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 Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]

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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptySam 21 Mai 2022 - 13:39
26 mars 1167 :


Ah, le fameux planton sur le chemin de ronde était toujours un plaisir. Mais ce matin-là, il fallait dire qu'il ne faisait point trop frais. De plus, Clervie était plus que ravie de voir le soleil, car son incarcération de quelques semaines lui avait laissé un souvenir... durable.
Plutôt mourir que de retourner là-dedans, pour sûr ! Si le Coutillier Blancfer, l'homme qui avait validé son incarcération et qui était maintenant responsable d'elle, avait lu ses pensées, nul doute qu'il aurait été ravie de voir la Corbac sur un tel chemin de repentance ; d'autant que comme Clervie, l'avait pressenti, désormais les conscrits ne lui causaient plus aucun ennui ; au contraire, ils se contentaient maintenant de l'ignorer, convaincus qu'il lui manquait bien une case dans le cerveau, et qu'un jour, elle finirait certainement par les égorger dans leur paillasse s'ils avaient encore malheur de lui déplaire. Et de plus, son ami Julius était allé refaire discrètement le portrait à Joseph (bien que celui-ci assurât être tombé tout seul sur une mauvaise poutre...).

Bref, vraiment, essayer de se faire Corbac, c'était trop d'ennui. Après tout, il y avait des tas d'autres miliciennes, putains et civiles, et pour certaines, consentantes, qui plus est, à aller fourrer.

Clervie avait donc obtenu la paix qu'elle avait tant désiré, à défaut du respect. C'en était presque ennuyeux. Mais néanmoins, c'était toujours à elle les corvées des latrines, de la bugée, ou encore, des tubercules à éplucher pour l'immonde rata du dîner. Et c'était encore à elle les heures de planton sur le chemin de ronde. Néanmoins, elle en profitait souvent pour faire chasser Onyx sur les abords de la cité et savourait la caresse de la brise sur son visage avec un sentiment de liberté.
Un sentiment de liberté qui n'éclipsait malheureusement pas la douleur de sa rupture récente et le remords d'avoir dû commettre le péché de boire une infusion de passiflore et d'armoise mêlée à quelques autres herbes spécifiques pour provoquer les saignements lunaires. Tous ces événements dataient de déjà deux mois, mais deux mois particulièrement difficiles pour la jeune milicienne. Et elle continuait à siffler régulièrement entre ses dents le nom de l'ennemi déclaré qu'elle savait toujours présent en ville, en plus de maudire secrètement le roi avec une haine plus profonde que jamais.

Je les tuerai. Je les tuerai tous. Jusqu'au dernier.

Ses sombres méditations furent interrompus par des éclats de voix, alors qu'elle se trouvait sur le pan de mur qui longeait le goulot ; elle s'approcha et tandis l'oreille :

- Dégage de là la carogne, ricanait l'un des miliciens. Ton chiard s'est sûrement perdu dans le chaudron à l'heure qu'il est ! Va donc pleurer ailleurs avant que je ne te fasse tâter de mon épée !
- S'il vous plaît, monsieur, ayez pité, vous avez sûrement des enfants, vous aussi... Je vous en supplie, Alcyne est tout ce qu'il me reste...
- T'as pas entendu ? Dégage, je te dis !
- Si tu tiens tellement à ravoir un môme, je veux bien t'en refaire un tout de suite, ma belle ! cria un autre des conscrits.

Il n'en fallut pas plus pour que Clervie sentît à nouveau la colère l'envahir. Bon sang, ces oubliés de Rikni... Elle aurait bien voulu leur donner une bonne leçon ! Mais elle avait promis à son Coutillier de se tenir tranquille aussi longtemps que l'on ne l'embêtait pas et elle n'avait pas le choix. Car à la prochaine incartade, on la chasserait à coups de fouet. Elle regarda de loin la prostituée s'enfuir en sanglotant. Au moins, ses frères d'armes n'avaient visiblement pas envie de prendre le risque de déserter leur poste pour la violenter.

- Qu'est-ce qu'elle voulait ? prit-elle le risque de demander aux deux miliciens.
- Qu'on retrouve son môme qui se s'rait perdu hier après-midi. Elle a raconté une histoire à propos de disparitions d'enfants dans son quartier... Mais qu'est-ce qu'elle veut, des mômes, y en a tout le temps qui disparaissent, ça a toujours été comme ça... J'vois pas pourquoi y 'en aurait plus maintenant qu'd'habitude. Nous, notre boulot, c'est de surveiller après les fangeux et les grosses canailles et pis c'est tout !

Clervie avisa le soleil, qui était à présent assez dans le ciel. On arrivait bientôt à la troisième heure du jour ; Julius n'allait pas tarder à prendre le relais. Normalement, ça aurait été le moment où elle aurait dû aller aux thermes prendre un bain avant de faire une sieste de deux heures sur son grabat. Mais elle allait légèrement différer son emploi du temps. Après tout, l'enfant avait disparu depuis hier au soir ; les personnes disparues étaient généralement mortes après deux jours passés à les chercher quand on les retrouvait. Là, il y avait encore une chance.

Elle alla aussitôt vers l'escalier du chemin de ronde, le descendit habilement. Julius arrivait :

- Bah alors Corbac, tu sembles pressée, aujourd'hui ? lança-t-il d'un ton moqueur. Tu ne veux pas blablater un peu avec ton brave Julius ?

- Ca aurait été volontiers, frère, mais pas maintenant. Quelqu'un a besoin d'aide ! Il se peut que je tarde un peu à rentrer, tu m'excuseras auprès du Coutilier ? Dis-lui que je suis sur une affaire.
- Pas de souci, je lui passerai le message ! Et essaie de ramener la crapule aux cachots ! Si tu arrives les mains vides, il dira que tu as trouvé une excuse pour sécher les corvées !
- Ah ça, crois bien que je vais faire de mon mieux pour l'éviter. A plus tard !

Elle reprit sa course. Heureusement, la prostituée n'était pas partie loin. Clervie la héla :

- Madame ?
Elle se retourna :
- Oui ?

- Votre gamin, vous l'avez vu quand la dernière fois ?
- Il a l'habitude de... faire des courses pour l'épicier de la rue Larouille. Mais il a dit qu'il ne l'avait pas vu...
- Compris. Je ne vous promets rien, mais je vais voir ce que je peux faire.

Sur ce, après avoir noté mentalement la couleur des vêtements de l'enfant et ses signes particuliers, elle partit comme une flèche à travers les rues sales et puantes du goulot. Sur son passage, bien évidemment, les gens s'écartaient. Clervie n'avait plus du tout l'air d'une jeune femme en détresse, maintenant qu'elle avait dépassé un an dans la milice. Au contraire, il émanait d'elle, plus que jamais, une aura de dangerosité. A défaut du respect, elle savait exactement comme susciter la crainte chez autrui, désormais.
Dame Corbac, le bras vengeur de Rikni. Voilà qui elle était réellement. Elle l'avait maintenant compris et assumé. Si un fumier s'amusait à enlever de pauvres enfants dans les rues, bas-fonds ou pas, elle lui ferait payer ses crimes.
Alors qu'elle avançait au milieu des flaques de pisse et des bâtisses aux toitures cabossées et abîmées, défiant du regard les gueux qui l'épiaient par des semblants de fenêtres couverts de tentures en lambeaux, elle se heurta à... une armure de fer.


- Oh, veuillez m'excuser Monsieur, dit-elle poliment.

Que pouvait bien faire un chevalier dans un endroit comme celui-là ? Certes, on n'était plus très loin de Bourg-Levant, mais tout de même... Elle décida d'en profiter à tout hasard pour lui demander un renseignement sur le petit disparu. On ne savait jamais :


- Par hasard, auriez-vous aperçu un petit gamin blondinet, neuf printemps, avec un foulard rouge autour du cou, une chemisette blanche trop courte pour lui et un pantalon brun ?
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptySam 21 Mai 2022 - 18:32
La force du coup qui lui était portée fut telle qu'Hector sentit ses gencives se fendre sous l'impact et ses dents se déchausser. La commotion le laissait pantelant, l'impact d'une violence inouïe émettant un sifflement strident dans ses tympans malmenés alors que, désorienté, le Chevalier tombait lourdement à genoux. Les phalanges s'étaient écrasées sous sa mâchoire, manquant de disloquer la mandibule, à l'instant précis où il avait franchi la porte de l'établissement. Et déjà, sa respiration sifflante remplaçait le battement frénétique de son coeur, se propageant dans son crâne comme une mélopée étiolant sa sanité. Spontanément, une fureur vertueuse, un coulée d'acier, remplaçait le sang dans ses veines, à mesure que le surnommé Sans-Visage portait une dextre tremblante à sa lèvre fendue. Deux bras le saisissaient de chaque côté, le redressant juste assez pour accueillir un nouveau coup de butoir, au niveau de son oeil zygomatique, cette fois. Son champ de vision rendu flou à mesure que la réaction métabolique faisait enfler son arcade sourcilière, il lui semblait bien que son oeil droit n'ait été crevé. Sa dextre était méticuleusement maintenue hors de portée de la garde de sa lame, alors que cette fois, c'était une botte qui s'écrasait sur son faciès hideux, lui brisant le nez. Malgré ses traits alors juvéniles, le Pénitent subissait le passage à tabac sans broncher, feignant parfois l'inconscience entre deux brutales beignes. Sa salive se mêlait au sang des dents déchaussées, traçant un irrégulier flot jusqu'au sol entre ses genoux écartés, la visquosité de l'alliage évoquant un métronome qui glisserait de bas en haut. Vint l'inévitable pied qui lui fracassait les parties génitales, arrachant un couinement indigne au fidèle de la Tempête, qu'enfin, on libérait, lui offrant tout le loisir de s'effondrer dans son urine et son propre sang. Ses iris orageux s'écarquillaient, harponnant les dos exposés tandis que ses bourreaux lui tournaient le dos.

Raclure de sang-bleu.

Ces jeunes nobliards disparaîtraient malencontreusement dans un incident de chasse, emportés par un glissement de terrain, sous l'indifférence glaçante de celui qui écoperait du titre de Sans-Visage.

***

Le léger choc contre son dos tapissé des armoiries détrempées des de Raison fut l'élément déclencheur permettant à la conscience d'Hector de crever la surface de sa léthargie. Émergeant enfin, arraché à sa sinistre vision d'une époque qui se voulait révolue, sa dextre fondait instinctivement sur le manche enlacé de cuir de la lame courte suspendue à son ceinturon, fulgurant dans son exécution, à mesure que la décharge neuronale se propageait dans son système nerveux. Une brutale vague d'hostilité remplaçait le vide archaïque, glacial, qui enveloppait d'ordinaire le Pénitent, dévoilant le chaos démesuré qu'abritait son enveloppe charnelle, dévoilant une tempête de frénésie, d'acier, de souffrance et de sang. La voix cristalline et polie le figea néanmoins dans son mouvement, à mesure qu'il amorçait un mouvement pour faire volte-face. Ses appuis, déplacés imperceptiblement pour lui permettre de tracer un arc-de-cercle meurtrier aussitôt son épée dégainée, retrouvèrent une lourdeur factice, davantage appropriée à celle qu'on attendrait d'un homme ainsi carapaçonné.

Engoncé dans un épais carcan d'acier labouré de profonds sillons qui n'étaient pas sans évoquer les griffes de la Fange, une certaine crasse mouchetée de sang maculait le fer jadis sans doute immaculé et entretenu. Les renforts de cuir partageaient cet aspect négligé, jusqu'à son gorgerin, sans fioriture. L'individu puait d'une froide efficacité, une expertise martiale qu'il estropiait quotidiennement pour user d'un subterfuge essentiel à la survie humaine : la surprise. La dextre quittait la garde de son instrument de tuerie, alors qu'il inclinait doucement du chef pour saluer son interlocutrice fortuite - chef sur lequel était vissé un ventaille surmonté d'un inepte ornement évoquant un quelconque laurier. Dans l'obscurité artificielle générée par la protection apparaissaient deux perles ophidiennes, saphirs céruléens incrustés dans les cavités oculaires de son crâne comme autant de gemmes maudites, imbues d'une tension électrique autant que d'un froid jugement.

A ceci près que, contrairement à son habitude jusqu'à récemment, Clervie n'était pas jaugée en sa qualité de femme, mais bien de menace. Toisée méthodiquement jusque dans son accoutrement, son port de tête et la droiture de son dos, disséquant jusqu'à l'expression qu'on lui présentait afin d'évaluer les risques qu'un coutelas jaillisse pour s'enfoncer dans son foie. La cape en lambeaux dans son dos, qui frôlait le sol, avait bruni, exposée à la fureur des intempéries et des orages qu'il affectionnait tant, devenant ainsi un simulacre de plumage malade, transformant l'homme d'acier en sinistre rapace, oiseau de proie cloué au sol et banni des cieux qui l'avaient vu régner. Le bouclier harnaché à son bras gauche était parcouru des mêmes lacérations qui avaient endommagé le reste de son équipement, puant l'escarmouche avec les abominations d'au-delà des murs. L'animosité qui avait empli ses environs comme une tension électrique se résorbait avec une facilité déconcertante, à mesure qu'Hector prêtait l'oreille aux dires de l'intervenante l'ayant arraché à son cauchemar éveillé. A son insu, il était resté planté là, au milieu du chemin, scrutant le ciel au-dessus de sa tête en espérant qu'un orage ne les frappe, qu'à nouveau l'étreinte réprouvée de Rikni ne le ravisse. Enfin, il faisait la connexion. Une jeune femme visiblement apte, armée, à la recherche d'un enfant. Il s'agissait possiblement d'une tentative de le traîner dans une ruelle pour le détrousser - peu probable, à moins d'appartenir à un groupe plus large, un homme d'armes étant probablement le dernier des choix en matière de victime -, ou d'une milicienne sincèrement en quête d'un enfant égaré. Dans les deux cas, la situation lui conviendrait. L'un s'achèverait dans un bain de sang pour déraciner l'apostasie hérétique que voyait naître cette cité indolente, le second lui vaudrait de quérir les faveurs de son adorée. Ainsi, après avoir observé quelques secondes de silence de trop, prostré dans un mutisme quasiment instinctif à ce stade, trahissant néanmoins son inaptitude sociale de manière flagrante, il répliquait, quasi-solennel, d'une voix rauque amplifiée par son casque.

« Je crains que non. Milicienne, si je ne m'abuse ? Si vous le tolérez, j'apprécierai de vous épauler dans votre recherche. »

Car, à défaut de massacrer l'impie qui rôdait au-delà des murs, purifier Marbrume des cancrelats qui transgressaient les commandements inviolables de la Trinité en kidnappant pareille marmaille serait bien plus bénéfique que phaser au milieu d'une rue victime d'une démence qui lorgnait sur sa psychée à chaque instant.
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyDim 22 Mai 2022 - 10:02
Clervie esquissa un léger sourire. Décidémment, maintenant, elle en était convaincue, elle n'avait plus rien d'une femme fragile. C'était bien la première fois depuis longtemps qu'au lieu de se moquer d'elle, un homme lui proposait assistance dans une de ses missions !

- Par ma foi, votre lame est la bienvenue, chevalier, déclara-t-elle. Je m'appelle Claire Corbac. Et oui, je suis en effet milicienne et sur une affaire. De ce que j'ai cru comprendre, c'est le troisième gamin qui disparaît dans le quartier. En gros, ça peut être l'oeuvre d'un fou tout seul, mais ça pourrait aussi être l'oeuvre d'une bande organisée qui fournit peut-être des sectaires en sacrifices humains ou des victimes à des malades. Tout est possible. On ne sera pas trop de deux s'ils sont plusieurs. Il pourrait y avoir de la bagarre. On m'a signalé que le moutard faisait souvent des courses pour un épicier du coin nommé Aycelin. On pourrait aller voir s'il n'a rien remarqué de suspect.

Les deux adultes s'avancèrent alors dans une ruelle adjacente, qui était un peu plus propre que les précédentes. Là, ils trouvèrent effectivement la boutique du fameux Aycelin. C'était un peu plus grand et moins sale que les échoppes habituels. Il vendait des produits de première nécessité, mais il ne lui en restait visiblement plus beaucoup ; trois fromages, deux sacs de topinambours, quatre sacs de légumes secs et une demi-poitrine de porc fumée suspendue au plafond rappelait que la nourriture restait rare à Marbrume, en particulier dans les bas-quartier, malgré que la famine fût derrière les habitants de la cité. Deux pains de savon noir et quelques pots de clous de girofles et autres racines à mâcher pour l'hygiène des dents occupaient l'étalage consacré à la droguerie. Le brave bougre était un homme d'environ trente-cinq ans aux cheveux poivre et sel souffrant manifestation de malnutrition, comme beaucoup de gens de la cité. Sa chemise paraissait en effet un peu grande pour lui, ce qui laissait à penser qu'il avait eu plus de chair sur les os fut une époque.

- B'jour M'dame et Messire, salua-t-il respectueusement en inclinant la tête vers le chevalier sans visage. Qu'peut-on pour vot'service ?
- Nous sommes ici à propos d'Alcyne, monsieur. Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
- Avant-hier, M'dame, répondit l'homme aussitôt. Il est en effet pas v'nu travailler hier. Un brave gosse. J'ai tout de suite prévenu sa mère. Nous craignons qu'y lui soit p'têt arrivé quelqu'chose, M'dame.
[color=#0066ff]- Il est bien vrai que ce n'est pas le premier enfant qui disparaît du quartier en peu de jours ? demanda Clervie.
- C'est le troisième, ouais. Les gens commencent à penser que y a un malade derrière ça. J'regrette de pas pouvoir vous aider plus que ça.
- Nous savons qu'Alcyne effectuait souvent des courses pour vous. Où emmenait-il les marchandises que vous lui confiiez ?
- Il acheminait très souvent des denrées du port... Attendez... vous pensez qu'il aurait été enlevé sur le chemin ???
Clervie sentit une certaine sueur froide couler dans son dos. La piste du trafic d'esclaves ou de jouets pour certains déviants devenait plus que probable avec cette information. Rien que d'y penser, elle en était malade.
- C'est une possibilité. Nous allons refaire ce trajet.

Les deux compères se mirent alors en route. Soudain, en balayant le sol du regard, Clervie aperçut un lambeau de tissu crasseux entre deux pavés. Elle le ramassa vivement :


- Par les Trois, chevalier, regardez ça ! C'est un foulard rouge ! Le gosse a bel et bien été enlevé ici !

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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyDim 22 Mai 2022 - 20:43
Difficile de saisir ce qui réjouissait tant la brune, son expression faciale se modifiant drastiquement dès lors qu'elle avait appréhendé la proposition de son interlocuteur. Ses iris orageux remarquaient pour la première fois les traits juvéniles du visage qui était exposé - en proportion avec les siens, et non pas au standard d'une époque où les moeurs étaient plus que discutables. Face au sourire impromptu, le Chevalier amorçait un semblant de révérence respectueuse, spartiate, en accord avec son apparence austère, quoi que rigide, en raison de son armement. Le réflexe était spontané, en dépit de leur différence de statut, guère habitué à interagir avec qui que ce soit qui n'attendait pas une docilité absolue de sa part, n'exposant qu'une étiquette bancale et sa discipline de fer. L'exposition dont elle lui faisait part était cohérente, solidement structurée, confirmant à Hector que son interlocutrice n'était pas la première venue, son assurance sous-jacente et sa présence d'esprit lui témoignant d'une certaine expérience.

Elle arborait des traits communs avec la divinité qu'ils vénéraient tous les deux, adoucissant sans nul doute sensiblement le comportement brusque et jugé inadapté aux sangs-bleus qui subissaient les menaces dissimulées de son verbe, coutelas sous une chute de satin. Sans répliquer, l'Apôtre emboîtait le pas à sa comparse d'infortune, considérant qu'elle n'avait guère besoin d'une validation masculine pour s'affirmer du bien-fondé de sa marche à suivre. Ainsi, le taciturne rapace métallique arpentait les ruelles, se gardant bien de rendre vocale la justice expéditive et sanglante qui attendait sectateurs et trafiquants sans distinction. Si ce n'était, peut-être, une torture purificatrice pour l'impie vénérant une entité blasphématoire qui pâlissait sous le ciel incarnant le domaine de son adorée. Orage fulminant réduit au silence sur les talons de Claire Corbac, n'ayant pas eu la lucidité de se présenter malgré la politesse commune que cela impliquait - non pas par suffisance mais simplement par manque d'intellect flagrant -, il lâchait néanmoins, alors qu'ils pénétraient dans l'épicerie, avec l'absence d'attribut social qui évoquerait sans nul doute un handicap.

« Hector Dartigau. »

Était-il utile de se préciser en croisade pénitente ? Protecteur de ce qu'il restait de la Baronnie de Raison ? Tant de mystères qui lui échappaient, la complexité de l'espèce humaine éclipsant la simplicité des armes et de la violence à laquelle il était si prompt. Découvrant la scène encadrant l'interrogatoire de l'épicier, Hector arpentait la boutique, adressant un signe de tête austère en guise de salutations à Aycelin, promenant un index ganté de cuir moucheté de sang sur les rares traces de poussière subsistant dans les étales vidées par la famine, réprimant un soupir de frustration. Reconquérir les terres devenait vital. Restait à trouver suffisamment de volontaires... et un mode opératoire approprié au massacre des Fangeux, abominations apostates conjurées par Rikni pour tester une humanité déclinante. Pour l'heure, retrouver l'enfant en vie devait être la seule chose hantant ses pensées, aussi, le Chevalier se reconcentrait sur l'investigatrice à la crinière d'ébène. "Corbac". Ironique, compte tenu de sa chevelure qui n'était pas sans évoquer un plumage d'obscurité.

Le trajet jusqu'au port devenait leur principale piste. Saluant d'une sénestre harnachée au bouclier l'épicier, le Chevalier hâtait le pas dans le sillage de Claire, ses iris orageux scannant les diverses ruelles où aurait pu être happé le pauvre marmot. Il n'était halté que par l'exclamation de son alliée, se flagellant mentalement de ne pas avoir repéré l'indice autant qu'il félicitait silencieusement sa voisine. La précipitation était proche cousine de la hâte vertueuse qui animait le duo, ainsi, malgré l'urgence, le Pénitent cherchait du regard la moindre trace de lutte. La piste lui semblait froide, vu l'état du foulard, et si le temps était un luxe qui ne leur appartenait pas, manquer un signe vital à leur enquête pourrait bien coûter la vie d'un enfant innocent et probable fidèle de la Trinité. Impuissant, l'Apôtre vociférait, en proie à un investissement, une frustration auto-destructrice, surprenant.

« Qu'est-ce que vous suggérez, Claire ? »

Enfin, c'était sans compter sur le fait qu'il se tienne à seulement quelques pas d'un ongle arraché et d'une légère trace de sang, trahissant -subtilement- le fait que quelqu'un ait été traîné sur plusieurs mètres pour rejoindre une ruelle qui elle-même débouchait sur une volée de marches menant aux égoûts, le tout si proche du foulard retrouvé par la lucide Claire.




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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyMar 24 Mai 2022 - 11:09
Clervie continua son inspection et remarqua une petite trace de sang près d'un ongle arraché qui allait droit vers une ruelle. Elle pointa tout cela du doigt :

- Je crois que nous avons de la chance. Le moutard n'est pas passé loin. Allons voir dans cette fameuse ruelle.

Elle porta la main au pommeau de son épée, jeta un coup d'oeil à son taciturne interlocuteur :

- Soyons prudent. S'ils sont plusieurs et encore dans le coin, il y a de bonnes chances qu'on tombe dans une embuscade. Mais par Rikni, si l'enfant est vivant, je ne les laisserai pas plus longtemps lui faire du mal !

Ainsi plongea-t-elle dans la ruelle, son interlocuteur sur les talons. Et là, elle ne retint pas un juron :

- Que les Trois m'emportent ! Une entrée d'égoût ! Ce sont à tout parier des sectaires qui ont enlevé cet enfant !

Elle n'était franchement pas pressée d'y retourner ; la dernière expédition de la milice en ce sens lui avait valu des blessures aux mains et une très grande frayeur. Alors ainsi, cet enlèvement d'enfant pouvait être un coup des adorateurs de fangeux ? Ou de ces illuminés qui vénéraient Etiol ?

- Bon ! Ben quand faut y aller... Mais d'abord, assurons-nous d'avoir un renfort possible au cas où ils seraient trop nombreux pour nous. De plus, ça ne doit pas être le seul moutard kidnappé. Hé, toi, le gamin, là-bas ! Ca te dit de gagner une ou deux piécettes ?

Un petit rat des rues aux cheveux noirs et tout crasseux se trouvait en effet à quelques pas d'eux. Dés qu'il entendit Clervie le héler et le mot "piécettes", il accourut tout de suite :

- Dîtes ce que veut madame ?
- Très bien, alors écoute (elle sortit un sou de sa poche, heureusement que contrairement à bon nombre de ses camarades conscrits, elle ne claquait pas sa solde aux cartes ou à la boisson...). Il faut aller jusqu'au quartier de la milice trouver le milicien Julius. Il fait la ronde à moins de sept-cent pas d'ici. Dis-lui que c'est la Corbac qui t'envoie. Qu'il demande au coutillier une poignée de gus et qu'il nous retrouve à cette entrée d'égoût. Quand tu reviendras, je te donnerai encore cinq sous. Correct ?
- Correct, répondit le gamin aussitôt. Aller jusqu'au quartier de la milice sur le chemin de ronde et dire au milicien Julius de demander au coutillier des renforts pour ici. J'y vais !
- Oui, fais vite.

Le gamin paraissait avoir l'esprit vif. Sans plus d'hésitation, elle se dirigea vers l'entrée :

- Allons-y maintenant, chevalier, et que les Trois nous gardent !
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyJeu 26 Mai 2022 - 9:43
Rapidement, Claire rattrapait le manque de vigilance de son comparse mentalement limité, et sans même contester la possibilité qu'il puisse s'agir d'une coïncidence, le Sans-Visage emboitait le pas, étrangement mobile compte tenu de son armement et du carapaçon nervuré de lacérations qu'il transportait avec lui. Sa cape en funeste étendard dans son sillage, le Chevalier se félicita d'avoir privilégié une lame courte en cas d'escarmouche en milieu confiné. La boucherie du combat rapproché lui convenait d'autant plus, pour peu que son instrument de tuerie soit approprié. A peine se dévoilait l'entrée de la bouche d'égoût que le Pénitent grondait comme un orage à l'horizon, faisant rapidement le rapprochement entre les canaux putrides et les adorateurs impies qui régnaient sur leur empire de matière fécale et autres joyeusetés.

Patiente, méthodique, la milicienne interpellait un enfant, échangeant brièvement avec lui pour s'assurer l'arrivée de renforts. Mais c'aurait été mal connaître le féroce scion de la Tempête qui, d'un bond, dévalait les escaliers, s'écrasant dans l'infâme canalisation en éclaboussant d'eau croupie ses environs immédiats - sa lame ayant jailli de son fourreau dans un éclair métallique. Soupesant son outil comme s'il s'agissait de leur première danse, le Chevalier psalmodiait à mi-voix une cantique de haine à l'adresse de l'apostasie qui serait arrachée à son moule corrupteur, se promettant d'exterminer la vermine jusqu'à son nid. Ses iris orageux exsudaient désormais d'une froide cruauté, sa sinistre détermination le menant à patauger en direction des profondeurs de Marbrume alors que, rapidement, le Corbeau le rattrapait probablement avec aisance, interrompant sa sinistre litanie distordue.

« Leurs cadavres auront le mérite de déjà être à leur place ; parmi les déjections de la cité. »

La hargne qui martelait chacun des mots articulés trahissait un profond mépris des âmes égarées ayant réprouvé la sainte Trinité. Bras armé de sa Sainte, le Chevalier progressait sans considération pour les signaux olfactifs qui auraient arraché un haut le coeur aux plus endurcis, ni pour l'eau putride sous laquelle il broyait et écrasait sans distinction les restes indescriptibles de parasites et autres charognards. Éternellement vigilant, scrutant l'obscurité naissante et dissipée uniquement par que de rares grilles donnant sur les artères principales de la ville, le colosse s'enfonçait dans un mutisme contrit, le battement de son coeur malmenant ses tympans à mesure que l'adrénaline, l'excitation liée à l'approche du combat, se diffusait dans ses veines. Le binôme franchissait diverses herses relevées qui, par un mécanisme rouillé, antique, et probablement inutilisé depuis une éternité, aurait pu les enfermer dans diverses sections des canalisations, à moins qu'ils ne se contorsionnent dans la canalisation épargnée, baignant dans les déjections et carcasses rongées par la nécrose. Les murs suintaient d'une humidité sale, qui semblait imbiber leurs vêtements et le cuir de Dartigau qui ne semblait guère se sentir concerné par la future tâche qui lui incomberait de nettoyer son armement. Au contraire, même, il trempait régulièrement son épée dans les amalgames les plus répugnants qui constellaient leurs progressions.

Si l'un de ses terribles coups ne suffisait pas à pourfendre sa victime, la maladie le ferait pour lui. Une logique froide et implacable, aux antipodes avec les mythes de Chevalier - Hector apparaissait sur l'instant davantage comme un tueur zélé et terre-à-terre, pour peu que l'on fasse abstraction de ses presque-muettes suppliques adressées à la Tempête. A mesure qu'ils s'enfonçaient dans les entrailles putréfiées d'une cité indolente, le décor uni faisait rapidement perdre ses repères au colosse d'acier qui reniflait de manière sonore, jetant un regard par-dessus son épaule à l'adresse de sa comparse de mésaventure. Avait-elle aperçu quoi que ce soit dans ce bâtard labyrinthe pour les orienter ?



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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyJeu 26 Mai 2022 - 18:04
Le dédale des égoûts empestait, mais Clervie n'en avait cure. Des enfants étaient probablement en danger. Elle devait absolument agir. Un rat sauta sur ses pieds, elle n'y prêta même pas attention. Ils franchir une herse à moitié baissée, se perdirent dans un autre dédale. Clervie se dit à un moment qu'elle était un peu idiote ; rien n'indiquait que leur cible était partie en ligne droite.
Jusqu'au moment où un hurlement déchira le silence.

- Par les Trois, ils vont le tuer ! Ca venait d'à droite !!!

Elle avait tiré son épée, parée à toute éventualité. D'autres cris retentirent, plus distincts cette fois-ci :

- Au secours ! Au secours, au secours !!!

La jeune femme avait eu raison sur un point : ce n'était pas un enfant mais plusieurs qui criaient ainsi. Le binôme courut donc vers l'origine des hurlements. A un moment, ils se trouvèrent face à un cul-de-sac, le mur sale et humide sonnant plein lorsqu'on tapait dessus.

- Les cris venaient pourtant bien de par-là... Qu'est-ce qu'on a manqué ?
- Aidez-nous, s'il vous plaît ! hurla encore une voix.

Clervie comprit enfin d'où provenaient les sons ; plus loin, dissimulée par l'arc d'un pillier, il y avait une petite grille au sol. Elle se mit à quatre pattes et vit alors cinq ou six enfants, terrorisés.

- Par les Trois, mes pauvres petits ! Mais qui vous a fait une chose pareille ?
- Un Monsieur avec un masque tout vert ! Il a dit que nous étions des "élus"...
- Des "élus" ?
Clervie remarqua un détail supplémentaire qui lui fit plaquer une main devant la bouche :
- Tous des petits garçons ! Hector, on a affaire à une branche d'adorateurs d'Etiol !

N'écoutant que son courage, la milicienne empoigna la grille pour essayer de l'arracher. Mais c'est qu'elle résistait, cette saleté ! Ses tentatives ne réussirent qu'à lui meurtrir les mains, mais elle crut néanmoins entendre un cliquetis lui indiquant qu'elle pourrait céder.

- Hector, aidez-moi ! Un, deux... TROIS !
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyVen 27 Mai 2022 - 11:31
Claire guidait la mort sur ses talons à la manière d'une cheffe d'orchestre, l'amalgame de plates et de tissus en lambeaux s'assombrissant à chaque seconde qui passait. Ses litanies gagnaient en ferveur, ses prirères inspirées sous un souffle rocailleux se voulant psalmodie secrète et zélée. Hector se déshumanisait en conjurant les faveurs de sa Divine, exsudant d'une présence sordide, incrustée de la malveillance humaine. Du Chevalier ne subsistait qu'un carapaçon nervuré de lacérations, son instrument de tuerie fusionnant avec la prise devenue étau autant de son manche de cuir. A l'abri de son gant de cuir, les articulations blanchissaient sous la pression qui était appliquée, réprimant un élan assassin qui l'implorait d'enfouir l'acier de son arme dans le dos exposé du Corbeau. Corbeau qui incarnait le funeste présage, héraut de sa venue, permettant à Dartigau de retrouver pied dans sa psychose, se réceptionnant dans sa chute aux fines lamelles de réalité qui filtraient encore au travers de son subconscient atrophié.

Docilement, le bras porteur du bouclier accompagnait Claire, une unique traction simultanée et coordonnée par la voix de la brune suffisant à faire céder la grille. Triomphe apaisant, une lueur d'espoir dans les iris des enfants qui mourait aussitôt, leur visage se décomposant. A la limite périphérique de sa vision. Les saphirs céruléens du Pénitent roulèrent dans leurs orbites, et son hostilité explosa comme un mantelet de brutalité, engloutissant sa silhouette.

Chuintement sonore.
Arc de lumière vif de mort pourpre.

Ciel et terre s'inversèrent pour le sectateur armé d'un coutelas dressé en direction des sauveteurs, alors qu'il contemplait, impuissant, son corps délesté de son crâne, ce dernier virevoltant dans un spirale sanguine avant de disparaître dans les flots croupis. Sa lame ensanglantée dans une main, l'autre se raffermissait sur la grille extraites de ses fondations, l'arrachant d'un mouvement brusque à la prise peut-être toujours présente de la milicienne. Les silhouettes se multipliaient, surgissant du néant impie qui avait vu naître leurs existences infâmes, maudissant les matriarches putrides ayant toléré la survie de leurs ignobles rejetons à apparence humaine, et spontanément, imbu d'une force physique effrayante, le Sans-Visage projetait l'amalgame d'acier subtilisé à sa voisine en direction d'un groupe d'assaillants.

Ils s'y soustrayaient sans difficulté, les psaumes surnaturels dédiés à leur occulte déité reprenant en ferveur, à mesure que leur attention se rabattait sur colosse à l'armure rapiécée. Battement de coeur.

Où était-il ?

Claquement de cape. Décharge neuronale. En un souffle, Hector était sur eux, se mouvant avec une célérité foudroyante, compte tenu de son armement. Preste sur ses appuis, il avait brisé la distance réduite par le confinement du lieu, sa vélocité contrastant affreusement avec son air quasi statique permanent. Inexorablement, vint la mêlée. La boucherie du combat rapproché. Un ouragan d'acier et de sang s'abattit sur les serviteurs d'Etiol, déviant, bloquant et répliquant avec une frénésie guerrière le prostrant dans un mutisme dérangeant.

Il ne parlait pas à son alliée. Il ne vociférait pas à l'adresse de ses ennemis. Il n'offrait même pas un regard à ses victimes.

Et il y avait quelque chose d'intimidant, dans ce silence assourdissant.

La violence excessive dont il faisait preuve, assénant coup de bouclier avec la même brutalité que son poing ornant la garde n'éclatait d'os zygomatiques, était transcendante. L'intensité dans ses assauts consécutifs à mesure que sa respiration accélérait, les craquements sonores ponctuant chacun des impacts... S'il n'y avait aucune noblesse, aucune vaillance bienveillante qu'on attribuait d'ordinaire tant aux chevaliers, Hector apparaissait comme un tueur terriblement efficace. En perpétuel mouvement, conservant son équilibre en dépit du terrain détrempé et traître, sa vision périphérique l'alertant à chaque instant des menaces extérieures au beau milieu du chaos qu'il semblait désireux de concentrer sur lui. Une hégémonie qui fleurissait dans le carnage. Un coup de gourdin l'atteignait au sommet de son ventaille - et la commotion n'était pas suffisante pour le faire ne serait-ce que fléchir. Pire, encore, une riposte viscérale éventrait son assaillant alors que le groupe de six individus perdait du terrain, contrainte de se protéger d'un vindicateur psychotique carapaçonné qui n'inspirait qu'une épouvante animale, un abyssal désir d'annihilation, sans doute mué par une pulsion auto-destructrice accablante. L'Apôtre transpirait d'une tension électrique, un sentiment d'imminent danger suffocant.

La prise de conscience les heurta comme un mur de son. En attirant le duo dans les égoûts, pensant que l'environnement jouerait à leur avantage...

Ils s'étaient aventurés sur le terrain de chasse de monstres pire encore que celui qu'ils s'évertuaient à vénérer.

La première carcasse éviscérée s'effondrait, tandis qu'un revers de bouclier éjectait un second rebondir contre le mur détrempé. Sa lame chassait une éventuelle rescousse, tandis que son poing ganté s'écrasait comme un coup de butoir sur son oreille, imprimant la marque des quatre phalanges dans son cartilage. Une chute pour ce second sectateur qui, désorienté, peinait à se redresser. Et sans même ralentir dans son élan assassin, le Chevalier lui broyait la nuque sous un croquenot cranté, usant de tout son poids pour faire céder les vertèbres alors qu'il enjambait la carcasse, poursuivant les adversaires qui pâlissaient face au courroux de la Victorieuse. Le quatuor survivant se repliait jusqu'à l'intersection précédant l'impasse dans laquelle le binôme s'était enfoncé, Hector et sa largeur trapue obstruant la canalisation pour espérer atteindre le Corbeau et les cinq marmots secourus.

Enfin, c'était sans compter sur l'agilité contre-nature de la dernière des Sombrelunes.


Dernière édition par Hector Dartigau le Sam 28 Mai 2022 - 9:10, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyVen 27 Mai 2022 - 17:32
- TROIS !

La grille céda brusquement, lorsque le vaillant Hector Dartigaut l'arracha d'une main, terminant le travail si laborieusement entamée par Clervie. Ce gargantua couvert de métal en avait à peine fini avec cette tâche, qu'il se ruait vers les criminels responsables de cet enlèvement, leur jetant la grille arrachée dessus. Les marmots sortirent de leur prison, en panique, Clervie les calma d'une parole :

- Tout va bien les enfants ! On va vous ramener chez vous. Restez derrière moi !

Voyant arriver les sectaires, la jeune femme se plaça instinctivement devant les jeunes âmes innocentes, décidée à les protéger de son corps alors qu'elle dégainait son épée d'un geste devenu famillier. Elle eut un léger hoquet de dégoût alors qu'elle voyait le chevalier décapiter sauvagement l'un des bigots d'Etiol, visiblement pris de la fièvre du combat, la tête de ce dernier roulant au sol juste à côté d'elle, l'aspergeant d'une pluie visqueuse. Mais Rikni avait également donné son baiser à Clervie et lorsqu'elle vit arriver de nouveaux adversaires, elle était parée à l'attaque. L'un d'eux venait de réussir à contourner les colosses pour se ruer vers elle, dague en main, pensant visiblement faire d'elle une proie plus facile.
Mais en un an d'entraînement dans la milice, la jeune femme avait tout de même retenu plusieurs bonnes leçons. Aussi en tira-t-elle profit.
Le sectaire leva son bras et frappa. Clervie évita habilement l'attaque, avant de lui enfoncer sa lame entre les côtes. Mais elle n'eut pas le temps de vérifier s'il était bien mort, car son compagnon, armé d'un gourdin, se ruait à son tour sur elle. Elle para juste à temps le coup qui lui aurait fracassé le crâne, mais son épée vola quelques pas plus loin. Elle lâcha un juron alors que le pied de son adversaire volait vers son flanc, la bousculant violemment en arrière. Elle chuta sur les fesses, l'homme abattit de nouveau l'objet contondant, juste à côté de sa tête qu'elle avait tourné juste à temps ; une peur violente nouait son estomac, elle recula vivement, essayant de se redresser.
- Petite chienne !
Il s'approcha de nouveau vivement, mais cette fois, la jeune femme était préparée et elle lui projeta ses deux jambes droit dans le tibia gauche. L'homme perdit l'équilibre ; elle n'attendit pas qu'il se relève et se jeta sur lui, son stylet qu'elle portait toujours dans son corsage en main.
Le porc avait le cou plus épais que celui d'un taureau et il beugla comme une bête lorsque Clervie lui enfonça cette petite lame salvatrice dans la trachée, éclaboussant le sol crasseux d'un jet de fluide écarlate ; elle frappa, encore, encore, encore et encore, jusqu'à ce qu'il s'écroule dans un gargouillis, une véritable rivière pourpre s'écoulant à flots de lui. Pendant ce temps, Hector avait fait un massacre, décapitant, démembrant tout ce qu'il pouvait, ne laissant qu'un autre survivant ayant réussi à échapper à son attention. Clervie bondit sur son épée et la ramassa, prête à recevoir l'infâme et étouffa un gémissement de frayeur ; lui aussi, avait une épée courte. Un fumier de milicien se cachait peut-être sous ce masque, avec peut-être une plus grande expérience de combat.
Quoiqu'il en fut, elle ne pouvait pas reculer. Sa lame vint bloquer celle de son adversaire, mais il avait frappé avec une telle force qu'elle eut l'impression qu'il allait lui démettre le bras. Par Rikni ! Comment allait-elle faire !
Il enchaînait à présent les coups, frappant comme un démon, semblant décidée à tuer la jeune femme. Clervie enchaînait parades et esquives, ne pouvant compter sur son agilité durement gagner pour un temps soit peu gagner du temps et espérer qu'Hector vienne à son aide. Mais celui-ci était visiblement occupé à massacrer d'autres représentants de la cellule. Implorant Rikni, Clervie recula brusquement, se mettant provisoirement hors de portée de la lame ennemie ; l'instant suivant, au lieu de chercher à atteindre son adversaire avec son épée toujours en garde, elle feinta et parvint à lui planter son stylet entre deux côtes.
L'homme s'écroula en crachant une bave ensanglanté. Près d'Hector, il y avait un dernier sectaire qui était parvenu à défier sa garde ; Clervie vit du coin de l'oeil qu'il lançait quelque chose dans sa direction...
Une explosion de douleur lui secoua les sinus et le haut du front, le monde se brouilla en une vision vermillon. La jeune femme bascula en arrière et tout devint noir.

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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyLun 30 Mai 2022 - 10:03
Il n'y avait aucun solace, aucune accalmie dans le déferlement de la Tempête. Les assauts meurtriers consécutifs ne laissaient pas un instant de répit aux hérétiques qui peinaient à se soustraire à la frénésie du Chevalier, l'espace clos facilitant sa funeste besogne à mesure que l'épée courte traçait ses arcs de lumière meurtriers. Accablés par le féroce Dartigau, dont les coups étaient tels que les parades risquées, armés de coutelas ou de gourdins, faisaient grincer les ligaments et les os avec la même aisance déconcertante. La garde d'une dague cédait, et deux doigts étaient arrachés à leur main, l'instrument de tuerie d'Hector devenu un scalpel d'une précision chirurgicale, lacérant et labourant méthodiquement les opposants qui, malgré son souffle accéléré, sifflant, vraisemblablement épuisé, semblaient incapables de trouver une ouverture. Lorsqu'ils parvenaient à se prévenir de l'arme du Chevalier, c'était un revers de pavois, un coup de botte ou de poing ganté qui les défigurait et brutalisait leurs appuis. La férocité dégénérée qui l'animait ne semblait jamais tarir, les apostats simples réceptables, exutoires d'un courroux trop longtemps contenu.

Le Sans-Visage déversait toute sa haine, sa rancoeur et sa culpabilité d'être encore en vie sur la vermine, sans jamais les sommer de capituler ou de se rendre. Il les décimait froidement, comme un paysan besognerait ses terres, mutilant les éphémères pousses corrompues à la racine, privées de la salvation qu'apporte la Trinité. A défaut des aiguillons glacés qui accompagnaient éternellement les orages, la pluie de métal et d'os qui s'abattait sur les survivants était telle que l'un d'eux envisagea de tourner les talons - attirant immédiatement les sinistres saphirs céruléens sur son échine tordue par la couardise. Renversant d'un sévère revers de bouclier son assaillant le plus proche - ou, était-il devenu l'assaillant, au vu du revirement de situation ? -, Hector poursuivait le fuyard, quelques puissantes foulées suffisant pour avaler la distance et le saisir par le col de sa toge, son pied opposé à l'appui s'écrasant derrière un de ses genoux pour l'éjecter sur les rotules. Sans quelconque forme d'hésitation, sa sénestre remontait jusqu'à la nuque de l'homme masqué qu'il forçait à pivoter face à ses congénères - lui ouvrant la gorge de la manière la plus graphique qu'il soit. Rejetant la carcasse qui se débattait faiblement dans l'eau croupie, Dartigau chargeait de plus belle, bien décidé à massacrer les deux assaillants restants.

Deux ?
L'un d'entre eux s'était emparé d'un pavé, pivotant vers Clervie aux prises avec vraisemblablement leur chef, alors qu'Hector avait ouvert la chasse au fuyard. Une erreur stratégique dont il ne vit pas immédiatement les conséquences, massacrant son dernier adversaire dans un nouvel ouragan d'acier. Méthodique dans son chaos contrôlé, sa sépulcrale progression ponctuée des râles d'agonie d'un serviteur d'Etiol dont le bras était sectionné net en-dessous son coude, délivrant le malheureux du port de son arme avant de lui broyer la gorge sous la tranche de son pavois, l'envoyant s'effondrer alors que trachée et oesophage étaient obstrués, l'abandonnant à son asphyxie et son hémorragie. Pressant le pas, sa cape sur ses talons comme une éternelle compagne, l'Apôtre s'écrasait de tout son poids contre le frondeur traître, l'éjectant aisément de ses appuis avant de s'abattre semblable au sinistre rapace qu'il s'évertuait à incarner. Une rotation dans son poignet, et sa lame se pointait vers le sol alors qu'accompagnant le mouvement de son thorax, verrouillant ses articulations, il empalait le zélote du Malin, une unique torsion de l'arme encastrée dans son diaphragme suffisant à lui ôter la vie après une vaine tentative de se débattre. Et enfin, le néant.

Un sentiment d'extase singulier, une satisfaction sans borne d'avoir non seulement survécu, mais triompher, sous l'oeil attentif de sa Divine. L'angoisse et l'appréhension refluait à mesure que son désir de meurtre s'évaporait similaire à un cauchemar chassé à l'aube, tandis qu'un soupir d'aise franchissait ses lèvres distordues en un sempiternel rictus par la cicatrice l'ayant défiguré. Ses flancs se soulevaient comme des soufflets de forge, ses bras lui donnant l'impression d'atteindre leur température de fusion, les fibres musculaires menaçant de céder à chaque instant, ses articulations grinçant à chaque fois qu'elles étaient solicitées. Un funèbre rappel de sa mortalité, au même titre qu'il avait infligé une réminiscence de létalité aux carcasses gisant çà et là dans les canalisations. Enfin, au travers du brouillard de sa rage purificatrice, Dartigau prit conscience de son erreur, faisant promptement volte-face pour découvrir les cinq gamins massés autour d'une Clervie effondrée.

Pressant le pas vers eux, il les chassait par sa seule approche, s'agenouillant - en grimaçant, sous l'effort - aux côtés du Corbeau, remarquant son visage ponctionné par le pavé ensanglanté qui avait ricoché à quelques dizaines de centimètres du point d'impact. Jurant à mi-voix, le Chevalier rengainait, perché au-dessus de la milicienne à la manière d'un apparence qui attendrait qu'une victime de prédateurs ne finisse de dépérir. Il redressait la jeune femme en position assise en lui maintenant méthodiquement la nuque après avoir chassé sa crinière d'ébène, glissant son genou encore dressé sur son pied derrière elle pour lui servir de dossier - les bases médicales n'étant guère acquises à cette époque sombre. Hector avait néanmoins conscience que la déplacer dans cet état était une grossière erreur - et désormais, il ne pouvait compter que sur l'aide du gamin des rues subventionné par une Claire désormais inconsciente quant à l'arrivée de renforts. Pour constater l'ampleur du carnage devenue boucherie obscène autant que pour lui apporter les connaissances nécessaires à la survie de la brave. Pour l'heure, il ne pouvait que raffermir sa prise sur elle, dans l'espoir que l'étau sur sa nuque la ramène à la réalité, grinçant des dents.

« Faites-moi le plaisir de ne pas y rester par ma faute, aye ? »

C'était sincère autant qu'égocentrique.
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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyLun 30 Mai 2022 - 14:54
Pendant ce temps, à la surface...

Julius était inquiet.
Il avait bien évidemment reçu le message du petit raton des rues que Claire avait envoyé vers lui. Aussitôt, il avait couru avertir le coutilier Blancfer, qui, comprenant que Julius ne plaisantait pas, avait lui-même pris tous ses hommes disponibles, ce qui représentait une dizaine de gros bras. Sans hésiter, ils avaient suivi le gamin jusqu'aux égouts. Et ils avaient vite compris qu'ils étaient partis sur du lourd ; des hurlements et des bruits d'épée et de teintements de métal ne laissaient nul doute sur le fait qu'une belle bagarre s'était déclenchée.
A peine d'ailleurs furent-ils descendus que Julius fut percuté de plein fouet par un fuyard masqué qu'il reconnut immédiatement comme étant un de ces fumiers d'adeptes d'Etiol ; ni une ni deux, le milicien le jeta à terre d'un bon uppercut avant de lui lier les mains proprement :

- Coutilier Blancfer, j'crois qu'va falloir amener ce fils de pute aux cachots pour l'interrogatoire ; mais allons d'abord secourir Corbac ?
- C'est évident, répondit le Coutilier Blancfer. Cette fille a le don de s'attirer des ennuis, mais on dirait qu'elle se montre utile, pour une fois ! Si on arrive à mettre deux ou trois sectaires sur le bûcher grâce à elle, j'oublierai p'têt l'affaire de la balafre du Gros Joseph ! En avant, Messieurs !

Julius se rua en avant, l'épée au poing. Quand il parvint à l'endroit d'où provenait le bruit, cependant, tout était déjà fini. Un immense chevalier en armure, agenouillé entre les dépouilles de gens visiblement de la même organisation que le type qu'ils venaient d'appréhender, tenait contre lui une jeune femme aux cheveux noirs qu'il reconnut immédiatement. Son coeur faillit s'arrêter de battre :

- Bon sang de bordel de bon sang de foutrebois, par les tripes d'Anür, Corbac ??? Sans déconner, elle est pas morte, quand même !

Il s'approcha de la jeune femme dont le visage était désormais couvert de sang séché qui poissait également certaines mèches de sa belle chevelure couleur d'encre ;

- Corbac ??? Corbac, bons dieux de bordel de foutre, lève-toi espèce de feignasse ! Allez, c'est pas rigolo, réveille-toi, par les Trois !



« Faites-moi le plaisir de ne pas y rester par ma faute, aye ? »

Clervie entendait la voix d'Hector. dans la brume douloureuse de sa semi-consience. Puis, il y eut les hurlements de Julius, accomapagnés de ces bordées de jurons dont il avait le secret. Elle ouvrit difficilement les yeux, une horrible douleur irradiant toujours sur son front. Par les dieux, elle venait de prendre un sacré coup !

- Corbac ? Ca y'est, t'es d'retour ? Par Rikni, tu m'as bien foutu la trouille. R'garde ma main ; j'ai combien de doigts, hein ?
- Trois, répondit aussitôt Clervie, rassurant Julius, prête à sombre de nouveau dans l'inconscience. Crie pas si fort, vieux... j'ai mal à la tête !
- Ah bah ça oui, t'as mal à la tête, y a un fils de chien qui t'a balancé un caillou ! Mais t'inquiète pas, t'en mourras pas. On va t'emmener au temple qu'ils t'mettent un p'tit bandage là-dessus.
- Les enfants... Ils vont bien ?
- Ouais, ouais, ils nous ont raconté. Ils vont bien ma belle, toi et le chevalier avez fait du bon boulot ! Le petit Alcyne va r'trouver sa maman grâce à toi ! Allez, repose-toi, on fera le rapport à Blancfer.

Clervie ne demandait qu'à le croire. Déjà, elle ressombrait dans les ténèbres, épuisée.

- Elle va s'en sortir, déclara Julius à Hector en saisissant la jeune femme dans ses gros bras pour la porter. J'la conduis au temple. Dîtes, chevalier, les gamins ont décrit leur ravisseur comme un homme au masque de jade, mais j'l'ai pas vu dans l'charnier. Il était là et il s'est enfui, ou vous ne l'avez pas du tout vu sur les lieux ?


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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyJeu 2 Juin 2022 - 14:54
Vrombissement. Une pulsion noire se propageant à la surface de sa conscience alors que de nouvelles silhouettes se multipliaient dans son dos. Sa mine défigurée se figeait dans une expression impavide, funeste détermination, à mesure que sa dextre glissait vers le manche moucheté de sang de sa lame. La vermine proliférait dans l'obscurité, après tout. Il était évident que d'autres cafards se joignent à la mêlée. Un regard vers les enfants désamorça néanmoins son élan assassin, laissant sa lame à son fourreau et se reconcentrant sur une Corbac qui semblait à l'agonie, le peu de connaissance anatomique du Chevalier lui faisant craindre le pire. Pourtant, déjà, les miliciens s'activaient autour de lui, un gaillard soulevant la brune qui ressombrait après quelques réponses suffisamment cohérentes pour rassurer Dartigau qui, suivant le mouvement, se redressait, dégoulinant autant d'eau croupie que de sang qui n'avait pas encore tout à fait sécher. Sinistre apparition, les iris orageux enfoncés dans les meurtrières de son ventaille soutenaient le regard de Julius, le jaugeant comme lors de sa première interaction avec Claire. Deux harpons de fer gelés, éviscérateurs. Mollement, pantin de viande désarticulé à mesure que l'excitation du combat quittait ses veines, Hector répliquait par la négative en secouant son crâne casqué.

« Je crains que non. »

La réponse était laconique, mesurée, à l'image du Sans-Visage qui présentait une discipline de fer malgré l'épuisement dans ses membres ayant accablés d'un déluge d'acier les apostats. Aux antipodes de la frénésie meurtrière, quasi-bestiale, de plus tôt, réprimant ses hurlements guerriers uniquement en raison du rôle que la Baronne lui avait fait endosser, de noble survivant brisé, le privant d'ainsi être le digne héraut de la Tempête qu'il choyait plus que n'importe quelle entité terrestre ayant le malheur de faire sa rencontre. L'affrontement achevé, ses litanies de haine et cantiques purificatrices s'étaient tues, implorant Rikni d'être témoin des mises à mort de l'impie se terrant dans l'indolente cité, malgré leur position souterraine. Sans considération aucune pour les carcasses brisées des adeptes d'Etiol, Hector les piétinait en amorçant de rebrousser chemin, adressant un signe de tête entendu aux enfants qui, désormais, étaient en sécurité aux mains de la milice.

Claire vivrait, et les chiards étaient saufs. Sa présence n'était désormais plus nécessaire, et à la manière du spectre qu'il incarnait, sa longue cape crasseuse dans son sillage, le Pénitent quittait la scène, bien déconnecté de la suite des événements. Sans doute chercherait-il à localiser l'hérétique à l'origine de toute cette situation ; un fidèle au masque de jade. Cependant, à l'instar de la milicienne l'ayant accompagné dans les entrailles de la ville, ses comparses ne lui inspiraient pour l'heure rien, et ainsi s'était-il prostré dans un mutisme taciturne qu'on lui attribuait d'ordinaire avec aisance, gravissant les marches menant à l'extérieur.

Après tout, faire pénitence était une entreprise solitaire.
Viendrait l'heure de la croisade où enfin ses pairs se joindraient à lui.
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector]   Que Rikni vienne en aide aux âmes égarées ! [Hector] EmptyJeu 2 Juin 2022 - 20:08
Clervie s'éveilla avec un énorme bandage sur la tête.

- Alors, ça y'est la miss, on reprend connaissance ? T'as la tête aussi dure que t'es entêtée Corbac, hein ?

Le visage sympathique de Julius était éclairé par une petite bougie. Elle savoura la douce couche sur laquelle elle se trouvait. C'était bon et chaud... Bien meilleur que le grabat de la caserne.

- La prêtresse qui t'a soignée souhaite te garder cette nuit au cas où. Apparement, ça va, t'as qu'une grosse entaille. Mais elle dit qu'on ne sait jamais, que ton crâne a pas l'air fêlé, mais des fois que tu aurais des hallucinations ou quoi...
- J'ai encore mal à la tête, avoua Clervie. Mais à part ça, j'me sens bien. J'ai même un peu faim, d'ailleurs.

Julius éclata de rire :

- Ca, c'est une bonne maladie ! J'crois que la prêtresse disait qu'elle t'apporterait du bouillon quand tu t'réveillerais. Tu veux que j'aille la prévenir ?
- Avant ça, dis-moi, vous l'avez trouvé, l'homme au masque de jade ?
- Non. Ce bâtard galeux s'est complètement envolé, Corbac. Mais j'suis pas bête, j'ai établi la zone où il faisait ses chasses. Les mômes venaient tous du goulot, mais y en avait un, sa famille habitait dans la zone nord du port, là où on fait passer les marchandises pour les sang-bleu.
- Il a fait une erreur, dit gravement Clervie. Ca signifie qu'il...
- ... pourrait être un bourgeois ou un marchand, ouais, dit Julius. C'est c'que j'me suis dit. Et c'est c'que j'ai dit à Blancfer.
- Et qu'est-ce qu'il a répondu ?

A cette question, Julius se tortilla, très gêné. Il se leva :

- J'crois qu'j'vais aller demander à la prêtresse de te donner du bou...
- Pas de ça avec moi, Julius ! répliqua Clervie, qui en oubliait son mal de tête. Crache le morceau. Qu'est-ce qu'il a dit, ce misérable cuistre ?
- Il... Il a dit qu'il v'lait pas d'emmerdes en s'occupant des affaires qui mettent potentiellement en jeu... les... les gens d'la haute. Voilà. Même s'il est content pour les mômes.
- En gros, il ne veut pas qu'on fouine.
- Voilà, t'as compris.
- Ah oui. Eh bien tu sais quoi ? Moi, je l'emmerde, Blancfer !
Elle rougit ; c'était bien la première fois qu'elle lâchait une telle grossièreté. Pour un peu, cela aurait été comique.
- Gaffe, Corbac, il l'a clairement dit, prochaine fois, ça s'ra pas l'trou, mais le bannissement d'la milice avec des coups de fouet !
- Eh bien soit, on verra, répliqua Clervie. Bon sang, Julius ! Il y a un malade là, dehors, qui kidnappe des enfants pour les faire égorger sur l'autel d'une divinité putride ! Ca pourrait être les nôtres ! Enfin, même si ni toi ni moi n'en avons...
- Je sais bien, par la foutrebois, Corbac, je sais bien ! Ca m'révolte autant qu'toi ! Blancfer est un tourne-casaque, que Rikni l'maudisse ! Mais si tu t'fais virer, tu pouras plus sauver personne ! Fourre-toi bien ça dans l'crâne avant d'faire une bêtise. Tu dois être moins bête qu'eux !
- Qu'est-ce que tu appelles "être moins bête", Julius ? demanda Clervie d'un ton plus calme.
- Déjà, je vais appeler la prêtresse, et tu vas manger ta soupe. Sans discuter, compris ?
- D'accord, répondit Clervie, résignée. Ensuite ?
- Ensuite, Landric et moi, on va aller faire un p'tit tour dans le bordel où travaille la môman du p'tit Alcyne. Les putes nous aiment bien, parce qu'on est toujours respectueux, même quand on vient solliciter leurs services, qu'on vient pas ivres morts et qu'on les brutalise pas. L'une d'elle aura p'têt vu notre type passer dans l'coin. P'têt même sans masque, si on a du pot. Un kidnappeur, il prend soin d'repérer ses cibles, c'est un peu comme un chasseur quoi. Il est sûrement v'nu, Corbac, c'est p'têt même un client régulier d'là-bas, qui sait ? Ca s'ra l'occasion d'savoir jusqu'où il pourrait avoir d'l'influence, genre si Blancfer a raison d'pisser dans ses braies ou pas. Si ça se trouve, c'est un p'tit marchand minable qu'a pas encore fait tout à fait son tour, tu sais.
- Mais si Landric et toi vous mettez à poser des questions, Blancfer va vous...
- Blancfer saura pas. Ce sont pas les filles de joie qui lui diront quoi qu'ce soit, encore moins si on leur glisse quelques piécettes en plus pour qu'elles oublient nos p'tits noms. Et quand bien même des collègues nous croiseraient là-bas, franchement, qu'est-ce qu'y vont bien pouvoir dire, hein ? Tout c'qui pourront faire, c'est s'marrer un bon coup en disant "Bah alors Julius, on en a pour son argent, j'espère !" Parce que voilà, y a rien qui nous interdit d'aller nous amuser au bordel, hein ? Et quant à aller dans c'lui-là, bah coincidence, v'la tout ! Blancfer pourra pas nous coller au pilori pour ça, on rigolerait d'lui dans toute la caserne !
- Ca se tient, reconnut Clervie, admirative de la perspicacité de son frère d'armes. Faites bien attention, je ne veux vraiment pas vous attirer des ennuis.
Le joyeux drille eut alors une expression très sérieuse, que Clervie ne lui voyait que rarement.
- Pour toi, je veux bien m'en attirer tous les jours, des ennuis, Corbac. Blancfer et les autres coutilliers t'prennent peut-être pour une emmerdeuse, mais moi, ça sera jamais mon cas. J'crois au contraire qu'on a besoin d'gens comme toi, qui prêtent le serment devant Rikni avec l'intention d'l'honorer à tout prix. Franchement, t'as vu c'que la fange a fait d'nous ? Tu trouves ça normal que les gens du peuple nous regardent avec de la peur dans les yeux alors que nous sommes censés les protéger ? Alors, ouais, t'es une sacrée emmerdeuse, t'es une grande gueule et t'es trop... rha, c'est un mot compliqué... Imputive...
- ...Impulsive ? corrigea Clervie en retenant un rire.
- Ouais, ouais, voilà ! T'es trop impulsive. C'est dommage, car t'es pas bête du tout. Tu pourrais devenir coutillière si t'apprenais la discipline, hein ?
- J'en aurai peut-être l'occasion maintenant que les autres conscrits ne m'ennuient plus, répliqua la jeune femme avec humour.
Julius éclata de rire :
- Toi, disciplinée ? Ha, ha, ha ! J'demande à voir ça, mon p'tit corbeau ! Mais ouais, pour le reste, change pas. La milice a besoin d'gens comme toi, même si elle met du temps à le voir. Le peuple a besoin de toi. J'en suis convaincu, Corbac, un jour, grâce à toi, j'sais pas comment, mais... j'sens que les choses iront mieux pour beaucoup d'monde. J'crois en toi.

Clervie ne put s'empêcher de sourire, malgré un mal de tête encore lancinant.


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