Marbrume


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 Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...

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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMar 7 Juin 2022 - 0:03
Cette journée d'hiver était particulièrement rude mais Joséphine avait tout de même bravé le froid pour se rendre au Temple. A vrai dire elle était prête à affronter n'importe quels intempéries pour ne pas avoir à rester chez elle. Ses propres démons étaient bien pires qu'une brise glaciale. Voilà près de deux années que Joséphine se rendait fréquemment au Temple de la Trinité. Non pas pour consacrer ses journées à la prière, bien que croyante elle ne se sentait pas capable de rester immobile à ne rien faire - enfin, à seulement prier - des heures entières. La jeune femme avait décidé de donner de son temps pour aider plus activement la cité de Marbrume. Ses missions n'étaient pas de la plus haute importance, elles étaient même souvent d'un ennui mortel, mais cela lui suffisait amplement.

Joséphine aimait accomplir ses tâches redondantes. Cela lui évitait d'avoir à se perdre dans ses pensées. La mort de son père. L'exil de son frère. Elle avait trop honte pour assumer de tels souvenirs. Alors elle avait passé la majeure partie de sa journée. Ou plutôt à recopier. D'anciens manuscrits de la bibliothèque du Temple s'étiolaient avec le temps alors Jo' les recopiait pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli. Des vieux traités. Des légendes. Des essais médicinaux. Peu lui importait, du moment que le travail était fait.

Certains documents étaient si vieux et si fragiles que la jeune femme ne pouvait pas les manipuler dans la bibliothèque. Elle s'était donc installée pratiquement à l'autre bout du Temple, dans un petit bureau assez rustique et sans fenêtre pour que la lumière n'abime pas davantage les précieux écrits. Les mains tâchées d'encre (parce que non, elle ne savait pas travailler proprement) Joséphine avait terminé de recopier les parchemins qu'elle avait emportés avec elle. Prenant tous les  documents dans ses bras, elle se décida à les ramener dans la bibliothèque. Joséphine n'avait pas envie de faire plusieurs voyages, si bien qu'elle n'hésita pas s'encombrer plus qu'elle ne l'aurait dû.

A force de côtoyer aussi souvent le Temple, Joséphine commençait à très bien le connaitre. Ses pas la guidaient machinalement dans le décale de couloirs déserts et Joséphine ne prêta pas attention à ce qui l'entourait. Seulement, à une intersection, la jeune femme en percuta une autre. Les parchemins lui échappèrent des mains et s'étalèrent sur le sol. Joséphine laissa échapper un petit cri de surprise et s'empressa de se baisser pour ramasser ses documents. Ne prêtant pas attention à la femme qu'elle avait heurtée, Jo' se confondit tout de même machinalement en excuses.

- Veuillez accepter toutes mes excuses. Je n'ai pas regardé où j'allais, j'en suis vraiment confuse...

C'est alors que Joséphine leva son regard vers la femme qui lui faisait face. Elle haussa légèrement les sourcils. Elle avait comme l'impression de l'avoir déjà vue, mais ne parvenais plus à se le remémorer.


Dernière édition par Joséphine de Léon le Lun 27 Juin 2022 - 22:29, édité 2 fois
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMar 7 Juin 2022 - 20:32
L´année se targuait d´ombres et de complexités ; des instants qui rendaient la venue dans un temple nécessaire plus que négociable, quand bien Léonice trouvait un certain dédain à ces lieux. La baronne n´avait cessé de se rendre fréquemment au Temple pour offrir quelques petits objets qu´elle troquait ci et là au fil de ses travaux, pour prier ou pour dialoguer avec d´autres nobles, des gens de tout horizon ou simplement le clergé. Peut-être était-ce le fait de ne pas avoir recroisé son chevalier ces derniers jours ; en même temps, Léonice faisait en sorte de le garder occuper pour que ni sa psyché, ni celle de la baronne ne s´égarent aux plus sombres considérations. Pour des raisons aussi variées que pragmatiques, Léonice ne se déplaçait que peu au Temple lorsque celui-ci n´était pas bondé ; il y avait là toutes les limites de ses croyances, sujettes à quelques doutes et éloignements depuis l´avènement de la Fange et la chute du roi. Quel intérêt y avait-il à montrer sa ferveur pieuse s´il n´y avait personne pour l´observer ? Léonice pouvait très bien prier de sa chambre ; mais aujourd´hui, un drôle d´instinct l´avait poussé à s´apprêter pour partir au Temple.
Sa tête était plein de choses comme d´autres ; sa situation n´évolution pas tant que ça, la récente mort de quelques uns de ses amis la peinait plus qu´elle ne voulait bien l´admettre. Vêtue d´une de ses traditionnelles robes bleu, une cape en fourrure épaisse camouflait sa taille en partie, et une capuche bourrée de laine lui camouflait sa tignasse rousse et bouclée. Léonice s´était avancée, s´épagnant les diatribes inintéressantes de quelques bourgeois sur les marches menant au majestueux édifice qui l´ignorèrent autant qu´un mendiant non loin. La jeune femme n´avait pas la tête à discuter, ou en tout cas pas tant que quelqu´un ne l´interpellait. Elle saluait machinalement chaque prêtre ou prêtresse qu´elle croisait, mais heureusement personne n´eut la fantaisie de s´arrêter pour engager une discussion avec la baronne. Cette dernière eut tout le loisir d´explorer les dédales qu´elle connaissait presque par coeur, se prenant même l´envie de prolonger le plaisir, trouvant les vitraux comme les statues particulièrement apaisants.
Son esprit était ailleurs tandis que son corps fonctionnait sans pilote ; ce qui devait ainsi arriver se présenta sous la forme d´une rencontre brusquée, alors que Léonice se voyait bousculée et légèrement repoussée en arrière. L´agacement lui plia les sourcils alors qu´une frêle silhouette se penchait pour ramasser quelques documents. En notant l´ancienneté des dits parchemins, Léonice pensa à se courber pour l´aider, mais alors qu´elle amorçait un geste, son regard fut happé par une familiarité peu commune. Elle avait bien entendu les excuses, et s´apprêtaient même à y répondre, mais elle fut saisit d´une impression de déjà vu désagréable. Léonice finit par secouer la tête de gauche à droite, coincée dans son hésitation, avant de répondre d´une voix qu´elle espérait douce.

« Ne vous inquiétez pas, j´étais également un peu ailleurs, laissez-moi vous aider.»

Pour se donner contenance, la baronne finit de se pencher avant de rassembler les papiers d´anciennes factures entre ses doigts. Mais la sensation de connaître cette jeune… prêtresse ? Elle n´en portait pas la tenue, aussi la baronne se permit-elle de l´étudier un peu plus.

Puis tout lui revint ; sa chevelure, la couleur de ses yeux, cette manière de parler comme si elle s´excusait d´exister, même si quelque chose s´était profondément transformé depuis sa dernière rencontre.

« Pardonnez-moi cette question, mais… vous me faites penser à une jeune femme, dont le père n´habitait pas si loin de mon domaine. Joséphine… serait-ce vous, à tout hasard ?»










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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMer 8 Juin 2022 - 0:24
Joséphine n'avait jamais eu la réputation d'être une personne maladroite. Au contraire, ses mouvements avaient toujours été d'une gracieuse maîtrise. Une femme bien née ne devait pas être gauche, son père le lui avait souvent répété au cours de son existence. La jeune femme avait donc l'habitude de se mouvoir délicatement : traverser une salle de réception bondée sans encombres lorsque l'on portait une encombrante robe de soirée relevait d'un exploit presque chevaleresque qu'elle savait relever. Mais heurter la seule âme vivante qu'elle croisait dans un large couloir... Heureusement que son paternel n'était plus de ce monde, finalement. Il en aurait mortifié. Joséphine ne se serait pas cru capable d'être aussi empotée. Peut-être aurait-elle été moins distraite si elle n'avait pas été responsable de la tragédie qui avait percuté sa famille l'an dernier...

« Ne vous inquiétez pas, j´étais également un peu ailleurs, laissez-moi vous aider.»

Jo' avait remarqué l'étonnement de la jeune femme. C'était comme si elle cherchait comment imbriquer les pièces d'un vieux puzzle. Elle l'aida à ressembler ses papiers, et Joséphine l'a remercia avec un petit sourire gêné. La voix de l'étrangère lui paru étonnement familière. Comme un murmure de son passé, à l'époque où tout allait bien. Avant la Fange, quand la pire chose qui lui était arrivée était d'avoir été fiancée à un comte plus âgé qu'elle n'avait jamais rencontré. Une broutille, comparé au reste.

L'inconnue portait une très jolie robe bleue. Elle était riche, à n'en point douter. Des mèches rousses s'échappaient de son capuchon. C'était une couleur de cheveux peu commune, et Joséphine rassembla les quelques informations dont elle parvenait à se souvenir.

« Pardonnez-moi cette question, mais… vous me faites penser à une jeune femme, dont le père n´habitait pas si loin de mon domaine. Joséphine… serait-ce vous, à tout hasard ?»

Tout devint limpide dans son esprit. Joséphine n'avait que seize ans lorsque la Fange l'a contrainte à l'exil avec sa famille. Mais elle se souvenait bien de sa vie d'avant. Son père le vicomte l'avait longtemps considérée comme trop jeune pour les soirées mondaines et il la considéra trop insolente lorsqu'elle fut en âge de se marier. La jeune femme n'avait pourtant jamais manqué de respect à quiconque, la vérité étant que son père pensait qu'il ne parviendrait jamais à la marier si les hommes découvraient qu'elle pouvait tenir une conservation sur des sujets qui ne regardaient pas sa condition de femme. Le vicomte lui permettait donc des sorties relativement exceptionnelles. Chacune d'entre elles avait ébahit Joséphine, si bien qu'elle fit tous les efforts possibles pour un graver chaque instant dans sa mémoire.

- En effet, je suis Joséphine, la fille du défunt vicomte Richard de Léon. C'est un plaisir de vous revoir après tant d'années, Madame de Raison.

Elle avait incliné la tête pour respecter les convenances, et gratifiait à présent son interlocutrice d'un franc sourire. Les souvenirs s'étaient remis à leur place. Son chemin avait déjà croisé celui de Léonice de Raison, bien des années plus tôt. Joséphine était une adolescente à cette époque et Léonice une femme mariée. Elle ne l'avait pas revue depuis la Fange, comme la majorité de ses relations. En des temps où l'on ne savait plus qui était vivant et qui n'était plus de ce monde, revoir une vieille connaissance surgir du passé avait quelque chose de rassurant.

- Veuillez pardonner ma surprise, je n'avais pas connaissance que vous aviez également trouvé refuge à Marbrume. A dire vrai, j'ai eu peu d'occasions de fréquenter des évènements mondains ces dernières années.

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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMer 8 Juin 2022 - 11:32
Si ce que pensait la baronne était vrai, la jeune femme face à elle avait tous les attributs d´une haute naissance. Malgré la précipitation de ses doigts contre les parchemins à terre, il y avait une certaine maîtrise dans la manière de déplacer ses mains, comme une musicienne sur un instrument chéri. Il n´y avait pas la hargne ou l´agacement que pouvaient avoir les gens du peuple ; une éternelle retenue se calquait à la peau pâle. Sa question, peut-être un peu audacieuse si elle avait du se tromper, troubla légèrement la jeune femme qui semblait prendre le degré de son attention. Léonice leva ses yeux bleus vers son interlocutrice, cherchant les traces d´une confirmation qui tarda à peine à venir. Les sentiments se mêlaient dans le coeur de la jeune femme, heureuse de retrouver quelqu´un qu´elle eut connu quelques années auparavant, mais peut-être un peu attristée d´apprendre le décès du victomte. Léonice ne l´avait jamais porté dans son coeur ; il était évident que l´homme n´avait jamais traité tous ses enfants de la même manière, chose que pouvait comprendre la baronne mais qu´elle ne tolérait que très difficilement.

Puisque les papiers étaient désormais ramassés, Léonice aida Joséphine à se redresser avec toute la tendresse dont elle était capable. Seulement quelques années séparaient les deux nobles, mais Léonice avait toujours ressenti une certaine empathie pour la dernière des Léon, reculée dans une atmosphère qui ne lui paraissait pas saine pour son développement.

« Je suis navrée pour votre père, mais je suis soulagée de savoir que vous allez bien. C´est peut-être égoïste, mais il me fait grand bien de savoir que quelques personnes de mon passé parviennent à revenir jusqu´à mon présent».

Et si Léonice n´était pas aussi consciencieuse vis à vis de son comportement, certainement qu´elle aurait tendue les bras à la jeune femme pour l´enlacer ; mais elles n´avaient pas encore eu l´occasion d´être très proche, aussi la baronne préféra garder une petite distance afin de légèrement presser l´avant-bras de Joséphine de ses doigts.

« Oh ne vous inquiétez pas, je ne vous ai pas reconnu immédiatement non plus. Et puis, il faut dire que nos domaines respectifs étaient très loin de Marbrume, la surprise est donc de mise.»

Brièvement, le visage de Léonice se para d´une certaine tristesse ; si Joséphine avait vécu ne serait-ce que la moitié des catastrophes qui agitaient le coeur de la baronne…

« Je vous ai peut-être arrêté dans une affaire importante, mais cela me ferait plaisir d´un peu parler. Accepteriez-vous de m´accorder peut-être un peu de temps ? Ce n´est pas obligé d´être tout de suite, bien évidemment…»

Léonice se voulait prévenante ; si elle n´avait envie de parler à personne depuis de son réveil, Joséphine était comme une étincelle de vie dans une pièce toute froide, il lui serait difficile de s´en séparer et surtout, la baronne restait bien curieuse de savoir comment la famille Léon se retrouvait à Marbrume… et dans quel état.










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Joséphine de LéonFille d'Anür
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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMer 8 Juin 2022 - 21:20
- Je vous remercie, la perte de mon père est une tragédie qui m'a beaucoup affectée, puisse son âme reposer en paix auprès des Trois. Revoir des visages familiers en cette triste époque me fait le plus grand bien à moi également.

Joséphine avait répondu machinalement, son discours était bien rodé. Il n'en était pas moins sincère : le décès du vicomte l'avait réellement affectée, mais pas dans le sens où elle le laissait entendre. La jeune femme en avait encore des difficultés à trouver le sommeil. En toute sincérité, quiconque ayant réellement connu son père s'accorderait à dire que sa perte n'était pas si grande que cela.

Lorsque la baronne posa amicalement sa main sur son avant-bras, le coeur de Joséphine se réchauffa. Elles n'avaient jamais été proches, d'autant plus que quelques années les séparait. Mais elle avait toujours eu des sentiments amicaux envers Léonice, celle-ci s'était toujours montrée tendre envers elle. Et puis Joséphine comprit combien cela lui manquait, d'avoir une présence face à elle qui semblait réellement se soucier de ce qu'elle pouvait ressentir.

Pour autant quelque chose avait changé. Il y avait cette lueur dans le regard de Léonice. A peine perceptible, si l'on n'y prêtait pas attention. L'expression d'une mélancolie, celle de ceux qui avaient tout perdu, sauf leur propre vie. Depuis la Fange, très chanceux était celui qui pouvait encore prétendre n'avoir jamais perdu un être cher. Aucune famille n'avait été épargnée, peu importe la valeur de son sang.

Joséphine se demanda ce qui avait bien pu lui arriver, à Léonice. La dernière fois qu'elle l'avait vue, quelques années avant le Fléau, la baronne était mariée et avait un ou deux enfants, Jo' avait du mal à s'en souvenir, cela remontait à si longtemps. Quelles horreurs avait-elle vécu ? Alors lorsque Léonice lui proposa de passer un moment en sa compagnie, elle n'hésita pas. Après tout, elle ne faisait rien qui ne puisse attendre et elle n'avait pas hâte de rentrer chez elle.

- Je serai réellement ravie de pouvoir passer un moment en votre compagnie. Il y a un petit salon à côté du bureau où je travaillais. Le confort y est modeste mais le feu brûle encore dans l'âtre et je suis sûre que nous pourrions y faire un peu de thé.

La jeune femme sourit. Sa journée promettait d'être moins morne que ce qu'elle s'était imaginé. Par dessus tout, elle était heureuse et soulagée de retrouver une personne de son ancienne vie. Elle se sentit tout de suite moins seule. Lui indiquant le chemin en direction du petit salon, elles s'y retrouvèrent rapidement. Joséphine était rapidement entrée dans le bureau pour y déposer ses parchemins. Elle irait à la bibliothèque plus tard, il n'y avait rien d'urgent.

Le salon dont avait parlé Joséphine était assez étroit. Il y avait deux canapés en velours et une petite table face à une cheminée jolie mais usée. D'épais rideaux entouraient les deux fenêtres, ajoutant de la pénombre à une journée de décembre déjà peu lumineuse. Dans un coin de la pièce, elle trouva une théière que les domestiques du Temple avait laissée en évidence, prête à être utilisée par les personnes travaillant dans les trois petits bureaux restant dans le couloir. La jeune femme mis l'eau à chauffer et s'installa sur un canapé face à sa compagne.

- J'espère que vous ne me trouverez pas trop curieuse ou indiscrète, mais notre dernière rencontre remonte à si longtemps que je suppose que vous avez parcouru beaucoup de chemin depuis. Vous êtes-vous accoutumée à Marbrume ?

Joséphine brûlait de lui poser toutes sortes d'autres questions. Elle avait toujours été très curieuse. Elle avait vu Léonice pour la dernière fois peu après la mort du père de celle-ci et ne se souvenait pas avoir eu vent de beaucoup de nouvelles de son existence depuis. Elle avait envie de lui demander comment elle allait, si elle se sentait seule aussi, si son domaine lui manquait, si son mari et ses enfants étaient venus se réfugier ici avec elle... Mais Joséphine craignait de poser la mauvaise question, celle qu'il ne fallait pas. Elle se contenta donc d'une interrogation un peu passe-partout, qui permettait d'orienter la conservation comme on le désirait. Sa curiosité pouvait bien attendre un peu.
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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyJeu 9 Juin 2022 - 12:01
Léonice hochait doucement la tête, compréhensive. Le vicomte était un ami de son feu époux, mais même Enguerrand lui trouvait autrefois des torts qui rendaient leur relation parfois erratique pour ne pas dire tendue. Une mort restait néanmoins une mort, et si elle affectait Joséphine, il n´existait nulle raison de se moquer ou d´en penser du mal. La baronne ne réalisa pas le côté automatique de la réponse de la belle, pensant peut-être que cela ne devait pas être la première fois qu´on lui présentait des condoléances, que cela soit d´une forme ou d´une autre.

« Avec grand plaisir, je vous laisse me guider. J´ai beau venir aussi souvent que je le peux, je m´en tiens généralement aux grandes alcôves du Temple, ne suivant le clergé plus loin que lorsque nous devons discuter de matières plus personnelles», expliqua la belle avec un sourire entendu.

Léonice ne se confiait pas vraiment, mais il y avait une certaine chaleur à discuter de sujets comme d´autres, de banalités ou de philosophie avec des gens dont un passe-temps semblait devenir métier. La baronne ne saurait mentir en prétextant avoir un avis aussi élevé que jadis sur tous ces pratiquants qui profitaient parfois d´un succès non mérité ; face à la Fange, aucune croyance ne les avait préparé ou sauvegardé. Mais au moins la baronne aimait-elle l´humain pour son ingéniosité ; avec ou sans la présence des dieux, il fallait bien avancer.

Le binome se réserva une petite entrée dans le minuscule salon dont l´air était tout de même chauffé. Léonice se sentit à l´étroit ; elle réalisait depuis quelques temps qu´avec l´enfermement forcé et subit dans son domaine lors de l´invasion des fangeux, la perspective de ne posséder aucune échappatoire la rendait nerveuse. Des gestes aussi anodins que ceux de voir Joséphine mettre un peu d´eau à chauffer rassurèrent tout de même l´esprit sauvage que possédait parfois Léonice. Ses muscles se détendirent, mais jamais complètement, et elle prit place en faisant bien attention à ne pas froisser le tissu de sa robe. Il ne faisait pas encore suffisamment chaud pour qu´elle retire sa cape, mais au moins se débarassa-t-elle de sa capuche pour que son visage et ses cheveux soient complètement visibles. Les lourdes boucles couleur renard se déversaient jusqu´à la naissance de sa poitrine, simplement coiffées d´un ruban plus foncé qui venait retenir quelques mèches de manière délicate.

« Ne vous inquiétez pas. Je pense que la curiosité et l´indiscrétion, pour les gens comme nous, sont surement ce qui nous maintient encore en vie de bien des manières.»

Et puis, Léonice savait déjà d´avance quelles informations elle préférait garder pour elle, ou pour lesquelles elle resterait évasive. Mais du reste… elle possédait une réelle inquiétude pour l´état de la jeune Joséphine, bien que la jeune femme qu´elle était devenue ne semblait pas souffrir de trop de maux ; rien de physique, dans tous les cas.

« Marbrume a la saveur des cités où l´on se sent comme les derniers du monde, mais passé cette impression, je pourrais presque dire que je m´y habitues, oui. Et vous, alors ? La transition n´est-elle pas trop difficile ?»

Léonice réalisa qu´il ne lui suffirait certainement pas de poser des questions pour que la jeune femme en face d´elle ne s´ouvre à elle, aussi s´empressa-t-elle d´expliquer ;

« Pour ma part, j´ai perdu mon époux quelques années avant la Fange. Il m´a donc fallut apprendre à rapidement m´adapter… je pense que d´une certaine manière, cela m´a sauvé, même si je dois ma survie au chevalier qui m´a suivit jusqu´ici… Hector Dartigau, peut-être vous souvenez-vous de cet homme jamais sans son haume qui s´entraînait toujours avec son oncle, à mon domaine.»













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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyVen 10 Juin 2022 - 19:30
"On se sent comme les derniers du monde". Joséphine eu un pincement au coeur en entendant ces paroles. Et si c'était vrai ? Et s'il n'existait plus rien dans le monde hormis Marbrume, dernier bastion de l'humanité, inexorablement voué à être englouti par le Fléau un jour où l'autre ? Un vertige la prit. La jeune femme ne pouvait concevoir que ce soit la fin de tout, de manière irrémédiable. Il valait mieux ne pas trop y penser, si l'on voulait conserver sa raison. Elle se ressaisit.

- Je suis navrée pour votre perte Madame de Raison, je n'ose imaginer l'ampleur de votre peine.

Elle était sincère. Joséphine avait peu de souvenirs du mari de Léonice mais il ne lui avait jamais semblé cruel. Pour des femmes de leur condition, il était rare de faire un mariage d'amour. Jo' supposa que la compagne n'avait pas échappé à cette règle. Mais qu'importaient les sentiments, perdre un époux devait être une épreuve terrible. Rien que pour cette raison, elle était contente de ne pas être mariée.

Léonice venait de lui parler d'un certain Hector Dartigau. Ce nom lui évoquait très vaguement quelque chose, mais Joséphine n'avait pas souvenir de lui avoir été présentée. Elle était encore trop jeune avant la survenue du Fléau pour avoir connu beaucoup de monde et son père avait évité avec soins qu'elle fasse la rencontre de personnes de la gent masculine.

- Malheureusement, je déplore de ne pas avoir passé assez de temps dans votre domaine pour me souvenir de Monsieur Dartigau. Je suis néanmoins très heureuse qu'il vous ait permise d'arriver ici saine et sauve, ce doit être assurément un homme d'honneur.

Joséphine sourit de plus belle. Elle se doutait que l'histoire ne s'arrêtait pas là. Léonice semblait être de ces personnes qui avaient déjà beaucoup trop vécu, il s'échappait d'elle une maturité supérieure à son âge. Ne se connaissant pas assez, Jo' ne poussa pas davantage l'investigation.

- Je serais bien ingrate de me plaindre de mon existence ici alors que tant ont perdu la vie. Ceci dit j'ai encore parfois du mal à me sentir véritablement chez moi, même après tout ce temps. Après tout les Marbrumiens ont la fâcheuse tendance de nous rappeler que nous ne sommes que des étrangers ici.

Toute sa vie durant, Joséphine avait toujours été très résiliante. Elle aimait aller de l'avant et chercher le positif dans toutes les situations, celui lui évitait d'être trop malheureuse. Alors elle s'adaptait aux situations et faisait en sorte que chaque expérience lui soit bénéfique. Sa famille avait beaucoup perdu à l'apparition du Fléau, passant d'un statut de vicomte influent à celui de noble exilé qui ne possédait quasiment plus rien. Cela avait beaucoup affecté son père et ses frères, mais pas Joséphine. Elle n'était pas du genre ambitieuse et n'avait que faire de cette compétition incessante entre gens bien nés. Qui avait le plus de fortune, qui avait les plus belles terres, qui avait les plus braves combattants, qui avait le plus d'influence à la cour... La jeune femme avait toujours regardé ce spectacle de loin, retenant ce qu'il y avait à retenir sans être envieuse de cette grande mascarade.

- Dites-moi, comment occupez-vous vos journées à présent ?

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Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyLun 13 Juin 2022 - 19:35
Discuter avec Joséphine était quelque chose que Léonice avait trop peu fait, les deux femmes ne se cotoyant que de loin, avec pour mur inrfanchissable les comportements et liens qu´entretenaient les hommes de leur famille. La disparition d´Enguerrand scella le manque de relation entre les Léon et les Raison, poussant la dernière d´une fratrie à peut-être plus s´isoler que cela n´aurait été normalement possible. Alors que Joséphine s´excusait avec une sincérité perceptible dans ses yeux clairs, Léonice prenait place contre l´accoudoir, un doigt frottant négligemment le bas de son menton. Elle plissait les yeux, souriante, enfouissant la peine qui remontait le long de sa gorge bien au fond de sa poitrine jusqu´à faire mine de l´oublier.

« Je ne saurais dire si nos peines sont si différentes l´une de l´autre», commenta la baronne avec un regard amical, «mais je vous remercie pour votre compassion.»

Léonice aimait bien ramener la conversation, comme à son habitude, en direction de son chevalier. Elle avait largement entamé sa réputation honorifique en tant que chevalier auprès de la milice et des petites gens, les nobles en avaient également entendu parler mais toujours de manière très discrète. La situation avait été un peu différente pour Joséphine, qui malheureusement (ou peut-être heureusement) ne s´en souvenait pas.

« Je vous pardonne, il s´agit là de temps qui me paraissent si lointains, vous savez. Je me revois encore enceinte de ma deuxième en vous faisant préparer le thé.»

Léonice, le regard près des flammes dans l´antre de la cheminée, passait ses doigts fins contre les plis que formaient sa robe à son giron. S´il y avait bien une nostalgie qu´elle ne pouvait pas cacher en tant que mère, c´était bien celle-ci. Un fin soupir s´échappa de ses lèvres alors que la baronne reprenait le fil de la conversation, laissant à ses songes le soin de veiller sur les visages de ses enfants disparus.

« J´en suis la première ravie, croyez-moi ! Enfin. Vous aurez surement l´occasion de le croiser ; si vous avez un peu de temps, passez nous voir. Le… le Roi nous prête un petit domaine sur l´esplanade, je vous expliquerai comment vous y rendre. Vous y serez toujours la bienvenue, Joséphine.»

La dernière des Léon se montrait prudente, mais Léonice ne pouvait que deviner tout l´incofort que subissait peut-être la jeune femme. Cependant, il régnait encore une barrière entre elles, celle des convenances et de la surprise des retrouvailles, peut-être. Si elles échangeaient avec un naturel retrouvé, certaines choses mettraient un peu de temps avant de se dévoiler, ce qui formait une bonne chose.

« La cité possède des règles qui lui sont propres», soupira Léonice, «Je ne peux pas nier rencontrer quelques difficultés au delà de ma couleur de cheveux… mais ça, je ne vous apprend certainement rien».

Léonice ne semblait pas autant regrettée d´être prise pour une étrangère que son phrasé le laissait volontairement passé ; la baronne s´était toujours su une âme mesquine et parfois compétitrice ; elle s´animait d´un certain intérêt à grapiller les marches de la noblesse avec la même aisance que certains natifs trop peu lucides sur leurs capacités. Mais ça, il était encore un peu trop tôt pour l´évoquer de cette manière.

« Je pense que mon quotidien n´a pas beaucoup changé depuis mon arrivée à Marbrume ; les seules modifications se sont finalement trouvées être les murs qui m´accueillent désormais. Je passe très régulièrement au Temple, bien sûr, mais la plupart du temps je me rends où l´on me demande pour fournir quelques conseils en matière de commerce, de gestion ou d´administration. Il y a bon nombre de jeunes commerçants, de bourgeois ou même de nobles qui rencontrent quelques difficultés avec leurs affaires.»

A défaut de posséder elle-même des commerces, Léonice parvenait à entretenir tout son domaine de manière généreuse ; elle ne croulait pas sous l´or et la luxure, mais elle possédait de quoi donner l´illusion lors de festivités ainsi que de quoi épargner les siens de la famine.

« Je continue également de me présenter aux mondanités, même si c´est… plus récent. Notre installation à Marbrume a été particulière, et je crains avoir du délaisser pendant très longtemps mes… prérogatives plus sociales.»

La veuve tapota son ongle contre sa cuisse, brièvement, en seul signe de nervosité. Il était temps pour elle de se remarier, mais les candidats se faisaient encore trop maigres, et de récents événements l´avaient trop inquiétés pour penser au rôle pourtant essentiel de la femme.

« Et vous ? J´espère ne pas m´adresser de manière incorrecte à celle qui serait devenue Vicomtesse… même si je vous souhaite sincèrement d´avoir encore de la famille autour de vous. La solitude est une amie traîtresse.»












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Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyLun 13 Juin 2022 - 22:14
Joséphine lui répondit par un petit sourire pour se donner de la contenance. A moins que Léonice ait assassiné son propre époux, leurs peines respectives étaient bien plus différentes que ce qu'elle pouvait imaginer. Et la jeune femme aurait mis sa main au feu que sa compagne n'aurait jamais été capable d'une atrocité pareille. Qui aurait pu faire une chose aussi immonde ? Joséphine. Elle, elle l'avait fait. Pas sciemment, mais le résultat était le même. La meurtrière détourna les yeux, fixant le feu quelques instants. La honte et la culpabilité la suivraient tout le reste de son existence.

Léonice évoqua sa deuxième grossesse, Joséphine avait donc eu raison de penser qu'elle avait eu deux enfants. Le premier était un nouveau-né la dernière fois qu'elles s'étaient vues et elle n'avait donc pas connu la deuxième. Léonice sembla se perdre un instant dans ses pensées. Si elle avait mentionné son enfant, cela signifiait sûrement qu'ils étaient sains et saufs ? Sauf si cela lui avait échappé. Son expression n'était pas sereine. Joséphine n'avait jamais eu d'enfants et sa mère était morte quand elle était trop jeune pour se souvenir d'elle. Comme une mère parlait-elle de ses enfants, en temps normal ? Joséphine décida qu'il était plus prudent d'attendre encore un peu avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres et la laissa revenir d'elle-même à la réalité de leur conversation.

La proposition de la jeune femme lui réchauffa le coeur. Joséphine ressentait un sentiment de bien-être lorsqu'elle lui dit qu'elle serait toujours la bienvenue en sa demeure. Cela la touchait d'une manière qu'elle ne saurait réellement expliquer. Jo' ne s'était jamais sentie la bienvenue dans sa propre famille et on l'avait top souvent fait se sentir honteuse de sa condition de femme pour qu'elle s'épanouisse pleinement. L'idée que quelqu'un lui porte de l'intérêt pour ce qu'elle était était assez rare. Alors pour une fois, elle se sentait suffisante. Comme si elle commençait enfin à trouver sa place.

- Merci pour votre invitation, cela serait un grand plaisir de vous rendre visite prochainement.

Sa journée avait décidément pris un tournant délicieux. Joséphine était contente d'être tombée, presque au sens littéral, sur Léonice. Elles n'avaient toujours été que des connaissances mais échangeaient à présent avec un intérêt réciproque pour leurs retrouvailles. Joséphine était encore un peu méfiante, veillant à ne pas trahir ses secrets ni sa famille. Sa compagne en faisait certainement de même. Peut-être qu'avec le temps elles affineraient davantage leur relation.

Joséphine laissa échapper un sourire entendu à la mention de leur couleur de cheveux. Etre rousse n'était pas très courant. Jo' pour sa part appréciait cette distinction même si cela lui valait de temps à autres des remarques désobligeantes. Elle s'avisa que cela devait peser davantage pour Léonice qu'à elle-même. Elle avait soupiré comme si elle regrettait de pas être à sa place à Marbrume. Etre exilée était un statut difficile et Joséphine avait également du mal à être considérée comme une étrangère. Elles semblaient du même avis sur ce point.

- Comme je vous comprends. Il n'est pas agréable de devoir se refaire une place dans le monde alors que nous avions une existence fort aisée auparavant.

La famille de Raison semblait avoir moins perdu dans son exil que les Léon si elle s'en fiait au discours de Léonice sur son quotidien à Marbrume. Joséphine en éprouva une certaine admiration. La Baronne avait trouvé sa place au travers de conseils commerciaux. Jo' ne possédait pas de telles connaissances, elle aurait été bien incapable de se montrer aussi utile dans la cité. Elle songea un instant que son frère ferait bien de prendre conseil auprès d'elle, les affaires du vicomte étaient loin d'être au meilleur de leur forme. Mais Tristan n'était pas le genre d'homme qui demandait l'intervention d'un tiers pour gérer ses affaires. Encore moins si le tiers en question était une femme.

En revanche sa compagne se montra plus énigmatique concernant les mondanités, ce qui piqua à nouveau la curiosité de la jeune femme. Mais à nouveau, elles n'étaient pas assez proches pour qu'elle se permette de se montrer trop indiscrète.

- Je suppose que le commerce n'est pas une affaire évidente, d'autant plus en tant que femme.

La question de Léonice était habile, elle devait le reconnaitre. Une façon détournée de lui demander qui était encore en vie parmi les siens. Joséphine croisa les mains sur sa robe pour ne pas trembler. Elle n'aimait pas beaucoup parler de sa famille, elle les tenait tous en assez mauvaise estime. Sauf le plus jeune de ses frères. Celui qui avait été banni par sa faute.

- Oh non, je ne suis aucunement Vicomtesse. C'est Tristan, l'ainé de la famille qui a hérité de ce titre. Deux de mes frères sont décédés durant notre périple pour rejoindre Marbrume quant au dernier... Eh bien, Simon n'est plus parmi non plus.

La boulette. Joséphine se mordit légèrement la lèvre inférieure, gênée de son imprudence. Elle aurait du dire que Simon était mort avec ses deux autres frères. De toute façon, elle ne pouvait se résoudre à dire qu'il n'était plus vivant. Et puis, peut-être que Léonice l'avait croisé lors de leur première année ici. Quoi que si ça avait été le cas, cette dernière l'aurait sûrement déjà mentionné. Bref, elle n'avait su que dire et avait un peu paniqué. Ne voulant pas rester sur cette impression, elle enchaina rapidement.

- Heureusement, il me reste encore un frère pour seule famille. La solitude est tout de même présente, Tristan est un homme fort occupé.

La noble s'étonna de sa propre hypocrisie. L'ainé de la famille avait toujours été le frère qu'elle avait le plus détesté. Joséphine préférait la solitude à sa compagnie. Il était à présent vicomte et elle lui devait obéissance et loyauté. Même si elle était loin de le porter dans son coeur, la jeune femme ne voulait pas trahir sa famille en disant du mal de lui.

Et vous Léonice, la solitude vous pèse-t-elle ?
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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMar 14 Juin 2022 - 10:59
Chacune détournait le regard de temps à autre ; pudeur, honte ? Pour un seul résultat les hypothèses s´acharnaient à être parfois très longues et nombreuses. Les idées se formaient ou se réformaient, peut-être ; Léonice réalisa que le thé avait peut-être finit d´infuser. Après avoir fait un petit signe à sa compagne, elle se leva pour se diriger vers la théière, cherchant un tissu avec lequel se couvrir les mains. Elle prit la peine de hocher la tête à la réponse de Joséphine ; voilà bien longtemps qu´aucune jeune femme en dehors de ses domestiques n´avaient pénétré sa demeure, aussi la jeune Léon serait accueillit comme il se devrait. La baronne eut un sourire alors qu´elle leur servait deux tasses de thé. Attrapant la petite porcelaine, chose rare en ce monde où les choses s´abîmaient facilement, Léonice adressa à son interlocutrice le contenant avant de s´installer à nouveau en face d´elle, sa propre tasse entre les doigts. La chaleur imbibait bien vite ses doigts et ses cuisses où reposait le cul du thé.

« Je ne pense pas avoir jamais mené une existence forte aisée», éclaircit tout de même la baronne avec un sourire doux, « Mais il est certain que Marbrume constitue un défi de chaque instant. Peut-être encore plus maintenant qu´auparavant.»

Léonice laissa délibérément un flou sur ce qu´elle appelait «maintenant». Le couronnement du Duc ? La Fange ? La mort de membres de sa famille, la poussant à une isolation presque parfaite au milieu d´un monde qui ne cessait de s´étouffer ? Joséphine serait en droit de penser à presque tout en même temps tant rien ne frôlait la vérité ; pour la simple et bonne raison que même Léonice ne se sentait pas claire à ce sujet.

« Il y a des choses plus difficiles. Je ne commerce pas directement. Malgré mon titre, cela commence à se voir que je suis veuve depuis trop longtemps. Mais certains restent opportunistes et aiment à recevoir bon nombres de conseils. Si je puis me permettre de me vanter, il faut dire que je sais amener les choses correctement pour ne pas montrer que je manie aussi bien les mots que l´on peut parfois le deviner.»

Aussi est-il possible que certains nobles se fassent éhontément manipuler, persuadés que Léonice n´est qu´une amie agréable et que toutes leurs bonnes idées leur vient d´eux-mêmes ; mais tant qu´à la fin, la baronne pouvait en tirer profit, cela l´intéressait finalement très peu. Alors qu´elle portait l´eau encore trop chaude à ses lèvres, manquant de se brûler, elle nota le soin apporté à la mention de Simon. Peu aux faits des liens entre le reste de la fratrie et Joséphine, Léonice ne sut dire si Simon portait cette particularité par un amour profond ou parce qu´il avait subit un sort autre que la survie ou la mort ? La veuve se contenta de hocher la tête, l´air endeuillé ; ne restait plus beaucoup de monde nulle part, et le constat était toujours aussi pesant. Prudente, Léonice ne revint pas immédiatement sur le sujet : elle savait que Joséphine n´était pas vicomtesse, une information importante pour la suite mais qui ne devait pas amener le malaise à leur entrevue sommes toutes sympathique.

« J´ose à peine imaginer les travaux que doit entreprendre le Vicomte de Léon, en effet.»

Il était presque étonnant de voir que toutes les deux parvenaient à reprendre le fil des conversations de tons puis d´autres : il y avait de la force dans leur banalité, comme le démontrait l´intérêt qu´elles possédaient toutes deux pour le thème de la solitude, chose qui les avait initialement invité à prendre le thé ensemble.

« Certains soirs, oui. Je ne peux pas le nier, comme je ne peux pas dire que je me sentes totalement seule. Une poignée de domestiques ainsi que mon chevalier m´occupent suffisamment l´esprit, mais…»

Léonice se passa un doigt dans les cheveux.

« Tout me paraît… différent. Je ne pleurerai jamais ma situation. Je suis heureuse d´être en vie, de pouvoir revoir des gens comme vous ou rencontrer de nouvelles personnes.»

La baronne souriait, mais elle prit un instant pour respirer une pointe de peine dans le bleu de ses yeux.

« J´ai parfois l´impression de ne pas avoir fait mon deuil. Mes enfants et mon mari me manquent», finit-elle par avouer.











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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMer 15 Juin 2022 - 17:22
Elle était tellement absorbée par leurs retrouvailles qu'elle en avait presque oublié le thé. Léonice remplit deux tasses et lui en tendit une. Le liquide était encore trop brûlant pour qu'elle y goûte maintenant, mais l'odeur qui émanait de la boisson suffisait déjà à lui procurer du réconfort. Jo' adorait le thé, bien plus que n'importe quelle autre boisson. Elle écouta son interlocutrice. La baronne était décidément une femme emplie de mystères. La fange n'était probablement pas le seul fait qui ait irrémédiablement bouleversé sa vie. Pourquoi s'intégrer à Marbrume était davantage un défi pour elle qu'avant ? Toutes ces semi-révélations donnaient envie à Joséphine de mieux la connaître.

Joséphine pencha un peu la tête sur le côté quand Léonice parla de son veuvage. Si ne pas être mariée passé un certain âge était vu d'un oeil, ne pas se remarier après la perte d'un époux l'était tout autant. La jeune femme avait toujours trouvé cette différence entre les hommes et les femmes injuste. Le père de Joséphine ne s'était jamais remarié après avoir perdu sa femme et personne ne le lui avait jamais reproché. Ce n'était pas la même chose pour une femme en âge de procréer.

Malgré tout, le chemin de Léonice était intéressant. Même si elle intervenait pour des conseils et non pour un commerce direct, cela ne semblait pas moins difficile pour Joséphine. Elle aurait été bien incapable d'en faire autant. Elle avait remarqué que Léonice savait manier les mots. Même sans la connaitre beaucoup, il était évident que c'était une personne très intelligente.

- Tirer votre épingle du jeu est tout à votre honneur. Je déplore de n'avoir de telles compétences.

Elle s'avisa que si demain elle se retrouvait seule, elle ne saurait pas comment faire pour s'en sortir. Joséphine n'avait pas de talent particulier. Elle savait exister sans faire de vagues, et cela lui avait toujours paru suffisant. Plus maintenant. Jo' aurait apprécié pour être plus autonome et choisir elle-même comment elle voulait dicter sa propre vie. Malgré les défauts qu'avaient son frère, il l'entretenait et elle lui en était reconnaissante. Léonice elle était livrée à elle-même. La baronne semblait bien s'en sortir.

Au grand soulagement de Joséphine, si jamais Léonice avait remarqué son embarras à l'évocation de ses frères elle ne le fit pas remarquer. Un court silence s'installa, laissant le temps à la noble de se remettre de ses émotions.

- Je ne le sais pas très bien non plus, avoua Joséphine, assez honteuse de sa propre ignorance. J'imagine que ce ne doit pas être une tâche aisée, je suis heureuse que ce fardeau ne soit pas sur mes épaules.

C'était la pure vérité. Elle n'avait jamais été du genre ambitieuse et ne s'était pas un instant imaginée être vicomtesse. Il s'agissait de responsabilités qu'elle n'enviait pas le moins du monde. En dehors de cela, Joséphine trouvait la conversation plaisante, même si le sujet se faisait plus lourd. Les deux femmes avaient pris des chemins de vie bien différents, mais semblaient garder beaucoup de points communs. Ce sentiment de solitude en était peut-être bien le point central.

Ainsi donc les deux enfants de Léonice n'avaient pas survécu. Elle n'avait donc pas à poser cette question qui l'intriguait tant. Elle ressentit beaucoup de peine envers la baronne. Qu'y avait-il de pire que de perdre un enfant ? Les perdre tous, évidemment. Joséphine ne pu s'empêcher de l'envier tout de même un peu. Son malheur était terrible et elle ne le souhaitait à personne, cependant Léonice avait aimé et avait été aimée en retour. Il y avait eu deux petits êtres pour qui elle avait été tout leur monde. C'était cet amour inconditionnel qu'elle enviait.

Se confier sur un tel sujet ne devait pas être évident. Instinctivement, Joséphine se pencha un peu en avant pour serrer brièvement l'avant-bras de sa compagne. Dans certaines situations les mots ne se suffisaient pas à eux-mêmes.

- Peut-être ne peut-on jamais faire totalement le deuil des êtres qui ont vraiment comptés pour nous... Ils laisseront toujours un vide derrière eux qu'on ne peut apprivoiser. On se doit d'aller de l'avant pour eux. Je vous trouve très forte malgré votre chagrin.

Portant la tasse de thé encore un peu trop chaud à ses lèvres, Jo' pensa à Simon, la seule personne qu'elle estimait réellement. Elle devait faire son deuil alors qu'il n'était peut-être même pas mort. Même s'il était encore en vie, elle ne le reverrait jamais.
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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyVen 17 Juin 2022 - 20:23
Le regret de Joséphine était compréhensible ; mais Léonice n´oubliait pas qu´elle possédait tout ce genre de compétences un peu par le hasard et la force des choses. Les Dieux s´étaient pris la fantaisie de lui imposer des épreuves qui l´avaient poussé vers une relative indépendance. Léonice manipulait les autres pour obtenir ce dont elle avait besoin ; denrées, alliés, parfois amis. Son caractère faussement doux cachait toute l´ambition qu´elle était capable d´accumuler, toutes les choses qui la construisaient au fur et à mesure.

« On se révèle toujours différemment face aux obstacles, mais rien n´est inné. Du moins, je ne le pense pas ; je suis certaine que vous avez des compétences similaires mais que vous n´avez simplement pas eu l´occasion de les exploiter.»

Et sur bien des domaines, Léonice n´était pas plus dégourdie que le reste des nobles ; elle savait à peine préparer du thé pour elle-même, sa cuisine était immangeable et il lui était parfois difficile de s´habiller toute seule. Dépossédée face à la violence, la baronne ne pouvait que la contempler, s´en énivrer quand cela était possible ou tout simplement la subir quand elle se présentait à sa porte. Un sourire se dessina à nouveau sur les lèvres roses de Léonice à la mention du fardeau des titres.

« C´est un travail d´homme. Un mari serait bien plus à l´aise que moi sur ce genre de choses, mais que voulez-vous. Parfois les choses sont ce qu´elles sont, et nous devons mettre en oeuvre toute notre capacité à nous adapter pour survivre. Ainsi va l´humanité, de nos jours, la noblesse n´a bénéficié d´aucune exception.»

A quelques erreurs près, peut-être. L´année passée avait secoué un peu tout le monde ; ceux qui n´avaient senti la Fange que telle une rumeur de mauvaise fille s´étaient parfois retrouvés déchiquetés par les griffes de ces viles créatures, en plein milieu de l´esplanade. Léonice ne pourrait jamais être heureuse de ce genre de chose ; mais au moins cela avait permis à certains de comprendre la dure réalité de ce monde devenu cataclysmique. Secrètement, elle espérait également que le peuple comprenne un peu mieux ce que le Duc avait fait aux Sarosse, pour ne citer qu´eux ; combien de bannis avaient défilés dans les rues pour être jetés à l´extérieur de la Cité ? Léonice n´était pas capable de s´en souvenir, soumise qu´elle était au nouveau Roi comme la plupart des non-natifs qui n´avaient qu´une modeste présente à la Cour royale.

Joséphine n´avait aucun moyen de le savoir, mais c´était au total quatre enfants que la belle Léonice avait perdus. Quatre visages qui venaient parfois la hanter le soir, ou en pleine nuit. La lourdeur finissait par s´épanouir, mais la baronne restait soumise à de nombreux épisodes toujours aussi vif malgré les années qui filaient. En voyant le geste affectueux de Joséphine, Léonice plaça sa main libre contre celle de son interlocutrice, apaisée. Elle devinait sans mal que Joséphine ne souffrait pas moins de la perte de ses frères, certainement de son père également, bien que le contexte de sa mort soit encore un véritable mystère.

« Merci, mais je ne vous pense aucunement plus fragile, Joséphine. Je parais peut-être plus forte car mon deuil remonte à maintenant plusieurs années ; ne sous-estimez jamais ce que vous pourriez ressentir, que ce soit positif ou négatif.»

Après avoir tapoté les doigts de Joséphine, Léonice s´attaqua elle aussi à sa tasse de thé.

« Nous autres femmes avons toujours eu cette capacité à tirer de la force de nos désespoirs. Peut-être est-ce pour ça que l´on nous accuse si facilement des maux de la société,» sourit Léonice sur le ton de la conversation.











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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyMer 22 Juin 2022 - 23:06
La jeune femme se demanda quelles compétences elle aurait bien pu développer si sa vie avait été différente. Les hommes de sa famille ne l'avaient jamais laissée se débrouiller seule ni se découvrir elle-même. En un sens, elle enviait Léonice qui avait su tirer d'une situation malheureuse des forces insoupçonnées. Puis elle songea que pour en arriver là où elle en était, sa compagne avait tout perdu. La compensation était bien amère finalement.

- Il est vrai que je me dois de me sentir chanceuse, je n'ai jamais eu le besoin de me découvrir des talents pour assurer ma survie. Peut-être aurais-je un jour l'occasion de faire de nouvelles expériences, sourit-elle.

Joséphine trouvait que c'était une bonne chose de remettre l'échiquier de la noblesse à zéro. Que les femmes puissent prendre davantage de responsabilités également. Bousculer l'ordre des choses n'était pas toujours de mauvais augure et si le Fléau devait avoir un avantage, ce serait bien celui là.

- J'aime à penser qu'une femme puisse se révéler aussi compétente qu'un homme sur des domaines qui ne lui étaient pas destinés de prime abord. N'y voyez aucunement de l'hérésie de ma part Léonice ! Cette époque bouscule toutes nos convictions et je pense qu'il faut en tirer le meilleur.

Beaucoup de femmes avaient du prendre plus de responsabilités qu'elles ne l'auraient jamais imaginé, faute d'hommes de leur entourage ayant pu échappé à la Fange. Joséphine ne faisait pas partie de ces femmes mais trouvait leur courage remarquable. Sans souhaiter vivre de terribles drames, elle espérait qu'un jour elle n'aurait plus à vivre sous l'emprise de sa famille et qu'elle aurait aussi l'occasion de découvrir la vie par elle-même.

En discutant du deuil, Léonice plaça sa main sur celle de Joséphine. La rouquine avait l'impression d'être une imposture dans cette conversation. Malgré la sollicitude de la baronne, l'ampleur de son deuil n'avait rien à voir avec la souffrance que Léonice avait du éprouver. Jo avait perdu deux frères qu'elle n'avait jamais porté dans son coeur et un père cruel qui, il fallait l'avouer, ne lui manquait pas le moins du monde. Seul Simon lui manquait, et elle ne pouvait se résoudre à dire qu'elle faisait son deuil de lui. Simon n'était pas mort. Du moins l'espérait-elle toujours. Mais Joséphine n'avait jamais vécu de perte comme celle de Léonice. Elle n'avait pas eu à se relever d'épreuves aussi terribles.

- C'est un conseil que je vais m'efforcer d'appliquer.

Elle n'avait jamais eu de figure féminine autour d'elle pour la conseiller sur ses sentiments. Bien sûr elle avait été entourée de domestiques, mais ce n'était pas le même genre de relations. Aucune comparaison n'était possible. Joséphine but une nouvelle gorgée de thé en savourant la douce amertume du liquide. La réflexion de Léonice sur les femmes lui fit esquisser un sourire en coin.

- Les hommes ne vont tout de même pas s'accuser eux-mêmes de leurs malheurs ! plaisanta-t-elle.

Le fait que Léonice mette en avant la force des femmes était intéressant. Le veuvage l'avait poussée à devenir une personne de caractère pour survivre dans un monde d'hommes. Sa curiosité poussée au vice, la jeune noble ne put cette fois s'empêcher d'approfondir le sujet en posant une question qui pouvait être perçue comme déplacée ou trop personnelle. Elle ne prit pas le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire, trouvant que l'atmosphère de la conversation était idéale. Penchant un peu la tête sur le côté, Jo redevint sérieuse et ajouta :

- Est-ce là la raison pour laquelle vous ne vous êtes jamais remariée ? Vous devez avoir acquis une grande autonomie, je suppose que l'idée de vivre à nouveau sous le joug d'un homme doit être perturbante.

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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptyVen 24 Juin 2022 - 18:03
Léonice aimait la prudence de Joséphine quand elle tenait des propos qui, moins hérétiques qu´innovateurs, pouvaient irriter les plus conservateurs. La baronne avait beau penser différemment, elle ne méprisait pas cette vague de nouveautés qui soufflaient sur le monde, et sur Marbrume qui était devenu le leur.

« Ce n´est pas moi qui irait vous traiter d´hérétique, rassurez-vous, Joséphine ! Je pense également qu´il y a beaucoup de bons à la situation, même si pour ma part, je continue de penser que les hommes et les femmes sont trop différents pour exceller dans les mêmes domaines.»

Elle cligna des paupières avant de nuancer son propos ;

« Cela dit, je serais ravie qu´une femme parvienne à battre un homme sur tous les plans».

Léonice trouvait ça difficile, mais pas nécessairement impossible. Bien qu´elle ne le sache pas encore, dans quelques moins son chevalier ferait la rencontre d´une milicienne qu´il trouverait aussi capable qu´un homologue masculin, si ce n´était pas bien plus. Le ton finit par s´alléger quelque peu, même si cela n´enlevait rien à la gravité de ce que venaient de se confier les deux femmes à demi-mot. Joséphine avait visiblement du mal avec quelque chose que l´empathie de Léonice ne lui permettait pas de saisir sur l´instant ; mais après tout, les deux femmes restaient encore des étrangères l´une pour l´autre. La baronne espérait simplement que le temps finisse par changer cet état de fait. La question du remariage surprit tout de même assez Léonice pour se reculer sensiblement, lâchant par la même occasion la main de sa voisine. La honte s´allia brièvement à la culpabilité, la fierté de la baronne en ayant pris un coup sans que Joséphine puisse décemment le deviner.

« Oh je… non, pas exactement.»

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Léonice fut surprise de chercher ses mots. A chauqe fois qu´une amorce de réponse apparaissait dans son esprit, la formulation butait sur une réticence à admettre la vérité.

« Au contraire. Il serait de mon devoir de me remarier», parvint-elle à sourire.

Mais le sujet était une grande source d´angoisse pour une veuve qui se demandait si les Dieux lui offriraient un jour le droit de retrouver époux.

« Je… le temps n´était tout simplement pas propice aux mariages, ces derniers temps. Je n´ai pas été aussi active dans la vie de cour que je l´aurais souhaité, et je pense que cela influe grandement sur mon manque de… prétendants.»





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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  EmptySam 25 Juin 2022 - 12:45
La jeune femme n'était pas habituée à exprimer le fond de sa pensée mais se rendait compte qu'elle aimait se laisser aller à cette liberté. La présence de Léonice lui semblait assez bienveillante pour qu'elle se permettre de baisser légèrement sa garde, tout en continuant à faire preuve d'une certaine vigilance. Après tout elles étaient encore presque que des inconnues l'une pour l'autre.

- Je suis parfois trop idéaliste, sourit-elle. J'aime à penser que les choses évolueront peut-être avec le temps. Cette époque n'a certainement pas fini de nous surprendre.

Peut-être était-elle un peu trop naïve sur les bords, mais Joséphine tolérait mal l'injustice et l'inégalité, peu importe le contexte. Elle savait pourtant le monde profondément injuste, d'une certaine manière encore davantage maintenant. Si la Fange n'avait pas raison d'eux tous, Jo espérait qu'il ne s'agirait que d'une période avant un renouveau plus profond. Après tout, les Dieux voulaient peut-être remettre tous les compteurs de la société à zéro.

Contente d'avoir l'occasion de changer de sujet, Joséphine vit la jeune femme chercher ses mots. Elle ne se douta pas que ce sujet pouvait profondément la troubler, pensant seulement que Léonice était surprise par la question. La noble penchant légèrement la tête sur le côté, véritablement intéressée par sa réponse. Elle sourit doucement à sa compagne pour l'encourager. Elle n'avait pas voulu la mettre mal à l'aise et n'avait pas mesuré à quel point son interrogation pouvait être indiscrète.

Joséphine hocha légèrement la tête lorsque Léonice parla de devoir. Elle se demanda par la suite ce qui avait bien pu retenir la baronne loin de la cour si elle avait envie d'en faire partie. Décidément, elle était bien intriguante...

- Je comprends. Trouver un époux convenable ne doit pas être une mince affaire d'autant plus que les choix sont désormais plus... comment dire... restreints.

La jeune femme était bien soulagée de ne pas se trouver dans une situation semblable. Le mariage n'était pas dans ses plans. A dire vrai, depuis quelques temps elle ne savait même plus quels étaient ses plans d'avenir. Elle se contentait de vivre une journée après l'autre.
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MessageSujet: Re: Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...    Terminé | Lorsque l'on croise un visage pas si inconnu...  Empty
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