourtant principale concernée.
Toujours est-il qu'elle est née, et dans la foulée fut abandonnée. Ce fut un jour des plus ordinaires pour Marbrume, à l'exception de 2 ou 3 personnes, peut-être… A un moment de la nuit particulièrement couvert, où l'éclat de chaque étoile comme les pâles rayons lunaires se trouvèrent totalement obstrués. Un homme en livrée sombre portant le petit "paquet" étroitement enveloppé, dont l'histoire se garde bien de dire s'il en fut le père ou seulement le livreur, cognait à la porte d'un Temple comme s'il voulait l'en dégonder. A la première personne venue l'ouvrir, sans guères d'explications tant l'échange fut court et brusque, il confia le nourrisson bien chaudement emmailloté, versa un quelque chose qui étincela faiblement à la lumière de l'unique chandelle tenue par l'hôte et s'éloigna sans un regard en arrière.

Quant à son prénom… Angélique, ainsi la nomma-t-on, car une de cette petite fleur séchée était glissée contre son cœur ; signe que quelque part, quelqu'un lui portait de l'affection. Ou tout du moins, lui voulait malgré tout du bien… Ce qui, après avoir entendu cette histoire, la laissa espérer qu'un jour on viendrait la retrouver, la petite fille à l'angélique ; mais ceci n'arriva-pas.


Rejoignant le rang des orphelins –qu'elle ne supporta jamais– pris en charge par le Temple, ses prêtres et prêtresses, Angélique grandit péniblement, ni tout à fait heureuse, ni parfaitement malheureuse. Elle y reçut une éducation des plus basiques, entre doctrine du culte et journées à assister les malades, destinée aux simples gens du peuple dépourvu d'un quelconque avenir exceptionnel. Vive d'esprit et avide d'apprendre, armée de sa curiosité insatiable, elle courrait après chacun dans le Temple à la recherche de nouvelles connaissances à emmagasiner ; et cela créa une rupture entre elle et tous les orphelins du Temple, et tous les autres enfants d'environ son âge.

Pour autant, elle supporta peu la solitude et trouva très rapidement le réconfort auprès de la Trinité, et de son imaginaire particulièrement prolifique. Malheureusement, sa façon d'interagir avec les Divinités ne fut jamais au goût de tout le monde ; la rousse les vit toujours d'une façon plus singulière que quiconque à sa connaissance, les traitant comme des êtres invisibles perpétuellement en sa présence, ou presque auxquels elle s'adressait comme à des amis inséparables. Elle partageait ses pensées et réflexions avec Sérus, ses bains avec Anur et ses moments de jeu avec Rikni ; sans ces moments qui lui apportaient chaleur et réconfort, quoi qu'elle n'attendît jamais vraiment de réponse de leur part, lui permirent de toujours tenir bon. Qu'on la pensât folle était le cadet de ses soucis.


A son demi-soulagement, ses premières règles arrivèrent plutôt rapidement à son entrée dans l'adolescence, peu après ses douze ans. Sitôt la cérémonie passée, la rousse demoiselle préféra occuper la majeure partie de son temps à l'extérieur du Temple ; elle effectuait diverses petites tâches qu'on daigna bien lui confier dans quelques échoppes ou maisons, se formant brièvement auprès de plusieurs marchands, artisans, ou producteurs. De toutes ces expériences c'est probablement celles de fleuriste, et d'apothicaire et chercheurs au Temple, qui lui plurent le plus ; à présent, des années et bouleversements plus tard, hésite-t-elle à nouveau quant au chemin à suivre.

Le reste du temps, accompagnée de ses trois Amis, guidée par son imaginaire et son désir de liberté, elle allait d'aventures en aventures dans les rues de Marbrume. Il n'était pas rare de la voir sautiller ci et là, en fredonnant une mélodie connue d'elle seule, avant de disparaître subitement dans un de ses endroits dont seuls les gamins des rues et les voleurs ont la connaissance. Elle s'imaginait l'extérieur, le monde au-delà des murs de la cité qui devint rapidement une prison trop étroite. Comme elle aurait aimé partir explorer cet ailleurs !

Dire qu'il ne lui arriva rien serait mentir. Maintes fois elle fut confronté à des dangers mais, mue par une volonté de vivre sans commune mesure, elle parvint toujours à s'en tirer. Non sans mal, et presque toujours armée de sa fidèle fronde.


L'arrivée des Fangeux fit voler en éclat les certitudes qu'elle avait, bien peu nombreuses, et très fragiles. Et la vie ne put jamais reprendre son court habituel.


Tout commença avec des rumeurs venues de l'ouest, des on-dit invraisemblables de créatures humanoïdes, immenses, bossues, aux gueules béantes armées de longues dents acérées, yeux rouge sang brillants dans le noir, griffes longues comme des bras… La violence de ce fléau fut probablement le seul détail sur lequel chacun s'accordait… Mais encore était-il minimisé, tant cela allait au-delà de l'entendement. Trop rapidement l'on commença à affluer dans la cité depuis les quatre coins du duché. Angélique vécu tout cela de loin et n'en fut que peu affectée, dans un premier temps. Jusqu'à ce que le Temple, dont on lui interdisait soudainement de s'éloigner, ne fut à son tour surchargé. Il n'était clairement plus question d'affabulations…

Et le cauchemar, appelé Fange, ne faisait que commencer.

Les portes de Marbrume furent refermées. La rousse vit chacun douter, trembler… mais les patients s'amassant dans le Temple ne lui laissèrent guère de temps pour s'en préoccuper ; elle devait aider. L'affaire de Sarosse l'avait aussi ébranlée, mais elle n'y voyait qu'une raison à leur condamnation où d'autres louaient la suprématie d'un duc dont elle ne connaissait que le nom. Pourquoi ? Toute vie était précieuse ! Sa foi n'en devint que plus grande, et cette étincelle embrasa sa répulsion pour l'autorité.

Priant pour eux tous, Angélique subit les évènements qui survinrent ensuite dans une sorte d'état second, de résignation et de fatalisme. Le destin, tel que prévu par la Trinité, adviendrait inexorablement ; et il n'était pas en son pouvoir d'y changer quoi que ce soit. Le Roi mourut, mais cela ne changea strictement rien aux yeux de la rousse qui regardait le peuple trembler, affligé. Comme chacun elle s'adapta, se priva, souffrit de la faim, et offrit même la mort. Impuissante, bien qu'allant à l'encontre de ses convictions, ce fut le seul réconfort qu'elle put discrètement apporter à quelques mourants. Et jamais elle n'osa rejoindre ces quelques femmes que comptait à présent la milice.

Courageuse et même téméraire, poussée par sa curiosité, elle s'approcha toutefois des Fangeux tandis qu'ils attaquaient la Hanse. Non sans trembler et craindre pour sa vie, ayant vu les dégâts que ces choses pouvaient faire… La tentation de les voir, de ses propres yeux, comprendre, l'emporta sur sa raison. Naïvement, elle se disait que les monstres ne pouvaient qu'être guère nombreux au sein même de la cité, et que jamais ils ne pourraient rivaliser avec tant de personnes armées pour les affronter. Ô combien elle avait eu-tort…

Armée de sa fronde et son couteau, elle les vit, et tout lui sembla soudainement ridicule et insensé. Elle voulu rebrousser chemin mais, tremblante de bout en bout, son corps refusa de bouger. Une dizaine de malheureux se fit anéantir sous ses yeux écarquillés et plein de larmes ; et elle ne doit sa survie qu'à une femme, brisée par le désespoir, qui la projeta dans une maison où elle s'évanouit aussitôt. Angélique se réveilla plus tard, au Temple ; elle y fut longuement sermonnée, dû faire pénitence et s'acquitter de nombreuses tâches en guise de punition. La milice était arrivée trop tard, la pauvre femme n'avait pu se mettre à l'abris avant qu'ils n'achèvent ce Fangeux. Cette mort, dont elle est responsable, pèse atrocement sur sa conscience...


La reprise du labret fut un soulagement unanime… Que la rouquine partagea peu. Si la famine s'améliorait et que le moral remontait, il n'en demeurait pas moins que la moindre plaie plongeait chacun dans une forme de paranoïa. Cela rendit la vie au Temple étouffante, mais elle n'osa plus tant s'en éloigner avant longtemps ; et les apprentissages qu'elle trouvait n'étaient jamais au-delà des limites du quartier de Bourg-Levant. Rien ne lui sembla plus sûre que les épais murs du Temple, la Bibliothèque, quoi qu'elle n'osât jamais s'approcher des Catacombes.

Nonobstant, lorsqu'une attaque similaire se reproduisit plus d'une année après la première, elle se félicita honteusement de ne s'être rendue sur les lieux du couronnement de ce duc à présent roi, qu'elle méprisait davantage au fil des jours. Les souvenirs ravivés, elle ne put que participer activement aux soins dans le Temple, tremblante, alors que la fumée des buchers mortuaires déjà dressé lui piquaient les yeux larmoyants et le nez. Angélique ne se laissa pas abattre, même lorsqu'une partie du goulot fut condamnée et leur tranquillité évaporée aussi rapidement que les Fangeux s'étaient emparés des lieux.

Depuis, elle ne vit que par une sorte d'automatisme, répétant invariablement les mêmes habitudes, les mêmes gestes. Chaque nuit, elle se rappelle combien les Fangeux sont dangereusement proches, effroyables, et combien ils prirent à l'humanité durant ces années. Elle prie pour leur liberté perdue… Et cru presque être exhaussée lorsqu'on annonça le naufrage d'un navire venu de loin ; mais la cohabitation avec ces rescapés fidèles d'Etiol fut –et reste– difficile. Mal à l'aise par leur présence elle fuie, autant que possible, les réfugiés aux pratiques douteuses, aux coutumes étranges, qui attisent sa méfiance presque autant que la milice Marbrumienne.

Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Je le certifie.

Comment avez-vous trouvé le forum ? Partenariat de partenariats d'après recherches Google.

Vos premières impressions ? Plutôt bonnes dirais-je.

Des questions ou des suggestions ? J'espère être à la hauteur...

Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Est-ce que ça me sera utile ? On sait jamais...