Marbrume


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 Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités

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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyDim 27 Mar 2022 - 0:25
Marbrume, le 2 Mars 1167

En cette fin de matinée, le soleil réchauffait agréablement l’hiver persistant. Deux domestiques de la maison Priost en profitaient pour commencer à faire disparaître les stigmates de l’hiver sur les murs de la demeure. Ils regardèrent passer les mercenaires jusqu’à la porte, où une jeune femme leur ouvrit. Elle leur sourit et leur fit une révérence.

« Entrez je vous en prie. Nous allons faire prévenir Madame Priost. »

La jeune femme referma la porte derrière eux et héla une autre domestique.

« Nina, va prévenir Madame que ses invités sont là. »


Elle resta avec eux le temps qu’on la libère, gardant un sourire aimable. Les deux mercenaires pouvaient observer un hall typique d’une maison bourgeoise qui tenait à impressionner. Le bon goût était pourtant de mise ici, l’harmonie ayant été recherché plutôt que l’outrance à tout prix. Les tons allaient du clair, avec des boiseries basses en bois de marronnier, à un peu plus sombre avec la tapisserie rouge sang. De chaque côté, les murs avaient chacun été affublés d’une scène religieuse sur de grandes tapisseries faites avec soin et précision.

Celle de gauche montrait chacun des Dieux apportant leurs bienfaits aux humains, celle de droite en était le contraire et faisait démonstration de leur courroux envers ceux qui ne suivaient pas leurs préceptes.
Les fenêtres près de la porte d’entrée laissaient entrer la lumière et à cette heure, les rayons éclairaient l’escalier qui faisait face à l’entrée, d’où descendit un grand homme blond. Armé, et vêtu d’une tenue de combat, il n’y avait nul doute que l’homme n’était pas commode si on cherchait querelle en ces lieux.

Gontrand jaugea les deux mercenaires du regard en s’arrêtant en bas des marches. Sans laisser rien paraître de ce qu’il avait déterminé ou non à leur sujet, il passa devant eux et tourna juste la tête pour les inviter à le précéder.

« Venez, suivez-moi. »


Le grand blond parti dans le couloir de gauche, celui proche de la scène bienveillante, et passa devant deux portes. Il s’arrêta vers celle, double, qui terminait le corridor et ouvrit le battant de droite. Il entra et resta à la porte pour que les invités puissent s’avancer dans le bureau. Le même style que dans le vestibule y était présent, seul le bureau, en bois de chêne, était plus sombre. Là, Théodora était penchée sur un document, l’air concentré sur son contenu. Les seuls bruits venaient de la droite, où trois enfants se disputaient.

« C’est pourtant pas compliqué, qu’est-ce que tu ne comprends pas Anselme ? »

Le garçon du milieu, dont seule la longue chevelure noire en catogan était visible, haussa les épaules en soupirant.

« Hihi Anselme sait pas compter ! Anselme sait pas compter ! »

C’était la voix fluette d’une petite fille aux cheveux plus clairs que ceux de ses frères qui s’éleva. Elle en avait profité pour se mettre à genoux sur l’assise de sa chaise et y gigoter de tout son saoûl.

« La ferme petite peste ! »


Le plus grand et trapu des enfants, enfin lui était plutôt un adolescent, lança un regard assassin à sa petite sœur. Il semblait que c’était la frustration, plus que la colère, qui crispait ses traits qui commençaient déjà à ressembler à ceux d’un homme.
Sans lever les yeux, la maîtresse de maison sembla comprendre que les esprits s’échauffaient et qu’il était temps pour elle d’intervenir. D’une voix douce, mais dont l’autorité ne faisait aucun doute, elle les stoppa.

« Les enfants, il suffit. N’oubliez pas que je contrôlerais vos progrès ce soir. »


Ils soufflèrent de concert, et seul quelques gestes s’échangèrent entre eux.

« Ma Dame, vos invités sont là. »


Théodora leva enfin les yeux et son air concentré laissa place à une figure avenante. S’arrêtant d’abords sur son garde du corps, elle étudia ensuite à son tour les mercenaires. Pendant quelques petites secondes, elle était figée, seules ses pupilles et ses boucles d’oreilles dorées, parées de rubis, bougeaient légèrement. Sans se détacher d’eux, comme pour éviter qu’un détail ne lui échappe, elle s’adressa aux trois crapules qui sévissaient plus loin.

« Les enfants, allez faire vos exercices dans le salon. Oscar, tu as pour charge d’aider Anselme et Agathe, à toi te trouver le bon moyen de leur faire comprendre. Vous avez toute l’après-midi devant vous, je vérifierais à mon retour. »

Voyant que les trois enfants rechignaient, elle consenti enfin à détourner les yeux pour les poser sur sa progéniture récalcitrante. Cette fois, la sentence se fit irrévocable avec un ton plus dur.

« Aller, houste ! »

La fillette frappa les côtes du cadet et s’enfuit en courant avant que l’un ou l’autre des adultes ne puisse l’arrêter. Les deux garçons, conscient qu’à leur âge une telle attitude ne leur apporterait que des problèmes, s’en allèrent dignement en saluant les mercenaires. Anselme continuait à se frotter les cottes en sortant, preuve que la petite anguille avait déjà une certaine force malgré son jeune âge. Le grand blond ferma la porte et s’avança vers les deux causeuses rouges qui avaient été installées près de la grande cheminée en pierre. Elles étaient face à face, séparées par une table basse, et Gontrand fit signe aux épéistes de s'installer sur l'une d'entre elle.

La commerçante se leva et les deux mercenaires pouvaient voir la riche robe dont elle s’était parée. Le velours d’un vert semblable aux yeux de Théodora, était recouvert d’un voile en organza noir décoré de fleurs. L’une d’entre elle, sur la poitrine généreuse de la femme, était recouvertes de pierres rouges et rappelaient les boucles d’oreille ainsi que le maquillage des lèvres pulpeuse de la maîtresse de maison.

« Je vous prie de m’excuser, je n’ai pas vu le temps passer »

Elle prit la petite cloche destinée aux domestiques posée sur son bureau, s’approcha de la porte qui venait de se fermer et fit la fit tinter près du trou de la serrure. Un « aïe » sonore indiquait qu’au moins un des enfants avait eu son oreille collée. Théodora entrouvrit le battant.

« Que l’un de vous ailles demander à Nina ou Doris de nous apporter une infusion aux fleurs. »

Elle referma la porte et alla rejoindre les deux mercenaires. Elle se posa sur la causeuse face à celle des deux épéistes et son garde du corps alla se placer derrière elle. Son dos ne reposait pas contre le dossier, ce qui aurait paru naturel vu le confort des sièges. Non, Théodora, en bonne pratiquante des bonnes manières, resta assise droite, ses mains gantées posées sur ses genoux.

« Vous êtes donc ceux que les Lames m’ont envoyé. Que vous a t-il été dis au sujet de votre travail pour moi ? »

Cette question, posé d’un ton amical et agrémentée d’un léger sourire n’avait pourtant rien d’anodin. Elle tenait à savoir si la notion de silence avait bien été signifiée à ses vis-à-vis. Les réactions qu’ils auraient lui permettraient aussi de voir de quel bois ces deux jeunes gens étaient faits.


Dernière édition par Théodora Priost le Sam 2 Avr 2022 - 15:29, édité 1 fois
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyDim 27 Mar 2022 - 13:44
Pat la convoqua au matin, juste après son petit déjeuner afin de lui proposer un contrat qui, apparemment, se voulait simple. " De quoi te faire la main pour tes débuts " avait-il affirmé avant de lui annoncer que Corin le silencieux l'accompagnerait.

Pourquoi Corin ? La question resta sans réponse verbale, se satisfaisant d'un simple haussement d'épaule qui semblait signifier qu'il n'y avait rien de plus normal… À moins que cela ne veuille dire qu'il avait procédé par élimination pour choisir ses hommes. Aeryn ne les connaissait pas encore, du moins pas vraiment. Ils échangeaient quelques passes en entraînement, partageaient leur repas, mais cela s'arrêtait à cela. La rouquine avait beau essayer de s'intégrer, sa propension naturelle à se tenir à l'écart la poussait à prendre plus de temps. Comme à son habitude, elle observait plus qu'elle ne parlait en attendant le moment où elle déciderait par elle-même de rompre cette distance .

Mais soit, puisqu'elle avait une mission, Aeryn entendait bien la mener à bien, même si son partenaire du jour ressemblait plus à un mur qu'à un homme. Ce fameux travail les conduisit tous deux jusqu'à Bourg-Levant, le quartier des gens suffisamment riches pour s'offrir de belles maisons,sans pour autant bénéficier des titres qui leur permettraient de franchir les portes de l'Esplanade. Sans échanger le moindre mot, les deux mercenaires avancèrent jusqu'à la maison de leur client, devant la porte que l'on ne tarda pas à leur ouvrir.

L'endroit était propre et presque trop luxueux pour les yeux de la rouquine qui peinait à comprendre comment certaines personnes parvenaient encore à préserver un tel mode de vie. Ici, le temps semblait s'être arrêté à une époque presque lointaine, juste avant le fléau qui changea la face du monde et le quotidien du plus grand nombre. Les yeux de la jeune femmes se posèrent partout autour d'elle, comme si elle cherchait à comprendre comment ces personnes pouvaient continuer à vivre de la sorte. Néanmoins, son inspection visuelle fut bien rapidement contrariée par l'apparition d'un homme doté d'une allure imposante. Ce dernier, peu loquace visiblement, se contenta de les inviter à le suivre à travers un couloir desservant plusieurs pièces dont un bureau vers lequel ils furent invités à entrer.

En voyant cette scène on ne peut plus familiale, Aeryn finit par comprendre le choix de sa grande Lame. La dame qui se trouvait là, autour de ses enfants, semblait dotée de formes que les hommes aimaient qualifier "d'atouts". L'archer de la meute aurait probablement osé quelques remarques indiscrètes… Ou se serait simplement montré trop bavard. Quant à Lili, son apparence tout comme son tempérament pouvait s'avérer effrayant pour les enfants présents ici… En somme, Pat avait effectivement choisi ses hommes par élimination… Ryn avec son visage agréable passait aisément partout tandis que Corin, malgré sa mine patibulaire, sa carrure imposante et son mutisme... bah... il devait probablement faire l'affaire, par défaut.

Ils attendirent un instant que leur cliente renvoie sa progéniture pour enfin bénéficier d'un tant soit peu d'attention de sa part. Loin de la juger, Ryn veilla à se montrer particulièrement patiente pour ne pas donner l'impression à la mère de famille de la brusquer. Ainsi attendit-elle sagement que cette dernière se libère de ses obligations maternelles.

-Et bien, l'on ne nous a pas dit grand chose si ce n'est que vous auriez besoin d'une escorte,avoua la mercenaire tout en échangeant quelques œillades avec son nouveau collègue, toujours aussi désespérément silencieux.Apparemment vous teniez à une certaine discrétion, aussi notre chef nous a affirmé que vous chargeriez des détails...

Lançant au regard à l'homme qui venait de se poser dans le dos de sa cliente, Aeryn s'interrogea sur les raisons de sa présence. À l'évidence, à sa manière de se comporter et de se tenir, ce dernier devait être le protecteur personnel de cette femme.

-Pardon, je ne me suis pas présentée. Je me nomme Aeryn Monclar et voici Corin Mur...Murcol, hasarda-t-elle tout en demandant son approbation, évidemment silencieuse, à son collègue. Celui-ci acquiesça d'un bref mouvement de tête. En quoi pouvons-nous vous être utiles ?

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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyDim 27 Mar 2022 - 22:16
Ce fut avec une certaine appréciation que la commerçante vit la jeune femme prendre la parole. Les hommes avaient souvent tendance à vouloir prendre toute la place dès qu’une ouverture se présentait à eux. Charles était de ceux-là et heureusement Gontrand n’en était pas ! Le deuxième mercenaire était plutôt de la trempe de son garde du corps à première vue. Pourtant, il observait, conscient de son environnement. Un bon point.

Après la première phrase de celle qui se présenta être Aeryn, la commerçante lui lança un sourire plus prononcé, l’encourageant à continuer sur cette voie. Il était clair qu’elle n’était pas tout çà fait à l’aise, comme si c’était son premier jour. La tentative était louable, malheureusement, il n’y eut pas grand-chose en suivant. Il est vrai que ces gens n’étaient généralement pas payés pour faire la conversation. Théodora devait tout de même s’assurer qu’ils comprenaient dans quoi ils s’engageaient. Peu de gens avaient sa confiance, elle s’assurait donc toujours d’encadrer tous ses contrats. Celui-ci ne dérogerait pas à la règle.

« Je ne sais pas si vous avez déjà eut à traiter des affaires entre commerçants, alors laissez moi vous préciser le contexte dans lequel vous allez intervenir. Si les Lames ont jugé de vous envoyer, c’est que vous êtes suffisamment intelligents pour comprendre les subtilités avec lesquelles vous allez devoir faire. »

Leur laissant digérer cette introduction, la maîtresse de maison lissa le riche tissus de sa robe. La flatterie était un coup de bluff, qui était à double tranchant, car elle n’avait nulle assurance de la qualité de cette guilde. Des Lames, elle ne connaissait que la réputation que les premiers contrats leur avait apporté. Les échos étaient bons. Gontrand était allé s’assurer qu’ils étaient fiable et c’est lui qui avait été porter sa requête. Ce qui était aussi l’une des raisons du peu d’informations dont disposaient les jeunes gens. Ces derniers étaient un investissement à risque modéré. Cela pouvait déboucher sur une déception et une perte d’argent acceptable, ou sur des perspectives plus durables qui seraient profitables aux deux parties.

« Ma famille, les Martel, et la famille de mon époux, les Priost, se sont associées en même temps que notre mariage a été prononcé. Les Martel sont une famille de forgeron dont la réputation s’est renforcée avec le temps. Nous sommes en partie les fournisseur de l’armée, et nous honorons également des commandes plus particulières et qui demandent plus de doigté. Gontrand, montres leur ton épée veux-tu ? Je pense qu’un exemple est plus parlant que de longs discours. »

« Oui Ma Dame. »

Le grand blond dégaina son arme et s’avança pour la poser sur la table basse. Il était clair pour un quelconque œil averti qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une décoration. La patine que le temps avait laissé était indéniable, tout au temps que le soin avec lequel le métal était entretenu. Le fil était aussi tranchant qu’au jour de sa sortie de la forge. Quelques cicatrices laissées par le combat n'avaient pu être effacées cependant, juste atténuées.

La garde n’était pas un ajout mais faite dans la continuité de la lame. La solidité du tout n’en était que plus forte. Habituellement, on se contentait d’ajouter une garde en cuir par facilité. Ce n’était pas le cas ici. Théodora avait passé des heures à graver la queue de Rikni qui s’enroulait sur le manche brut. Les écailles et les espaces permettaient une meilleure saisie, et la transpiration ne faisait ainsi plus glisser les doigts de Gontrand. La poignée avait elle aussi subit le même traitement. Pour finir, les écailles s’étalaient sur le centre du plat de la lame en une fine ligne.

« En tant qu’épéistes, je pense que vous saurez apprécier le travail qu’a nécessité cette lame. Le métal utilisé est bien entendu de meilleure qualité que celui utilisé pour les commandes de l’armée, ce qui se répercute aussi sur leur prix. La majorité de nos matériaux sont transportés par les employés des Priost, qui négocie le tarif des matières premières auprès de plusieurs fournisseurs. Certains sont hors des murs comme vous pouvez vous en douter, mais pas tous. Je dirais même que la majorité d’entre eux n’a pas vu la couleur d’une carrière depuis la fermeture des portes de Marbrume. Ils se sont laissé confortablement aller dans leurs demeures, oubliant ce qu’était le labeur. »

Leurs silhouettes avait d’ailleurs pris de l’ampleur au moment où celle du peuple s’affinait. Ces rats dégoûtants n’avaient aucune ambition et dilapidaient leur argent dans les prostituées et les jeux. Ce mépris qu’elle ressentait resta bien caché en elle, son ton et son traits n’affichant toujours que ce portrait affable qui était le masque qu’elle avait appris à porter depuis toutes ces années. C’était une de ses armes.

On frappa à la porte, et la domestique qui avait ouvert aux invités de Madame Priost s’avança avec un plateau. Gontrand récupéra son bien, qu'il chérissait avec tant de soins, et retourna à sa place.

« Ma Dame, je viens vous porter l’infusion. »

Elle déposa une tasse devant Aeryn, une devant Corin et une devant sa patronne. Ici aussi on avait pas lésiné sur la qualité de la vaisselle. La décoration était toujours sobre, seul un P doré venait contraster avec la blancheur du petit contenant.

Le liquide chaud et agréablement parfumé fut servit à chacun avant que la bouilloire ne soit remise sur le plateau.

« Merci Doris. Peux-tu veiller à ce que les enfants ne soient pas en train de s’entre-tuer, veux-tu ? »

« Bien Ma Dame. »

La domestique s’inclina et reparti, prenant soin de bien refermer la porte derrière elle. Théodora pris le temps d’attraper sa tasse et de humer avec plaisir son infusion. Elle souffla délicatement, de telle manière que l’étiquette des meilleures maisons le tolérait, et goutta.

« Un délice. »

La commerçante reposa sa tasse. Se faisant, elle laissa entrevoir une seconde son décolleté généreux, avant de reprendre sa position initiale. Le moment avait été bref, a tel point que les deux jeunes gens pouvaient se demander si ils avaient rêvé. Pourtant, le geste était calculé et avait nécessité de l’entraînement pour paraître naturel et innocent. C’était une technique de diversion qui marchait aussi bien sur les hommes que sur les femmes. Pas pour les même raisons bien entendu, mais puisque le résultat était efficace, cela importait bien peu au final.

« Il faut parfois rappeler à ces hommes que les accords passées ne sont pas faits pour être moqués. Et cela peu impliquer des échanges musclés. J’ai malheureusement déjà dû voir le marchand que nous allons rencontrer. Bien qu’il m’ait assuré de sa bonne foi dans nos futurs échanges, je me suis rendue compte qu’il bafouait sa propre parole avec une facilité déconcertante. Il est donc temps de le mettre face à ses responsabilités. Je préfère assurer mes arrières, qui sait ce dont un lâche est capable ? »

Cette sorte de raclure avait le pouvoir étonnant de faire adhérer d’autres raclures à ses plans ridicules. Cela surprenait toujours Théodora de voir à quel point l’idiotie humaine pouvait s’agréger aussi facilement que l’air et le feu. Ne comprenaient-ils pas que ces petites magouilles finissaient généralement mal ? Pas qu’elle se soucie des conséquences pour eux. Non, ils n’avaient qu’à s’en prendre à eux-même. C’est surtout qu’ils représentaient une épine supplémentaire dans son pied.

« Les personnes avec qui je traite savent que Gontrand me suis où que j’aille et cela suffit généralement à prévenir les éventuelles confrontations. Votre présence devrait être uniquement dissuasive. Il n’est pourtant pas exclus que vous ayez à me défendre contre quelques malfrats de bas étage qui auraient pu être engagés en vue de cette éventuelle rencontre. Ne sachant pas ce qu’il nous attends, j’ai demandé à ce que vous puissiez me suivre jusqu’en fin de journée. Si cette affaire est terminée avant, vous serez bien entendu libre de partir. »

Avisée, Théodora aimait avoir des marges de sécurité. Payer les mercenaires un peu plus longtemps que ce qu’elle pensait être nécessaire en était une. Mais pas la seule.

« Le dernier point que je tiens à souligner n’est pas des moindres. La négociation est un art difficile et chaque commerçant a sa propre façon de procéder. Il serait normalement du domaine de mon époux de régler ces affaires, et officiellement c’est bien ce qu’il en est. J’ai demandé aux Lames des personnes aussi efficaces que discrètes. Rien de ce qui se dit entre nous, de ce que vous verrez ou entendrez ne devra être communiqué. Je compte sur votre silence total, sans quoi je ne pourrais que demander l’intervention d’autres mercenaires. »

La maîtresse de maison espérait bien qu’il n’en serait rien. Elle pouvait remettre cette entrevue à un autre jour. Cependant reporter un problème n’était pas dans ses habitudes. Lorsqu’elle ne gérait pas un soucis dans l’immédiat, c’est qu’elle considérait que le temps était son allié.
Dans ce cas, la marge de manœuvre qu’elle s’était laissée était assez mince. Plusieurs jours avaient passé depuis le pied de nez qu’on lui avait fait. C’était assez pour que le négociant relâche sa vigilance. Mais laisser trop de jours s’écouler pouvaient nuire à l’image des Priost. Ce que Théodora ne pouvait pas se permettre si elle pouvait l’éviter. Elle avait eut assez de mal à se hisser jusqu’à sa position et il n’était pas question qu’un rat ne vienne remettre son travail en question.

« Avez-vous des questions avant que nous partions ? J’aime autant régler les détails maintenant, tant qu’aucune oreille indiscrète ne nous épie. »

Ayant terminé son explication, elle reprit sa tasse, attendant patiemment que les mercenaires réagissent.

L'épée:
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyLun 28 Mar 2022 - 11:33

Aux yeux de la rouquine captivée, il semblait bien évident que cette femme savait dominer son monde. Une femme que son père aurait probablement détesté tant elle savait s'imposer et ce, de manière naturelle. Tout du moins, ce fut ce que Ryn ressenti en présence de cette Théodora Priost et fut même surprise de se sentir aussi… amoindrie face à cette dernière. Peu de personne avait cet effet-là sur elle, la dernière étant son propre père. Mais cette femme-là, que ce soit dans ses regards, dans ses gestes ou encore dans son timbre de voix, parvenait, tout comme le faisait Rodrick autrefois, à écraser la volonté de la mercenaire.

Détestant cela, Aeryn veilla à rapidement se reprendre. Loin d'elle l'idée de paraître plus forte qu'elle ne l'était réellement, ce serait purement stupide. Mais s'il y avait bien une personne exceptionnellement douée pour refouler ses ressentis, c'était bien la fille Monclar.

Attentive aux explications de la dame Priost, Aeryn opina plusieurs fois.

Oui, elle avait bien déjà eu à traiter des affaires entre commençant, entre autres.
Oui, il avait déjà dû jouer les "gros bras" dissuasifs.

Elle admira brièvement l'épée, sitôt imitée par son collègue. Ryn avait beau en manier depuis l'enfance, ce genre d'œuvre d'art ne l'avait jamais particulièrement intéressé. Le beau, le laid… la rouquine ne connaissait strictement rien à ces notions. Pour elle, il ne s'agissait que de simples mots dépourvus de la moindre profondeur. Si la mercenaire avait pu prendre en main cette fameuse épée, peut-être aurait-elle pu en apprécier sa prise, son poids et tout ce qui lui donnerait une quelconque importance à ses yeux. Mais pour la jeune femme, il ne s'agissait pour l'heure que d'un objet de décoration comme un autre.

Malgré tout, il aurait été bien stupide de sa part de ne pas reconnaître le travail et l'attention sa fabrication avait dû demander. Tous ces petits détails révélaient l'exigence de cette femme.
Lorsqu'il en eut terminé avec sa contemplation, Corin se redressa en grognant légèrement, ce que Ryn interpréta comme une sorte de compliment adressé à la créatrice de l'objet. Pour sa part, la rouquine se contenta d'acquiescer en silence, les flatteries ou autres compliments ne faisant guère partie de son vocabulaire.

Les explications de leur cliente furent interrompues par l'apparition de sa domestique… Décidément, beaucoup de monde travaillait dans cette maison qui ne semblait pas souffrir de la situation actuelle. La demoiselle apporta un plateau rempli de porcelaine brillante contenant un liquide particulièrement odorant. Ryn baissa les yeux sur la tasse que l'on déposa devant elle… Elle semblait si fragile cette tasse, beaucoup trop pour que la rouquine ne se risque à la tenir. Tant pis pour l'infusion, la mercenaire n'y touchera pas, pas plus que Corin d'ailleurs dont le regard sembla plutôt attiré vers une autre distraction offerte par leur hôtesse. Lui qui semblait si stoïque d'ordinaire, voilà qu'il osa même lancer un regard comparatif au buste bien moins garni de sa collègue, qui ne put s'empêcher de soupirer.

Enfin, la cliente se décida à poursuivre ses explications que les lames écoutèrent attentivement. Apparemment, la forgeronne avait eu à faire avec un homme des plus malhonnêtes. S'il était vrai que ce genre de pourriture avait toujours existé, force était de reconnaître que la misère actuelle savait influencer les individus de cette trempe, en façonnant d'autres, toujours plus virulents et détestables. Et puis, même si cette femme-là savait probablement se faire respecter, celle-ci restait néanmoins une pauvre femelle aux yeux de ces mâles persuadés que leur sexe leur donnait le droit de dominer le monde. Elle avait donc parfaitement raison de se méfier de ces pleutres, ces derniers étant toujours aussi prompts à user de coups généralement bien bas.

L'idée de pouvoir calmer ce genre d'esprit arracha un sourire carnassier à la mercenaire qui jubilait intérieurement. Évidemment, Aeryn ne se faisait guère d'illusion, sa carrure et son visage toujours trop doux pour ces messieurs n'auraient aucun effet dissuasif sur ces derniers. Bien au contraire. Pour cela, la forgeronne pourra néanmoins compter sur la présence de Corin dont l'allure revêche et impassible inspirait aisément le respect par la crainte de le voir se déchaîner sur vous.

-Que ce soit pour votre protection, ou notre discrétion,vous pourrez compter sur nous, conclut la rouquine. Si nous sommes ici, c'est que vous avez dû voir nos propres exigences avec nos supérieurs et que vous connaissez les limites de nos contrats. Par conséquent, si vous estimez que c'est le moment d'y aller, nous sommes déjà prêts.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyJeu 31 Mar 2022 - 12:52
Pas de questions...C’était à la fois un soulagement et un désenchantement. Un soulagement car il y avait certains détails qu’elle préférait encore garder pour elle. Un désenchantement car elle aurait espérait avoir un peu d’amusement en comptant sur un mercenaire vif d’esprit. Mais comme elle l’avait déjà pensé plus tôt, ces gens là n’étaient pas payés pour penser à tous les tenants et aboutissants qu’une telle situation englobait. Ca, c’était son travail à elle.

Toujours avenante malgré tout, conditionné à cet art depuis trop longtemps, la commerçante réajusta ses gants sombre avant de terminer son breuvage.

« Puisqu’il semble que les détails soient réglés, nous pouvons y aller. »


Théodora posa sa tasse avec délicatesse et se releva. Elle sorti de son bureau et se dirigea vers l’entrée, laissant entendre aux deux mercenaires de la suivre. Gontrand ferma la marche et une fois dans le vestibule, il alla se saisir de la cape de sa patronne pour la lui mettre sur les épaules. Ses gestes dénotaient une certaine habitude, et la maîtresse de maison n’eut qu’à refermer la lourde et riche cape avec une broche en forme de marteau. Là encore, ces simples atours n’étaient pas accessible au premier venu, pourtant il s’agissait d’une tenue quotidienne pour celle qui avait fait prospéré sa famille.

Une fois qu’elle fut parée pour affronter le froid subsistant de l’hiver, Théodora quitta les lieux et s’enfonça dans la grande allée. Son garde du corps resta derrière elle, sa main prête à dégainer au premier danger. Les deux mercenaires n’avaient donc d’autre choix que de se positionner à droite et à gauche de leur cliente si il souhaitaient effectuer une escorte efficace.

« Dites-moi Mademoiselle Monclar, comment une jeune femme de votre qualité en est-elle arrivée à prendre les armes ? Je vous rassure, il ne s’agit pas d’un jugement, je sais que vous devez en subir suffisamment pour ne pas ajouter le miens. »

Après tout, c’était l’une des raisons pour laquelle son talent restait caché et que c’était sa famille qui récoltait les lauriers pour son travail. Le secret la protégeait, tout autant qu’il lui permettait une certaine marge de manœuvre qu’elle seule et Gontrand connaissaient. Que ce soit son don pour la ferronnerie ou pour la négociation, elle s’était crée une fortune personnelle qui lui permettait d’asseoir son pouvoir et préparer l’avenir de ses enfants.

La mécanique de son plan reposait sur des rouage qu’elle avait mis en place avec patience depuis des années. A commencer par avoir une certaine indépendance financière au dépends de tous ceux qui pouvaient l’entraver, puis ce fut le tour d’acquérir une liberté dans ses mouvements et agissements. Elle restait pourtant consciente que la prudence restait sa principale alliée. Théodora Priost n’avait pas la puissance et l’assise dont pouvait se targuer les sang-bleus qu’elle désirait tant approcher. Jouer d’égal à égal avec eux n’était pas encore possible. En attendant, elle devait se trouver toujours plus d’alliés. De tous types et de tous rangs.

« Je suis seulement curieuse. Vous n’êtes pas obligée d’en parler, le chemin va cependant durer quelque peu et j’ai malheureusement le défaut de ne pas aimer le silence. »

Ce qui était partiellement vrai. Le silence était parfois nécessaire et Théodora savait parfaitement en jouer lorsqu’il s’agissait d’un temps nécessaire pour jauger l’adversaire ou le forcer à se dévoiler. Il en était même délectable dans ces moments. Mais lorsqu’on devait faire face à des gens peu bavards, il fallait se montrer affable à leur place, les amener à faire sortir les paroles du fond de leur être sans qu’ils n’en aient réellement l’envie. La curiosité dont elle faisait preuve était donc peut-être intéressée mais non feinte.

« Faites-vous partie de ces malheureuses qui n’ont eut d’autre choix après la perte d’un mari ? »

Théodora n’avait aperçu aucun ruban ou anneaux qui aurait pu confirmer cette théorie, ce qui ne voulait pas dire que ce n’était pas le cas. La fange était apparue depuis trois ans désormais et la période de deuil était beaucoup plus courte que cela.
La rouquine avait un visage agréable, même si elle n'en usait pas assez. Un sourire lui aurait ouvert la porte du cœur de beaucoup d'hommes. Et même si elle manquait de poitrine, ses hanches compensaient et assuraient ses prétendants qu'elle pourrait enfanter. Les hommes du commun ne voyaient souvent pas plus loin.

« Ou bien est-ce un moyen de tracer votre propre chemin ? »

Peut-être que si elle avait été plus jeune dans ce monde changeant, où les femmes commençaient à montrer leur valeur à égalité avec les hommes, la forgeronne aurait pu choisir une autre voie que celle de Charles. Mais cette possibilité ne l’émouvait pas. Elle ne pouvait pas concevoir autre chose après avoir tant donné dans son projet, ce serait un aveux d’échec qui n’était pas concevable.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyVen 1 Avr 2022 - 10:44
Le simple fait de quitter cette maison semblait compliqué. Tout dans les gestes de cette femme et plus particulièrement de l'homme qui la suivait comme son ombre, évoquait un tout autre mode de vie… Un autre monde, trop guindé et protocolaire pour la rouquine qui n'aspirait qu'à la simplicité. Des gants, une cape, une broche… Pourquoi donc s'encombrer de tout ce tralala et pourquoi ne pas se couvrir elle-même ? Était-ce un "truc" de riche d'en faire le moins possible ? Cela lui parut d'autant plus étrange que cette femme travaillait avec ses mains…

Ce ne fut donc qu'une fois dehors que la mercenaire pu retrouver un semblant de normalité, escortant cette dame forgeronne jusqu'au lieu de son fameux rendez-vous. Mais si elle pensa d'abord que cette dernière lui laisserait faire son travail, en silence, Ryn comprit bien vite que ce ne serait nullement le cas. Madame Priost, comme tant d'autres avant elle, ne put apparemment s'empêcher de se montrer curieuse quant à la situation de la mercenaire. Aeryn écouta ses questions, le regard porté vers l'extérieur autant pour ne pas avoir à regarder sa cliente que pour s'assurer qu'aucune attaque surprise ne survienne.

- Et de quelle "qualité" suis-je censée être à vos yeux, Dame Priost ? rétorqua-t-elle d'un ton impassible.

La mine fermée, Ryn essayait tant bien que mal de comprendre la question qui lui fut posée tant elle fut incapable de saisir le sens de cette dernière.

-Je suis issue d'une famille de mercenaires. Prendre les armes fut donc tout aussi naturel pour moi que cela pourrait l'être pour un fils de boulanger de prendre la succession de son père...

Alors, certes, il n'était pas courant pour une femme de poursuivre une telle tradition familiale. Après tout, il n'y avait encore que quelques années, les femmes milicienne ou mercenaire n'existaient tout bonnement pas, le déshonneur s'abattant sur la famille de la demoiselle...

-Au moins, la fange a apporté quelques bons côtés, comme le fait de pouvoir s'afficher au grand jour… C'est fou comme depuis son apparition les femmes paraissent bien plus utiles qu'autrefois, ajoutant-t-elle, narquoise.

Bien-sûr, ce n'était pas là le point de vue de la majorité des hommes qui voyaient là une insulte à leur propre utilité. Sortir une femme de sa cuisine, lui donner un autre but que celui de fournir une descendance n'était pas pour plaire à ces messieurs.

-Je n'ai jamais été mariée, soupira-t-elle tout en se retenant d'afficher la moindre grimace tant cette éventualité la répugnait. Aeryn Monclar, mariée, liée à un homme qui la traiterait comme sa "chose" ? Par les Trois… Non, jamais ! J'aime beaucoup trop ma liberté pour accepter d'être unie à un homme qui attendrait de moi des choses que je ne pourrai ou ne voudrai lui offrir.

Se marier, avoir des enfants, s'occuper d'une maison en cuisinant, nettoyant, tout en vivant dans l'ombre d'un homme ingrat… "Et puis quoi encore ?!"

-Disons que mon père m'a élevé pour devenir un soldat, pas une épouse. Et il y a suffisamment de femmes dans ce duché pour que je n'ai pas à rougir de vouloir rester célibataire.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptySam 2 Avr 2022 - 19:52
Alors que la rouquine commençait à étancher la soif de curiosité de la femme qui l’employait aujourd’hui, celle-ci écoutait attentivement en scrutant discrètement les alentours. Les commerces devant lesquels ils défilaient, Théodora les connaissait depuis longtemps. Ils étaient ses voisins, pour le meilleur et pour le pire. Cheminer régulièrement dans leur giron lui permettait de se tenir au courant de ce qu’il se passait chez eux. Elle nota par exemple que l’atelier du chaussier était fermé à un horaire inhabituel. Ce n’était pas arrivé depuis le couronnement et nécessiterait d’obtenir quelques informations.

Théodora réfléchit en même temps au meilleur moyen de présenter les atouts dont elle parlait à une jeune femme qui n’en avait visiblement pas connaissance. En écoutant la suite, elle comprit pourquoi. On ne l’avait pas éduquée. Nulle mention d’une quelconque mère dans son discours. Soit elle était inexistante, soit elle était soumise à son mercenaire de mari. Ce qui revenait finalement au même.

Malgré cela, cette demoiselle avait une certaine force de caractère. Il fallait le reconnaître. Lorsque c’était le cas, et que ça n’avait pas de répercutions négatives sur ses affaires, la commerçante trouvait cela agréable de voir une autre femme maître de son destin. Sacrifier certaines choses pour en obtenir d’autres était un choix qu’elle approuvait, pour l’avoir elle-même fait.

« Vous avez raison, la fange a changé les choses pour beaucoup de femmes. Il y a quelques années en arrière, il vous aurait été quasi impossible de clamer vôtre liberté, affranchie du pouvoir des hommes. »


Le fait que la mercenaire pouvait se tenir ainsi armée auprès de Madame Priost était déjà un signe du changement. Certains regards ne trompaient pas bien sûr. Celui du parcheminier était un bon exemple. Le propriétaire de cette boutique, au contenu destiné à une élite de la ville, était aussi pédant que les sang-bleus qui constituait la grande majorité de sa clientèle. Il avait adopté leur mœurs, lesquels comptaient encore pour beaucoup la soumission de la femme.

« Pour autant, tout ne peux pas changer si rapidement. Je suppose que vous avez dû vous rendre compte que certains étaient récalcitrants au changement. Soient ils sont trop entêtés pour y voir leur bien, s’accrochant stupidement à leur anciens préceptes comme si il s’agissait de la dernière pierre au milieu de la mer. Soient ils n’ont pas été confrontés de suffisamment près à l’ombre d’Etiol. Ce n’est pas parce que leur idées sont dépassées, qu’ils n’en sont pas moins dangereux. Il faut savoir naviguer habillement parmi cette ancienne garde. »

Surtout quand c’étaient ceux qui détenaient le pouvoir. Un faux-pas et la chute était assurée. Le parcheminier continuait de les regarder, et comme le petit groupe passait devant lui, Théodora abaissa ses paupières, puis la tête, un instant. Un signe de salut, par politesse. Un signe de reconnaissance de son rang, par fausse soumission.
La commerçante compta deux secondes avant de relever la tête. Son regard se posta dans les yeux de l’homme un instant fugace, avant que ses iris verts ne se détournent vers le sol. Servitude, séduction innocente, voilà qui devrait satisfaire l’égo de ce fat.

Ce ne fut que quelques pas plus tard, lorsque ses lèvres furent hors de portée des pupilles lubriques, que Théodora reprit la parole.

« Il ne faut pas oublier les laissées pour compte de ces changements. Celles qui n’ont rien connu d’autre que la dominance masculine se sont retrouvées démunies à l’annonce de leur état de veuve ou d’orpheline. Elles qui ont toujours écoutés les hommes, qui ont été formatées à leur obéir, se sont retrouvées du jour au lendemain sans revenu, sans savoir quoi faire de leur vie. Nul besoin de vous indiquer où certaines d’entre elles ont trouvé refuge... »

Les bordels avaient connu un afflux massif de nouvelle main-d’œuvre après l’arrivée massive de réfugiés. Et ce qui était déplorable, sans être étonnant, était que la plupart pas de travail.

« Vos qualités Mademoiselle Monclar, elles sont celles d’une femme bien faite, et dont l’esprit ne semble pas en reste. Vous pourriez en tirer un parti non négligeable si vous le souhaitiez. Un mariage ne signifie pas une fin ou uniquement des contraintes. En choisissant le bon partenaire, vous pourriez même y trouver un allié de taille, sans que cela n’entache ce désir de liberté qui vous est cher. »


Même si son mariage avec Charles avait eu son lot de déconvenues, elle était aujourd’hui bien plus libre que si elle faisait étalage de son art. Jamais elle n’aurait pu obtenir le pouvoir informel qu’elle détenait sans le nom des Priost, ni même leurs contacts ou leur soutien dans les initiatives qu’elle prenait. Lorsqu’elle l’avait choisit, Charles était d’une caste légèrement supérieure à la sienne. Assez pour s’élever, sans que cela soit inaccessible. Son caractère impulsif en faisait quelqu’un de facilement manipulable avec la bonne approche. La jeune Martel avait longuement étudié les choix fasse à elle avant de se décider. La jeune Monclar devait ouvrir son champ des possible dans ce qu’elle pouvait jauger aisément.

« Possiblement qu’un homme ayant grandit dans le même milieu que le vôtre pourrait être celui qu’il vous faut. Comment cela était-ce de grandir dans une famille de mercenaires ? De quoi était fait vôtre quotidien ? Peut-être pourriez vous me raconter une journée de votre jeunesse ? »


Le mercenariat n’était pas quelque chose qu’elle avait pu côtoyer malgré qu’elle ait parfois dû faire appel à eux. C’est la première fois qu’elle pouvait se permettre d’échanger avec l’un d’entre eux. Soit ils étaient venu pavoiser, sécurisant les invités lors d’un évènement mondain, soit ils escortaient le couple, soit ils effectuaient une mission pour laquelle elle ne pouvait envoyer Gontrand. Pouvoir ainsi payer une escorte pour aller régler elle-même une difficulté était signe que ses efforts avaient payés. Avoir un aperçu de ces gens, qu’elle pourrait avoir à côtoyer plus souvent désormais, ne pouvait être qu’une bonne information.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyDim 3 Avr 2022 - 11:06

Nul doute que cette escorte bien particulière avait de quoi attirer les regards des badauds. La dame se voyait bien entourée, même si la personne à sa droite semblait éveiller la curiosité de bien des personnes. Elle pouvait bien y être habituée, Aeryn détestait toujours autant cela. Cette façon étrange dont les gens la fixaient, l'analysant de pieds en cape, critiquant ouvertement sa tenue, la couleur de ses cheveux, sa taille, jusqu'à son visage, souvent jugé bien trop "doux"... Tout du moins, jusqu'à ce que le regard de la mercenaire se pose sur l'individu qui s'empressait généralement de trouver une bien meilleure occupation. Hors de question pour elle de courber l'échine face à un homme. L'argent, le pouvoir, ces choses que la plupart ne faisaient qu'hériter de leurs aïeux, n'avaient aucune importance aux yeux de la rouquine. Le respect d'Aeryn, comme celui de ses frères, se méritait, se gagnait petit à petit à force de preuves et de garanties.

Lorsque dame Priost évoqua les changements apportés par la fange, la rouquine ne put s'empêcher de sourire. Après tout, la jeune femme se voyait très bien placée pour confirmer les propos de la bourgeoise. Elle qui avait passé tant d'années enfermée, cachée, privée de sa parole et du droit de penser par elle-même jusqu'à ce que son père disparaisse. Il était évident que Ryn avait encore bien des choses à apprendre sur un monde qu'elle ne découvrait qu'à peine. Et, ce dernier, s'avérait bien plus complexe que tout ce qu'un champ de bataille avait pu laisser entrevoir. "La nature humaine… quel bourbier."

-J'ai connu une aubergiste qui aimait répéter que les hommes avaient besoin de pouvoir tout contrôler… Leur vie, leur épouse… Et pour avoir évolué parmi eux, il m'est bien difficile d'affirmer le contraire, raillai-t-elle gentiment, tout en lançant un regard dans la direction de Corin qui se contentait de fixer droit devant lui.

Évoquer ces fameuses "laissées pour compte" arracha un soupir à la mercenaire qui ne pouvait comprendre comment ces femmes pouvaient céder à une telle "facilité" tout en renonçant à leur amour propre pour quelques pièces. Ne pouvaient-elles pas saisir la chance qui leur était offerte de regagner leur liberté, leur indépendance sans oublier leur fierté. Évidemment, ce genre de chose ne pouvait se gagner en un simple claquement de doigts. Il leur faudrait travailler dur, bien plus que les hommes afin de pouvoir enfin oser s'affirmer… Néanmoins, force était de reconnaître que, plus encore que l'habitude à la soumission, c'était la peur de l'insécurité qui les conduisait jusque dans les maisons closes. Comment pouvaient-elles accepter d'être ainsi abusées tout en gardant le sourire… Cela, Aeryn ne le comprendrait probablement jamais.

-Ces femmes ont seulement besoin d'apprendre autre chose que tout ce que la société et le temple se sont échinés à leur faire entrer dans le crâne.

Une main tendue, bienveillante et patiente pourrait probablement les y aider… Mais, dans un monde rempli de gens égoïstes et égocentriques, cela semblait bien impossible. Après tout, combien étaient-ils à se satisfaire de la condition de ces malheureuses ? Son propre frère cumulait les ardoises… Tant qu'il y aura des hommes à satisfaire, les femmes continueront d'être exploitées.

Lorsque la bourgeoise en vint à exposer les "qualités" de la rouquine, en tant que femme et non de mercenaire, Aeryn ne put s'empêcher de la dévisager. "Une femme bien faite", voilà donc une expression bien désagréable à entendre tout comme le reste des affirmations de cette femme. Aux yeux de la jeune femme, un mariage devait être un acte d'amour et non pas une alliance plus professionnelle, même si cela ne l'intéressait en aucune manière.

-Probablement… Mais cela ne m'intéresse pas le moins du monde,rétorqua-t-elle un peu sèchement, tandis qu'une grimace exprimant son dégoût vint assombrir son "beau" visage. Et quand bien même le voudrai-je, les hommes de mon "milieu" comme vous dîtes, ne sont pas intéressés par les femmes de caractère. Ils se battent chaque jour que les dieux font et préfèrent les femmes dociles et conciliantes… En réalité, peu de mercenaires prennent épouse, ils savent se contenter de l'attention des prostituées. Cela évite de laisser derrière eux veuve et orphelins.

Peu encline à raconter son passé à une parfaite inconnue et plus particulièrement dans la rue, Ryn prit grand soin de sourire avant d'ajouter.

-Et bien, je suppose que ma jeunesse ne doit pas différer de celle d'une fille de fermier. Le labeur dans les champs ou autres du bétail étant simplement remplacé par les entraînements.

Mieux valait éviter de parler des sévices de son père et de ses aînés dans le but de la rendre plus forte et résistante tout en anéantissant sa volonté. Mieux valait garder pour elle tout ce qu'elle avait dû affronter pour ne pas se perdre dans cette éducation plus que brutale. Mieux valait oublier, tout simplement…

-Et comment se passe l'éducation d'une jeune bourgeoise ? J'aime imaginer que l'on vous enseigne bien des choses intéressantes et que l'on s'intéresse à votre culture.

Sous-entendu : comment vous apprenait-on à devenir une femme forte ?
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Théodora PriostCommerçante
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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyJeu 7 Avr 2022 - 0:03
La négociatrice tourna ses pupilles inquisitrices vers la jeune femme. Une phrase pour résumer une journée, cela était bien peu. Ce qu’elle taisait ici était bien pourtant bien plus parlant que ce qu’elle avait énoncé. La solution la plus simple pour cacher ses secrets est le silence. Bien que ce ne soit pas la plus efficace. Théodora décida de jouer le jeu et répondit à la mercenaire.

« On nous apprends l’étiquette et les bonnes manières en premier, dès le plus âge en réalité. Ensuite viennent les premières études. Que ce soit la broderie ou l’écriture, ils sont inculqués avec la même importance. Puis vient le moment d’apprendre la bonne gestion d’une maison, et pour certaines d’entre nous celui d’un domaine ou d’un commerce entier. Tout comme le prix d’un étalon est calculé en fonction de son sang, de sa musculatures et de ses performances, notre valeur est déterminée par notre éducation, notre docilité et notre dot. »

Comme sur un marché aux bêtes, comme il pouvait y en avoir autrefois, les femmes étaient jugées sur des qualités qui n’avaient surtout rien à voir avec qui elles étaient réellement. Au contraire, elles ne devaient plus être personne d’autre que ce modèle de perfection en tout domaine. En toute occasion, il fallait être belle, tout en restant élégante. Gérer tout d’une main fer, tout en étant le gant de velours qui l’entoure. Malgré tout, ce n’était parfois pas suffisant pour atteindre le sommet.

« Mes congénères ont pris leurs codes de la noblesse. La seule chose qui diffère réellement est que nous n’avons pas les titres, mais des accords commerciaux. Le mariage permet de les sceller de manière bien plus solide que par n’importe quel autre biais. Le sang reste un lien très fort, peu importe notre origine. Et le désir des hommes de contrôle aussi. Votre amie aubergiste avait une vision avisée de la chose. C’est une de leur force et de leur faiblesse. Il peut les rendre extrêmement forts pour les plus vertueux, comme aveugles pour les plus faibles. »


La forgeronne connaissait les deux cas de figure. Et s’était toujours emparé de ce besoin masculin pour les manipuler à sa guise. Leur faire croire qu’ils étaient ceux qui avaient tout pouvoir, alors que c’était ses décisions qui s’appliquaient, était un stratagème dont elle usait avec beaucoup d’amusement, et d’expérience désormais.

« Vous en aurez bientôt la démonstration. Voyez cette devanture, c’est celle vers laquelle nous nous dirigeons. »

Théodora se stoppa, et quasi instantanément, son garde du corps fit la même chose. A quelques mètres du groupe, se trouvaient uns. Les doigts gantés désignèrent la boutique en face d’eux.

« Mademoiselle Monclar, Monsieur Murcol, que pouvez-vous me dire en voyant la façade ? Quels dangers nous attendent là-dedans ? »

Ladite façade était de premier abords très identique à celles qui l’entouraient. L’enseigne présentait un minerai, et par l’unique grande fenêtre visible, divers métaux et cailloux étaient étalés dans la boutique. Les environs étaient grouillants, et ce commerce en particulier attirait les badauds. Le soleil se refléta dans un éclat éblouissant sur l’une des étagères. C’était la même que plusieurs regards dévoraient avec adoration. Théodora était sûre que quelque chose de précieux, qui n’avait rien à faire au milieu du fer et cuivre, était ici exposé.

Ce renard pouilleux qui possédait l’endroit pensait-il que l’argent engrangé permettrait de cacher les fissures moussues du bois en devanture, ou de remplacer les tuiles manquantes du toit ? Ou alors ne cherchait-il encore qu’à engager des balourds supplémentaires pendant qu’il dilapiderait l’héritage de ses enfants dans la première salle de jeu venue ? Cet idiot n’était même pas capable d’engager un troufion pour nettoyer les vitres et mettre en valeur ces quelques précieuses raretés. C’est peut-être qu’il ne comptait peut-être pas les garder longtemps. Après tout, mieux valait se débarrasser d’un secret embarrassant au plus tôt...
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyVen 8 Avr 2022 - 9:37
En croisant le regard de sa cliente, Aeryn comprit bien vite que sa réponse dépourvue du moindre artifice ne semblait pas convenir à la dame. Qu'importe, la mercenaire ne comptait nullement développer son histoire et encore moins face à une inconnu et l'un de ses nouveaux collègues. Parler reviendrait à exposer ses faiblesses et la rouquine ne pouvait évidemment pas se permettre une telle chose.

-Je vois, lança alors la mercenaire à l'allure impassible. En sommes, on vous entraîne également… Mais plutôt à supporter la contrainte que représente le mariage.

S'évertuaient-ils aussi à gommer la personnalité de ces demoiselles afin de les rendre plus dociles ? En observant cette dame Priost, il aurait été aisé d'affirmer que non. Cette femme ne manquait visiblement pas de personnalité ou de caractère… En revanche, en allait-il de même pour toutes les autres jeunes femmes de sa condition ? Probablement pas. Si la plupart des hommes ne manquaient pas d'assurance, il fallait pourtant avouer que nombre d'entre eux étaient fort dépourvu de caractère… Mieux valait donc leur trouver une femme soumise à contrôler. Question d'ego plus que de valeur, visiblement.

Malgré tout, reléguer le mariage à un vulgaire accord commercial semblait bien grotesque. Ryn comprenait la nécessité de tels accords, plus particulièrement lors d'une telle période de ruine. Néanmoins, même si le sang faisait poids, l'histoire restait peuplée de ces frères qui n'hésitaient pas à attaquer la seigneurie de l'un des leurs. Mariage ou non. Accords ou pas. Rien ne semblait pouvoir empêcher les Hommes de se trahir à la moindre occasion. Alors certes, la rouquine ne savait pas grand-chose sur le mariage et tous ces petits détails qui pouvaient lier un homme à une femme. Tout cela semblait d'autant plus différer selon le statut social des époux… Décidément, tout cela restait trop compliqué pour une petite mercenaire qui ne s'était jamais réellement intéressée à tout cela.

Finalement, la petite troupe ne tarda pas à arriver à destination. Dame Priost désigna la façade d'une bâtisse, un magasin qui ne semblait en rien différent de ceux l'entourant. Alors certes, la devanture arborait quelques lézardes et autres preuves d'infiltration, mais depuis l'arrivée de la fange et le manque de matériaux, cela n'avait rien de bien exceptionnel. Aussi, ce ne fut pas le bâtiment que les deux mercenaires observèrent à la demande de leur cliente, mais plutôt les personnes se trouvant autour. Quelques badauds discutaient entre eux, d'autres se contentaient d'avancer… Tous semblaient affairés d'une manière ou d'une autre… Tous exceptés deux hommes, tous deux adossés les bras croisés à quelques boutiques plus loin. L'un de chaque côté de la rue passante…

- Guère discrets ces deux-là, souffla la rouquine à son collègue silencieux qui approuva d'un léger grognement.

Le regard de Corin semblait chercher d'autres individus. Peut-être y en avait-il d'autres un peu plus loin ou encore à l'intérieur. Quoiqu'il en soit, la mercenaire prit le temps d'observer l'allure des deux individus. Même vu d'ici, leurs vêtements semblaient usés, comme après avoir été portés par différents hommes de carrières différentes avant d'arriver dans les mains de ceux-là. Des gens du goulot, sans nul doute…

-Quels dangers, je ne saurais dire … En revanche, je peux vous affirmer que vous êtes attendue et qu'il serait judicieux de surveiller vos arrières… désignant du regard les deux hommes se trouvant de part et d'autre de la rue, la rouquine poursuivit ses explications. Ils rentreront à notre suite… A vue de nez, je dirai qu'ils sont là pour vous mettre la pression, mais rien ne peut le garantir… Je propose que vous rentriez tous les trois, je suivrai ses deux-là et resterai dans leur dos.

Ainsi, si l'un des deux avaient dans l'idée de menacer sa cliente, Aeryn pourrait aisément intervenir avant qu'une Lame ne soit sortit de son fourreau.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyLun 11 Avr 2022 - 23:00
Ainsi donc, son fournisseur avait engagé des gros bras pour se sentir plus en sécurité. Ceux de l’extérieur devaient compléter le dispositif intérieur qu’elle connaissait déjà. Principalement trois hommes, que Gontrand pouvait maîtriser à lui seul. Ces gus là devaient être près de leur patron, pensant pouvoir le protéger de la menaces qu’ils savaient planer sur eux. Même si avec les quelques jours de répit ils devaient s’être relâchés.

« J’avais d’autres plans pour vous Mademoiselle Monclar. Le propriétaire, Eden Larive, aime particulièrement dominer les femmes. J’ai ouïe dire qu’il avait même tendances violentes et dominatrices dans les bordels. Trouver des filles qui acceptent ce genre de traitement sans rechigner coûte une certaine somme. Ce qui fait sans doute parti de notre problème actuel. »

En réalité, c’était certain. Larive n’investissait que très peu pour l’entretient de sa maison, de son magasin ou de sa famille. Pourtant, vendre du minerai à l’époque où les armes était presque un besoin de première nécessité était rentable. Bien sûr, il fallait composer avec les quelques vols qui pouvaient avoir lieu de par la terre ou la mer. Les risques du métier…

Pour compenser ce manque flagrant de contrôle qu’il avait sur certains éléments, le négociant reportait son impuissance là où il le pouvait. Les femmes étaient toutes trouvées pour satisfaire ses penchants. Quoi de plus facile pour se sentir fort que d’abuser de quelqu’un de plus faible ? Le rat se sentirait tellement puissant en voyant arriver dans son magasin la docile Théodora et la jolie mercenaire. Il fallait absolument qu’elles apparaissent toutes deux au premier plan. Plus on s’élève et plus dure est la chute.

« Voilà ce que nous allons faire. Vous et Monsieur Murcol restez dans cette position. Gontrand rentrera derrière les deux portiers. Une fois à l’intérieur, je vais m’asseoir et écouter les explication de Monsieur Larive. Nous sommes des gens civilisés après tout. »

En tout cas, Théodora en faisait partie. Une Dame de son rang ne pouvait décemment pas se pointer en agressant tout le monde dans un commerce avec pignon sur rue. On pouvait même le qualifier d’à peu près respectable. Après tout, le minerai qui était vendu ici n’était pas de mauvaise qualité, le vendeur était un garçon impliqué dans son travail et qui s’était intéressé aux produits qu’il proposait à ses clients. Clients qui appréciaient son bagou. La commerçante devait être honnête, elle-même avait trouvé agréable de se laisser convaincre d’un achat, même si elle n’avait pas finalisé leur échange.

« Une fois qu’il pensera m’avoir embobinée, je vous laisserais vous placer discrètement derrière lui, le temps pour moi de lui expliquer calmement certaines choses. Le connaissant, il ne va pas vouloir en rester là. Je vous laisserais le plaisir de le secouer et le malmener quelque peu. Il sera enfin apte à vraiment écouter la raison de ma visite. Qu’en pensez-vous ? »

« C’est un très bon plan Ma Dame. »

Bien entendu, Gontrand savait tout de cette visite, et comprenait parfaitement les raisons qui poussaient sa maîtresse à acculer au dernier moment l’homme qui leur posait des problèmes.

Les deux gros bras se relevèrent, ils semblaient les avoir repérés, fixant et jaugeant les trois personnes armées autour de Madame Priost. En même temps, la forgeronne savait parfaitement qu’elle et sa troupe étaient visibles bien plus facilement que les badauds. Ce n’était pas un hasard si elle avait demandé des mercenaires en renfort aujourd’hui.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyMer 13 Avr 2022 - 13:15
"Un plan hein..." songea la mercenaire qui, plutôt que de soupirer préféra afficher un grand sourire… Un sourire qui en disait long, malgré le silence de la rouquine imaginant déjà se retrouver au milieu d'un désordre sans nom. Ce ne serait pas la première fois qu'Aeryn se retrouverait en pareille position. D'autres clients avant celle-ci avaient eu des idées, toujours jugées bonnes et pourtant très mauvaises. Néanmoins, en tant que professionnelle engagée et payée , la mercenaire veilla tout de même à se montrer attentive… "Sait-on jamais après tout" se dit-elle tout en prêtant l'oreille aux propos de sa cliente qui se mit à décrire ce Larive en utilisant des termes peu élogieux.

"Un pervers violent qui aime dominer les demoiselles et serait prêt à payer pour cela…Comment ne pas redouter son plan avec une telle mise en bouche ?"pensa la rouquine tout en échangeant quelques œillades avec son collègue.

Rester aux côtés de sa cliente avant d'aller discrètement se placer derrière le marchand… Et comment pouvait-elle décemment se montrer discrète si, à l'évidence, l'homme ne se trouvait pas seul à l'intérieur.

« C’est un très bon plan Ma Dame,» rétorqua le garde du corps visiblement peu objectif dans cette histoire.

-Navrée, ma dame, mais je ne suis pas de cet avis, rétorqua la mercenaire sans quitter des yeux les deux hommes qui, visiblement, semblaient se torcher allègrement avec la discrétion. Avec l'expérience, on peut prévoir certaines choses… Comme le fait que votre "ami" a engagé deux personnes pour surveiller l'extérieur… "Quitte ou double" c'est ce que mon père aimait rappeler dans ce genre de situation, car, généralement, à l'intérieur se trouvent soit l'équivalent en hommes, soit le double … Sans compter votre interlocuteur, évidemment...

Elle-même n'avait-elle pas engagé deux mercenaires pour venir compléter sa garde ?

-Si dans l'idée votre plan est loin d'être stupide, il sera néanmoins difficile, voire totalement impossible à accomplir puisque, à l'évidence d'après ce que vous avez tenu à souligner sur cet homme, je serai tout autant surveillée que vous...sinon plus...

D'après les propos de sa cliente, l'homme ne pourrait voir la présence d'une femme armée que comme une insulte ou une provocation. Pourquoi ne pas simplement se servir de cet effet là contre le marchand si ce dernier décidait d'agir en brigand ?

-Autant oublier la discrétion… De toute façon, il est déjà trop tard pour estimer en user … Néanmoins, l'on peut toujours compter sur l'effet de surprise… Du moins, si vous estimez pouvoir me faire confiance.

S'il lui serait bien évidemment impossible de se faire discrète face à un tel homme… Aeryn pouvait néanmoins jouer l'innocente, l'indécise, l'impressionnable. Avec la carrure qui était la sienne, son doux visage, son regard d'azur et sa tignasse rousse, rien de plus simple que d'attirer l'attention sur elle tout en faisant oublier les armes se trouvant à sa ceinture...

-Si tout se passe comme je l'imagine, Corin saura probablement se faire plus discret que moi… Qu'en pensez-vous ?
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyMar 19 Avr 2022 - 23:40
Théodora tourna la tête à l’instant où la jeune mercenaire à ses côté contredit ce qu’elle avait prévu. Restant stoïque, elle prêta une oreille attentive aux arguments avancés, tout en observant le visage juvénile. Aucune trace visible de mensonge dans ce qu’elle avançait. Les perles bleues fixaient celles de la commerçante sans ciller. Le petit corps féminin ne tremblait pas, il ne bougeait même pas, alors que Aeryn déroulait ce qui était sa propre vision du plan.

Il fallait tout de même saluer que la mercenaire avait abandonné sa première idée pour prendre en compte la dernière information qui lui avait été présentée. Théodora aurait pu se sentir vexée de voir ainsi son plan mis à mal par la personne qu’elle payait. Elle aurait pu, si elle avait été assez stupide pour laisser ce petit pincement fait à son égo prendre le pas sur sa raison. La forgeronne connaissait les armes, le commerce, les humains idiots. Pour ce qui était du combat, ce n’était pas son domaine. L’évidence était qu’il fallait admettre cette solution.

Gontrand devait être parvenu à la même conclusion, car il acquiesça imperceptiblement pour signifier son accord.

« C’est vous la professionnelle Mademoiselle Monclar. Si vous jugez que cette approche est la meilleure, vous êtes la plus à même de le confirmer. Sachez simplement que je n’accepterai pas si facilement les chose si cela dérape. »

Tout acte avait des conséquences. Si la jeune Aeryn souhaitait donc prendre la main sur la partie sécurité, elle devait bien être au fait de ce qui pouvait l’attendre.

« Cependant, si votre analyse est la bonne, je saurais me montrer reconnaissante à juste valeur. »

Après tout, cette femme ne pouvait pas être encore en vie si elle n’avait pas eu un minimum de jugeote et de bon sens. Du peu que la forgeronne connaissait du milieu du mercenariat, il ne fallait pas être un naïf au coeur tendre pour prétendre se hisser au-dessus de la masse et intégrer une guilde à la bonne renommée comme les Lames.

Se concentrant à nouveau sur sa cible, Théodora observa les deux gardes en faction un instant, puis ensuite, la porte du magasin uniquement.

« Très bien, allons-y. »

La commerçante amorça la marche. Sans être plus rapide, ni plus lent, son rythme de marche était identique à celui qu’elle avait utilisé pour venir jusqu’ici. Sans prendre la peine de s’inquiéter des gardes, comme si ils étaient invisibles, elle poussa le battant.

Se tenant dans l’entrée, ce fut la cloche de la porte qui indiqua au vendeur la venue d’un nouveau client. Son sourire s'accompagna d’une courbette lorsqu’il se rendit compte du statut de la nouvelle venue.

« Madame Priost ! Que nous vaut l’honneur de votre visite ? »

André n’était pas le genre de vendeur qui vous brossait dans le sens du poil avec cet air pédant que pouvaient arborer certains de ses collègues. Il vous faisait vous sentir unique et spécial, comme si il s’intéressait particulièrement à chacun de ses clients.

« Je viens voir votre patron, André. Il m’est toujours fort agréable que vous me montriez les meilleures pièces que vous venez de recevoir. Malheureusement, aujourd’hui il y a un sujet dont je dois m’entretenir avec Monsieur Larive. Seriez-vous assez aimable pour l’informer de mon arrivée ? »


« Bien sûr Madame ! Je reviens ! »

Profitant de l’absence du vendeur, qui venait de disparaître par la porte du fond, la négociante s’approcha de l’étagère qui avait attiré son regard depuis l’extérieur. Les spectateurs présents se poussèrent en voyant la commerçante s'imposer. Observant son accoutrement, ils comprirent inconsciemment qu’elle était plus à même qu’eux d’apprécier ce qui était ici mise en avant. Une vitrine de verre protégeait les précieux objets et il était donc impossible à quiconque de les toucher.

Les pupilles vertes sondèrent les pierres rouge et la négociante remarqua immédiatement que leur pureté ne pouvait être remise en question. Il s’agissait bel et bien de rubis, d’une excellente qualité. Bien plus que ce que cet idiot de marchant de bas étage ne pouvait le savoir. Deux d’entre eux pouvaient servir de pièce maîtresse dans une parure de joaillerie, et leur valeur faisait que seule une poignée d’habitant de la cité pouvaient se permettre de l’acquérir. Et tous les joailliers ne pouvaient travailler de telles beautés.

Ce ne fut pas tout, deux blocs de minerais de fer étaient exposés en-dessous. Experte en la matière, Théodora ne put s’empêcher de hausser les sourcils de surprise en voyant que les roches contenaient une concentration de fer exceptionnelle. Dans le jargon, on appelait ça de la magnétite, une pièce relativement rare en comparaison avec ce que les forgerons travaillaient majoritairement.
Jaugeant la pierre devant ses yeux, la forgeronne remarqua qu’en plus le fer était d’une riche qualité, et pourrait servir à fabriquer des armes d’une facture incroyable. Ses doigts frémissaient d’envie de toucher et travailler ce qui se trouvait devant elle. Comment ces beautés avaient atterries chez ce moins que rien de Larrive ? Il n’en connaissait même pas la valeur, pour les exposer ainsi à la vue des badauds. N’importe quel voleur un peu aguerri pourrait s’en emparer facilement. Traiter ainsi des choses d’une telle valeur était impensable, presque rageant.

Prenant une respiration, sans avoir eu conscience d’avoir d’avoir bloqué celle-ci, Théodora se tourna vers les trois gens d’armes qui l’accompagnait. Elle prit garde à n’être entendu que d’eux et de ne rien laisser paraître de son trouble.

« Cette affaire vient de prendre un tournant inattendu et bien plus important que ce que je pensais. Il faut absolument que je puisse interroger Larrive sans que ses sous-fifres ne m’importunent. Mademoiselle Monclar, vous et Gontrand devrez les mettre hors circuit dès qu’ils montrent un signe d’agressivité. Monsieur Murcol, je compte sur vous pour maintenir ce rat puant le temps que je lui soutire tout ce qu’il me cache. »

Son brave Gontrand acquiesça sans attendre. Lui-même devait avoir compris la valeur de ce qui se trouvait ici, et qui ne devait pas y rester plus longtemps.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyMer 20 Avr 2022 - 15:36
Malgré son expérience du terrain, Aeryn n'était pas le genre de soldat à prendre la moindre initiative. On ne l'avait pas formé à prendre des décisions, bien au contraire. La mercenaire se contentait généralement d'obéir aux ordres, sans discuter. Cela lui convenait la plupart du temps, trouvant même rassurant de pouvoir s'en remettre à un guerrier plus expérimenté et plus stratégique qu'elle. Néanmoins, cette fois, la jeune femme laissa tout cela de côté et parla presque instinctivement, comme si elle se sentait libre de pouvoir réfléchir et agir par elle-même. D'ailleurs, Ryn elle-même ne s'était nullement aperçue de son audace et observait sa cliente sans redouter de se voir rabrouée ou seulement contredite.

Et cette étonnante détermination - dont la rouquine n'avait nullement conscience - sembla suffisamment fiable au regard de dame Priost pour lui permettre d'acquiescer. Se contentant d'opiner du chef, la jeune femme ainsi que son collègue suivirent leur cliente jusqu'à l'intérieur de la boutique.

Ne connaissant strictement rien aux minerais ou à l'art de la forge, Aeryn ne prêta aucun regard à la marchandise exposée. Et puisqu'elle n'était pas employée pour faire des emplettes, la mercenaire préféra observer les personnes présentes ainsi que la disposition des lieux. Derrière le comptoir se tenait un jeune garçon qui devait probablement avoir son âge. D'après l'aspect lisse de ses mains, le gringalet ne devait pas être habitué à toucher autre chose que des pièces de monnaie. À sa façon de parler et de se tenir, la jeune femme devinait une éducation aussi protocolaire et guindée que celle qu'avait pu connaître sa cliente… Néanmoins, son expression corporelle, sa posture et son regard, laissait sous supposer que l'homme était doté d'un sacré sens de l'observation. Nul doute que cet André connaissait parfaitement ses clients au point de savoir comment leur parler, quels termes employer avec telle personne, quelle intonation devrait-il utiliser avec telle autre. Si Aeryn avait pu connaître l'animal, elle l'aurait sans nul doute comparé à un caméléon. Il s'adaptait sans doute à la posture de la dame face à lui et lui renvoyait sa propre image. Une manière subtile de manipuler l'autre tout en le rassurant.

Comment la rouquine réalisa tout cela ? Simplement à l'expression du visage du jeune homme lorsqu'il posa finalement ses yeux sur elle… Ryn lui était inconnue après tout, il lui fallut donc la jauger, l'analyser pour mieux la comprendre. Chose particulièrement difficile lorsque l'intéressée restait de marbre et se contentait d'afficher une mine impassible… Le même regard fut ensuite dirigé vers Corin, avant de rencontrer celui de Gontrand, bien plus connu… Auquel il veilla à offrir un sourire se voulant humble et poli. L'air de dire "tout doux mon gars, je serai bien gentil avec ta maîtresse."

Mais apparemment, sa cliente ne semblait pas s'apercevoir du stratagème du commerçant, ou tout du moins, n'en laissa rien paraître. Son attention fut rapidement happée par un objet exposé en vitrine. Aux yeux de la mercenaire, il ne s'agissait-là que d'un vulgaire caillou simplement plus brillant et coloré que les pierres se trouvant à côté. Néanmoins, pour dame Priost, ce petit caillou semblait avoir grand intérêt, même si la rouquine se garda bien de l'interroger sur le sujet.

Tout autour, tout semblait anormalement calme. Les deux gros bras étaient restés dehors, chose plutôt étrange et fort peu rassurante. S'ils ne les avaient pas suivis -comme Ryn l'avait supposé en premier lieu- cela ne pouvait être que pour mieux attendre leur départ. Ils guettaient. Ils attendaient que sa cliente quitte la boutique… Mais pour quelle raison ?

Le regard que la mercenaire lança à son collègue suffit à lui faire comprendre que ce dernier en était arrivé aux mêmes conclusions. En silence, Corin les observait par delà la vitrine pour mieux les surveiller tout en veillant à ne pas inquiéter sa cliente. Qu'importe l'affaire qui l'avait conduite jusqu'ici, son interlocuteur tenait visiblement à assurer ses arrières… Encore fallait-il deviner comment ce dernier comptait s'y prendre.

Mais le temps n'était plus à l'analyse du contexte et de l'environnement, sa cliente semblait avoir pris une décision des plus étonnantes. Que voulait-elle dire par "maintenir ce rat puant" ? Envisageait-elle un interrogatoire musclé ? Que pouvait donc avoir cette pierre de si intéressant pour la pousser à changer ses plans ?

Les regards que Ryn et Corin échangèrent alors furent emplis d'incertitude. Plus moyen d'anticiper quoi que ce soit à présent. Leur cliente ne pourrait rien leur apprendre de plus… La porte de l'arrière boutique s'ouvrit à cet instant. Un homme entra, suivi du fameux André… Néanmoins, à ses côtés, aucune brute, aucun homme de main, seulement ce foutu gringalet qui souriait à pleines dents.



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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités   Un grand pouvoir implique des grandes responsabilités EmptyMer 4 Mai 2022 - 22:27
« Madame Priost ! André m'a annoncé votre présence »

Il était enfin là. Eden Larrive. Le haut de son crâne dépassait à peine celui de Théodora. Pourtant, à sa façon de bomber inutilement son torse, on aurait pu croire le contraire. Ses cheveux étaient savamment coiffés et ses habits propre et relativement neuf. Ce qui était déjà un changement en soit. A sa dernière visite, l’exploitant portait de vielles frusques. Les mêmes depuis plusieurs jours, car elles arboraient des tâches de nourriture et de crasse relativement fraîches.

L'exploitant n'osait pas vraiment regarder sa cliente, préférant fixer à tour de rôle les différents gardes du corps de la femme. Voyant que Larrive se frottait les mains nerveusement, la commerçante eu une expression avenante, usant de son doux sourire. Léger et chaleureux comme un des premiers rayons du soleil au printemps.

« En effet Monsieur Larrive. Il y a une affaire dont nous devons discuter. Peut-être auriez vous une tasse de thé à me proposer ? »

« Bien sûr ! Suivez-moi. »

L’homme avait plutôt bien caché sa surprise. Il n’avait pas sursauté, il n’avait pas crié au scandale, il ne l’avait pas éconduite. Non. Le rat avait un certain instinct de survit et savait qu’il était dans son intérêt de laisser cette bonne-femme s’inviter dans son bureau. Si tant est que l’on puisse nommer cette pièce ainsi.

Peu de lumière, une certaine odeur de renfermé mélangée avec de la sueur et d’autres fluides que Théodora ne souhaitait pas connaître. Rien à voir avec les endroits où elle recevait les invités chez elle ou à la maison mère des Priost. Les fréquentations n’étaient pas les mêmes non plus à en juger par les deux singes habituels qui travaillaient pour l’exploitant.

Larrive pris une chaise disposée sur le côté de la pièce et la fit glisser jusqu’au devant de son bureau, raclant le sol dans un bruit fort désagréable. Intentionnel ou non, ce bruit résumait à lui seul l’ambiance des lieux. Détestable et étouffant. Tout comme la courbette méprisable dont il se fendit avant d’inviter l’honnête femme à prendre place.

« Vous pouvez vous asseoir ici. Pour vos amis... »

« Ne vous inquiétez pas d'eux, ils sauront se faire petit. »


Le siège était aussi répugnant que le reste de la salle. L’usure seule était quelque chose que Théodora pouvait admettre. Les tâches qui maculaient le tissu défraîchit et qui s’étaient incrustées sur de la crasse ancienne c'était par contre une autre histoire, tout à fait inconcevable. Une brève œillade avait suffit pour faire ce constat. Pourtant, nulle dérobade, nulle grimace ne lui était permise. Et afin de tromper ses propres sens de l’esthétique et de l’hygiène, la dame entama leur échange sans tarder.

« Alors Eden, racontez-moi comment se portent les affaires ? »


Une manière banale de lancer la conversation. Pourtant, l’exploitant ne pourrait pas se dérober avec un simple oui ou non, comme il aimait tant le faire. Il serait obligé de faire au moins une phrase complète, voire deux si il se rappelait que la bienséance et surtout l’égo masculin ne lui permettaient pas de laisser une femme mener leur échange.

« Oh, vous savez comment c'est. Une fois que nous avons fait les livraisons pour le Roi, il ne nous reste pas grand chose. Juste assez pour vivre. »

Suffisamment pour payer ses travers égoïstes et dégoûtants. Cet homme pensait-il réellement qu’une commerçante avisée, car leur premier entretien n’avait laissé aucun doute sur le sujet, se laisserait berner par de telles sornettes ? Puisqu’il souhaitait jouer, Théodora rentra dans la partie, usant de son air le plus niais. Alors que ses mots visaient aussi juste qu’une flèche.

« C’est pour cela que vous avez installé une nouvelle vitrine avec quelques produits qui vous semblaient pouvoir être vendus un peu plus cher ? Quel motif a été avancé par l’Intendance de la Couronne pour ne pas les prendre ? »


Le visage de l’exploitant se figea. Un instant de stupeur, de frayeur, avant de laisser place à la colère mal dissimulée. Le ton grondant avec lequel il s’adressa à sa cliente mit en garde ses molosses, dont les muscles se tendirent, prêts à bondir.

« L’intendance a eu ce qu’elle a demandé. Vous savez bien comment ça marche Madame Priost. Ils ont vérifié la livraison et ça leur convenait. Le reste est à nous. »


Ou plutôt à lui, et lui seul. Les clients avec qui il avait des contrats ne devaient pas suffisamment payer à son goût pour sa virée du soir. Ce crétin n’avait aucune idée que sa cupidité et son impatience étaient ce qui allait perdre son commerce. Mieux valait parfois sacrifier un objet de valeur pour quelque chose de bien plus profitable. La confiance. Le savoir. Le pouvoir.

C’est ce qui le ferait tomber. Et Théodora savait comment elle pouvait en tirer profit. Sans faire preuve d’aucune peur face à la menace implicite, elle se complaisait d’autant plus dans son rôle d’ingénue.

« Votre messager s’est-il perdu ? »

La surprise et la prudence se mélangaient désormais chez Larrive.

« Quel messager ? »


« Celui qui devait nous prévenir de ce que contenait votre dernier chargement Eden. Dois-je vous rappeler les termes du contrat qui nous lie ? Nous avons la primeur sur vos marchandises. Je pensais pourtant avoir été suffisamment claire la dernière fois. »

Cette fameuse fois où elle avait dû montrer une mèche de cheveux de sa dernière maîtresse en date pour qu’il se rappelle qu’il devait allégeance aux Priost et non à leur principal concurrent. Gontrand s’était montré très...persuasif afin que la jeune femme qui cherchait les faveurs de l’exploitant se trouve un autre pigeon. Intelligente, elle avait vite compris que si elle voulait garder toutes ses armes de séduction intactes, mieux valait pour elle s’écarter sans demander son reste.

Le rictus moqueur du rat fit comprendre à l’assemblée entière qu’il se moquait bien de ce que cette faible femme pouvait lui raconter. Ce n’était que de l’air qui était brassé autour de lui. La moquerie ne s’arrêta pas là. Balayant l’espace devant lui avec sa main, imitant la tâche ménagère qu’il pensait être faite pour celle qui lui faisait perdre son temps, il ricana ouvertement.

« Madame Priost, je ne discuterai pas d’affaires avec vous. Votre mari et moi avons un accord. Je vous livre ce que je souhaite et en échange le prix est raisonnable. Retournez donc vous occuper de vos enfants et laissez-nous gérer tout ceci. »

Le masque de bienveillance et de simagrées tomba en un instant. Un sourire carnassier s’étendit sur le visage auparavant charmant de la forgeronne alors qu’une certaine férocité victorieuse s’imprima sur sa rétine. L’homme avait baissé sa garde et c’était le bon moment pour prendre le dessus. De lui prouver à quel point il était dans l’erreur concernant celle qu’il avait face à lui. Bien vite il intégrerait que dans ce monde qu’était le leur, ce n’était ni lui, ni Charles qui dictait les règles. Mais elle.

« Et bien il semble que vous n’avez pas réellement compris mes propos. Peut-être faut-il que je sois plus persuasive pour que vous compreniez à quelle parole et quel contrat vous fier. »


Et obéir ! Sans avoir besoin de rappel !

A ces quelques mots, à la vue de ce visage, les hommes de mains de Larrive comprirent que les choses pouvaient vite déraper et leur échapper. C’était pourtant trop tard, car en cet instant, Gontrand avait déjà dégainé son marteau, prêt à rendre justice pour sa maîtresse.
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