Marbrume


Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Partagez

 

 Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyJeu 21 Jan 2016 - 22:20



Quant aux hommes

à la recherche de refuge...



Quand les hommes sont occupés à chercher à manger, il n'y en a plus pour ouvrir les vieux grimoires.

Avec l'arrivée des fangeux, la Grande Bibliothèque s'était peu à peu converti en un dortoir géant. Les gens qui avaient fui leur terre et qui ne trouvaient pas d'endroit où dormir finissaient irrémédiablement ici. Le moindre espace où dormir se vendait à prix d'or dans Marbrume. Entre cela et dormir dehors, le cœur des réfugiés ne balançaient pas beaucoup : les vieilles reliures avaient au moins un avantages, elles isolaient convenablement du frimas nocturne. La gelure de la nuit devenaient au moins effrayantes que les épidémies qui fleurissaient de ci et de là dans la ville.

Jonchés les uns sur les autres, les sans abris occupaient principalement le rez de chaussé. Ils s'agglutinaient entre les étagèrent pour préserver un rien d'intimité. Les moins chanceux écopaient du cœur de l'édifice où le plafond particulièrement haut ne conservait pas la chaleur et où le carrelage glaçaient ceux qui s'allongeaient dessus. Pas de feux dans un temple du parchemin. Cela allez de soit.

Quand les hommes sont occupés à survivre, ils oublient d'apprendre l'importance des mots.

Et de ce fait, avec ce flux de personnes venant de toutes parts, c'était les rayons entiers concernant la théologie, la politique et la stratégie militaire qui avaient été réquisitionné pour fournir des reposes tête aux gens. Des sortes d'oreillers des pauvres.

Après la nuit, les dormeurs mal dégourdis ne les déplaçaient même pas. Comme les morts, ils gisaient sur le marbre.

Quand la femme entra dans la Grande Bibliothèque de Marbrume, la plupart des gens dormaient encore. Le jour perçait à peine. Les rayons du soleil tapaient contre les vitraux et une tâche rouge venaient tantôt noyer la face d'un dormeur. Les visages de la Trinité s'étalaient sur cette marée de gens calfeutrés dans cet immense espace qui avait perdu tout son sens.

La femme entra et elle se pencha pour ramasser un vieux grimoire. «  Cosmogonie des Agathrionnes ». Barré de poussière, illisible à cause du cuir égratigné de sa couverture, cet ouvrage là n'avait même plus de nom.

Avec délicatesse elle chassa la main de homme dont la tête avait roulé à côté durant la nuit. Sans rancune ni amertume, elle fit de son mieux pour ne par le réveiller de son sommeil qu'elle savait d'expérience léger pour des personnes qui craignaient de perdre dans la nuit toutes les économies qu'ils gardaient dans les poches. Et la silhouette atrocement fine monta dans les étages, empruntant un escalier sur lequel des enfants parvenaient à dormir allongés sur une marche. Elle les évitaient avec précautions, remontant sur sont torse découvert la couverture d'un petit garçon dont les joues creusées alarmaient quelque peu.

Une fois dans les étages, personne n'allaient généralement se perdre. Les livres en pagailles étaient ceux des plus riches hommes de la villes ; ceux qui ne pouvaient pas tout garder dans leur propre bibliothèque. Et on disait toute sorte de chose à propos de ceux qui dormaient là. Qui sait ? Au milieu de ces livres que certains accusaient d'être païens, comment ne pouvait-il ne pas rôder une sorte de sombre maléfice.

Quand les hommes sont ignorants, ils préfèrent croire à un ramassis de balivernes pour justifier leur peur de l'inconnu, des endroits plongés dans la pénombre et des écrits qui sont des pensées nouvelles, novatrices, donc nécessairement des foutaises. Ainsi c'était à se prix que la femme pouvait travailler dans la quiétude.

Bercée par les mouvements de foules, la Grande Bibliothèque avait perdu sa quiétude d'autre d'autrefois. La jeune femme dont les traits secs trahissaient une certaine inquiétude sursautaient lorsque que quiconque laissait ses pieds le mener dans une petite alcôve où elle avait l'habitude de poser pour travailler. Un bureau trop lourd pour être déplacé et une chaise bancale enfermé entre quatre étagère qui rasaient le plafond, voilà son humble office. Par terre, elle empilaient tous les livres qui traitaient de ses sujets d'études. Elle les laissait là dans l'espoir de les sauver si jamais ils s’avéreraient utiles. Mais il y avait tant à préserver et si peu de place. Les manuscrits s'empilaient les uns sur les autres à forces. Et elle avait trop peur de les ranger à nouveaux dans les rangs.

Un jour, un homme malade s'était perdu alors qu'il avait tenter de monter l'escalier. Il l'avait trouvé, elle, penchée sur des grimoires qui contaient des histoires mille fois plus vieille que la ville de Marbrume elle même. En reniflant il lui avait expliqué qu'il s'était égaré. Gentille et docile, elle lui avait courtoisement indiqué le chemin pour regagner l'étage inférieur. L'homme en tout remerciement avait arraché une page d'un livre et s'était copieusement mouché dans le papier millénaire.

C'était hier. La jeune femme lui avait pardonné. Les lettres ont autant d'importance pour un analphabètes que les couleurs importent aux aveugles.

Aujourd'hui, elle devait repasser les planches d'anatomie qu'elle avait trouvé dans un coin reculé de l'étage supérieur. Toutefois, le grimoire sur la représentation du monde vue par des peuples méconnus du sud lui accapara beaucoup de temps. Par curiosité, elle voulu tout lire. Et perdu sa lecture elle ne vit pas le temps passer.

L'anatomie vient plus tard, quand la population des bas étages se fut éclaircie. Le silence étant primordial à sa réflexion, la savante finit par ouvrir les pages d'un livres dont les plages montraient des représentations d'un organe cardiaque particulièrement détaillé. D'après les commentaires, comme une horloge aux rouages parfaits, c'était cette chose responsable des pulsations que l'ont sentait particulièrement après un effort physique. Le cœur. C'était ça le cœur. Cette drôle de forme veineuse avec des valves béantes chargés l'alimenter le reste. Des hypothèses laissaient croire que cette pompe était relié à tous les autres organes. Ce qui en ferait le centre de toute la vie.

Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Fd687dea6d049c7afacc70586825823f

Cette chose responsable de la vie ? Pourquoi pas. Les hypothèses sont nombreuses. Mais après avoir trouvé dans un autre dictionnaire une explication détaillé de la composition de l'intérieur des gros os que certain appelaient moelle, la jeune femme ne savait plus qui croire.

Le cœur, la tête, les os... Comment la vie apparaissaient entre tous ses paramètres ? Pourquoi une malformation d'un enfant causaient nécessairement sa mort ?

Et les Fangeux dans tous ça ? Se pouvaient-ils qu'ils aient un cœur, un système plus perfectionné que les vivants pour les maintenir en vie ? Comment était-ce possible ? Est-ce qu'ils avaient un cœur ? La curieuse avait trop de questions auxquelles elle ne pouvait amener la moindre réponse.

Elle était une érudite dans une ville où on mourrait de faim. Tuer du fangeux, on le voulait tous mais sans les connaître on ne pouvait connaître leur point faible donc les atteindre durablement. Mais elle avait lu dans un livre que ses parents possédaient quand elle était jeune ces quelques mots qui la motivaient absolument :

[center]Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même, perdra inéluctablement toutes les batailles[/ center]

Telle était sa pensée aujourd'hui. Et elle continuait immanquablement d'éplucher les livres à la recherche de réponses.

Un énorme raffut la sortit de ses réflexions entre ce qu'on appelait le cœur qui était sûrement plus relatif à l'âme de cette sorte de pendule bien réglée chargée de se contracter pour que la vie dure. Il y eut des cris, du fer jeté par terre, des mères qui hurlent, des hommes qui aboient autant que des chiens. Instinctivement, elle ferma le livre et le serra contre elle, comme un enfant que l'on cherche à protéger. En bas, ça s'agitait dans tous les sens. Fermant les yeux pour mieux distinguer les sons, elle entendait des corps lourds tomber par terre sûrement enrobé de fer. Un autre homme brailla et elle comprit que c'était un ordre. La Milice. Que faisait la milice ici, par les Trois ?

La réponse vient à elle plus vite qu'elle ne l'eut crut. Juste en face d'elle, derrière l'étagère qui la séparait d'un autre espace de travail, un pan entier de la bibliothèque tomba dans un fracas incroyable qui fit même trembler les fondations. Elle se leva de sa place, terrorisée et se protégea le visage. Elle se trouva nez à nez avec un garçon presque aussi affolé qu'elle. Elle le toisa du regard, a travers le nuage de poussière soulevé par la bibliothèque renversée. Pour le voir, elle plissa les yeux. Il avait l'air d'un adolescent avec une balafre qui lui barrait la face. Elle toussa pour chasser la crasse qui tombait dans sa trachée.

Quand les hommes sont en fuite, il paraît qu'ils font des énormes boulettes. Comme rentrer par mégarde dans une bibliothèque.
Revenir en haut Aller en bas
MalachiteMiséreux
Malachite



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyVen 22 Jan 2016 - 16:54
Tout s'est passé très vite. Un concours de circonstances incroyable. Je revenais de chez ma copine, lui filer un peu de bouffe et transmettre la proposition de Noblecoeur, pas spécialement inquiet. J'ai coupé par une petite ruelle pour rejoindre la porte plus vite. J'pensais pas attirer spécialement l'attention. J'ai moins une tête de clodo des marais qu'avant. Je mange bien à Traquemont, j'fais du sport, je vis au grand air. Très sain quoi. P'tète les mains un peu abîmées mais c'est tout. Une tête de mec honnête quoi. Si je relève pas trop la tête y a pas de raison de remarquer les cicatrices. Pourquoi j'aurais fait gaffe ?

Mon arbalète est tombée par terre. Pas de bol, mais ça rest anodin. J'essaye de ressembler à un espèce de chasseur en ville, mais j'ai un équipement récupéré sur les morts alors il est pas neuf. L'attache arrête pas de se défaire. Puis c'est une arbalète pourrie, évidemment qu'en tombant y a une pièce qui s'est faussée. J'essaye de la remettre avec les dents. 'marche pas. Et là j'ai eu une super idée.
Et si j'armais un carreau ? En tirant p'tète que ça va remettre la pièce en place. Ca mange pas de pain d'essayer non ?
J'ai donc bandé mon arbalète. J'ai pas (encore) une musculature de gros bourrin, donc la tâche a requis toute ma concentration. Du coup j'ai pas entendu arriver le milicien qui s'en revenait d'une impasse où il était parti pisser.

- T'es le banni qui a tué Oscar.

J'me suis redressé. Le temps a ralenti. Le milicien avait encore les mains au niveau de son braquemar, et j'le reconnais. Je reconnais sa voix. Il me fixe comme si j'étais un fantôme, statufié. Il était des mecs qui m'ont tabassé avant mon bannissement. Je l'ai entendu blagué pendant qu'on me balançait des murailles, c'est pour ça que je me souviens de sa voix. La moustache m'avait pas marqué, par contre, alors qu'elle est assez mémorable. J'ai rien ressenti, j'me suis juste dit très froidement que j'avais un problème.
Mais une arbalète chargée dans les mains.

Il a rien eu le temps de faire. J'ai juste... pris la décision. L'adrénaline commençait à monter, j'ai déjà buté des animaux à l'arbalète, je calculais déjà le mouvement qu'il allait faire pour ajuster ma visée.
J'l'ai eu en pleine tête, un peu en biais.

Il s'est mis à hurler et à gargouiller dans son sang. C'était une agonie sale. Je lui ai déchiré le visage avec mon tir. Y a tout qui a comme... bougé de place. J'ai la pulsion de lui retiré le carreau, d'appuyer pour que son oeil rentre dans son orbite, un peu emmerdé comme si je venais de casser une assiette. J'l'ai pas fait. J'ai déjà vu des gens mourir, mais c'est la première fois que c'est de ma main. Finalement, c'est pas un si grand cap que ça. Pense en ce que tu veux, mais j'ai eu deux options : me sentir soulagé d'avoir échappé à la mort ou horrifié d'avoir provoqué la sienne. J'ai choisi d'être soulagé.
Heureusement, ma première et (pour l'instant) seule victime est mort assez vite, le projectile s'est enfoncé plus profondément dans sa tête en heurtant le sol. Ca l'a achevé. Je l'ai laissé copieusement m'asperger de sang pendant sa lente et douloureuse chute, comme un con. C'est pas la première fois qu'on me saigne dessus du coup j'y ai pas trop pensé. J'me suis vu froidement retirer mon carreau du visage de l'homme, en mettant mon pied dessus pour m'appuyer. Je récupère toujours les carreaux quand je peux, c'est pas si facile à trouver que ça.Tant que j'y suis je pique sa bourse. J'ai vu tellement de Fangeux et de cadavres que j'vais pas me faire pipi dessus pour un bête pillage de cadavre. J'fais toujours gaffe à fouiller les morts, personne peut m'accuser du contraire. Presque aussi instinctif que respirer.
Puis j'me mets à courir.

N'importe où, peu importe, loin. Il avait forcément des copains pas loin, des copains qui l'ont entendu hurler. J'étais trop distrait pour voir d'où ils pourraient venir, j'ai couru dans une direction au pif. Sauté une barrière. Traverser un lavoir. Courir plus loin. Passer entre les gens, en bousculer certains. Foutre une vieille par terre pour sauter au dessus. Tourner brusquement. Courir vraiment vraiment vite.
J'suis rentré dans une bibliothèque par l'entrée discrète qui donne sur le premier étage, j'ai vu des livres, j'pensais qu'ils me suivraient pas. Pas de bol, j'suis tellement arrivé comme une balle que j'ai heurté un des énormes meubles. Il est tombé, un bruit affreux, tous les livres ont volé, des gens ont hurlé. Le meuble est passé par dessus la rembarde de la mezzanine, a fait une chute de trois mètres avant d'exploser sur les tables en contrebas. Un bordel monstre.J'me suis retourné vers l'entrée. Deux miliciens m'ont entendu, les plus rapides, ils arrivent en courant vers moi. Je me précipite dans un coin facile à défendre, y a une gonzesse dedans. Très maigrichonne, mais bien habillée. Jeune. Je la juge comme non dangereuse et me concentre sur mes vrais problèmes : j'ai juste le temps de charger l'arbalète. Et je pourrais tirer qu'une fois.

Je peux pas me cacher, y a tous ces cons de citadins qui me regardent avec de grands yeux, pas discret du tout. J'ai une épée courte, mais j'suis vraiment mauvais à l'épée, je mongolise des mains, je la lâche au moindre choc, donc je compte plus sur sa fonction dissuasive quoi. J'sais pas comment je vais gérer deux mecs tout seul. En attendant je me plaque au fond de l'espace de travail, j'ai grave la trouille. Je voulais pas avoir plus d'embrouilles avec les miliciens que je n'en ai déjà. Comment j'vais me sortir de là.

Ils approchent, ils me voient. Je peux pas me cacher, je respire trop vite on doit m'entendre à dix kilomètres, j'ai les yeux dilatés d'une bête traquée, je sue ma peur à en avoir le dos qui ruisselle. La fille est coincé entre nous Ils sont comme des cons à cause de l'arbalète chargée que je tiens devant moi comme si elle allait exploser. Un seul tir. J'peux pas reculer alors je charge. J'dois faire un truc, sinon j'vais mourir, alors j'panique et j'fais n'importe quoi. Ils s'attendaient pas à ce que j'approche d'eux, plutôt à ce que je fuis. J'ai mis un coup de crosse à celui qui semblait le plus vieux, et le plus jeune s'est tétanisé de trouille. C'est ça qui m'a sauvé. Y avait un gamin dans l'équipe et il s'est chié dessus au moment crucial.
Soit dit en passant il doit être à peu près de mon âge.
On se retrouve dans une situation bien con au final : j'ai chopé le plus jeune, donc, il s'est tétanisé en se voyant déjà mourir, j'ai pu me mettre derrière lui, le tenir contre moi, puis j'ai tordu mon bras pour braquer le carreau d'arbalète contre sa tête. J'dois le porter à moitié et torde mes articulations pour faire une connerie pareille. Il est plus grand que moi. J'pourrais pas tenir longtemps comme ça. J'suis révulsé de dégoût de sentir son dos contre mon ventre et l'odeur aigre de sa sueur.

- TOI ! LA PUTE ! ENLEVE LUI SES ARMES !

Oui bon pas très poli, mais j'étais pas d'humeur à dire des "madame" là. Le milicien que j'tiens pas, celui qui est vieux et qui est en train de se frotter la mâchoire à cause de mon coup de crosse, me regarde d'un air affolé. J'ai encore du sang de son collègue sur le visage, les mains, partout. Quand la dame aura désarmé celui que je tiens contre moi, je buterai le vieux le coeur serein en sachant que je pourrais défoncé le jeune à coup de crosse juste après.


Dernière édition par Malachite le Ven 22 Jan 2016 - 17:20, édité 1 fois (Raison : Y avait des répétitions ça me faisait saigner les yeux.)
Revenir en haut Aller en bas
Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyDim 24 Jan 2016 - 18:35
Des hommes qui hurlent. Des bouches distordues de grand cris. Et la peur sur leur visages à tous trahissait leur immense angoisse.

Quand la mort n'est pas loin, il n'y a que les ancêtres qui l’accueillent sereinement, il faut croire. Les hommes qui viennent de perturber l'étude de l'érudite en sont loin : ils ont des regards de bêtes. Des bêtes traquées et des prédateurs. Tétanisée au fond de son siège, le premier réflexe de la femme de lettres fut de se mettre en boule sur son siège, serrant le grimoire dans ses mains.

Elle l'avait vu. Un grand gamin de quoi ? Vingt ? Peut être vingt deux ans. Avec une arbalète dans les mains et un visage de tueur. Plein de sang. Au moins ça mettait les choses au clair : ce gars là avait déjà tué. Et il n'hésiterait pas à recommencer. On peut douter de l'efficacité d'un criminel mais pas de celle d'un meurtrier.

De toute évidence, elle a peur pour sa vie. Il faut dire qu'elle vient de loin : d'un pays ravagé par les Fangeux et d'un périple à travers des terres dévastés et des pays. Faire tout ce chemin pour mourir bêtement entre deux étagères de bouquins dans une échauffourée entre de parfaits inconnus, honnêtement, c'était aussi bête que de faire la guerre et de mourir d'un rhume des foins. Une simple victime collatérale. Elle serait une simple victime collatérale. Et avec elle tomberait son enfant. L'enfant trop petit pour survivre à Marbrume au milieu de cet enfer à ciel ouvert. Tant d'émotions firent tressaillir son cœur. Non. Pas maintenant. Pas tout de suite. Un hurlement resta coincé dans le fond de son gosier.

Médusée, elle scruta le premier arrivé, celui avec du sang sur le visage qui la détaillait rapidement. Sans une remarque pour elle, il rechargea son arbalète. Un carreau. Un seul. Et il y avait dans ses yeux cette craintes d'un chien acculé et pris au piège. Et il recule jusqu'à être à peu près à la hauteur du bureau. Prêt à bondir sur ses poursuivant. Disparaître. L'érudite voulait disparaître. S'évaporer. S'il ne l'avait pas tuée encore, c'est qu'il avait d'autres chats à fouetter.

Les chats en questions, ressemblaient bien plus à de gros molosses. Comme ceux qu'on envoie dans une arène pour se faire déchiqueter et qui ne sourcille même pas à cette idée. Du revers de son arbalète chargée, Face Écarlate frappa un milicien sur le derrière du crâne si fort qu'il du entendre toutes les matines sonner en même temps. Puis, il se jette avec la rage du désespoir sur un deuxième. Les deux hommes doivent avoir le même âge mais le milicien paraît plus robuste et en bonne forme tandis que Face Écarlate est plus chétif tant bien même son visage barré de sang et de cicatrices le vieillissent. Il a l'air d'un vieux combattant qui a traversé toutes les galères alors que le petit garde panique et devient incapable de se mouvoir. Face Écarlate en a profité pour l'immobiliser.

Sauf que le milicien tient toujours avec la force du désespoir ses armes.

TOI ! LA PUTE ! rugit Face Écarlate, et l'érudite sut malgré elle qu'il s'adressait à elle. ENLÈVE LUI SES ARMES !

Incapable de bouger, elle presse de toutes ses forces le livre qu'elle était en train de tenir contre sa poitrine comme pour se donner du courage. Et elle trouve l'énergie pour obéir. Instinctivement. Sur un ordre lancé dans sa direction, glissé avec une injure. Elle avait vu de quoi était capable Face Écarlate. Et comme l'espoir fait vivre, elle voulait croire que si elle lui obéissait sagement, il aurait plus de scrupule à l'abattre de sang froid.

Tremblante elle prit l'arme du soldat de tenait Face Écarlate. Mais celui ci la tenait si fort dans ses poing... Il savait que s'il la lâchait, il obtenait directement son droit de passage pour l'au delà. Et si elle ne parvenait pas à lui arracher, l'érudite ne savait pas ce qu'il adviendrait d'elle. Elle tira plus fort et planta ses ongles dans les phalanges de l'homme alors que des larmes de dégoût et de terreur noyaient ses pommettes. Lui prendre ses armes pour ne pas mourir. Qu'il meurt pour ne pas mourir. Ne pas mourir pour rester en vie. Rester en vie pour l'enfant. Voilà tout ce qui comptait. Alors, même si elle savait ce qu'elle faisait, qu'elle contribuait à assassiner ce jeune milicien, elle tira plus fort encore et l'arme vient dans ses mains.

Elle fit quelques pas en arrière s'agenouillant dans un coin pendant que Face Ecarlate passait immédiatement en action. Le carreau de son arbalète vint se loger directement au travers de la gorge de l'homme qui avait roulé au sol après s'être pris un coup de crosse. Avant de passer l'arme à gauche, il paraissait si en détresse, que le cœur de la savante s'emballa dans la violence de ce tir.

Et puis Face Écarlate roua de coups le garçon qu'elle venait de désarmer. Il y a des combats à la loyal, des combats valeureux où le but est de montrer la pureté de son âme et la robustesse de son corps. Or ce combat ne ressemblait pas à cela. C'était inégal. Couru d'avance. Et la jeune femme assise par terre adossée contre une étagère baissa les yeux sur l'arme qu'elle serrait encore fort entre ses doigts. Elle la pinçait si fort que ses phalanges blanchissaient. Elle sursautait toute entière à chaque coup de crosse qui cognait, entendant la chair crisser et les os rompre avec la sensation qu'elle y était pour quelque chose. Plus que jamais elle se sentait coupable.

Coupable et terrorisée par Face Écarlate.

Parce quand le dernier milicien ne serait qu'un cadavre qui ne bredouillerait plus le moindre son qu'allait-il faire d'elle ?
Revenir en haut Aller en bas
MalachiteMiséreux
Malachite



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyLun 25 Jan 2016 - 19:37
Le feu qui brûlait mon cerveau s'éteint. Y a un milicien mort à mes pieds, ou quasiment. Il fait plus un bruit et il a des petits spasmes. J'l'ai tellement, tellement défoncé qu'il a certaines de ses dents au niveau du magma de viande qui était autrefois son nez. J'ai continué même une fois qu'il était foutu, pour vraiment le détruire. J'voulais qu'il se relève jamais, ça m'a obsédé sur le moment. Tout pour qu'il y en ai aucun qui se relève. Parce que sinon je vais mourir. Puis faut dire que je revis mes souvenirs avec grande violence, à cet instant là, quand je commence à dessouder violemment mes contemporains. C'est sentir ce connard de milicien coller son dos à mon ventre, en train de me suer toute sa testostérone dessus. J'en avais plein le nez de l'odeur de ses miasmes et de sang. Alors j'l'ai déboîté jusqu'à ce que ça annule, jusqu'à ce que je me sente con de frapper de la barbaque froide. Les bruits. Y a jamais rien qui retirera ces putains de bruits de ma mémoire. Celle des os délicats du visage en train de se briser, de la viande qui rebondit contre la viande. Et maintenant je me tiens tremblant devant cet immense gâchis. Si c'était quelqu'un d'autre et que j'arrivais à cet instant, je me mettrais à gerber en demandant qui est le malade qui a fait ça, qu'on l'abatte avant qu'il continue de nuire.

Je regarde la fille quelques secondes en serrant mon arbalète contre ma poitrine, l'image même du type qui est très dépassé par les événements. J'l'ai couverte de sang, elle a l'air d'une biche aux abois. J'me sens désolé. Elle me fait mal, son expression, j'aurais aimé que quelqu'un vienne pas me rappeler que tout ça est abominable. Je commence à trembler très fort, sur le point de pleurer, puis je me barricade à l'intérieur. L'impératif de survie dans mon cerveau me dit que c'est pas le moment, pas encore, de s'occuper de ça. Je suis toujours dans l'adrénaline. M'arracher à la contemplation des agonisants est douloureux, je suis fatigué, je voudrais me rouler en boule dans un coin et pleurer mais j'peux pas. Et pourtant j'ai pas la force de repartir tout seul dans les rues pour m'enfuir. Je me jette sur la fille. Ca me donnera quelque chose sur quoi me concentrer, m'énerver, une raison de me contenir :

- Toi ! Viens avec moi !

Je lui chope le bras, fort, entre mes doigts. Comme je trouve qu'elle me regarde avec des grands yeux de biche effrayée pendant trop longtemps je lève mon arbalète d'un air menaçant. Je viens d'exploser un mec sous ses yeux, ça marche bien niveau menace. Sa terreur apparente me rassure : j'ai le contrôle de la situation. J'peux faire du mal aussi si je veux. Je m'en doutais vaguement avant, mais c'est toujours mieux d'avoir la confirmation.
Je la traîne derrière moi, hors de la bibliothèque, vite. Maintenant que je la tracte, je me rends compte que ça me ralentie et que c'est galère. Mais j'vais pas changé d'avis maintenant, pas après l'avoir menacé avec la crosse de mon arbalète. Puis faut que je me cache de toute façon, y a p'tète d'autres miliciens en route vers ici et j'suis couvert de sang, pas très discret quoi. En route vers les égouts. Je connais mal le coin d'un point de vue souterrain, mais c'est juste pour se cacher le temps que ça se tasse. Pendant la poignée de minute qu'on passe ensemble dans les rues, j'me montre très tendu et très menaçant, sans effort. J'lui mets un coup d'épaule quand elle a l'air de ralentir et j'lui laisse pas le temps de réfléchir en la fixant avec des yeux de tarés et en lui faisant entendre ma respiration saccadée.

- On va là dedans, aide moi.

Je désigne une plaque qui cache les tunnels. Pas si lourde, en fait, mais j'me suis niqué quelque chose dans l'épaule en frappant l'autre con et j'ai pas envie de forcer. C'est tout moi ça, dès que je m'essaye à une activité nouvelle, comme le meurtre, la survie en milieu hostile ou la sodomie, j'me claque un muscle. A cette pensée, quelque chose dans ma poitrine se serre très fort et mon menton se met à trembler. Le temps que la gonzesse envisage lentement de descendre, j'ai une grosse montée de morve. Non ! Faut que je lâche du lest.

- D-d-descends ! Vite ! OU J'TE POUSSE !

Mais le mal est fait. Une fois dans les tunnels je pousse un long miaulement de désespoir avant de cacher mon visage derrière mes mains. J'ai entendu dire que l'homme lâcherait une petite larme virile devant des spectacles très spécifiques comme la naissance du premier héritier mâle ou la victoire de son pays durant une guerre. J'sais pas pour la petite larme virile, mais moi quand je pleure y a plutôt des grimaces, des petits couinements, un visage tout rouge et des litres de morve. Je suis pas un très bon meurtrier ni un très bon preneur d'otage, je crois. Et y a encore du boulot à abattre : rentrer au marais, gérer la fille, échapper aux miliciens. Mais j'suis là debout comme un con à chouiner tous mes nerfs dans mes petites mimines, l'arbalète sous le bras. La fille, surtout, faut que je gère la fille. Sinon elle va se barrer, j'vais me retrouver tout seul et j'vais mourir. J'essaye d'essuyer les diverses mucosités qui me couvrent le visage avec mes manches, histoire de rester bon pied bon oeil, mais elles ont pas de telles capacités d'absorption.

- T-t-t-tu restes là ! Je... j'prends le temps de réfléchir !
Revenir en haut Aller en bas
Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyJeu 28 Jan 2016 - 20:19
Une pluie de coups s'est abattu sur le plus jeune des miliciens. Face Écarlate l'a détruit. Il a frapper encore et encore jusqu'à ce que la figure du pauvre garçon ne soit plus que des lambeaux, que la chair de ses joues se détache de l'os, baveuse de sang, dévoilant l'ivoire de l'os de la pommette de l'homme.

Puis il s'est relevé avec des yeux de chien fou. L'érudite tapie dans un coin vit qu'il la cherchait et croisa son regard : le jeune homme au visage balafré était totalement dépassé par les événements. Imprévisible, il avait perdu toute la maîtrise de lui même. Le corps voûté contre les étagères tout son corps le fuyait. Il était monstrueux et pourtant... Et pourtant, dans les yeux foncés de Face Écarlate elle avait décelé quelque chose qu'elle connaissait et qu'elle comprenait : l'instinct de survie primaire. Survivre. S'il avait fait ça c'était pour survivre. Mais quelle atrocité avait suivie sa volonté !

Elle a vu. Elle l'a compris. Et elle voudrait qu'il la laisse là, comme les deux cadavres. Parce qu'il est évident qu'elle ne va pas s'en prendre à lui après tout...

L'érudite retient un hurlement dans le fond de son gosier lorsque Face Écarlate se saisit de son poignet.

Toi ! Viens avec moi !
Pitié ! couina-t-elle, les yeux noyés de larmes.

Toutefois, un coup d’œil à l'arbalète pointé sur son visage la dissuada de toute tentative de résistance.

Comme une poupée, elle se laisse ballottée, suivant les directions empruntées par Face Écarlate même si elle ne sait pas où ils vont et se désarticule par moment lorsqu'il prend sans prévenir un autre chemin. Dans sa tête, les idées se bouscule. Ne pas mourir. Avant tout, elle ne doit pas mourir. Parce qu'elle a déjà survécu à tant de choses pour mourir aussi bêtement. Parce qu'il y a son enfant. Et sans sa mère, l'enfant meurt. Il n'a pas été taillé par les dieux pour survivre à l'enfer de Marbrume.

Face Écarlate souffle comme un bœuf et il l'entraîne à l'extérieur où le soleil d'hivers leur brûle un peu la rétine sans qu'ils aient le temps de s'arrêter pour s'y accommoder. Il lui hurle dessus, tire sur son bras parce qu'elle ne court pas assez vite. Une ou deux fois, la savante trébuche sur le genoux mais se remet très vite parce qu'elle craint qu'il ne l'achève là, d'un coup, sur un coup de tête.

Et puis Face Écarlate s'arrête. Il baisse les yeux. Il veut qu'elle l'aide à soulever la plaque qui mène aux égouts et l'érudite a un haut le cœur. L’emmener dans les profondeurs de Marbrume, dans sa ventraille puante, dans ses intestins puant où grouille la vermine, voilà son idée. Parce qu'elle n'a pas le choix, l'otage obéit.

Elle descend la première. Sinon, il avait juré de la pousser dans le trou sans fond d'une voix chevrotante.

La noirceur de four les reçut tous les deux. Et la jeune femme fit tout ce qu'elle put pour se tenir aussi loin que possible de son ravisseur. Des larmes roulaient par millier sur son visage encore jeune. Effondrée à l'idée de ne peut-être plus jamais remonter à la surface, elle mit un certain temps à comprendre que la trogne de Face Écarlate était aussi baignée de pleurs et de morve.

Dépassé par ses actes, par le double meurtre et la violence dont il avait fait preuves, c'est comme si tous les nerfs du balafré le lâchaient tout à coup. Et sous le regard aussi méfiant que craintif de l'otage, le ravisseur n'avait plus l'air que d'un enfant perdu, dérouté et abandonné.

Il s'essuie le faciès du revers de la manche et à ce moment, puisqu'il la lâche, elle essaye de se lever, ne pensant qu'à fuir. Or il se met à gronder brusquement, en reniflant beaucoup :

T-t-t-tu restes là ! Je... j'prends le temps de réfléchir !

En conséquence, la jeune femme s'assit à côté de lui, craignant de bouger le moindre petit doigt. Le cœur battant toujours la chamade, elle l'observait anéanti. Impuissante, elle ignorait ce qu'elle pouvait dire ou faire pour améliorer la situation. Et si elle parlait et qu'il lui fichait son poing dans les dents ? Et si c'était pas le moment pour qu'elle brise le silence ? Qu'est-ce qu'elle pouvait faire qui ne l'eut pas mis en danger ?

Étonnamment, la savante avait envie de réconforter le garçon. Du tueur froid et sans merci qu'elle avait vu agir dans les étages de la Grande Bibliothèque, il ne restait qu'un jeune adolescent un peu paumé et tremblant. Il avait peur, elle avait peur et tout ici transpirait de crainte, de méfiance et de dégoût l'un pour l'autre.

Elle savait qu'elle l'avait heurté là bas, lorsqu'il s'était relevé avait avoir assassiner le milicien de son âge. Elle savait qu'elle lui avait fait du mal parce qu'elle l'avait regardé comme une créature démoniaque. Avec du sang plein le visage, c'était Méphistophélès en personne. Depuis que ses joues trempaient et que le rouge partait peu à peu, il devenait affreusement plus humain.

Et c'était ce jeune homme qu'elle avait vu battre à mort un milicien. Il n'avait plus rien de sauvage et de fou. Face Écarlate était devenu Face Baveuse. Et Face Baveuse tenait plus de l'enfant traumatisé que du tueur cruel et sauvage.

Je... souffla la captive avant de se taire, le temps que le son de sa voix résonne.

Elle avait peur qu'il se mette à la frapper pour avoir troublé la ''réflexion'' qu'il avait quémander d'elle. Scrutant l'homme avec méfiance, elle finit par aller jusqu'au bout de sa phrase, elle qui avait réussi à aligner dans son esprit ce qu'elle pensait être la bonne combinaison de mot :

Je ne veux pas mourir, monsieur. Ne me tuez pas, je vous en conjure. J... J'ai un enfant, il n'est rien sans moi.

D'un coup, la jeune femme chercha la lumière trouble du regard du garçon dans la pénombre. Elle avait du mal à articuler ses mots car trop d'émotions se logeaient dans sa gorge pendant qu'elle songeait à la possibilité de ne pas rentrer le soir venu et de laisser la chair de sa chair abandonné comme une âme en peine dans Marbrume qui l'avalerait tout rond.

Relâchez moi. Je vous jure que je ne dirai rien...

Et en même temps, en disant tout cela, quelque chose la poussait à rester. Profondément effrayée par Face Écarlate d'abord, la Fave Baveuse qu'elle tenait sous les yeux et qui semblait tout autant affecté qu'elle par les récents événements avait besoin d'aide.

Un secours qu'elle ne saurait pas lui donner sans se sentir complice des meurtres précédents désormais.
Revenir en haut Aller en bas
MalachiteMiséreux
Malachite



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyLun 8 Fév 2016 - 13:16
Toute honte bue, je recharge mon arbalète en sanglotant. Elle a bien vu que je pleurais, la dame, aussi gênant que ce soit. J'ai pas envie de bander cette saleté, au début je la manipule comme si elle était portée à blanc. Mais j'ai pas le choix. J'entends la fille supplier en me regardant faire, me parler de son gamin, elle a peur que je la bute. J'ai l'impression de jouer avec des explosifs, d'avoir franchit le cap de l'irréparable. Je regrette tellement, tellement, d'avoir tiré sur ce premier milicien. Maintenant j'ai la trouille de devoir tuer une jeune mère en train de supplier pour sa vie. Je sais soudain que j'le ferais si je dois le faire, aussi intense que soit mon dégoût. J'ai encore sur moi les fluides chauds résultant de la nécessité. J'aurais jamais dû m'arrêter pour pleurer, maintenant que le barrage a éclaté je dois me débrouiller avec plein d'émotions complexes que j'ai pas le temps de gérer. J'ai l'impression de me vider de mon sang, pleurer comme ça me donne mal à la tête.

- T-t-t-ta gueule !

J'arrive pas à réfléchir, j'ai pas le temps, tout s'est passé trop vite. Qu'est ce que je fais maintenant ? Comment je gère la fille ? Hein ? Qu'est ce que je fais de cette putain de fille qui se tient devant moi toute tremblante ? Je peux pas la supprimer comme ça juste... juste parce qu'elle me gêne. J'ai honte de ce sentiment de soulagement parce qu'elle est désarmée et terrifiée par moi. J'devrais pas aimer ça. J'me dis que mon devoir, ça serait de m'en sortir sans avoir à la buter. Ca me pardonnerait un petit peu à mes yeux. Ca sera une franche victoire si je retourne à Traquemont en la laissant vivante sur le chemin. Si j'dois la zigouiller... ben tant que je me tire de là, ça sera pas mal, parce que j'aurais eu la peau de trois miliciens sans une égratignure. Pas parfait, mais pas mal. Faut que je m'accroche à cette idée, on rira bien de ce bordel avec le recul, tout ça.

Mes sanglots se calment, j'me sens vide comme on peut l'être après une bonne crise de larme. Je tiens l'arbalète pas tout à fait sur la jeune dame, mais presque. J'me sens apte à affronter le futur immédiat avec ce qu'il me reste de vaillance. J'essuie d'un mouvement hâtif mon visage avec ce qu'il me reste de manche sèche, puis je déclare d'une voix fatiguée :

- Bon, on va vers les marais. On va suivre ce couloir là jusqu'à ce qu'on rejoigne un coin que je connais. Vu qu'on est dans une grande artère des égouts, on va forcément tomber à un moment sur la direction de la sortie, t'inquiète pas pour ça. - Petite pause, le vice me souffle à l'oreille d'en rajouter niveau pression psychologique - J'te ferais pas de mal si j'ai pas besoin, t'as un gosse et tout ça s'fait pas, mais si tu fous le bordel ça sera pas ma faute. J'peux pas te lâcher maintenant tu comprends ? Tu pourrais aller chercher des miliciens. J'peux pas être sûr, quoique t'en dises. Je... j'veux pas mourir, alors j'ai pas le choix. Moi aussi j'ai un gamin. J'voulais pas que tout ça arrive, mais... ben c'est arrivé, c'est tout. Du coup on va essayer de se tirer de là très vite, tu comprends ?

J'arrête là de quémander son pardon, sa compréhension, je réalise soudain que ça sert à rien. J'ai même un peu honte d'avoir mêlé ma gamine à ça, alors qu'elle n'a rien à voir avec l'histoire. Juste pour attirer un peu de pitié, alors que je tiens une arme dans mes bras pointé sur une femme désarmée. Je fais un mouvement d'arbalète pour que la jeune dame se grouille le cul. Dans un mois on en rira de tout ça j'te dis.
Revenir en haut Aller en bas
Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyVen 22 Avr 2016 - 22:21
Rien de ce que le gamin n'avait fait n'était calculé. Nul fruit de la raison. Nulle réflexion. Nulles de ses actions, de ses gestes, de ses larmes ne venaient de l'esprit. C'était le sang qui parlait. Le sang bouillonnant dans ses veines, battant, qui dictait. Et il était presque aussi terrifié par ce qu'il était.

Toute cette tragédie, il en était le funeste auteur. Irrémédiablement. Alors elle se tut quand il insista pour qu'elle se taise. Et elle le dévisagea avec une amertume, une haine pour ses crimes. Une haine teintée de curiosité pour le contraste du remord parfaitement viscérale qui suintait sur sa face. La démonstration d'auto-persuasion dont il faisait preuve au nom de la survie la captiver.

Il pleurait avec cette fragilité des jeunes gens qui songent au monde qui les regardent grandir, à tout ce qu'il a de hideux. On dit qu'il y a un âge de la vie où on se trouve monstrueux et que par la suite on s'y habitue lentement. Et en même temps il y avait cette détermination absolument exceptionnelle sur ses traits. La même que celle des survivants, des soldats et des héros.

Malgré elle, l'érudite ne pouvait pas s'empêcher de dévisager sa dualité troublante. Et elle le scruta de haut en bas, surveillant du coin de l’œil l'arbalète qui hoquetait avec ses sanglots, sans davantage la menacer. Une carrure de gamin des rues maintenant trop grand pour qu'on ait suffisamment de pitié pour l'appeler marmot. Un homme pas tout à fait fini, pas complet, avec la peau tanné de ceux qui ont vécu près du soleil et qui s'y ont presque brûlé. Trois doigts à la main gauche. Cela ne l'aurait pas étonnée s'il avait été marqué au fer sur le même bras.

Cependant, pour une analyse convenable il aurait fallu que la jeune femme accède complètement à la partie de sa tête qui demeurait déraisonnablement paniquée. Peur pour sa vie. Terrifiée que son avenir se retrouve dans les mains d'un ancien enfant.

Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Des souvenirs, des prédiction, des questions, des objections, des protestations et des plans de fuite...

Tout cette foule de sentiments s'évapora finalement quand ses sanglots tarirent. Il semblait avoir organisé ses idées et articule quelque chose de presque cohérent.

Chercher une sortie. Marcher dans les égouts. Elle ne remontera pas à la surface. Il ne veut pas mourir. Il ne veut la tuer. Lui aussi est père, il dit. Mélange de soulagement et d’inquiétude. Il ne veut pas la tuer. Mais il ne va pas la relâcher. Pas confiance.

Elle a peur de mourir aussi. Vraiment. Et quand il la menace à nouveau, elle se met sur ses pieds, pantelante. Forcée par la raison. Il a dit que si elle lui donnait une raison il la tuerait et elle savait qu'il disait vrai. D'aucune manière elle n'aurait aimé mettre ses affirmations à l'épreuve.

Un pied devant l'autre. Elle mettait un pied devant l'autre autant qu'il lui demanderait. À contre cœur.

Livide comme une morte, elle se leva avec au fond des yeux une sorte de résolution. La femme n'avait jamais été d'un caractère à jouer avec le feu. Aventureuse, elle l'était toutefois devenue depuis qu'elle avait la charge d'un enfant.

Et l'enfant la hantait. Son sourire. Son beau sourire. Son regard bleu comme les cieux. Et la fragilité de sa vie que nul autre qu'une mère ne saurait ingénieusement maintenir à flot.

La mère repensait au matin où elle avait avec déposé avec prudence un baiser sur son front. L'enfant dormait. Comme un ange. Tout aussi serein. Si ç'avait été la dernière qu'elle l'avait vu, elle regrettait seulement de ne point l'avoir serré dans ses bras.

Un pied devant l'autre. Et les souvenirs. Et les tourments. Le tout sans larmes. Et peut-être que pleurer l'aurait soulager au fond...

Un pied devant l'autre et on tournait en rond. Dans un silence de mort.

Au bout d'un moment elle ne put s'empêcher de souffler :

C'est quoi son prénom ?

Elle parlait du prénom de l'enfant que l'homme avait évoqué avant de partir. Probablement qu'il y aurait eu des questions plus constructives. Mais elle aussi ne parlait plus avec son esprit mais avec son cœur qui tambourinait toujours dans sa poitrine à une rythme effréné.
Revenir en haut Aller en bas
MalachiteMiséreux
Malachite



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyJeu 26 Mai 2016 - 20:27
Les égouts de Marbrume c'est pas l'Arcadie non plus. J'y ai suffisamment traîné pour anticiper les divers inconvénients du lieu, mais je ne les connais pas par coeur. Rien ne ressemble plus à un tunnel qu'une autre saloperie de tunnel. Y en a néanmoins trois types : les tout petit plein d'eau où il ne faut surtout pas aller parce que les Fangeux aiment y faire la sieste, les très grands et très larges où il faut pas passer trop de temps parce qu'on est trop visible, et les moyens qui cumulent les inconvénients des deux autres.

L'autre difficulté dans ce type de situation, c'est de ne pas céder à la panique. Et mine de rien, y a des moments où c'est plus difficiles que d'autres. Ma crise de larmes m'a assez épuisé pour me retenir, mais je crois qu'à cet instant, quand je me suis tourné vers les tunnels pour réfléchir à suite, j'ai jamais été aussi proche de faire vraiment le con et de partir au hasard en hurlant. Donc, note pour plus tard : pleurer n'est pas qu'humiliant et inutile.

On commence à avancer dans un silence de mort. Honnêtement je sais pas très bien ou je suis. Ca m'est déjà arrivé de me perdre dans les égouts. Jamais dans une situation si critique. Le problème... ben c'est que je suis couvert de sang. Remonter dans les rues histoire de me repérer est pour l'instant exclue. Mais la grosse priorité là, c'est de s'éloigner des lieux du crime. Sans se faire croquer le cul. Je procède à d'intenses cogitations pour essayer de deviner dans quelle direction aller. Je connais deux sorties d'égouts hors de Marbrume. Il y en a d'autres, probablement, mais je les ai jamais découvertes. Si on se balade trop du coté des murailles, ça finit par énerver les miliciens et ils tirent du haut des remparts. En plus avec la connerie de végétation, c'est possible de tourner une heure autour de quelque chose sans jamais le voir.

Comme je suis pas un gland, je commence dès le début du parcours à faire des marques sur les murs. J'attends pas de m'être épuisé deux heures en tournant en rond. Tu connais le hobo code ? Bah on commence à avoir un très timide début de banni code. Pour l'instant c'est que des flèches et des croix, mais j'me suis déjà surpris à laisser des signaux plus complexe à mon usage à l'intérieur des marais. Où dormir, où grimper, comment contourner les grandes étendues d'eau.

J'entends la voix de la fille, alors que je gratte la saleté du mur avec mon ongle pour faire une croix. Je me crispe un peu. Déjà parce que ma paranoïa des Fangeux aime pas du tout ça, ensuite parce que ça me rappelle douloureusement que je suis en train de maltraiter un être humain. J'aurais pas dû parler de ma gamine. Maintenant j'imagine sa mère kidnappée par un maboule, à la même position que la dame là, et le bébé qui attend, en vain. J'tiens à préciser que je suis pas amoureux d'Anne. Ca s'est trouvé qu'on a eu un enfant ensemble, qu'on s'est retrouvé lié par la catastrophe, mais je suis pas amoureux. On s'entend plus très bien, en fait. Elle m'en veut de lui avoir laissé ce poids sur les épaules, on s'amuse plus ensemble, mais... on a eu un petit bébé ensemble, et on est trois gamins qui essayent de se tenir chaud pendant l'apocalypse.

- Elle s'appelle Jade, elle a bientôt trois ans. Mais depuis que je suis banni je l'ai pas beaucoup vu. Je fronce les sourcils, cette façon de parler à ma victime me déstabilise. Je voudrais pas qu'elle aille s'imaginer des trucs. De toute façon je suis pas marié avec sa mère, j'm'en suis quasiment pas occupé. J'suis un métèque, qu'est ce que j'en ai à foutre ?

Je regarde aux alentours en parlant. OK je fais des petites croix, c'est bien gentil, mais j'vois juste des tunnels dans tous les sens, des tunnels qui font des coudes, des tunnels qui sont peut être bouchés par les éboulements, et je sais pas où aller. Y a des plaques avec les noms des rues au dessus, mais je sais pas l...
Oh.

Je bondis à travers le couloir pour frotter de la manche une antique morceau de ferraille. Des mots écrits en reliefs et repassé à la peinture blanche - sauf qu'elle fait pas mal la gueule, faute d'entretien.

- J't'ai trouvé dans une bibliothèque donc tu sais lire non ? Tu sais forcément ! C'est trop bien ! Faut qu'on aille rue du Coche-Cochon. C'est écrit quoi là m'dame ? On va tellement gagner du temps !

Les yeux encore rougis par les larmes, je m'excite de bonheur devant la bonne nouvelle. Est ce que tu te rends compte de ce que ça représente de pouvoir s'orienter aussi facilement ?

Revenir en haut Aller en bas
Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] EmptyVen 3 Juin 2016 - 22:58
Il y a absolument deux types de parents. Ceux qui veulent et ceux qui peuvent. Si l’érudite appartenait à la seconde catégorie, le banni devait appartenir à la première. Avec une négation devant comme particularité. Et pourtant, le gaillard avait quelque chose de touchant quand il évoquait sa petite.

Mais entre elle et son enfant, le choix de la mère n’était pas à faire.

Ils progressaient sans s’adresser le moindre regard. Elle gardait les yeux sur le bout de ses chaussures en repensant à toutes les choses qu’elle avait déjà dépassées avec son enfant. Et l’homme s’arrêtait de temps à autre pour faire des croix sur la pierre sale, par précaution malhabile. L’érudite ne connaissait pas la complexité de cette organisation souterraine mais elle ne voyait dans ce marquage qu’un moyen plus aisé de les suivre à la trace. Vainement, elle espérait que la garde, si elle avait eu le courage de les suivre jusque-là, les retrouverait alors elle n’avait pas pipé mot.

La noirceur des murs accompagnait l’odeur de crasse omniprésente, les rebords glissants sur lesquels ils marchaient et qui manquaient de l’attirer vers les torrents de bauge. Partout l’humidité suintait. Et, pour l’avoir lu dans divers ouvrages, la fièvre, la maladie et la mort doivent se balader, la main sur leur sordide couperet.

Le garçon toujours couvert de sang semblait se méfier de plusieurs choses : d’abord des ténèbres de certains chemins, de la taille de certain conduit mais elle avait du mal à estimer la logique de sa progression. Grâce aux pancartes installées par endroit, elle arrivait à se localiser et eu un pincement au cœur quand ils dépassèrent la Rue des Trois qui menait au temple. Là, un enfant devait dormir dans sa chambre calfeutrée.

L’homme continuait de marquer tantôt la pierre mais ses traces se perdaient dans la crasse des murs. Parfois il avançait le nez en l’air, regardant les plaques qui ne devaient point lui parler en illettré qu’il était…

Et soudain, il comprit.

Il l’avait trouvé à la Bibliothèque. C’est donc qu’elle savait lire. Effectivement. Donc elle pouvait lui indiquer ce qu’il y avait marqué sur tous ces panneaux qui étaient la clef de sa survie.

D’un coup, une horrible idée vient à l’idée de la mère décidée à retrouver par tous les moyens son enfant. Et cet atroce plan fit aussi monter en elle une peur bleue. Terrifiée, elle savait toutefois qu’une occasion comme celle-là ne se présenterait pas deux fois. Se mettre en danger, c’est tout ce qu’elle arriverait à faire. Mais peut-être qu’elle arriverait par la même occasion de se tirer de cette mauvaise passe dans laquelle elle la mauvaise fortune l’avait mise malgré elle.

Il lui demandait de lire le nom de la rue. Et ils devaient aller à la rue du Coche-Cochon. Il y avait écrit Rue des Colombes. Elle lut :

Rue des Paveroches. Il y a écrit Rue des Paveroches.

Et elle déglutit. C’était le premier d’une longue série de mensonges.

Et elle n’avait jamais construit un mensonge aussi élaborer et aussi difficile à tenir. Car tout partait de la Rue des Paveroche mais pour la suite du trajet il fallait s’en souvenir. Le jeune preneur d’otage marchait devant et l’érudite essayait toujours de trouver une cohérence dans le trajet qu’ils faisaient dans les souterrains et ceux qu’ils parcouraient virtuellement dans la ville émergée. Rien n’était plus compliqué. Il fallait se souvenir de toutes les rues, de toutes les venelles et de l’itinéraire à suivre pour arriver à ses fins. Tout se passait dans sa tête. Elle avait suffisamment étudié les cartes pour espérer ne pas se tromper.

Il fallait rester crédible. Pas question d’éveiller les doutes de son ravisseur. Une erreur de toute façon aurait été fatale. Et elle faisait de son mieux pour calmer son mélange intense de sentiments qui mêlaient une certaine euphorie et une peur dévorante. La jeune mère se sentait folle d’avoir imaginé cela et elle ne voulait pas que cela rate. Elle ne voulait mourir aujourd’hui.

Lorsqu’ils faisaient un détour quand l’homme jugeait le tunnel impraticable, elle fermait les yeux pour se souvenir de la rue la plus proche dans le sens qu’ils prenaient finalement. C’était laborieux. Mais l’homme avait l’air de lui faire confiance. C’était peut-être cela le pis. Il lui faisait confiance. Et elle se détestait de le trahir.

Mais entre elle et lui, le choix était vite fait. Entre Jade et l'enfant également.

Mais finalement, ils y arrivèrent. Tout se jouait maintenant dans les quelques minutes qui suivraient. Elle inspira et lâcha lorsque l’homme lui demanda de lire une énième plaque indiquant la rue :

On y est, monsieur. C’est la Rue de Coche-Cochon.

En vérité, ils venaient de dépasser la Place des Pendus et, en énorme, sur la plaque il y avait écrit « Caserne ».

Si un jour la jeune mère aurait dû faire une prière, c’était maintenant toute de suite. Il ne fallait pas qu’il se rende compte de la supercherie. Il ne fallait pas qu’il la tue de colère. Sinon l’érudite ne serait plus.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
MessageSujet: Re: Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]   Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Quant aux hommes à la recherche de refuge... [Malachite]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Temple de la Trinité :: Bibliothèque-
Sauter vers: