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 L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon

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MessageSujet: L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon   L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon EmptyJeu 5 Mai 2022 - 23:38
L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon Test2


Marbrume
Quartier de l'Esplanade

Balian
d'Ascalon

Esmée
de Sabran

L'enfer des privilèges.


Le silence s'était imposé au fur et à mesure de leurs pas. Esmée avait pourtant fait de son mieux pour renouer le dialogue avec son frère. Lubin, malheureusement, demeurait hermétique. Enfermé dans sa colère depuis l'annonce des fiançailles de son aînée avec le Chevalier de Luynes, il l'ignorait et l'évitait pour ne plus sacrifier qu'aux obligations liées à l'Étiquette ou aux apparences. Bien sûr, Hermance de Choiseul désespérait de voir ses enfants se déchirer de la sorte. Cela lui était même insupportable, alors qu'elle se persuadait ne veiller qu'à leur bien. Aussi, si elle avait oeuvré pour habilement adoucir et gommer les réticences qu'éprouvait son époux à l'égard de Marin, elle n'avait jamais cru devoir s'inquiéter de la réaction de Lubin.
Pourtant, l'héritier du Comte de Sabran avait fait montre d'une féroce opposition, dès lors qu'il avait été question de marier Esmée au plus jeune des Luynes. L'annonce toute officielle des fiançailles célébrées au printemps avait ainsi semé le chaos dans leur manoir de l'Esplanade et si Hermance s'efforçait désormais de solutionner la dispute par quelques stratagèmes soigneusement élaborés, force était de constater que sa nouvelle tentative d'armistice se soldait cette fois encore par un échec.

- Lubin, s'il vous plaît. Vous savez mon dévouement totalement acquis à notre nom. Je n'entends pas... Tenta Esmée, mais le tout jeune homme la coupa d'un ton vipérin.
- Je n'ai que faire de vos boniments. Vos stupides aspirations nous engagent tous. Avez-vous seulement pensé à ce que votre choix nous impose ? Vous auriez pu prétendre à gravir les marches du palais ducal. Mais vous avez préféré vous amouracher d'un... Il serra les dents pour contenir le fiel de sa colère, tandis qu'ils passaient la Porte des Anges pour rejoindre l'Esplanade. C'est un arriviste. Un coureur de jupons qui ne s'intéresse qu'à votre dot. Il vous délaissera aussitôt qu'une autre lui semblera plus séduisante.

Ces mots, Esmée les avait entendus si souvent qu'elle se trouvait aujourd'hui capable de les accueillir sans plus s'en sentir blessée. Leur injustice n'en demeurait pas moins avérée. Pour autant, la jeune femme n'esquissa qu'un sourire navré pour répondre à l'insulte. La rumeur avait jugé de sa "bêtise" bien avant qu'une annonce n'en vienne à officialiser ses fiançailles avec Marin. Certains n'avaient d'ailleurs pas tardé à nourrir le scandale de leurs calomnies. La noblesse avait l'art et la manière de souffler son opprobre et elle n'avait pas manqué de dire son avis sur l'union à venir.
La réputation d'Esmée en avait indéniablement pâti. Quand des mauvaises langues l'avaient prétendue "déjà grosse", quelques bonnes âmes l'avaient affublée d'un inavouable défaut. Elle recevait alors les hypocrites sourires sans plus se formaliser et ignorait les murmures qui fleurissaient son sillage de ragots. Elle n'avait rien à se reprocher, sinon de se sentir déraisonnablement heureuse. Ses regrets n'en demeuraient pas moins sincères tandis qu'elle comprenait son frère tout particulièrement hostile.

- Vous ne le connaissez pas. Voulut-elle se défendre. Cependant, un rire amer étouffa le sursaut de rébellion qu'elle avait espéré voir triompher.
- Vous non plus. À moins que la rumeur ne dise vrai ? Cela pourrait en effet expliquer la déchéance que vous faites peser sur nous. Alors dites-moi, Esmée, vous a t-il culbutée avant ou après son passage au manoir ?

Le choc provoqué par ces mots pourtant prononcés à voix basse laissa la jeune femme abasourdie. Incapable de dire son indignation, elle demeura suffoquée par la violence du propos et se contenta de retirer son bras tandis que Lubin cherchait à la retenir.

- J'ai bien l'impression d'avoir fait mouche. Il grinça presque des dents alors que ses doigts agrippèrent le poignet de sa soeur jusqu'à en pincer la peau. Un jour, souvenez-vous en, c'est à moi qu'il vous faudra rendre des comptes. En attendant, n'essayez pas de vous rendre plus respectable que vous l'êtes. Personne n'est vraiment dupe.
- Comment osez-vous ? Elle tenta une nouvelle fois de se dégager alors qu'ils arrivaient en vue des premières demeures de l'Esplanade. Cependant, le jeune homme la retint toujours enchaînée à son bras pour donner le change aux autres promeneurs qui arpentaient les rues de l'Esplanade. Lâchez-moi. Souffla t-elle sans se départir d'un sourire de circonstance qui devait sauver les apparences, mais Lubin ne l'écouta pas. Finalement excédée, elle rua presque jusqu'à enfin se libérer quand il lui sembla qu'ils étaient seuls.

- Vous avez le verbe ophidien, Monsieur, mais vos canines sont à l'image de vos manières ; émoussées. Je n'ai pas peur de vous. Elle redressa le menton pour donner un peu plus de force à sa déclaration, mais son frère ne sembla pas impressionné. En réponse, il plissa seulement les yeux avant d'esquisser un geste rageur pour la retenir. Lâchez-moi. Elle répéta.
- Nous n'en avons pas fini. Il allait sans doute renchérir, mais son regard se heurta à celui d'une jeune enfant qui n'avait visiblement rien manqué de leur échange.

Les lèvres du garçon se pincèrent de frustration et son souffle se mua en un étrange grognement. Lubin détestait avoir le sentiment de se donner en spectacle. Pourtant, c'était exactement ce qu'il était en train de faire. Il avait perdu son sang froid au coeur de l'Esplanade et à une heure parfaitement descente. Une erreur qu'il ressentait comme un échec et qu'il se promettait déjà de faire payer à sa soeur.

- Nous rentrons. Ordonna-t-il.
- Non. Esmée répondit simplement et attendit qu'il tourne enfin les talons pour rejoindre la fillette. S'accroupissant alors devant elle afin de se mettre à sa hauteur, elle laissa un bienveillant sourire s'épanouir sur ses lèvres, avant d'engager la conversation. Bonjour Mademoiselle. Je suis Esmée de Sabran. Votre intervention toute silencieuse m'a été d'un grand secours. Permettez toutefois qu'à mon tour je m'inquiète pour vous. Elle releva les yeux pour chercher quelqu'un du regard. N'êtes-vous point accompagnée ?



17 mars 1166

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Balian d'AscalonComte
Balian d'Ascalon



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MessageSujet: Re: L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon   L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon EmptyDim 8 Mai 2022 - 0:19
Le jeune comte de la Vire s'appuya lourdement sur le garde-fou face à la mer. Il poussa un très long soupire et laissa son regard se perdre dans le vas et vient des vagues se brisant sur la côte au pied de l'esplanade. Le vrombissement permanent et les embruns portés par le vent aidaient un peu le maître de la maison d'Ascalon à oublier le monde qui l'entourait. Du moins, cela chassait les odeurs et mettait un peu en sourdine la bruyante citée.

Inconsciemment, il serra la main de la jeune fille qui l'accompagnait. Comme lui, elle n'avait jamais vu la mer avant d'arriver dans ce fichu bourg. Les montagnards ne s'étaient pas encore lassés de ce spectacle contrairement à bien des locaux.

Après ce qui lui sembla une éternité, Balian reporta son attention sur sa jeune sœur qui l'accompagnait. Lorsqu'il avait annoncé vouloir prendre l'air, Éliane avait « imposé » sa présence. Enfin, dans les faits, elle s'était contenté de l'attendre devant la porte.

La fillette tira sur le bras de son frère pour le faire bouger. Ce dernier se laissa guider un sourire nostalgique aux lèvres. Le duo finit par atteindre une jetée. Là, le comte essaya de montrer à la gamine comment faire des ricochets avec des galets. La chose, déjà assez difficile sur un lac, se réveilla être un défit d'un tout autre niveau face aux vagues.

Vite lassée par ses échecs, la plus jeune enfant de la maison d'Ascalon abandonna l'aîné pour s'en retourner vers l'esplanade d'un pas leste. Balian envoya une dernière pierre de toutes ses forces dans les eaux avant de partir à la poursuite de la demoiselle.

Ils dépassèrent assez rapidement la porte des Anges et s'enfoncèrent cette fois dans le quartier où séjournait le sang bleu. Ne voulant pas être aperçu courant après une gamine, quand bien même fut-elle sa sœur, c'est avec un peu de difficulté que le nobliau garda en vue la mauvaise joueuse.

À chaque fois qu’Éliane sortait de son champs de vision, le comte sentait comme un pincement au cœur. Malgré, ou peut-être à cause des mois qu'il avait passé dans cette citée, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un fort sentiment de malaise dès qu'il lui était impossible de vérifier que tout allait bien pour les membres de sa famille. Les rumeurs d'enfants disparaissant régulièrement dont il avait eu vent n'aidaient certainement la chose.

Bousculé par deux hommes déplaçant des marchandises, il perdit un instant de trop la benjamine de la fratrie. N'oubliant pas de pousser un juron dans un patois bien de chez lui, l'impétueux jeune homme pressa le pas pour arriver au carrefour que sa protégée venait d'emprunter. Il balaya du regard ce croisement de ruelles relativement propres avant de s'élancer au hasard sur sa gauche.

Il prit un nouveau virage à droite et arriva face à la fugueuse ; mais aussi un duo d'inconnus. La noblesse des vêtements portés par ce couple ne laissait que peu de doutes sur leurs origines sociales. Monsieur ne masquait pas un quelconque sentiment d'aigreur tandis que madame elle s'était un peu trop approchée d’Éliane au goût du comte.

Balian s'approcha du trio et posa une main sur l'épaule de sa petite sœur. Bien que cela l'ait fait sursauter, la gamine s'empressa de prendre la main du nouveau patriarche des d'Ascalon.

Le blond adressa un sec « Madame, monsieur » en guise de salutations au « couple » avant demander à la benjamine : « tout va bien Eli ? Tu m'as fait peur... »

Lorsque l'enfant lui adressa un presque sourire comme réponse, il laissa échapper un soupire pour marquer son soulagement.

« Madame, merci de votre... sollicitude. »

Il adressa un hochement de tête respectueux à la demoiselle agenouillée. Après tout, Balian espérait que seul pareil sentiment pouvait avoir poussé la jeune femme aux cheveux sombres à s'agenouiller devant Éliane.

« Ma sœur vient juste d'entrer dans l'âge rebelle il semblerait. Je crains chaque jour d'avantage qu'elle ne s'y montre aussi terrible que ses aînées. »

Ce trait d'esprit lancé autant à l'inconnue qu'à la fuyarde, Balian tendit son bras « libre » en direction de la jeune femme afin de l'aider à se relever. Puis, constatant quelque chose ressemblant fort à de la colère dans le visage de l'homme en retrait, le comte demanda :

« J'espère que nous n'avons rien interrompu... »
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MessageSujet: Re: L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon   L'enfer des Privilèges ~ Balian d'Ascalon EmptyMer 22 Juin 2022 - 16:39
L'enfer des privilèges.


Un éclat de rire sincèrement amusé vint ponctuer la plaisanterie du noble. Esmée n'avait jamais été une enfant turbulente, bien au contraire. Studieuse et appliquée, elle s'était toujours montrée respectueuse des règles imposées par ses tuteurs, et parents tout au long de son éducation. Des principes, inculqués comme des alidades, qu'elle n'avait jamais imaginé contester. Son unique écart, sa seule défaillance, résidait alors dans ce que son coeur lui avait dicté d'insoumission. Une petite révolte, au regard de tout ce qu'elle avait enduré et admis comme immuable, mais un scandaleux soulèvement si l'on en croyait la rumeur. Cette dernière avait tôt fait de dresser le tableau de son outrecuidance pour dire toute son indignation. La jeune femme n'avait pourtant pas souhaité accordé davantage de crédit à cette malfaisante effervescence. Elle avait fait le choix du coeur et voulait l'assumer sans avoir à en rougir devant quelques vieilles harpies médisantes.

Ses doigts fins trouvèrent alors à s'ancrer avec assurance sur le bras salutairement tendu. Ils s'y logèrent pour lui permettre de se remettre debout, tandis qu'un sourire s'épanouissait sur ses lèvres. Le geste souple, elle reprit ainsi un peu de hauteur, avant de remercier le galant homme d'une courtoise inclinaison du chef. Elle ne prit pas vraiment le temps de s'attarder sur sa silhouette, convenant simplement du fait qu'il devait être bien né. En attestaient d'ailleurs sa mise et la qualité de son verbe qui, à bien tendre l'oreille, s'auréolait d'une infime et presque imperceptible pointe d'accent. Un particularisme subtil mais non dénué de charme, que sa mère - contrairement à elle - n'aurait pas manqué rattacher à une région autrefois florissante du Royaume.

- Non point, Sire, soyez rassuré. Mon frère me signifiait simplement son empressement à rejoindre notre demeure. Malheureusement mon pas ne s'accorde que difficilement avec le sien. J'imagine alors que je le retarde quand il se fait devoir de m'escorter.

Évidemment destiné à son frère Lubin, le double sens de son propos n'était que difficilement perceptible. Cependant, l'héritier des Sabran ne s'y trompa pas et l'oeil déjà assombri par la colère n'en devint que plus noir. Il pinça les lèvres et se contenta d'adresser un signe de tête à celui qu'il reconnu comme un "réfugié". Un de plus dans cette cité devenue trop petite pour accueillir toute la misère d'un monde au bord de la dérive.

- Je vous connais. S'entendit-il néanmoins prononcer. Vous êtes Balian d'Ascalon, Comte de La Vire. J'ai entendu vanter les mérites de vos archers. Il se dit également que vous comptez parmi ce qu'il reste des meilleurs cavaliers de Langres.

Son nez se retroussa légèrement, non pas pour dédire ses mots, mais plutôt pour leur opposer le (dis)crédit de son observation.

- Sabran. Lubin de Sabran. Je suis le premier né du Comte Icare de Sabran.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Lubin n'était en réalité que le deuxième enfant dudit Comte. Cependant et parce que les femmes n'étaient finalement que quantité négligeable, il était sans doute plus judicieux - d'après-lui - de se présenter comme le seul héritier de la lignée morguetanaise. Esmée n'en avait pas moins eu envie de le contredire. Pour l'agacer et simplement par plaisir. Parce qu'il avait été odieux et définitivement détestable. Parce qu'il aurait mérité qu'elle s'acharne à l'accabler comme il avait voulu la rabaisser. Toutefois, la jeune femme demeura à sa place. Silencieuse et effacée derrière ce que la morale lui imposait de retenue.
Son regard d'or glissa vers la petite Eliane et tout en reculant d'un pas, elle libéra le bras du noble Comte de La Vire pour tendre sa main à l'enfant. Si l'adolescent qui lui servait de frère voulait fanfaronner et dire sa propre éloge, elle préférait se tenir en retrait.



17 mars 1166

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