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 Au trou ! [pv Morrigane]

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MessageSujet: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyJeu 19 Mai 2022 - 18:05
11 Février 1167 : Au trou !

- Voilà, chienne ! Et du pain sec et de l'eau, ça t'apprendra à vivre !

- Au moins, ici je n'aurai pas à subir vos sales pattes ! rétorqua Clervie.
Cela, c'était le cas de le dire. Les conscrits s'y étaient mis à trois pour l'enfermer, tant elle s'était débattue. L'incident avait eu lieu au déjeuner. Alors qu'elle allait se laver les mains, le Gros Joseph était arrivé et l'avait frappé au ventre, décidé à se venger pour la dernière fois, quand elle l'avait empêché de s'en prendre à une civile sans défense. Il avait déjà tenté de la violer une fois. Sans hésiter, Clervie avait sorti son stylet et l'avait presque éborgné, lui laissant une longue estafilade de la joue à la tempe. Elle était de plus en plus rapide avec le temps.
Mais évidemment, à la milice, une milicienne qui se défendait était toujours la coupable ; Clervie savait qu'elle en serait quitte sûrement encore pour quelques coups de fouet, mais peu lui importait. Pour la première fois, lorsqu'elle était passée devant les conscrits, elle avait lu de la peur dans leurs yeux. Et avait compris que cette fois, jamais plus quiconque ne s'aviserait de la toucher.
Ils en auraient mis du temps, mais le message était passé.
Mais bien évidemment, les coutilliers étaient furieux. Et depuis le départ brusque d'Elisabeth pour le Labret, Clervie n'avait plus d'avocat. Julius avait pris sa défense, mais il n'était point un gradé...
- Joseph a déjà essayé d'agresser Corbac une dizaine de fois, avait-il dit. Et arêtez de prétendre que c'est elle qui cherche la bagarre. Moi et Landric, on est dans la même coutillerie qu'elle et bizarrement, on a jamais eu de problèmes. Ah oui, c'est vrai, faut dire que nous on appartient à la catégorie des types qui demandent gentiment avant de trousser les dames et qui comprennent ce que le mot "non" veut dire !
Quelques ricanements avaient suivi cette tirade. Mais personne n'aurait admis ouvertement la véracité des paroles de Julius. Après tout, les abus étaient la norme.
- Un mois de trou, un point c'est tout. Encore heureux qu'on a besoin de vous pour faire du pâté à fangeux, car si ça tenait qu'à moi, je la virerai d'la milice ! avait dit le coutillier en charge. Compris, Corbac ? Dernière chance pour toi ! Dommage que tu sois aussi indisciplinée, car le pire là-dedans, c'est que t'as plus de tripes que certains de ces couards qui sont ici. File !

Clervie s'était laissée faire sans rien dire. En vérité, elle pensait de plus en plus souvent à quitter la milice. Mais il fallait bien se nourrir et il n'y aurait pas d'autres emplois à sa portée. Son autre issue aurait malheureusement été d'accepter la demande en mariage d'Erwan. Malheureusement, il lui avait aussi demandé de renoncer à son nom et à son passé. Ce qu'elle ne pouvait faire alors qu'à chaque fois qu'elle regardait vers un âtre, elle revoyait le visage d'Alaric se couvrir de crevasses...

Elle marqua un nouveau trait sur le sol à l'aide d'un bout de bois. Huit jours s'étaient écoulés depuis le commencement de cette punition. Elle commençait vraiment à s'ennuyer. Elle passait ses journées à observer les rats et à méditer.
Ses pensées errèrent vers Erwan, mais elle les chassa avec colère. Il ne m'a jamais comprise. Je n'ai plus rien à faire avec lui.
Des larmes lui nouèrent la gorge. On a beau contrôler le destin, on ne contrôle pas ses sentiments. Et l'obstination d'Erwan à vouloir fonder un foyer alors que tout les menaçait les aurait perdus tôt ou tard.

Soudain, elle entendit du bruit.

- Corbac ! cria le garde. Une visite pour toi !


Dernière édition par Clervie de Sombrelune le Lun 30 Mai 2022 - 22:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyLun 30 Mai 2022 - 22:01
Il faisait un peu froid mais l'air du dehors me revigora les tampes. Cet hiver avait été particulièrement morne et nous ne fêtames guère notre traditionnel festival d'Hivernel, comme ce fut le cas l'an passé. Accoudé à un balcon du premier étage, j'assistai à un spectacle singulier.
Balian, comme à son habitude se tremoussa face à l'épouvantail qu'il s'échina à réduir en charpie plus rapidement que nous en trouvâmes.
Or ce matin, il reçut un prêtre des trois comme initié. Un enlumineur paraissait-il. Le pauvre bougre ignorait aux main de qui il s'abandonna. Je plaignis sa peau qui dut être si soyeuse avant de venir ici. Mais il eut la hargne que l'on attendit de lui et ceci malgrés les brimades à répétition que mon chère frère se plaisait à lui lancer avec son tact légendaire.
«À la guerre comme en amour, on prêche la pratique.»
«Je ne veux pas que des religieuses viennent se plaindre que l'on ait abîmé ici un de leurs greluchons.»
«...,la sueur épargne le sang.»

La sueur épargne le sang. Je ne pus qu'acquiescer à cette triste vérité. Ce n'est ni notre vaillance, ni notre bravoure qui nous permirent d'entrer en ces murs. C'est bien notre sueur, la sueur de la faim, la sueur de nos morts, la sueur de la peur et celle de l'envie de vivre.
Ulys fidèle à lui même décida de se percher sur la rembarde et de quémender sa pitance bien trop tôt. Je profitai de cette instant pour lui caresser la pommette. Lorsqu'il comprit qu'il n'aurait nul victuail, il s'en alla chercher un quelconque rongeur sur les remparts pour étancher sa gourmandises.
Je remaquai un homme encapuchoner de vert remettre un objet à la sentinelle posté à la herse du domaine. L'homme s'en retourna d'où il vint. La sentinelle présenta ce qu'il me semblait être une lettre à un domestique passant près de la grille à ce moment là. Celui-ci ne prit aucune peine à en dévoiler le contenu et s'en alla prestement dans ma direction. Il leva la tête, sans sourciller. Je compris qu'il était question d'une missive mais ne perçus aucune cire en son chef.
Je rentrai dans la pièce, pris soin de fermer la fenetre et m'en allai quérir cette lettre veuve de tout cachet.
Le domestique me la tendit et s'en retourna à ces taches après s'être assuré de mon remerciement.
Lettre non cachetée:
Je lus le courrier promptement. Je sentis mon coeur bondir deux temps au fond de ma poitrine.
Ha ! La petite Clervie de Sombrelune donne enfin de ses nouvelles, eh bien qu'il en soit ainsi, allons lui rendre une petite visite de courtoisie.
«Ser Gregor !»
Le champion se manifesta sans tarder.
«Oui, Dame Morrigane ?»
«Habillez-vous, nous nous en allons marcher dans les cachots de la milice, tous les deux. Inutile d'apprêter d'autres combattants»
«Entendu, Comtesse»


«Corbac ! cria le garde. Une visite pour toi !»
C'est ainsi que fut annoncée ma venue. Par les trois, quelle grâce !
Le maraud qui officiait comme geolier eut l'air assez robuste au premier abord.
Talonée par Gregor, j'entrai dans le couloir parsemer de cellules. Mes pas claquèrent les pavés très irréguliers de cet égout aux allures de chambre d'hôte fangieuse. Je passai devant le garde et m'adressai à lui sans me retourner:
«Je te remercie milicien, tu peux nous laisser»
«Désolé m'dame mais j'peux pas vous laisser seule, c'est les ord...»
Je l'interrompit en levant ma main d'un coup sec à hauteur de ma tête:
«Que crains-tu qu'il puisse m'arriver, porte-clefs?»
«Je...euuhu... je comprends pas m'dame la Comtesse»
«Je désire m'entretenir seule avec la milicienne Claire, que penses-tu qu'elle puisse me faire boucler dans son cachot ? Regarde cette montagne qui m'accompagne, c'est à peine si le plafond lui caresse front.»
Je sentis m'échapper une fraction de ma patience.
«Alors pour l'amour de ta catin de mère que pourrait-il bien m'arriver ?»
Je fermai les yeux le temps me reprendre tandis que le maton se renfrognait. Il n'eut été décidément pas d'humeur à se laisser marcher dessus. Je jure de faire empailler ce soulard en cotte de maille s'il persiste à tenir séance.
Je fis volte-face avec une sereinité absolue, je sentis bouillir un sentiment malveillant dans mes yeux et craignis qu'ils n'implosent de façon surnaturelle.
«Ser Gregor, qu'est devenu l'indésirable qui a défié mon autorité au printemps dernier ?»
«Il nourrit les racines de vos framboisiers, Noble Dame»
«C'était donc cela, ce goût si intense»
Le Chevalier mit une main sur le milicien qui tressaillit légèrement, probablement térrifié par cette vision d'horreur que nous venions de lui décrire. Il nous quitta sans dire un mot.
Le malheureux dut faire courir toute sorte de rumeur à mon sujet avec cette histoire. Que ne fallut-il pas inventer pour qu'il nous laisse... Evidemment rien de tout cela ne fut véritable, du moins à mon souvenir...
À ce propos, je fixai Gregor en penchant la tête légèrement sur le côté:
«Les framboisiers ?»
Il me regarda d'un air aussi surpris que je le fus.
«Si j'avais un corps à cacher c'est là que je le placerai»
Je me retournai prête à rendre visite à une âme visiblement égarée en ces lieux.
«Vraiment ? Je tacherais de m'en souvenir»
«Cependant, vous avez raison. Les framboises de la saison dernière étaient particulièrement sucrées.»
«Certes, le soleil a bien donné cet été.» Je tournai la tête et le regarda par dessus mon épaule, mon corps tétanisé par une idée soudaine:
«Il n'y a personne qui mange un quelconque arbuste par le sol, n'est ce pas ?»
«Je vous assure que non»
Me voici rassuré.

Sur cet échange fort égayant, nous reprimes notre progression dans ce corridor maussade jusqu'à atteindre la fameuse porte.
«Bonjour, Claire. Je vois que ton intégration à la milice suit son cours. Voudrais-tu me faire part de quelque chose en particulier ?»

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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyMar 31 Mai 2022 - 10:01

«Ser Gregor, qu'est devenu l'indésirable qui a défié mon autorité au printemps dernier ?»
«Il nourrit les racines de vos framboisiers, Noble Dame.»

Il semblait bien à Clervie avoir reconnu la voix de son amie au caractère si vif. Pour un peu, elle aurait ri du dialogue entre elle et le garde. La soeur aînée du Comte de la Vire aurait pour un peu été capable de terrifier même un fangeux et elle cultivait avec zèle cet aspect de sa personnalité ; Clervie savait qu'elle était l'une des rares privilégiées à connaître le côté bienveillant de sa personne. Certes, cette fière comtesse n'était point du genre à se laisser marcher sur les pieds et ses ennemis avaient tout intérêt à filer la queue entre les jambes ; mais ceux qui la connaissaient savaient également que cette férocité cachait un grand coeur et que Morrigane d'Ascalon était une amie remarquablement loyale et attentionnée.

Pour le coup, Clervie crut qu'elle allait mourir de honte tout de bon. Décidément, chaque fois qu'elle croisait la Comtesse d'Ascalon, c'était toujours en position d'être ridicule ; déjà, la scène de la dernière fois avec cet inopportun de Gwendal lui avait fait l'effet d'une très mauvaise plaisanterie, mais voilà que maintenant, apprenant sa détention, la comtesse décidait de venir être témoin de sa déchéance au lieu de rester sagement sur l'Esplanade !

"Je vois que ton intégration à la milice suit son cours."

Fort heureusement, le ton légèrement moqueur et la lueur d'amusement dans les prunelles émeraude de la Comtesse étaient contagieux ; Clervie ne put s'empêcher de pouffer et oublia sa gêne. L'humour piquant de la Dame d'Ascalon faisait toujours mouche. Lui décochant un mince sourire, elle répondit :

- Comme vous pouvez le voir, Dame Morrigane. Voyez-vous, une troupe de conscrits s'était mise en tête de me culbuter derrière le lavoir de la cantine. Je leur ai fait comprendre que je n'étais pas d'accord. Bien évidemment, comme leurs oreilles n'étaient point ouvertes, il a fallu en passer par un certain type de langage non-verbal, si voyez ce que je veux dire. Et là-dessus, le chef de leur petite bande s'en est allé se plaindre à mon coutillier, assurant que j'avais failli lui arracher un oeil. Il me reste environ trois semaines ici. C'est un peu long, mais avec pareils camarades, ô que la solitude est appréciable ! Vous m'excuserez de ne point avoir une tasse de thé à vous offrir, ajouta-t-elle sur le même ton d'ironie qu'avait pris Morrigane. J'ai décidément le chiche pour vous recevoir dans des lieux point convenables.

Elle marqua une pause :

- J'avoue que je ne m'attendais pas à vous voir venir ici. C'est une attention appréciée.

Cette phrase était un euphémisme. N'eurent été les barreaux, mais surtout, la barrière de la hiérarchie, Clervie l'aurait chaleureusement étreinte. Parfois, les conventions sociales étaient décidément dures à suivre.
Elle s'approcha davantage des barreaux et dit à voix basse :

- Cela tombe bien que vous soyiez venue, car quand je serai sortie d'ici, j'aurai besoin de votre aide pour contacter quelqu'un qui vit sur l'Esplanade et qui nous serait d'un grande secours dans notre affaire. Sera-t-il possible que vous demandiez à l'un de vos serviteurs de porter un pli pour moi ?

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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyJeu 16 Juin 2022 - 0:28
Je n'étais pas convaincue que ce fut l'unique raison de cette enfermement disciplinaire.
«Je vois»

L'air y était fort humide, presque vicié, à la fois chaud et froid. Je ne saurais décrire cette étrange sensation ressentie à chaque inspiration. Hélas pour Clervie, je ne pus intervenir pour lui permettre de passer un séjour plus agréable.
«Tu comprendras, j'en suis certaine, que je ne peux t'apporter de quoi te divertir. Cela reviendrait à défier l'autorité de la milice intérieur et par extension celle du roi. Je ne suis pas féru de tendresse avec tes camarades alors inutile de leur donner une raison valable pour grogner.»

Je n'osais m'imaginer à sa place. Non pas que dormir sans mes oreillers de soie fourrés de plume ne me rebute, j'ai par le passé vécu en bivouac. Mais ne pouvoir contempler la lumière du jour me ferait perdre le nord et probablement la boussole avec.
«Je ne te demande pas si ça ira, tu sembles apprécier ...»
Je jetais un coup d'oeil au Chevalier qui était resté en retrait le questionnant de l'oeillade sur le qualificatif à employer pour un tel endroit. Ser Gregor soutint mon regard et haussa les épaules ne sachant quoi dire.
«... ce sanctuaire ?» Après tout, cet endroit semblait lui procurer un simulacre de quiétude.

Alors que je m'apprêtais à prendre la parole, une voix fébrile résonna du fond d'une cellule non loin de nous. Je peinais à comprendre ce que cet infortuné bredouillait. Le champion de la Vire visiblement aussi surprit que moi empoigna la fusée de son épée et entreprit de l'extraire de son fourreau. Comptait-il l'embrocher ?! Je lui fis signe de n'en rien faire.
«Allons Ser Gregor, vous n'êtes pas un meurtrier.»

Je m'approchais du captif. Quoiqu'il est pu faire j'aimais croire qu'il n'y avait pas été placé par hasard.
Sans lui laisser le temps de bégayer je ne sais quelle supplication, je me mis devant les barreaux et lui parlais à demi-sourire:
«Très cher inconnu, je ne suis pas coutumière des cachots et autres ergastules vois tu ? En revanche, je suis assurée d'une chose, tu y résides pour une bonne raison. Alors profite de ce temps de solitude pour réfléchir de tes actes et réjouis toi d'être en vie.» Je pris un ton plus lourd et le fixais avec ce regard menaçant de déchaîner je ne sais quelle exécration. «Ceci étant dit, si je t'entends encore, ne serait-ce que respirer, tu regretteras que la milice ne t'ait pas arraché la langue et banni de cette cité.»
Le détenu me regarda m'éloigner. Lorsque je me trouvais à nouveau devant la cellule de Clervie, je vis ses bras passer au travers des barreaux et tenter l'ultime élocution. Avant que le moindre écho ne sorte de sa bouche, mon fidèle protecteur lui assena un coup directe à poing fermé. À en juger par le silence qui succéda à ce qui fut vraisemblablement une chute, j'imagine que ce fut dans le visage qu'il prit cette invitation à méditer sur mes propos.

Je souris à mon obligé, satisfaite d'enfin pouvoir m'entendre penser et tournais la tête vers la reconnue Dame Corbac:
«Très bien, mais il va m'en falloir davantage. Tu disparais plusieurs mois au Labret puis tu me demandes du fond d'une geôle de transmettre une missive signer de ma main à un inconnu ? Avec si peu d'éléments, tu comprendras ma réserve. Explique moi ce qu'il se passe. Ne t'en fais pas pour ton compagnon d'infortune, il dort sur ses deux oreilles.»
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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyJeu 16 Juin 2022 - 10:36
Clervie fut surprise de voir que Dame Morrigane s'attendait visiblement à ce qu'elle esperât qu'elle tenterait de lui apporter de quoi la réconforter. Etait-elle donc si opportuniste habituellement ?

- Ah, il est sûr qu'un ou deux livres auraient été appréciables pour tuer un peu le temps et poursuivre un peu une instruction qui me suscite toujours de l'intérêt même si elle n'est plus vraiment nécessaire. Mais peu importe ; votre seule présence me met déjà beaucoup de baume au coeur, croyez-moi. Je ne m'attendais même pas à ce que vous veniez séance tenante. Et de plus, la milicienne Claire n'est pas... censée savoir lire.

Là-dessus, la conversation fut interrompue par un importun et Clervie fit la grimâce en entendant Dame Morrigane menacer et laisser frapper le pauvre bougre par son chevalier. Une fois encore, elle se jura avec humour de ne jamais s'aviser de contrarier sa bienfaitrice au caractère si teigneux.
Oups, en fait, il était trop tard pour cela...

«Très bien, mais il va m'en falloir davantage. Tu disparais plusieurs mois au Labret puis tu me demandes du fond d'une geôle de transmettre une missive signer de ma main à un inconnu ? Avec si peu d'éléments, tu comprendras ma réserve. Explique moi ce qu'il se passe. Ne t'en fais pas pour ton compagnon d'infortune, il dort sur ses deux oreilles.»

Aïe ! Le ton de Dame Morrigane était aussi tranchant que la rapière que Clervie portait habituellement en service. Visiblement, une fois passée la petite joie des retrouvailles, une rancune refaisait surface ; elle était mécontente que Clervie n'eût pas écrit pendant ses mois d'hiver au Labret. Cependant, la jeune femme, au lieu de trembler comme l'avait fait l'autre idiot sur qui s'était déchaîné la fureur de la comtesse, se sentit au contraire profondément touchée par cette petite preuve d'affection, aussi rude fût-elle. La soeur aînée du Comte de la Vire n'était point du genre à s'épancher comme une mère poule et encore moins à vous dire des mots doux. Et Clervie l'aimait bien pour cela. Mais maintenant, un certain sentiment de culpabilité la piquait entre les côtes.

Par les Trois, je l'ai inquiétée ! Quelle idiote je suis... Elle a raison. Elle et son frère se sont montrés si bons pour moi et c'est ainsi que je les remercie... Mais je n'avais pas vraiment le choix.

Bon, pour commencer, s'excuser et être un peu reconnaissante avant de demander une faveur. Elle ne tenait vraiment pas à passer pour une ingrate alors qu'ils avaient plus ou moins accepté de risquer leurs vies pour faire trompher sa cause !
Elle se rapprocha et continua donc à voix basse, mais suffisamment audible pour son interlocutrice :

- Je me rends en effet bien compte que j'ai été mauvaise amie sur ce coup et que vous auriez mérité plus d'égards. Je suis vraiment, vraiment désolée de vous avoir causé de l'inquiétude, Dame Morrigane. Mais il m'était impossible de vous écrire de là-bas. Je craignais trop que la moindre correspondance écrite soit espionnée.

Elle avait bien l'impression que cette justification ne suffirait pas à la redoutable comtesse d'Ascalon et que celle-ci n'allait peut-être pas lui pardonner tout de suite. Mais Clervie savait que l'amitié n'était jamais chose simple et elle savait aussi que si elle l'avait froissée de trop, la Comtesse ne serait jamais venue jusqu'ici. Néanmoins, elle s'empressa de répondre aux questions qu'elle avait posé avant que ne vienne l'idée à Dame Morrigane de lui dire d'aller se faire voir chez les fangeux.

-...Une missive signée de votre nom ? Oh non, rien de la sorte. Jamais je ne vous demanderai de vous exposer ainsi. Non, c'est moi-même qui rédigerai ce billet et il ne sera point signé. Mais je puis vous assurer que ce que j'y mettrai devrait éveiller la curiosité du destinataire. J'ai juste besoin que vous le fassiez passer, car vous habitez sur l'Esplanade et que ce sera plus facile pour l'un de vos serviteurs de faire passer ce message sans attirer les soupçons.

"Cette missive sera pour le Comte de Rougelac, en vue de lui demander un entretien. Oh, je connais très bien la réputation de l'homme ; inutile que vous me mettiez en garde à son sujet. Mais rappelez-vous ce dont nous avions parlé avec votre frère il y a quelques mois ; Abraham Clayton, ce mystérieux marchand qui aurait trempé dans le complot contre ma famille, logerait à présent à Sombrebois. Nous avons grand besoin de savoir s'il s'y trouve toujours et si par hasard, il aurait fait d'autres affaires malhonnête. Et malheureusement pour moi, ma coutillerie ne s'est point arrêté dans ce bourg, je n'ai donc pas pu aller y voir par moi-même. Votre frère se proposait d'y dépêcher des gens, mais cela pourrait être dangereux et de plus, il n'a point autant de relations que le Comte de Rougelac, qui est gouverneur de Sombrebois, dans cette région. Si nous voulons être sûrs d'avoir des informations fiables, il est notre meilleure option."

Elle ajouta :

- Quant à cueillir ledit Clayton... Nous verrons le moment venu. Mais il nous faudra être très prudents pour ne pas éveiller sa méfiance. Je vous le redis, Comtesse. Ils nous surveillent déjà. Du moins moi en tout cas.

Elle marqua une pause :

- Pactiser avec un homme comme le Comte de Rougelac est dangereux, en effet, mais au moins, si cela doit avoir conséquences, cela ne retombera que sur moi. Je sais que vous avez déjà accepté de tout risquer pour faire triompher la justice, mais cela ne m'empêchera point de m'inquiéter de vous et de tout faire pour vous éviter un sort aussi funeste que celui qui s'est abattu sur ma famille. Car je sais très bien que c'est le genre de manoeuvre dont nos ennemis sont capables s'ils vous prennent à fouiller un peu trop dans leurs affaires.

Elle se rapprocha des barreaux, plongea son regard obsidienne dans les prunelles émeraude flambantes de son amie.

- Il va falloir que vous me fassiez confiance sur cette affaire-là, Dame Morrigane. En échange, je vous promets que la prochaine fois que je suis amenée à quitter la ville, j'essaierai de trouver un moyen de ne pas nous perdre complètement de vue.
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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyLun 4 Juil 2022 - 19:04
Ma mâchoire crispée se détendit suffisamment pour ne pas ternir mon élocution.
«Il est inutile de s'apitoyer sur ton manque de communication quand bien même tu n'eus été en mesure de donner de tes nouvelles. J'ai surtout craint que notre implication soit découverte suite à ta capture. Heureusement, il n'en est rien. À l'avenir, je te demanderais de prévenir autant que faire ce peu de tes longues absences, que nous puissions anticiper certains désagréments. Désagréments qui, fort heureusement, n'ont pas eu lieu.»

Bien que je sache les risques auxquels nous nous exposions en acceptant de l'aider, j'aimerais dans la mesure du possible éviter de mêler mes jeunes soeurs à ce fourbi. En effet, elles ignoraient dans quoi Isabelle, Balian et moi nous étions engagés, pour le moment.
L'évocation du nom de Rougelac ne m'inspirait davantage qu'une toile de rumeurs sombres aux nuances aigres:
«Le Comte de Rougelac ? Es tu sûr de pouvoir lui faire confiance ? Je ne l'ai jamais rencontré mais de tous les échos qui raisonnent à son sujet, je gage qu'il y en ait quelques-uns de véritables. Et si tel est bien le cas il s'agit d'un personnage dangereux comme tu le dis. Même si il ne vit pas à Marbrume il a encore du pouvoir dans son enceinte, j'espère que tu as quelque chose à lui offrir en échange car je doute qu'il ne t'aide par pure charité.»
Clervie était persuadée de n'être que la seule à prendre des risques mais oublie-t-elle que c'est l'un de mes gens qui apportera la missive ?
«Certes, le meilleur moyen d'obtenir du renseignement à Sombrebois, c'est le Comte, très bien. Mais il est probable que cet Abraham Clayton soit dans ses bonnes grâces, c'est un marchand de Sombrebois après tout, autrement dit une des personnes qui fait vivre le bourg et participe à son approvisionnement. As-tu envisagé cette éventualité ?»

La jeune milicienne s'approcha des barreaux et tenta de dissiper mes inquiétudes, non à son égard mais plutôt en ce qui concerne la viabilité de cette entreprise.

Je n'eus aucun miroir en face de moi mais je devinais aisément le faciès dubitatif qui modela mon visage. Malgré toutes mes interrogations, Clervie semblait savoir dans quoi elle mettait les pieds. À première vue, cela avait l'air irréfléchi et maladroit. Toutefois je voulus croire en ce plan pour lequel je ne miserais pas un sou. Ces quelques mois d'expédition en extérieur lui ont peut-être permis d'en apprendre plus qu'elle ne me confia.
Je soupirais par le nez en guise d'armistice:
«C'est entendu, je trouverai une âme charitable pour faire cette course. Et je ferai ce qu'il faut pour qu'on ne puisse remonter jusqu'à nous, à la seule condition que tu n'ailles trouver ce Clayton sans moi.»

Je tournais les talons et me dirigeais vers la sortie de ce couloir nauséabond. Une fois passé devant lui, Ser Gregor salua Clervie de la tête et me talonna avec l'assurance et la discrétion que l'on attend d'un gens d'arme.
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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] EmptyLun 4 Juil 2022 - 19:36
L'entrevue aurait pu tourner plus mal. Clervie réalisa que Dame Morrigane avait dû probablement connaître quelques insomnies à l'idée qu'elle se fût fait capturer par des purificateurs et que sa famille en fût exposée. Elle ne se rappelait évidemment pas les noms des soeurs du comte et de la comtesse qu'elle n'avait pas encore vues, mais se souvenait en revanche que la dernière avait tout juste dix ans. Que deviendrait-elle s'il arrivait quelque chose à ses aînés ? Partant de ce principe-là, elle pouvait en effet s'estimer heureuse que la comtesse acceptât encore de l'aider et se promit de ne plus lui faire défaut. De toute évidence, la confiance ne régnait pas encore tout à fait. Et cela se justifiait.
Clervie, elle, n'avait plus rien à perdre. Son amie avait encore une famille. Soudain, une certaine tristesse la saisit et elle dut battre des paupières pour ne pas fondre en larmes.

- Le Comte et vos soeurs ont vraiment de la chance de vous avoir, souffla-t-elle soudain.

Elle se gifla mentalement pour se reprendre, ne voulant surtout pas laisser croire à la dame d'Ascalon qu'elle s'appitoyait sur elle-même comme une sotte. Ce n'était point digne d'une Sombrelune. Jusqu'à présent, elle s'était montrée forte. Et elle devait le rester, bien qu'elle se rendît compte à quel point le fait de ne plus avoir de famille pouvait être pesant.

- Ah ! (elle ne put s'empêcher d'avoir un petit rire) On dit tel père tel fils, mais on pourrait visiblement dire aussi tel frère telle soeur ! Le Comte de la Vire m'a fait la même demande lors de notre première rencontre, et en des termes encore plus clairs. Il m'a notamment fait part d'un certain désaccord à l'idée que je pus décider d'écorcher vif ce malheureux marchand s'il s'avérait coupable de ce que nous lui reprochons. Je reconnais que cela ne m'a guère plu, sur le moment... Mais faut-il reconnaître qu'il a raison. (Elle esquissa un sourire en repensant à cette rencontre). Votre frère est un homme sage et honorable, Dame Morrigane. Les mots qu'il m'a dit cette nuit-là sont restés gravés en ma mémoire. Nous irons donc ensemble, vous avez ma parole.

Le temps des adieux étaient venu. Elle dit alors :

- Allez maintenant Dame Morrigane, et que les Trois vous gardent, vous et votre famille. Et encore une fois, n'ayez crainte ; quoiqu'il se passe, jamais je n'oublierai ce que vous avez déjà fait pour moi. Ser, ajouta-t-elle avec un respectueux signe de tête lorsque le chevalier silencieux de Dame Morrigane la salua à son tour.
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MessageSujet: Re: Au trou ! [pv Morrigane]   Au trou ! [pv Morrigane] Empty
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