Marbrume


-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez

 

 Entre le thé et l'eau de vie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyLun 23 Mai 2022 - 11:05
La pensée commune allait définir les nobles comme la quintessence des choses simples devenues complexes. Parler, par exemple, nécessitait tout un apprentissage de l´étiquette et de l´idiome dont les roturiers ne s´embarassaient que dans le but de singer les sang-bleu. Une part du lieu commun plongeait dans la vérité ; une autre, plus subtile, ne rendait les réelles machinations que comme une mécanique d´une difficulté inattaquable, même pour certains des plus bien nés de la société. Léonice connaissait les ficelles d´un monde qui s´amusait à rejeter comme à épouser tout un tas de préceptes, pas toujours les uns en accords avec les autres ; mais si une chose devait être assurée par tous, c´est que tous les liens ne naissaient pas de grandes manoeuvres. La rencontre avec Isabelle d´Ascalon, ainsi que l´amitié naissante entre elle et la de Raison, faisait partie de ces exceptions étonnantes au détour d´un hasard heureux. Voilà des semaines que Léonice jaugeait ses déplacements en dehors du cocon de protection que lui offrait Hector, grand taciturne qui continuait de vivre sa vie en dépit de la situation. Une force, pour sûr, et qui avait poussé Léonice à faire comme si la singulière menace de mort insoluble ne planait pas à chaque coin de rue. Mais l´isolement ne lui aurait coûté trop d´occasions d´éclaircir ce mystère ; et si elle évitait, par les Trois, de sortir au couvert d´une ruelle assombrie ou en dehors du quartier noble, ce dernier lui garantissait au moins sur quelques heures la difficulté de la toucher sans blesser une autre personne d´importance.
Isabelle fut rencontrée lors de ces sorties ; un instant fugace où Léonice s´était autorisée à descendre jusqu´au bas Marbrume pour récolter quelques affaires. Accompagnée d´un domestique qui, s´il n´avait jamais été chevalier, était tout de même capable de manier une petite lame pour les défendre, Léonice croisa la belle d´Ascalon qui n´hésitait pas à signaler quand elle avait l´impression de se faire avoir lors d´un troc de quelques denrées. Amusée mais surtout curieuse de voir une femme de quelques années son aînée dégager une telle prestance que son interlocuteur en bafouilla d´agressivité. Ignorant toute forme de logique quant à sa situation, la femme aux cheveux de feu s´était naturellement dirigée en soutien de ce qu´elle ne savait pas encore être une noble ou une riche marchande ; et au bout de quelques échanges, le marchand s´abattit en vaincu, laissant tout l´espace aux deux femmes d´échanger quelques mots. Il ne leur fallut que très peu de temps avant d´éprouver une sincère sympathie l´une envers l´autre, jusqu´à discuter durant des heures déraisonnables en se promettant de se revoir. Léonice appréciait le caractère franc mais régulier de la belle brune, qui ne manquait pas d´audace sans jamais frôler l´agression gratuite. La rousse se surprit à bien plus parler d´elle qu´elle ne le ferait d´habitude au cours de ce milieu de printemps, et puisqu´une fois n´était pas coutume, la belle se fit expressément invitée à prendre un thé dans l´immense demeure des d´Ascalon.
De ce que Léonice en savait, Isabelle n´était pas l´aînée, ni la plus jeune de sa fratrie ; cette dernière mentionnait parfois ses soeurs et son frère, alimentant la curiosité naturelle de Léonice qui, sans qu´elle ne s´en rende compte, écoutait bien plus Isabelle par pure amitié que par réelle envie de manigances. Pourtant, il ne fallut pas beaucoup de temps à Isabelle pour découvrir les penchants d´intrigante de la belle aux cheveux roux ; peut-être que les pointes de sincérité qui apparaissaient sans soucis dans la voix de la de Raison suffirent à apaiser les doutes d´Isabelle, ou au contraire ; peut-être que la d´Ascalon trouvait elle aussi un double intérêt à se rapprocher d´une telle personne.
Quoiqu´il en soit, ce fut à l´aube d´avril 1167 que Léonice arrivait pour l´une des premières fois au grand domaine de l´esplanade. Accueillit sans mal par ce qu´elle pensait être un garde et un chevalier, un domestique la laissa pénétrer à sa suite dans la cour intérieure. Vêtue de soieries et de tissus qui mêlaient humilité et élégance, Léonice n´était pas venue prouver sa richesse qui de toute façon était modeste ; et puis, elle savait bien qu´Isabelle n´était pas la plus à cheval sur les conventions qui régissaient leur société. L´intérieur du domaine se disséquait en plusieurs montées de murs sur lesquels se reflétaient les rayons de l´après-midi ; Léonice avançait d´un pas léger, un petit sachet de feuilles de thé spécialement récupérées pour l´après-midi. Les armoiries de la famille de ses hôtes s´invitaient presque à chaque coin ; toujours dans une vision périphérique pour ne pas être oublié, jamais en trop grande quantité pour ne pas écoeurant. Léonice admirait l´activité de la maisonnée, qui alliée dizaines de chevaliers ainsi que de domestiques, ce qui était bien loin de la modeste région à laquelle était désormais réduite les de Raison. Quand enfin Léonice vit Isabelle alors qu´elle était conduite vers un salon décoré de toiles et de souvenirs d´un autre temps, la rousse plia son visage dans un sourire doux.

« Ma chère Isabelle ! J´aurais voulu vous amener le livre dont je vous parlais la dernière fois, mais je n´ai pas eu l´occasion de me rendre chez notre ami le Comte récemment. J´espère que vous me pardonnerait au prix d´un petit sachet de feuilles de thé. Vous verrez, le parfum ressemble grandement aux plantes qui poussaient à l´ouest du Royaume…»

Accueillit avec toute la chaleur qui caractérisait leur début d´amitié déjà bien entamée, car après tout, Léonice et Isabelle s´appelaient par leurs prénoms respectifs, les deux femmes firent préparer du thé et commencèrent à discuter d´un rien qui leur semblait tout, ne voilant que peu les quelques rires qui s´échappaient de leur conversation.




Revenir en haut Aller en bas
Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyDim 29 Mai 2022 - 12:31
Le champion de garde à la grille du domaine entra dans la pièce avec la délicatesse d'un félidé.
«Noble dame ?»
Je ne l'entendis guère arriver du couloir. L'ouvrage que je tins en main m'échappa et chut à mes pieds sans corner la moindre de ses précieuses pages. Ce fut l'un des rares que nous réussîmes à amener durant notre périple. Ses caractères embaumaient toujours l'odeur des vallées de notre foyer. Une larme monta à la cime de ma joue mais n'alla pas plus loin.
Je pris une profonde inspiration et ramassai le manuscrit. Je ne dis mot et me retournai face à l'intrépide, là ou le commun des mortels me prierait mille excuses, lui était imperturbable et fidèle à sa psyché. Je l'appréciais, c'était un homme bien. Des centaines comme lui se sacrifièrent pour nous permettre de vivre en ces lieux.
Je tournais légèrement la tête et le regardai.
«L'invité de Dame Isabelle est arrivée, elles sont dans le salon près de l'entrée.» dit-il d'une voix constante emprunte d'humilité.
«La Baronne de Raison c'est bien cela ?»
«Il semblerait.»
«Merci Ser Duncan.»
Le gardien sortit et s'en retourna tenir compagnie à la sentinelle qui tenait la herse.
Léonice de Raison, ce nom ne m'évoque rien. J'ai su qu'elle arriva en ces murs accompagnée de rares survivants de cet ailleur dont j'ignorais tout.
Parcourant le couloir d'un pas franc, je repris mes esprits et du haut du colimaçon, j'entendis glousser dans le fond de la maisonnée. J'en ressentis un certain contentement.

Lorsque j'entrais dans le salon, Léonice de Raison était très confortablement installé dans un fauteuil alors qu'Isabelle se tint déjà debout prête à me présenter. Comme à son habitude, elle ne manque pas de m'entendre arriver. Il est vrai que le claquement de mes bottes sur le sol serait quelque peu extravagant, soit.
«Léonice, je vous présente ma soeur ainée: Morrigane Adamantine d'Ascalon, Comtesse et Maitre du Palais d'Ascalon. Morrigane, voici Léonice de Raison, Baronne du domaine de Raison.»
Je fus face à une poupée de porcelaine. Son teint si pâle fit un réel contraste avec sa crinière orange-alezan. Mes pommettes effleurèrent ses joues comme le voulait l'usage, mais je n'osai l'étreindre de peur de la briser.
«Ainsi, vous voici celle qui sû ravir la cordialité d'Isabelle. C'est un plaisir de vous rencontrer, Léonice.» Je sentis les nerfs de mon visage se relâcher un peu et muter son air de sévérité par un soupçon de bonheur. Je vis Isabelle esquisser un sourire en coin de sa bouche. Ces moments de paix et d'échange sont rares ces derniers temps.
«Excusez Balian de ne pas pouvoir se joindre à nous, un petit monstre du nom de Eliane lui accapare toute son attention aujourd'hui.»
«Isaure et Bérénice sont partis au haras, une jument vient de mettre bas.»
«Voilà une bonne nouvelle.»
Je me dirigais vers une des assise du salon et m'y assis en levant une main prête à demander un service à l'homme qui se tenait discrètement dans un coin de la pièce.
«Que puis-je vous proposer pour vous désaltérer ?»
«Léonice nous a amené du thé parfumé, il est en cours d'infusion.»
«Vraiment ? C'est très aimable.»
Je ne pus m'empêcher de constater le bandage à la main finement dissimulé de notre hôte.
«Il est réconfortant de savoir qu'il perdure encore quelques gens de bienveillance dans cette cité. Les complots mortels et les machinations sordides sont épidémiques ici.»
Je marquai un court temps de pose en observant sa main puis la regardai dans les yeux.
«J'espère que vous n'avez pas fait l'objet d'un tel dessein, ma chère.»
Revenir en haut Aller en bas
Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyLun 30 Mai 2022 - 11:55
Peu de temps après son installation, une femme de quelques années son aîné pénétra dans la salle où Léonice discutait avec Isabelle. Si la baronne eut un instant de doute quant au nom de la femme, ce qu´elle dégageait suffit pour pousser la bien-née à se redresser jusqu´à se mettre debout. Voiles et tissus se mêlèrent pour parfaire une polie révérence, le visage de Léonice légèrement incliné dans un sourire respectueux. Isabelle présenta très rapidement l´aînée des d´Ascalon, accentuant par la même occasion tout le respect que devait la baronne à la comtesse.

« C´est un plaisir de vous rencontrer, Comtesse d´Ascalon.»

Morrigane s´approcha pour frôler la peau de Léonice ; elle put remarquer toute la fraicheur de la Comtesse. La baronne était un tout petit peu plus grande que son interlocutrice ; elle remarqua sans aucun mal le visage neutre, peut-être serein ou pragmatique de la femme qui n´était pas sans lui rappeler son ami Gyrès ; toujours un peu à l´écart des codes sociaux de la noblesse de Marbrume. L´utilisation de son prénom était presque étonnant, mais Léonice n´en fit nulle remarque ; Morrigane pouvait bien se le permettre, et cela servait autant à la légitimité de l´amitié qu´elle entretenait avec Isabelle qu´à l´autorité naturelle de la comtesse. L´échange entre les deux soeurs rappela brièvement à Léonice toute l´étendue de son isolement en tant que fille unique ; mais cela faisait plaisir à voir.

« Je suis certaine que j´aurais d´autres occasions de les rencontrer. Aussi, sire Balian est tout excusé», répondit-elle avec un sourire en coin.

Finalement, il n´y avait bien qu´Isabelle avec qui Léonice avait eu le loisir de discuter et de s´apprivoiser. Quand Morrigane marqua l´envie de se déplacer jusqu´aux assises, la baronne la suivit en compagnie d´Isabelle, hochant la tête quand on s´adressait à elle.

« En effet, et je gage que cela devrait être bientôt près. Nous cultivions des plantes très proches de ce que j´ai amené, dans mon domaine. Le goût est très ressemblant, et ça à l´avantage d´être un peu plus fort que les thés des marais. J´espère que ça vous plaira.»

Léonice ramenait ses deux mains contre son giron quand Morrigane abordait un sujet… particulier. Léonice plissa légèrement les yeux, ses mèches rousses roulant contre son cou alors qu´elle penchait le visage de côté.

« Quel drôle de sujet, pour une première rencontre, Comtesse d´Ascalon.»

Les odeurs annonciatrices du thé par delà la porte du salon parvenaient sans mal aux nez des femmes. Après s´être un instant délecté du souvenir de ses propres après-midi à boire une boisson chaude, Léonice reprit le vif de la conversation avec un sourire polit.

« Mais je crains qu´il n´y ait, en effet, que trop de machinations partout où le pavé est battu par les talons de la noblesse.»

Un doigt passa le long de son visage ; si l´inquiétude ne primait pas sur le visage de la belle, Léonice considérait une silencieuse prudence compte tenu du sujet ; et il ne serait pas difficile de le voir pour une personne un tant soit peu attentive.

« Je crains également de ne pouvoir confirmer ne pas être victime de quelques problèmes. Isabelle ne m´a jamais mentionné de tels soucis,» compléta Léonice en regardant son amie, «mais je vois que votre véhémence sur ce sujet n´est pas volée.»






Revenir en haut Aller en bas
Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyMar 7 Juin 2022 - 18:57
Si la préparation du thé put se sentir, je n'y prêtai aucune attention ; mon dévolu fut jeté sur ce mouvement singulier qu'elle traça sur son visage. J'étais persuadée qu'elle n'était pas préparée à une entrée en matière si soudaine. Je ne m'avançai pas davantage dans les déductions mais ce geste me convainquit de sa sympathie.
Je souris, admirai les yeux pers de la jeune Baronne et réalisai avec quel accent abrupt je tentai de la percer.
«Soyez sans crainte, je n'ai pas l'intention de vous faire escarmouche. Il est vrai que nous venons d'horizons bien différents, que notre culture de l'apparence et notre pragmatisme peuvent vous sembler cavaliers. Mais je suis convaincue d'une chose, dans cette citée nous pouvons trouver le bon comme le plus mauvais. Vous ne découvrirez nulle intention mauvaise à votre égard en ces lieux»
Ce fut à cet instant que le thé arriva, il embauma la pièce d'une senteur douce et très végétal. Cela changeait du fumet citadin qui se dégageait de l'esplanade. Le domestique le servit avec toute la délicatesse d'un maitre d'orfèvrerie pour ne pas bousculer ces arômes si délicats.
Lorsque nous fûmes servit je portai lentement la tasse au bord de mes lèvres et en humai les vapeurs qui me rappelait un peu les sapinières des vallées de la Vire, très à l'Ouest d'ici. À le frontière du Royaume.
«Quel agréable parfum, j'ai l'étrange sensation de 'déjà vu'.» Je fut perdu dans cette étonnante impression de revivre un moment passé. L'éveil de mes sens par ce souvenir si proche et pourtant si lointain me confusionna un instant.
«Ce thé à une odeur de chez nous» Isabelle dit vrai «Cela s'en rapproche davantage que ce qu'il s'infuse traditionnellement ici»

Quelle drôle de coincidence, si cette Léonice de Raison ignore vraiment d'où nous venons, cela voudrait dire que aurions possiblement traversés ses terres en fuyant la fange.

«Si ces plantes rappellent celles qui poussaient à l'Ouest du Royaume, j'en conclus que nous arrivons peut-être du même horizon en fin de compte. Nous venons de la Marche de la Vire, cette vallée était l'une des frontières du Royaume, un Comté verdoyant et montagneux dont nous étions les gardiens jusqu'à sa chute il y près de quatre ans.»
Je me rendit compte que peu de personne savaient d'où nous venions précisement et pris un bref instant pour gouter ce thé qui se révèla des plus savoureux.
« Je pensais qu'Isabelle vous aurait apprêté à cette 'véhémence' bien que vous sembliez quand même le savoir? Cependant si je vous ai contrarié je n'en avait guère la volonté. Sachez tout de même que je me préoccupe de mes invités, davantage s'ils sont amis de la famille. Aussi vous me pardonnerez d'insister mais je doute que cette écorchure à votre main ne soit dû au recueil d'un bouquet de roses, ou sinon quelles roses fussent-elles! Que les Trois nous préservent d'une telle variété.»
Isabelle semblait un peu gênée par mon propos quelque peu désinvolte. Mais elle ne dit rien et observa la réaction de son amie. Je sus qu'elle voulut rétorquer et si elle ne le fit, c'est sûrement que Léonice de Raison avait du répondant. Si tel était le cas, cette entente cordiale pourrait se changer en association profitable pour nos deux familles.
Revenir en haut Aller en bas
Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyMer 8 Juin 2022 - 11:03
La comtesse s´avançait en conjectures dont Léonice ne pourrait dire si elle les appréciait ou non. Morrigane révélait avec une certaine franchise tout son caractère, ayant certainement conscience de chercher à brusquer son interlocutrice ; elle se rendrait vite compte que si Léonice était surprise, elle n´en n´était pas déstabilisée pour autant. «Cavalier» était un mot amusant dans la bouche de la Comtesse ; certainement qu´elle savait monter à cheval, cela pouvait se sentir. Il y avait cependant aux yeux de la rousse une certaine différence entre le manque d´éducation et le pragmatisme ; Morrigane se savait en dehors des normes, mais Léonice ne saurait dire si la femme de quelques années son aînée se permettait ce genre de paroles car elle voulait asseoir une supériorité psychologique, si elle ne savait simplement pas faire autrement ou si elle voulait tester l´assurance de Léonice. Cette dernière ne jouerait pas un jeu dont elle ne connaissait pas les règles ; pour ce qui était de la discussion, la baronne se savait maîtresse de ses propres cartes. Elle inclina doucement la tête sur le côté, souriante.

« Je ne doute aucunement de vos intentions bienveillantes à mon égard, Comtesse. Et mon avis rejoint aisément le votre.»

Léonice choisit la conciliation, du moins tant qu´elle n´était pas confrontée à quelque chose de plus épineux. Le thé était préparé dans le même temps, ce qui permit à la jeune femme de se repositionner dans son assise, humant les odeurs familières qui l´invitèrent à fermer les yeux pour se remémorer les plantes dont elles étaient ici. Morrigane aimait peut-être s´entendre parler, puisqu´immédiatement après avoir estimé qu´elles ne venaient pas des mêmes horizons, voilà qu´elle estimait maintenant le contraire. La baronne de Raison eut un léger sourire sur les lèvres en imaginant sans mal à quel point une telle Comtesse ne devait pas faire l´unanimité ; elle n´en devenait pas désagréable, mais au moins particulièrement audacieuse, et surtout bien éloignée du caractère faussement réservée de Léonice.

« Je connais les Marche de la Vire, mais mon domaine était quelque peu à son est. Je vivais à quelques dizaines de kilomètres de là, plus éloignée de la frontière, à vrai dire.»

Une information que la baronne n´oublierait pas ; cela pouvait toujours avoir son utilité de se souvenir d´où venait chacun d´entre eux. Léonice prit entre ses mains la tasse de thé qu´on lui offrit, se délectant du contact contre ses doigts. La chaleur montait doucement jusqu´à pigmenter la peau pâle de la jeune femme, y compris au travers du léger bandage qui entourait sa main gauche. Elle adorait cet instant, juste avant de consommer l´une de ses boissons préférées ; ce moment où tout pouvait lui rappeler le lieu où elle avait grandit, puis celui où elle avait vécu, élevé ses enfants, découvert une vie de femme qu´elle ne regrettait pas d´avoir vécu même si cela aurait pu se faire dans de meilleures circonstances.

«Nulle contrariété de ma part, rassurez-vous Comtesse. Il y a même quelque chose de fascinant dans votre manière d´insister sur ce genre de sujets, malgré ma tentative pourtant explicite de détourner la conversation. C´est amusant de voir une personne si bien-née pourtant si peu concernée par ce qui fait d´une société ce qu´elle est.»

Toujours d´un ton doux, il ne serait pas difficile de cerner le brin de provocation induit par de telles paroles ; mais cela n´était qu´en réponse à ce qu´elle venait d´entendre. Morrigane donnait l´impression d´un chien doucement enragé, capable de rester calme tout en serrant la mâchoire sur un même bras jusqu´à ce qu´il ne disloque. Léonice n´ayant aucun intérêt à se laisser démembré, elle choisit la vérité dans son plus simple appareil.

« Une lame m´a malheureusement abîmé les doigts lors d´un conflit dans la basse-ville, et cela met du temps à guérir. Je crains que mes mains ne soient encore trop fragiles pour de telles péripéties, mais je ne risque pas grand chose.»









Revenir en haut Aller en bas
Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyMar 14 Juin 2022 - 22:39
Ainsi ce fut une agression dans la basse-ville. Tant d'interrogation se bousculaient dans mon esprit, j'en attraperais une migraine.
«Je suis heureuse que votre main soit en voie de guérison. Visiblement vous étiez bien accompagnée ou serait-ce la milice qui vous enleva à une mort douloureuse ? J'en doute fort mais cela dit, il y a bien quelques éléments dans leur rangs qui mériteraient que l'on s'y intéresse...»

Je pris une bonne gorgée de ce délicieux breuvage maintenant adouci et enchainais:
«Puisque nous en parlons, qu'en est il de vos gens ? Êtes vous bien entouré dans votre logis ? Avez vous du personnel prêt à vous défendre ?
Le sentiment de sécurité que nous offre ces hautes murailles est une illusion, n'en doutez pas.
La fange nous fournie cette sensation que rien de pire ne pourrait s'abattre, et pourtant, au sein même de l'esplanade nul n'est à l'abri.»


Je sentais ma gorge se serrer légèrement durant la progression de mon récit.
«Sans parler des luttes de pouvoirs des différents partis de cette élite que nous illustrons, non.
Par soucis d'honnêteté à votre égard je me dois de vous mettre en garde à propos d'un mal qui sévit en coulisse.
Je vous parle d'un mal qui rôde, qui se réjouit de votre ignorance et manigance en toute impunité votre chute. Je vous parle d'un mal qui s'enorgueillit de vous voir vaquer naïvement, qui se délecte des maux les plus infâmes qui vous accablent avant de vous briser.
Je vous parle d'un assortiment irrationnel de fanatiques névrosés prêt à tout pour ruiner le dernier bastion de la civilisation.»


Certains souvenirs dramatiques se mélèrent à la foule de question envahissant la tribune de ma conscience.
«Ces même instigateurs se permettent d'entreprendre des exécutions publiques. Nous étions présents, arrivés depuis quelques mois à peine dans ce refuge que nous pensions salutaire. Et nous avons été les spectateurs impuissants d'une mascarade. Je n'ai aucune preuve, cependant j'en reste convaincue. Ce jour précis une famille entière a été arrêté et brûlé vive sur place sans jugement.
Ce jour là, la noirceur de l'humanité a jaillit de nulle part et s'est abattue de plein fouet sur cette même esplanade.
Et pourtant, la foule était ivre de foi. Elle scandait mille et une malédiction à ces bouc-émissaires accusés par je ne sais quel zélote pour supporter les malheurs du monde.»

Je fermais les yeux et chassai cette vision sinistre de ma tête et les rouvris. Je fut surprise de me trouver face à la fenêtre du salon. Apparement je m'étais levée pendant l'exposé de cette terrible anecdote.

Léonice de Raison n'est pas native de Marbrume et je ne crois pas qu'elle soit affiliée à ces énergumènes dégénérés. Peut-être que je me trompe, peu importe, je suis prête à prendre le risque.
S'il s'avère qu'elle en est une sympathisante, je ne m'inquiète pas au sujet de la hargne avec laquelle Isabelle lui détachera la tête du reste. Nous le saurons bien assez tôt.
Il est possible que je me fasse des idées et que cette agression ne soit rien de plus qu'une tentative d'extorsion d'un malotru. Quoiqu'il en soit il est trop tard pour annuler mon récit.
Avant son départ du domaine, nous serons assurées de son amitié ou de son implication.


Cette secte me préocupait, pire, elle commençait à m'obnubiler.
«Voici contre quoi nous et d'autres nous battons, chacun à sa manière. Ces marauds nous menacent avec leurs préceptes suicidaires.»

Je fis volte-face:
«Le nom de ''Purificateurs'' vous évoque t-il quelque chose ?»

Isabelle ne dit pas un mot durant ce monologue. Je ne saurais dire ce qu'elle pensait ni ce qu'elle comptait faire à l'égard de la Baronne de Raison. J'ignore également ce qu'elle lui a vraiment appris à mon sujet. Je nourris ardemment l'espoir que cette jeune et noble Dame n'ait un quelconque lien avec les Purificateurs.
Revenir en haut Aller en bas
Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyVen 17 Juin 2022 - 20:04
Morrigane ne se cachait aucunement de ses opinions ; une prise de position aussi audacieuse que dangereuse. La femme ne semblait pas être en accord avec le monde dans lequel elle vivait, ignorant tous les préceptes qui leur était pourtant inculqué. Léonice s´étonnait de tels égarements de la part d´une Comtesse, mais après tout Isabelle lui avait déjà présenté un peu le personnage ; et son amie était persuadée que les deux pourraient s´entendre.

« J´étais accompagnée de mon chevalier, oui, qui rapidement éclaircit la situation.»

Les doigts blancs de la baronne erraient contre la porcelaine qui réchauffait sa peau. Revoir sous ses paupières brièvement clauses le massacre des deux imbéciles l´envahissait d´une puissante satisfaction. Bien que Morrigane continue à poser des questions, Léonice sentit que la Comtesse voulait simplement exposer son point de vue ; aussi, cette dernière semblait partir du principe que Léonice ne connaissait rien des dangers de ce monde, ce qui ne lui était pas particulièrement agréable en plus de lui faire réaliser que Morrigane ne possédait peut-être aucune empathie ni lucidité sur la situation. La baronne laissa faire, sirotant la boisson qui lui rappelait son domaine d´antan. Le récit prit rapidement un ton dramatique ; Léonice savait de quel tragique épisode de l´esplanade Morrigane faisait allusion, même si la baronne n´avait fait qu´en entendre parler. Elle ne savait pas encore pourquoi Morrigane lui racontait tout cela, mais elle prit l´initiative de simplement écouter, dans un calme attentif qui lui était propre.

« Cela semble tragique», commenta-t-elle pour ne pas que Morrigane pense que la baronne n´écoutait pas.

Alors que la comtesse se levait, Léonice se contentait de la suivre du regard. Le sujet lui tenait à coeur, et la baronne eut subitement l´impression qu´on tentait de la recruter ; cela lui aurait fait plus plaisir si Morrigane avait prit le temps de connaître la personne à qui elle s´adressait. Ici, il semblait que la Comtesse sombrait progressivement dans le désespoir la poussant à se hasarder dans le choix de ses alliés ; mais cette détresse serait peut-être utile, plus tard. La mention des Purificateurs était, quant à elle, moins attendue. Léonice les connaissait un peu trop bien depuis l´automne 1166, malheureusement pour elle, mais ses connaissances en la matière étaient limitées.

« J´en ai entendu des rumeurs, mais je ne pense pas avoir de connaissances très précises à leur sujet. Ce sont eux, qui galvanisent votre attention de la sorte ?»











Revenir en haut Aller en bas
Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyLun 27 Juin 2022 - 20:44
Etait-ce cette fabuleuse mixture pourtant si réconfortante qui me fit perdre mon sang-froid ? J'étais certaine que cela me rongeait de l'intérieur. Non contente de me priver de nuits reposantes, voilà que cette histoire sapait mon autorité intérieur ébranlant cette maitrise de soi que je méttais un point d'honneur à parfaire en toute circonstance.
Isabelle eut sûrement raison à mon sujet, je ne prenais pas assez de temps pour moi-même. À toujours courir pour les uns et les autres je venais à m'oublier.
«Je crains que ce ne soit plus que de simples rumeurs, hélas. Je l'ai constaté à mes dépens.»
Je repris mes esprits et lui souris calmement.
«Veuillez me pardonner, il est clair que vous n'êtes pas venue ici pour m'écouter déraisonner sur de tels évocations. À vrai dire, je suis davantage galvanisée par les préparatifs de notre expédition pour Balazuc. Mais cette menace constante me préoccupe malgré tout.»
Après tout ce temps passé enfermée entre ces murs, ce sera la première fois que je sortirais au dehors de l'enceinte de la cité. Je me gardais bien de le faire savoir mais j'en trépignais d'impatience.
«Ce sera la première fois depuis notre arrivée que nous participons à un tel projet sortir pour plusieurs semaines au dehors de ces rues nous fera sûrement le plus grand bien» Je pris un court instant de réflexion et, pensais à une chose.
Isabelle devina vraisemblablement le fond de ma pensé:
«En vérité ce sera la deuxième fois» Reprit elle. «L'expédition de l'année dernière a été avorté suite à une tragédie.»
«Il est vrai. Nous devions nous rendre à Ventfroid pour une exploration, afin de déterminer si cette place forte pouvait être reprise en vu d'y construire une garnison proche du Labret. Nous voulions aussi savoir ce qu'il était advenu du reste de nos gens. Ceux qui n'ont pas eu la force de terminer le voyage jusqu'à Marbrume. Ils se sont sacrifiés pour nous permettre de vivre, leur offrir un semblant de sépulture aurait été le moins que nous puissions faire à leur égard. Au lieu de cela nous cultivons leur mémoire avec le peu de verbe que nous avons cœur à leur dédier.»
Ce fut un bien triste jour, celui où les peuplades montagnardes ont rejoint leurs aïeux, du moins de ce qu'on en sait. Ce même jour ou j'offris à Balian cette singulière balafre du revers de ma main. Par les Trois si je n'avais été sa sœur ! Il m'aurait occie avec une fureur que même un fangieu ne méritait pas. Ce fou voulait accomplir son barroud d'honneur, mais l'heure n'était pas encore venue. C'était mon frère avant tout, et nous avions encore bien des choses à accomplir avant d'en arriver là.


Sans se soucier d'où en était la conversation Ser Duncan entra dans la salle et pris humblement la parole en plaçant sa main sur la garde de son épée:
«Noble Dame. Pardonnez cette irruption mais nous requérons votre attention dans la basse-cour.»

La basse-cour ? Mon attention est requise dans la basse court ? Quelle est encore cette diablerie ?
Insatisfaite de cette introduction ma foie fort discourtoise je le regardais d'un air que je ne saurais qualifier de bienveillant:
«Et bien ?»
«Je ne saurais trop comment vous le dire mais...»
«Avec des mots Ser Duncan. Je n'ai aucun doute sur le fait que vous soyez capable de formuler des phrases simples et compréhensibles par le commun des mortels.»
Le pauvre Chevalier si brave soit il semblait vraiment désemparer:
«C'est votre faucon ma Dame, il s'est mis en tête d'interdire à quiconque l'accès au poulailler.»

Je ne réalisais pas ce que je venais d'entendre. Peut être étais-je en plein rêve. Je m'accoudait du bras gauche sur l'accoudoir du fauteuil sur lequel je m'étais réinstaller. Mon pouce sous la mâchoire et deux doigts posés sur ma tempe. Je me pinçais l'avant bras avec ma main droite et non, visiblement je ne rêvais pas.
«Millard de fange ?!»
Je me levais sans vergogne et, n'oubliais pas pour autant mon invitée avec qui j'aurais aimé bavarder davantage, même si, force est de l'admettre, je n'étais pas sous mon meilleur jour.
«Ma chère Léonice, on ne peut visiblement pas se passer de moi.» Le champion le pris pour lui et baissa la tête.
«Ce fut toute fois un réel plaisir de vous rencontrer, j'espère vous revoir bien assez tôt.»

Je me dirigeais vers le grand gaillard qui malgré ses quarante centimètres de plus n'en menait pas large:
«Déjà deux domestiques y ont laissé ... Des plumes si je puis me permettre.»
Je m'arrêtais à sa hauteur interloqué et le fixais depuis la hauteur de son sternum
«No... Nous n'avons pas voulu tenter quoique ce soit qui risquerait de le blesser...»
«Et vous avez bien fait.»
Je repris mon élan et m'en allais quérir mon carnier et mes gants de cuir. Depuis le couloir on pouvait m'entendre injurier:
« Celui qui aurait osé toucher à l'une de ses plumes aurait souhaité mourir dévoré par la fange...»

«Décidément, même aujourd'hui, il faut qu'on la dérange. Ce n'est pas faute d'avoir pris toutes les dispositions auprès du personnel du domaine.» Isabelle sourit très légèrement, avec toutefois un peu plus de légèreté que sa grande sœur.
«Je ne pensais pas que cette instant de convivialité prendrait cette tournure, j'espère ne pas vous avoir embarrassez. Cette entreprise pour Balazuc lui fera du bien. Elle n'est pas de ceux qui se complaise dans le confort d'être servie.»
Isabelle non plus n'était pas ce genre de personne, mais son caractère est bien différent de celui de la Comtesse. Elle prend moins les choses à cœur, sans pour autant s'en détacher ni mal faire. Cela lui donne une incroyable capacité à absorber les états d'âmes de Morrigane.
«À vrai dire, nous nous plaisons davantage à cheval, et cela fait un certain temps que nous n'avons mis pied à l'étrier.»
Isabelle reprit un peu de thé:
«Assez parlé de nous, que faites vous en ce moment pour passer le temps ?».

Revenir en haut Aller en bas
Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyMar 28 Juin 2022 - 0:15
Léonice ne pouvait pas forcer Morrigane à appuyer le fond de sa pensée, mais elle trouva bien étrange cette soudaine manière de marcher à reculons. Léonice se concentra brièvement sur son thé, ne désirant pas gêner la Comtesse outre mesure. Il lui était difficile de savoir si l’ainée des Ascalon était d’un naturel particulièrement instable, ou si un événement récent l’avait suffisamment chamboulée pour prendre la conversation comme l’établissement d’un monologue persuasif. Enfin ; pas de quoi inquiéter la baronne qui n’était pas venu ici pour faire autre chose que dialoguer avec une amie. Elle était curieuse des ambitions de Morrigane, mais peut-être que le temps n’était tout simplement pas propice à ce genre d’élucubrations.

« Balazuc ? Oh, je vois. Nous n’avons pas suffisamment de gens pour participer à une telle expédition, mais un de mes amis m’en a également parlé, récemment. Et ne vous inquiétez pas, nous avons toutes nos périodes d’égarements. »

Elle cherchait à rester courtoise et surtout, à garder la discussion ouverte. Sa curiosité avait été piquée par la mention des Purificateurs ; une audace qui ne pouvait pas être négligée, surtout que Morrigane semblait avoir fait les frais, comme elle le disait elle-même. Léonice tourna la tête vers Isabelle lors de son irruption dans la conversation, lui offrant un sourire sincère alors qu’elle en apprenait un peu plus sur cette famille qu’elle trouvait particulière ; mais dans un sens appréciable du terme.

« Ventfroid ? »

Peu confrontée à ce nom, Léonice mit quelques secondes avant de comprendre le type de problèmes qu’ils auraient pu avoir.

« Oh. »

La jeune femme en baissa sa tasse. Elle imaginait sans mal tous les scénarios possibles et imaginables qui auraient pu conduire à une quelconque « tragédie ». Mais n’étant pas devin, là encore Léonice ne se permit pas d’approfondir la conversation, surtout qu’un serviteur entrait pour les interrompre. Ce n’était pas d’une grande prestance ou politesse mais la mention de la basse-cour lui fit hausser un sourcil ; et au bout de quelques minutes supplémentaires, Morrigane s’excusait, recevant de la part de Léonice un mouvement de tête compréhensif alors que la Comtesse s’éclipsait dans le couloir par lequel elle s’était montrée un peu plus tôt. Un fin rire passa les lippes de la jeune veuve tandis que son amie reprenait la parole.

« Ce sont des choses qui arrivent, ce n’est pas trop grave. Enfin, j’espère en tout cas que cette attaque de faucon ne sera pas trop difficile à gérer, sait-on jamais. Oh ! Voilà si longtemps que je ne suis pas montée à cheval… je n’ai jamais été très douée, mais j’adorais la présence de ces fiers destriers. Mon mari m’avait offert une superbe Jument que j’avais appelée Marguerite… avec un peu de chance, elle a survécu dans un paturage voisin lors des attaques de la Fange. »

Léonice pencha la tête de côté, laissant glisser son épaisse chevelure contre sa joue puis son épaule.

« Passer le temps ? Oh, il passe ma foi bien vite. La gestion de mon humble domaine me prend déjà pas mal de temps, surtout que je gère nos finances et les missions auxquelles participent le chevalier Dartigau. Entre la vie mondaine, les réceptions, sans oublier la gestion de mes affaires… je crains que ma vie ne soit aussi banale que très occupée ! »






Revenir en haut Aller en bas
Morrigane d'AscalonComtesse
Morrigane d'Ascalon



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie EmptyDim 31 Juil 2022 - 22:18
La première cadette d'Ascalon se leva, et tout en parlant, s'en alla quérir une bouteille terne enrobée d'un linge ocre disposée dans la bonnetière du salon.
«Le Chevalier Dartiguau ?» Isabelle n'eut jamais entendu parler de lui. Elle imagina sans mal un combattant à l'esprit vif, gracieux dans la parole et le geste.
«Est ce l'un de ceux avec qui vous êtes venu jusqu'à Marbrume ?» Lui demanda t-elle avec un certain intérêt, ou du moins un intérêt certain.

Il fallait bien s'y résoudre le temps filait à une allure fulgurante. Si Morrigane s'entêtait à faire passer les intérêts des autres avant les siens, ce ne fût pas le cas pour tout le monde.
Isabelle pensa de temps à autre à ce que serait son existence si la fange n'existait pas. Ce qu'il serait advenu de son destin de châtelaine, du champion qui aurait ravi son cœur durant le grand tournoi des fêtes estivales. Bien souvent, les dames de la Vire se voyaient promises au vainqueur, si ce n'est aux meilleurs des participants toutes épreuves confondues. Il en était de même pour les filles de la lignée des Bourgmestres d'Ascalon, anoblie il y a plusieurs générations.
Qui sait ? Peut être l'occasion d'organiser quelques joutes lors d'une obligation mondaine se présentera t-elle prochainement.

Isabelle versa le contenu du flacon dans deux petits verres en étain gravés et repensa à l'évocation de la jument Marguerite et laissa passa un rictus amusé:
«Aimeriez vous une balade équestre dans l'esplanade prochainement ? Nous n'avons pas de chevaux sans chevalier et l'ainé des poulains est encore trop jeune pour être monté, mais je suis sûr qu'un de nos cavalier vous laissera sa monture volontiers.
Nos roussins ne sont peut être pas aussi gracieux que les destriers de parade mais ils sont vigoureux et ne rechignent pas à la tâche. Ce sont de fiers montagnards comme nous le fûmes et le seront toujours.»
Son regard était empreint de sincérité.
Elle ignorait les desseins que prévoyait Morrigane au sujet de Léonice. Pour l'heure elle désirait simplement avoir quelqu'un avec qui échanger.

Elle tendit l'un des gobelets à Léonice:
«C'est une eau de vie. J'ignore quels en sont les ingrédients mais c'est très goutu.»
Isabelle se rassit et dégusta ce breuvage mystère en compagnie de la Baronne de Raison.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Entre le thé et l'eau de vie Empty
MessageSujet: Re: Entre le thé et l'eau de vie   Entre le thé et l'eau de vie Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Entre le thé et l'eau de vie
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - L'Esplanade ⚜ :: Quartier noble :: Résidences de la noblesse-
Sauter vers: