Cherchez, vous trouverez ou pas... | Mariotte

Sujet: Cherchez, vous trouverez ou pas... | Mariotte Dim 13 Mar 2022 - 18:40

16 août 1166

Ses pas l'avaient conduis tel un automate devant l'entrée de la taverne du port. Inconscient du monde qui l'entourait et qui vivotait autour de lui. Le milicien savait pourtant qu'il ne trouverait plus celle avec qui il aimait tant passer du temps mais il se raccrochait à ce mince espoir se disant que si leur sentiment était réciproque, elle finirait bien par repasser par ici pour l'attendre. S'il avait raconté cette histoire à quelqu'un, n'importe qui en fait, on lui aurait sans doute rit au nez et on lui aurait dit de passer à autre chose : que les prostitués ne s'attachaient à un homme que du moment qu'elles pouvaient entendre les pièces tintaient entre leur main. Et Barral aurait probablement rit jaune parce que Gisèle n'était pas ainsi. De toute façon, il n'avait que très peu souvent laissé une pièce au tenancier pour la voir. Ce fut la voix du nouveau propriétaire qui le sortit de sa torpeur.

- Encore toi ?

Le brun ne sut rien répondre. L'accueil était pour le moins glacial. Cet homme était décidemment bien différent du Claudin. Il ne pourrait pas le contourner et filer en douce à l'étage. En y repassant ça ne donnait pas du tout envie de prendre un verre ici. Son regard se porta sur la grande salle. Tout avait été refait. Même les filles étaient nouvelles. Non plus rien ne le retenait ici. Si ce n'était les souvenirs qu'il en avait.

- T'entre ou tu sors, tu gèles les clients là. Oh hé tu m'entend ? T'es devenu sourd ?

Barral l'entendait. Ou du moins, il percevait les vibrations menaçantes de la voix du tenancier, mais elles semblaient ricocher autour de lui. Son esprit s'était mis à vagabonder, à emprunter l'escalier du fond qui menait au palier des chambres, à pousser la porte...

Des mains le saisirent au col et le poussèrent sans ménagement dehors. La porte claqua. Le brun tituba, comme ivre, franchissant la largeur de la place en direction du quai à une vitesse beaucoup trop grande, quand son pied rencontra un filet entreposé là. Il tenta de se récupérer en agitant grandement les bras tel un oiseau qui déploit ses ailes, et se raccrocha à ce qui lui tomba sous la main...

Fin d'après-midi, l'soleil est encore haut dans le ciel, fait une chaleur à crever, alors j'aide Jean à décharger son poisson avant qu'il tourne. P'têt bien que j'irais le vendre dès ce soir, j'ai encore du temps avant que la nuit tombe. On a fini de décharger, il sort de sa barque, l'a l'air bougon, sans doute soif, envie d'une pinte "bien méritée" comme qu'il dirait, alors que la bière ça coûte les yeux d'a tête, et celle qu'ils servent dans les tavernes elle est immonde, ça oui, j'vois pas c'qu'il lui trouve. J'finis d'empiler mes paniers pour pouvoir les transporter, quand j'entends un grand bruit derrière moi. J'me retourne, et j'vois Jean et un grand dadais qu'a l'air un poil plus jeune pêle-mêle dans les filets du quai. J'peux pas m'empêcher d'éclater d'rire, les poings sur les hanches.

- Hé, le Jean, attends un peu d'l'avoir bue, ta bière, avant d'te vautrer par terre comme ça !

J'vois qu'ma blague fait rire les deux filles d'la bouchère, et moi aussi j'la trouve drôle ma blague, alors le fou rire me prend. J'les regarde se débattre un moment, le Jean finit par se rel'ver, l'a l'air un peu r'monté, enfin même, très r'monté, mais comme il est poli il le frappe pas tout d'suite, il s'contente de l'attraper par la ch'mise.

- Dis donc mon gars, d'où tu sors ? T'as un sacré toupet d'me sauter d'ssus comme ça !

- Hé mais attends, j'le r'connais ! C'est c't'espèce d'asperge qui s'prend un style à s'cacher l'oeil ! Nom d'un poisson, t'as perdu l'pied marin pour tomber comme ça ?

Et puis là, j'aperçois son œil. Il a enlevé son cache, c'te gars ! Et j'comprends mieux pourquoi il l'avait. Un œil qui fait bien peur, d'une couleur démoniaque ! Et ces cicatrices... J'fais la grimace. C'est pas humain un œil comme ça !

Barral gesticula un moment à la recherche d'une prise suffisamment solide pour l'empêcher de tomber à l'eau. Non qu'il craigne de piquer une tête, mais plutôt pour éviter de chuter et de ricocher sur le ponton à moitié pourri qui lui ferait une bien vilaine blessure qui risquait de s'infecter. Le brun se retrouva emprisonner dans les filets avec un autre homme, ce qui ne serait pas pour lui déplaire de temps à autre, et il pouvait sentir les mailles sur son visage. Il cessa de remuer sachant qu'il pouvait là aussi finir par se blesser. Filets qui viennent tout juste d'être débarrasser de leur prise, mouillés, et voilà le brun parfumé à la marée comme s'il rentrait d'une campagne de pêche. Comme quoi, la mer n'est jamais bien loin...

A nouveau, on le saisit par le col de sa chemise. Cette fois-ci, il est bien réveillé et comprend bien que l'homme n'est pas de bonne humeur après leur rencontre. Barral n'a nul envie de se battre mais ne compte pas non plus se faire secouer comme un pommier. Sa main se pose alors calmement sur le poignet du pêcheur pour qu'il le relâche. Aucun signe d'agressivité de la part du brun. Ceux qui le connaissaient savaient pertinemment qu'il n'était pas du genre à chercher des noises pour le plaisir de foutre des tartes mais pour les autres son visage balafré pouvait laisser à penser le contraire.

" Désolé..." balbutia-t-il..."j'ai perdu l'équilibre..."

La jeune femme prit alors la parole pour éviter à son compagnon de s'en prendre à lui. Barral réalisa alors que l'homme n'était pas seul, et il s'aperçut qu'elle le connaissait. Du moins qu'elle le reconnaissait. Lui aussi, il lui semblait l'avoir déjà aperçu dans le coin.

" Ca fait bien longtemps que j'n'ai pas pris la mer en effet." lui répondit-il penaud. Enfin c'était un petit mensonge, mais il lui était bien difficile de ranger ses missions d'escortes maritimes dans la même catégorie que ses sorties en mer du passé.

" J'ai choisi une route différente mais je n'ai pas oublié comment vider un poisson."

A sa ceinture, il emportait toujours avec lui son précieux couteau ainsi qu'un nécessaire de pêche.

Jean le r'pousse violemment en lui lâchant l'col et s'en va en maugréant vers la taverne, pendant qu'je continue à me marrer comme un bossu, j'arrive plus à m'arrêter, et les filles de la bouchère en rajoutent une couche à chaque fois que j'crois pouvoir reprendre un air sérieux, et le type aussi, qu'a l'air aussi dégourdi qu'un poussin qui vient de naître.

- Pas pris la mer, hein ? Drôle d'idée, quand on est né dedans, on la quitte pas comme ça. Ou plutôt, c'est elle qui vous quitte pas !

J'reprends mes paniers que j'ai laissés tomber.

- Grand bien te fasse si t'as pas oublié les leçons d'tes parents, mais est-ce que ça t'sert encore aujourd'hui ? C'est-y pour ça qu't'es rev'nu au port, pour vider d'la poiscaille ? J'te préviens, ça paie que dalle ça, va falloir qu'tu trouves une autre occupation si tu veux manger un bout. D'ailleurs, qu'est-ce tu fais maintenant ? T'as pas l'air trop mal loti vu tes habits hein ? T'as trouvé un bon filon ?

Je ricane.

- J'comprends qu't'hésite à l'dire, on s'rait nombreux à s'jeter sur une bonne occasion... Honnête ou pas. Mais j'dois dire qu'après ce qu'il s'est passé ce printemps, on a vraiment ben plus de boulot ici. J'm'en réjouis un peu, mais faut dire que c'est pas non plus très rassurant de s'dire qu'à tout moment un d'ces foutraques de sectaires peut ouvrir la porte à ces monstres hein ? Et j'suis bien sûre qu'y a des mordus qui sont restés entre les murs. Quels bande de salauds, à pas penser aux autres avant leur p'tit confort !

Elle avait raison. La mer c'était sa famille. Barral ne l'avait pas vraiment quitté. Ce n'était qu'une petite parenthèse, mais qui semblait s'éterniser un peu trop, pourtant il gardait toujours cet espoir de pouvoir repartir un jour voguer pendant de longues semaines avant de retrouver la terre ferme.

" Je peux t'aider à transporter une partie si tu veux ? "

Au point où il en était, un peu plus, un peu moins, on y verrait pas la différence. Il avait repris sa dose d'odeur iodée pour un moment si tant est qu'elle ait disparue un jour. C'est qu'elle en posait beaucoup des questions. Le brun esquissa un léger sourire. En se rappelant bien, elle avait toujours été ainsi à parler beaucoup.

" Le bon filon j'sais pas, mais ça reste toujours mieux que de ne rien faire."

Il ne pouvait pas dire que c'était facile tous les jours, ni même que le métier était sans danger. Son salaire, aussi maigre soit-il, lui suffisait amplement puisqu'il vivait seul. D'autant plus qu'il pouvait bénéficier d'un repas à la caserne. Ce qui était loin d'être le cas de tous les survivants.

" Ne te remets pas à rire, mais je suis devenu milicien. J'ai vu ces choses de près et je préfère encore me battre contre ça que d'attendre de me faire bouffer. La mer, les poissons, ne disparaitront pas, je finirais pas y retourner un jour. Les Fangeux, si on ne fait rien, vont tous nous bouffer jusqu'au dernier. "

Pour elle qui fréquentait souvent le quartier ça devait lui faire drôle qu'il lui dise ça. Tous le monde ou presque connaissait peu ou prout son histoire de fils mal-aimé, dont le père n'avait pas voulu comme apprenti, et qui se faisait souvent frapper étant plus jeune. Mais il n'était pas revenu au port pour ça. Non. C'était une raison encore plus personnel qui l'amenait à trainer ici. Et peut-être qu'en fin de compte, la Mariotte était la mieux placée pour le renseigner. Le brun se gratta la tête ne sachant trop comment lui demander ça.

" Hum...en faite je cherche quelqu'un qui vit dans le coin mais dont je n'ai plus eu de nouvelles depuis les évènements du couronnements...

J'hésite un court instant seulement avant d'lui confier une partie de mes paniers : d'mon expérience, ce gars-là en profitera pas pour me demander un pourboire... A moins qu'il ait changé depuis la dernière fois. Mais il a toujours l'air aussi gauche, alors j'lui en tends quequ'z'uns, pas qu'ça soye très lourd à porter, mais c'est plutôt encombrant, on s'crispe les bras et les doigts à essayer de tout t'nir sans rien faire tomber, les bras tout raides de crampes que j'arrive à la maison parfois ! Ah, ça oui, pourtant j'suis une fille solide hein, j'ai pas des bras d'pacotille ou des jambes en ficelle !

Quand il finit par m'annoncer qu'il est devenu milicien, j'crois qu'il me fait une blague dans un premier temps, et j'ai bien envie de m'remettre à rire, quoi qu'il me d'mande de pas l'faire. Lui ! Milicien ! Et puis, j'me rends compte qu'il a l'air foutrement sincère, alors là j'ai plus envie d'rire, mais je m'demande plutôt pourquoi j'l'ai laissé porter mes fichus paniers. Moi, traîner avec un milicien ! C'est la tempête dans ma tête, il me parle de Fangeux aussi, ça s'mélange, tout s'emmêle et se r'pelote bizarrement, un peu comme quand la mer est déchaînée et que l'écume s'mélange à l'eau, et que les vagues et cognent entre elles, parce que j'aime pas, oh, ça, non ! J'aime pas les miliciens. Mais faut bien r'connaître qu'il n'y a qu'eux qui peuvent faire quelque chose contre les Fangeux, même s'ils sont pas bien efficaces, faut l'dire. Enfin, voilà quoi, s'ils pouvaient se concentrer sur leur entraînement contre les Fangeux plutôt qu'd'embêter les honnêtes gens...

- Qu'la mer m'engloutisse si ces créatures maudites rentrent en ville à nouveau ! J'fais tout c'que j'peux à mon niveau pour pas qu'ça s'reproduise, mais pour le reste, j'm'en remets aux dieux !

J'suis perplexe. J'lui connaissais plus d'famille à c'gars-là, m'semblait qu'sa mère avait clamsé ya un bail, mais faut dire que j'm'y étais jamais vraiment intéressée à l'époque, j'avais déjà beaucoup à faire, puis le Jeannot était bien plus jeune, j'devais le trimballer partout, un enfer.

- T'as perdu des gens dans c't'évènement ?

La poissonnière lui refila quelques paniers à transporter. Barral aurait certainement pu en prendre un peu plus mais son entrée peu convaincante laissée à douter de ses réelles capacités. Il en sourit presque. Vexé ? Point du tout. Il en fallait un peu plus que ça pour qu'il bronche. Et il avait vécu pas mal de truc pour ne plus tenir compte de ces 'petits' mauvais jugements. Il lui emboita le pas et la suivit dans les ruelles en direction de son chez elle.

" Je ne sais pas ce que nous réserve l'avenir. Je ne peux hélas pas te garantir qu'elles ne réapparaitront pas un jour à l'intérieur des murs. Après c'est déjà la seconde fois, il me semble, qu'elles sont vues dans la Cité. "

Peut-être même la troisième fois...Mais il était certain que c'était au moins la seconde fois que les fangeux faisaient un carnage dans l'enceinte même de la ville. L'abri qu'offrait la muraille était à double-tranchant et offrait même un sentiment de fausse sécurité. Les créatures étaient d'autant plus redoutables quand leur zone de chasse était fermée.

" J'ai sans nul doute perdu des collègues miliciens affectés à la sécurisation des rues pour le reste je n'ai pas tant de famille que ça. En ce qui concerne mes demi-frères, je n'en ai aucune idée, et je crois qu'après tout ce temps, ça ne me ferait ni chaud ni froid, ils n'ont jamais pu me voir et ont probablement leur vie à eux maintenant."

Ce n'était pas très gentil pour ceux qui partageaient une partie du même sang mais à aucun moment ses frères avaient cherché à savoir ce qu'il devenait. D'autant que quand sa mère avait rendu son dernier soupire, il l'avait trouvé seule et miséreuse. Ce qui prouvait bien que le père Trell, autant que ses enfants, n'en avaient rien à faire d'elle. De ce qu'il en savait sa cousine était toujours à sa boutique avec ses parents. Concernant son géniteur et sa demi-sœur, il n'avait en revanche plus eu vraiment de nouvelle, mais du peu qu'il connaissait l'homme, il l'imaginait sans nul doute terrer dans sa demeure.

" La personne que je cherche vit ici sur le port. Elle s'appelle Gisèle. Peut-être que t'en a déjà entendu parler ?"

- Bah, la famille, hein ? C'est déjà bien assez compliqué de s'occuper de ses prop'es affaires, alors se préoccuper de tout l'monde c'est pas forcément la priorité. Bon, une Gisèle, hein ?

J'continue à avancer, ma pile de paniers calée contre ma hanche qui se balance au fil de mes pas. J'tire un bout d'langue pour mieux réfléchir. C't'à dire que des Gisèle, y en a masse dans cette ville. Mais sur le Port ? Une qui vivrait là depuis quequ'temps et qui s'rait pas facile à trouver ? Elle aurait ptêt changé de lieu d'travail ? De logement ? Soudain mon visage s'éclaire.

- Oh, une Gisèle, oui ! Y a bien la Gisèle qui fait la couture près d... Mais non, mais non, impossible, elle a toujours été là depuis que j'suis arrivée, et elle bougera sans doute plus... C'est quoi comme femme que tu r'cherches ? Une jeune ? Vieille ?

Ah, ça non, il sera pas dit qu'la Mariotte s'rait pas capable de r'trouver quelqu'un qui habiterait sur le Port ! Ça fait pas bien longtemps qu'on habite là, mais tout d'même, j'suis tout l'temps dehors, à causer aux uns, aux autres...

- S'pourrait-y qu'ce soit la Gisèle qui tient la Sardine Souriante ? Ça fait pas bien longtemps qu'elle l'a repris, j'suis pas bien sûre de savoir d'où elle sort celle-là, paraît qu'elle connaissait l'patron, et puis depuis c'te fichue attaque c'est elle la patronne, pas qu'elle sache pas gérer hein, mais c'est vrai qu'j'la trouve bien jeune moi, gérer un établissement toute seule, elle a bien du courage celle-là !

On arrive près de chez moi, alors je me décharge de mes paniers et je fais signe au grand échalas d'poser son chargement par dessus.

- Tu sais ptêt pas où qu'c'est cette taverne, hein ? Viens j't'y emmène !

Et dans un frou-frou de tissu, je fais demi-tour et l'entraîne par quelques ruelles parallèles aux quais, avant de bifurquer dans une plus grande allée.

- Là-bas, tu vois l'enseigne ? Mais si là, l'panneau en forme de sardine ?

C'est vrai qu'elle a juste la forme d'un poisson mal dégrossi, et j'suis pas sûre non plus qu'ce soit un sourire sur sa bouche, en même temps qui a déjà vu une sardine sourire ? Je vous l'demande ?

HRP:

Barral n'avait jamais songé que 'Gisèle' était un prénom aussi répandu sur le quartier du port. Pour preuve la Mariotte en avait connaissance d'un certain nombre. Un long soupire s'échappa bien malgré lui en constatant que retrouver 'sa' Gisèle ne serait pas aussi simple qu'il le croyait.

" Heu...elle est un peu plus agée que moi, je crois. "

Sa Gisèle était assurément plus vieille que lui, même si son charme et son sourire, - ce qu'il préférait chez elle, lui donnait bien moins que son âge réel. Barral ne lui avait jamais vraiment demandé. Ce n'était pas une question que l'on pose aux dames. Même aux prostituées. Et le brun s'en fichait de le connaitre. Ecoutant Mariotte, il ne savait que penser.

" Et bien ça ne me coute rien d'aller y faire un tour. "

C'était plus pour lui faire plaisir qu'autre chose. Se lancer dans la gestion d'une taverne ça ne ressemblait pas à Gisèle. Mais alors pas du tout. D'autant que la dernière fois qu'il s'était vu ou la fois d'avant, elle lui avait parlé d'une femme chez laquelle elle achetait ses herbes pour ses tisanes qui se faisait trop vieille pour continuer. Déposant sa charge à la suite de Mariotte, il lui emboita le pas jusqu'à l'établissement. Ce n'était pas un endroit qu'il fréquentait. Enfin il n'en avait pas souvenir. Peut-être s'y était-il rendu lors de ses nuits de débauche ? Son point d'attache restait la taverne du port. Un endroit d'où il pouvait voir l'océan.

" Alors c'est ici ? Ca ne me dit rien du tout..."

Mais il poussa quand même la porte avec un infime espoir. C'est qu'il l'aimait et le manque qu'il ressentait était nouveau et désarmant.

Sujet: Re: Cherchez, vous trouverez ou pas... | Mariotte Ven 21 Oct 2022 - 23:43

C'est qu'le loustic a pas l'air si enthousiaste à l'idée d'la retrouver, sa femme ! Alors qu'il ouvre la porte de la taverne, je m'permets d'le pousser un peu, faut bien faire une entrée énergique, quelqu'chose qui passe pas inaperçu, voyez, sinon on va attendre des plombes l'temps qu'la Gisèle elle s'intéresse à not'cas, et moi c'est pas trop mon truc d'attendre, ni même de tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant d'parler, j'crois pas qu'ça amène grand'chose d'être aussi hésitant, dans la vie faut y aller, sinon on reste comme coincé sur la plage avec une barque trouée, 'fin ça c'est mon avis, que voulez-vous qu'j'y fasse. Alors bon, j'le pousse, et v'là t-y pas qu'la porte rebondit dans quelque chose, ou ptêt même quelqu'un, puisqu'un gars qui doit être marin même si j'l'ai jamais vu avant d'ma vie se dresse soudain devant nous en s'frottant la tête.

- Ça va pas bien la tête d'ouvrir comme ça ? On était en train d'se...

Pas l'temps d'finir sa phrase, j'reconnais l'Roland qui l'attrape par le col pour lui envoyer un crochet sacrément balèze, et les v'là partis à s'battre pendant qu'un autre lascar se pointe devant nous avec un sale air sur la tronche, alors bon, on va pas tourner autour du pot pendant toute la marée, j'lui dis bien en face :

- Écoute, nous on est juste v'nus voir Gisèle d'accord ? Le gars qui m'accompagne, là, c'est sa donzelle ou j'sais pas trop quoi, il veut juste la retrouver, alors vot' bagarre là c'est pas nos oignons, on vous laisse tranqu...

- Gisèle !? GISELE ? qu'il se met à beugler en avançant vers le milicien. Qu'est-ce tu veux à Gisèle ?

Si vous voulez mon avis, c'te marin a un sacré coup dans l'pif. Et j'crois bien qu'on s'est mis dans d'beaux draps, je sais pas pourquoi ça m'tombe dessus tout l'temps comme ça, mais j'aimerais bien qu'les dieux soient un peu d'mon côté parfois !