Marbrume


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 [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyDim 22 Mai 2022 - 22:25
Marbrume, la Caserne
Le 01 Avril 1167


Le convoi de Théophile et de sa coutillerie était rentré deux jours auparavant du Labret. Aujourd’hui sonnait leur deuxième et dernier jour de repos octroyé suite au voyage, avant de reprendre les plus classiques gardes en ville. Les camarades de l’archer profitaient chacun à leur manière.
Les pères de famille avaient préféré s’occuper de leur marmaille. Le Rouquin était parti dans les bas-fond de la ville, indiquant à Théophile le nom d’un bordel qu’ils connaissaient tous deux si jamais quelqu’un le cherchait. Pour finir, Puceau était sans doute en train de réfléchir à un plan pour empêcher la fille de ses rêves de se marier à un autre.

Le borgne, quant à lui, avait déjà épuisé l’ensemble de ses activités favorites en un seul jour. Sombrer dans les méandres du plaisir, aller enquiquiner son frère et aller prier pour l’âme de sa défunte Alice au Temple. Il ne lui restait que trop de temps à tuer aujourd’hui et un entraînement lui semblait être la meilleure manière de se défouler.

Tirer à l’arc dès l’aube l’avait apaisé. Pourtant, la journée était encore bien longue et il se dit qu’il était peut-être temps de tenter de s’améliorer avec le poignard qu’il portait à la ceinture. Le Rouquin ne s’amusait même plus de se moquer en lui indiquant que ce genre d’outil ne servait pas uniquement à couper le pain.

Le terrain d’entraînement sur lequel s’exerçait les épéistes lui fournirait probablement un adversaire pour mettre à l’épreuve ses quelques capacités. Au premier coup d’oeil, il fut déçu de voir que tous les hommes présents combattaient déjà en paire. Mais en y regardant de plus près, il aperçut au fond une longue silhouette féminine. Il estimait que le haut de sa tête devait lui arriver au niveau du menton, ce qui n’était pas le cas de beaucoup de représentantes du beau sexe.
Le borgne s’attarda un instant sur sa chevelure et fut frustré de la voir ainsi cachée dans un chignon. D’un autre côté, cela laissait entrevoir les lignes de sa nuque, où les mèches sombres laissaient place à la peau joliment colorée de la milicienne.

Il secoua la tête légèrement avant de s’avancer vers elle et de l’interrompre d’un ton posé. Et malgré qu'ils s'entrainent, les yeux de certains miliciens présents avaient suivi le chemin de Théo et continuaient de le fixer.

« Excusez-moi. Est-ce que vous seriez d’accord pour vous entraîner avec moi ? »


Le soldat désigna les hommes présents autour d’eux de sa main gauche, où son gant d’archer était toujours visible.

« Tous les autres sont en duo et puis, pour tout vous dire, je ne suis pas très doué avec les cure-dents. Pas que j'insinue que vous ne pourriez pas me botter les fesses vous aussi. »

Une voix graveleuse s’éleva derrière le couple de circonstances.

« Fais gaffe Castaing, c’est qu’elle a pas toute sa tête celle-là. Même toi tu voudrait pas t’y risquer. »


Et bien sa réputation n’était visiblement plus à faire. Elle avait même été largement gonflée visiblement puisqu’on lui accordait qu’il s’intéresse à toutes les femmes sans distinction, s’il écoutait ces lourdauds. C’est pas comme si ça le gênait vraiment. Après tout, il avait toujours aimé la gente féminine et depuis qu’Alice n’était plus à ses côtés, elle n'éclipsait plus les autres par sa présence lumineuse. Aucune ne lui était arrivé à la cheville.

En attendant, il ne comptait pas laisser ces gros nuls lui gâcher son plaisir.

« N’écoutez pas ces crétins. Je suis sûr qu’ils sont jaloux que vous vous battiez avec moi. Enfin si vous êtes d’accord. »

L’archer lui fit un clin d’oeil, fermant la paupière gauche sur sa pupille blanche et aveugle. La malice était perceptible dans son autre prunelle, comme si il incitait la jeune femme à participer à son mauvais tour.


Dernière édition par Théophile Castaing le Ven 1 Juil 2022 - 19:39, édité 1 fois
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Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyLun 23 Mai 2022 - 10:20
- Allez, allez, bande de cervelles de fange, fillettes en cape verte, à l'entraînement, et plus vite que ça ! Alors Corbac, on est sage, maintenant ? On ne tient pas à retourner au trou, hein ?
- Non, Sergent ! répondit Clervie en exécutant le salut militaire rituel.
- C'est bien ma fille, c'est bien, j'vois qu'tu commences à avoir un peu de plomb dans la cervelle ! On va voir si toi et ta bande d'idiots avez fait des progrès d'puis la dernière fois ! Allez, tous à l'entraînement ! A l'épée, mettez-vous deux par deux et plus vite que ça !

Avisant le côté droit du terrain bordé par la pelouse, il eut soudain un sourire :

- Ah mais que vois-je là ? Un volontaire ! C'est bien, c'est bien, pr'nez donc exemple sur lui, bande de merdailles ! Allez, allez, amène-toi !

Clervie détailla le nouveau venu, qui ne manqua pas de s'adresser à elle, remarquant qu'elle était sans partenaire.


« Excusez-moi. Est-ce que vous seriez d’accord pour vous entraîner avec moi ? Tous les autres sont en duo et puis, pour tout vous dire, je ne suis pas très doué avec les cure-dents. Pas que j'insinue que vous ne pourriez pas me botter les fesses vous aussi. »

A peine le bon borgne avait-il formulé sa demande que comme il fallait s'y attendre, les quolibets fusèrent.

- Fais gaffe Castaing, c’est qu’elle a pas toute sa tête celle-là. Même toi tu voudrait pas t’y risquer.
- Bah alors, Castaing, tu veux jouer avec la Corbac ? Fais gaffe, cette folle risque de t'arracher l'autre oeil !
- Va surtout pas la peloter, le dernier qui a essayé l'a regretté !

Visiblement, l'homme ne prenait pas les avertissements des compères au sérieux :

« N’écoutez pas ces crétins. Je suis sûr qu’ils sont jaloux que vous vous battiez avec moi. Enfin si vous êtes d’accord. »

Il lui avait décoché un sourire radieux tout en lui faisant un clin d'oeil. Malgré son oeil aveugle, la jeune femme remarqua que le milicien avait un charme surprenant. Et le même air de franc camarade que Julius dans son regard, aussi, Clervie comprit-elle qu'il n'y avait nulle tentative de lui nuire derrière cette proposition.
Elle le détailla. C'était incontestablement le genre d'homme sur lequel bien des femmes devaient se retourner. Ce que visiblement insinuaient les camarades autour. Mais Clervie n'était pas prête de se réintéresser aux plaisirs de l'amour ; elle souffrait moins à présent de sa malheureuse histoire avec Erwan, mais elle avait bien retenu la leçon ; les hommes, même lorsqu'ils se montraient bienveillants, n'étaient pas forcément une bénédiction pour une femme telle que Clervie. Erwan avait tenté de l'enfermer dans une cage dorée dont elle s'était échappée juste à temps. Comment avait-il pu penser qu'elle serait heureuse avec une tripotée de marmots, à tenir leur maison, alors que les assassins de sa famille respiraient encore dehors ? Non, vraiment, il s'était conduit en imbécile. Elle s'était plusieurs fois demandée si elle n'avait pas fait une erreur en le quittant, mais lui n'avait pas fait grand chose pour régler la situation. Si seulement il s'était excusé !
Bref, Clervie avait maintenant bien compris que l'amour était de toute façon un obstacle et une dangereuse faiblesse, vu le danger qui planait en permanence au-dessus de sa tête. Aussi était-il hors de question de craquer même pour un milicien aussi charmant que paraissait l'être l'homme en face d'elle.
Et elle lui fit comprendre :

- Point de galanterie avec moi mon bon monsieur, répliqua-t-elle plaisamment tout en dégainant son épée avec adresse. Vous connaissez les règles ? Point d'estoc et le premier qui enchaîne trois touches gagne. Comme ceci (Elle le feinta habilement, passa sur le côté et le frappa du plat de son épée contre l'épaule). Ou encore... comme ceci ! (Cette fois, elle glissa derrière lui avant qu'il ne put réagir, forte d'une première année d'entraînement à pratiquer ces exercices et lui donna un léger coup près de la cheville).

Puis, elle revint face à lui, lui décocha un sourire mi-moqueur mi-charmeur, ses yeux d'obsidienne brillant de la même facétie qu'elle avait perçu dans les siens :

- Alors, camarade ? Voulez-vous me faire danser ?
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyLun 23 Mai 2022 - 21:47
L’humour gras des miliciens continua alors que la jeune femme décida de les ignorer pour lui énoncer les règles de l’entraînement. L’archer pensa un instant qu’il avait été un peu présomptueux en pensant arriver ainsi comme une fleur.

« Estoc ? »

En matière de combat avec les lames, Théophile était un quasi néophite. Tout ce qu’il savait c’est qu’on pouvait embrocher, taillader ou assommer quelqu’un pour attaquer et parer pour se défendre. Le reste n’était qu’un ensemble flou de termes que ses camarades n’avaient jamais utilisé au combat, même du temps où il était dans l’armée du Roi.
Son père avait été formé aux armes, mais il ne lui avait transmis que ses connaissances, bien plus importantes, sur le maniement de l’arc après avoir vu que son fils y avait une compétence naturelle. Et le borgne avait eu bien assez à faire après la perte de son œil pour rattraper le niveau qui lui permettait aujourd’hui d’exceller dans son art.

Comme ceci

L’exemple qu’elle lui donna lui permis de comprendre bien plus facilement qu’avec des mots le concept de touche. Son habileté et sa dextérité étaient moins impressionnantes que celles d’Aeryn mais restaient au-dessus de celle d’autres miliciens qu’il avait pu croiser. De ce qu’il en savait, les femmes avaient peut-être moins de forces de manière générale mais elles compensaient avec cette fascinante capacité à se glisser dans l’air.
La deuxième démonstration le pris aussi par surprise. Heureusement qu’elle avait seulement tenté de lui montrer ce qui était attendu sinon il aurait déjà terminé sur le dos.

« Je crois que je comprends le concept. Et bien, allons-y. »

Son adversaire était déjà en position pour recevoir ses coups. L’archer chercha si il voyait une faille dans sa défense. En situation réelle, avec un réel bandit face à lui, il serait déjà mort ou bien amoché. Mais n’était-ce pas le but de l’entraînement ? Améliorer ses réflexes ?
L’observation était l’un de ses points fort et même si il ne fut pas aussi rapide qu’on l’espérait d’un porteur de cure-dent, il finit par se lancer. D’un coup, il se mit à courir vers son adversaire et la contourna au dernier moment sur le côté droit de celle-ci, la prenant à revers. Ce léger effet de surprise lui permit de toucher l’arrière des côtes de la milicienne.

Un sourire vainqueur fleurit sur les lèvres du grand dadais qui venait de réussir sa première touche. Il rétablit son équilibre avec nonchalance, habitué des situations précaires, et revint se poster face à sa jolie binôme.

« Dites, camarade, si j’arrive à faire les trois touches, vous me direz votre prénom ? »

On pouvait dire que la modestie ne l’étouffait pas sur ce coup. Heureusement que l’étincelle de joie enfantine qui mangeait son visage gommait ce qui aurait pu passer pour de l’auto-suffisance. Surtout que balancer sa lame n’était pas la partie la plus dure pour lui. Parer ou esquiver lui demanderait un effort supplémentaire compte-tenu de l’angle mort que lui imposait son œil aveugle. Il devait y être plus vigilant, sans pour autant abaisser sa garde sur les autres points.
Mais il ne comptait pas le laisser paraître. Jamais.

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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyLun 23 Mai 2022 - 22:23
Le borgne était très loin d'être mauvais pour un débutant. Très vite, il prit ses marques et bougea gracieusement autour de la jeune femme. Brusquement, sans crier gare, il disparut du champ de vision de Clervie et parvint à l'atteindre dans les côtes dans la prenant à revers.

« Dites, camarade, si j’arrive à faire les trois touches, vous me direz votre prénom ? »

Par les trois, ce genre de sourire espiègle avait le don d'agacer Clervie. Croyait-il vraiment qu'il allait parvenir à la déconcentrer avec une ruse aussi grossière qu'une tentative de séduction ? Ha ! Il n'était pas au bout de ses peines ! Néanmoins, la jeune femme en était plus amusée que véritablement furieuse. Puisqu'il voulait jouer à ce petit jeu, elle allait lui en donner.
Elle se retourna vivement et fonça vers lui, sa lame s'entrechoquant de plein fouet avec celle du milicien. Leurs visages se rapprochèrent un court instant sous ce choc. Elle lui rendit son sourire et profita de cette brève proximité pour sussurer :

- La curiosité est un très vilain défaut, sieur Castaing...

Et le piège se referma. Elle recula aussi vivement qu'elle s'était approchée, tourna sur elle-même, et lança sa véritable attaque. Elle atteignit la cuisse de son adversaire qui ne put parer assez vite et battit en retraite vers l'arrière. Et décocha un nouveau sourire au jeune homme :

- Je suis sûre que vous pouvez faire mieux que ça...


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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMar 24 Mai 2022 - 23:02
L’archer agrandit son sourire en voyant que même lui pouvait facilement parer l’attaque simple dont le gratifia Clervie. Cette dernière fut d’un coup proche et son souffle perceptible sur sa peau. Malgré le lieu où ils se trouvaient, et ce qu’ils étaient censé y faire, de légers frissons descendirent immédiatement la colonne vertébrale de Théophile. Sa pupille se dilata une fraction de seconde, puis elle revint à son état normal.

« Pas de Sieur avec moi. Je ne suis que Théophile, un soldat parmi d’autres. Enfin, milicien. »

Il avait parfois tendance à oublier ce détail. L’armée n’existait plus, mais dans son coeur il restait un soldat, son serment profondément enfouit dans ses entrailles.

La milicienne ne lui laissa pas le loisir de réfléchir, le touchant à la cuisse avant qu’il n’ait compris comment cela était arrivé. Ce n’est qu’après coup, une fois avoir rejoué la scène dans sa tête, qu’il vit qu’elle l’avait mis en confiance par une première attaque basique avant de le feinter avec la seconde.
Il préféra en rire en frottant l’endroit touché.

« Vous êtes bien mesquine. C’est donc ce qu’on vous apprends ici ? Tromper l’adversaire pour mieux le toucher ? »

En soit c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. C’est d’ailleurs ce qu’il tenta en ne se remettant pas en position mais en visant une touche directement.
Il visa le haut du corps de la jeune femme, essayant une nouvelle fois le revers. Cette fois, la milicienne ne s’y laissa pas prendre et para brillamment. Si bien que le cure-dent du borgne lui glissa des mains, stoppant sa course quelques pas plus loin.

Il soupira et fronça les sourcils alors que sa tête faisait l’aller retour entre l’endroit où les deux armes s’étaient entrechoquées et celui où était désormais couché son poignard.

« Cette technique d’entraînement ne marchera pas... »

Son père lui avait toujours expliqué clairement les choses. Il n’était pas l’homme le plus pédagogue du monde mais il en avait eu assez de voir son fils tirer parfois des heures sans aucun résultat. L’orienter à coups de « oublie pas le vent grand couillon ! » et autres douces paroles avait eut son effet positif sur les performances de Théophile.
Si désormais il était à même de comprendre seul ce qui ne tournait pas rond en utilisant son arme de prédilection, ce n’était pas le cas ici. En tous cas, pas aussi rapidement qu'il le voudrait. Et il avait bien envie de faire l’enfant gâté à ce sujet. Il n’avait que trop attendu pour combler ses lacunes.

« On va essayer autre chose Plume. Je ne vais pas vous appeler Corbac quand même ! »

Il était impossible de continuer à converser avec quelqu’un sans le nommer. Et ne pas connaître le patronyme de quelqu’un n’était pas un obstacle pour lui donner un joli surnom. Le connaître non plus…
Corbac, comme le lançaient les autres hommes d’armes, lui paraissait bien trop empli de mauvaises intentions pour qu’il l’utilise lui aussi. Même si il comprenait qu’on la compare avec un volatile, il préférait alors la désigner par quelque chose de bien plus léger.

« Si vous me montriez ce qui ne va pas dans mon attaque ou ma défense ? »

Il laissa sa questions en suspend le temps d’aller ramasser son poignard. Cette petite chose qui lui donnait plus de fil à retordre qu’elle ne le laissait paraître….
Sur le retour, il sonda les prunelles de Plume pour connaître son verdict.

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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 25 Mai 2022 - 0:21
Quand le jeune homme comprit qu'il avait été joué, il éclata de rire en se frottant la jambe. Il éclata de rire ! Bonne surprise, il n'était visiblement point mauvais perdant et nullement du genre à s'offenser de se faire jouer par une femme. Et il n'y avait pas à dire ; il avait du charme. Mais Clervie avait fermé son coeur à double tour et elle n'était très loin de se laisser troubler par ce damoiseau à la langue bien pendue.

« Vous êtes bien mesquine. C’est donc ce qu’on vous apprends ici ? Tromper l’adversaire pour mieux le toucher ? »

Clervie eut un rire amusé alors qu'il fonçait sur elle, tendant à nouveau de la toucher et se faisait recevoir. Elle le regarda aller ramasser son arme, non sans songer que le garçon était d'agréable compagnie... Jusqu'au moment où il eut le culot de lui donner un surnom. Certes, vu la malice dans son ton, il semblait considérer que Plume était quelque chose de gentil ; et n'eut-ce été ce passé qu'elle traînait comme un boulet et sa résolution de ne plus laisser quiconque entrer dans sa vie hormis pour de la simple amitié, peut-être aurait-elle succombé au charme de ce sourire de gamin trop vite grandi et lui aurait-elle permis de la connaître plus intimement ; mais il n'était plus question d'aller au-delà des plaisanteries, avec quiconque et il allait déjà trop loin à son goût. Aussi, répliqua-t-elle d'un ton moqueur :

- Eh bien, on s'amuse à donner des p'tits noms aux damoiselles, doux coeur ? Devrais-je vous donner un baiser, peut-être ? (elle battit des cils en prononçant cette réplique comme l'idée aurait pu lui agréer) Soit, volontiers ; mais il sera d'acier ! termina-t-elle avant qu'il ne put dire quoi que ce soit en brandissant sa lame devant lui. Si vous voulez sortir entier de cet entraînement, Claire suffira.

Voilà, la mise au point était faite, ferme, mais aimable.
De toute façon, peu importait. Après tout, ce n'était même pas son vrai prénom et ce niais ne connaîtrait jamais le vrai ; Clervie de Sombrelune était morte aux yeux du monde, seuls une poignée de personnes savaient la vérité. Et le milicien ne saurait sûrement jamais la chance qu'il avait de ne pas appartenir à l'entourage proche de la jeune femme ; cela augmentait sensiblement ses chances de survie. Aussi se rapprocha-t-elle de lui et plongea-t-elle ses prunelles d'obsidienne dans l'oeil marron qui lui restait ;

- Je n'ai qu'une chose à vous répondre, freluquet ; ne baissez point votre garde, car vous laissez une demi-douzaine d'ouvertures à chaque fois. Vous devez apprendre à anticiper l'adversaire. Pour éviter d'être touché à la jambe, par exemple, travaillez sur la rapidité. Plus souple, votre poignet, vous êtes raide comme une bûche ! (A cette phrase, on entendit un rire graveleux d'un conscrit à proximité, soulignant le double sens possible du terme qu'elle venait d'employer). Ah, ça suffit bien hein ?, cria-t-elle en direction de l'homme qui venait de rire.
Et vous, ne vous égarez donc point, Théophile, ajouta-t-elle en reprenant son ton malicieux. Là, faites un mouvement plus circulaire. Voyez ? La lame est déjà plus facile à guider. Voulez-vous ré-essayer ?

Elle se remit en position et, prise d'une soudaine inspiration, décida de stimuler un peu plus la bonne volonté de son élève ; et puis, elle avait envie d'une relation de camaraderie plus saine que ce à quoi elle avait droit habituellement :

- Si vous faîtes trois touches, je suis d'accord pour vous payer une bière à la taverne. Alors soyez attentif à mes mouvements et allez-y !
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 25 Mai 2022 - 18:10
Finalement il lui avait été facile de récolter le prénom de la milicienne. Claire, étrange pour quelqu’un aux cheveux si sombres. Et elle avait beau se moquer du surnom qu’il lui avait trouvé, elle n’était pas en reste sur la question. Bien que les siens étaient plus génériques. Et surtout qu’ils portaient encore sur le côté non sérieux de sa personne.

Claire consenti à lui expliquer ce qui n’allait pas, et autant dire que si Théophile avait été du genre à tenir à son amour-propre, celui-ci aurait été durement touché en apprenant à quel point sa défense était mauvaise. Tout comme son attaque.

vous êtes raide comme une bûche !

L’expression usée par Plume, bien que probablement pas volontaire, lui arracha un nouveau sourire qu’il masqua avec peine quand le conscrit se fit rabattre le caquet proprement. Cette fille avait son petit caractère, et c’était appréciable. De toute façon, pour survivre ici, il n’en fallait pas moins.

« Disons que j’ai l’habitude d’avoir justement les bras solides pour tirer. Il va falloir que je m’habitue à laisser du mou. »


Comme on en laissait parfois à une corde sur un piège. Il voyait bien l’image. Suivant les consignes, le borgne s’essaya à quelques moulinets du bras. Si Plume ne lui avait pas confirmé que c’était mieux, il aurait pu se sentir ridicule à gesticuler ainsi au fond de la cour.
L’alléchante proposition d’une bière avec la jolie milicienne ne manqua pas d’éveiller son intérêt. La jeune femme venait de raviver sa flamme pour passer du bon temps, même si il ne s’agissait que d’une simple discussion en bonne compagnie. Mais pour cela, il fallait qu’il réussisse son entraînement. Trois touches sur sa camarade, pas plus, pas moins.

« J’en ai déjà fais une, il ne m’en manque donc plus que deux. »


Qui a dit qu’il devait être bon joueur ? Parce qu’il devait encore les faire, ces deux fameuses touches. Et la milicienne était plus que prête à le recevoir.
Le borgne s’assura de la souplesse de son bras, mais fit attention à bien serrer la garde de son poignard. La voir à nouveau voler n’était pas dans ses plans.

La puissance n’était pas ce dont il devait se soucier. Et c’était assez logique au final, car une arme affûtée pouvait facilement trancher la chair, tout aussi bien que le bout pouvait s’enfoncer dans un corps aussi facilement que dans du beurre. Ce qui était attendu ici, c’était la finesse pour passer outre la défense d’un adversaire.
Après avoir observé déjà trois fois la position défensive de Plume, Théophile avait aperçu une brèche récurrente, mais qu’elle avait bien défendu à sa précédente tentative. Il devait donc lui aussi se jouer d’elle.

Le borgne fit semblant de lancer son attaque sur la hache gauche de Claire et dès qu’il vit sa défense en marche, il changea de cap et tapa ses côtes droites. Satisfait comme un chat qui a attrapé une souris, l’archer fit tourner le cure-dent dans sa main avec suffisance.

« Plus qu’une et vous devrez tenir votre parole Claire. Je connais une taverne très sympa, il y a même des troubadours parfois. Après si vous n’aimez pas il y a des endroits plus calmes. »


Comme quoi l’idée de s’amuser avait pris le pas sur ce nouvel enseignement. Malgré tout, il savait que le peu qu’il ferait serait toujours mieux que les connaissances qu’il avait auparavant.

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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 25 Mai 2022 - 19:13


Clervie s'amusait de plus en plus. Les passes d'armes s'intensifiaient. Elle commençait d'ailleurs à se sentir légèrement essoufflée, en même temps qu'une griserie se répandait dans ses veines. L'exercice physique lui faisait du bien. Et au moins, pour une fois, elle n'avait pas à subir l'humiliation des conscrits.
Elle garda les yeux rivés sur son adversaire. Il n'y avait pas à dire, Théo était vif et apprenait vite. Elle n'était pas étonnée qu'il fût soldat par le passé, mais réalisa alors qu'il était sûrement plus âgé qu'elle ne le pensait, bien qu'il n'eut nulle ride sur le visage. De plus, il était grand et musclé, mais aussi plutôt mince ; s'il décidait de travailler sa vitesse et son agilité, il serait un combattant absolument redoutable, nul besoin d'être un expert pour le voir. D'ailleurs, il semblait lui aussi avoir compris cet aspect, car il se déplaçait à présent à la façon d'un chat. Elle comprit aussitôt qu'il cherchait une faiblesse dans sa garde et se prépara. Soudain, il fondit sur elle, visant sa hanche gauche. Elle leva son épée... et ne rencontra que le vide alors qu'une légère douleur sur sa côte droite lui montra que le milicien avait parfaitement assimilé la tactique pour remporter la victoire ! Elle eut une mine appréciatrice.

« Plus qu’une et vous devrez tenir votre parole Claire. Je connais une taverne très sympa, il y a même des troubadours parfois. Après si vous n’aimez pas il y a des endroits plus calmes. »

Cette fois, elle éclata de rire. Un joli rire cristallin, qu'elle n'avait pas eu depuis un bon de temps, qui fit rayonner son visage et parsema les deux grands lacs noirs de ses prunelles de mille étoiles brillantes de joie. Il ne manquait pas d'audace, tout de même ! Et visiblement, elle avait bien réussi son coup pour le motiver à la battre. Mais ce n'était pas pour cela qu'elle avait l'intention de lui rendre la tâche plus facile.

"Plus qu'une, comme vous l'avez dit... Si je vous en laisse le temps !"

Elle fondit sur lui, parvint à le toucher à l'épaule droite, enchaîna une nouvelle attaque directement vers ses côtes... attaque qu'il para de justesse, preuve qu'il était moins déconcentré qu'il n'y paraissait. Elle lui lança un sourire espiègle :

- Eh bien alors ? Allez-vous me décevoir maintenant ? Vous ne tenez donc pas assez à cette bière ; et vous êtes goujat au point d'oser faire attendre les dames qui vous convient à festoyer ?

Elle recula de quelques pas, histoire de pouvoir bien profiter de sa déconfiture s'il échouait. C'était particulièrement plaisant de titiller le jeune homme, d'autant qu'il semblait se laisser faire de bon coeur.

- Il ne vous en reste plus qu'une, par Rikni ! Je vous attends !


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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 25 Mai 2022 - 23:01
Le rire de Plume était aussi léger que le le surnom dont Théophile l’avait affublée. Contrairement à la tête qu’elle affichait lorsqu’il s’était présenté sur le terrain d’entraînement, la joie lui allait mieux au teint. Comme pour toute les femmes. Il détestait voir la tristesse ou la douleur sur leurs traits qui ne devraient être dédiés qu’au bonheur.

Déconcentré par cette vision, il se laissa avoir par sa lame une fois, avant de se défendre in extremis lors de sa seconde tentative. Elle ne se démonta pas et attisa même la lueur joueuse en lui.

« Il y a certaines choses pour lesquelles la patience a un résultat plus efficace que la précipitation. Je n’ai jamais eu de plaintes à ce jour. »


Énoncée sur un ton sérieux et grave, mais sur un visage encore taquin, il serait difficile pour Claire de deviner si cette déclaration était sérieuse ou si il s'agissait d'un autre tour d’esbroufe du grand enfant devant elle. Enfant qui devait encore terminer son challenge, ce en quoi Plume avait raison.

Savait-elle qu’il ne fallait pas agiter une proie devant un chasseur ?

Aiguisant sa vue, aidé par l’espace que lui laissait sa cible, l’archer se fixa sur elle. Il n’était pas habitué à viser de si près mais ce n’était qu’un détail. La flèche remplacée par la lame, la corde transformée en la chair de son bras, il était prêt à tirer.

En un instant, il fondit sur sa proie. L’épaule et le bras gauche de l’homme se présentait directement à l’arme de la jeune femme, tels des offrandes, tandis que le poignard de Théophile reposait durement sur l’épaule de Plume. Avec une flèche, il aurait effleuré la ligne de son cou pour n’y laisser qu’une fine ligne sanguinollante.

« Me voici Claire. »


Sa pupille vive chercha à capter les émotions qui se dégageaient des billes sombres de la milicienne mais il se retira avant d’avoir pu en saisir l’essence. Ce fut surtout l’épée de la jeune femme qui l’avait ramené à la raison en le touchant à l'épaule.
En situation réelle de combat, il aurait, au mieux, laissé son bras se faire blesser pour ne pas récolter de meilleur résultat de son côté. C’est ce genre d’attitude un peu trop impulsive qui avait contribué à convaincre son père de ne pas l'initier aux armes. Il avait préféré le laisser faire le mariolle en arrière-plan. Là, il avait moins de chances de foncer dans le tas et de se faire blesser. Son accident avait renforcé son père dans ses convictions.

Le comportement du borgne redevint léger alors qu’il rangeait son poignard. Après tout il n’avait pas besoin d’être un as dans ce domaine. Comme il l’avait plus ou moins dit à Aeryn, il devait seulement combler une lacune. Pour l’instant, il y avait plus réjouissant à faire.

« Je suppose que cette égalité sonne la fin. »


Il supposait tellement fort, que ses pieds étaient déjà plus que prêts à quitter les lieux. Ils n’attendaient que la principale attraction du moment pour s’élancer.
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyJeu 26 Mai 2022 - 7:42
« Me voici Claire. »

Tels furent les mots qu'il prononça alors qu'il risquait tout pour obtenir la troisième touche, s'offrant du même coup à la lame de Clervie. Leurs regards se croisèrent de nouveau un bref instant et la lueur dansante dans la prunelle d'ambre de Théo hypnotisa brièvement la milicienne. Ce bref trouble l'alerta ; l'homme en face d'elle était séduisant en diable et savait parfaitement en jouer. N'eut-elle connu l'amour dans les bras d'Erwan qu'elle aurait sûrement pu tomber dans le panneau comme sans doute beaucoup de femmes avant elle. Mais la relation avec le forgeron et sa fin désastreuse lui avaient montré à quel point le désir et l'amour étaient frères ennemis ; le premier se suscitait facilement, d'autant plus qu'il pouvait prendre l'apparence du second ; le second était aussi rare qu'il pouvait être fragile et l'on ne connaissait jamais la valeur d'un lien que lorsqu'il était éprouvé par le sang et le feu des épreuves de la vie. Une leçon importante, que certaines personnes mettaient des années à apprendre.
Mais une fois que l'on l'avait assimilée, au moins, l'on profitait de chaque instant et de chaque occasion de rire. Et Clervie n'était pas pressée de mettre fin à ce jeu de joute oratoire et de sous-entendus ; c'était un jeu qu'elle avait adoré pratiquer lorsqu'elle était encore une fille de baron coquette et gâtée, après tout.

« Je suppose que cette égalité sonne la fin. »

- En effet. Vous aurez bien mérité votre bière, ce soir. Mais d'abord... On reprend tout depuis le début et on travaille votre parade ! Allez !

Ils s'entraînèrent jusqu'à ce que le soleil commence à descendre à l'horizon. A la fin, ils étaient tous les deux en sueurs, les joues mates de Clervie ayant pris une adorable couleur rose. Il allait être temps de passer à la distraction du soir et de suivre son camarade jusqu'au lieu dont il avait parlé.

Elle prit conscience que son chignon était en train de se défaire à moitié à cause de la vivacité de l'entraînement.

- Un instant et je vous suis.

Elle détacha alors ses cheveux. A la lumière du soir, ils se parèrent instantanément des reflets bleu d'encre dont elle était si fière, les lourdes boucles cascadant dans son dos et sur ses épaules, révélant un bref instant sa grâce et sa beauté de Dame de Sombrelune ; mais elle ne permit pas à son compagnon de la contempler plus de quelques secondes. Déjà, elle rattrachait le tout habilement et avec précision. Normalement, il tiendrait, vu que les exercices à l'épée étaient finis pour aujourd'hui.

- Je suis prête, énonça-t-elle alors d'un ton joyeux. Mais évitons de nous attarder de trop ce soir, je dois aller au planton à la sixte* près du goulot, ce n'est pas un endroit très recommandé pour faire un somme.

Les miliciens de la coutillerie de Clervie adoraient lui refourguer leurs tours de garde au goulot dés qu'ils le pouvaient pour pouvoir faire un tour au bordel ; une façon subtile, croyaient-ils, pour se venger du fait qu'elle leur refusait ses faveurs. Ils ne se doutaient pas un seul instant que la jeune femme préférait encore des tours de garde en plus à rester dans le dortoir de la caserne, bien que plus personne ne s'hasardât à l'ennuyer depuis sa détention. Elle préfèrait s'accorder une sieste en plein jour après le repas ; généralement, à ce moment-là, le dortoir était vide et elle se sentait plus en sécurité. Parfois, un ou deux conscrits la rejoignaient, mais ceux-ci avaient généralement fait les imbéciles toute la nuit et s'écroulaient sur leurs paillasses sans lui prêter attention.

Cela faisait près d'un an qu'elle économisait sa solde pour se trouver un logement hors du dortoir de la milice ; d'ici une semaine ou deux, elle pourrait enfin louer son propre refuge et en dormirait mieux. De plus, maintenant qu'elle se savait surveillée, il était plus que temps pour elle de se trouver un vrai repaire. Un endroit où si quiconque avait le malheur de l'acculer, elle aurait l'avantage du terrain.

Pour l'heure, elle suivit donc son camarade jusqu'à la taverne dont il lui avait parlé. Effectivement, l'endroit était animé. Un petit trio de musiciens et de bardes jouait des mélodies à la harpe et à la flûte. Evidemment, l'endroit était fréquenté par pas mal de miliciens, mais on voyait aussi une ou deux demoiselles venues sûrement retrouver leur fiancé ou leur mari. Clervie répéra une table dans une alcôve et y entraîna son compagnon. Une serveuse ne tarda pas à venir vers eux :

- Tiens donc, Théo ! Ca faisait un moment que tu n'étais pas passé nous voir, coquin ! Alors, toi et Mademoiselle, que voulez-vous boire ?
- Votre meilleure bière, répliqua Clervie aussitôt en tendant cinq sous pour payer les deux chopes. C'est pour moi, j'ai un gage à tenir envers Théophile ! Truc de milicien, ajouta-t-elle malicieusement histoire d'être sûre que la serveuse ne se figure pas que Clervie était sur la liste très certainement longue des conquêtes de l'homme au sourire un peu trop charmant qui se tenait face à elle.
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptySam 28 Mai 2022 - 11:47
Vous aurez bien mérité votre bière, ce soir. Mais d'abord... On reprend tout depuis le début et on travaille votre parade ! Allez !

Théophile eut un moment d’arrêt. Non, impossible...Il n’avait pas réellement entendu qu’elle lui jouait ce genre de mauvais tour ? Qu’elle insinuait que la bière était pour ce soir ? Le milicien se figea et observa sa compagne d’entraînement pour chercher une quelconques trace d'humour sur son visage.

Et ce fut la déconfiture. Non seulement Plume avait l'air tout à fait sérieuse, mais en plus elle était déjà en train se remettre en position pour la suite des événements. Quand il compris qu'elle n'en démordrait pas, il soupira et capitula d'un geste théâtral.

" Vous êtes cruelle. "

L'archer se prêta au jeu. Après tout, ce n'est pas comme si la milicienne lui avait vraiment laissé le choix. Et puis, si il devait être honnête, ces quelques heures à fendre l'air face à Claire lui avait réellement permis de s'améliorer. Il avait pu s'imprégner de tout ce qui faisait le combat au corps-à-corps. La proximité de l'adversaire, la place que prenait son propre corps, l'anticipation des attaques, l'observation des failles....et surtout, il commençait à apprivoiser ce manque de vision que lui imposait son œil aveugle.
Le borgne ressortait un peu plus fort et confiant, il n'était donc pas réellement vexé que la milicienne lui ait joué un sale tour.

Il la laissa défaire sa longue chevelure et il en apprécia les reflets dont les derniers rayons du soleil les paraît. Les mèches noires prenaient vie dans un camaïeu de bleu foncé et il comprenait d'autant plus qu'on la compare à un corbeau. Quiconque prenait le temps de regarder ces oiseaux au-delà de leur mauvaise réputation pouvait voir qu'ils cachaient une multitude de beautés. Les miliciens qui avaient surnommé ainsi la jeune femme n'y avaient certainement pas pensé.

S'arrachant de sa contemplation, l'archer verifia discrètement si il ne sentait pas la mouffette, comme aimait le dire son frère. Heureusement pour lui, il ne faisait pas encore trop chaud et il estima que son odeur était suffisamment correcte pour aller à la taverne. Ce qui ne l'empêcherait pas d'aller peut-etre profiter des termes après, histoire de terminer ces deux jours de repos en beauté.

Une fois Plume prête, il la conduisit vers "la bonne chope". Une taverne somme toute correcte, où les soûlard trop insistants étaient mis à la porte pour laisser les autres clients profiter de leur soirée. Ils avaient aussi suffisamment de plateaux de dés pour contenter tous les miliciens joueurs qui venaient se changer les idées.
L'ambiance était bonne en cette fin de journée là. L'endroit était déjà bien remplis et les discussions allaient bon train. Ce fut Clervie qui leur trouva un coin un peu plus calme et il la suivie. Très peu de temps après, la femme du tavernier vint les accueillir, et ne put s'empêcher de titiller un de ses habitués.

" Ah Nathalie si tu savais ! J'aurais largement préféré venir ici avec les autres mais nous revenons d'un convoi au Labret. Autant dire que ton doux sourire m'a manqué."

Théophile avait pris un air d'ancien combattant en parlant du convoi et personne ne fut dupe. Ladite Nathalie lui assena une tape sur l'épaule, un rire adoucissant ses propos.

" Vil flatteur ! Il va falloir faire mieux si tu veux de notre dernière liqueur."

Théophile la regarda avec une feinte horreur.

" Tu veux que ton molosse de mari vienne me mettre dehors par le collet ? Serait-tu aussi sadique ? "

La serveuse éclata de rire franchement cette fois.

" J'avoue que j'aimerais bien voir ca au moins une fois."

" Je crois que je vais me contenter de la bière..."

Encore une fois, son air apeuré était clairement surjoué. Mais l'hilarité de Nathalie quand elle reparti vers le comptoir était tout à fait l'effet recherché, aussi un doux sourire fleurit sur le visage de Théo avant qu'il ne se retourne vers sa compagne du moment.

"Vous pensez réellement que je vais vous laisser payer ? Allons Plume, je veux bien que vous vous occupiez de la première tournée pour cette histoire de gage mais le reste c’est pour moi. On ne me traitera pas de goujat ici."

Sans lui laisser le temps de rétorquer, il fit signe au comptoir de leur ajouter 2 assiettes. Si la jeune femme devait assurer un service ensuite avec juste de la bière dans le ventre, il n'était pas sûr qu'elle ait les yeux en face des trous.

" Alors, qu'est-ce qui vous a motivé à rentrer dans la milice ? Même si les femmes y sont acceptés, ce n'est pas toujours la vie la plus facile. Je veux dire que vous n'êtes pas la seule a subir les remarques peu subtiles de mes camarades. Il faut être sacrément motivée pour accepter ça en plus du travail que l'on fait. "

L'archer fixait la jeune femme pour saisir ses expressions alors qu'elle répondrait à sa question. En même temps, il s'était calé au fond de sa chaise et avait étalé ses grandes jambes sur le côté histoire de les détendre après cet après-midi d'efforts. Il risquait fort d'être courbaturé le lendemain, peu habitué à certains mouvements qu'il avait pourtant répété à plusieurs reprises.
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptySam 28 Mai 2022 - 15:45

Clervie ne put s'empêcher d'étouffer un petit rire en assistant à l'échange entre le milicien et la jeune aubergiste. Voilà qui en disait encore plus long sur le caractère de son camarade que tout le reste. Et le dernier point fut marqué lorsqu'acceptant de bon coeur de se faire offrir sa première bière, il proposa d'offrir la seconde et surtout, lui offrit un bon dîner. Quel changement après l'infâme pitance de la milice à laquelle ils avaient droit tous les jours lorsque le soleil pointait à son zénith !
On leur servit en effet une délicieuse mais simple purée de panais accompagnée de lentilles et ô luxe suprême (du moins pour le peuple) une petite tranche de ventrèche bien grillée au feu. Le tout avec du pain bien croustillant et un petit fromage de chèvre.

On dirait que les derniers convois de nourriture sont arrivés à bon port
, songea Clervie en prenant une bouchée de purée de sa cuillère en bois avant de rompre le pain pour en offrir un morceau à son camarade. Pendant ce temps, le jeune homme avait allongé ses pieds sous la table et se calait sur le fauteuil. Visiblement moins affamé que sa compagne en dépit de ce bon après-midi d'entraînement, il se mit à l'interroger.
Sans hésiter, Clervie commença à déballer la même histoire qu'elle avait raconté sans frémir à Elisabeth en automne dernier avant que celle-ci n'apprenne la vérité dans des circonstances dramatiques.

- Je n'ai pas eu tellement le choix. Mes parents étaient de bons marchands d'étoffes, de naissance commune, mais avec un peu de biens. Hélas, ce que la fange ne nous a pas pris a été perdus une fois à Marbrume. Ma famille entière est morte dans un incendie, je ne suis vivante que par miracle. D'ailleurs, à cause de ça, j'ai une... légère peur du feu.

Légère était un pur euphémisme, mais Clervie espéra que le garçon se contenterait de cette explication. Elle savait qu'un bon mensonge reposait sur un fond de vérité, mais qu'il valait mieux éviter les détails. Elle ne mentait que sur deux choses après tout : sur son sang plus bleu que les myosotis et sur le fait que l'incendie en question était un incendie plus que volontaire, point sur la demeure de la famille, mais sur des fagots pourvu de poteaux et avec la bénédiction des Trois.
Elle en aurait ressenti un rien de culpabilité si le danger n'avait pas été si proche d'elle ; mais l'homme en face d'elle, en dépit de ses facéties de garnements, était une personne au grand coeur, que les gens aimaient visiblement beaucoup. Elle n'avait nulle envie de l'exposer et plus que jamais, savait l'importance de maintenir sa comédie au sein de la milice; elle savait de source sûre que des sectaires s'y cachaient également.

- Bref, j'avais tout perdu, et pour survivre, il ne me restait que cette option, ou alors entrer dans une maison de passe. Et pour tout vous dire, j'ai eu l'occasion de comprendre très vite que je n'étais pas faite pour la seconde option lorsque deux canailles m'ont... agressée peu après cette tragédie. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai été au trou pendant tout le mois de février. Le gros Joseph et sa bande ont essayé de me coincer derrière la fontaine de la cantine, quand j'ai voulu me laver les mains avant de manger. J'ai démonté ses deux crétins et j'ai failli l'éborgner. Mais maintenant, au moins, je n'ai plus aucun ennui depuis. Les conscrits ont enfin retenu la leçon me concernant ; jamais plus un homme ne posera ses mains sur moi sans l'avoir demandé gentiment et que j'eusse dit oui.

Elle marqua une pause :

- Somme toute, mon histoire est plutôt banale... Et vous donc ? demanda-t-elle avec un petit sourire malicieux. Qu'est-ce qui peut pousser un aussi... chic type que vous à intégrer cette bande de coupes-jarrets, de corrompus et tournes-casaques en tout genre que l'on ose nommer milice du roi ?

Elle avait encore du mal avec le vocabulaire familier et c'était là la raison pour laquelle elle n'aurait jamais connu l'erreur de se faire passer pour une paysanne ; son vocabulaire trahissait clairement une femme lettrée. Heureusement que la classe bourgeoise apprenait souvent son alphabet.
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 1 Juin 2022 - 13:34
Le repas leur fut servit et comme à son habitude, l’archer appréciât le doux fumet qui s’en dégageait. Quel plaisir de retrouver de nouveau de la viande reconnaissable dans son assiette ! Et ce pain qui était quasi frais...avec sa mie toute serrée et moelleuse…

Son plaisir fut quelque peu abrégé quand Plume entama de raconter son histoire.

Je n’ai pas eu tellement le choix

Ces quelques mots sonnaient le début d’un triste récit. Les créatures avaient volé la vie qu’elle aurait du avoir et la jeune femme avait presque tout perdu, acquérant de nouvelles peur et de nouvelles cicatrices. Il pouvait tenter de comprendre ce que cela faisait de tout perdre. Lui au moins avait encore Alaric. Mais dans ses tripes, il pouvait sentir qu’il pourrait totalement basculer dans une sorte de folie si on lui enlevait ce dernier être cher.

Le borgne la regarda avec compassion, sans pour autant la couper. Qui sait si elle aurait la force de continuer le cas échéant...Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait quand elle parla de son agression. Théophile ne pouvait que comprendre les mots qu’elle ne disait pas à voix haute. Ces chiens...ils avaient osé…ses poings se serrèrent tout comme le reste de son corps se tendit. Il n’avait aucune pitié pour ces salauds qui osaient s’en prendre ainsi à une femme.

« Pourritures... »

Le mot lui avait échappé et il n’écouta que d’une oreille distraite lorsqu’elle conta ce qui lui avait valu la réputation de folie. Les crétins de la caserne ne réfléchissaient vraiment pas plus loin que le bout de leur nez. Au mieux.
Théo se força à laisser de côté sa mauvaise humeur pour revêtir de nouveau son masque de couillon. Continuer à s’énerver sur le sujet ne faisait que retourner le couteau dans la plaie, alors qu’il était tout à fait en capacité de la faire sourire.

« Banale ? C’est vrai que de nos jours ce qui aurait été affreux passe pour plus commun. Bien que ça ne le rende pas plus acceptable. La prochaine fois qu’on tente de poser les mains sur vous sans votre accords, je vous conseille de ne pas viser les yeux, mais un peu plus bas. »

Un sourcil levé et un sourire goguenard pouvaient indiquer de manière assez explicite à Plume l’endroit auquel pensait son compagnon de table. Il garda une certaine légèreté en défendant ses camarades.

« Tous ne sont pas mauvais vous savez. Les gars de ma coutilerie sont des gars biens et j’en ai rencontré quelques uns de très impliqués. Mais c’est vrai que la Fange a poussé le Duc à prendre un peu n’importe qui dans ses rangs... »

Mais ces « n’importe qui » avaient apporté leur lot de bonne surprises. Comme son camarade roux, qui n’avait certainement pas qu’un palmarès tout rose, ou bien la présence des femmes dans leurs rangs. Si la majorité avait du mal à les accepter c’est qu’ils étaient incapable de se rendre compte de la force qu’elles avaient de caché en elles. C’est les mêmes qui se moquaient de lui alors qu’il était toujours aux petits soins avec Alice. Il n’avait même jamais tenté de les contredire quand ils l’accusait de se faire mener par le bout du nez…

Le milicien prit une gorgée de bière et finit par se lancer à son tour dans son propre récit.

« La mienne est assez banale aussi. Je suis né et j’ai grandis à Estaing. Comme beaucoup de garçons, j’ai suivi le chemin tracé par mon paternel. Lui avait choisi l’armée. Et pour s’assurer de ça, il m’a mis un arc dans les mains alors que je savais à peine marcher. »


Théophile en rit car lui voyait ça comme une chance. Ses parents avaient été bien meilleurs que ce qu’il avait pu voir autour de lui et il priait chaque semaine pour que les Dieux veille sur leurs âmes avec la même bienveillance.

« Mais ce qu’il m’a surtout transmis c’est que la gloire n’était pas d’aller jouer à la guerre. Vous savez que c’est ce qu’aiment certains petits garçons...Non, la vrai gloire était d’être utile et protéger les gens dont nous avions la charge. Alors c’est ce que j’ai essayé de faire pour les gens que j’avais toujours eu autour de moi. »


Et ce qu’il essayait de faire encore aujourd’hui.

« Mais quand la Fange est arrivée, il n’était plus de question de tout ça. Les rumeurs étaient parvenues à nos oreilles, mais rien de suffisant pour arrêter les villageois de vivre. Quand ils ont fait la première victime, il n’a pas fallu longtemps pour prendre la décision de partir. »

Il repensait brièvement à cette soirée qu’il avait vécu sans vraiment y être. Aujourd’hui encore, il avait l’impression que tout cela se passait autour de lui sans qu’il n’y ait pris part. Ses yeux cherchaient un semblant de réponse à toute cette horreur au fond de sa pinte.

« La Fange n’a épargné que peu d’entre nous. J’ai perdu ma maison, ma femme... »

Oui, il avait dû laisser le nid douillet qu’il avait construit pour eux. De toute façon, sans Alice, ça aurait été un foyer sans âme…

Mais qu’est-ce qu’elle apprécierait ce repas ! Théo lâcha sa boisson pour se replonger dans son assiette et contenter ses papilles tout autant que son estomac.

« C’est délicieux vous ne trouvez pas ? Ca change de cette bouillie infâme qu’on nous sert. Enfin, le pire c’est ce qu’on mange pendant les convois. Enfin qu’on ne mange pas. La journée, dans les marais il faut juste se contenter de grignoter. Et quand on ne dors pas dans un village on nous sert aussi un espèce de ragoût. A chaque fois j’ai préféré ne pas demander ce qu’il y avait dedans. »


Il prit quelques cuillères de plus avant de terminer son histoire. Car le départ d’Estaing n’était pas la fin et il n’avait toujours pas dit comment il était passé de la glorieuse armée du Roi à la Milice intérieure de Marbrume.

« Comme vous l’avez dit vous-même, il n’y avait pas beaucoup de solutions pour les réfugiés. Nous avons été pris dans une épidémie et mes parents n’y ont pas survécus. J’étais encore malade pour les grandes batailles mais dès que j’ai été remis sur pied j’ai intégré la milice. Je savais me battre et ils manquaient d’homme après tous ceux qui avaient péri. Et puis il me fallait subvenir aux besoins de mon frère avant d’avoir pu lui trouver une place en apprentissage. Les Dieux ont fini par être cléments et aujourd’hui il travaille chez un guérisseur de bonne renommée. Je crois qu’il ne me reste plus qu’à l’aider à trouver une femme. Le pauvre n’est pas des plus doué pour s’adresser à elles et je crains qu’il ne reste célibataire pour le reste de sa vie si il n’a pas un coup de pouce. »

Nul doute que son frère aurait essayé de l’étrangler si il avait entendu ça. Pas que ça aurait changé quoi que ce soit...
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyMer 1 Juin 2022 - 17:49
Clervie ne retint pas un rire lorsque Théophile lui suggéra la manière la plus efficace de se débarrasser d'un conscrit trop entreprenant. Elle était en même temps surprise car c'était la première fois qu'elle arrivait à évoquer son horrible agression sans en avoir les larmes aux yeux ; Erwan avait dû beaucoup l'aider. L'histoire du jeune homme était elle aussi très douloureuse. Lorsqu'il évoqua cet partie, ses yeux se rivèrent au fond de son verre, mais Clervie eut le temps de voir la lueur typique de douleur qui s'alluma brièvement dans l'ambre de son oeil restant. Il avait dû vraiment être très épris de sa femme, et sûrement l'était-il encore. C'était si beau. Clervie avait compris depuis un moment à présent que l'amour était quelque chose de rare et d'autant plus précieux. Bien évidemment, elle ne le questionna pas sur les détails. A en juger par la manière dont il se dépêchait de changer de sujet pour évoquer la nourriture, il n'avait surtout pas envie d'en parler.
Tant mieux en l'occurence. Si le milicien commençait à aller trop loin dans ses confidences, Clervie savait qu'elle risquait d'en ressentir une certaine gêne de lui cacher son histoire. Il n'y avait dorénavant que les deux Ascalon pour connaitre son secret et à être des épaules adéquates sur lesquelles s'épancher quand elle ressentait le besoin. De toute façon, qu'est-ce qu'un homme du peuple aurait bien pu comprendre au besoin viscéral qu'elle ressentait de faire couler le sang de ceux qui avaient osé détruire sa vie et celle de sa famille ? Erwan avait refusé de comprendre, lui !
Erwan... Chaque fois qu'elle pensait à lui, elle en bouillonnait de colère. Certes, c'était un homme bon. Certes, sans lui, elle aurait été une femme froide et perdue. Mais il l'avait trahie d'une façon terrible lorsqu'il avait voulu la contraindre à tout abandonner, par pur égoïsme. Elle ne lui souhaitait point de mal au contraire ; mais par moment, elle rêvait de l'avoir en face de lui et de pouvoir lui mettre une bonne gifle.
Elle rit pour de bon lorsque le jeune homme évoqua son frère.

- Je sais ce que c'est, concernant les repas... J'ai fait un convoi au Labret durant cet hiver, j'étais dans la milice extérieur jusqu'au départ de la Coutilière Blanchevigne. Heureusement encore qu'on avait des archers et qu'on a pu dîner une ou deux fois de lièvre ou de perdrix ! Et quant à vos soucis concernant votre frère, je comprends également...

Elle marqua une pause, sirotant une gorgée de bière :

- Il y a un gars dans ma coutillerie, le seul vrai ami que j'ai ici, c'est un vrai cas ! On va dire que je le vois un peu comme un frère d'adoption et que j'ai du coup la même préoccupation que vous pour votre frère le concernant. Mais pour lui, ce n'est pas une question de timidité. Le coeur grand comme ça, brave comme un chevalier mais alors, maladroit comme pas deux et un répertoire de jurons et de blasphèmes plus long que la corde de votre arc ! Essayez de lui présenter une gentille femme sans qu'il ne lâche un... "par les miches de Rikni" (elle fit la grimâce en citant le juron) au bout de quelques instants de conversation... Figurez-vous qu'il a été assez bête pour faire ça devant une petite aspirante prêtresse pour qui il avait le béguin ! Bref, elles ont tendance à vite tourner les talons. J'essaie d'en trouver un qui saura passer cet aspect un peu rustique de sa personnalité, car je suis sûre qu'il ne ferait pas un mauvais mari. Parfois, je tente de lui donner quelques leçons de bonne manière mais ça a l'air de ressortir de sa tête plus vite que c'est entré...

Les yeux de Clervie scintillaient d'un grand amusement alors qu'elle évoquait le brave Julius et ses nombreuses petites gaffes.

- Bref, vous aurez peut-être l'occasion de le croiser. Si cette taverne reçoit souvent des troubadours, il doit venir ici régulièrement lui aussi. Il adore les chansons. Il a même la manie d'en faire des... interprétations personnelles particulièrement mémorables pour ceux qui ont le malheur de les entendre...

Alors qu'elle évoquait les troubadours, soudain, un barde monta sur la petite estrade près de l'entrée de la taverne. Clervie le regarda faire, l'air enjoué. Celui-ci commença à gratter des notes d'une gamme entraînante :

- Mesdames et messieurs, ce soir est à la gaité ! Aussi, permettez-moi de vous interpréter l'air des plus courageux maroufles que le Morguestanc eut la chance de voir naître, ces sept pendards de légende qui, par un vol des plus audacieux, évitèrent à notre monde de sombrer dans les flammes ; la geste des Sept voleurs de Sombrebois, bien entendu !
Des applaudissements enthousiastes et des cris d'encouragement résonnèrent. Clervie applaudit de même.
- Oh, fit-elle avec un sourire ravi. C'était notre chanson préférée, à Alaric et à moi ! Il la demandait toujours quand on avait la chance de croiser des bardes !

Alors qu'elle prononçait ses mots, le joyeux artiste entamait son chant :

Les sept voleurs de Sombrebois
S'en allaient piller les quartiers
Les sept braves bandits sans pitié
Qu'avaient ni foi ni loi !

- ...Qu'avaient ni foi ni loi ! reprit Clervie avec les autres clients lorsque le musicien leur fit signe.
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MessageSujet: Re: [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines   [Termine] - J’ai toujours préféré aux voisins les voisines EmptyJeu 2 Juin 2022 - 22:51
Ce gars décrit par la milicienne, il semblait bien à Théo l’avoir déjà aperçu ici. Ce genre de phénomène ne passait pas inaperçu, encore moins que lui. C’était dire ! Peut-être avaient-ils même partagé une chope ou deux à un moment donné, mais c’était un peu flou dans son esprit…Comme devait se terminer toute bonne soirée quand une garde n’était pas prévue le lendemain matin.

Si cet homme amenait un peu de légèreté dans la vie de Plume, c’était une bonne chose. Apparemment, elle avait eu peu de chances d’être insouciante ces derniers temps. Et aucune femme ne devait avoir ces douleurs en elle. Elles étaient faite pour l’amour, la passion, le bonheur. Comme celui qui brillait fugacement quand la milicienne évoquait son ami. Son visage s’illuminait et ses billes étincelaient comme des perles que l’on examinait au soleil.

Le souffle de Théophile se coupa durant un infime moment, alors que la joie qu’il observait lui donnait un léger frisson. Puis son esprit lui rappela ce que la jeune femme avait traversé. Et le douloureux constat qu’aujourd’hui, cet homme était son seul ami. Mais désormais ce n’était plus le cas. Il ne la connaissait que peu, mais elle avait volontiers partagé son savoir, et aussi son histoire, avec lui. Elle ne pouvait pas être une mauvaise graine.
Et le courage dont elle avait fait preuve pour se tenir debout malgré ses pertes, tout autant que pour faire face à ses adversaires, prouvait quel genre de personne elle était.

« Et bien je pense que vous pouvez me considérer aussi votre ami. En tous cas, quelqu’un sur qui vous appuyer au besoin. Surtout si il s’agit de jouer un mauvais tour à ces grosses brutes qui vous entourent. »


Même si sa beauté l’avait saisit, Plume n’était pas dans sa ligne de mire. Pour être une femme épanouie, elle aurait besoin d’amour et de patience. L’amour était la plus belle chose qu’il avait pu ressentir dans sa vie, mais quelque chose d’aussi puissant et profond ne pouvait se partager avec tout le monde.
Nulle mention d’un fiancé ou d’un mari dans son histoire...elle avait donc toutes ses chances de trouver l’orfèvre qui saurait embellir tout ce qu’elle avait à donner.

Un troubadour interrompis leur échange. La chanson avait l’air de plaire à Claire car celle-ci se laissa entraîner facilement dans le rythme. Un des mots qu’elle prononça retint son attention.

« Alaric ? Qui était-ce ? Je vous pose la question car c’est le nom de mon frère. Et il ne me semble pas qu’il vous connaisse. »

Il ponctua sa phrase d’un nouveau sourire car il était évident qu’il ne s’agissait pas de la même personne. Regardant son assiette qui était vide, le milicien remarqua que sa chope l’était presque tout autant. D’un geste universel, il la leva pour que l’on puisse venir le resservir.

Soudain, le borgne reconnu le chant que certains clients commençaient à chanter en chœur avec les musiciens. Ce que faisait d’ailleurs Plume aussi. Les Sept voleurs de Sombrebois...Ce n’était pas quelque chose qu’il avait beaucoup entendu à Estaing. Mais depuis qu’il était à Marbrume, ce n’était pas la première fois qu’il avait le plaisir d’écouter cette ode joyeuse et entraînante.
Il commençait à en connaître les paroles et rejoignit les autres voix. Même si il aurait peut-être dû s’abstenir. Son entourage lui avait toujours demandé de se taire plutôt que de leur faire subir ça. Il n’y avait toujours eu qu’à la taverne que ça avait été acceptable. Après tout, noyée dans la masse, sa complainte devenait beaucoup plus supportable.

Nathalie vint les ravitailler en bière, juste à temps pour étancher leur soif après qu’il se soient égosillés. D’ailleurs, elle était bien partie pour devoir faire une tournée générale. Sauf pour les quelques uns qui, déjà bien imbibés, commençaient à se dandiner sur les première notes de la musique suivante.

« Par contre ne comptez pas sur moi pour les rejoindre. Vous n’aviez pas tout à fait tort en disant que j’étais plus raide qu’une bûche. En tout cas pour danser c’est totalement le cas et je crois que c’est assez irrécupérable. Même Alice en convient. Pourtant elle a une marge de tolérance bien plus grande envers moi que la plupart des gens. »

C’était un euphémisme pour décrire la patience abyssale avec laquelle sa femme l’avait toujours traité.

« Mais si vous voulez vous joindre à eux, ne vous inquiétez pas de moi et allez vous amuser. Je resterais tranquillement là à juger votre niveau. »

Le borgne leva un sourcil, comme pour la mettre au défi. Le rictus joueur qu’il arborait contrebalançait sa proposition, comme pour lui assurer que ceci pouvait n’être qu’une nouvelle farce de sa part.
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