Un cauchemar dans le rêve... [ Clarence ]

Début Mai 1167,


Un soir, alors qu'il a eu l'autorisation de sortir de la part de Madame de Montfort, Emeric n'a qu'une idée, retrouver Demoiselle Clarence.
Lors de sa première rencontre, à la fin, elle lui avait annoncé qu'elle passait du temps au marché, en matinée, ce qui est hélas lui fait craindre de ne pas la croiser.
Mais il imagine que le destin viendra à son secours. Du moins, il espère.

Depuis sa rencontre avec elle, avec la Dame de ses Rêves, le jeune homme est chamboulé, pourtant il refuse de croire que cette folle passion le détournera du chemin vertueux pour devenir chevalier. Que dirait Madame de Sabran ? Il ignore, cela fait longtemps qu'il ne l'a pas vu ! Et depuis qu'il a perdu contact, il a l'impression de se perdre, de marcher dans l'obscurité sans être certain que ses actions sont justes.

Il se rapproche du port, et constate avec plaisir que l'heure a fait fondre la foule, ainsi il peut se déplacer plus sereinement.
Emeric scrute, observe, il passe au même endroit que ce fameux jour où le songe est devenu réalité, où l'image de ses rêves est apparue devant ses yeux, où son coeur s'est mis à battre, où il a grandi pour devenir Maître de ses gestes.

Des marchands commencent à ranger, des balais frottent le sol, des toiles se plient entre les bras, il restes des murmures apaisés célébrant la fin de la journée, et l'heure du repos. Certains une bouteille à la main.
Toutefois, elle, il ne la voit pas ! Il frisonne. La reverra-t-il ? Evidemment, il pourrait se rendre à la porte où elle était entrée. Mais elle ne l'y a pas invité, elle lui a juste dit qu'il pourrait la trouver au marché. Et il ne peut aller à l'encontre des paroles de la Dame de ses Rêves. Il ne voulait pas lui déplaire, où lui donner l'impression de la harceler.

Il arpente alors les dernières étables, il refuse de succomber aux découragements, et à la déception. Il regarde le ciel, et le soleil couchant en priant les dieux de lui venir en aide.
Calant ses pouces à son ceinturon, il soupire, s'arrête un instant pour réfléchir à la route à prendre. Au fond, cela n'a pas d'importance, car le choix ne serait pas le fruit d'une pensée, mais le hasard. Il sait qu'il ne peut pas s'éterniser, et qu'il va devoir bientôt rentrer à la demeure de sa Maîtresse, alors, il presse le pas.

Il observe, essaye de se montrer attentif, son coeur est pris d'un vertige car il est impatient de pouvoir admirer la belle Clarence.
Le jeune homme décide d'emprunter des petites routes boueuses avec des pavés irréguliers, et il attend un signe...